Arrow Table de matières
1516739

II.2.3.Le scripteur/ lecteur

Avant d’aborder ce point nous tenons d’abord  à le circonscrire : le scripteur et le lecteur sont des éléments extratextuels.

En linguistique et en communication, le scripteur est la personne ou l’entité qui crée  ou transmet un message par écrit à destination d’un lecteur. On parle plus communément d’auteur, mais ce terme possède des connotations littéraires que n’a pas le mot scripteur.

Quand le scripteur est le créateur du message, il est également un émetteur ou destinateur. Mais le scripteur peut également transcrire des propos tenus par autrui. Celui-ci est alors l’émetteur du message, le scripteur n’agissant que comme intermédiaire.

Lecteur est le destinataire d’un message écrit.

Le paratexte est une notion de théorie littéraire principalement définie par Gérard Genette, d’abord dans Palimpsestes. La littérature au second degré , en 1982, comme étant un des cinq types de transtextualité, puis théorisée plus largement en 1987 dans Seuils. Englobant titres, sous-titres, noms d’auteur, indications génériques, illustrations, quatrième de couverture, dédicaces, notes de bas de page, correspondances d’écrivains, etc.

Le paratexte se compose d’un « ensemble hétéroclite de pratiques et de discours » virtuelles illimité, synchroniquement et diachroniquement variable et dont la fonction principale est d’entourer le texte, de l’annoncer, de le mettre en valeur (ou carrément de le vendre), bref de « rendre présent [le texte], pour assurer sa présence au monde, sa « réception » et sa consommation, sous la forme, aujourd’hui du moins, d’un livre ». Genette définit donc le paratexte, comme un seuil entre le texte et le hors-texte,  «  zone indécise » entre le dedans et le dehors, elle-même, sans limite rigoureuse, ni vers l’intérieur (le texte), ni vers l’extérieur (le discours du monde sur le texte) »

Conséquemment, la théorie paratextuelle entretient un lien étroit avec les théories de la réception et de la lecture, en ce sens que le paratexte participe en premier plan à la constitution d’un horizon d’attente sur lequel se fondera ultérieurement l’interprétation du texte. Elle s’apparente également à la sociologie de la littérature, notamment eu égard du concept à habitus tel que définie par Pierre Bourdieu, dans la mesure où le paratexte serait, selon Genette, une zone de transaction dans laquelle, les préoccupations commerciales occuperaient une place prépondérante, «  le lieu privilégié d’une pragmatique et d’une stratégie, d’une action sur le public ». C’est ainsi que Seuils contribue à la réintroduction dans le champ des études littéraires, après une décennie de structuralisme français, l’intérêt du rapport entre le texte et son contexte. Genette participe ainsi, comme le souligne John Pier, à la remise en question de la convention structuraliste de « [l’] immanence textuelle et [de] la clôture du texte ».

En effet, dans Palimpsestes(1982) et Seuils, (1987), G. Genette a démontré la nécessité de plonger la notion de texte jusqu’au paratexte, car c’est « ce parquoi un texte se fait livre et se propose comme tel à ses lecteurs et plus généralement au public ». Dans Poétique (n°69, 1987 :7), il ajoute en disant que :« Le paratexte désigne un nom d’auteur, un titre, une préface, des illustrations,  toutes ces choses dont on ne sent pas toujours si on doit ou non considérer si elles lui appartiennent mais qui, en tout cas l’entourent et le prolongent, précisément pour le présenter, au sens habituel de ce verbe, mais aussi en son sens le plus fort : pour le rendre présent, pour assurer sa présence au monde, sa « réception » et sa « consommation ».

Nous comprenons que la perspective de la réception de l’œuvre qui est la nôtre  implique d’envisager le texte jusque dans ses éléments du paratexte. Il s’observe que pour le roman d’In Koli Jean Bofane, les paratextes et le récit proprement dit, sont les lieux les plus pertinents. C’est dans cet angle que nous allons examiner le scripteur (ou auteur) et le lecteur comme interactants soulignés, dans le 3ème niveau.

Avant de nous apésantir sur le pôle scripteur (auteur) et lecteur (récepteur) nous allons  mener une incursion sur les éléments paratextuels soulignés ci-haut, notamment, le nom de l’auteur, le titre les avertissements (ou préfaces), les dédicaces, la quatrième page de la couverture. Ces éléments paratextuels regorgent des données où peut se lire une modalité de présence dans le texte de l’auteur et du lecteur et d’où nous pouvons dégager une certaine interaction entre les deux instances de texte.

