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CHAP III SUITE

  • Phrases simples

            Une phrase organisée est dite simple lorsqu’elle contient un seul verbe conjugué et lorsqu’elle est réduite à la structure simple sujet-verbe-complément (SVC). Par exemple dans :

  • « Je  ne    reconnais    plus     ma ville » EMC p.20

          S             B (verbe)               C.O.D      

                        Forme de négation

  • « Il fait    trop   du bruit» Et V.S.115

         S       B                C.O.D      

Mais, dans certains cas on peut trouver soit des nominales, soit des étendues par le procédé de juxtaposition ou parataxe. Elles sont minimales lorsqu’on se limite à la notation de l’essentiel. C’est-à-dire  qu’on réduit la phrase à un ou deux éléments sémantiquement chargé de sens comme suit :

  • « Ça suffit» p.13 EMC      -« Arrêtez de mentir » EVS. P.83

Cet extrait est une phrase minimale parce qu’elle réduit à la notation de l’essentiel lorsqu’une autorité de la mairie s’adressait aux gens qui semaient des troubles dans la cité par des mouvements de rébellion. Pragmatiquement, cette phrase génère une suite des présupposes, des sous-entendus, d’inférences, etc. qui ne peuvent se comprendre que dans le contexte du message. Par exemple dans le contexte de cet extrait,

              « Ça suffit » présuppose qu’il y a une action entrain de se dérouler ; sous-entend que l’énonciateur est ennuyé par cette action qu’il s’inscrit en faux contre celle-ci, c’est-à-dire qu’il ne veut plus en entendre parler parce qu’il en a assez ; sous-entend aussi que celui qui fait l’action doit cesser parce que ce qu’il a déjà fait suffit pour mettre mal alaise.

Par contre, une phrase simple est dite étendue lorsqu’elle contient plusieurs compléments dépendant d’un seul verbe conjugué. Par exemple :

  • « Les églises chrétiennes de Kibourg, toutes confession confondues, avaient programmé un pèlerinage des prières pour la paix et la réconciliation nationale. » EMC p.14.
  • « Luck Van Wild, un sujet belge, est marié à Berthe Zawadi, une fille congolaise du pays de Grands lacs. » EVS. p.17.

Ces extraits sont des phrases simples étendues et paratatique (parataxes ou juxtaposées) qui relèvent d’un langage clair et précis qui donnent l’impression d’une naïveté ou d’une découverte progressive des éléments nécessaires apportant de précision sur le sujet dont on parle. Il s’agit donc d’un procédé d’élargissement du discours de la part de l’énonciateur avec l’objectif de bien faire comprendre en donnant plus de détail ou plus d’éclaircissement. Tel est, en général, le style d’Albert camus dans l’Etranger, qui l’adapte à son héros naïf.

Dans le même angle de naïveté, nous remarquons aussi des phrases incomplètes qui peuvent se compléter par une multitude de mots qui cadrent avec tel ou tel autre contexte du message. Les éléments incomplets sont rendus par les points de suspension qui selon nous, suscitent la participation du lecteur au bienfondé du texte en ajoutant ou en réfléchissant sur ce que peut être l’élément non-dit, non énoncé.

Dans Enfer mon ciel, l’auteur emploi les points de suspension pour traduire le temps mort qui s’observe lorsque dans un échange, un personnage focalise toute son attention sur un objet sur lequel porte leur échange. C’est le cas de :

« Passeport… Ok

La prise en charge. … Ok (…)

Généralement … vous, … vous ne demandiez pas cela. » p.24.

Cet extrait est un échange du Chancelier de l’ambassade et les passagers. Toutes les fois qu’un passager se présentait à l’ambassade, le Chancelier prenait soin de lui demander les documents nécessaires pour son voyage afin de vérifier si ces derniers ne sont pas frauduleux.

