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INTRODUCTION

En République Démocratique du Congo, le manioc est la culture la plus importante parce qu’il constitue l’aliment de base pour 70% de la population du pays.
Les racines tubéreuses sont la source d’énergie la plus importante et les feuilles fournissent les protéines, vitamines et éléments minéraux. Le manioc pouvant être conservé dans le sol pendant plusieurs mois après maturité et récolté seulement selon les besoins, cela fait du manioc une culture très appropriée pour assurer l’alimentation pendant la période de soudure chez les petits producteurs. En outre, le manioc est une culture de rente importante qui, permet aux ménages de se procurer plus de 85% de revenus totaux dans certaines zones rurales du pays, cas de l’ancienne province du Bandundu (F.A.O, 2000).
Le manioc présente plusieurs avantages: il pousse sur les sols pauvres et garantit un minimum de production malgré les changements bioclimatiques imprévisibles. La culture du manioc permet d'assurer la sécurité alimentaire et d'améliorer les revenus des producteurs paysans. Malgré l'importance tant alimentaire qu’économique de cette culture, certains ennemis de culture (la mosaïque, la bactériose, l'acarien vert, les termites etc.) et la gestion non maitrisée des clones affectent sa production et partout, la vie de nombreuses populations qui le consomment et le commercialisent (Naitormbaide et al, 2009).
Au Sud-Kivu, le manioc occupe la première place selon la catégorie de plantes à racines et tubercules, suivi de la patate douce ainsi que la pomme de terre (Bisimwa, 1997). Toutefois depuis les années 1990, le manioc connait des problèmes dans cette province dont le plus important fut l’apparition de l’épidémie de la mosaïque africaine du manioc. A ce jour, il s’est ajouté l’épidémie de la striure brune du manioc, en plus des problèmes de changement climatique et de baisse de fertilité suite aux érosions et à la surexploitation des terres. Ce qui a conduit à la chute de production au niveau des exploitations paysannes. La chute de production a pour conséquence directe la rareté de la farine du manioc sur le marché si bien que son prix tend à rencontrer le prix du riz et celui du blé, qui, pourtant sont des produits importés.
La théorie préconise que la meilleure réponse à ce problème est le recours à des variétés qui y sont adaptées (Anonyme, 1987). Ainsi il est question souvent de recourir à des variétés résistantes ou tolérantes pour des cas des maladies, des variétés plus plastiques pour le cas de changement climatique et de perte de fertilité.
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En rapport avec la mosaïque, il fut distribué des variétés considérées comme résistantes et tolérantes en guise de réponse à la crise, si bien que tous les paysans étaient censés les adopter comme toutes les variétés locales étaient jugées sensibles. Tous les acteurs de recherche (INERA, IITA, etc.), de vulgarisation et de sensibilisation, les ONG tant locales qu’internationales, les services de l’Etat,… furent mobilisés. Néanmoins les adoptions furent variées d’un milieu à un autre et d’un producteur à un autre ; certains producteurs sont restés attachés à leurs variétés locales pourtant jugées sensibles.
Certains paysans résisteraient à l’adoption de nouvelles variétés car ils possèderaient d’autres variétés qu’ils jugent encore importantes et qui répondent à leurs besoins.
En effet, il serait possible que les paysans jouent un rôle important dans la gestion de la diversité génétique du manioc car garderaient certaines variétés que les institutions de recherchent n’ont plus. Il serait aussi possible que les paysans aient perdu certaines variétés plus anciennes au profit de nouvelles variétés qui sont dites résistantes, tolérantes et plastiques, en plus d’être encouragées voire subventionnées par diverses structures.
Le manioc est représenté à l'échelle de la province du Sud-Kivu par une très large diversité variétale. Néanmoins, selon les groupes d'agriculteurs et les multiples ethnies avec leurs diversités culturelles, il existe de fortes variations dans le nombre des variétés cultivées(Kosh-Komba et Duval, 2014).
A cause de la culture facile du manioc, sa disponibilité toute l'année, sa tolérance aux conditions extrêmes de stress écologiques et biotiques, une grande diversité de variétés de manioc est rencontrée dans les zones de culture. Cette diversité est liée d'une part au fait que les génotypes répondent différemment aux divers facteurs édaphiques, climatiques et biotiques, et d'autre part aux échanges continuels de matériels génétiques entre les cultivateurs du manioc.
Pour bien mener cette étude on se pose les questions suivantes:
Comment les paysans gèrent-ils la diversité génétique du manioc dans leurs milieux respectifs ?
Quelles sont les variétés encore disponibles et pour quelle raison ?
Quelles sont les variétés perdues ?
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Quels sont leurs critères de choix variétal au sein des exploitations paysannes et au cours du temps?
La perte de la diversité génétique chez le manioc est causée d’une part par la disparition des variétés anciennes au profit de cultivars améliorés (érosion génétique), phénomène relativement récent dans l’agriculture et d’autre part par son mode de propagation végétative. Ce mode de reproduction permet l’obtention d’une descendance génétiquement identique lorsque les individus proviennent d’une même plante mère. Cela est surtout renforcé par l’échange des boutures entre agriculteurs, pratique très répandue lors de la plantation. En effet, l’échange des boutures est une pratique d’homogénéisation variétale sur le long terme si le génotype se trouve fixé dans une population (Anonyme, 2013).
Selon Abou et al., 2016, une mauvaise gestion des variétés de manioc dans les milieux paysans conduit à une réduction des rendements, une prolifération des maladies entre les variétés, le non-respect des techniques culturales, même la confusion des variétés dans le chef des paysans, à la disparition des certaines variétés, etc.
Pour une bonne gestion variétale, il est nécessaire d’avoir des informations à propos de l’étendue, de la structuration et de la distribution spatiale de la diversité végétale à conserver et à gérer. Ceci passe par le processus de caractérisation afin de déterminer le potentiel variétal réel. (Nasar cité par Kosh-Komba et Duval, 2014).
Sur la base de la superficie des terres allouées à sa culture (environ 50% des superficies totales cultivées) et de son apport dans l’alimentation de la population, le manioc est la culture vivrière la plus importante en RDC et constitue une denrée stratégique pour les populations congolaises et une garantie pour leur sécurité alimentaire. Le manioc est cultivé dans toutes les provinces du pays avec une production totale de 15.004.430 tonnes en 2007. En effet, le manioc est une denrée prioritaire dans les habitudes alimentaires des congolais. Utilisé sous plusieurs formes (Fufu, Chikwangue, Pondu, etc.), il constitue l’aliment de base et fournit plus de 60% d’énergie à la population congolaise. Il constitue également une source potentielle de génération des revenus à travers la commercialisation de ses feuilles, ses racines tubéreuses et les produits dérivés de celles-ci.(F.A.O, 2009)
Notre travail a pour objectif d’inventorier les différentes variétés de manioc cultivées dans les groupements de MUDAKA, KAGABI et CIRUNGA et évaluer les différents modes de gestion de ces variétés.
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A part l’introduction et la conclusion, le présent travail porte sur trois grandes parties à savoir : La revue de la littérature sur le manioc comme chapitre premier, le deuxième chapitre traite du milieu, matériels et méthodes et le troisième chapitre traite de l’analyse et interprétation des résultats de l’enquête et leur discussion.

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