Il est question dans ce chapitre de passer en revue toutes les théories nécessaires en rapport avec notre sujet afin de pouvoir éclairer l’opinion d’avoir une certaine connaissance théorique sur les aspects et concepts que nous sommes en train de traiter dans le présent travail.
I.1. DEFINITION DES CONCEPTS
I.1.1. SENSIBILITE
En économie, la sensibilité (en anglais Sensibility) est la variation d’une grandeur économique lorsqu’une autre varie en valeur absolue d’une unité, ou en valeur relative de 1%. Cette notion se rapproche de celle de l’élasticité, celle-ci mesurée systématiquement toutefois par comparaison des valeurs relatives.
En finance, la sensibilité est un indicateur mesurant l’impact sur le prix d’une variation d’un paramètre pris en compte par son calcul. Par exemple, la sensibilité à la volatilité mesure le risque d’erreur de calcul du prix si la volatilité utilisée dans le calcul a été mal évaluée.[1]
Représentées par des lettres grecques, mathématiquement ces sensibilités correspondent la plupart à des dérivées du prix par rapport à un de ses paramètres (pour la sensibilité à la volatilité, il s’agit de la dérivée du prix par rapport à la volatilité). Ces calculs sont habituellement codifiés avec des abréviations pour chacun des paramètres, mais aussi pour les différentes sensibilités. Ces abréviations sont essentiellement des lettres grecques. Pour cette raison on appelle souvent ces sensibilités « lettres grecques ».
La sensibilité au prix est la modification de la quantité de produit ou de service achetée par le consommateur en fonction de la variation du prix de ce produit ou de ce service, l’élasticité de la demande par rapport au prix mesurant cette sensibilité.[2]
I.1.2. LE PRIX
Le prix d’un bien ou d’un service est l’expression monétaire de sa valeur d’échange.[3]
Le prix, en économie, désigne la valeur des biens estimée en fonction de ce que l’acquéreur est prêt à donner sur un marché pour les obtenir. Les prix sont généralement exprimés en monnaie, instrument d’échange et unité de compte. Toutefois, dans les systèmes fondés sur le troc, le prix pouvait être exprimé à travers l’échange de produits de base ayant une valeur comparable. Les prix de ces produits étaient ainsi définis les uns par rapport aux autres, sans que le moyen de règlement que constitue l’argent ne soit utilisé.[4]
Le prix est la traduction économique de la valeur d’un produit sur un marché. C’est aussi la seule composante du marketing-mix qui va permettre à l’entreprise de gagner de l’argent. D’où son importance stratégique pour les entreprises et pour le consommateur qui doit, lui, débourser cette somme d’argent pour acquérir le produit.[5]
I.1.3. IMPORTATIONS ET EXPORTATIONS
Une exportation est, au sens strict, une vente de marchandise par un résident à un non-résident. La sortie de la marchandise du territoire national donne lieu à une entrée correspondante de devises au bénéfice de l’agent économique résident.
Au sens large, on parlera aussi d’exportation de services ou de capitaux.[6]
Une importation est, au sens strict, un achat de marchandise par un résident à non-résident. L’entrée de la marchandise sur le territoire national donne lieu à une sortie correspondante de devises au bénéfice d’un non-résident.
Au sens large, on parlera aussi d’importation de services ou des capitaux.[7]
I.1.4. ELASTICITES
L’élasticité est le rapport des variations relatives simultanées de deux grandeurs (par exemple, la demande et les prix ou le revenu et la consommation).[8]
Élasticité (économie), concept permettant de mesurer le degré de sensibilité d'une variable en fonction des variations d'une autre variable. Ce terme a été inventé par Alfred Marshall et est utilisé principalement pour mesurer l'élasticité de la demande par rapport aux prix, au revenu, et l'élasticité croisée de deux biens.[9]
L'élasticité de la demande totale par rapport aux prix permet de savoir si une variation du prix entraîne une variation inverse de la demande plus ou moins importante (on considère en effet qu'une hausse de prix entraîne une diminution de la demande). Il existe deux cas extrêmes. Une rigidité de la demande, ce qui peut s'expliquer par l'absolue nécessité du bien considéré pour les consommateurs. Une élasticité parfaite, c'est-à-dire qu'une variation même très petite du prix entraîne la disparition de toute demande. Il est alors vraisemblable qu'il existe un bien substituable sur lequel la demande s'est reportée.
