Arrow Table de matières
6039415

PREMIER CHAPITRE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE

  • CADRE THEORIQUE

            A en croire Maurice Angers (1992 :102), l’opérationnalisation d’un cadre  théorique  désigne « le processus de concrétisation de ce que l’on peut étudier scientifiquement. » Il continue en montrant que ce processus permet de « passer de la question de recherche générale et plutôt abstraite aux comportements même que l’on se propose d’observer dans la réalité » (op.cit. : 103.)

On passe alors du versant abstrait au versant concret de la recherche ; si le point de départ est une question, l’opérationnalisation conduit à identifier les éléments de la réalité qui peuvent y répondre. Notons  donc que le cadre théorique (opératoire) forme un élément central du projet de la recherche et du travail de recherche, car il spécifie les éléments à analyser afin de vérifier les hypothèses par la recherche.

Quant au concept « théorie», il désigne un ensemble d’énoncés généraux décrivant les phénomènes réels. Dans ce sens, les théories sont comme disait Karl Popper (1973 :37), « Des filets destinés à capturer ce que nous appelons le monde, à le rendre rationnel, à l’expliquer à le maîtriser ».

Il ressort de cette définition que, la théorie est le cadre de référence qui produit un sens et qui permet à une recherche d’éclairer les grammes des signifiants qui, sans cette interrelation, resteraient incompréhensibles.

Selon Maurice Angers (op cit : 255), « La théorie est un ensemble de termes, de définitions et de propositions, en relation les uns avec les autres, qui proposent systématiquement un phénomène, dans le but d’interpréter et de prédire ».

A notre humble avis, estimons-nous que, opérationnaliser un cadre théorique, c’est traduire une théorie abstraite et une hypothèse générale en phénomènes concrets et précis qu’on peut expérimenter, c’est-à-dire, observer, toucher, sentir, goûter  ou entendre.

Eu égard à ces définitions sur la théorie, dans notre étude portant sur le rapprochement de « Enfer mon ciel » et « Et voici le sorcier » nous allons devoir clarifier, expliquer tout le contour de différents concepts de notre sujet avant d’en circonscrire la méthodologie. Dans un premier temps et sous l’angle socioculturel, nous définissons les phénomènes subséquent au contact des cultures à savoir, la culture, l’interculture, l’interculturel, l’interculturalité, l’identité culturelle, etc. La seconde orientation de ce point sera celle de baliser les voies sur la compréhension des concepts énigmatiques contenus dans le titre des œuvres en étude. Il s’agira donc de : enfer, ciel et représentation.

  • La culture

D’une manière générale, le concept « culture » est relatif aux mœurs d’une société ou d’un individu, ou simplement son développement. Etymologiquement, il vient du latin « colère » signifiant « habiter, cultiver ou honorer » et suggère que la culture réfère, en général, à l’activité humaine. Ce mot prend des significations différentes selon ses utilisations.

            En langue française, le mot culture désigne tout d’abord l’ensemble des connaissances générales d’un individu. Il se rapporte à la manière dont les gens d’un endroit particulier font les choses. De façon plus élaborée, c’est un ensemble de comportements humains qui englobent la pensée, les façons de communiquer, les langues, les manières d’interagir, les rôles, les relations et les comportements de groupes particuliers en société (NCC, 2004 : 320).

En ce qui concerne le concept « culture », il semble important de différencier la culture fondée sur les textes de celle orientée vers les mentalités, c’est-à-dire la culture comme texte ou bien la culture comme mentalité ou comme modèle de perception collective.

Le premier concept de culture est envisagé du point de vue sémiotique, et il est sans aucun doute celui qui prédomine dans les domaines des lettres et sciences humaines. Il est défini par opposition à la nature et sous-entend :« un ensemble de valeurs, traditions, croyances, formes artistiques transmises ou apprises par le langage (usage, oral) entre les êtres humains. Il est influencé par l’héritage historique et le contexte géographique. Il englobe donc le domaine des belles-lettres et des beaux-arts avec un ensemble de textes et d’œuvres d’art canonisés dont le noyau central le plus hautement valorisé est constitué par les « classiques ». Ce concept fondé sur les textes se trouve considérablement élargi au cours de ces dernières décennies par la civilisation avec des domaines comme la littérature populaire, les bandes dessinées, la photographie et même vers la publicité. Le second concept lui, embrasse la définition proposée par Edongo Ntende (2010 : 242) comme « un phénomène social lié à plusieurs corolaires. La culture est d’abord un fait de groupe, extérieur et contraignant. Elle est apprise, peut-être empruntable et désigne aussi l’ensemble des comportements conformes aux usages établis et aux normes courants d’une société donnée. C’est l’ensemble des rituels, des mythes, des histoires, des marques de politesse, de souvenir, c’est le partage des normes, des chansons et des blagues. »

            En consultant Microsoft Encarta 2009, nous avons trouvé que le terme latin « cultura » renvoie à la fois à l’action de cultiver, dans le domaine de l’agriculture, c’est-à-dire, à la culture du champ (agricultura) et à celle de l’esprit. La culture renvoie alors à l’ensemble de cultures sociales et des manifestations artistique, religieuses, intellectuelles qui définissent un groupe ou une société par rapport à une autre. Dans l’histoire, l’emploi du mot culture s’est progressivement élargi aux êtres humains. Dans ce sens, le terme culte, d’étymologie voisine latin « cultus » est utilisé pour désigner l’hommage rendu à une divinité. Selon le Dictionnaire Encyclopedia Universalis, il existe deux définitions de la culture :

  • Une définition restreinte, qui utilise le mot culture pour « la description de l’organisation symbolique d’un groupe, de la transmission de cette organisation et de l’ensemble des valeurs ayant la représentation que le groupe se fait de lui-même, de ses rapports avec les autres groupes et de ses rapports avec l’univers naturel »
  • Une définition plus large, qui utilise le mot culturel pour décrire aussi bien « les coutumes, les croyances, la langue, les idées, les gouts ethniques te la connaissance technique, que l’organisation de l’environnement total de l’homme, c’est-à-dire, culture matérielle, les outils, l’habitat et plus généralement total de l’homme, l’ensemble technologique transmissible régulant les rapports et les comportements d’un groupe social avec l’environnement ».

