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CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE MANIOC

I.1. ORIGINE

Le manioc, Manihot esculenta Crantz, est originaire du nord de l’Amérique du Sud. Cette espèce cultivée n’existe plus à l’état naturel. Le manioc fut amené en Afrique à la fin du 16ème siècle par les navigateurs portugais. Il s’est rapidement répandu principalement dans l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale mais en Afrique orientale, la progression du manioc se situa plus tardivement à la fin du 17ème siècle (JANSSENS M, 2001).

I.2. DESCRIPTION

  1. esculenta appartient à la famille des Euphorbiacées. Le manioc est une plante arbustive, atteignant en culture 2 à 3 mètres de hauteur. Elle est pluriannuelle, mais généralement cultivée comme plante annuelle et bisannuelle. Comme toutes les euphorbiacées, ses diverses parties contiennent du latex.

Le système racinaire du manioc est bien développé et lui confère une bonne tolérance à la sécheresse. Les racines principales ont tendance à former des tubercules et mesurent 30 à 80 centimètres de longueur et 5 à 10 centimètres de diamètre. Leur poids varie en général de 1 à 4kg. Dans certaines circonstances, elles peuvent atteindre 1 mètre de longueur et peser 20 à 25kg.

La longueur des entre-nœuds est décroissante du sommet vers la base et varie avec les variétés et les conditions de culture. Les feuilles sont alternées, palmatilobées et caduques.

Les inflorescences apparaissent au point de ramification de la tige et des branches. Ce sont des grappes, avortant souvent, ce qui restreint la multiplication du manioc par graine et favorise son bouturage (JANSSENS M, 2001).

I.3. IMPORTANCE DU MANIOC

I.3.1. Importance alimentaire et nutritionnelle

Le manioc est utilisé comme semoule ou comme fécule (tapioca).  Les feuilles au-dessus de la plante peuvent être broyées pour fabriquer du pondu, un légume traditionnel. On peut préparer les tubercules en les faisant cuire, puis en les lavant longuement à l’eau pour évacuer les traces de cyanure, et en les séchant au soleil. Une fois pilé, à la main ou au moulin, on obtient une farine blanche appelée « farine de manioc » dans les deux Congo. Cette farine est mélangée à de l’eau bouillante à égale proportion et constitue un aliment qui accompagne les plats en sauce. Elle peut aussi être donnée à de jeunes enfants. Le foufou à une valeur calorique sèche de 250 à 300 Cal/kg, équivalant près de la moitié lorsqu’elle est en pâte. Une autre façon de le consommer est en pains de manioc appelés « chikwangue » en République Démocratique du Congo, « Bibôlô » au Cameroun, et « mangbèré » en Centrafrique). Ils sont riches en cellulose, consistants, mais très peu nourrissants sur le plan protéique. C’est pourquoi on le mélange avec les farines des céréales (maïs, sorgho, blé,..) ou le soja. Leur prix très abordable favorise leur consommation à grandeéchelle. Il est recommandé de bien les mâcher afin de ne pas avoir de problème de digestion.Au Brésil, on l’utilise beaucoup frit pour accompagner les grillades. En hiver, le bouillon de manioc est très populaire. Il est également utilisé en farine légèrement rôtie pour accompagner les haricots. Cette même farine est l’ingrédient principal de la farofa (ANONYME, Cité par IRAGI B, 2016).Les feuilles de manioc  crues contiennent considérablement plus d’énergie, de protéines, de lipides, de glucides, de fibres, de cendres, de sels minéraux (Ca, P, Fe, etc.), de vitamine A, de thiamine, de riboflavine et de niacine que certains légumes introduits, tels que le chou chinois ou l’épinard. Ils sont particulièrement riches en acides aminés essentiels (isoleucine, leucine, lysine, méthionine et cystéine, phénylalanine et tyrosine, thréonine, tryptophane, valine). Les teneurs pour 100 g de feuilles sont suffisantes pour couvrir les besoins quotidiens de l’homme selon les recommandations de la FAO et de l’OMS. Comme les racines et toutes les autres parties de la plante, les feuilles de manioc contiennent elles aussi des glucosides cyanogéniques en quantité élevée (20 mg/100 g en moyenne) qui doivent être neutralisés en éminçant, en écrasant et en faisant bouillir les feuilles entre 15 minutes et une heure. Il faut cependant éviter une cuisson trop longue qui entraînerait une dégradation des vitamines (ANONYME, Cité par IRAGI B, 2016)

Tableau 1 : Composition nutritionnelle des feuilles et des racines de manioc.