La substituabilité de deux biens peut s'analyser plus précisément en calculant l'élasticité croisée, c'est-à-dire la variation de la demande d'un bien X par rapport à celle d'un bien Y. Les biens peuvent alors se révéler indépendants (le changement de prix de Y n'a aucune conséquence sur la quantité de bien X demandée), substituables (une hausse ou une baisse du prix de Y entraîne une augmentation ou une hausse de la demande de bien X), ou encore complémentaires (une hausse du prix de Y entraîne une baisse de la demande de X).
Dans le domaine de la production, on peut selon le même principe étudier la substituabilité des facteurs de production, comme par exemple celle des machines par rapport au travail humain en cas de renchérissement du coût de la main-d'œuvre. Dans ce cas précis, on parle alors d'élasticité de substitution. Un dernier type d'élasticité permet de proposer une autre classification des biens selon l'analyse que fit Engels à la fin du XIXe siècle. C'est l'élasticité de la demande par rapport au revenu.
Quand le revenu augmente, la demande pour certains biens va diminuer parce que le consommateur cesse de les acheter dès que son revenu lui permet d'acquérir des biens de meilleure qualité. Il s'agit des biens inférieurs. La demande peut aussi augmenter moins ou aussi vite que le revenu. Il s'agit alors de biens normaux dont la part dans le budget est stable. Si la demande évolue plus vite que le revenu, on parle de biens supérieurs. Engels classe dans cette catégorie les biens qui ne correspondent pas à la satisfaction des besoins primaires que sont l'alimentation, l'habillement et le logement.
I.1.5. LE MARCHE
Au sens économique, le marché représente le lieu, souvent abstrait, où se confrontent une offre et une demande pour aboutir à des échanges (achats et ventes) caractérisés par des prix de marché. Il existe un marché pour chaque type de bien et chaque marché donne lieu à l’émergence d’un prix.[10]
F.Perroux lie le marché à l’entreprise : « l’entreprise et le marché sont réciproquement liés. Pas d’entreprise sans marché. Pas de marché sans entreprise. Le marché est constitué par plusieurs centres d’intérêt économique distincts reliés entre eux par un réseau d’échanges (…) »
Le marché est un ensemble de transactions ou d'opérations de négoce conclues entre acheteurs et vendeurs. Un marché suppose une activité commerciale traitée avec une certaine régularité et des règles, dans le cadre d'une certaine concurrence. Il se crée un marché autour d'une réunion d'acheteurs et de vendeurs qui confrontent l'offre à la demande. Les premiers marchés de l'histoire reposaient sur le système du troc. L'introduction de l'argent dans les échanges détermina l'édiction de règles en matière commerciale ; ces dernières permirent l'expansion de l'entreprise nationale et internationale moderne. Avec l'accroissement de la production, les communications et les nouveaux intermédiaires en sont venus à jouer un rôle de plus en plus important dans les marchés. Il existe plusieurs catégories de marchés : le marché de détail, de gros ou de distribution, de production, de matières premières et le marché des valeurs (Bourse).[11]
Le terme marché décrit également le lieu où s’échangent les biens et se rapporte à la demande potentielle ou prévue de consommation.
