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CHAPITRE PREMIER : CONSIDERATIONS GENERALES

Il est question dans ce chapitre de passer en revue toutes les théories nécessaires en rapport avec notre sujet afin de pouvoir éclairer l’opinion d’avoir une certaine connaissance théorique sur les aspects et concepts que nous sommes en train de traiter dans le présent travail.

I.1. DEFINITION DES CONCEPTS

I.1.1. SENSIBILITE

En économie, la sensibilité (en anglais Sensibility) est la variation d’une grandeur économique lorsqu’une autre varie en valeur absolue d’une unité, ou en valeur relative de 1%. Cette notion se rapproche de celle de l’élasticité, celle-ci mesurée systématiquement toutefois par comparaison des valeurs relatives.

En finance, la sensibilité est un indicateur mesurant l’impact sur le prix d’une variation d’un paramètre pris en compte par son calcul. Par exemple, la sensibilité à la volatilité mesure le risque d’erreur de calcul du prix si la volatilité utilisée dans le calcul a été mal évaluée.[1]

Représentées par des lettres grecques, mathématiquement ces sensibilités correspondent la plupart à des dérivées du prix par rapport à un de ses paramètres (pour la sensibilité à la volatilité, il s’agit de la dérivée du prix par rapport à la volatilité). Ces calculs sont habituellement codifiés avec des abréviations pour chacun des paramètres, mais aussi pour les différentes sensibilités. Ces abréviations sont essentiellement des lettres grecques. Pour cette raison on appelle souvent ces sensibilités « lettres grecques ».

La sensibilité au prix est la modification de la quantité de produit ou de service achetée par le consommateur en fonction de la variation du prix de ce produit ou de ce service, l’élasticité de la demande par rapport au prix mesurant cette sensibilité.[2]

I.1.2. LE PRIX

Le prix d’un bien ou d’un service est l’expression monétaire de sa valeur d’échange.[3]

Le prix, en économie, désigne la valeur des biens estimée en fonction de ce que l’acquéreur est prêt à donner sur un marché pour les obtenir. Les prix sont généralement exprimés en monnaie, instrument d’échange et unité de compte. Toutefois, dans les systèmes fondés sur le troc, le prix pouvait être exprimé à travers l’échange de produits de base ayant une valeur comparable. Les prix de ces produits étaient ainsi définis les uns par rapport aux autres, sans que le moyen de règlement que constitue l’argent ne soit utilisé.[4]

            Le prix est la traduction économique de la valeur d’un produit sur un marché. C’est aussi la seule composante du marketing-mix qui va permettre à l’entreprise de gagner de l’argent. D’où son importance stratégique pour les entreprises et pour le consommateur qui doit, lui, débourser cette somme d’argent pour acquérir le produit.[5]

I.1.3. IMPORTATIONS ET EXPORTATIONS

Une exportation est, au sens strict, une vente de marchandise par un résident à un non-résident. La sortie de la marchandise du territoire national donne lieu à une entrée correspondante de devises au bénéfice de l’agent économique résident.

Au sens large, on parlera aussi d’exportation de services ou de capitaux.[6]

Une importation est, au sens strict, un achat de marchandise par un résident à non-résident. L’entrée de la marchandise sur le territoire national donne lieu à une sortie correspondante de devises au bénéfice d’un non-résident.

Au sens large, on parlera aussi d’importation de services ou des capitaux.[7]

I.1.4. ELASTICITES

L’élasticité est le rapport des variations relatives simultanées de deux grandeurs (par exemple, la demande et les prix ou le revenu et la consommation).[8]

Élasticité (économie), concept permettant de mesurer le degré de sensibilité d'une variable en fonction des variations d'une autre variable. Ce terme a été inventé par Alfred Marshall et est utilisé principalement pour mesurer l'élasticité de la demande par rapport aux prix, au revenu, et l'élasticité croisée de deux biens.[9]

L'élasticité de la demande totale par rapport aux prix permet de savoir si une variation du prix entraîne une variation inverse de la demande plus ou moins importante (on considère en effet qu'une hausse de prix entraîne une diminution de la demande). Il existe deux cas extrêmes. Une rigidité de la demande, ce qui peut s'expliquer par l'absolue nécessité du bien considéré pour les consommateurs. Une élasticité parfaite, c'est-à-dire qu'une variation même très petite du prix entraîne la disparition de toute demande. Il est alors vraisemblable qu'il existe un bien substituable sur lequel la demande s'est reportée.

La substituabilité de deux biens peut s'analyser plus précisément en calculant l'élasticité croisée, c'est-à-dire la variation de la demande d'un bien X par rapport à celle d'un bien Y. Les biens peuvent alors se révéler indépendants (le changement de prix de Y n'a aucune conséquence sur la quantité de bien X demandée), substituables (une hausse ou une baisse du prix de Y entraîne une augmentation ou une hausse de la demande de bien X), ou encore complémentaires (une hausse du prix de Y entraîne une baisse de la demande de X).