 

Feuilles

Racines

Eau

80 %

62 à 68 %

Glucides

7 %

35 % (dont 20 à 25 % d’amidon)

Lipides

1 %

0,3 %

Protéines

6 %

env. 1 %

Vitamine C

200 mg/100g

35 mg/100g

Vitamine B1

0,2 mg/100g

Négligeable

Vitamine B2

0,3 mg/100g

Négligeable

(ANONYME, Cité par IRAGI B, 2016)

I.3.2. Importance économique

L’importance socio-économique de cette plante s’apprécie à travers sa contribution à la sécurité alimentaire des populations, à l’emploi qu’elle génère et aux revenus monétaires et agricoles qu’elle permet de collecter. Les habitants de la République Démocratique du Congo et ceux du Nigéria consomment à eux seuls le tiers de manioc utilisé en alimentation humaine dans le monde (AGBOREGBE et al, Cité par  BAGALWA. A, 2016). La production de manioc se situe à la cinquième place dans les statistiques mondiales après le blé, le riz, le maïs, la pomme de terre. Toute la région du Kivu (ancien Kivu) pratique la culture de manioc et occupe de ce fait le deuxième rang de producteur au niveau du pays (ANONYME, Cité par BAGALWA. A, 2016).

I.3.3. Importance agronomique      

Le manioc est devenu la culture vivrière la plus importante d’Afrique du fait de ses qualités exceptionnelles, entre autre le potentiel de productivité élevé, l’aptitude à pousser sur les sols peu fertiles, la résistance relative à la sécheresse, la facilité de conservation dans le sol (jusqu’à 24 mois après plantation), la rusticité, etc (GUTHRIE M, 1992)

Le manioc présente plusieurs avantages: il pousse sur les sols pauvres et garantit un minimum de production malgré les changements bioclimatiques imprévisibles. Une étude menée dans le Logone occidental a montré que dans les exploitations où les systèmes de culture sont à base de manioc, permet d’assurer la sécurité alimentaire et d’améliorer les revenus des producteurs (NAITORMBAIDE et al, 2009).La popularité du manioc résulte avant tout de ses qualités exceptionnelles : croissance vigoureuse, rendements assurés et très élevés, travail restreint et facile, aptitude spéciale à réussir après défrichement, résistance à la sécheresse, facilité de conservation dans le sol. Dans les régions à saisons sèches très prolongée ou température peu élevée par suite de l’altitude ou de la latitude, le manioc est surtout cultivé comme culture de réserve  (ANONYME, Cité par IRAGI B, 2016).

I.3.4. Importance industrielle

Le  manioc est aussi un produit stratégique par ce qu’il  se transforme en une gamme variée de sous-produits très demandés et qu’il met en relation un très grand nombre d’acteurs. Ces  acteurs  sont  principalement  les  producteurs,  les  transformateurs  et  les  revendeurs (ANONYME, Cité par IRAGI B, 2016).Les racines rouies ou la farine qui en provient, sont notamment utilisées pour la préparation des « Chikwange » (pain de manioc) qui constituent l’aliment de base pour une bonne partie des populations des régions forestières de la République Démocratique du Congo. Le manioc sert également de matière première pour la fabrication d’alcool éthylique, de glucose et de dextrine. On peut aussi fabriquer les produits fermentés. Il s’agit de technique d’ensilage de racines réduites en pulpe auxquelles on pourrait ajouter les parties aériennes également déchiquetées afin de réaliser un aliment pour le bétail (RUHAMYA, Cité par IRAGI B, 2016).

I.4. ECOLOGIE     

Le manioc est une plante de zone tropicale humide à grande faculté d’adaptation tant pour le climat que pour le sol. L’optimum de rendement est obtenu, sous 1200 à1500 mm de pluies, à température moyenne d’environ 25 à 29 °C, avec 2 à 3 mois de saison sèche. Dans ces conditions, tous les sols sont acceptés à l’exception des sols asphyxiants, le sol idéal est sablo –argileux, profond, bien drainé, à pH 6 (ANONYME, 2002).

