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INTRODUCTION

Le haricot est, en Amérique latine et dans plusieurs pays d'Afrique et d'Asie l'une des plus importantes cultures vivrières, du fait de sa teneur élevée en protéines et en micronutriments tels que le fer et l’acide folique. Il constitue 65% de l’apport protéique dans l’alimentation humaine et fournit 32% des calories. La teneur en lysine des graines de haricots est importante. Le haricot contribue donc à la valeur nutritive du régime alimentaire des peuples de plusieurs régions du monde. Il constitue l’une des cultures les plus importantes sur le plan économique en Amérique latine et procure une source de revenus aux petits fermiers (Ndèye, 2002). En Afrique, il représente une source de revenus notables et de plus en plus importante en faveur des foyers ruraux (Bargaz, 2012).
Malgré l’importance du haricot en tant que denrée alimentaire de base et source de revenus, les agriculteurs congolais ne parviennent pas à satisfaire la demande. Cette situation s'explique par la faible productivité du haricot due à une faible fertilité des sols, l’exploitation continuelle des sols sans méthodes de conservation adéquate (Rubabura et al, 2015).
Pour croître, les plantes ont besoin d’un grand nombre d’éléments chimiques. Ceux-ci doivent être disponibles pour être absorbés (Philipp, 2012). Pour obtenir de bons rendements, on doit fournir aux cultures les éléments essentiels dont le sol n’est pas suffisamment pourvu. Les engrais permettent souvent de doubler et même de tripler les rendements (Rabat, 2003).
Le phosphore (P) est un élément essentiel pour tous les organismes vivants. Chez les végétaux, il joue un rôle essentiel au point de vue métabolique. Il catalyse la synthèse des glucides à partir du CO2 et de H2O (Photosynthèse) et il fait aussi partie du complexe ADN-ARN, ces derniers étant responsables de la synthèse des protéines, hydrates de carbone, d’acides nucléiques et autres réactions exigeant de l'énergie tel que l’absorption des éléments nutritifs à travers les racines et la fixation symbiotique de l’azote atmosphérique (Valé, 2005). Il intervient cependant dans la croissance des végétaux et dans la composition des phospholipides qui contrôlent la stabilité et les propriétés des membranes cellulaires (OFEFP, 2004). Il fait ainsi partie des éléments essentiels pour l’augmentation du rendement des végétaux (Andry, 2011) et (IFDC CATALIST, 2010).
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Malgré son importance capitale, une faible quantité de phosphore reste dans la solution du sol, de l‘ordre de micromole, entre 0.1 et 10μM alors que les besoins des plantes pour une croissance optimale peuvent atteindre jusqu‘à une dizaine de μM (Andry, 2011), cela parce que les sols des régions tropicales sont pauvres en phosphore en grande partie dû au fait d’un taux de sorption de P élevé, associé à des niveaux élevés d’aluminium (Al) et d’oxyde de fer (Fe) (Bationo et Koala, 1998).
Environ 80 % des sols tropicaux ne disposent guère de quantités de phosphore suffisantes pour une nutrition satisfaisante des plantes. Dans certains sols, la quantité est si faible qu’elles meurent, une fois que les réserves, contenues dans les graines, s’épuisent. Dans d’autres, les conditions de sols ne sont pas favorables pour faciliter sa disponibilité aux plantes ; d’où les symptômes de carences malgré une bonne concentration dans le sol (Reca, 2012).
Parmi les facteurs limitants d’ordre chimique, la carence en phosphore (P) est l’une des plus graves entravent la production agricole dans des zones où la perméabilité du sol est originellement élevée (sols sableux). La carence en phosphore représente encore aujourd'hui un problème aussi, si non plus sérieux que la pénurie d'eau (Reca, 2012).