Quand nous parlons de « différence culturelle », à quoi pensons-nous directement ? La première chose qui vient à l’esprit peut être la différence existant entre deux ou plusieurs pays étrangers. Pourtant cette expression peut aussi signifier la différence entre les régions dans un même pays, entre les générations, entre les sexes, entre les classes d’âge, entre les domaines, entre les familles, etc. Bref, dans cette expression, par le mot « culture » employé seul, nous pouvons comprendre tous les groupes humains qui ont certains caractères en commun. La culture dans le cadre de notre recherche, est le moyen par lequel un individu se distingue d’un autre. C’est-à-dire, ce qui lui offre l’opportunité de pouvoir se sentir membre d’une société donnée.En d’autre termes, la culture est l’ensemble d’éléments qui permettent à l’individu de confirmer son identité c’est-à-dire, ce qui est commun à un groupe d’individus et qui soudent celui-ci à savoir les langues locales, les habitudes, les rites, les mœurs, les us et coutumes, les valeurs, les croyances, les règles sociales relatives à une longue succession d’inventions et d’héritage. La racine du mot culture se trouve bien dans de nombreux mots complexes comme l’interculture, l’interculturel, la socioculture, etc. qu’il convient aussi de définir afin d’avoir une connaissance la plus globale possible de ce concept et son entourage.

  • L’interculturel

Le mot « interculturel » comprend «inter » et « culturel » qui signifie« entre » et « culturel ». L’adjectif « interculturel » selon 38 Dictionnaires et recueil de correspondance Google signifie « relatif à plusieurs cultures, à leurs point communs ». C’est un terme très prisé par l’actualité et les medias. La sociologie, psychologie, l’éducation, le marketing, la résolution des conflits ou encore la philosophie étudient les phénomènes résultant de la rencontre de plusieurs cultures, ou « relations interculturelles », et s’en sont accaparés chacun dans son domaine. 

En effet, dans le domaine de la psychologie et de la sociologie, l’étude des relations interculturelles porte sur les contacts des cultures. Lorsque des personnes de cultures différentes interagissent dans la communication, elles ont en commun, des éléments culturels qui leurs sont propres tout comme qui les opposent, mais elles peuvent également faire appel à des apports culturels extérieurs à eux. Dans ce sens, une sorte de « bricolage  culturel» se met en place leur permettant de dépasser les différences, les sources d’obstacles à la communion, voire même de les exploiter pour créer un nouvel espace culturel d’interaction, avec un nouveau code culturel. Il ne s’agit plus d’un pont entre les cultures, mais bien d’un mélange de différents rapports culturels.

Le concept « interculturel » renvoie à un rencontre de différentes cultures dans une société donnée. Dans cette perspective, nous parlerons de l’interaction entre les cultures qui, selon Claude Clanet (1990 :156) est « une mise en relation, une prise de considération des interactions entre des groupes, des individus, des identités. C’est un échange entre les personnes. Il faut préciser là que l’interculturalité est différente de la multiculturalité qui est un ensemble de plusieurs cultures dans un même espace. C’est la juxtaposition des cultures. »   

Utilisé comme substantif, le vocable « interculturel » s’est beaucoup développé dans le domaine du management en proposant d’adapter le marketing des produits à la culture du marché ciblé. Dans cette acception, il désigne ce qui est attractif en soi et qui contraint l’autre à s’intéresser.  Par charge métonymique, il est utilisé en sociolinguistique pour reprendre ce qui relève des apports de l’autre et dépend nécessairement de la définition de l’interculturalité.

Selon François Guiyomba (2011 : 227), l’interculturel est fondé à la fois sur la nature et sur la culture. La nature marque les ressemblances entre les cultures, tandis que la culture transforme les différences résiduelles de cultures-même. Dans cette optique, nous ne perdons pas de vue que dans la manifestation de l’interculturel, il existe un juste milieu indépendant où des individus de cultures différentes se rencontrent. Cela étant, la question de savoir comment fonctionne le problème de l’interculturalité nous préoccupe.

  • L’interculturalité

Toute culture est fondamentalement, pluriculturelle et se construit grâce au contact entre différentes communautés de vie qui apportent leurs façons de penser, de sentir et d’agir.IL est  évident que les échanges culturels ne produisent pas tous les mêmes effets ni conséquences, mais c’est à partir de ces contacts que se produiront le métissage culturel et hybridation culturelle…

Une culture ne peut évoluer que grâce au contact avec d’autres cultures, mais ce dernier ne peut être considéré de diverses manières. Le pari pour l’interculturalité c’est le pari pour la rencontre et le respect.