Dans cet extrait, les ponts de suspension traduisent le temps mort que le chancelier prend pour vérifier les documents. C’est en quelque sorte une coupure temporelle du dialogue, un temps mort qui s’observe dès que le chancelier reçoit le document qu’il a demandé. Dans ce sens, il se concentre plus sur la vérification du document qu’à l’échange avec le passager. Ces phrases ne sont pas à confondre avec celle énoncé par un personnage en utilisant les points de suspension lorsqu’il n’a  pas de certitude sur ce dont il parle, sur le mot à placer ou simplement lorsqu’il veut cacher ce qu’il pense en laissant son interlocuteur seul le pouvoir de découvrir la suite de la phrase selon le contexte qui les uni c’est le cas de :

              « Je te demande pardon pour mon… » EMC p.35

              « Parce que… » EMC p.35

« Et alors où est le problème, combien de fois dois-je me répéter pour vous dire qu’il travaillera au presbytère, qu’il y logera et que … » EMC p.84

« Je vous crois, monsieur l’abbé, mais… » Et V.S. p.41

« Oui, mais… » Et V.S. p.41

« La foi, on l’a, mais… » Et. V.S. p.41

              Dans ces textes en étude, ce type de phrase se remarque souvent dans le dialogue entre les personnages et le non-dit, avons-nous dit (…), traduit soit la peur, l’incertitude, l’ignorance, etc. Soit le manque de volonté de la part de l’énonciateur. C’est-à-dire que Sébastien Muyengo recourt à cette forme lorsqu’il veut montrer à son interlocuteur son état d’indisposition à dialoguer, à échanger surtout lorsque le sujet de l’échange ne l’intéresse pas. Son indisposition peut être due à la surcharge édictée par les sollicitations des gens, les taches à réaliser, etc.

Signalons que le cas le plus récurent d’utilisation des points de suspension est celui retrouvé dans l’énonciateur pour marquer la continuité des éléments qui aussi pourront s’ajouter à la liste déjà citée.

              Disons enfin que les phrases simples dans Enfer mon ciel  et Et voici le sorcier traduisent le réserve de la part de l’énonciateur, la mise en garde pour le personnage et pour l’écrivain parce que son emploi se veut économique qui relativiserait une situation de manière brève. D’où, la non exagération de l’usage des signes de ponctuation et la combinaison de plusieurs syntagmes. Le choix des phrases simples, économie linguistique, se justifie chez l’auteur par son mode de vie simple édicté par sa vie consacrée (prêtrise). Mais comme chercheur et linguiste avéré, il ne peut pas ne pas user du style dit complexe.

  1. La syntaxe complexe :

              Elle comprend les phrases dites complexes. Pour se livrer à la construction d’une phrase complexe, la maitrise de l’outil grammatical s’avère nécessaire. De plus, il faut posséder un bon sens logique, une mémoire en éveil, une faculté d’analyse correcte.

La phrase complexe (long) traduit une vision totale et complète de la réalité. Ce genre de phrase offre un très bon et beau champ à l’étude rythmique. On l’utilise avec bonheur dans le discours, dans l’oraison funèbre, dans le plaidoyer, etc.

Contrairement à la phrase simple, la phrase complexe renferme deux ou plusieurs propositions, lesquelles peuvent être juxtaposées, coordonnées, ou subordonnées.

  • La juxtaposition

 Dans le cas de la juxtaposition (parataxe), il s’établit un lien logique à déterminer entre les propositions de la phrase. Juxtaposer ses pensées est la marque d’un esprit qui n’ordonne pas sa matière, qui manque de souplesse dans le langage. Par exemple :

« Je n’avais pas de choix, j’étais descendu. » EMC p.8.

Cet extrait est le propos d’Adolphe lorsque le convoyeur lui avait dit de descendre pendant qu’il croyait qu’il n’était pas encore à sa destination. Durant tout son voyage, Adolphe ne faisait que somnoler, c’est pourquoi il ne savait pas comment évaluait le voyage. Il savait qu’après Kalumba c’est Kalingi, et après Kalingi, c’est Tangila pendant qu’ils étaient déjà à Tangila. Cette juxtaposition est due à cette grande désolation d’Adolphe qui vient d’un profond sommeil qu’il n’arrive pas à ordonner la matière parce que son esprit et sa pensée étaient éparpillés. Nous remarquons également la juxtaposition lorsqu’Adolphe, après un long moment d’agression par Emma, accepte de parrainer le mariage de celui-ci comme suit :

« J’accepte ta position ; je serai le parrain. » p.26 EMC.

