L’intermédiation est l’activité principale des banques. En effet, en collectant des dépôts et en octroyant des prêts, les banques contribuent à l’optimum économique. Cependant, cette activité est génératrice de risques variés qui sont de plus en plus aigus à cause notamment de la concurrence accrue dans de nombreux secteurs et de l’ouverture croissante sur l’extérieur.
Le risque de contrepartie est à la base de cette intermédiation. Il est la raison d’être principale et la source de profit privilégiée des banques.
La banque doit connaître la nature du risque auquel elle doit faire face. L’étape d’identification, consiste à définir le risque de contrepartie, à présenter ses formes et à identifier les différents facteurs qui en sont à l’origine. Cela pour pouvoir l’évaluer d’une manière la plus pertinente pour assurer sa gestion optimale.
Le risque de contrepartie, également appelé risque de crédit, est le premier risque qu’une banque soit supporter. Il désigne « le risque de défaillance d’une contrepartie sur laquelle est détenue une créance ou un engagement de hors bilan assimilable »[1]. C’est donc le risque de subir une perte au cas où la contrepartie serait incapable de faire face à ses engagements.
Le risque de contrepartie revêt trois formes[2] :
Le risque de crédit sur instruments dérivés est limité mais non négligeable. Ce risque a deux composants :
Une banque est exposée au risque de contrepartie dans la mesure où elle détient des portefeuilles de créances sur divers agents économiques qui sont les particuliers et les entreprises notamment les PME, mais aussi les établissements de crédit et l’Etat. Les engagements de hors bilan sont aussi à l’origine des risques de contrepartie, qu’il s’agisse des engagements de financement ou de garantie, ou alors des engagements sur des actifs financiers (opérations sur titres, sur devises et sur instruments dérivés).
Les facteurs de risque liés au risque de contrepartie et dont les variations pourrait influencer la valeur du portefeuille des créances et des engagements de la banque peuvent être :
L’identification du risque de contrepartie demeure une étape fondamentale pour les banques afin que celles-ci assurent les moyens adéquats pour sa quantification et sa gestion.
Le risque de crédit que prennent les banques, lors de l’octroi d’un crédit à un emprunteur (ex. : PME), se situe à trois niveaux, cela selon l’aspect externe du risque crédit :
Et selon l’aspect interne, dépend de la politique de crédit adoptée par la banque et les procédures de traitement des demandes d’octroi de crédit.
d.1. l’aspect externe du risque de crédit
Le risque individuel est lié à l’activité même de l’entreprise cliente. Il est fonction de sa situation commerciale ou/et industrielle et de la nature de l’opération à financer (opération d’investissement, d’exploitation, etc.). En effet, l’entreprise durant le cycle de son existence, est confrontée à des contraintes (aléas) qui peuvent lui être préjudiciables. Même si elle est bien structurée sur le plan organisationnel, cela ne l’empêche pas un jour ou l’autre d’être confrontée à des difficultés qui peuvent être passagères ou chroniques, et c’est dans cette perspective qu’elle doit faire attention ou plutôt donner toute l’importance voulue à certains facteurs comme : le produit, l’outil de production, les parts de marchés, la force de vente, les concurrents, la situation financière etc. Car une mauvaise gestion d’un de ces paramètres, l’entraînera vers des difficultés qui pourront affecter ses créanciers, parmi lesquels son banquier, qui est le principal bailleur de fonds de toute entreprise, particulièrement les PME.
Ce niveau du risque peut être mesuré par la compétence technique et la moralité des dirigeants. La capacité et la crédibilité du management sont des conditions impératives pour l’octroi d’un crédit.
En effet, le facteur déterminant dans la décision d’octroi d’un crédit repose en grande partie sur la confiance. Si celle-ci est faible dès le premier contact, il sera difficile de la rétablir par la suite. Le banquier doit donc s’assurer des valeurs techniques, professionnelles et morales du dirigeant. Il doit s’intéresser à sa formation, sa compétence et son expérience, ainsi qu’à la planification et les stratégies déployées pour l’amélioration de la production ou bien de l’équilibre financier.