L’interculturalité, en effet, suppose l’existence d’une relation entre les personnes qui appartiennent aux différents groupes culturels, c’est un concept plus ample que le simple fait « pluriculturel».Toutefois, parler des relations interculturelles est une redondance ;l’ interculturalité implique, par définition, interaction

Il n’existe pas de cultures meilleures ou de pires que d’autres. Dans certains contextes chacune des cultures peut avoir l’impression de se trouver en situation de discrimination mais si nous acceptons qu’il n’ya pas de hiérarchie entre elles, nous reconnaissons que toutes les cultures sont dignes et méritent le respect des autres, au même niveau. Cela signifie, d’autre, part, que la seule manière de comprendre correctement une autre culture, c’est d’interpréter ses manifestations en accord avec ses propres critères culturels. Cela ne  doit pas nous empêcher d’exercer notre droit  à la critique : il est bon, toutefois de ne pas se précipiter et d’essayer de comprendre toute la complexité symbolique des nombreuses pratiques culturelles. Il s’agit d’essayer de modérer l’inévitable ethnocentrisme qui nous fait interpréter les pratiques culturelles qui nous sont étranges, à partir des critères de notre propre culture.

            Dans le cadre de notre recherche, nous aborderons le phénomène de l’interculturalité sous un angle plus positif que négatif. Nous ne traiterons pas de l’interculturalité comme l’ingérence d’une culture en référence d’une autre plutôt comme une source d’enrichissement, c’est-à-dire, un moyen par lequel un peuple peut s’ouvrir à un autre dans le cadre d’entraide en acceptant l’autre comme égal à lui-même malgré les différences individuelles. Nous tiendrons compte dans ce phénomène au fait que chaque individu a sa propre culture et la connait, car dit-on qui oublie et nie sa culture est un renégat. 

  • L’identité culturelle

Le problème de l’interculturalité se pose en termes d’appropriation des valeurs qui viennent de l’autre. Il sous s’entend que l’on se connaisse d’abord avant de découvrir autrui. Ce qui introduit la notion d’identité culturelle. Celle-ci est un concept polymorphe, que se partagent aussi bien les approches scientifiques que les connaissances ordinaires. L’identité est une donnée complexe à appréhender, en raison à la fois de sa transversalité disciplinaire et  des rapports dialectiques qui fondent les réseaux conceptuels auxquels elle peut être associée.  

Plusieurs disciplines s’intéressent à ce problème. Certaines partent des expériences singulières qui sont à la base de l’identité personnelle. D’autres, passant par des  affiliations collectives, en arrivent à la construction sociale de l’identité. Les approches de la philosophie, de la psychologie ou de l’anthropologie  dont se sont inspirés des historiens, des linguistes, des sociologues, des juristes et d’autres spécialistes des sciences humaines nous aident à mieux comprendre cette interaction entre mécanismes psychologiques et facteurs sociaux se veut constitutive du processus identitaire.

Un constat se manifeste à travers toutes ces approches : le caractère « paradoxal » de l’identité. De l’affirmation d’Héraclite soulignant qu’il n’est pas possible de se baigner deux fois dans la même fleuve à l’aphorisme rimbaldien : «  je est un autre », on ne compte les formules soulignant que cette identité est construite par la confrontation du « je » et de l’autres, de la similitude et de l’altérité. A tel point qu’Edgar Morin a consacré l’intégralité du tome V de la Méthode à « l’identité humaine », à laquelle il applique une nécessaire « pensée complexe » (Morin, 2001).

D’autres rapports dialectiques fondent la dynamique identitaire. Ils invitent à considérer l’identité comme un processus en cours plutôt qu’un donné figé, et à privilégier et une approche constructiviste plutôt que la vision essentialiste (ou substantialiste) qui prélevant naguère.

La compréhension du concept d’identité culturelle se construit à partir des données effectives, sociales, cognitives de la construction identitaire. Elle permet d’élucider la question des rapports entre identité et culture et ouvre à l’interculturalité, contexte privilégié pour l’émergence d’identifications complexes, dans lequel nous évoquerons la question des rapports entre langues et identités collectives.  

  • Le ciel

Ciel ou cieux (ou Paradis) est un concept religieux et cosmologique ou transcendance d’un lieu où les êtres célestes (comme Dieu, les anges, les djinns et les divinités  du ciel comme le Roi de cieux ou la Reine du ciel, le Père céleste, la Mère céleste, le fils du ciel, les saints célestes ou les ancêtres vénérés), sont Dieu trônant ou habitants. Il est communément admis que les êtres célestes peuvent descendre à la terre ou incarnés et que les êtres terrestres peuvent monter au ciel dans la vie après la mort ou dans des cas exceptionnels entrer au ciel étant vivants. (http://www.wikipédia.org/ciel/religion), consulté le 2 février 2017 à 8h20).

Le mot « ciel » tire son origine en latin « Caelum » qui signifie ciel, firmament. Il signifie selon le dictionnaire Larousse illustre (2010) « Séjour des bienheureux, paradis, espace immense dans lequel se meuvent tous les astres. », etc. Selon cette deuxième définition, le ciel est tout ce qui est vu lorsqu’on regarde l’atmosphère terrestre et l’espace cosmique depuis le sol de la terre. Dans ce sens, l’horizon est la limite du ciel et implique une forme circulaire et contient une connotation de pureté et de perfection harmonieuse. Le ciel a l’aspect d’une voûte ou d’un hémisphère céleste, raison pour laquelle on parle de voute ou de sphère céleste.

Dans la première définition par contre, le ciel désigne le monde des réalités non sensibles ou l’au-delà. Cfr la prière « Notre Père qui es aux cieux… » (Mathieu 6 :7.13).

Dante et Béatrice recouvrent à ce monde (les cieux les plus élevés) à part des illustrations de Gustave Doré à la Divine comédie. Le concept « ciel » est bien fréquent dans le domaine religieux et désigne rappelons un monde des réalités non sensibles de manière diversifiée selon telle ou telle autre  croyance ou telle autre période :

  1. Selon le judaïsme

            Dans l’ancien judaïsme, la croyance du ciel et de l’au-delà est liée à la croyance dans le shéol (mentionné dans Isaïe 38 :18, Psaume et Job 7 :7-10). Certains chercheurs affirment que Shéol, utilisé dans cet angle est le concept plus tôt, ressent, mais cette théorie n’est pas universellement acceptée. Une secte juive qui a maintenu la croyance en la résurrection a été connue pour pharisiens et a eu à s’opposer à la sadducéens, qui a nié la résurrection des morts (Matthieu 22 :2).