I.2. STRUCTURE DES MARCHES ET FORMATION DES PRIX
Le marché, base de l’activité économique, permet l’échange des biens et services selon l’utilité relative des biens définie par chaque individu. Sous les hypothèses néoclassiques, le marché est le meilleur moyen d’atteindre l’optimum économique dans l’intérêt général (main invisible, A.SMITH). Mais la situation actuelle démontre l’existence de plusieurs marchés avec leurs règles propres, ce qui a une influence sur la formation des prix et l’intérêt collectif et l’Etat doit nécessairement intervenir afin de réguler l’économie dans l’intérêt général.[12]
I.2.1. DU MARCHE AUX MARCHES : LA LOI DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE
1) Notion de marché
Origine : place publique, vente à date fixe et pour une durée permanente.
Dans les grandes villes, les marchés sont permanents (épices, sucre, coton…).
Aujourd’hui : lieu physique non indispensable grâce aux moyens de communication.
Des marchés mondiaux : or, matières premières, valeurs mobilières de placement… recours à un courtier en affaires.
Figure 1 : Théorisation du comportement des acteurs
Source : R. VIVIEN, Economie générale : Introduction à la science économique
2) La loi de l’offre et de la demande[13]
Le moment est venu de comprendre comment la valeur des choses est gouvernée, comment elle change de temps en temps. Les lois principales qui gouvernent la valeur s'appellent les lois de l'offre et de la demande ; elles sont très importantes. L'offre représente la quantité de marchandises que les gens consentent à échanger pour une certaine valeur et la demande la quantité de marchandises que les gens consentent à prendre en échange ; mais avant qu'une personne puisse juger combien elle désire acheter d'une espèce particulière de marchandise, elle doit en connaître le prix, c'est-à-dire sa proportion avec la monnaie. Si le prix du pain, au lieu d'être de trois pence, monte à quatre pence la livre, le pauvre se décidera peut-être à prendre moins de pain, et à acheter plus de pommes de terre.
Les lois de l'offre et de la demande peuvent ainsi s'établir: Une augmentation de prix tend à produire une offre plus forte et une demande plus faible ; une diminution de prix tend à produire une offre plus faible et une demande plus forte. Réciproquement, une augmentation de l'offre ou une diminution de la demande tend à diminuer le prix, et une diminution de l'offre ou une augmentation de la demande tend à augmenter le prix. [14]
Ces lois sont si importantes que je vais les représenter dans un tableau.
Tableau 1 : Loi de l’offre et de la demande |
||
Prix |
Offre |
Demande |
Plus Haut |
Plus Forte |
Plus Faible |
Plus Bat |
Plus Faible |
Plus Forte |
Source : W. Stanley Jevons, Op cit, p95
Nous pouvons maintenant comprendre comment se détermine le prix de chaque marchandise. Le prix doit être tel, que la quantité demandée à un moment donné soit égale à la quantité offerte. Si ceux qui veulent des marchandises à un certain prix ne peuvent les obtenir, ils doivent en offrir un prix plus élevé, pour engager d'autres personnes à vendre. Plus haut sera le prix, plus forte sera l'offre, comme nous l'avons vu ; en outre, si quelques personnes, sur un marché, offrent un prix plus élevé, la chose est vite connue des autres vendeurs. C'est ce marchandage - les vendeurs demandant le plus haut prix qu'ils peuvent, les acheteurs proposant le plus bas qu'ils jugent acceptable – qui détermine le prix de marché de chaque commodité.
Le prix de marché est tel qu'à ce prix la demande est égale à l'offre. La quantité de toute autre commodité vendue doit égaler celle qui est achetée, car elle n'est vendue qu'après avoir été achetée, mais le prix s'établira de lui-même en conséquence.
Sous les hypothèses de la Concurrence Pure et Parfaite(CPP), la flexibilité des prix aboutit à l’équilibre Offre/Demande. Ajustement par les prix dans la théorie néoclassique.[15]
Source : W. Stanley Jevons, Op cit, p97
Les prix sont flexibles si la variation des quantités offertes entraîne des variations de prix.