Le risque sectoriel est particulièrement sensible à la conjoncture économique d’un secteur d’activité donné. Principalement, ce risque se manifeste dans les changements et évolutions ayant des contraintes et des conséquences sur les conditions d’exploitation commerciale ou/et industrielle de l’activité économique. Ces contraintes sont nombreuses, à savoir : pénurie des matières premières, effondrement des prix, effondrement de la demande, menace des produits de substitution, modifications profondes dans les procédées de production, innovation technologique des produits, etc.
Ce risque est difficile à évaluer par la banque, car cette dernière ne dispose pas assez d’expertise dans les domaines de fortes dynamiques concurrentielles, technologiques, etc. De ce fait, la banque a tendance à refuser des demandes de crédits pour les entreprises qui évoluent dans des secteurs en difficultés. Ceci aura à influencer le banquier dans sa décision d’accord ou de refus du crédit.
Ce niveau de risque concerne toute une économie dans son ensemble. Ce type de risque engendre l’insolvabilité de l’emprunteur. Cette situation d’insolvabilité est due à des facteurs externes, telles que : les crises politiques et économiques ou des catastrophes naturelles. Ces facteurs sont susceptibles de générer des préjudices importants aux entreprises
En effet, les crises politiques et surtout les crises économiques, accroissent le risque de crédit. Les crises économiques sont une source fréquente d’insolvabilité des débiteurs, ce qui ne laisse pas les établissements bancaires indifférents. Face à cette situation, les banques ont tendance à rationner leurs crédits.
d.2. l’aspect interne du risque de crédit
Le risque de crédit est étroitement lié avec l’organisation de la banque. Deux éléments essentiels sont à considérer : la politique de crédit de l’établissement et les procédures de traitements des dossiers de crédit.
Dans la plupart des cas, c’est la direction générale de la banque en collaboration avec le comité des engagements qui arrête la politique de crédit. Ils fixent principalement :
La banque met en place des procédures formalisées pour l’étude de la demande de crédit, le suivi du dossier de crédit et le contrôle interne de la fonction crédit.
Le chargé de l’analyse de la demande doit rassembler toutes les informations sur la qualité de l’emprunteur et la nature du crédit. Elles sont ensuite répertoriées dans un dossier uniformisé qui ne peut être considéré comme complet s’il ne contient pas toutes les informations requises. Enfin, le dossier est acheminé vers le traitement, en cas d’accord, le montant, les conditions et les garanties sont précisées.
La procédure de traitement d’un dossier diffère d’un établissement à un autre mais elle doit se conformer aux exigences du contrôle interne. La séparation de la fonction commerciale d’entretien de la relation avec le client et de la fonction d’étude de la demande de crédit confié à un chargé d’étude est nécessaire.
Une fois le crédit accordé, les conditions y afférentes sont précisées (obligations respectives des deux parties, échéancier de remboursement, conditions de taux, etc.). Des problèmes peuvent surgir dans le suivi du risque lorsque le chargé de l’affaire est le premier informé de la dégradation de la relation et qu’il n’informe pas à temps la hiérarchie de peur qu’il soit reproché une mauvaise étude ou à cause de relations personnelles qu’il entretient avec le client. C’est le contrôle interne qui veille à éviter ces situations.
Comme pour les autres fonctions de la banque, la fonction crédit obéit aux mêmes principes du contrôle interne : indépendance des contrôleurs et des contrôles, exhaustivité des contrôles, vérification de la cohérence des dossiers de crédit avec la politique de crédit de la banque, vérification du respect des procédures lors de l’étude de la demande de crédit puis le suivi du dossier de crédit. Une faille dans l’un des rôles du contrôle interne peut coûter à la banque des pertes considérables.
Le contrôle interne s’attache également à vérifier que la réglementation bancaire relative au risque de crédit est respectée : division des risques, tarification suffisante, taux de provisionnement des crédits non performants. Le but de ce rôle est d’éviter des distorsions avec les autorités de contrôle.
Comme cité précédemment ; « faire crédit, c’est faire confiance ; c’est donner librement la disposition effective et immédiate d’un bien réel ou d’un pouvoir d’achat, contre la promesse que le même bien équivalent, vous sera restitué dans un certain délai, le plus souvent avec rémunération du service rendu et du danger couru, danger de perte partielle ou totale que comporte la nature même du service ».[4]
Cette définition met en exergue le risque lié à l’opération du crédit : le danger de perte partielle ou totale du prêt. Dans le risque de crédit on distingue deux situations de la défaillance d’un emprunteur qui exprime soit un manquement ou un retard sur le paiement du principal et/ou des intérêts. D’où il existe deux situations de risques de crédit.