  1. Selon le christianisme

Le concept « ciel » est considéré dans le christianisme comme la demeure de Dieu et des anges.

  • L’enfer

L’enfer est une notion très complexe considérée selon les nombreuses religions comme un lieu de souffrance extrême de l’esprit humain après sa séparation avec le corps, douleur expérimentée après la mort par ceux qui ont commis des crimes et des péchés dans leur vie terrestre, l’endroit où vit Satan…

La définition de l’enfer et ses caractéristiques sont variables d’une religion à l’autre, d’une culture à l’autre et sont parfois sujettes à déférentes interprétations au sein d’une même religion, c’est dans ce sens qu’il se diversifie dans le temps et dans l’espace selon différentes origines :

  1. Selon l’origine mésopotamienne.

     Les premières traces de l’enfer sont Mésopotamiennes qui remontent environ 2000 ans av. J.c. : les Akkadiens et les Sumériens croient en l’enfer en tant que « lieu où se trouvent les morts » leur dieu de l’enfer est Nergal et leur déesse Ereshkigal. LETOUSEY (1913 :133).

Selon ces origines, l’enfer n’est pas considéré dans son sens négatif, c’est en quelque sorte un lieu où se trouvent les morts, un autre monde de gens qui sont en communication avec les humains selon eux, ce sont les morts qui intercèdent entre dieu et les humains. Cette conception se retrouve aussi dans la mythologie grecque et désigne le royaume des morts. C’est un lieu souterrain  ou règnent le dieu Hadès et sa femme Perséphone. Dans ce sens, ce mot devient pluriel « enfers ».

  1. Selon le Judaïsme

            Chez les juifs anciens, comme au sein des autres nations sémites, l’existence ou la croyance dans le shéol était considérée comme une perpétuation fantomatique de la vie terrestre pendant laquelle les problèmes de cette vie terrestre prenaient fin. Le shéol était  donc conçu comme un lieu souterrain où les morts menaient une vie léthargique (extrêmement nonchalante, insensible). Plus tard, la prédiction du prophète du judaïsme Isaïe dans son satire sur la mort du roi Babylone, s’adressant en ces termes au tyran : « Te voilà shéol dans sa profondeur de l’abime » Bible (Isaïe 15). Dans une autre version biblique : « Mais tu as été précipité dans le séjour des morts, dans les profondeurs de la fosse ». Cet extrait biblique donne naissance à l’idée selon laquelle, il existerait plusieurs profondeurs au Shéol en fonction du degré de récompense ou de châtiment mérité.

Dans le judaïsme de la période du second temps et dans la littérature intertestamentaire, l’influence grecque peut être vue dans les idées juives de la demeure des morts entre autre :

  • L’Hadès juif : est devenu un lieu où les morts pourraient être conscients. DESCLEE (1977 :95) ;
  • Sein d’Abraham : une zone délimitée de Hadès où les morts justes attendent la résurrection. Marcel Hulin (1985 :89) ;
  • Géhenne : le feu du dernier jour dans le Mishnah (recueil de commentaires traditionnels de la loi écrite et de décision rabbiniques qui constitue le fondement  du talmud).

Selon cette tradition, le Talmud était un livre qui contenait les orales, la doctrine, la morale et les traditions des juifs. Jean DELUMEAU (1983 :200).

  1. Selon le christianisme

     Les premiers écrivains chrétiens utilisaient le terme « enfer » pour désigner les limbes des pères dans lesquels les âmes des justes décédés avant l’avènement  du christ attendaient leur rédemption et qui sont mentionnés dans le symbole des apôtres « et christ descendit aux enfers », le purgatoire, lieu de purgation des péchés véniels et qui conduit toujours au ciel et enfin, le lieu de châtiment de Satan et des autres anges déchus ainsi que de tous les hommes morts sans s’être repentis de leurs péchés. Cette dernière interprétation est la plus acceptée de nos jours.

     La croyance dans l’existence de limbes (lieu où étaient selon certains théologiens catholiques, les âmes de ceux qui étaient morts dans la grâce de Dieu avant la venue de Jésus Christ ; ou séjour des âmes des enfants non baptisés, où ils auraient joui d’une facilité naturelle mais où le bonheur suprême de voir Dieu leur était refusé, n’a jamais été officialisée par l’église catholique avant d’être balayée le 19 Avril 2007 comme contraire à l’universalité de salut offert par le Christ à tous ceux qui le veulent.  Jacques le GOFF (1993 :101).

La durée du châtiment avait fait l’objet de controverse depuis les premiers temps du christianisme. L’écrivain et le théologien chrétiens du 3e siècle, Origène et son école (école Alexandrie) enseignaient que ces châtiments en enfer avaient pour but de purifier des péchés  et qu’ils étaient proportionnels à l’importance des fautes commises. Origène dans son école, soutenait  qu’avec le temps, l’effet purificateur serait obtenu chez tous, même les mauvais ; que le châtiment finirait par cesser et que ceux qui se trouvent en enfer pourraient enfin avoir droit au bonheur. Cette doctrine fut condamnée par le deuxième concile de Constantinople en 553 et la croyance en un châtiment éternel en enfer devint caractéristique des églises orthodoxes et catholiques. Cette croyance passa également dans les symboles des églises reformées, mais la doctrine de l’enfer fut rejetée pour les penseurs les plus radicaux de la renaissance. http://www.wikipédia/Enfer.org.com, consulté le 22 Février 2017 à 20h10

