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Chapitre 1 : REVUE DE LA LITTERATURE SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE

1.1 .définition du concept :

La sécurité alimentaire et nutritionnelle existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique, social et économique à une nourriture saine dont la quantité consommée et la qualité sont suffisantes pour satisfaire les besoins nutritionnels et les préférences alimentaires des personnes, et dont les bienfaits sont renforcés par un environnement dans lequel l’assainissement, les services de santé et les pratiques de soins sont adéquats, le tout permettant une vie saine et active (AFD 2013)

Parler de sécurité alimentaire sous-entend une accessibilité des aliments en qualité et en quantité suffisante pour l'alimentation de tout un chacun sans discrimination de sexe, d’âge, d’appartenance ethnique, religieuse ou sociale (Anonyme, 2004)  

La sécurité alimentaire se définit comme l’accès permanent de tous aux denrées alimentaires nécessaires pour mener une vie saine et active (NiamaNango Dembélé Février 2001)

La faim peut être décrite comme une sensation douloureuse causée par une consommation insuffisante d’énergie alimentaire, en d’autres termes, la faim est une privation alimentaire. Tout individu qui a faim souffre d’insécurité alimentaire mais pas tous les individus qui souffrent d’insécurité alimentaire ont faim, car il existe d’autres causes d’insécurité alimentaire, dont celles liées à une consommation inadéquate de micronutriments (CSA 1996 et 2002

La Sécurité Alimentaire consiste à produire une offre alimentaire qui, en quantité et qualité suffisantes, permette aux producteurs alimentaires ruraux de se nourrir ainsi que de vendre leurs excédents pour en tirer un revenu satisfaisant pour encourager leur productivité et satisfaire la demande solvable des ruraux non producteurs alimentaires ainsi que celle des urbains (Jean-Pierre Labres, 2011).

La stabilité des approvisionnements  insiste sur la garantie de la disponibilité alimentaire à chaque instant. Un bon approvisionnement permanent suppose une bonne gestion des marchés et des stocks alimentaires  ( Mastaki ,2006).

1.2 Le concept de sécurité alimentaire signifie ce qui suit :

  1. Chacun a à tout moment, les moyens tant physiques qu’économiques d’accéder à une alimentation suffisante pour mener une vie active et saine.
  2. L’aptitude de chacun à acquérir des aliments est garantie.
  3. L’accès à une information simple, fiable et objective qui permet de faire des choix éclairés est assuré.
  4. Les aliments proprement dits sont satisfaisants sur le plan nutritionnel et acceptable sur le plan personnel et culturel.
  5. Les aliments sont obtenus d’une manière qui respecte la dignité humaine.
  6. La consommation et la production d’aliments reposent sur des valeurs sociales à la fois justes, équitables et morales.
  7. Les aliments sont produits et distribués d’une manière respectueuse d’un système agroalimentaire durable. (L.R.Q, 2007)
  1. AGRICULTURE ET SECURITE ALIMENTAIRE

La production alimentaire relève de facteurs tels que les modes d’exploitation et d’appropriation de la terre, la reproduction et la sélection des espèces végétales, la rotation des cultures, la multiplication, la gestion et l’exploitation du bétail. La distribution des aliments comporte une série d’activités après la récolte, dont la transformation, le transport et le stockage, l’emballage et la commercialisation des denrées alimentaires, ainsi que des activités relatives aux acquisitions des ménages, aux échanges, aux dons privés et aux distributions publiques d’aliments. Les activités relatives à l’utilisation et à la consommation comprennent la préparation, la transformation et la cuisson des aliments à l’échelle du ménage et de la collectivité, ainsi que les processus familiaux de décision concernant les aliments, leur distribution au sein du ménage, les préférences alimentaires d’ordre culturel ou individuel, l’accès aux soins de santé, à l’assainissement et aux connaissances (Anonyme, 2012)

L’agriculture est un secteur de premier plan - un moteur de croissance capable de lancer un développement économique rapide et à grande échelle tout en résorbant la pauvreté et l’insécurité alimentaire :

Les opinions et prévisions à ce sujet divergent, plus ou moins selon deux grandes écoles de  pensée. Certains mettent l’accent sur le potentiel de l’agriculture et plaident pour un appui à son développement dans un cadre économique axé sur le marché.

D’autres estiment que le secteur rural non agricole, l’exportation de produits manufacturés ou d’autres branches d’activité offrent un meilleur potentiel de croissance et de réduction de la pauvreté (Anonyme, 2012). 

Les arguments en faveur d’une croissance et d’une amélioration de la sécurité alimentaire tirées par l’agriculture mettent en avant l’impact direct que peut avoir une agriculture plus performante sur les conditions de vie des pauvres ainsi que ses effets sur l’activité économique en général. Lorsque la pauvreté est essentiellement un phénomène rural (comme dans la plupart des pays à faible revenu , une croissance accélérée de la production agricole peut aboutir à un recul sensible de la pauvreté et à une réduction des inégalités de revenus, l’un des facteurs essentiels étant la structure de cette croissance agricole et ses liens avec le reste de l’économie (FAO,2004).