Le risque de non remboursement est le plus redouté par les banquiers en octroyant une ligne de crédit pour le financement de l’exploitation et/ou pour l’investissement. Il apparaît quand le client, en raison d’une dégradation de sa situation financière ou par mauvaise foi, n’est plus apte, ou refuse de rembourser les prêts qui lui ont été octroyés.
Le risque de non remboursement est d’autant plus grave que dans la quasi-totalité des cas, le banquier engage des fonds qui ne lui appartiennent pas, et dont, il est lui-même débiteur à l’égard de ses déposants.
Donc ce risque résulte de l’insolvabilité du débiteur et éventuellement de son comportement futur (opportunisme). Il trouve ses origines principalement dans le risque de l’entreprise (dans la mesure où ce sont les entreprises qui sollicitent le plus de crédits, et ce sont elles qui connaissent le plus de défaillance en matière de remboursement). C’est-à-dire, le débiteur lui-même.
Lorsqu’une banque est sollicitée pour apporter un appui à une entreprise en concourant à son financement, elle endosse en quelque sorte le risque même de cette entreprise, car ce risque est fonction de la situation financière, industrielle et commerciale de l’entreprise, de la compétence technique de ses dirigeants, etc.
Le risque de non remboursement est aussi lié au secteur d’activité du débiteur, du fait qu’il résulte de l’évolution des cours de matières premières, de la concurrence internationale et des phénomènes sociaux.
Enfin, il peut découler d’une crise politique ou économique du pays. On dit que le risque de non remboursement est un risque transmis, du fait qu’il apparaît au niveau de l’emprunteur et se transfère ensuite au créancier en l’occurrence le banquier ce qui lui entraîne des conséquences néfastes. Pour cela, le banquier devra avant toute décision d’octroi de crédit, analyser et apprécier à leur juste valeur, l’évolution des grandes masses du bilan (le chiffre d’affaires, les résultats d’exploitations) et la situation du marché, par une évaluation à la fois quantitative et qualitative.
Le risque d’immobilisation appelé aussi de trésorerie[5], se localise au plan des rapports entre la banque et ses déposants. Il est intrinsèque à toute opération de crédit puisque, par définitions, le banquier travaille (prête) avec l’argent des autres (des déposants). Aussi, c’est un risque lié à la politique de crédit de la banque, il peut être généré par une mauvaise gestion de la distribution de crédit. En effet, un simple retard dans le remboursement d’une créance ou d’un décalage entre les décaissements, et les encaissements, peut être préjudiciable à la banque.
Si, ces retards et des décalages se généralisent à cause de la mauvaise gestion de la distribution des crédits ou autres circonstances imprévisibles, il pourrait résulter une forte immobilisation de capitaux qui se traduit par un grave déséquilibre de la trésorerie et mettre ainsi la banque en état de cessation de paiement.
En d’autres termes, cette immobilisation de capitaux se traduit par l’incapacité de la banque à transformer son portefeuille de crédit en liquidité, afin de pouvoir assurer les retards de fonds par ses déposants, et de poursuivre le financement de la clientèle.
Ainsi, le risque d’immobilisation met le banquier dans l’incapacité de faire face aux demandes de retraits de fonds, et de demande de crédits de la part de sa clientèle, mettant ainsi l’activité de la banque dans une situation de blocage. Le risque d’immobilisation est un risque proprement bancaire.
Donc, la profession bancaire fait face à des nombreux risques et qui sont spécifiques, ces risques peuvent mettre à tout moment la banque en situation d’insolvabilité et de faillite. Et c’est dans ce sens que nous allons voir dans les éléments ci-après, les moyens dont dispose la banque pour l’évaluation et la gestion des différents risques (surtout le risque de crédit qui est le principal risque auquel fait face la banque).