Dans Et voici le sorcier, la juxtaposition se remarque dans les propos de certains personnages pour traduire leur position de force malgré un échec. Elle traduit en quelque sorte une certaine autorité de la part de l’énonciateur qui témoigne sa personnalité par rapport à son interlocuteur. C’est le cas de :

  1. « Allo, vas-y, je vous écoute ! » Et V.S. p.12

Dans cet extrait, Tonton Vangu, agité par la visite de Mansanga et son mari, veut entendre le motif de leur visite parce que ça fait longtemps que ce couple ne le rend pas visite. C’est pourquoi à leur entré dans sa parcelle, il se rend agressif et agité.

  1. « Je veux les avoir par la maternité, je voudrais moi aussi allaiter, comme on m’avait allaitée. » Et V.S. p.20.

Dans ce passage, Berthe Zawadi exprime son profond regret de ne pas avoir les enfants. Elle se considère nulle dans sa société parce qu’en Afrique la vraie dignité de la femme ; c’est avoir une progéniture (les enfants), c’est devenir mère. C’est-à-dire qu’en Afrique, une femme sans enfant n’est pas une parce qu’elle ne sent pas le plaisir d’allaiter.

La juxtaposition intervient dans cet extrait pour exprimer le désordre qui nait dans l’esprit de Berthe Zawadi suite à sa situation de manque d’enfant. Elle montre aussi que Berthe Zawadi est dans une situation de détresse, de trouble qu’elle ne parvient pas à organiser ses pensées, d’où elle les juxtapose.

Nous remarquons que dans ces textes (Enfer mon ciel et Et voici le sorcier), la juxtaposition est un procédé d’écriture utilisé par l’auteur lorsqu’il veut rendre le message d’un personnage déjà troublé par une situation quelconque, incapable de bien ordonner sa pensée. La juxtaposition se remarque dans ces textes l’utilisation régulière des points virgule, deux points et quelques des virgules dans le contexte approprié.

Nous remarquons également que les phrases bien qu’elles soient juxtaposées contiennent les rapports de subordination ou de coordination implicites. Et à la lecture de ces phrases, on peut faire sortir certaines nuances par l’intonation.

              A l’égard de ce qui précède, nous nous permettons d’émettre un jugement selon lequel les phrases paratatiques (juxtaposées) sont un style recommandé aux débutants et aux gens dont l’esprit est troublé, non souple. L’auteur recourt à la juxtaposition lorsqu’il est dans un état d’inconscience, troublé, fâché qu’il agisse sur base de la situation en face de laquelle il se trouve.

  • La coordination

La coordination est à entendre dans ce sens comme une action de grouper des termes de même nature ou des propositions dont la valeur est identique par le logique ou par la forme en usant des conjonctions spéciales dites de coordination.

Dans ces textes en étude, la coordination est plus récurrente dans le contexte où l’auteur présente une situation dans laquelle un personnage use de son moyen langagier pour convaincre son public, son partenaire. C’est le cas d’Adolphe dans cet extrait :

« Le matin, j’avais quitté le fauteuil chez Danono et Rémy à sept heures, malgré moi, car j’étais trop fatigué par une nuit d’insomnie. » EMC p.8.

Il ajoute :

« Je m’étais débarbouillé la figure, habillé et j’étais parti à l’arrêt du bus en courant pour ne pas être en retard au cours. » EMC p.8.

Dans ces extraits, Adolphe explique le pourquoi de sa distraction et de son somnambulisme en plein voyage. Pour convaincre le public avec lequel il voyageait, Adolphe a retracé le contexte dans lequel il a entrepris le voyage parce que ses amis ne comprenaient pas comment jeune qu’il était pouvait présenter une telle attitude.