On connait assez bien, aujourd’hui, les  façons d’analyser cette inscription du destinataire. Ce sont toutes les analyses des rapports entre narrateur  et narrataire dans les textes narratifs, et plus globalement, en tous types de textes, des rapports avec le destinataire. Ce type d’analyse servira à définir le lecteur supposé par le texte, à détecter dans le texte la figure du destinataire.

Quant au lecteur, Viala et Molinié dans la Socio-poétique (1993 :207), distingue trois réalités de la réception :

  • Le lecteur ou destinataire supposé est celui que le texte désigne, soit par des marques explicites (dans la figure d’un narrataire par exemple), soit dans l’implicite (parce qu’il est supposé connu, ou allant de soi, et sans quoi ce texte-là deviendrait inintelligible ou inacceptable)
  • Les lecteurs potentiels, qui sont, à une date donnée, tous les membres de la communauté culturelle dans laquelle le texte est produit et qui ont les capacités (compétence, pratique, moyens économiques, usages culturels) requises pour en être de possibles récepteurs. Ces destinataires potentiels peuvent former un ensemble plus vaste que les destinateurs supposés par le texte.
  • Les lecteurs ou récepteurs effectifs : c’est-à-dire ce que le texte touche en pratique, qui peuvent être une fraction des récepteurs potentiels mais aussi bien excéder ces potentiels.

Il est à souligné que le lecteur supposé n’est pas une instance offerte à tout lecteur de façon indéfinie, et que tout lecteur concret pourrait investir : il est une sélection de destinataires. Comme nous l’avons souligné ci-haut le lecteur et l’auteur sont déchiffrables même dans la périgraphie. Entendons celle-ci en son sens complet : titre, sous-titre, indications de genre, préface de l’auteur ou autre préface, quatrième de couverture, illustration, ainsi que les indications d’éditeur et de collection, et toute la matérialité du texte et du livre entrent ligne de compte.

Voici les résultats auxquels nous aboutissons pour l’analyse de chaque variable paratextuelle évoquée :

1° Le paratexte « nom de l’auteur »

Ce roman que nous sommes en train d’analyser porte en haut  de la première page de la couverture la marque « In Koli Jean Bofane » comme nom de l’auteur. Donc son statut de sujet scripteur ou producteur du discours romanesque est aussi bien assumé. Aucun destinataire n’y apparaît, ni pronominalement ni anthroponymiquement.

2°. Le titre de ce roman : Congo Inc. Le testament de Bismarck.

 Le titre a pour principale et obligatoire fonction de désigner le texte, de l’identifier (parmi tout d’autre).

Outre cette fonction de désignation, d’identification, on trouve que, le titre en a plusieurs autres dont celle de description, c’est-à-dire qu’il décrit le texte auquel il est lié, subordonné. Un rapport particulier s’établit donc entre le titre et son texte. Il existe en effet un jeu de renvoi mutuel entre le titre et le texte qu’il désigne. Ainsi, dire que le titre- et tout ce qui lui est annexe-décrit son texte revient à dire que ce livre parle de ce qu’indique son titre. Il apparaît alors  comme  une espèce de boussole qui oriente vers le contenu. C’est pour cette raison que Umberto ECO déclare : « un titre est déjà une clé interprétative on ne peut échapper aux suggestions générées par le Rouge et le Noir ou par Guerre et paix »  (1985 : 510).

C’est pour cela que nous avons jugé de faire la jonction entre l’analyse  titrologique et décryptage thématique.

Selon la nomenclature de G. Genette dans son ouvrage Seuils, les titres peuvent être considérés comme des « titres thématiques », c’est-à-dire  les titres indiquant, de quelque manière que ce sont le « contenu » du texte (1987 :p75).

Le titre devient par conséquent le socle le plus objectif, à partir duquel on peut se lance pour décoder le contenu thématique d’un  texte. A partir de ce canal, nous pourrons aisément et efficacement ouvrir le texte et accéder au contenu de ce roman de Bofane.

Dans cette étude, il sera question de partir du titre et/ou de ses éléments annexes et ces analyses seront des indicateurs auxquels on pourra se fier pour toute investigation sur le contenu.