La production de racines est optimale par une pluviométrie de 1000 à 1500mm par an, mais la plante supporte assez bien la sécheresse pourvu qu’elle reçoive suffisamment de pluie pendant les deux premiers mois après la plantation. Grâce à l’aptitude que possède le manioc de cesser de pousser et de rejeter une partie de ses feuilles afin de réduire la transpiration en l’absence de pluie, le manioc peut être cultivé de manière profitable jusqu’à un minimum de pluviométrie de 500mm. Au-delà de 1000m d’altitude, la production de racines tubérisées est insatisfaisante (ANONYME, cité par IRAGI G, 2016).Au début de sa croissance, le manioc ne fait pas concurrence aux cultures associées pour les éléments nutritifs, ce qui explique son utilisation fréquente en culture mixte, surtout avec le maïs. Néanmoins, des rendements raisonnables peuvent être obtenus sur des sols épuisés où l’on ne peut plus produire d’autres cultures. Ceci explique que le manioc vienne habituellement en dernier dans les systèmes traditionnels de rotation des cultures. Il faut cependant veiller à maintenir la fertilité de sol par des mesures telles que la rotation ou la culture mixte incluant des légumineuses, ou encore l’application de fumure organique, car le manioc peut entraîner un appauvrissement du sol, voire une érosion dans le cas des variétés à faible développement de feuilles. C’est une plante héliophile qui requiert une insolation abondante. Elle résiste mal au vent violent et doit être plantée dans des endroits abrités (JANSSENS, 2001). Le manioc peut croitre dans toutes les régions du Congo (RDC), mais il affectionne le climat chaud et pluvieux. Il supporte cependant les stations à longue saison sèche ou à altitude élevée, mais il y donne des rendements inferieures. En aucun cas le manioc ne supporte pas la gelée (ANONYME, 2002).

I.5. LES MALADIES ET LES RAVAGEURS DU MANIOC

I.5.1. LES MALADIES

I.5.1.1. La Mosaïque africaine du manioc (Cassava mosaïcdisease: CMD)

Cette maladie d’origine virale se caractérise par une panachure vert clair à jaunâtre du limbe foliaire qui se déforme, se boursoufle et croît de manière asymétrique par suite de l’arrêt du développement des parties infectées. Lorsque l’infection est précoce et sévère, le développement de la plante entière est affecté : les entre-noeuds se raccourcissent, la croissance est freinée ou stoppée, les feuilles déformées et décolorées, de petite taille, la base de certaines folioles est réduite à la nervure principale bordée d’un peu de parenchyme décoloré, la plante a un port rabougri et touffu. La transmission de la maladie est assurée par un petit homoptère de 1 à 2 mm, aux ailes blanches, l’aleurode Bemisia tabaci (AUTRIQUE et PERREAUX, cité par BAGALWA A, 2016).

La mosaïque du manioc a frappé l’ensemble du continent africain depuis plus d’un siècle, entraînant chaque année la perte d’au moins 50 millions de tonnes de récolte.
Le continent africain a connu plusieurs grandes épidémies de cette maladie au cours des dernières décennies, la pandémie la plus récente et la plus dévastatrice étant survenue dans les années 1990 en Afrique centrale et orientale. Un grand succès dans la lutte contre la pandémie a été obtenu grâce au développement et à la diffusion de variétés résistantes à la mosaïque du manioc. En fait, dès le milieu des années 2000, la moitié de tous les cultivateurs de manioc ont pu bénéficier de ces variétés dans de nombreuses régions d’Afrique orientale et centrale.
Mais, par une cruelle ironie de la nature, les deux variétés améliorées et locales ont toutes succombé à la pandémie de mosaïque (ANNONYME, 2016).

L’utilisation des boutures infectées contribue aussi largement à la dissémination de la mosaïque. En cas d’infestation par la mouche, l’importance des dégâts dépend du stade de croissance de la plante au moment de la contamination. Il n’y a pas de diminution significative de rendement lorsque l’infection a lieu plus de 120 jours après la plantation, mais les cultures à partir des boutures de tels plants seront bien sûr de rendement médiocre (MAHUNGU et al, cité par IRAGI G, 2016).

I.5.1.2. L’Anthracnose (Cassava anthracnosedisease: CAD)

L’Anthracnose est causée par le champignon Glomerella cingularia. sp. Manihotis dont la forme imparfaite est Colletotricum gloesporoides.sp. Manihotis, qui attaque essentiellement les tiges.