Dans le premier extrait, la conjonction de coordination car sert à unir les deux propositions en montrant que la première proposition entretient de rapport avec la deuxième par l’entremise de la valeur temporelle se trouvant dans : J’avais quitté (première proposition) et j’étais fatigué (deuxième proposition). Dans ce sens, la première proposition trouve sa cause et son explication dans la deuxième.

Dans le deuxième extrait par contre, la conjonction de coordination« et » sert à unir deux termes, deux actions à valeur identique se situant tous ou toutes sur le même axe linéaire. Ces actions sont donc : s’être débarbouillé le visage, s’être habillé et être parti à l’arrêt

Dans cet extrait, la conjonction de coordination « et » met toutes ces actions exprimées par le verbe dans une même combinaison. Les conjonctions de coordination ne s’emploient pas toutes de la même façon il y a en a qui unissent les propositions pour les opposer, pour indiquer la disjonction inclusive ou exclusive, pour indiquer une expression alternative, etc.

              A l’égard de ce qui précède, la coordination dans ces textes en étude est diversifiée selon que l’énonciateur se trouve devant un tel contexte ou un tel autre. Son emploi relève d’un niveau élevé de l’auteur de pouvoir marier les propositions, les termes afin de rendre un message logique et cohérent.

  • La subordination

« La subordination et la relation syntaxique entre deux unités de statut différent (mot, syntagme ou proposition (phrase)) et dont l’un dépend de l’autre. » http://www.Wikipédia.fr.

Contrairement à la juxtaposition et à la coordination, la subordination est une construction établissant un rapport de dépendance syntaxique soit entre une proposition subordonnée et une proposition principale reliées par une conjonction de subordination ou un pronom relatif, soit entre des mots ou des syntagmes. Dans ce sens, la conjonction de subordination est un subordonnant, c’est-à-dire un mot de liaison introduisant une proposition subordonnée dépendant syntaxiquement de la proposition principale. Lisons cela dans ces passages :

              « Je me suis dit  que  j’étais sûrement entrain de rêver. » EMC p.7

Dans cet extrait, Adolphe exprime son état de trouble causé par le harcèlement de son père. Il n’arrive plus à se situer dans le temps et dans l’espace par qu’il ne sait plus s’il rêve ou pas. Il n’arrive plus à localiser les faits, même entrain de s’effectuer. Celas l’amène à conclure : « J’avais complètement perdu la tête, j’étais devenu fou. » EMC p.9.

La conjonction de subordination « que » (mot de liaison), relie la proposition subordonnée conjonctive (C.O.D) « Je me suis dit »  à la proposition principale « J’étais surement entrain de rêver ».

La conjonction de subordination « que », la proposition subordonnée et la proposition principale ont un rapport non seulement syntaxique, mais aussi sémantique, parce que seule la proposition subordonnée ne peut rendre aucun sens suite à son caractère incomplet  qui fait qu’elle reste toujours dépendante de la principale.

Ce cas peut aussi se vérifier dans Et voici le sorcier à partir de l’extrait suivant :

              « Cela fait plus de six ans que Masanga s’est mariée à Nzau, (…) »

 Cet extrait est l’ouverture du récit par le narrateur qui présente un couple de Nzau et Mansaga, qui, après six ans de leur mariage, ils n’ont pas eu toujours d’enfant.

Dans ce passage, la conjonction de subordination que relie la proposition subordonnée  « Cela fait plus de six ans » à la proposition principale « Mansanga s’est mariée à Nzau, (…). »

              Nous ne pouvons pas prétendre épuiser les cas de subordination dans ces textes, mais les exemples cités en donnent une véracité quelque soit leur diversité.

Au regard de ce qui précède, nous remarquons que la subordination s’emploie de manière savante par l’auteur, mais aussi de manière diversifiée selon qu’il présente telle ou telle autre réalité.

 Il faut faire attention aux propositions subordonnées parce que en abuser conduit souvent à des lourdeurs et à des fautes grammaticales. C’est pourquoi l’emploi correct des phrases complexes reste un style du niveau supérieur réservé aux gens avertis, cultivés, ayant une connaissance profonde de la langue.