Nous voudrions rappeler que le titre d’un ouvrage est toujours (même quand c’est l’auteur qui seul propose) un lieu de formation de compromis entre auteur et éditeur, et les questions de collection, d’éditeur, de prix, de matérialité du livre ne sont pas étrangères à l’auteur. Ces formations de compromis entre l’auteur et l’éditeur sont, à ce titre, des formations de compromis aussi avec un lectorat visé (et très concrètement « ciblé » pour l’éditeur, qui en fait commerce). Elles engagent les effets sur l’élection du texte par un lectorat, sur l’orientation de la lecture, ainsi que sur son action (volume gros ou petit, typographie aérée ou serrée, illustrations ou non …) et sur la facilité ou difficulté de la mémorisation en cours de lecture ; elles sont bien des formes concrètes de l’escompte sur la rhétorique du lecteur. Et le tout, fait partie de la textualité.

« Congo Inc. Le testament de Bismarck » suggère-t-il le désordre qui tisse la toile de fond de l’univers de ce roman avec ses corollaires que sont la violence, le vol, la misère, la spoliation, les épurations ethniques, etc.

Le titre est constitué par d’un syntagme principal et d’un sous-titre

Comment traiter stylistiquement pareil énoncé. Nicolas Laurent cité par MAKOMO (2011 :145),  nous propose la démarche suivante : « Dans le discours littéraire, il s’agit, pour le stylisticien, de mettre à jour les associations suscitées par tel ou tel mot en contexte : par exemple, il est clair que l’ensemble du lexique des fleurs du mal, comme l’a montré Pierre Guiraud (1969) s’est structuré autour des mots « gouffres, et azur », dont le poète exploite les champs sémantiques pour concrétiser un double mouvement d’ascension et dépression ».Il s’agit donc d’explorer le champ sémantique du mot en contexte.

Essayons d’appliquer cette recommandation à ce titre avant d’en tirer les conclusions.

Dans le syntagme Congo Inc., le mot « Inc. »  est une abréviation (ou  la syncope) du mot « incorporated » en anglais. Selon le dictionnaire du Oxford, 8ème édition.2010, ce mot signifie formed into a business compagny with legal status. Formé ou inclure une affaire commerciale d’une entreprise commerciale avec un statut légal (en français). Congo Incorporated signifie Congo incorporé ou légalisé (par les grandes puissances comme une entreprise). Ceci renvoie donc à toutes les opérations labellisées  par la conférence de Berlin.

Le testament de Bismarck, un testament est :

  • Acte par lequel on déclare ses dernières volontés ;
  • Dernière œuvre, message ultime d’un écrivain, d’un artiste, d’une personnalité quelconque :

Otto Eduard Léopold Von Bismarck (1815-1898)

Il est né le 1er avril 1815 en Poméranie, dans une famille de Junkers, la classe de petits nobles prussiens, conservateurs, militants et dévoués à leur souverain. On l’appelait le « chancelier  de fer » avec comme principe, la force prime le droit. C’est que l’Afrique a été partagée par les grandes puissances sous son règne.

Le titre Congo Inc. avec pour  sous-titre le testament de Bismarck prouve que ce dernier ou le sous-titre est une apposition du Congo Inc., c’est-à-dire que le testament de Bismarck signifie l’œuvre ou l’entreprise laissée par Bismarck. Donc Congo Inc. ou Congo incorporé c’est l’œuvre ou l’entreprise de Bismarck.

Le Congo selon le testament de Bismarck a été  décidé comme une entreprise légalement et officiellement  établie appartenant aux grandes puissances depuis la conférence de Berlin siégeant pour le partage de l’Afrique entre novembre 1884 et février 1885. Le Congo a été décidé ainsi par les grandes puissances réunies autour de Bismarck avaient décidé ainsi pour accomplir leurs missions ou leurs projets : exploitation des matières premières de l’Afrique pour le développement de leurs industries. Et le Congo a été ciblé principalement pour son caoutchouc. Cela a été bien même souligné par la préface signée par Bismarck. Cette préface est libellée de la manière suivante : « Le nouvel Etat du Congo est destiné à être un des plus importants exécutant de l’œuvre que nous entendons accomplir… ». (Le chancelier Bismarck, en clôture de la conférence de Berlin, février 1885).

Voici ce qu’en dit l’extrait tiré de la page 271 du roman : «  l’algorithme Congo Inc. avait été imaginé au moment de dépecer l’Afrique, entre novembre 1884 et février 1885 à Berlin. Sous le métayage de Léopold II, on l’avait rapidement développé afin de fournir au monde entier le caoutchouc de l’équateur, sans quoi l’ère industrielle n’aurait  pas pris son essor comme il le fallait  à ce moment-là. Ensuite sa contribution à l’effort de la Première Guerre mondiale avait été primordiale, même si celle-ci aurait pu- la plupart du temps- se mener à cheval, sans le Congo, et si les choses avaient changé depuis que les Allemands avaient élaboré le caoutchouc synthétique dès 1914.