Sur les parties encore vertes, les symptômes débutent par des taches décolorées, ovales à circulaires, nettement délimitées, longues de 1 à 2 cm. Les lésions en extension sont brun clair. Suite à la lignification de la tige, elles se transforment en chancres plus ou moins profonds, l’épiderme desséché subsistant sous la forme de lambeaux lacérés couverts de petits points noirs constitués par les fructifications du champignon. Les lésions sont souvent situées sous le point d’insertion des pétioles où les gouttelettes d’eau plus longtemps après une pluie. Chez les cultivars sensibles, l’anthracnose peut provoquer la mort des extrémités, par l’extension longitudinale des lésions ou leur développement transversal qui aboutit à l’étranglement de la tige. De fortes attaques diminuent la capacité germinative des boutures. Il existe cependant des indications selon lesquelles l’anthracnose peut réduire jusqu’à 39% le nombre et jusqu’à 60% le poids des racines tubéreuses chez une variété susceptible (ANONYME, 1987).

Dans le Kivu montagneux, les attaques sont souvent mineures et consécutives à des dégâts ou à des piqûres d’insectes. Ces plants ne requièrent à des mesures particulières de contrôle, sinon l’application de pratiques culturales assurant une bonne vigueur des plantes, (ONGOLOMEZA B, Cité par BAGALWA. A, 2016).

I.5.1.3. La Bactériose (Xanthomonas campestrispv. manihotis)

La bactériose est une maladie grave du manioc en Afrique tropicale. Elle apparaît dans les régions forestières et dans les régions de savanes où elle prédomine. Le feu bactérien est déterminé par Xanthomonas campestrispv. manihotis. L’infection peut être consécutive à une pénétration des bactéries par les feuilles ou l’emploi de boutures contaminées. La maladie sévit surtout pendant la saison pluvieuse (SYLVESTRE, cité par BAGALWA A, 2016).

Au Bas Congo, la virulence semble avoir apparu pendant des saisons particulièrement sèches occasionnent des pertes plus importantes. Potentiellement très dommageable, cette bactériose se caractérise par des taches foliaires anguleuses, vert foncé, imbibées d’eau, d’abord visibles à la face inférieure des feuilles. En vieillissant, elles se nécrosent et deviennent brun foncé. De nombreuses feuilles montrent souvent des plages d’abord vert clair, puis brun pâle, qui s’étendent rapidement vers l’extrémité de la foliole. Le feuillage prend alors un aspect brûlé. A partir des taches foliaires, la bactérie envahit le système vasculaire des pétioles et des tiges, entraînant le flétrissement des limbes. L’infection peut aussi se déclarer sur la tige, souvent suite à des blessures. Les lésions brunâtres et humides progressent longitudinalement et transversalement, entraînant le flétrissement des parties apicales de la plante par étranglement de la tige. Des exsudations gommeuses jaunâtres sont visibles sur les pétioles et sur les tiges vertes ou nécrosées. La maladie peut aboutir à la mort des cultivars sensibles. Les jeunes rejets se développant à partir de boutures infectées peuvent flétrir et mourir sans montrer de symptômes foliaires. Les boutures infectées constituent la principale source d’inoculum primaire et la pluie assure la dispersion de la maladie qui s’exprime plus sévèrement lorsque les températures nocturnes et diurnes sont très contrastées.

La nécrose bactérienne du manioc dans les régions d’altitude (Xanthomonas campestrispv. cassavae) provoque des symptômes très semblables à la forme précédente, la nécrose sur tige étant de forme annulaire. Il se manifeste aussi par des taches foliaires angulaires d’aspect humide très caractéristiques, brulure foliaire, gommose, nécrose apicale, flétrissement et nécrose vasculaire.

Dans les deux cas, il est conseillé d’utiliser des boutures saines et d’éviter les sols trop sableux, pauvres en potasse et exposés au vent. En effet, le vent peut endommager certaines feuilles et favoriser ainsi les infections bactériennes. Hormis, le choix de site, le moyen de lutte le plus approprié paraît être la création et la diffusion de variétés résistantes ou plus tolérantes (JANSSENS, 2001).