 Dans le domaine de la production, on peut selon le même principe étudier la substituabilité des facteurs de production, comme par exemple celle des machines par rapport au travail humain en cas de renchérissement du coût de la main-d'œuvre. Dans ce cas précis, on parle alors d'élasticité de substitution. Un dernier type d'élasticité permet de proposer une autre classification des biens selon l'analyse que fit Engels à la fin du XIXe siècle. C'est l'élasticité de la demande par rapport au revenu.

Quand le revenu augmente, la demande pour certains biens va diminuer parce que le consommateur cesse de les acheter dès que son revenu lui permet d'acquérir des biens de meilleure qualité. Il s'agit des biens inférieurs. La demande peut aussi augmenter moins ou aussi vite que le revenu. Il s'agit alors de biens normaux dont la part dans le budget est stable. Si la demande évolue plus vite que le revenu, on parle de biens supérieurs. Engels classe dans cette catégorie les biens qui ne correspondent pas à la satisfaction des besoins primaires que sont l'alimentation, l'habillement et le logement.

I.1.5. LE MARCHE

Au sens économique, le marché représente le lieu, souvent abstrait, où se confrontent une offre et une demande pour aboutir à des échanges (achats et ventes) caractérisés par des prix de marché. Il existe un marché pour chaque type de bien et chaque marché donne lieu à l’émergence d’un prix.[10]

F.Perroux lie le marché à l’entreprise : « l’entreprise et le marché sont réciproquement liés. Pas d’entreprise sans marché. Pas de marché sans entreprise. Le marché est constitué par plusieurs centres d’intérêt économique distincts reliés entre eux par un réseau d’échanges (…) »

Le marché est un ensemble de transactions ou d'opérations de négoce conclues entre acheteurs et vendeurs. Un marché suppose une activité commerciale traitée avec une certaine régularité et des règles, dans le cadre d'une certaine concurrence. Il se crée un marché autour d'une réunion d'acheteurs et de vendeurs qui confrontent l'offre à la demande. Les premiers marchés de l'histoire reposaient sur le système du troc. L'introduction de l'argent dans les échanges détermina l'édiction de règles en matière commerciale ; ces dernières permirent l'expansion de l'entreprise nationale et internationale moderne. Avec l'accroissement de la production, les communications et les nouveaux intermédiaires en sont venus à jouer un rôle de plus en plus important dans les marchés. Il existe plusieurs catégories de marchés : le marché de détail, de gros ou de distribution, de production, de matières premières et le marché des valeurs (Bourse).[11]

Le terme marché décrit également le lieu où s’échangent les biens et se rapporte à la demande potentielle ou prévue de consommation.

I.2. STRUCTURE DES MARCHES ET FORMATION DES PRIX

Le  marché,  base  de  l’activité  économique,  permet  l’échange  des  biens  et  services selon l’utilité relative des biens définie par chaque individu. Sous  les  hypothèses  néoclassiques,  le  marché  est  le  meilleur  moyen  d’atteindre l’optimum économique dans l’intérêt général (main invisible, A.SMITH). Mais la situation actuelle démontre l’existence de plusieurs marchés avec leurs règles propres,  ce  qui  a  une  influence  sur  la  formation  des  prix  et  l’intérêt  collectif  et  l’Etat  doit nécessairement intervenir afin de réguler l’économie dans l’intérêt général.[12]

I.2.1. DU MARCHE AUX MARCHES : LA LOI DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE

1) Notion de marché

 Origine : place publique, vente à date fixe et pour une durée permanente.

Dans les grandes villes, les marchés sont permanents (épices, sucre, coton…).

 Aujourd’hui : lieu physique non indispensable grâce aux moyens de communication.

Des marchés mondiaux : or, matières premières, valeurs mobilières de placement… recours à un courtier en affaires.

Figure 1 : Théorisation du comportement des acteurs

Source : R. VIVIEN, Economie générale : Introduction à la science économique

2) La loi de l’offre et de la demande[13]

Le moment est venu de comprendre comment la valeur des choses est gouvernée, comment elle change de temps en temps. Les lois principales qui gouvernent la valeur s'appellent les lois de l'offre et de la demande ; elles sont très importantes. L'offre représente la quantité de marchandises que les gens consentent à échanger pour une certaine valeur et la demande la quantité de marchandises que les gens consentent à prendre en échange ; mais avant qu'une personne puisse juger combien elle désire acheter d'une espèce particulière de marchandise, elle doit en connaître le prix, c'est-à-dire sa proportion avec la monnaie. Si le prix du pain, au lieu d'être de trois pence, monte à quatre pence la livre, le pauvre se décidera peut-être à prendre moins de pain, et à acheter plus de pommes de terre.