En bref, un secteur agricole dynamique peut apporter cinq contributions majeures au développement général dans les pays les plus pauvres, où ce secteur représente une grande part du PIB et une part encore plus importante de l’emploi:

  • L’accroissement de la productivité agricole est essentiel pour pouvoir tout d’abord engendrer l’excédent nécessaire aux dépenses d’équipement dans l’agriculture elle-même et dans d’autres secteurs, et ensuite libérer de façon constante de la main-d’œuvre pour d’autres secteurs de l’économie.
  • Le secteur agricole peut contribuer à accroître les disponibilités alimentaires et les recettes d’exportation, dont elle est la source principale.
  • Ce secteur est amené à jouer un rôle majeur en assurant des approvisionnements alimentaires stables et en maintenant les prix des denrées alimentaires à un niveau abordable pour le pauvre tant en milieu urbain qu’en milieu rural, ceci ayant des répercussions sur la compétitivité d’autres secteurs.                                                

Représentant la principale source de revenus domestiques, il stimule la demande de biens et de services locaux.

Les arguments en faveur d’une croissance et d’une amélioration de la sécurité alimentaire tirées par l’agriculture mettent en avant l’impact direct que peut avoir une agriculture plus performante sur les conditions de vie des pauvres ainsi que ses effets sur l’activité économique en général. Lorsque la pauvreté est essentiellement un phénomène rural (comme dans la plupart des pays à faible revenu de l’ASS), une croissance accélérée de la production agricole peut aboutir à un recul sensible de la pauvreté et à une réduction des inégalités de revenus, l’un des facteurs essentiels étant la structure de cette croissance agricole et ses liens avec le reste de l’économie (Dembélé, 2006).

Le développement agricole peut engendrer des effets multiplicateurs favorisant la croissance et la création d’opportunités économiques dans le secteur rural non agricole, et, d’une façon plus générale, par son intégration au reste de l’économie - par exemple, au niveau de la production (vers l’amont par la demande en intrants et, comme fournisseur de produits, par des activités se développant en aval) comme des facteurs de production (principalement à travers la main-d’œuvre mais aussi les flux de capitaux). C’est cependant sur le plan de la consommation que l’effet d’entraînement est le plus sensible (Anonyme, 2004).

Enfin, l’agriculture a prouvé qu’elle était capable d’amortir les chocs macroéconomiques en agissant comme mécanisme d’assurance informel dans des sociétés où les systèmes de protection sociale et les régimes d’assurance structurés sont peu développés. Plus les marchés du travail rural et urbain sont intégrés et plus les industries alimentaires sont développées, plus cette capacité d’amortissement est importante (Anonyme, 2004).

  1. La sécurité alimentaire au Sud Kivu

Malgré ces conditions favorables, la situation nutritionnelle des populations est loin d’être satisfaisante. Un des derniers relevés du taux de prévalence de la malnutrition parlent de 11,7% de ménages avec une consommation alimentaire  pauvre et 33% avec une consommation limitée, une situation qui touche principalement les groupes vulnérables : les enfants, les femmes, les personnes âgées ou encore les populations déplacées.  Dans le même temps, on constatait un déficit de la  production alimentaire pour toutes les cultures qui constituent l’alimentation de base de la population (manioc, maïs, haricot, pomme de terre, etc. (Bisimwa et mambo, 2007). 

Les difficultés actuelles de l’agriculture dans le  Sud Kivu et leurs conséquences sur la sécurité alimentaire :

En dehors de ces zones de fortes concentrations, les régions rurales connaissent également des problèmes de sécurité alimentaire persistants, visibles avant le déclenchement des conflits. Si les terres sont à priori plus accessibles, les problèmes de production, d’accès aux intrants, aux ressources financières et matérielles sont réels. Au niveau de la production, outre les questions liées au régime foncier que nous avons déjà évoquées, d’autres difficultés limitent la satisfaction des besoins alimentaires de la population :

 - L’accès aux intrants, tels que les semences améliorées, reste limité pour des populations disposant de faibles ressources financières. La conservation des semences issues de précédentes récoltes se pratique mais dans un contexte de faible rendement, l’ensemble de la production est avant tout destinée à l’alimentation. 

- De la même façon, l’apport d’un outillage plus adapté et performant permettrait d’augmenter la rentabilité agricole. Cependant, cet accès se heurte aux mêmes difficultés financières que pour les intrants. Il faut également tenir compte du fait que l’utilisation de nouveaux outils nécessite un processus d’appropriation qui ne va pas de soi.

Et bien que les savoirs « paysans » en termes de techniques culturales soient de plus en plus reconnus dans leur pertinence et leur adaptabilité au contexte, il apparaît aussi qu’ils ne permettent pas de répondre aux besoins alimentaires croissants de la population. Malgré tous ces obstacles, le monde rural continue de produire une quantité non négligeable. Cependant, une fois les récoltes produites, les difficultés continuent. L’évacuation des produits agricoles est entravée par la dégradation ou l’absence de réseau routier ; soit il est inexistant, soit il est délabré suite au manque d’entretien, soit il a été détruit par les groupes armés. Cela complique d’autant plus l’évacuation de la production et l’approvisionnement des communautés. (BISIMWA et MAMBO, 2007). 