I.5.1.4. Striure brune (Cassava Brown Streak Disease: CBSD)

Identifié pour la première fois en 1935 en Afrique de l’Est et peu connu jusqu’à une dizaine d’années, le CBSD a émergé comme la menace la plus grave parmi les différents virus du manioc. Les infections peuvent toucher jusqu’à 100% de la récolte d’un agriculteur, et cela à son insu (ANNONYME, 2016).

 La striure brune du manioc est actuellement connue sous deux variantes : une variante commune (CBSV) et une variante Ougandaise CBSV, dénommée U-CBSV. Le virus est transmis par la mouche blanche (Bemisia tabaci) à partir du matériel de plantation infecté. Il peut être également transmis par voie mécanique.La maladie est causée par un virusà ARN (acide ribonucléique)(MAHUNGU Cité par IRAGI B, 2016). Elle s’estpropager en Afrique de l’Ouest et en particulier au Nigéria, le plus grand producteur et consommateur mondial de manioc, car le Nigéria serait la porte d’entrée pour une invasion de l’Afrique de l’Ouest, où environ 150 millions de personnes dépendent de cette culture»(ANNONYME,2016).

La striure brune du manioc affecte tous les organes de la plante qui développent différents types des symptômes.Les symptômes qui sont engendrés varient considérablement suivant les conditions environnementales, le stade de croissance de la culture, la période d’infection et la sensibilité du cultivar. Ils s’observent sur les feuilles, les tiges et les racines tubéreuses du manioc. Sur les feuilles la maladie se manifeste sous forme de marbrures/taches jaune-vert sur les feuilles développées, plutôt que sur les jeunes feuilles comme c’est le cas pour la mosaïque du manioc. Le jaunissement est plus prononcé sur les feuilles basales. Les paternes de colorations jaunâtres dépendent de la variété et/ou de la souche du virus.  Aussi, les feuilles endommagées ne se déforment pas comme dans le cas de la mosaïque. Sur les tiges, les symptômes se présentent sous la forme des stries brun foncé et des lésions nécrotiques. Les stries sont plus prononcées sur la partie supérieure verte de la tige. Sur les tubercules, il y a présence des trous de coloration brune à noire ; déchirure de la surface de l’écorce ; développement progressif de la maladie dans tout le tubercule qui se décompose et pourri. La nécrose des racines est la cause majeure de la diminution des récoltes et du préjudice économique qui en résulte (MAHUNGU Cité par IRAGI B,2016).Ce virus qui prolifère rapidement entraîne une baisse de 50 % de la production d’une culture qui représente une source importante de nourriture et de revenus pour quelque 300 millions d’Africains(ANNONYME, 2016).Une étude a été menée sur l’évaluation du niveau d’attaque de la striure brunedu manioc (CBSD) au plateau des Batéké dans la ville de Kinshasa, en République Démocratique du Congo. Au total 6 localités : Mutiene, Bwantaba, Mbankana, CADIM, Mongata et Kingawa avaient été prospectées.

Dans chaque localité, 5 champs choisis au hasard avaient fait l’objet d’analyses phytosanitaires.Les résultats obtenus ont révélé que la CBSD était présente dans les localités de Bwantaba, Mbankana, CADIM et Mongata, tandis qu’elle était absente dans les localités de Mutiene et Kingawa. La plus forte incidence de la maladie était de 49%, enregistrée à Bwantaba alors que la plus faible incidence était de 9%, enregistrée à Mongata. La sévérité de la CBSD la plus élevée était évaluée à la cote 3, observée dans les localités de Bwantaba, Mbankana et la cité de CADIM alors que la plus faible sévérité équivalant à la cote 2 avait été notée dans la localité de Mongata. L’analyse de l’incidence de la maladie par variété de manioc a révélé que la plus forte incidence soit 70% a été enregistrée chez la variété Mahungu tandis que les variétés Zizila et Likando avaient exprimé la plus faible incidence, soit 20% des sujets attaqués.

La plus forte sévérité de la CBSD par variété équivalait à la cote 3 et avait été enregistrée chez les variétés Mvuama, TME 419, Likando, Sadisa, Mahungu, Kingawa, Mambungu et Mbankana, alors que la plus faible sévérité moyenne équivalait à la cote 2 et avait été enregistrée chez les variétés RAV et Zizila. L’analyse des facteurs agro-environnementaux a permis de conclure que ces facteurs n’ont pas influencé de manière significative, le développement de la CBSD dans les différents champs prospectés. Au regard de l’km des champs, on a noté que les champs âgés de 1 à 6 mois n’avaient pas présenté les symptômes de la CBSD contrairement aux champs âgés de 7 à 12 mois, et de plus de 12 mois (Bizunga, M, 2010).