Le risque de crédit (de contrepartie) est le risque le plus important pour les banques. Ces dernières se doivent donc de mettre en place des procédures pour le quantifier. La mesure de ce risque consiste en l’étude de la solvabilité présente et future de la contrepartie. Elle implique un savoir-faire adapté à la qualité de la contrepartie. Pour cela, les banques utilisent un nombre de méthodes pour l’évaluation de ce risque. Des méthodes traditionnelles et nouvelles.
L’analyse financière constitue le principal outil pour évaluer à priori sa contrepartie. Toute prise de risque nécessite une connaissance approfondie de la contrepartie et sa capacité à faire face à ses engagements. Cette approche traditionnelle repose sur le diagnostic financier de l’entreprise qui demande crédit.
a.1. Les axes de l’analyse financière
L’analyse financière des contreparties (entreprises en général et PME en particulier) repose sur trois axes principaux qui sont : le profil d’activité ; l’analyse de l’équilibre financier et des risques et l’analyse de rentabilité.
La banque doit identifier l’ensemble des activités exercées par la contrepartie en question. Il s’agit de connaitre les produits et les services qu’elle offre, ses clients ainsi que les marchés qu’ils détiennent.
L’analyse de l’équilibre financier est fondée sur l’analyse de l’équilibre bilanciel, complétée par celle du hors-bilan.
L’analyse des risques constitue une étape fondamentale pour l’analyste financier. Ce dernier doit aboutir à une connaissance suffisant de la contrepartie et suivre ses différents risques, pour prévenir les dégradations qui peuvent mettre en péril l’activité de l’établissement. Les principaux risques qui doivent être analysés sont présentés ultérieurement, notamment au sujet de la clientèle PME, ces risques sont le risque d’exploitation et le risque financier.
La dernière étape de l’analyse financière d’une contrepartie est l’analyse de la rentabilité. Celle-ci repose sur l’étude du compte de résultats, qui recouvre les charges et les produits de l’établissement.
L’analyse financière est une démarche essentielle pour évaluer le risque que présente la contrepartie. Cependant, elle demeure insuffisante pour la prise d’une décision car elle se base sur des états comptables passés et reste incapable d’anticiper la situation financière future de la contrepartie. D’autres méthodes peuvent être utilisées par les banques pour compléter cette analyse, à savoir la méthode statistique ou « scoring ».
En effet, comme étant un outil d’aide à la prise de décision d’octroi de crédit notamment par la banque pour la clientèle des particuliers, le crédit scoring peut l’être pour les entreprises notamment les PME qui sont classées en deux classes : les entreprises saines et les entreprises vulnérables[6]. L’analyse discriminante d’un échantillon d’entreprises dont on connait l’historique conduit à sélectionner comme attributs de solvabilité des ratios financiers pondérés en fonction de leur aptitude à séparer nettement les deux catégories d’entreprises, puis déterminer une note limite. Pour toute nouvelle entreprise demandant un crédit, on calcule alors sa note et l’entreprise est classée dans l’une des deux catégories.
Toutefois, cette méthode de scoring est peu utilisée par la banque pour évaluer le risque présenté par une entreprise (PME en particulier) en raison du côté un peu sommaire de la méthode qui résume l’analyse de risque au calcul de quelques ratios et de son incapacité à discriminer des notes moyennes qui reflètent davantage des comportements financiers différents que des risques de défaillance. Sachant que selon G. KOENIG : « la défaillance est d’abord un évènement économique dans la mesure où elle résulte des difficultés économiques et financières de l’entreprise. Mais il est également juridique dans la mesure où la loi définit les critères de déclenchement de la procédure et encadre strictement la situation de l’entreprise après la cessation de paiement »[7]. D’ailleurs, cette méthode est par contre fréquemment utilisée à tire de complément de l’approche traditionnelle (analyse financière).
a.2. Les limites de l’analyse financière
Dans la pratique, la banque ne peut avoir une information parfaite au sujet des causes menant à la défaillance et leurs perceptions à travers des indicateurs fournis par l’entreprise. On va concentrer l’analyse sur le comportement opportuniste du débiteur qui trouve sa justification dans le caractère incomplet et biaisé de l’information comptable que possède son créancier.