Dans le cadre de phrase complexe, une marque interculturelle est récurrente chez cet auteur dans ces deux œuvres. Il s’agit bien de l’emploi des phrases complexes lorsque l’auteur cherche à convaincre, à montrer sa supériorité par rapport au monde auquel il s’adresse. C’est en quelque sorte dire qu’il n’est pas comme tout le monde. Dans ce sens, il est un style recommandé aux bavards et aussi aux vantards dont le niveau de connaissance est élevé.

Après avoir démontré et interpréter l’agencement des phrases, voyons à présent l’itinéraire suivi par l’auteur, par quels niveaux de langue donne-t-il à ses personnages à réagir à travers ces œuvres sous examen pour rendre la réalité culturelle ?

              Pour mener à bon port notre étude centrée sur l’interculturalité, il importe, si pas impérieux, d’analyser les différentes pratiques interculturelles liées au style de l’auteur.

  • Du style de l’auteur

              Concernant le travail interculturel, signalons que la nécessité d’adopter une perspective interculturelle est également invoquée à propos de l’attention particulière à réserver à certains groupes sociaux, à propos des contenus des messages que véhicule cette société, s’agissant des valeurs culturelles à promouvoir. C’est une raison d’ailleurs qui fait que l’interculturel ne se présente pas sous des modalités bien dissociables.

Laisser l’interculturel dans cette non-différenciation risque pourtant de comporter de sérieux inconvénients tant pour la conception à s’en faire, que pour la portée à lui reconnaitre. Il est donc à craindre que dans ce cas on s’en remettre à celui-ci comme un facteur qui expliquerait une case universelle. Or, cela incite trop clairement à se satisfaire d’interprétations superficielles et illusoires. Pour y échapper, il conviendrait, tout en évitant de laisser l’interculturel dans l’indistincte ubiquité affichée au prime abord, de pouvoir le saisir dans une multiplicité de facettes qui appartiendraient bien au même objet, mais qui se livreraient séparément, compte tenu de leur point d’aperception et de l’éclairage donné. C’est dans ce sens qu’il paraît possible d’envisager des figures de l’interculturel qui révèlent les aspects n’ayant presque rient en commun, mais chacune renvoyant à des caractéristiques correspondant à une orientation prédominent (culturelle) qui n’exclut pas les autres. Il s’agit donc ici, des relations qu’établit l’auteur (écrivain) entre les éléments culturels qu’il investit dans ces deux textes en étude.

  1. L’allusion

              Selon Patrick Backy (2003 :250), l’allusion est, dans les figures de style : « Une référence implicite mais claire à une œuvre antérieure ou à des éléments culturels notoires ».

En d’autres termes, c’est une figure de style qui, au lieu de parler explicitement, au lieu d’exprimer ses idées explicitement, désigne des réalités de façon voilée, indirecte. Ceci est le cas d’Adolphe qui arrive en France en hiver et contourne son langage lorsqu’il a chaud en ces termes :

« En plus, jamais véritablement chaud. Et cela n’était pas normal. Au Sud de la France, il fait chaud comme dans tous les sud du monde, mais pas en hiver quand même. C’en était trop. » EMC p.7

Dans ce passage, Adolphe exprime son dégoût, son étonnement vis-à-vis au climat de la France. Au lieu de dire explicitement qu’ « en France il fait chaud en hiver », il contourne son langage en faisant allusion aux autres suds du monde où, pendant certaines périodes, il fait véritablement chaud, mais pas en hiver quand même. C’est en quelque particularités en ce qui concerne le climat en hiver, au lieu que le climat soit fait, il est hélas chaud, ce qui n’est pas normal selon Adolphe.

Dans Et voici le sorcier par contre, Tonton Vangu fait allusion à la réalité culturelle de son milieu de vie lorsque Mansanga lui avait dit qu’il est sorcier en ces termes :

« Je te comprends, toi ma fille, mais je ne comprends rien du tout à cette affaire. Mais ce n’est pas grave, ça se passe comme ça chez nous : c’est toujours l’oncle le sorcier. Pourtant, tu me connais très bien, toi pour avoir grandi sous ce toi. » Et.V.S. p.13.