L’engagement de Congo Inc. dans le second conflit mondial fut décisif. Pour y apposer un point final, le concept mis à la disposition des Etats-Unis d’Amérique l’uranium de Shinkolobwe qui vitrifia une fois pour toutes Hiroshima et Nagasaki, instituant du même coup et pour l’éternité, la théorie de la discussion nucléaire. Il contribua généreusement à la dévastation du Vietnam en permettant aux hélicoptères de chercher du haut des airs des millions de gerbes du cuivre de Likasi et Kolwezi à travers les villes et les campagnes, de Da Nang et Hanoï. Congo Inc. fut plus récemment désigné comme de pourvoyeur attiré de la mondialisation, chargé de livrer les minerais stratégiques pour la conquête de l’espace, la fabrication d’armement sophistiqués, l’industrie pétrolière, la télécommunication high-technologique ».

Bref, le titre est à comprendre comme un vœu du chancelier allemand. Par conséquent, la misère de ce pays (et de sa population) est le fait d’une oligarchie occidentale qui, sans se soucier des vertus morales, s’est engagée dans une aventure qui mérite d’être considérée comme l’une des pires violations des droits de l’homme que le monde ait connue.

Donc, le mot « Congo » a signifié depuis  lors, une sérieuse affaire et mondiale

3.Le jeu de personnes dans les dédicaces

Le paratexte dédicace figure dans ce roman que nous sommes en train d’analyser. Pour rappel, la dédicace, selon Larousse (2016 :16) est une formule par laquelle un auteur fait hommage de son livre à quelqu’un. Dans ce roman, nous trouvons l’énoncé suivant en guise de dédicace : « Aux filles, aux fillettes, aux femmes du Congo, à l’ONU, au FMI, à l’OMC ».

Dans cette dédicace, nous remarquons que l’auteur à travers cet énoncé, s’adresse à ses différentes catégories d’interlocuteurs : humaines et organisationnelles. En  s’adressant à ces catégories, on sent véritablement que le choix n’est pas  hasardeux. Il est  justifié et prémédité du fait que les filles, les femmes, constituent une catégorie des personnes qui sont très visées par les groupes armés qui les violent et utilisent ce moyen   comme une stratégie de semer la terreur au sein de la population pour que cette dernière se taise  et se soumette et imposer le dictat. C’est  aussi une stratégie qu’ils utilisent pour se faire entendre. Donc la femme constitue la première cible des groupes armés et de leurs alliés. Mais aussi, elle est considérée comme une personne  marginalisée, vulnérable et une victime de plusieurs abus vis-à-vis des hommes vicieux. Actuellement elle constitue une question d’un enjeu de l’heure autour du problème de la parité ou de la promotion de femmes.

Bref, dans le cadre des filles et des femmes violées, l’ONU et ses acolytes représentent ironiquement l’Occident, c’est-à-dire le monde et la vision des forts ! pour preuve, dans le Conseil de Sécurité, on ne retrouve aucun Etat africain disposant du droit de veto !

L’ONU, le FMI et l’OMC sont des agences ou organisations internationales qui s’occupent des questions humanitaires :

  • L’ONU ou l’Organisation des Nations Unies est une organisation internationale regroupant, à quelques exceptions près, tous les Etats de la terre.Distincte des Etats qui la composent, l’organisation a pour finalité la paix internationale. Ses objectifs sont de faciliter la coopération dans le droit international, le développement économique, le progrès social, les droits de l’homme et la réalisation à terme de la paix mondiale. L’ONU est fondée en 1945 après la seconde guerre mondiale pour remplacer la société des nations (SND) afin d’arrêter les guerres entre pays et de fournir une plate-forme de dialogue. Elle contient plusieurs organismes (agences) annexes pour mener à bien ses missions : HCR, OMS, UNICEF, UNESCO, OMC, etc.

Le FMI ou le Fonds monétaire international est une institution internationale regroupant 189 pays, dont le but est de « promouvoir la coopération monétaire internationale, garantir la stabilité financière, faciliter les échanges internationaux, contribuer à un niveau élevé d’emploi, à la stabilité économique et faire reculer la pauvreté.

Quant à l’OMC ou organisation Mondiale du commerce (OMC), il est la seule organisation internationale qui s’occupe des règles régissant le commerce entre les pays. Au cœur de l’organisation se trouvent les accords de l’OMC, négociés et signés par la majeure partie des puissances commerciales.