Les lois de l'offre et de la demande peuvent ainsi s'établir: Une augmentation de prix tend à produire une offre plus forte et une demande plus faible ; une diminution de prix tend à produire une offre plus faible et une demande plus forte. Réciproquement, une augmentation de l'offre ou une diminution de la demande tend à diminuer le prix, et une diminution de l'offre ou une augmentation de la demande tend à augmenter le prix. [14]

Ces lois sont si importantes que je vais les représenter dans un tableau.

Tableau 1 : Loi de l’offre et de la demande

Prix

Offre

Demande

Plus Haut

Plus Forte

Plus Faible

Plus Bat

Plus Faible

Plus Forte

Source : W. Stanley Jevons, Op cit, p95

Nous pouvons maintenant comprendre comment se détermine le prix de chaque marchandise. Le prix doit être tel, que la quantité demandée à un moment donné soit égale à la quantité offerte. Si ceux qui veulent des marchandises à un certain prix ne peuvent les obtenir, ils doivent en offrir un prix plus élevé, pour engager d'autres personnes à vendre. Plus haut sera le prix, plus forte sera l'offre, comme nous l'avons vu ; en outre, si quelques personnes, sur un marché, offrent un prix plus élevé, la chose est vite connue des autres vendeurs. C'est ce marchandage - les vendeurs demandant le plus haut prix qu'ils peuvent, les acheteurs proposant le plus bas qu'ils jugent acceptable – qui détermine le prix de marché de chaque commodité.

Le prix de marché est tel qu'à ce prix la demande est égale à l'offre. La quantité de toute autre commodité vendue doit égaler celle qui est achetée, car elle n'est vendue qu'après avoir été achetée, mais le prix s'établira de lui-même en conséquence.

            Sous les hypothèses de la Concurrence Pure et Parfaite(CPP), la flexibilité des prix aboutit à l’équilibre Offre/Demande. Ajustement par les prix dans la théorie néoclassique.[15]

Figure 2 : Equilibre de l’offre et de la demande

                                    Source : W. Stanley Jevons, Op cit, p97

Les prix sont flexibles si la variation des quantités offertes entraîne des variations de prix.

  • Si l’offre est supérieure à la demande, alors baisse du prix jusqu’à P*.
  • Si l’offre est inférieure à la demande, alors hausse du prix jusqu’à P*.

            Importance  du  prix  qui  concentre  l’information  économique et qui a un rôle régulateur :

  • Information: le prix est un signal de rareté relative des biens et services ;
  • Incitation: la variation de prix entraîne des variations de comportement de l’offre et de la demande ;
  • Equilibre: la variation de prix permet l’équilibre sur chaque marché (modèle d’A. MARSCHALL) et sur tous les marchés (équilibre général de L. WALRAS : toutes choses égales par ailleurs).

I.2.2. EQUILIBRE D’UN MARCHE EN CONCURRENCE PARFAITE[16]

I.2.2.1 Hypothèses du marché

En fonction des critères de différenciation des structures de marché, un marché de Concurrence Pure et Parfaite (CPP) est défini à partir des hypothèses suivantes :

I.2.2.1.1 Homogénéité du bien

Les  acheteurs  et  les  vendeurs  doivent  être  dans  l’impossibilité  d’établir  une différence  entre  les  unités  d’un   même  bien  (toutes  les  unités  sont  identiques :  il  n’y  a même  pas  de  différence  entre  produits  en  ce  qui  concerne  le  conditionnement  ou l’emballage).

I.2.2.1.2 Atomicité du marché

Un très grand nombre d’agents identiques participent à l’offre et à la demande du produit sans qu’aucun d’eux ne puisse exercer individuellement une influence sur le prix en vigueur. L’expression « grand nombre » implique donc que chaque agent est tellement petit que ses décisions ne  suscitent pas de réaction de la part des autres concurrents. Dans ce cas, le prix s’impose à tous les agents : ils sont donc  Price takers, en d’autres termes ils prennent  le  prix  comme  une  donnée  et  leur  stratégie  ne  portera  que  sur  la  quantité  à produire.

I.2.2.1.3 La libre entrée (ou sortie) dans (de) la branche ou industrie

Il  s’agit  de  l’hypothèse  de  mobilité  parfaite  qui  implique  qu’aucune  barrière  ne vient  limiter  l’entrée  de  nouveaux  producteurs  (ou  la  sortie  d’anciens  producteurs) concurrents  à  l’intérieur  de  la  branche.  Seul  le  niveau  de  profit  peut  conduire  à  cette situation.