Importance du prix qui concentre l’information économique et qui a un rôle régulateur :
I.2.2. EQUILIBRE D’UN MARCHE EN CONCURRENCE PARFAITE[16]
I.2.2.1 Hypothèses du marché
En fonction des critères de différenciation des structures de marché, un marché de Concurrence Pure et Parfaite (CPP) est défini à partir des hypothèses suivantes :
I.2.2.1.1 Homogénéité du bien
Les acheteurs et les vendeurs doivent être dans l’impossibilité d’établir une différence entre les unités d’un même bien (toutes les unités sont identiques : il n’y a même pas de différence entre produits en ce qui concerne le conditionnement ou l’emballage).
I.2.2.1.2 Atomicité du marché
Un très grand nombre d’agents identiques participent à l’offre et à la demande du produit sans qu’aucun d’eux ne puisse exercer individuellement une influence sur le prix en vigueur. L’expression « grand nombre » implique donc que chaque agent est tellement petit que ses décisions ne suscitent pas de réaction de la part des autres concurrents. Dans ce cas, le prix s’impose à tous les agents : ils sont donc Price takers, en d’autres termes ils prennent le prix comme une donnée et leur stratégie ne portera que sur la quantité à produire.
I.2.2.1.3 La libre entrée (ou sortie) dans (de) la branche ou industrie
Il s’agit de l’hypothèse de mobilité parfaite qui implique qu’aucune barrière ne vient limiter l’entrée de nouveaux producteurs (ou la sortie d’anciens producteurs) concurrents à l’intérieur de la branche. Seul le niveau de profit peut conduire à cette situation.
I.2.2.1.4 Information parfaite
Tous les intervenants sur le marché, acheteurs comme vendeurs, sont parfaitement informés de ce qui passe sur le marché ; c’est-à-dire que l’information est à portée de tous indistinctement et sans le moindre coût de telle sorte qu’aucun vendeur ne peut vendre son produit à un prix supérieur à celui des autres.
I.2.2.1.5 Parfaite mobilité des facteurs de production
Le transfert des facteurs de production s’opère sans obstacle et sans délai d’une firme à l’autre (et donc d’un endroit à un autre) de telle sorte que le coût de transfert se trouve minimisé.
I.2.2.2 Notion d’équilibre en CPP
Sachant que :
En effet, si RT = P.Q où P est une donnée, il s’en suit alors que RT = f(Q). Cette situation est représentée graphiquement par une ligne droite émanant de l’origine des axes traduisant le fait que s’il n’y a rien à vendre (q = 0), il n’y aura pas de chiffre d’affaires (vente) ou de recette totale.
Source : GABSZEWICZ, Op cit, p115[17]
A partir de la RT, on peut aisément déterminer la Recette moyenne (RM) et la Recette marginale (Rm) et les représenter graphiquement. En effet, la RM étant le rapport entre la Recette totale et la quantité produite et vendue, elle est égale au prix en CPP.
Comme le prix est une constante en CPP, il s’ensuit que la recette moyenne l’est également. Graphiquement, elle sera représentée par une droite horizontale parallèle à l’axe des quantités, ce qui indique que quelle que soit le niveau de la quantité vendue, et par ricochet de la RT, la RM ne change pas.
La Recette marginale (Rm) se définit comme l’accroissement de la RT résultat de la vente d’une unité supplémentaire produite et vendue d’un bien Q :
Graphiquement, la recette marginale sera représentée de la même façon que la recette moyenne, c’est-à-dire par une droite horizontale parallèle à l’axe des quantités vendues.
Source : GABSZEWICZ, Op cit, p116[18]
Nous savons déjà que l’équilibre du marché n’est obtenu que lorsque Offre = Demande. Dans notre fonction de profit (RT – CT), la recette totale et ses dérivées (RM et Rm) se rapportent en réalité à la demande car le vendeur ne peut finalement réaliser un chiffre d’affaires que si l’on achète ses produits. Pour sa part, la fonction d’offre est liée à celle de coût total via le coût marginal. D’où, en représentant dans une même figure d’une part les courbes de RT et RM = Rm = P et d’autre part les courbes de CT, CM et Cm, on arrive à la détermination de l’équilibre de concurrence pure et parfaite aussi bien en courte qu’en longue période.