Dans ce passage textuel, Tonton Vangu (imputé de la sorcellerie), regrette, s’étonne de voir comment sa nièce peut-elle développer dans son esprit, les idées selon lesquelles, son oncle est sorcier et il lui en veut, il est donc à la base de sa stérilité. Pour essayer de comprendre cela, Tonton Vangu fait allusion à ce qui se fait souvent entendre dans sa société (réalité culturelle) que, l’oncle (n’importe lequel) est sorcier parce qu’il peut maudire, mais aussi bénir, et ses paroles sont très fortes. Cela étant, il a fini par comprendre que sa nièce avait raison de le dire. Et à nous de croire que Masanga avait raison d’affirmer que son oncle est à la base de sa stérilité parce que le jour où la famille de son mari Nzau était venu verser une dernière tranche de la dot, son oncle Vangu et son épouse s’étaient tous fâchés.

Il existe bien d’autres passages dans ces textes, dans lesquels l’auteur, par le biais de ses personnages, recourt à cette figure, mais les exemples que nous avons présentés semblent bien circonscrire l’idée suit à leur pertinence.

Dans ces œuvres, cette figure est la plus récurrente parce que, les deux textes puisant tous dans la réalité sociale, ne doivent avoir des références que dans le vécu du peuple qui véhicule cette dernière. D’où, le recours de l’auteur aux réalités qu’il a vécues pour bien peindre le message de son texte. Malgré les différences contextuelles, ces œuvres attestent cette figure de la même manière, et cela de façon régulière. L’usage récurent de cette figure dans ces textes justifie le caractère ouvert de Sébastien, celle de faire recours à ses proches lorsqu’il se trouve devant une situation qui le dépasse le niveau et qui nécessite la contribution des autres. Il ne s’enferme donc pas à des problèmes qui lui tiennent à cœur.   

  1. L’hyperbole :

L’auteur recourt à cette figure lorsqu’il veut exagérer dans la présentation d’une réalité. Il s’agit donc d’augmenter et/ou de diminuer excessivement la vérité des choses par rapport à ce qui s’observe réellement pour qu’elle produise plus ou moins d’impression à celui à qui il la présente. Cela se vérifie dans le passage ci-après :

« Elle laissa couler encore une rivière es larmes sur moi comme savent le faire les descendants d’Eve dans les circonstances pareilles. » EMC p.36.

Dans cet extrait, Adolphe exprime l’angoisse et la douleur que son fiancée Bybiley avait ressenties lorsqu’elle avait appris de la bouche de son partenaire que celui-ci (Adolphe) voyagerait pour l’Europe. Bybily, vu l’amour qu’elle avait envers Adolphe, n’a pas voulu que son fiancé puisse l’abandonner. Pour manifester cela, elle embrassa directement son fiancé et versa des larmes sur sa chemise tout en lui tenant fortement.

Ce qui montre dans ce passage que Bybiley avait pleuré abondamment, c’est le recours de l’auteur, par le biais de son héros, l’exagération «Laissa couler encore une rivière des larmes » cette exagération est à comprendre à partir du moment où le héros égalise dans un premier temps la quantité de larmes à celle des eaux d’une rivière, et dans un second temps, la manière dont coulent les larmes (pression) à celle des eaux de la rivière. Dans cette exagération, il s’établit une comparaison que nous pouvons dégager comme suit :

Aux de

la rivière

                                                    Quantité         Larmes

 Aux de

la rivière      Couler    

Pression

                                                                                                                        ,                       Larmes

  1. ca cé                                    2.  ca                               cé

                                                Sème commun                                                   Sème commun

Nous remarquons presque ce même exemple d’hyperbole à la page 14 de Et voici le sorcier, malgré les différences contextuelles :

« Et de ses yeux coulaient les grosses larmes. » Et.V.S.  p.14

Dans ce passage, après que Masanga a expliqué à son oncle (présumé sorcier) la situation de sa maternité, l’oncle a invité sa nièce Masanga et Nzau de s’agenouiller devant lui pour qu’il les bénisse de sa  salive paternelle. Cela étant, Tonton Vangu les souleva l’un après l’autre par les deux moins, les embrassa en commença par son gendre Nzau pour finir par sa nièce à laquelle il resta collé durant quelques instants, se rappelant son passé ; il finit par verser des grosses larmes.