I.2.2.1.4 Information parfaite

Tous les intervenants sur le marché, acheteurs comme vendeurs, sont parfaitement informés de ce qui passe sur le marché ; c’est-à-dire que l’information est à portée de tous  indistinctement  et  sans  le  moindre  coût  de  telle  sorte  qu’aucun  vendeur  ne  peut vendre son produit à un prix supérieur à celui des autres.

I.2.2.1.5 Parfaite mobilité des facteurs de production

Le  transfert  des  facteurs  de  production  s’opère  sans  obstacle  et  sans  délai  d’une firme à l’autre (et donc d’un endroit à un autre) de telle sorte que le coût de transfert se trouve minimisé.

I.2.2.2 Notion d’équilibre en CPP

Sachant que :

  1. le producteur vise à réaliser un produit qu’il vendra sur le marché en maximisant son profit,
  2. le profit (Π) est égal à la Recette totale (RT) diminuée du Coût total (CT) où la Recette totale = Prix (P) x Quantité produite et vendue (Q)
  3. en CPP, le prix est imposé sur le marché par les pouvoirs publics : c’est donc une donnée.  Dès  lors,  la  Recette  totale  en  CPP  est  une  fonction  de  la  seule  quantité produite et vendue.

En effet, si RT = P.QP est une donnée, il s’en suit alors que  RT = f(Q).  Cette situation est  représentée graphiquement par une ligne droite émanant de l’origine des axes traduisant le fait que s’il n’y a rien à vendre (q = 0), il n’y aura pas de chiffre d’affaires (vente) ou de recette totale.

Figure 3 : Courbe de Recette totale

Source : GABSZEWICZ, Op cit, p115[17]

A  partir  de  la  RT,  on  peut  aisément  déterminer  la  Recette  moyenne  (RM)  et  la Recette marginale (Rm) et les représenter graphiquement.  En  effet,  la  RM  étant  le rapport entre la Recette totale et la quantité produite et vendue, elle est égale au prix en CPP.

Comme le prix est une constante en CPP, il s’ensuit que la recette moyenne l’est également.  Graphiquement,  elle  sera  représentée  par  une  droite  horizontale  parallèle  à l’axe des quantités, ce qui indique que quelle que soit le niveau de la quantité vendue, et par ricochet de la RT, la RM ne change pas.

La Recette marginale (Rm)  se définit comme l’accroissement de la RT résultat de la vente  d’une  unité supplémentaire  produite  et  vendue  d’un  bien  Q :

Graphiquement,  la  recette  marginale  sera  représentée  de  la  même  façon  que  la recette moyenne, c’est-à-dire par une droite horizontale parallèle  à l’axe des quantités vendues.

Figure 4 : Courbes de recettes moyenne et marginale

Source : GABSZEWICZ, Op cit, p116[18]

Nous  savons  déjà  que  l’équilibre  du  marché  n’est  obtenu  que  lorsque  Offre = Demande. Dans notre fonction de profit (RT – CT), la recette totale et ses dérivées (RM et Rm)  se rapportent en réalité à la  demande car  le vendeur ne peut finalement réaliser un chiffre d’affaires que si l’on achète ses produits. Pour sa part, la fonction d’offre est liée à celle de coût total via  le coût marginal. D’où, en représentant dans une même figure d’une part les courbes de RT et  RM = Rm = P  et d’autre part les courbes de CT, CM et Cm, on arrive à la détermination de l’équilibre de concurrence pure et parfaite aussi bien en courte qu’en longue période.

I.2.2.2.1 Equilibre à court terme

A  court  terme,  on  suppose  que  le  nombre  d’entreprises  est  fixé  et  que  chacune d’elles possède une certaine quantité des facteurs fixes. Comme on est en CPP, le prix se forme  librement  et  s’impose  aux  entreprises.  La  situation  d’équilibre  de  court  terme  est alors donnée par :

Figure 5 : Dérivation de l’équilibre de court terme en CPP

Source : GABSZEWICZ, Op cit, p118

  • Au point  où  Cm = Rm,  Offre = Demande.  A  ce  point  (E  sur  le  graphique)  se déterminent le prix et la quantité d’équilibre.
  • Au point où RT = CT, cela signifie que RM = CM car RT = RM.Q et CT = CM.Q
  • A la droite tangente à la courbe de CT (dans la zone négative) qui est parallèle à la droite des recettes totales RT correspond un point où Rm = Cm. A la droite tangente à la courbe de CT (dans la zone négative) qui est parallèle à la droite de RT correspond aussi à un niveau où Cm = Rm. Lequel de deux niveaux choisir ?