I.2.2.2.1 Equilibre à court terme
A court terme, on suppose que le nombre d’entreprises est fixé et que chacune d’elles possède une certaine quantité des facteurs fixes. Comme on est en CPP, le prix se forme librement et s’impose aux entreprises. La situation d’équilibre de court terme est alors donnée par :
Source : GABSZEWICZ, Op cit, p118
La figure ci-haut fait apparaître sur son premier graphique 3 zones de vente, lesquelles sont des images des 3 zones de production : de même que les zones de production extrêmes sont économiques inefficientes, de même les zones de vente extrêmes sont économiquement inefficientes et on sait les démontrer à l’aide aussi bien des courbes totales que des courbes unitaires.
En considérant les courbes de grandeurs totales RT et CT, le profit est la distance verticale entre ces 2 courbes. Cette distance est la moins grande possible (profit négatif le plus grand possible) au point C' et la plus grande possible (profit positif le plus grand possible ou maximum) au point E': géométriquement les tangentes à la courbe de CT à partir de ces points sont parallèles à la droite de RT.
De même si nous considérons les courbes de CM, Cm, Rm = RM = P, le point C correspond à C' (la courbe de Cm est dans sa phase décroissante et rencontre la courbe de Rm); le point E correspond au point E' (la courbe de Cm est dans sa phase ascendante et rencontre la courbe de Rm).
Au point E - optique de profit marginal -, le profit est maximum. Car, en considérant l’évolution de la courbe de Cm, entre C et E, si l’on se place avant le point E, on est dans une zone de manque à gagner ; après E, on produit à perte. A un niveau plus avancé, il est démontré que le calcul intégral permet de déterminer la surface CFE.
De même, en considérant les courbes moyennes (CM et RM) – optique de profit moyen -, le profit n’est maximum qu’au point E : surface ADFEB. Comme on le voit sur le graphique, l’équilibre de la firme se réalise au point de rencontre entre les courbes de Rm = RM =P et de Cm (condition de premier ordre).
A ce point, la courbe de coût marginal se situe dans la phase ascendante (condition de second ordre). Cet équilibre est obtenu algébriquement en dérivant la fonction de profit : la dérivée première indique que l’on a un optimum et la dérivée seconde permet de vérifier si cet optimum est un maximum ou un minimum.[19]
Soit,
D’où
Par conséquent, Cm=Rm=RM=P. Ce qui implique que pour optimiser son profit, une firme doit produire une quantité telle que son Cm soit égal à sa Rm ; c’est-à-dire que la quantité optimale produite doit procurer un profit marginal nul.
Cela signifie que le Cm correspondant au volume de production qui maximise le profit doit être croissant (phase ascendante de la courbe de Cm)
I.2.2.2.2 Equilibre de Long terme[20]
L’équilibre que nous venons de déterminer quand Rm = Cm = P est de court terme. Quand une activité productive permet à une firme de réaliser du profit, cette activité va, à la longue (plus ou moins long terme), susciter l’intérêt des autres firmes (cela est possible en raison de l’hypothèse de liberté d’entrée et de sortie du marché faite en CPP). C’est là un des aspects les plus importants du rôle du profit dans un régime concurrentiel : pour répondre à l’accroissement de la demande, non seulement le profit dans le secteur pousse les producteurs existants à produire davantage dans l’immédiat, mais aussi à la longue, il va constituer une incitation pour d’autres (nouveaux producteurs) à entrer dans ledit secteur (pour se partager le profit). Et il y aura de nouveaux entrants tant qu’il sera possible de possible à un niveau de coût moyen inférieur ou égal au prix du marché.