  1. Selon les annotations apparaissant dans la Bible

           Les passages bibliques qui abordent quelques thèmes relatifs à l’enfer peuvent être résumés comme suit :

  • Dans l’Ancien Testament :
  • Shéol : dans Genèse 37-35, 42-38, 44-29, 44-31, etc.
  • Hannon: dans Jérémie 196, etc.
  • Dans le Nouveau Testament :
  • Hadès :
    • Dans l’évangile selon Mathieu : 11-23,16-18,
    • Evangile selon Luc : 10-15
    • Evangile selon Acte des Apôtres 227-31
    • 1 Corinthiens : 15-55 et Apocalypse : 1-18, 6-8, 13-14 et.
  • Géhenne:
  • Dans l’évangile selon Mathieu : 5 :22, 29, 30.10 :28, 18 :9, 23 :15, 33.
  • Evangile selon Marc : 9 :43, 45, 47
  • Lucas 12 :5
  • Epitre de Jacques : 3 :6 etc.

Cela étant,  passons en détail chaque concept pour en appréhender le sens :

  1. Shéol :

            Il  n’existe en français aucun équivalent exact du mot hébreu she’ôl (ʖІχỦ). Il s’agit du mot hébreu de l’Ancien Testament désignant « séjour des morts, les enfers ». Il présente un lieu sombre et silencieux où les morts sont endormis, couchés dans la poussière. Même si, en cours de siècle suivants, l’enseignement grec de l’immortalité de l’âme humaine s’est infiltré dans la pensée religieuse juive, il n’en reste pas moins que, le texte de la Bible montre que le shéol est la tombe commune aux hommes, un endroit où on est inconscient. Jérôme BASCHET, préfacé par Jacques le  GOFF (1993 : 16-700).

Dans le livre d’Ecclésiastique ou (Qohélet) chapitre 9 :5-10 de la version T.O.B. (Œcuménique) il est dit :

« Les vivants savent en effet qu’ils mourront, mais les morts ne savent rien du tout (…), car il n’y a ni œuvre, ni bilan, ni savoir ne sagesse dans le séjour des morts où tu vas ».

Selon Psaume 146 :4 « leur souffle partira, en ce jour ils retournent à leur poussière, et ce jour-là, c’est la ruine de leurs plans ». Bible de Jérusalem, traduction catholique.

Bien que ces passages montrent que les vivants sont entrés  en contact avec les morts de l’au-delà pour les interroger, il n’existe aucun rapport entre les vivants et les morts parce que Dieu dans le Pentateuque, interdit à son peuple de le faire. Le premier  roi d’Israël selon la Bible, Saül, fait interroger par un médium Endor, le prophète Samuel décédé depuis peu sur l’issue d’une bataille. Il a reçu une réponse, mais qui ne venait pas du prophète (1.Samuel ou 1Roi dans certaines versions, chap. 28.)

Dans ce passage ci-dessus, le Roi Saül a reçu une réponse de quelqu’un se faisant en réalité passer pour Samuel  (prophète) et voulant véhiculer l’idée fausse selon laquelle, il existe une vie après la mort pendant que de son vivant, le prophète Samuel n’avait pris aucune rencontre avec le roi Saül qui avait perdu l’approbation de Dieu. De plus, le prophète Samuel respectait l’interdiction de Dieu de consulter des médiums (Lévitique 19 :31 ; Deutéronome 18 :11-12). Les médiums dont on parle dans ces passages sont des personnes qui passaient pour servir d’intermédiaire entre les êtres vivants et le monde des esprits, des défunts (enfer).

Dans Genèse 6 :1-4 et dans 2Thessaloniciens 2.9, la Bible ne relève que les anges ont rejeté l’autorité de Dieu, ils sont appelés démons. Ces anges sont capables de se faire passer pour des gens décédés afin de tromper les humais.

  1. Hadès

            Hadès est le terme grec équivalent du shéol, utilisé dans l’Ancien Testament. Il apparait plusieurs fois dans les manuscrits grecs Anciens : Matthieu 11 :23, 16 :18, Luc 10 :15, 16 :23 ; Actes  des Apôtre  2 :27, 31 ; Apocalypse 1 :18, 6 :8, 20 :13, 14. Mais des versions plus modernes mettent « monde des morts », « séjour des morts » ou « Hadès ». Tandis que certaines traductions de la Bible rendent le grec « haïdes » par « enfer ».

  1. La Géhenne (Hinnom)

            La dénomination Géhenne vient du latin « Géhenna » et de l’hébreu «D|ϽЛ’λ ge’henom » signifiant Valée située au sud-ouest de la vieille ville de Jérusalem (Jos : 15 :8) où des enfants ammonites, une ethnie Cananéenne, furent sacrifiés au lieu Moloch (2Chronique 28 :3 ; 33 :6 ; Jérémie 7 :31-32).

Ce lieu (Géhenne), fut transformé en décharge publique par le roi Josias (Yoshiya) pour empêcher ce culte (2Rois : 23 :10). A l’époque de Jésus, on jetait à cet endroit des détritus, mais aussi des cadavres d’animaux, ainsi que les corps des criminels executés, les jugeant indignes d’une sépulture décente. Tout ceci, pour préserver la ville de toute souillure par rapport au culte rendu au temple et pour lequel la ville devait rester pure. Giordano Berti (200 :45).

La Géhenne fut aussi associée au feu qui ne s’éteint jamais. « Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie que d’avoir les deux mains et d’en aller dans la Géhenne, dans le feu qui ne s’éteint pas » (Marc 9 :43). Jésus Christ s’est servi de ce lieu dans ce passage pour expliquer à ses contemporains que la Géhenne symbolisait le châtiment définitif : lieu du feu éternel où après le jugement dernier, ces diables seront jetés (appelée également Stan) et ses anges ainsi que les gens qui sont morts dans leurs péchés. Matthieu (25 :41).