A côté de l’analyse financière, d’autres méthodes ont été développées pour mesurer le risque de crédit (risque de contrepartie). Celles-ci permettent notamment de prévoir la défaillance de l’emprunteur dans le futur. Ces méthodes sont : la notation, le RAROC, la VAR et les modèles internes d’évaluation du risque de crédit.
b.1. La notation ou le rating
Le rating est un d’origine américaine qui veut dire « évaluation » ou aussi « notation ». il est définit comme : « un processus d’évaluation du risque attaché à un titre de créance, synthétisé en une note, permettant un classement en fonction des caractéristiques particulières du titre proposé et des garanties offertes par l’émetteur »[8].
La notation est donc un moyen d’information sur le niveau de risque d’un emprunteur ou d’un émetteur. Elle mesure la capacité de ce dernier à rembourser toutes les sommes dues à court ou à long terme. C’est un outil d’aide à la prise de décision, puisqu’il synthétise en une note le degré de solidité et de solvabilité de la contrepartie. Cette notre est attribuée soit par des sociétés spécialisées de notation, on parle alors de notation externe, soit établie par les banques elles-mêmes et la notation est alors dite interne.
La notation externe est du ressort des agences de notation. Celles-ci se chargent d’évaluer le risque présenté par un émetteur ou un emprunteur d’instruments financiers, qu’il soit un Etat, une collectivité territoriale, un établissement de crédit ou une entreprise et diffusent régulièrement des notes qui reflètent la qualité des émissions et la qualité des emprunteurs.
Cette technique est apparue aux USA dans les années 1910. Les agences de notation se sont d’abord intéressées à l’analyse financière et à l’élaboration de statistiques sur l’industrie américaine, puis ont développé l’activité de notation. La première note a été accordée aux compagnies de chemin de fer américaines par Moody’s Industry Services en 1909. La notation devient, après la faillite de la première entreprise de transport américaine[9] inévitable car les investisseurs étaient de plus en plus sélectifs sur les titres qu’ils s’échangeaient. En France, la première agence de notation ADEF (Agence D’Evaluation Financière) a été créée en 1986.
Les résultats et l’expertise des agences de notation sont utilisés par le comité de Bâle dans l’approche standardisée à l’égard du risque de crédit. Celle-ci établit des coefficients de pondération correspondant à chaque catégorie prudentielle en fonction des notes, afin de déterminer les exigences en fonds propres du ratio de solvabilité.
Les principaux critères quantitatifs pour noter un émetteur sont (la liste n’est pas exhaustive) :
Tableau n°1: les principales agences de notation
S&P |
Moody’s |
Fitch |
Interprétation |
|
Investment grade |
AAA |
Aaa |
AAA |
Meilleure qualité de crédit, excellente solidité |
AA |
Aa |
AA |
Très bonne qualité de crédit, très solide |
|
A |
A |
A |
Bonne qualité de crédit, plus sensible aux conditions économiques |
|
BBB |
Baa |
BBB |
La plus basse qualité de crédit en Investment Grade |
|
Speculative grade |
BB |
Ba |
BB |
Prudence requise, la meilleure qualité de crédit en Spéculative Grade |
B |
B |
B |
Vulnérable, peut encore honorer ses engagements |
|
CCC |
Caa |
CCC |
Hautement vulnérable |
|
Defaut |
D |
D |
D |
Un défaut de paiement est déjà survenu |
Source : Wikipedia/Dictionnairelibre.com
Chaque rating, excepté le AAA est subdivisé en trois sous grades, ce qui monte à 19 au total le nombre de niveaux de rating en sous grades (hormis le défaut).
Contrairement à la notation externe, « Avec la notation interne, la banque évalue elle-même le risque de défaillance de la contrepartie, exploitant ainsi les informations privées qu’elle détient sur l’emprunteur du fait de la relation de long terme »[10].
L’un des aspects les plus novateurs du nouvel accord de Bâle réside dans l’intégration de l’approche fondée sur les notations internes pour mesurer le risque de crédit.
Une banque qui traite avec des contreparties étrangères doit évaluer le risque pays car il peut y avoir de bonnes contreparties dans le mauvais pays et inversement. Le risque global tient compte à la fois des spécificités de la contrepartie et de celles du pays dans lequel elle se trouve.
Le risque pays tel que définit précédemment regroupe un risque de non-transfert, un risque de non-paiement et un risque de performance. L’appréciation du risque pays consiste plus exactement en l’évaluation du risque souverain. Cette dernière est effectuée par des agences de notation qui cherchent à cerner le risque économique et le risque politique.