Bref, l’auteur ou le scripteur convoque cet univers pour justifier ce qui se passe dans son roman. Jean Bofane fait partir Isookanga à Kinshasa où bien entendu, la misère est rude pour enfant des rues, où la prévarication, la violence, gangrènent tout. Il en profite pour démonter le système infernal qui fait cohabiter trafiquants, seigneurs de guerre, organisations mondiales parasites et règle du chacun pour soi. Bref, la jungle.

Dans ce récit, l’auteur crée un autre récit, et à l’intérieur de celui-ci  on trouve un pays appelé Gondanavaland ou Gondwana, dans lequel les personnages sont des multinationales, des groupes armés et des compagnies de sécurité tels que Skulls and Bones Mining Fields, Goldberg Gils Atomic project, la Mass Graves Petroleum, Blood and oil, tous se battant pour l’exploitation des ressources : eau, pétrole, minerais etc. Congo Bololo ou Congo amer est le personnage central qui convoite tout. Il préconisait tout pour atteindre ses objectifs, la guerre et tous ses corollaires, à savoir, les bombardements intensifs, le nettoyage ethnique, les déplacements de population, l’esclavage...

En évoquant l’OMC, il cherche à montrer comment l’échange se négocie entre pays. Il montre dans ce second récit que la guerre  sur le Gondanavaland était une guerre autofinancée mais cela n’empêchait pas la mise en place de pénalités. La baisse du cours des matières premières  était le risque essentiel. Un autre : le blocage des comptes par l’ONU, à cause du lobbying malveillant de certaines puissances. Mais le pire c’est la mise en place d’un embargo sur les armes. 

Dans ce macrotexte, l’auteur décrit un Congo où  la violence et les viols contre les femmes et les filles sont exécutés par les groupes armés et les agents des Nations-Unies.

Bref, dans cette dédicace, l’auteur (scripteur) lance un cri d’alarme pour venir sauver la situation dans laquelle le pays se trouve maintenant. Il invite en même temps son lecteur à agir par rapport à cet environnement dans lequel on le plonge parfois avec effroi, parfois avec un grand éclat de rire, dans le réel autant que dans l’imaginaire duCongo.

  1. La quatrième page de la couverture

Avant de mener toute sorte d’incursions sur le point, nous allons d’abord préciser certaines choses. La  quatrième page de couverture contient des éléments nécessaires pour l’analyse de dispositif  énonciatif scripteur-lecteur.

Précisons que la quatrième de la couverture est la dernière page extérieure d’un livre, on l’appelle également le« plat verso » dans le cas des livres cartonnés. Elle n’est pas numérotée et elle accueille généralement un extrait représentatif du contenu ou une présentation de l’auteur.

Ce petit texte a de nombreuses fonctions il doit, en quelques lignes, présenter l’œuvre : amorcer l’intrigue ou le résumer, préciser le genre littéraire, fournir des éléments sur le style ou le propos de l’auteur, vanter ses qualités. Il est parfois accompagné des qualités. Il est parfois accompagné de quelques éléments biographiques et bibliographiques concernant l’auteur. Il s’observe que certains auteurs participent soigneusement à son élaboration et d’autres laissent la latitude aux éditeurs.

Dans le cadre de notre roman, la quatrième de couverture est proposée par les éditeurs signalés en haut du commentaire. Celui-ci est libellé comme suit : « Le jeune Isookanga, Pygmée ekonda,  piaffe dans son village de la forêt équatoriale où un vieil oncle  prétend régir son existence. Depuis qu’il a découvert l’internet et les perspectives d’enrichissement immédiat que promettant  mille variantes de la mondialisation, il n’a plus qu’un objectif : planter là les cases, les traditions, le canapé millénaire et le grincheux ancêtre pour monter à Kinshasa faire du business. Il débarque donc un matin dans la capitale, trouve l’hospitalité auprès des enfants des rues et rencontre  ZhangXia, un Chinois qui fait commerce de sachets d’eau potable et dont il devient l’associé. L’avenir est à lui !

Pendant de temps, à Kinshasa et ailleurs, le monde continue de tourner moyennement rond : des seigneurs de guerre désœuvrés aux pasteurs vénaux, des conseils d’administration des multinationales aux allées du grand Marché, les hommes ne cessent d’offrir des preuves de leur concupiscence, de leur violence, de leur bêtise et de leur cynisme.

Qui sauvera le Congo, spolié par l’extérieur, pourri de l’intérieur ? L’innocence et les rêves, les projets et la solidarité. La littérature, bien sûr, quand elle est comme ici servie par un conteur hors pair, doté d’un humour caustique et d’une détermination sans faille ».