Le livre d’Apocalypse 20 :10 à 15 aborde en profondeur cette notion en expliquant que, et le diable, et tous ceux qui sont morts dans les péchés, et tous ses anges seront jetés dans l’étang de glace et de gouffre où ils seront tourmentés jour et nuit. On note à cet effet que la « mort » et le « Hadès » y sont jetés en voulant exprimer tout simplement la disparition de la mort et du lieu d’attente des morts pour l’éternité.

Comme le dit le chapitre 20, verset 10 et 15, ils, c’est-à-dire  le diable et ses anges, ainsi que tous ceux qui ne sont pas inscrits dans le livre de vie, seront dans un état de souffrance éternelle voire Matthieu 13 :49-50. Il en sera de même à la fin du monde. Les anges de Dieu viendront séparer les méchants d’avec les justes 50, et ils jetteront dans la fournaise ardente les méchants où il y aura des pleurs et des grincements des dents.

Dans ce même angle, Faustine KOWALSKA sur « la Vision de l’enfer ». Dans ce livre, on parle de Faustine KOWALSKA qui, par la volonté de Dieu fut transportée en enfer afin d’en venir avec le résultat qu’elle proposera aux humains (vivants). Après sa visite en enfer, voici ce qu’elle rapporte :

« Aujourd’hui j’ai été dans les gouffres de l’enfer, introduite par un ange. L’enfer est un lieu de grands supplices et son étendue est terriblement grande.

Genres de supplices que j’ai vus :

  • Le premier supplice qui fait l’enfer c’est la perte de Dieu ;
  • Le deuxième supplice : les perpétuels remords ;
  • Le troisième supplice : le sort des damnés ne changera jamais ;
  • Le quatrième supplice : c’est le feu qui va pénétrer l’âme sans la bruler, c’est un terrible supplice car c’est un feu purement spirituel, allumé par la colère de Dieu ;
  • Le cinquième supplice : ce sont les ténèbres continuelles, les démons et les âmes damnés se voient mutuellement et voient tout le mal des autres et le leur ;
  • Le sixième supplice : le désespoir terrible, la haine de Dieu, les malédictions, les blasphèmes ;
  • Le septième supplice : c’est la continuelle compagnie de Satan ce sont des supplices dont tous les damnés souffrent ensemble, mais ce n’est pas la fin des supplices.» Sainte Kowalska, propos publié sur http://www.wikipédia/vision de l’enfer.com  

Se rapportant à ce qui précède, l’enfer apparait comme un endroit de torture, bouillonnant et chaud où s’activent des dizaines des démons.

Cette préoccupation était un thème récurrent de l’iconographie du Moyen-âge, essentiellement dans le catholicisme. La représentation la plus détaillée de cette période est la première partie de la divine comédie de Dante Alighieri, Enfer.

Ces différentes manières de considérer l’enfer et le ciel, réalités qui demeurent abstraites, selon la conviction de telle ou telle autre personne ou  telle ou telle autre religion relèvent de la représentation.

  • La représentation

            La représentation est un terme issu du latin, datant du XIIIe siècle « reproesentatio, de reproesentare » qui signifie étymologiquement « action de replacer devant les yeux de quelqu’un, rendre quelque chose d’abstraite, d’absent, présent. » ; « rendre présent ». (Centre national de ressources textuelles et lexicales)

La représentation apparait d’abord comme une présentification : il s’agit de rendre sensible un concept ou un objet absent au moyen d’image, de figure, de signe, etc. C’est-à-dire au moyen d’imagination. Par exemple, penser à une table, fait apparaître en esprit une table déjà fait. J. Rey-Debove et A Rey (dir) (2010 :150).

Cette notion d’origine latine garde toujours son sens étymologique, mais revêt des acceptions sensiblement distinctes suivant les domaines et les contextes dans lesquels elle est utilisée :

  1. En philosophie

      Le terme représentation en Philosophie, vise à désigner en son sens plus large, ce qui est présent à l’esprit ou ce qui forme le contenu concret d’un acte de pensée. (Lalande). Pour autant dire que sa signification première est suffisamment floue pour expliquer qu’on puisse le voir utiliser dans des sens assez divers selon les auteurs. La notion de représentation trouve sa pertinence, son utilité dans le constat suivant, largement admis dans la pensée moderne depuis le 18eme siècle :

«  Notre rapport au réel est nécessairement subordonné à l’ensemble de ses manifestations apparentes (phénomènes) et un ensemble d’instruments de portée cognitive qui nous permet de l’appréhender et d’agir sur lui. » http://www.wikipédia/Hypergéeu/spip.php?/Article141,  consulté le 27/02/2017 à 13hoo.

La représentation conçue comme une entité matérielle ou idéelle, qui donne forme et contenu à une entité postulée dans le réel répond à cette nécessité. Sa pertinence s’évalue par sa capacité à continuer un modèle efficace du réel qu’elle représente. Sujet d’étude de la philosophie, la représentation y est décrite comme une idée incomplète et provisoire de ce qu’est la vérité sur un objet donné. Cette notion de représentation est imagée par l’allégorie de la caverne de Platon pour aborder le sujet de la connaissance ; elle est un concept essentiel chez Schopenhauer qui en cela, suit et développe la pensée d’Emanuel Kant et elle est utilisée pour remettre en question la validité des paradigmes de la science moderne.