La  figure  ci-haut  fait  apparaître  sur  son  premier  graphique  3  zones  de  vente, lesquelles  sont  des  images  des  3  zones  de  production  :  de  même  que  les  zones  de production extrêmes sont économiques inefficientes, de même les zones de vente extrêmes sont économiquement inefficientes et on sait les démontrer à l’aide aussi  bien des courbes totales que des courbes unitaires.

En considérant les courbes de grandeurs totales RT et CT, le profit est la distance verticale entre ces 2 courbes. Cette distance est la moins grande possible (profit négatif le plus  grand  possible)  au  point  C' et  la  plus  grande  possible  (profit  positif  le  plus  grand possible ou maximum)  au point E': géométriquement les tangentes à la courbe de  CT  à partir de ces points sont parallèles à la droite de RT.

De  même  si nous considérons  les courbes  de  CM, Cm, Rm = RM = P, le point C correspond à C' (la courbe de Cm est dans sa phase décroissante et rencontre la courbe de Rm); le point E correspond au point E' (la courbe de Cm est dans sa phase ascendante et rencontre la courbe de Rm).

Au  point  E - optique  de  profit  marginal  -,  le  profit  est  maximum.  Car,  en  considérant l’évolution de la courbe de Cm, entre C et E, si l’on se place avant le point E, on est dans une zone de manque à gagner ; après E, on produit à perte. A un niveau plus avancé, il est démontré que le calcul intégral permet de déterminer la surface CFE.

De  même, en considérant  les courbes  moyennes  (CM  et  RM) – optique de profit moyen -, le profit n’est maximum qu’au point E : surface ADFEB. Comme on le voit sur le graphique, l’équilibre de la firme se réalise au point de rencontre entre les courbes de  Rm = RM =P et de Cm (condition de premier ordre).

A ce point, la courbe de coût marginal se situe dans la phase ascendante (condition de second ordre). Cet équilibre est obtenu algébriquement en dérivant la fonction de profit : la dérivée première indique que l’on a un optimum et la dérivée seconde permet de vérifier si cet optimum est un maximum ou un minimum.[19]

Soit,

D’où

Par  conséquent,  Cm=Rm=RM=P. Ce  qui  implique  que  pour  optimiser  son profit, une firme doit produire une quantité telle que son  Cm  soit égal à sa  Rm ; c’est-à-dire que la quantité optimale produite doit procurer un profit marginal nul.

Cela signifie que le Cm correspondant au volume de production qui maximise le profit doit être croissant (phase ascendante de la courbe de Cm)

I.2.2.2.2 Equilibre de Long terme[20]

L’équilibre que nous venons de déterminer quand Rm = Cm = P est de court terme. Quand  une  activité  productive  permet  à  une  firme  de  réaliser  du  profit,  cette activité va, à la longue (plus ou moins long terme), susciter l’intérêt des autres firmes (cela est  possible  en  raison  de  l’hypothèse  de  liberté  d’entrée  et  de  sortie  du  marché  faite  en CPP).  C’est  là  un  des  aspects  les  plus  importants  du  rôle  du  profit  dans  un  régime concurrentiel :  pour  répondre  à  l’accroissement  de  la  demande,  non  seulement  le  profit dans  le  secteur  pousse  les  producteurs  existants  à  produire  davantage  dans  l’immédiat, mais aussi à la longue, il va constituer une incitation pour d’autres (nouveaux producteurs) à entrer dans ledit secteur (pour se partager le profit). Et il y aura de  nouveaux entrants tant qu’il sera possible de possible à un niveau de coût moyen inférieur ou égal au prix du marché.

Mais, dès l’instant où les profits pour chaque firme deviendront nuls, on va alors assister  à  la  sortie  de  certaines  de  ce  secteur  de  production.  On  parle  alors  d’économie d’équilibre de longue période.

A long terme, on suppose donc les facteurs de production sont tous variables et le nombre d’entreprises se détermine librement en fonction des conditions de rentabilité qui prévalent sur le marché.

Partons de la figure suivante qui illustre l’équilibre du marché et l’équilibre d’une entreprise-type. Nous supposons que toutes les entreprises possèdent la même fonction de production (et donc la même technologie).

Figure 6 : Equilibre de long terme en CPP

Source : Bernard Bernier, Henri Louis Verdie, Op cit, p118[21]

Partons de l’équilibre initial  E1. A cet équilibre, le prix est  P1. L’entreprise-type offre également le produit au prix  P1 qui s’est formé librement sur le marché. A ce prix, l’entreprise-type offre la quantité  qui est telle que ce prix est égal au coût marginal de production.  On  obtient  la  quantité  yj1.  A  ce  niveau,  on  constate  que  l’entreprise-type réalise un profit largement positif.  Comme  il  n’existe  pas  de  barrières  à  l’entrée  sur  le marché, ce profit positif attire d’autres firmes concurrentes. Ces dernières entrent sur le marché ;  l’offre  se  déplace  vers  la  droite.  On  arrive  à  l’équilibre  E2  et  le  prix  diminue, passant  de  P1 à  P2.  Ce  dernier  s’impose  également  à  l’entreprise-type ;  à  ce  prix,  elle produit la quantité yj2.