A ce point, la rédaction de ce texte, qui remplit de plus en plus une fonction d’incitation à l’achat, est généralement assurée par le service commercial ou éditorial de l’éditeur, sur proposition ou non de l’auteur.

En proposant cette intrigue, l’éditeur cherche à inciter où à aguicher  son lecteur à l’achat et à la lecture de ce texte.

Cette page comprend également des éléments ci-après : une brève biographie de l’auteur, la maison d’édition, le dépôt légal (Avril 2014), le prix (22, TTC France) l’adresse la maison d’édition (www.actes-sud.fr), le numéro ISBN (978-2-330-03060-5), tous ces éléments concourent à la valorisation du texte et entrent dans le cadre de Marketing pour attirer le lecteur à l’achat du texte et prendre connaissance de l’auteur.

Nous voici au terme de cette partie. Nous avons analysé le niveau du récit où le narrateur s’adressant au narrateur se comporte comme l’organisateur du récit, celui qui donne la parole à ses personnages. Le deuxième volet à consister de présenter la situation d’interlocution entre le destinateur et le destinateur dans le discours. Le troisième volet s’est orienté vers le paratexte où l’on trouve l’inscription du scripteur et du lecteur dans le texte.

II.3. L’analyse actantielle selon G.Molinié

 Le corpus d’étude impliquant des actants, nous avons jugé intéressant d’y appliquer le troisième volet  de la sémiostylistique actantielle dans l’optique de Georges Molinié. Vu le caractère quelque peu complexe de l’étude, un bref rappel de quelques points essentiels de la théorie molinienne portant  sur la question serait utile :

  • Le texte littéraire est avant tout discours, ce discours s’appréhende selon trois niveaux. Chacun de ces niveaux se définit par une relation horizontale et orientée entre deux pôles, globalement et banalement désignés l’un émetteur (E), l’autre récepteur (R).
  • L’objet du message (OdM) est le contenu véhiculé qui matérialise la relation (ce qui est dit), sans préjudice de distinctions linguistiques sur ce point, ailleurs fondamentales mais ici non essentielles. Cela se formalise sur le schéma élémentaire par ceci :

OdM

  • Selon une convention classique, sur le papier, le pôle émetteur se place à gauche, et le pôle récepteur se place à droite. On appelle actant chacun des pôles (E et R) du schéma.

Un actant peut faire partie d’un objet du message, et les actants sont des postes fonctionnels structuraux (Molinié,1993 :10). Après le rappel du mode de fonctionnement de la sémiostylistique actantielle, nous allons, à présent, procéder à la structuration actantielle de certains extraits de Congo Inc. Le testament de, Bismarck d’ In Koli Jean Bofane.

Pour ce qui est de l’actant récepteur , Georges Molinié note qu’il joue le rôle le plus important puisqu’il est, selon son expression, un actant récepteur puissanciel, c’est-à-dire une puissance idéologique et économique de réception qui équivaut au marché des lecteurs puissanciels.

C’est lui qui est le dénoteur de l’émission, c’est-à-dire qu’il provoque, stimule, excite le jet d’émission du côté de l’émetteur . C’est lui qui dessine le contour culturel à partir duquel se crée l’attention que va remplir ou non l’actant émetteur  dans son activité d’émission. C’est également lui qui permet d’intégrer les faits d’intra et, d’intertextualité (reprises internes à une œuvre et son rapport à la vaste république des lettres).

Il s’établit donc entre l’émetteur  et le récepteur  ce que G. Molinié appelle le pacte scripturaire dont le plus ou moins fort ressentiment de la beauté.

Le pacte scripturaire est à mettre en rapport avec les trois discours littéraires et le sentiment de rupture de ce pacte est un court-circuitage ou, mieux un brouillage actantiel. Le concept de brouillage est intimement lié à la littérarité et participe de la modernité.

On est donc bien armé pour immerger dans la production romanesque bofanien sur laquelle on peut dorénavant jeter un regard un tout petit peu plus différent. S’agissant d’un discours narratif à la troisième personne, on s’attend bel et bien à relever une grande quantité de segments textuels (pour ne pas dire la plus grande masse) directement référables à un niveau I simple.

Nous pouvons cependant admettre la plausibilité de l’interprétation du premier segment, ne serait-ce qu’en raison des contraintes culturelles (imposées par le récepteur  ) dans lesquelles se limite forcément la réaction linéaire de tout lecteur entreprenant, même naïvement, l’entrée dans ce texte, quitte à se transformer aussitôt en lecteur analyste. Donc, nous sommes chacun à chaque acte concret, l’actant récepteur de base, du niveau I. Quoi qu’il en soit, d’autres segments ont le même statut. Quelques-uns, pris au long de notre roman.