Mais, dès l’instant où les profits pour chaque firme deviendront nuls, on va alors assister à la sortie de certaines de ce secteur de production. On parle alors d’économie d’équilibre de longue période.
A long terme, on suppose donc les facteurs de production sont tous variables et le nombre d’entreprises se détermine librement en fonction des conditions de rentabilité qui prévalent sur le marché.
Partons de la figure suivante qui illustre l’équilibre du marché et l’équilibre d’une entreprise-type. Nous supposons que toutes les entreprises possèdent la même fonction de production (et donc la même technologie).
Source : Bernard Bernier, Henri Louis Verdie, Op cit, p118[21]
Partons de l’équilibre initial E1. A cet équilibre, le prix est P1. L’entreprise-type offre également le produit au prix P1 qui s’est formé librement sur le marché. A ce prix, l’entreprise-type offre la quantité qui est telle que ce prix est égal au coût marginal de production. On obtient la quantité yj1. A ce niveau, on constate que l’entreprise-type réalise un profit largement positif. Comme il n’existe pas de barrières à l’entrée sur le marché, ce profit positif attire d’autres firmes concurrentes. Ces dernières entrent sur le marché ; l’offre se déplace vers la droite. On arrive à l’équilibre E2 et le prix diminue, passant de P1 à P2. Ce dernier s’impose également à l’entreprise-type ; à ce prix, elle produit la quantité yj2.
Le processus d’entrée se poursuit jusqu’à ce que le prix soit égal au minimum du CMLT. A ce prix, les entreprises réalisent des profits nuls. Une entreprise sous informée qui tentera de s’introduire sur le marché provoquera une baisse du prix entraînant un profit négatif. Elle sortira du marché et le nombre d’entreprises obtenues à l’équilibre de long terme se rétablira. Cependant, cette hypothèse est à écarter en raison de l’hypothèse de perfection de l’information.
I.2.3. FORMATION DES PRIX EN MONOPOLE[22]
I.2.3.1 Définition et origines
I.2.3.1.1 Définition
Le monopole constitue une structure de marché qui comporte un seul vendeur face à un grand nombre d’acheteur. Dans une telle structure, l’entreprise produit un bien pour lequel il n’existe pas de substituts directs et bénéficie d’importantes barrières à l’entrée qui empêchent d’autres firmes à entrer dans le secteur. Dans le jargon des économistes, on dit que ce vendeur est Price - maker. Cependant, dans la fixation du prix, le monopoleur doit tenir compte de la réaction des consommateurs (de l’élasticité de la demande).
I.2.3.1.2 Origines
Le monopole tire ses origines de plusieurs situations telles que :
Ce type de situation s’observe fréquemment au niveau des services d’utilité publique.
I.2.3.2 Monopole classique
Dans le cas du monopole classique, le monopoleur est une entreprise faisant face à un grand nombre d’acheteurs prenant le prix comme une donnée. La fonction de demande du côté de l’acheteur se détermine comme en concurrence parfaite.
I.2.3.2.1 Fonction de recettes du monopoleur
Comme il est le seul vendeur, c’est la fonction de demande du marché qui détermine sa fonction de recette. A la fois, cette fonction constitue pour lui une contrainte des débouchés mais par ailleurs comme il est le seul vendeur, il peut déterminer la quantité et le prix qui lui permettront de maximiser son profit.[23]
Soit la fonction de demande Q = a – b.P. Cette fonction indique que la quantité vendue par le monopoleur est en relation inverse avec le prix. La fonction de demande inverse qui en découle sera alors :
Comme la recette totale RT=P.Q, on aura :
La recette moyenne sera donc :
Et la recette marginale :
Par conséquent, en situation de monopole contrairement en CPP, la recette marginale est différente de la recette moyenne. Cela peut se représenter graphiquement par :
Source : GENEREUX, J., Op cit, p69[24]
On peut montrer que la recette marginale est inférieure à la recette moyenne pour tout niveau de production positif. En effet,
Mais comme ,
désigne la pente de la courbe de demande inverse, cette expression est négative et la recette marginale devient inférieure à la recette moyenne.