En République Démocratique du Congo (R.D.C), le problème de dégradation des sols en nutriments nécessaires se pose dans nombreuses provinces suite aux problèmes d’érosion, les nutriments sont également prélevés par les cultures elles-mêmes, surtout si l’on pratique les mêmes cultures sur la même terre, année après année (FAO, 2000). Au Sud-Kivu, notamment dans le groupement de Nyangezi, le sol est argilo-sablonneux et humifère avec un pH qui varie de 5.5 à 7.5, avec des taux variables d’argile généralement pauvres en matière organique et phosphore assimilable. Le phosphore est donc l’élément le plus limitant dans ce sol tandis que les autres éléments comme l’azote et le potassium sont à l’optimum (Lunze, 1998). De même, les études faites par IFDC CATALIST prouvent ces résultats tout en démontrant que nombreux sites de la province du Sud-Kivu sont frappés par la carence en P, dont Nyangezi fait partie (IFDC CATALIST, 2012).
Malgré qu’on peut apporter du phosphore au sol, sa disponibilité cause encore un grand problème. C’est le fait qu’il est peu mobile dans le sol c’est-à-dire qu’il libère difficilement des nutriments (Gabriel, 2014). Ceci est confirmé par les résultats d’une étude mené à Kalehe sur le phosphore, qui ont montré que l’utilisation du P au jour de semis à une
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dose identique de 60Kg/ha soit respectivement 802.13 Kg/ha, 294.44 Kg/ha et 294.44 Kg/ha de NPK (17% de P2O5), de TSP (45% de P2O5) et DAP (46% de P2O5) n’a pas influencé les paramètres végétatifs du haricot. Quant aux paramètres de rendement, les différents traitements ont eu des effets similaires (Mwatsi, 2015) ; par contre, les résultats d’une étude menée à Kiringye dans la plaine de la Zuzizi sur les différentes périodes d’application des sources de phosphore (DAP, TSP et NPK), ont montré que l’utilisation du P à une dose de 60Kg/ha a permis une augmentation de rendement du maïs lorsqu’il était appliqué à deux et à une semaine avant semis par rapport à l’application au jour de semis (Kabakaba, 2014).
Les ions « phosphate » (H2PO4- et HPO42-) dans la solution du sol sont conditionnés par le pH (Andry, 2011). Dans les sols moins acides (pH aux environs de 5,5-6), l’incorporation du P quelques semaines avant le semis est préférable. Car ceci laisse du temps pour une solubilisation du P et sa mise à la disposition des plantes (FAO, 2004). Ce temps est nécessaire à certains microorganismes du sol qui jouent un rôle fondamental dans l’absorption du phosphore par la plante. Ces derniers en secrétant des enzymes sont capables d’absorber un phosphore fixé par le sol pour le transformer ensuite en forme assimilable par la plante (IFDC CATALIST, 2010). De ce fait, il est donc souhaitable de couvrir les besoins en cet élément peu de temps avant le semis (Blaisois, 2011).
Les hypothèses proposées ici se basent sur la disponibilité du phosphore ainsi que le rendement du haricot en fonction du moment d’apport et du type d’engrais phosphaté. Dans cette optique, ce travail se propose de vérifier les deux hypothèses suivantes : l’apport des engrais phosphatés dans les sols est susceptible d’augmenter le rendement du haricot ; l’application des engrais phosphatés avant semis sur la culture de haricot a un effet positif sur la croissance et le rendement de cette culture.
Ce travail réalisé dans le cadre du projet VLIR a pour objectif d’apprécier le moment idéal d’application des engrais phosphatés sur la culture du haricot, moment permettant d’améliorer la croissance du haricot et par conséquent augmenter son rendement.
Hormis l’introduction, ce travail comprend deux parties, la première présente les généralités sur les engrais phosphatés et le haricot et la seconde partie comprend deux chapitres, le premier décrit le milieu, matériel et méthode et le second chapitre présente l’analyse et discussions des résultats obtenus. Enfin une conclusion et des recommandations clôturent ce travail.

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