Le  processus  d’entrée  se  poursuit  jusqu’à  ce  que  le  prix  soit  égal  au  minimum  du CMLT. A ce prix, les entreprises réalisent des profits nuls. Une entreprise sous informée qui  tentera  de  s’introduire  sur  le  marché  provoquera  une  baisse  du  prix  entraînant  un profit négatif. Elle sortira du marché et le nombre d’entreprises obtenues à l’équilibre de long terme se rétablira. Cependant,  cette  hypothèse  est  à  écarter  en  raison  de  l’hypothèse  de  perfection  de l’information.

I.2.3. FORMATION DES PRIX EN MONOPOLE[22]

I.2.3.1 Définition et origines

I.2.3.1.1 Définition

Le monopole constitue une structure de marché qui comporte un seul vendeur face à un grand  nombre  d’acheteur.  Dans  une  telle  structure,  l’entreprise  produit  un bien pour lequel il n’existe pas de substituts directs et bénéficie d’importantes barrières à l’entrée qui empêchent d’autres firmes à entrer dans le secteur. Dans le jargon des économistes, on dit que ce vendeur est  Price - maker. Cependant, dans la fixation du prix, le monopoleur doit tenir compte de la réaction des consommateurs (de l’élasticité de la demande).

I.2.3.1.2 Origines

Le monopole tire ses origines de plusieurs situations telles que :

  • L’existence de  monopole  naturel :  il  existe  des  situations    dans  lesquelles  le  coût  de production  a  tendance  à  diminuer  avec  la  quantité    Dans  ce  cas,  il  est préférable de confier le secteur concerné à un monopoleur. Le plus souvent pour des tels secteurs, le monopole permet une économie des coûts.

Ce  type  de  situation  s’observe  fréquemment  au  niveau  des  services  d’utilité publique. 

  • Le monopole  institutionnel : certaines  lois  ou  certaines  dispositions  réglementaires peuvent imposer l’établissement d’un monopole dans un secteur donné.
  • Le contrôle d’une ressource rare ou d’un brevet de fabrication : dans ce cas, l’entreprise devient monopoleur sur le marché du  bien qui utilise la ressource contrôlée ou le brevet.
  • La concurrence : une entreprise peut développer des stratégies concurrentielles visant l’élimination des concurrents. Après que le concurrent a été complètement éliminé, l’entreprise reste en situation de monopole.

I.2.3.2 Monopole classique

Dans le cas du monopole classique, le monopoleur est une entreprise faisant face à un grand nombre d’acheteurs prenant le prix comme une donnée. La fonction de demande du côté de l’acheteur se détermine comme en concurrence parfaite.

I.2.3.2.1 Fonction de recettes du monopoleur

Comme  il  est  le  seul  vendeur,  c’est  la  fonction  de  demande   du  marché  qui détermine sa fonction de recette. A la fois, cette fonction constitue pour lui une contrainte des débouchés mais par ailleurs comme il est le seul vendeur, il peut déterminer la quantité et le prix qui lui permettront de maximiser son profit.[23]

Soit  la  fonction  de  demande Q = a – b.P.  Cette  fonction  indique  que  la  quantité vendue  par  le  monopoleur  est  en  relation  inverse  avec  le  prix.  La  fonction  de  demande inverse qui en découle sera alors :

Comme la recette totale RT=P.Q, on aura :

La recette moyenne sera donc :

Et la recette marginale :

Par  conséquent,  en  situation  de  monopole  contrairement  en  CPP,  la  recette marginale  est  différente  de  la  recette  moyenne.  Cela  peut  se  représenter  graphiquement par :

Figure 7 : Recettes moyennes et marginales en situation de monopole

Source : GENEREUX, J., Op cit, p69[24]

On peut montrer que la recette marginale est inférieure à la recette moyenne pour tout niveau de production positif. En effet,

Mais comme                             ,

désigne  la  pente  de  la  courbe  de  demande  inverse,  cette expression est négative et la recette marginale devient inférieure à la recette moyenne.

I.2.3.2.2 Equilibre du monopoleur

A  l’équilibre,  le  monopoleur  produit  une quantité  Q* telle  que  le  profit  marginal soit  nul.  On  aura  donc :

On constate qu’à l’équilibre, le monopole produit une quantité qui égalise sa recette marginale à son coût marginal.