I.2.3.2.2 Equilibre du monopoleur
A l’équilibre, le monopoleur produit une quantité Q* telle que le profit marginal soit nul. On aura donc :
On constate qu’à l’équilibre, le monopole produit une quantité qui égalise sa recette marginale à son coût marginal.
Graphiquement, on a la représentation suivante :
Source : GENEREUX, J., Op cit, p70[25]
L’équilibre est obtenu au point E d’intersection entre la Rm et le Cm. La quantité produite est Q*. Le profit du monopoleur correspond à la surface CDAB = (P* - CM*).Q*
Si le marché était concurrentiel, l’équilibre s’établirait au point F (à l’intersection du Cm et du prix). On obtiendrait la quantité Q** et le prix P**. On constate que le prix du monopole est plus élevé que celui de CPP (P* > P**). Cependant, la quantité produite en CPP est plus élevée que celle du monopole (Q** > Q*).
Ainsi, le monopole constitue une forme d’organisation socialement inefficace dans la mesure où le bien-être collectif de la population y est faible.
I.2.3.2.3 Recette marginale et élasticité de la demande[26]
Il est possible de lier la recette marginale à la notion d’élasticité de la demande par rapport au prix. En effet,
En divisant par P(Q) les deux membres on obtient :
Ce qui implique que :
désigne l’élasticité-prix directe de la demande. Par conséquent :
Et comme à l’équilibre, la recette marginale est égale au coût marginal du monopoleur, nous pouvons alors écrire :
Puisque l’élasticité est en principe négative, nous pouvons également écrire cette équation sous la forme suivante :
A partir de ces équations, il est possible de voir le lien avec le concurrentiel : en CPP, l’entreprise est confrontée à une courbe de demande horizontale, c’est-à-dire à une courbe de demande infiniment inélastique. Cela signifie que , de sorte que, pour une entreprise concurrentielle, cette équation est simplement la condition d’égalité entre le prix et le coût marginal.
Cette équation indique que le monopoleur ne choisira jamais un niveau de production pour lequel la courbe de demande est inélastique. En effet, si et la recette marginale est négative.
Nous pouvons également utiliser la formule en termes d’élasticité pour exprimer sous une autre forme la politique de prix optimale du monopoleur. En effet, à l’équilibre du monopole, le coût marginal et la recette marginale sont égaux, mais ils sont tous inférieurs à la recette moyenne qui correspond au prix du marché. Or, nous savons qu’en situation de concurrence parfaite, P = Cm. D’où, cet écart entre le prix et le coût marginal permet de mesurer le pouvoir de marché du monopoleur. Plus cet écart est grand, plus le pouvoir du monopoleur est considérable. L’écart relatif, noté P – Cm est appelé Mark up, la marge au-dessus du coût marginal qui indique la capacité du monopoleur à fixer un prix supérieur au coût marginal. On parle aussi d’indice de LERNER.
On sait que
A l’équilibre ;
I.2.3.3 Le monopole discriminant[27]
Il y a discrimination par le prix lorsque le monopoleur vend le même produit à des prix différents selon les acheteurs. Les économistes distinguent généralement trois types de discrimination en termes de prix :
Deux conditions doivent être remplies pour que cette pratique réussisse :
Par simplification, supposons un monopoleur placé devant deux groupes de clients.
