Supposons que le marché du ciment à Bukavu est composé de deux catégories des consommateurs (les consommateurs de la cimenterie IK et les consommateurs des importations). Chaque catégorie exprime sa demande pour un bien, le ciment. On peut obtenir une courbe de demande pour la société en « additionnant » les courbes de demande de ces deux catégories. La courbe de demande obtenue est la courbe de demande de marché (ou encore, demande totale ou demande agrégée).
Pour y arriver nous allons d’abord construire le barème de la demande d’importation selon la logique retenue pour la construction du barème de la demande de la cimenterie IK, c’est-à-dire considérer les moyennes des quantités importés, lesquelles sont considérées comme vendues, sur chaque prix durant toute la période d’étude considérée.
Ainsi donc, le barème de la demande d’importation est construit de manière ci-après :
Source : Nos calculs à partir des données de l’annexe 1
Il s’observe ici contrairement à la demande adressée à la cimenterie IK que chaque augmentation du prix est accompagnée d’une augmentation des quantités importés même si pas dans la même proportion étant donné que la demande adressée à la firme a baissée et que le prix de vente des importateurs est inférieur à celui de la firme. Ce qui provoque normalement une augmentation du volume des importations. Ainsi donc, lors du passage du prix vente de 17 à 18$ à la cimenterie IK les quantités importés ont connu une augmentation de 306,50 tonnes, même chose lors du passage de 18 à 19$ avec une augmentation de 162,38 tonnes et 26,45 tonnes d’augmentation lors du passage de 19 à 20$.
En additionnant les deux barèmes nous obtenons le barème de la demande globale de ciment sur le marché à Bukavu de la manière suivante :
Source : Nos calculs à partir des données des tableaux 5 et 6
La colonne des prix et celle de la demande du marché constituent le plan ou le barème de la demande de ciment par les consommateurs sur le marché à Bukavu. Ici également nous constatons que toute augmentation du prix s’est accompagnée d’une diminution des quantités demandées exception certaine en 2011 avec la relance des activités de la cimenterie IK au prix de 17$ correspondant à celui pratiqué par les importateurs entrainant une augmentation des quantités demandées de 758,55 tonnes. Les écarts en diminution des quantités demandées (-162,43 et -104,05 tonnes) sont dus par le fait que ceux de la cimenterie IK sont trop élevé que ceux des importateurs ne suffisent pas à couvrir.
Ainsi donc, la courbe de demande globale de ciment sur le marché à Bukavu peut être graphiquement représentée de la manière suivante :
Source : Notre confection à partir du logiciel XLPlot de Mathématique
La courbe de demande de marché obtenue a la même allure que la courbe de demande individuelle (de la cimenterie IK). Elle est décroissante de la gauche vers la droite. Cette propriété de la courbe de demande de marché est héritée de la propriété de la demande individuelle. Elle s’explique aussi par le fait que lorsqu’on considère plusieurs consommateurs, une augmentation du prix amène certaines personnes à se retirer du marché, conduisant à une baisse de la quantité total achetée.
Dans cette étude, les deux individus sortent du marché lorsque le prix du ciment atteint 25 $. On peut se demander quels sont les déterminants de la demande de marché. Premièrement, tous les déterminants de la demande individuelle sont aussi des déterminants de la demande de marché. Deuxièmement, il y a des facteurs additionnels, parmi lesquels la population (la taille du marché) est déterminante.
II.2.2.3. L’offre
Le concept d’offre représente la quantité d’un bien ou d’un service qu’un ménage ou une entreprise souhaite vendre à un prix donné. Nous allons étudier l’offre en suivant le même cheminement que la demande.
II.2.2.3.1. La courbe d’offre de la cimenterie IK
La courbe de demande définit la quantité offerte du ciment pour chaque niveau de prix de ce bien.
1) Déterminants de l’offre de la cimenterie
1) Le barème de l’offre de ciment à la cimenterie IK
Considérons l’offre de ciment de la cimenterie IK et supposons que tous les facteurs autres que le prix sont donnés et maintenant constants. Nous obtenons le barème de l’offre suivant, pour différents niveaux du prix de ciment selon la procédure retenue précédemment pour la détermination des barèmes de demande c’est-à-dire les moyennes des quantités produites et importées aux différents prix sur toute la période d’étude considérée. Ainsi, nous aurons :
Source : Nos calculs à partir des données de l’annexe 1
Ce tableau nous renseigne la même chose que pour la demande adressée à la cimenterie IK où nous constatons que toute augmentation de prix s’est accompagnée par une diminution des quantités offertes par la firme, exception également faite en 2011 et 2012 lors de la relance avec les prix de 17 et 18$ où nous avons constaté une augmentation de prix accompagnée par une augmentation de l’offre de la firme de 579,45 tonnes. Mais au fur et à mesure que le prix augmenté, il s’accompagné par une diminution des quantités offertes (-134,82 et -241,47 tonnes) avec le passage du prix de 18 à 19$ et de 19 à 20$.