  1. Le niveau I.

Comme nous l’avons souligné précédemment, le niveau I est le niveau de base, parfois univoque et simple,  à la troisième ou à la première personne ; parfois compliqué et démultiplié en diverses strates énonciatives emboîtées les unes sur les autres : c’est celui de la narration ou de la description immédiates et obvies des romans, des essais ou des poèmes dans les passages où ne sont mis en scène nuls personnages se parlant entre eux.

 Pour le cas le plus massif et le plus élémentaire, le moins élaboré de sous-stratification énonciative, un actant émetteur narrateur ou récitant (racontant) s’adresse à un actant récepteur lecteur. Sur cette base s’articule souvent un niveau II, lui-même indéfiniment sous-stratifiable en de multiples actes d’énonciation dépendant les uns des autres, où se situent les prises de paroles, explicites ou implicites, de personnages (des acteurs) textuellement mis en scène : le cas le plus simple est celui des dialogues romanesques. A quoi on ajoutera qu’il peut éventuellement se former d’autres types de relations actantielles (énonciatives) ; soit par « remontée » actoriale  (tel personnage) d’un niveau à un autre selon qu’il est impliqué à plusieurs strates de prises de paroles, soit par relations « oblique », selon que des actants de tel niveau entretiennent simultanément une relation supplémentaire avec un actant d’un autre niveau.

Après le rappel du mode de fonctionnement de la sémiostylistique actantielle, nous allons à présent, passer à la structuration actantielle de certains extraits de « Congo Inc. Le testament de Bismarck » d’In Koli Jean Bofane. Voici les extraits qui illustrent  le niveau I dans notre roman :

« L’exaspération provoquée par les innocentes bestioles depuis une heure avait stimulé les facultés d’Isookanga, lui permettant de tracer plus rapidement sa route à travers la forêt, (p11).

La rage d’Isookanga à cet instant avait atteint son paroxysme. Déboulant de la forêt, il héla un gamin, lui balança le sac de jute renfermant les petites bêtes et lui ordonna d’aller le déposer chez vieux Lomama à l’autre extrémité du village (pp. 12-13).

Le vieux continua à déverser des torrents de paroles du même acabit (p.16).

Dans la tribune, on commençait à s’impatienter. Les kinois, semblables à eux-mêmes, s’efforçaient d’affirmer leur présence, mais ruine de rien. Du coté des villageois, les mouchoirs tournoyaient de plus belle (p29).

Non loin du Grand marché, la nuit, témoin des turpitudes des ombres glauques qui avaient circulé en elle sans, s’était éclipsée (p63).

Lorsque la nuit vint, le marché s’était vidé des commerçants. L’obscurité était tombée comme un rideau (p88).

Nous avons relevé une grande quantité de segments textuels directement référable à un niveau I parce qu’il s’agit d’un discours narratif à la troisième personne.

Le premier extrait, parle de l’exaspération du jeune Isookanga qui se révolte contre la vie du village, il cherche à se libérer, quitter cette forêt remplie d’insectes, d’ animaux, etc.

Le deuxième extrait (p12-13), c’est toujours Isookanga, qui est déterminé de quitter tout, son oncle Lomama, chef du village.

Le troisième extrait (p.16), c’est l’oncle qui est attristé par le fait que son neveu veut l’abandonner pour aller découvrir le monde.

Dans l’extrait cité à la page 29 c’est la description de la journée où on était venu inaugurer le pylône des télécommunications. Il y avait plusieurs invités notamment les autorités kinoises qui commençaient déjà à s’impatienter.

Le segment tiré de la page 63 parle de l’ambiance qui régnait autour du Grand Marché de Kinshasa, des gens de la rue ou shégués qui passaient leurs nuits dans le marché, notamment le vieux Tshitshi, son ami, le Chinois Zhang Xia, arrivé en RDC dans les valises de M. Liu Kaï, un autre Chinois, entrepreneur en travaux publics et privés et qui, malheureusement, sera abandonné par son compatriote.

Et dans le dernier extrait (p.88), on parle de la nuit au Grand Marché pendant laquelle les filles de la rue (shéguées) notamment Shasha la Jactance, se donnaient pour quelques dollars parce qu’elles n’avaient pas de choix pour leur survie. Les acteurs étaient toujours des hommes murs, les actrices, des enfants à peine pubères, et c’étaient-elles, fâcheusement, qui jouaient les premiers rôles, en dehors des feux de la rampe.