Le profit total du monopoleur est donné par :
A l’équilibre, le profit total marginal doit être nul ; ce qui donne :
Soit et
On aura donc à l’équilibre :
I.2.3.4 Contrôle du monopole public
Etant donné les distorsions liées au monopole public (prix du monopole inférieur celui de concurrence parfaite, réduction de la quantité produite et du bien-être collectif,…), on assiste parfois à une intervention des pouvoirs publics qui, soit exercent un contrôle des prix, soit gèrent un monopole public. Les pouvoirs publics comptent alors pour objectif de fixer des tarifs pour le bien du public.[28]
I.2.3.4.1 Principe de la tarification du coût marginal
Intuitivement, la solution concurrentielle paraît préférable à celle du monopole en ce sens qu’elle maximise le surplus collectif dans l’économie. L’objectif de la tarification au coût marginal sera de fixer le prix tel que le monopoleur maximisant son profit réalise spontanément sa situation concurrentielle.
I.2.3.4.2 Rendement d’échelle croissant et tarification de moindre mal
Le rendement d’échelle croissant implique que le coût moyen est décroissant et donc que le coût marginal est toujours inférieur au coût moyen. Une tarification telle que P=Cm conduit inévitablement au monopoleur à produire à perte. Cette perte doit alors être comblée par des subventions financées par l’impôt. Néanmoins, ce genre de subventions est souvent mal accepté par les contribuables, car ils considèrent que c’est une prime à une gestion moins rigoureuse.
Ainsi, il est donc plus raisonnable de supposer que le monopole public est astreint à respecter une contrainte d’équation budgétaire : financer le coût de production par des recettes au moins équivalentes. Il faut donc maximiser le surplus collectif sous cette contrainte. C’est une solution de moindre mal souvent appelée optimum de second ordre.
Graphiquement, on peut avoir la situation suivante :
Source : GENEREUX, J., Op cit, p80
Algébriquement, l’analyse se présente comme suit :
Soit
La tarification au coût marginal conduit à produire q tel que P = C. Ce qui implique un déficit unitaire de P – CM. Or le
D’où le déficit sera donné par :
Comme P=C, alors le déficit unitaire devient ce qui donne un déficit total égal à – CF.
[1] Alain BEITONE et Alii, Dictionnaire des Sciences Economiques, Ed Armand colin, Paris, 2001
[2] Idem
[3] Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
[4] Idem
[5] Claude Demeure, Marketing, 6e Edition, Dunod, Paris, 2008, p172
[6] Ghislaine Legrand, Hubert Martini, Gestion des opérations import-export, Dunod, Paris 2008, p72
[7] Idem, p80
[8] PICARD P., Eléments de Microéconomie, 3e édition, Montchrestien, Paris, 1992, p56
[9] Idem, p57
[10] GUESNERIE R., L’Economie de Marché, Edition le Pommier, Paris, 2006, p23
[11] Idem, p23
[12] R. VIVIEN, Economie générale : Introduction à la science économique, IUFM Poitiers, Paris, 2007, p2
[13] W. Stanley Jevons, L’économie politique, Édition numérique réalisée le 27 novembre 2004 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, province de Québec, Canada, p94
[14] W. Stanley Jevons, Op cit, p95
[15] R. VIVIEN, Op cit., p3
[16] GABSZEWICZ, J.J, Théorie microéconomique, 2ème édition, De Boeck, Bruxelles, 1989, p116-119
[17] GABSZEWICZ, J.J, Op cit, p115
[18] GABSZEWICZ, J.J, Op cit, p116
[19] GABSZEWICZ, J.J, Op cit, p118
[20] Bernard Bernier, Henri Louis Verdie, Initiation à la Microéconomie, 2e édition, Dunod, Paris, 2009, p88
[21] Bernard Bernier, Henri Louis Verdie, Op cit, p92
[22] GENEREUX, J., Economie politique Tome 2¸ Microéconomie¸ Hachette, Paris, 2000, p67
[23] GENEREUX, J., Op cit, p68
[24] GENEREUX, J., Op cit, p69
[25] GENEREUX, J., Op cit, p70
[26] Edmond Malinvaud, Leçons de théorie microéconomique, 4e édition, Dunod, Paris, 2005, p209
[27] Edmond Malinvaud, Op cit, p212
[28] GENEREUX, J., Op cit, p76