3) La courbe d’offre du ciment
La courbe d’offre de la cimenterie est obtenue en plaçant la quantité en abscisse et le prix en ordonnée. Nous obtenons la courbe ci-dessus.
Source : Notre confection à partir du logiciel XLPlot de Mathématique
Nous constatons ici que la courbe d’offre de la firme a presque la même forme que la courbe de la demande. Cela est dû au fait que la fonction d’offre de la firme sur le marché ne suit pas la loi de l’offre qui veut que les quantités offertes augmentent avec l’augmentation du prix. Ce qui n’est pas le cas dans le cadre notre étude car nous avons trouvé que l’offre diminuée avec l’augmentation du prix de vente du ciment sur le marché.
II.2.2.3.2. La courbe d’offre du marché
Soit deux producteurs du ciment, la cimenterie IK et les importateurs, chacun désirant offrir du ciment sur le marché selon son propre plan. Le plan de l’offre totale (ou offre agrégée ou offre de marché) s’obtient en faisant la somme des quantités offertes par les deux producteurs, à chaque niveau de prix.
Pour y parvenir nous allons d’abord construire le barème d’offre d’importation selon la logique retenue pour la construction du barème de la demande de la cimenterie IK, c’est-à-dire en considérant les moyennes des quantités importés, sur chaque prix durant toute la période d’étude considérée.
Ainsi donc, le barème d’offre d’importation est construit de manière ci-après :
Source : Nos calculs à partir des données de l’annexe 1
Nous constatons ici que le barème de l’offre des importations présente les mêmes propriétés que celui de la demande des importations. Cela est dû à l’hypothèse selon laquelle toutes les quantités importées sont vendues au cours du mois, laquelle hypothèse nous l’avions émise précédemment.
En additionnant les deux barèmes nous obtenons le barème d’Offre globale de ciment sur le marché à Bukavu de la manière suivante :
Source : Nos calculs à partir des données des tableaux 8 et 9
La colonne des prix et celle de l’offre du marché constituent le plan ou le barème d’offre de ciment par la cimenterie IK et les importateurs sur le marché à Bukavu. Ici nous constatons que toute augmentation de prix de vente à la cimenterie IK s’est accompagnée d’une augmentation des quantités offertes sur le marché, exception faite seulement en 2014 avec le passage du prix de 19 à 20$ où nous constatons une diminution des quantités offertes de 215,02 tonnes sur le marché à Bukavu. Pour le cas de l’augmentation, cela est dû par le fait que les quantités offertes par les importations ont sensiblement augmenté alors que la diminution de l’offre de la cimenterie n’a pas été trop significative.
Cette situation peut se représenter graphiquement de la manière suivante :
Source : Notre confection à partir du logiciel XLPlot de Mathématique
Nous constatons également la même chose pour la fonction d’offre des importations, l’augmentation du prix de vente du ciment entraine une diminution des quantités offertes. La fonction d’offre des importations ne suit pas également la loi de l’offre.
II.2.2.4. La rencontre de l’offre et de la demande
Même s’il est utile d’étudier l’offre ou la demande d’un produit de manière isolée, c’est l’interaction entre les deux qui produit ce qu’on observe dans une économie : le niveau des prix payé par les consommateurs et reçu par les producteurs et la quantité achetée et vendue par les deux types d’acteurs. Considérons le marché de ciment. Quel est le niveau du prix du ciment? Cela dépend des conditions de marché. Si par exemple aucun consommateur n’avait un goût pour ciment, il est évident que le prix serait très bas. Si par contre les consommateurs se ruent sur une quantité limitée des ciments, celui-ci pourraient se vendre bien cher. En d’autres termes, ce sont les conditions de l’offre et de la demande qui détermineront le prix des ciments.
Portons sur le même graphique les courbes d’offre et de demande de ciment. On obtient une figure comme Figure 22. L’intersection des deux courbes détermine le prix payé par les acheteurs et perçu par les vendeurs. Dans le cas du marché du ciment, ce prix est de 18,5 $ US. On attribue le nom ‘Prix d’équilibre’ à ce niveau de prix. A ce prix, les acheteurs achètent 1350 tonnes de ciments. C’est la quantité d’équilibre.
Source : Notre confection à partir du logiciel XLPlot de Mathématique
Pour comprendre le concept d’équilibre, regardons ce qui se passe si le prix devait s’établir à un autre niveau. Si le prix est plus bas que le prix d’équilibre, les acheteurs voudront acheter une quantité de ciment qui n’existe pas sur le marché. Dans ce cas, ils repartent insatisfaits et plutôt que de le faire, certains seraient prêts à payer plus pour obtenir quelques sacs de ciment. De même, si le prix était supérieur au prix d’équilibre, les vendeurs voudraient vendre des quantités que personne ne serait prêt à acheter. Des vendeurs resteront donc avec des sacs de ciment, qu’ils seront obligées de donner en cadeaux ou de pratiquer des rabais, remises et/ou ristourne.