Les éléments d’évaluation peuvent être notamment les structures politiques et économiques du pays, sa balance des paiements, sa position financière extérieure, …etc.
En plus des agences de notation, d’autres organismes tels que la COFACE[11] se chargent d’évaluer le risque pays. La COFACE suit en permanence sur 140 pays une série d’indicateurs. Ces indicateurs permettent d’apprécier :
Chacun de ces indicateurs fait l’objet d’une note individuelle. Une note synthétique est ensuite attribuée à chacun des pays suivis. De façon similaire aux agences de notation, ces notes sont classées en des niveaux reflétant le risque que peuvent présenter ces pays.
b.2. le RAROC : Risk Adjusted Return On Capital
Pour apprécier la rentabilité de leurs opérations, les banques recourent à certains indicateurs. Cette évaluation est un peu « fausse » car elle prend en compte la rentabilité des opérations sans se soucier du niveau de risque engendré par ces dernières. C’est pour cette raison que de méthodologies nouvelles ont été développées, telles que les méthodes RAPM (Risque Adjusted Performance Measurement), dont le principe consiste à rapporter le rendement d’un actif à sa consommation en capital économique, et éventuellement de comparer cette performance au coût du capital de la banque.
Parmi ces méthodes RAPM, on trouve le RAROC (la rentabilité ajustée du risque). Ce dernier mesure la rentabilité ajustée du risque, rapportée au capital économique. Il est calculé comme suit :
RAROC = Résultat – provisions économiques/ Fonds Propres économiques
Les provisions économiques représentent les pertes moyennes alors que les fonds propres économiques représentent les fonds propres dont l’établissement devrait disposer pour assurer sa solvabilité. Ils sont assimilés aux pertes inattendues. Le ratio peut donc être calculé ainsi :
RAROC =Résultat – Pertes moyennes/ Pertes inattendues
Pour être acceptable, toute nouvelle opération de crédit devrait dégager un RAROC d’au moins 25%[12]. En effet, cette méthode est aussi bien un outil de comparaison et de sélection des contreparties qu’un moyen de gestion dynamique des risques, notamment du risque de crédit, puisque son objectif est l’allocation optimale du capital économique entre toutes les lignes de crédit de l’établissement financier, notamment la banque. Il est à signaler que cette méthode est appliquée par les banques des pays développés pour évaluer le risque de contrepartie des PME.
Par ailleurs, l’idée générale qui se dégage est la nécessité d’une modestie nécessaire dans les attentes, eu égard à la complexité de mise en œuvre des outils RAROC. Par apport à la perception rendue par le capital réglementaire (Bâle 1988), cette approche offre une vision affinée des grandes tendances en matière de gestion du risque liée aux engagements de crédit, mais ces résultats restent encore trop statiques et approximatifs[13].
Donc, de nombreux progrès restent à obtenir, mais les outils techniques permettant d’y parvenir sont déjà en phase de développement.
b.3. la VAR (La Value At Risk)
La VAR est une méthode qui était initialement conçue par les institutions financières pour mesurer leurs risques de marché. Elle a ensuite été adoptée pour traiter d’autres risques.
La méthode de la VAR est devenue une référence en matière de gestion des risques. L’application de la VAR au risque de crédit gagne du terrain au vu de l’amplification de ce risque dans les activités bancaires. Certaines banques tentent de développer des systèmes VAR qui permettront de gérer de manière intégrée les risques de crédit et de marché, voire l’ensemble des risques auxquels elles sont soumises.
VaR =
Elle s’interprète comme la perte maximale que la banque peut enregistrer sous une probabilité donnée dans un intervalle de temps donné.
b.4. les modèles internes d’évaluation du risque de crédit
Par définition, « Un modèle interne de risque de crédit est un modèle dont l’objectif est d’évaluer les probabilités de pertes engendrées par la détention d’encours de crédit[14]. Les premiers modèles construits par les banques ont servi à évaluer les risques de marché. A partir de 1995, ces modèles ont été transposés au risque de contrepartie selon le nouveau ratio de solvabilité pour déterminer le niveau des fonds propres couvrant ce risque, mais aussi pour allouer les fonds propres aux différents risques.