  1. La sécurité alimentaire au Sud Kivu :

La situation alimentaire accuse un déficit pour toutes les cultures qui constituent une alimentation de base de la population. Ce déficit est assez enorme.il est particulièrement comblé par les produits venants du Nord-Kivu et Katanga. Le tableau ci-dessous donne les indications sur les besoins alimentaire dans la province :

Tableau n° 1:les besoins alimentaire dans la province 

Spéculations

Besoins en tonnes

Production en tonnes

Ecarts

1

Maïs

258.696

89.967

(168.729)

2

Manioc

233.513

208.243

(25.269)

3

Riz

130.493

1.119

(129.374)

4

Haricot

155.676

65.338

(90.338)

5

Arachide (amarante)

107.599

15.681

(91.918)

Source : (IPAEP/ SUD KIVU2010)

  Ce tableau ci-dessus montre que le déficit est assez prononcé pour toutes  les spéculations agricoles pratiquées au Sud-Kivu. Ce déficit est comblé par les provinces voisines et d’autres pays comme :

  • Le Nord Kivu : Maïs, haricot, poissons
  • Katanga : poissons, farine de manioc
  • Rwanda : Bovins, caprins, Ovins
  • Tanzanie : poissons
  • Pays asiatiques : Riz 

La malnutrition protéino-calorique serait depuis plusieurs années dans la province du Sud -Kivu. Elle est omniprésent dans la plupart des zones de santés et frappe majoritairement les groupes des populations les plus vulnérables notamment  les femmes  et enfants. Les enquêtes  notionnelles effectuées dans les zones de santés nous ont donné une synthèse globale de prévalence malnutrition protéinés calorique résumé dans le tableau ci-dessous :

Tableau n°2 :Tableau synthétique globale de prévalence malnutrition protéinés calorique

Zones de santé

Marasme

Malnutrition

Kwashiorkor

Prévalence globale

Nombre d’enfants

période

1

Bukavu

0,1

2,2

1,1

4,9

919

2000

2

Bunyakiri

0,8

3,9

3,9

8,6

912

2003

3

Kabare

1,4

6,5

5,2

11,5

913

2003

4

Katana

0

4,6

3,0

7,6

902

2000

5

Kaziba

0,2

2,0

2,6

4,8

1057

2003

6

Idjwi

0,4

3,7

1,9

6,0

928

1999

7

Lemera

0,3

2,6

2,8

5,7

932

2003

8

Nundu

1,2

9,4

1,1

11,8

900

2003

9

Fizi

-

-

-

-

-

-

10

Shabunda

0,4

3,1

1,2

4,7

900

2003

11

Mwenga

-

-

-

-

-

-

12

Nyangezi

1,1

3,7

0,5

5,3

1045

2003

13

Walungu

1,1

5,3

6,2

12,6

1077

2003

Source : Inspection provinciale de la santé, 2008

 Malgré ces conditions favorables, la situation nutritionnelle des populations est loin d’être satisfaisante. Un des derniers relevés du taux de prévalence de la malnutrition parlent de 11,7% de ménages avec une consommation alimentaire  pauvre et 33% avec une consommation limitée, une situation qui touche principalement les groupes vulnérables :

Les enfants, les femmes, les personnes âgées ou encore les populations déplacées.  Dans le même temps, on constatait un déficit de la  production alimentaire pour toutes les cultures qui constituent l’alimentation de base de la population (manioc, maïs, haricot, pomme de terre, etc. (Bisimwa et mambo, 2007).

  2 .1. Principales  spéculations agricoles pratiquées au Kivu

Tableau n°3 :spéculations agricoles pratiquées au Kivu

Branches

                                                         produits

produits agricoles

Céréales : maïs grains, riz paddy, millet et sorgho, blé et orge

Racines et tubercules : Manioc, patate douce, pomme de terre, oignons, ails, igname, taro

Légumes et légumineuses : Haricots, feuille de manioc, vandzou, tomates, piments et poivre, etc.

Oléagineux : Arachides, soja, noix de palme, etc.

Fruits : bananes plantains, bananes douces, oranges, mangues.

Elevage : Bovins, ovins, carins, porcins, volailles, œufs, lait

Pêche et chasse : Poissons frais et gibier

Source : fédération des entreprises au Congo

Dès lors, comment expliquer ce paradoxe : une région dotée de conditions favorables à la production alimentaire (sol fertile, climat propice, lac poissonneux, cheptel, etc.) où persiste une situation de sécurité alimentaire précaire ? L’insécurité alimentaire aplusieurs sources : pauvreté, manque d’emploi, etc., mais l’agriculture en constitue l’élément fondamental, d’autant plus qu’elle est une activité productrice de ressources alimentaires d’une part et potentiellement génératrice de revenus d’autre part. Ainsi, au Sud Kivu, où la part de l’agriculture dans l’emploi représenterait plus de 70% de l’activité des ménages, la question des conditions de production agricole mérite d’être approfondie. (Gaëlle Fonteyn ,2007)

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