Plutôt que de le faire, certaines seront prêts à vendre le ciment à un prix plus bas. En fait, le seul point qui satisfait simultanément les vendeurs et les acheteurs est le point d’équilibre, E. En ce point, la quantité que les vendeuses désirent vendre et celle que les acheteurs désirent acheter sont égales. L’équilibre est le lieu où les forces en présence annulent leurs effets. C’est ce qui se passe exactement sur le marché de ciment à Bukavu.
Ainsi, les actions de multitudes d’acheteurs et de vendeurs poussent le prix vers le prix d’équilibre. Une fois ce prix d’équilibre atteint, tous les acteurs sont satisfaits et le prix ne subit plus aucune pression.
Le mécanisme d’équilibrage entre l’offre et la demande donne lieu à une loi : la loi de l’offre et de la demande, qui énonce que le prix d’un bien s’ajuste de manière à assurer l’égalité entre l’offre et la demande.
La rapidité avec laquelle le prix s’ajuste dépend de la nature du marché. Sur certains marchés, le déséquilibre ne peut persister longtemps. Sur d’autres, une situation de déséquilibre peut persister plus longtemps.
II.2.3. Formation de prix à la cimenterie de KATANA
Il est question dans ce point de déterminer coût de revient d’un sac de ciment produit à la cimenterie IK. En effet, la fixation du prix de vente de ciment produit par la cimenterie IK répond au processus normal de fixation à travers la détermination de coût de revient résumé dans le tableau 10. .
Ainsi donc, le cout de revient est un ensemble des charges attribuées par affectation, répartition ou imputation à un bien produit ou à un service rendu par l’entité et comprenant les coûts engagés pour le concevoir, le produire et le mettre à la disposition de l'utilisateur ou du consommateur dans l’état ou il se trouve au stade final.[1]
Nous pouvons en distinguer de deux sortes :
Il se calcule par les formules ci-après :
Prix de vente= coût de revient + marge
Coût de revient = coûts de production (coût d'achat + frais de production) + coûts de distribution + coûts administratifs (si clé de répartition)
Ou
Coût de revient= coûts variables + coûts fixes
Calcul du seuil de rentabilité = coûts fixes / marge sur coûts variables
Marge sur coûts variables= CA (ventes)-Charges variables
Source : Données récoltées auprès du service financier de la cimenterie IK
A la lecture de la constitution du prix de vente de la cimenterie IK, nous constatons que pour les matières premières intervenant dans la fabrication du ciment, il y a Combustible fuel lourd et le gypse importé de la Tanzanie qui constituent la grosse part des charges dans la fabrication du ciment. Lesquels ont un impact considérable sur la détermination du prix de vente même en l’absence d’imposition. En second lieu vient, les pièces de rechange dues aux pannes répétitives et de l’énergie, qui constituent un second bloc des charges supportées par la firme dans son processus de fabrication, mais également la charge du personnel.
Remarquons donc que le coût de revient avant imposition s’élève à 16,97 $ le sac de ciment produit et 19,77 $ TTC, lequel prix constitue le coût marginal en dessous duquel la firme réaliserait des pertes. Ainsi donc, nous pourrions aisément affirmé que la cimenterie IK ne peut pas vendre son produit à un prix inférieur à celui pratiqué par les concurrents qui sont les importateurs qui vendent leurs produits à 19 $ ; lequel prix est supérieur au coût marginal de la firme. Cela ne serait peut-être possible qu’en l’absence d’imposition où nous trouvons un prix de revient inférieur à celui des importateurs.
Nous pouvons encore résumer la structure et la constitution de prix pratiqué par la cimenterie IK en termes des coûts de la manière ci-après :
Source : Notre confection à partir du tableau 10
Il ressort de ce tableau que les coûts variables supportés par l’entreprise pour la production d’une tonne de ciment sont de 249$ correspondant à 12,45$ après conversion pour un sac de ciment produit ; et les coûts fixes sont de 33,810$ correspondant à 1,691$ pour un sac de ciment produit. Ainsi donc le coût total hors taxes est de 282,81$ pour une tonne produite et de 14,141$ pour un sac produit. Les taxes sur ventes correspondent à 56,166$ pour la vente d’une tonne vendue et de 2,808$ pour un sac de ciment vendu. D’où, le coût total TTC correspondant au point mort pour notre cas est de 338,976$ pour une tonne et 16,949$ pour un sac produits et vendus.
Les coûts variables étant constitués par l’ensemble des éléments de la sous-section A du tableau 11 numérotés de 1 à 8 ; les coûts variables étant également constitués des éléments de la sous-section B numérotés de 1 à 4 du tableau 11 auxquels nous avons ajouté la dotation aux amortissements. Le point mort correspond au coût total TTC qui est de 16,949$ par sac, car il permet la couverture de toutes les charges avant la détermination de la marge bénéficiaire. Il correspond donc au prix pour lequel la cimenterie IK ne réaliserait ni profit ni perte.
[1] Daniel Durafour, Op cit., p112