Dans cet extrait, l’exagération est rendue par l’adjectif « grosses » qui s’applique au nom « larmes » comme s’il y avait des petites. Dans ce sens, l’adjectif « grosses » véhicule le message selon lequel, Tonton Vangu avait beaucoup pleuré.

  1. La comparaison

            La comparaison est une figure de style qui consiste à comparer deux ou plusieurs objets afin de chercher leur lien de ressemblance ou de dissemblance. Selon Catherine FROMILHAGUE et Anne SANCIER, (2002 :123), la comparaison est « un rapport de ressemblance ou de dissemblance entre deux objets. Et les éléments de la comparaison sont : le comparé (cé) et le comparant (ca), ainsi que l’objet de comparaison ou dème de comparaison et leur connexion »

Dans EMC, l’auteur recourt à la comparaison par l’entremise de son héros, lorsqu’Adolphe, étant déjà en France, déteste le climat qu’il y rencontre en ces termes :

« Au sud de la France, il fait chaud comme dans tous les sud du monde, mais pas quand même en hiver. » EMC p.7

Dans ce passage, le sud de la France est comparé à tous les suds du monde en ce qui concerne la température. C’est-à-dire que « le sud de la France«  est un comparé (cé), sème commun entre les deux. Il s’ajoute à cette liste l’élément de comparaison « comme » qui définit le degré de comparaison et le verbe « faire » qui définit le lien de ressemblance.

Au regard de ces occurrences, cette phrase peut être interprétée comme suit :

« Au sud de la France, il fait chaud de la même manière que dans tous les suds du monde, ou dans tous les suds du monde, il fait chaud de la même manière qu’au sud de la France. »

Dans Et voici le sorcier par contre, nous remarquons une autre marque e la comparaison dans la présentation du narrateur comme suit :

« A qui veut l’entendre, il dit qu’il y a plus d’un siècle, lorsque l’Europe n’était pas encore développée comme aujourd’hui, on y parlait aussi des sorciers, mais aujourd’hui on en parle moins. » Et.v.s  p.28.

Cet extrait est le propos de l’Abbé Bikula, rapporté par le narrateur qui justifie pourquoi l’Abbé Bikula ne croit pas à la sorcellerie. Il est donc un exemple qui compare l’Europe de l’ancienne période à celle d’aujourd’hui. Cependant, le comparant est l’ « ’Europe jadis », le comparé est l’ « Europe d’aujourd’hui », le terme de comparaison est « comme »  et le sème de divergence est « le développement ».

Il se remarque dans ce même extrait une autre comparaison qui oppose deux périodes : plus d’un siècle avant et aujourd’hui. Dans ce sens, le comparant devient « plus d’un siècle avant », le comparé « aujourd’hui », terme de comparaison « comme » et sème de divergence « sorcellerie (sorciers) ».

Les cas de comparaison sont nombreux dans ces deux textes, mais cette sélection semble persuasive  pour faire comprendre son application dans ces derniers. De manière générale, l’auteur recourt à la comparaison pour comparer deux objets ou plusieurs, deux personnes ou plusieurs afin d’orner discours ou y apporter de la clarté.

  1. La métonymie :

Par métonymie, Nicole RICALENS-POURCHOT (2012 :85), entend :

«  Un procédé de langage par lequel on exprime un concept au moyen d’un terme désignant un autre concept qui est uni par une relation nécessaire (la cause pour l’Effet, le contenu pour le contenant, le signe pour la chose désignée, etc. »

Le cas de métonymie se vérifie dans le propos d’Adolphe, lorsqu’il présente la situation du Zandiland d’il ya deux mois en ces termes :

« Depuis deux mois le Zadiland était en deuil : l’Amiral Président de la République avait trouvé la mort au cours d’une conférence e presse à la Baule. » EMC p.122.