Ces modèles prennent en considération un portefeuille de crédits et ne s’intéressent pas à des contreparties individuelles. Certains d’entre eux servent à évaluer les différentes valeurs d’un portefeuille de crédits à un horizon donné, en tenant compte des probabilités de perte sur ce portefeuille lorsque la classe de risque des emprunteurs change. Parmi ces modèles, on retrouve le modèle « creditmetrics » proposé en 1997 par la banque américaine J. P. Morgan, ainsi que le modèle KMV.
D’autres modèles évaluent à un horizon donné la valeur d’un portefeuille de crédits en tenant compte de la probabilité de faillite de la contrepartie et non du changement de se classe de risque. Le modèle ‘credit risk + » proposé par la banque Crédit Suisse Financial products en 1997 fait partie de cette catégorie de modèles.
Par ailleurs, selon la méthode de base (IRB de base) des notations internes, la manifestation (décomposition) du risque de contrepartie est la résultante des paramètres suivants[15] :
D’où une perte attendue qui se calcule ainsi : EL= PD*EAD*LGD
Dans la méthode de base, la banque n’évalue que la probabilité de défaut grâce à ses notations internes, les autres ainsi que les maturités et les effets de diversification étant fixé par le superviseur.
Au total, ce qui peut être retenu de ces nouvelles méthodes d’évaluation du risque de contrepartie est que les banques sont vivement incitées à développer les notations internes de type méthode de base ou avancée lorsqu’elles ont une clientèle qui est moins bien notée.
Quant à la construction d’un modèle interne d’évaluation de crédit, elle présente l’avantage d’une démarche identique pour allouer les fonds propres aux différents risques.
L’évaluation du risque de contrepartie est l’étape la plus importante du risk-processus. Celle-ci permet à la banque de sélectionner ses contreparties et d’éviter que la défaillance de l’une d’entre elles affecte ses résultats. Les priorités s’orientent actuellement vers la mesure, la modélisation de ce risque et son impact sur l’allocation des fonds propres.
Les étapes d’identification et de mesure du risque de crédit sont indispensables avant toute décision d’octroi de crédit. Les banques doivent évaluer la capacité de leurs contreparties (notamment les PME) de faire face à leurs engagements. Par conséquent, l’étape de gestion, n’est efficace qu’une fois le risque était identifié et mesuré (évalué).
[1] CALVET H., Etablissements de crédit : Appréciation et méthodologie de l’analyse financière », Ed. Economica, Paris, 1997, p.78
[2] DUBERNET M., Gestion actif-passif et tarification des services bancaires, Ed. Economica, 1997, p.64
[3] Les produits dérivés peuvent être des forwards (contrats à terme de change ou de taux), des swaps de change ou de taux ou encore des options de change ou sur taux d’intérêts.
[4] Petit Dutaillis, cité par Farouk BOUYAKOUB, Op.cit., p.17
[5] Bruno MOSCHETTO, Jean ROUSSILLON, La banque et ses fonctions, Ed. PUF, collection Que sais-je, 1988, p.33
[6] Arnaud de Servigny, Le risque crédit : nouveaux enjeux bancaires, 2ème Ed. Dunod, 2003, p.162
[7] G. KOENIG, Entreprises en difficultés : des symptômes aux remèdes, Revue Française de Gestion, Janvier-Février 1985, p.86
[8] KARYOTIS D., La notation financière : une nouvelle approche du risque, la revue Banque Editeur, 1995, p.16
[9] La première entreprise de transport américaine a fait faillite en 1970 (la Penn Central Transportation Company). Celle-ci avait émis pour 80 millions de dollars de « commercial paper ».
[10] De COUSSERGUES S., Gestion de la banque, Ed. Dunod, 2002, p.159
[11] Compagnie Française d’Assurance pour le commerce Extérieur.
[12] Les actionnaires requièrent une rémunération des fonds propres d’environ 25% avant impôt. Ce seuil de rentabilité s’applique au RAROC.
[13] Arnaud de Servigny, Op.cit, p.218
[14] DE COUSSERGUES S., Gestion de la banque, Ed. Dunod, 2002, p.161
[15] Arnaud de Servigny, Op.cit, p.219