Graphiquement, on a la représentation suivante :

Figure 8 : Equilibre du monopole

Source : GENEREUX, J., Op cit, p70[25]

L’équilibre est obtenu au point  E  d’intersection entre la  Rm  et  le  Cm. La quantité produite est Q*. Le profit du monopoleur correspond à la surface CDAB = (P* - CM*).Q*

Si le marché était concurrentiel, l’équilibre s’établirait au point  F  (à l’intersection du Cm et du prix). On obtiendrait la quantité Q** et le prix P**. On constate que le prix du monopole est plus élevé que celui de  CPP (P* > P**).  Cependant, la quantité produite en CPP est plus élevée que celle du monopole (Q** > Q*).

Ainsi, le monopole constitue une forme d’organisation socialement inefficace dans la mesure où le bien-être collectif de la population y est faible.

I.2.3.2.3 Recette marginale et élasticité de la demande[26]

Il est possible de lier la recette marginale à la notion d’élasticité de la demande par rapport au prix. En effet,

En divisant par P(Q) les deux membres on obtient :

Ce qui implique que :

désigne l’élasticité-prix directe de la demande. Par conséquent :

Et  comme  à  l’équilibre,  la  recette  marginale  est  égale  au  coût  marginal du monopoleur, nous pouvons alors écrire :

Puisque l’élasticité est en  principe  négative,  nous  pouvons  également  écrire  cette  équation  sous  la  forme suivante :

A  partir  de  ces  équations,  il  est  possible  de  voir  le  lien  avec  le  concurrentiel :  en CPP, l’entreprise est  confrontée à une courbe de demande horizontale, c’est-à-dire à une courbe de demande  infiniment inélastique. Cela signifie que                                   , de sorte que, pour  une  entreprise  concurrentielle,  cette équation  est  simplement  la  condition  d’égalité entre le prix et le coût marginal.

Cette  équation  indique  que   le  monopoleur  ne  choisira  jamais  un  niveau  de production pour lequel la courbe de demande est  inélastique. En effet, si  et la recette marginale est négative.

Nous  pouvons  également  utiliser  la  formule  en  termes  d’élasticité  pour  exprimer sous une autre forme la politique de prix optimale du monopoleur. En effet, à l’équilibre du  monopole,  le  coût  marginal  et  la  recette  marginale  sont  égaux,  mais  ils  sont  tous inférieurs à la recette moyenne qui correspond au prix du marché. Or, nous savons qu’en situation de concurrence parfaite,  P = Cm. D’où, cet écart entre le prix et le coût marginal permet de mesurer le pouvoir de marché du monopoleur. Plus cet écart est grand, plus le pouvoir du monopoleur est considérable. L’écart relatif, noté  P – Cm est appelé Mark up, la marge au-dessus du coût marginal  qui indique la capacité du monopoleur à fixer un prix supérieur au coût marginal. On parle aussi d’indice de LERNER.

On sait que

A l’équilibre ;

I.2.3.3 Le monopole discriminant[27]

Il y a discrimination par le prix lorsque le monopoleur vend le même produit à des prix différents selon les acheteurs. Les économistes distinguent généralement trois types de discrimination en termes de prix :

  • La discrimination au premier degré  correspond à une situation où le monopoleur vend les différentes unités d’output à des prix différents et où ces prix peuvent différer d’une personne à  l’autre.  On parle parfois  dans ce cas  de  discrimination  parfaite  en termes de prix.
  • La discrimination au deuxième degré implique que le monopoleur vend les différentes unités d’output à des prix différents, mais que tous les individus qui achètent une quantité  identique  du  bien  paient  le  même    Ici,  les  prix  diffèrent  selon  les quantités  achetées  et  non  selon  les  individus.  (ristournes  accordées  en  cas d’achats en grandes quantités).
  • La discrimination  au  troisième  degré  correspond  à  une  situation  où  le  monopoleur pratique  des  prix  différents  selon  la  personne  qui  achète,  mais  chaque  unité d’output vendue à la même personne est vendue au même prix. Il s’agit en fait de la forme la plus fréquente de discrimination en termes de prix. Dans le cadre de ce cours, nous nous arrêterons par conséquent à cette dernière forme.

Deux conditions doivent être remplies pour que cette pratique réussisse :

  • Les consommateurs doivent être répartis en groupes clairement identifiables qui ne réagissent pas de la même façon aux variations des prix.
  • Le groupe qui achète le produit aux prix le plus bas ne doit pas être en mesure de le revendre à celui qui l’obtient à un prix plus élevé. Dans le cas contraire, ceux qui achètent au prix le plus bas peuvent entrer en concurrence avec l’entreprise.