Lorsqu’Adolphe échangeait avec un monde sur la dignité du Zadiland, le public était déjà agité et certains commençaient à vider la salle de réunion, chose qu’Adolphe n’a pas comprise. Quand il avait terminé à parler, il n’avait plus en face de lui que son ami Franck-Dédé et fini son discours à temps pour lui permettre de passer à la cotisation hebdomadaire. C’est à peine terminer qu’il a compris que c’est depuis deux mois qu’au Zadiland il n’y a pas d’activité.

Dans ce propos, la métonymie est exprimée dans : « Le Zadiland était en deuil ». Pour le comprendre, la question suivante a guidé notre attention : « Comment le Zadiland qui est un pays peut-il être en deuil ? ». La réponse à cette question est que : comme le Zadiland est un pays, donc il ne peut pas être en deuil. Mais nous connaissons bien que le Zadiland est fait par son peuple, dans ce cas-ci, c’est son peuple qui est en deuil. Qui consiste à désigner le peuple par son pays. « Entendu que le pays est Zadiland et son peuple Zadilandais.

Dans un ordre normal, cette phrase métonymique aurait dû être :

« Depuis deux mois les Zadilandais ou le peuple du Zadiland sont ou est en deuil. ».

Et cet autre extrait dans la même œuvre atteste la métonymie :

« Au pays, le drapeau était mis en berne : la nation était en deuil, l’Etat en trêve, le pouvoir en vacances et le peuple attente.

Dans Et voici le sorcier, nous rencontrons un autre type de métonymie dans l’intervention de Kasikila, porte-parole des Basimbi, lorsqu’il défend son camp par rapport au cadeau à donner à la famille de Balubanda. Observons-le dans :

« Enfin, il y a ce que vous avez oublié de demander et que, par notre générosité, nous vous avons apporté. Vous avez là un sac de sel, avec lequel vous assaisonnez la viande de chèvre, 2 régimes de bananes et deux bidons d’huile.Voilà la dot et le cadeau que nous vous avons apportés » Et.v.s. p.99.

Dans cette présentation de la dot, Kasikila détaille les biens qu’ils ont apporté auxquels les Balubanda n’ont pas fait allusion dans leur détail lorsqu’ils demandaient la dot, tout cela pour fairetaire les Balubanda et qu’ils acceptent ce qu’ils proposent.

La métonymie à laquelle nous faisons allusion est celle consistant à désigner le contenu par son contenant. Il s’agit dans cet extrait de :

« Un sac de sel (…) et deux bidons d’huile pour assaisonner la viande (…) »

Pour comprendre cette métonymie, la question suivante a guidé notre réflexion :

« Un sac de sel peut-il assaisonner la viande de la chèvre ? »  Ou

« Deux bidons d’huile peuvent-ils assaisonner la viande de la chèvre ? »

Dans ce contexte, il est à comprendre que c’est le sel contenu dans le sac qui peut assaisonner et aussi c’est l’huile contenu dans le bidon qui peut assaisonner

Cependant, l’auteur désigne, pour le premier cas, le contenu « sel » par le contenant « sac » et pour le second cas le contenu « huile » par le contenant « bidon »

Dans les deux ouvrages, nous trouvons les cas presque similaire de la métonymie, mais employés dans des contextes différents signalons que la métonymie est un procédé du langage qui ne se comprend que dans le contexte où elle est utilisé c’est-à-dire qu’un même mot peut avoir ou véhiculer tel message dans tel contexte et tel autre dans un autre contexte

Nous ne prétendons pas avoir terminé toutes les figures interculturelles contenues dans ces textes en étude, parce que ceux-ci reprennent une longue liste que nous ne pouvons pas reprendre ici mais le plus important c’est de découvrir la pertinence de celles citées dans leur contexte, en vue de bien comprendre l’expressivité de l’auteur.

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