Le terme « représentation » est  tombé dans un discrédit général ; synonyme de remplacement d’une chose ou d’une personne par une autre, utilisé comme équivalent d’image ou de copie mentale d’une chose réelle. P. GUENANCIA (2009 :24). Prenant le contre-pied de cette interprétation, ce livre s’emploie à montrer que l’acte de se représenter une chose par une autre est toujours un acte par lequel la pensée s’approprie une donnée extérieure à elle (absente) et en fait un objet de sa préoccupation. Le but de ce livre précité est de montrer que seule la représentation de soi, seul l’éloignement du soi réalisé par le regard de la pensée institue un rapport réglé comme et avec les autres.

Dans cette perspective, il est d’usage correct de décliner la notion de plusieurs façons :

  • Selon qu’elle est immatérielle (une image mentale par exemple) ou matérielle (une carte, une photographie, une allégorie, un artefact symbolisant un objet de connaissance comme un globe terrestre pour la terre).
  • Selon qu’elle est individuelle ou collective.

Une représentation collective est le produit d’un consensus social relatif à la forme et au contenu à donner à une entité considérée comme pertinente pour le collectif social correspondant. DURKHEIM (1898 :49), JODELET (1989 :124).

Selon Moscovici (1976 :95), une représentation est dite individuelle « quand elle ne vaut que pour un sujet unique, mais aussi quand de nature collective et partagée, elle est incorporée par un individu qui appartient au collectif correspondant ».

  • Selon qu’elle est instrumentalisée ou non dans le fonctionnement et la régulation des collectifs sociaux. En effet, une représentation peut être un motif (dans les deux sens du terme : figuré et cause d’une organisation sociale : une représentation partage d’une entité nationale est la condition d’existence de la nation et des institutions qu’elle se donne. Elle peut aussi être prise en charge, voire suscitée par ces institutions et être alors conçue comme instrument de pouvoir. C’est cela que la représentation au sens politique du terme ne peut se concevoir indépendamment des représentations autres qui sont mobilisées à travers elle. Debarbieux et Vanier (2001 :63).
  1. En Psychologie

            Envisagée d’un point de vue psychologique, selon ce que l’on a appelé sa qualité, la représentation, en suivant la distinction faite par FERRATER Mora peut correspondre à :

  1. L’appréhension d’un objet effectivement présent. C’est peut-être alors une forme de la perception comme dans le cas où l’on considère les représentations des sens (visuel, auditif, etc.).
  2. La production par la conscience des perceptions anciennes, aussi appelée représentation de la mémoire ou du souvenir.
  3. L’anticipation d’évènements possibles dans le futur.
  4. Le rapprochement dans la conscience des perceptions qui ne sont ni passées, ni présentées, ni admissibles comme futurs. On parlera dans ce cas comme dans le précédent d’imagination.

En psychologie, la représentation renvoie au mental, au cognitif. Il s’agit d’une représentation du monde extérieur en associant une perception à une idée, à une catégorie de fait, à une image mentale, un symbole ou modèle explicatif. (http://www.google/représentation.com,  consulté le 12/02/2017 à 11hoo.)

  1. Dans le domaine du spectacle

            Dans le domaine du spectacle en particulier (dans le monde du théâtre, du cirque, de l’opéra, du music-hall, des arts du spectacle…), il y a eu glissement de sens vers la représentation au public et le mot vient désigner une séance réalisée par un artiste ou une troupe d’artistes lorsqu’elle est ouvert aux spectateurs. L’acte de représentation est lié intimement à l’art, notamment dans les arts visuels où la représentation est plus particulièrement au mode sémantique consistant en l’imitation.

Nous ne pouvons pas prétendre circonscrire tous les domaines abordant le concept représentation, mais signalons que cette notion se trouve dans la plus part de domaines scientifiques et spécialement dans le domaine de l’art.

Dans le cadre qui nous concerne, nous considérons le concept représentation orientée vers les diverses manières de concevoir le ciel et l’enfer dans des domaines divers et selon la croyance d’une telle ou telle autre époque.

Nous avons donc constaté que les diverses représentation des pays des morts (enfer) ont été décrites dans  des nombreux ouvrages, mais nous sommes encore loin d’avoir une bonne description de tous les « enfers » comme la vision que partageaient les romains et les grecs de l’enfer ou plus exactement du monde des morts en général, car durant la première moitié de l’Antiquité, l’enfer tel que nous l’avons perçu avec ses douleurs physiques infligées aux morts coupables d’avoir péché durant leur existence n’était pas dans la mythologie gréco-romaine. C’est-à-dire que les âmes mortes, bonnes ou mauvaises, elles allaient toutes dans le royaume Hadès et aucun jugement post-mortem n’était fait à leur égard. Ce n’est que plus tardivement que cette idée de sélection des âmes en fonction de leurs mérites s’est imposée. Le concept chrétien de l’enfer se rapproche en revanche de celui du Tartare, l’une de régions du monde souterrain grec, utilisé comme lieu de souffrance et tourments ; le paradis étant dans ce sens comparable aux champs Elysées et aux îles de bienheureux qui continuent la géographie funéraire de l’humanité.

Il serait donc imprudent de déduire cette multiplicité de paysage à quelques types nettement déterminés, bien qu’on puisse distinguer un certain nombre de motifs dominants : demeure au ciel, dans la lune, au-delà de la mer, dans les montagnes et selon certains philosophes dans les seins de nos mères et surtout sous la terre (le prétendu enfer) qui au moins dans les croyances des primitifs, ne sont pas toujours aussi terrifiants que le laisse entendre pays que l’on s’imagine, dans une région très lointaine et souterraine. C’est là que les âmes désincarnés habitent, sous forme d’ombre, de larves, d’animaux, de plantes, de répliques appauvries des corps ou déjà modifiées ou même d’objet en apparences inanimées. (Encyclopédia universalis, corpus 8, 1996 :363, 3e éd.)