Par simplification, supposons un monopoleur placé devant deux groupes de clients.

Le profit total du monopoleur est donné par :

A l’équilibre, le profit total marginal doit être nul ; ce qui donne :

Soit          et

On aura donc à l’équilibre :

I.2.3.4 Contrôle du monopole public

Etant donné les distorsions liées au monopole public (prix du monopole inférieur celui  de  concurrence  parfaite,  réduction  de  la  quantité  produite  et  du  bien-être collectif,…), on assiste parfois à une intervention des pouvoirs publics qui, soit exercent un contrôle  des  prix,  soit  gèrent  un  monopole  public.  Les  pouvoirs  publics  comptent  alors pour objectif de fixer des tarifs pour le bien du public.[28]

I.2.3.4.1 Principe de la tarification du coût marginal

Intuitivement, la solution concurrentielle paraît préférable à celle du monopole en ce sens qu’elle maximise le surplus collectif dans l’économie. L’objectif de la tarification au coût  marginal  sera  de  fixer  le  prix  tel  que  le  monopoleur  maximisant  son  profit  réalise spontanément sa situation concurrentielle.

I.2.3.4.2 Rendement d’échelle croissant et tarification de moindre mal

Le  rendement  d’échelle  croissant  implique  que  le  coût  moyen  est  décroissant  et donc que le  coût marginal est toujours inférieur au coût moyen. Une tarification telle que P=Cm  conduit inévitablement au monopoleur à produire à perte. Cette perte doit alors être  comblée  par  des  subventions  financées  par  l’impôt.  Néanmoins,  ce  genre  de subventions est souvent mal accepté par les contribuables, car ils considèrent que c’est une prime à une gestion moins rigoureuse.

Ainsi, il est donc plus raisonnable de supposer que le monopole public est astreint à respecter  une  contrainte  d’équation  budgétaire :  financer  le  coût  de  production  par  des recettes  au  moins  équivalentes.  Il  faut  donc  maximiser  le  surplus  collectif  sous  cette contrainte.  C’est  une  solution  de  moindre  mal  souvent  appelée  optimum  de  second  ordre.

Graphiquement, on peut avoir la situation suivante :

Figure 9 : Rendement d’échelle croissant et tarification de moindre mal

Source : GENEREUX, J., Op cit, p80

Algébriquement, l’analyse se présente comme suit :

Soit

La tarification au coût marginal conduit à produire q tel que P = C. Ce qui implique un déficit unitaire de  P –  CM. Or le

D’où le déficit sera donné par :

Comme P=C, alors le déficit unitaire devient ce qui donne un déficit total égal à – CF.

[1] Alain BEITONE et Alii, Dictionnaire des Sciences Economiques, Ed Armand colin, Paris, 2001

[2] Idem

[3] Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

[4] Idem

[5] Claude Demeure, Marketing, 6e Edition, Dunod, Paris, 2008, p172

[6] Ghislaine Legrand, Hubert Martini, Gestion des opérations import-export, Dunod, Paris 2008, p72

[7] Idem, p80

[8] PICARD P., Eléments de Microéconomie, 3e édition, Montchrestien, Paris, 1992, p56

[9] Idem, p57

[10] GUESNERIE R., L’Economie de Marché, Edition le Pommier, Paris, 2006, p23

[11] Idem, p23

[12] R. VIVIEN, Economie générale : Introduction à la science économique, IUFM Poitiers, Paris, 2007, p2

[13] W. Stanley Jevons, L’économie politique, Édition numérique réalisée le 27 novembre 2004 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, province de Québec, Canada, p94

[14] W. Stanley Jevons, Op cit, p95

[15] R. VIVIEN, Op cit., p3

[16] GABSZEWICZ,  J.J,  Théorie  microéconomique, 2ème édition,  De  Boeck,  Bruxelles, 1989, p116-119

[17] GABSZEWICZ,  J.J, Op cit, p115

[18] GABSZEWICZ,  J.J, Op cit, p116

[19] GABSZEWICZ,  J.J, Op cit, p118

[20] Bernard Bernier, Henri Louis Verdie, Initiation à la Microéconomie, 2e édition, Dunod, Paris, 2009, p88

[21] Bernard Bernier, Henri Louis Verdie, Op cit, p92

[22] GENEREUX, J., Economie politique Tome 2¸ Microéconomie¸ Hachette, Paris, 2000, p67

[23] GENEREUX, J., Op cit, p68

[24] GENEREUX, J., Op cit, p69

[25] GENEREUX, J., Op cit, p70

[26] Edmond Malinvaud, Leçons de théorie microéconomique, 4e édition, Dunod, Paris, 2005, p209

[27] Edmond Malinvaud, Op cit, p212

[28] GENEREUX, J., Op cit, p76

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