I.5.2. LES RAVAGEURS

I.5.2.1.La Cochenille farineuse du manioc (Cassava mealybug: CM)

La cochenille farineuse du manioc, Phenacoccus manihotimatile-Ferrero (Hemiptère : Pseudococcideae) a été introduite accidentellement en Afrique, elle a été rencontrée pour la première fois en République Démocratique du Congo près du campus de Kinshasa en 1973 ; elle s’est dispersée rapidement à travers tout le pays et même dans presque toutes les zones productrices du manioc en Afrique.

Les cochenilles vivent en colonies sur les parties jeunes et tendres des plantes. En suçant la sève de ces organes elles inoculent une toxine qui induit de sévères perturbations sur le développement des plantes. Les pousses terminales prennent un aspect buissonnant, deviennent rabougries et déformées. La réduction des entre-noeuds provoque aussi la distorsion des tiges. Il s’ensuit une diminution de la production foliaire et l’affaiblissement du matériel de plantation. En cas de très fortes attaques, les plantes dépérissent complètement en commençant par les sommités. Les pertes de rendement sont fonction de l’âge de la plante au moment de l’infection, de la longueur de la saison sèche, de l’intensité de l’infection et de l’état général de la plante. Les attaques se développent surtout en saison sèche et peuvent engendrer des pertes de rendement atteignant 80% voire plus. Dans la plaine de la Ruzizi, certains champs infestés n’ont presquerien donné.

I.5.2.2.  L’Acarien vert (Casava green spider mite : CGM)

L’acarien vert (Mononychellustanajoa Bondar), de 0,3 mm, est originaire d’Amérique du Sud, a été rencontré pour la première fois dans les provinces du Kivu et du Haut-Congo (province orientale) en 1971. On suspecte son introduction à partir de l’Ouganda. Son caractère exotique a favorisé sa dissémination rapide par manque d’ennemis naturels. Cette absence d’ennemis naturels fait que l’acarien vert continue à causer d’importants dégâts au manioc dans ce milieu, comme à travers tout le pays. Les acariens colonisent la face inférieure des jeunes feuilles. En se nourrissant sur ces feuilles, elles engendrent une chlorose. L’importance des dégâts est proportionnelle à l’importance de la colonie et la durée de l’attaque. Les premiers signes se manifestent sous l’apparence de piqûres d’épingle jaunâtre (chlorotiques) sur la face inférieure des jeunes feuilles. Les feuilles fortement infectées rabougries et déformées.

Dans les attaques graves, les feuilles terminales meurent et tombent, donnant au plant de manioc l’aspect d’un chandelier. Les pertes causées par M. tanajoa sont plus marqués là où la saison sèche est prolongée et moins importantes là où la saison sèche est courte (Yaninek et al, 1990).

 

I.6. SYSTEMES DE CULTURE   

Le manioc est produit en majorité par de petits exploitants qui pratiquent parfois lamo noculture. La culture du manioc associée à d’autres cultures vivrières (maïs, légumineuse, plantes maraichères…) ou encore à de jeune plantation (palmier, hévéa…) est toutefois fréquente. Dans ce cas, l’importance relative du manioc varie beaucoup selon les objectifs de production : autoconsommation, commercialisation, transformation

Le choix variétal dépend de la culture (pure ou associée) et des habitudes alimentaires ; de façon générales son préférées les variétés douces à cycle inferieure à un an, avec une teneur en matière sèche élevée et une bonne régularité dans le poids individuel des tubercules (400 à 800g) (ANONYME, Cité par IRAGI.B, 2016).

I.7. CONTRAINTES LIEUX A LA PRODUCTION DU MANIOC

Malgré les avantages présentés par la culture du manioc, il existe certaines contraintes de production qui freinent son développement. Il s’agit notamment : des maladies, les ravageurs (acariens verts, etc.), la faible productivité de certaines variétés, les pratiques culturales rudimentaires, qui contribuent au faible rendement de la culture du manioc en Afrique(IITA, 1997).

La culture du manioc, traditionnellement multiplié par voie végétative, est soumise en Afrique à un fort accroissement de la pression parasitaire.  Son amélioration demande une meilleure connaissance des ressources génétiques disponibles (FRANÇOIS ,1989).