Cette postexistance ne se laisse point ramener à un certain nombre de types : de l’activité la plus complexe à la torpeur pétrifiée, toute sorte des vies accordées, il s’agit d’une répétition plus ou moins complexe de la routine de l’existence terrestre ; autrefois, la survivance est plus spirituelle et résulte à un symbole ou à un signe donné.

Eu égard à ce qui précède sur la représentation de l’enfer et sa conception selon ces différentes croyances, il y a lieu de se poser la question de savoir pourquoi il ya- t-il de confusion sur le sens que les écritures donnent au mot enfer ?

L’une des réponses à cette question trouve sa place dans les analyses faites de la Bible, par le fait que les premiers traducteurs de la Bible ont invariablement rendu par l’enfer le mot hébreu « Schéol » et les termes grecs « Hadès » et « géhenne ». Cela a été la cause d’une grande confusion et d’une interprétation erronée. La simple transcription de ce mot « enfer » par les traducteurs des éditions révisées de la Bible, n’a pas suffi à dissiper la confusion et les fausses conceptions. The Encyclopedia Américana (1942, tom XIV). C’est cette façon de faire « traduction » qui obscurcit la frication des vocables hébreux et grecs en laissant entrevoir le seul mot « enfer » comme l’équivalent de ce deux, or « Shéol » et « Hadès » représentent la tombe commune aux morts de manière symbolique, et la « géhenne » à son tour symbolise une destruction éternelle par le feu. Le ciel est représenté différemment de l’enfer dans le sens où il est conçu de manière positive tandis que l’autre est négative.

Dans le domaine de la religion, si le ciel est représenté de manière délicate, ce serait celle du Paradis. Dans ce sens, elle fait appel à l’imaginaire de chacun et ne repose sur aucune base concrète. Les représentants paradisiaques évoluent au fil des découvertes biologiques et géographiques. A partir de XVIIIe siècle, la notion de Paradis imaginaire tend à s’amoindrir à une époque qui devient cartésienne et où l’on supporte mal la référence abstraite. Mais représenter particulièrement le Paradis, cela revient à l’annuler tout simplement parce qu’en concrétisant le rêve on tue son essence même qui est d’être particulier à chacun de nous. Sinon, le paradis dans ce sens  aurait dû rester de la pure abstraction parce qu’il n’a pas de fondement. (http://www.google/mobile.Agoravox.fr/culture-loisir/Paradis-25545, consulté le 05/03/2017 à 10h20).

            Selon cette orientation, nous avons remarqué que presque toutes les religions possèdent un Paradis selon diverses conceptions. Dans le cas du christianisme, il est de deux natures : Le Paradis terrestre et le Paradis céleste. Le paradis terrestre est celui que nous avons perdu, celui d’Adam et Eve et le Paradis céleste est celui auquel les chrétiens aspirent, ancré dans l’imaginaire de chacun et destiné à contrebalancer les souffrances terrestres. Dans les représentations comme dans les textes, les deux Paradis se confondent souvent en désignant ce qui pourrait être l’image du ravissement et du plaisir.

« La religion décourage les représentations trop exactes du Paradis ni le temps, où les corps ressusciteront dotés d’une éternelle jeunes au milieu d’une cour resplendissante emplie d’anges et de saints, ne pourrait donner lieu à une figuration trop précise » P. BRUCKNE (Grasset 2000 : 22). Représenter le bonheur est sans doute plus complexe qu’une image, si riche soit-elle.

  • ORIENTATION METHODOLOGIQUE

            L’atterrissage heureux d’une recherche scientifique nécessite que le chercheur se choisisse une méthode, fils conducteur pouvant l’a à bien mener à bout sa recherche. Mais la question qui persiste alors est celle de savoir ce que c’est la méthode ?

Selon le dictionnaire le Robert pour tous, (1995 :721, 1ère éd) la méthode est : « un ensemble de démarches que suit l’esprit pour découvrir et déterminer la vérité ; ensemble de démarches raisonnées suivies pour parvenir à un but. »

Cette acception du mot méthode n’est pas loin de celle que nous devons au cours de techniques et méthodes de recherche en littérature et en linguistique, dispensé par le prof MAKOMO MAKITA Jean-Claude en première année de licence français 2015-2016. En effet, la méthode y est définit par opposition aux techniques comme suit :

« La méthode est une voie, une manière de faire, de dire, suivant un certain principe et dans un certain ordre ; c’est-à-dire, l’ordre qu’il faut imposer aux différentes démarches nécessaires pour arriver à une fin donnée. La méthode est donc l’ensemble des opérations intellectuelles qu’une discipline met en œuvre pour démontrer, établir et vérifier les vérités qu’elle poursuit »

            Dans cet ensemble définitionnel se lit déjà une distinction entre méthodes et techniques, ces dernières étant au service de celles-là. Cela étant dit, or ce travail se veut scientifique, ce qui suppose qu’il doit avoir nécessairement une méthode, outil sans lequel ce travail n’en n’est pas un. Dans cet angle d’idée, la question qui reste à balise est donc celle d’expliquer le fonctionnement des méthodes auxquelles nous serons recours en montrant en quoi celles-ci nous serons utiles dans l’analyse et l’interprétation de notre corpus sur lequel porte ce travail. Dans ce travail, nous utiliserons principalement la méthode comparative avec son approche interculturelle suivie essentiellement de la méthode sociocritique et stylistique ; tout ceci pour nous permettre de faire une bonne analyse et interprétation des données. De prime à bord, passons en détail l’une à la suite des autres pour en savoir quelque chose.

Partager ce travail sur :