En vue d’accroitre la production du manioc dans le but de répondre aux besoins alimentaires de la population tout en minimisant les coûts de production, on tient compte de différents éléments intervenant dans la production ; les facteurs peuvent être d’ordre naturel, technique, économique, social ou autre. Dans le cas précis, nous énumérons les principaux problèmes qui entravent la production du manioc au Congo (ANONYME, 1987) :

  • Faiblesse de la recherche agronomique (date de semis et de récolte), inexistence de formation technique chez les paysans en charge de la vulgarisation et problèmes fonciers.
  • Par manque d’argent ou de provisions alimentaires de la part de paysans, les racines de manioc sont souvent prématurément récoltées, particulièrement de juin à septembre surtout lorsque le manioc constitue l’unique source monétaire pour certains paysans. La récolte prématurée des tubercules et de feuilles réduit le rendement par hectare.
  • Application du système de cultures extensives, les sélections inadéquates et la rotation de terres, la pratique de large monoculture qui permet l’attaque de maladies et pestes.
  • L’utilisation par les paysans des variétés non améliorées et moins résistantes aux maladies et pestes du manioc très souvent, les paysans utilisent les boutures des saisons précédentes. L’indice des maladies et pestes devient grande lorsque le manioc est abondamment cultivé dans les sols de très basse qualité pédologique.
  • L’inefficacité des services de vulgarisation et l’insuffisance du personnel d’encadrement.
  • Les coûts élevés des intrants agricoles tels que produits phytosanitaires, engrais, herbicides et autres outillages agricole.
  • L’usage de boutures infectées lors de la plantation et l’utilisation des outils de coupe non désinfectés.

 Les maladies les plus couramment rencontrées sont reprises dans le tableau ci-dessous :

Tableau 2 : Les maladies, agent causal, symptômes, mode de propagation, méthode de lutte

Maladie

Agent causal

Symptômes et Dégâts

Mode de propagation

Méthode de lutte

1. La Mosaïque du manioc

Geminivirus

Alternance des plages vertes et vert claires ou jaunâtres sur les feuilles suivant la variété de manioc, la souche du virus et les conditions ambiantes du milieu. A l’état avancé de la maladie, on observe une distorsion des feuilles suivie d’une réduction de la surface foliaire. 

Si la maladie sévit avec acuité les

Plantes restent naines et ou

Rabougries

Par la mouche blanche (vecteur)

 Utilisation des boutures issues des plants malades

Utilisation des variétés

Résistantes. Utilisation des boutures saines issues d’un champ suivi avec phytosanitation. Planter tôt au début de la saison des pluies.

. La Bactériose ou flétrissure

Bactérienne

Bactérie :

Xanthomonas

Compestrispv

manihotis ;

Présence des taches anguleuses, à aspect détrempé sur les feuilles

desquelles découle une gomme

blanchâtre ou jaune. Cette gomme caractéristique est aussi observée sur la tige et sur les pétioles des feuilles. Quand les taches se coalisent, il s’ensuit une brûlure ou une nécrose des feuilles souvent accompagnée d’un flétrissement et de la mort de la plante allant du sommet vers les parties basales (dieback).

Utilisation des boutures issues des plants malades.

Transmission par les insectes herbivores (ex : les criquets)

 Les eaux de pluies.

Utiliser les variétés résistantes.

 Utiliser les boutures saines. Planter en forêt. Associer le manioc au maïs.

3. Anthracnose

Colletotrichumgloeosporiodespvmanihotis

Présence des chancres ovales surtout sur les tiges. 

Les premiers stades du développement de la maladie se

caractérisent par l’apparition sur

Par la punaise

Pseudotheraptus

devastans. Par le vent.

4. Striure brune

Virus

Présence des taches jaunes‐vert sur les feuilles sans déformation du limbe. Présence des stries brun‐foncées sur les parties vertes des tiges. Nécroses et décolorations au niveau des racines tubéreuses

Par la mouche blanche (vecteur)

Utilisation des boutures issues des plants malades

Utilisation des variétés

résistantes. Utilisation des boutures saines issues d’un champ suivi avec phytosanitation

Récolter dès que la maturité

est constatée

Source : (Mahungu, 2012, Cité par IRENGE.F, 2016)

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