Comme on vient de le voir, certains des passages cités dans ce travail ne correspondent à la saisie proposée que pour les extraits matériellement repris et d’autres que nous avons évoqués ici, balisent de plus longs passages de même niveau. Dans tous ces passages, c’est le narrateur qui s’adresse à son narrataire (lecteur) par le récit à la troisième personne. Il melange narration et description, c’est-à-dire que dans certains segments, il invite son lecteur à assister à ce qui se passait : description de temps (la nuit), lieu (au Grand Marché), actants (commerçants).

Par les segments que l’on vient de proposer, on est arrivé à se faire du moins une idée de l’homogénéité de cette situation actantielle. Cette situation correspond au schéma élémentaire, apparemment massif, de la saisie ainsi représentée :

I         E                 odm                      R

          Narrateur                                 Lecteur     

A ce niveau I, on trouve que l’actant Emetteur narrateur s’adresse à l’actant récepteur impersonnellement, par un discours narratif décrit à la troisième personne, avec ses marques les plus traditionnelles.

Dans les recettes que nous avons proposées, nous avons pu noter cet inévitable profond traditionnel. Mais aussi on a remarqué qu’il n’est ni si massif qu’on peut s’y attendre à priori, ni plus massif que certains récepteurs pourraient l’attendre, ceci a permis d’évaluer la mixité observée au niveau de la réception , de ce public de Jean Bofane

On a remarqué également qu’il y a une sorte de contiguïté avec d’autres structures actantielles : le fond traditionnel est troué.

  1. Le niveau II.

Dans les pages précédentes, nous avons  souligné que cette instance concerne les personnages. Mais ce niveau est supporté par le niveau I. A ce stade, il s’agit de voir les échanges de paroles entre les personnages dans les textes qu’en mettent explicitement. En voici les messages :

« Isooknga s’exécuta volontiers. Le type appuyé à la voiture se saisit du sachet, mordit dedans avec les molaires et, de sa grande main qui tenait… Il lissa le plastique pour soutirer les dernières gouttes et le jeta dans le caniveau comme une vieille peau de banane.

  • Petit, tu es d’où ?
  • De la Tshuapa, mwana’ Ekanga pire
  • Tu me connais ?
  • Non, Vieux
  • Je suis ton patron (p132)

                 Isookanga                            Kiro Bizimungu

E                                              R

  1. E R

                             Narrateur         2b          Lecteur

Dans ce passage cité ci-dessous, nous avons deux niveaux :

Le niveau I supporte le niveau II. Il est observé à partir du récit (Isookanga… banane).  Dans ce niveau, le narrateur s’adresse au narrataire : il lui passe une information à la troisième personne, parce qu’il est extradiétique. Le discours familier et la comparaison sont aussi des éléments qui soulignent cette relation. Le niveau II est représenté par l’interlocution entre Kiro Bizimingu et Isookanga (ces derniers Se parlent mutuellement et alternativement).Ce niveau est trahi par les déictiques personnels « je, me/tu et ton » et quelques modalités dont les interrogations.

L’extrait cité ci-dessous peut nous conduire au schéma 2 à représenter de la manière suivante :

« je comprends votre détresse et je compatis à la perte tragique de votre collègue. Néanmoins, vos exigences sont par trop disproportionnées. Les funérailles, nous nous en occuperont évidemment, nous connaissons la situation familiale du jeune défunt. Concernant les centres de formation et d’accueil que vous exigez, je peux vous promettre solennellement, ici et aujourd’hui, de faire tout ce qui sera en mon pouvoir concrétiser cette volonté de réinsertion. L’amnistie générale, le colonel Mossissa… (p116).

Dans ce  segment, il s’agit du gouverneur de la ville de Kinshasa qui vient apaiser les émotions de ces jeunes de la rue communément appelés shégués après la mort de l’un d’eux. Voici son schéma.

Isookanga (et ses compagnons)-gouverneur Isookanga (et des compagnons)- gouverneur.

II                 E                                              R

                   E                                             

                   Narrateur          2a                   Lecteur.

Le schéma 2a a représenté l’interlocution entre Isookanga (et ses compagnons) et Gouverneur, le schéma 2b représente un échange entre Isookanga et Kiro-Bizimingu ensemble d’un côté et tel autre personnage de l’autre, schéma adaptable selon chaque saisie correspondant à tel lien textuel concret. On est en face d’une situation d’interlocution : le colonel s’adresse aux enfants par les déictiques : je, mon, nous, cette. Quand il utilise le nous, signifie qui parle au nom du gouvernement. Le déictique vous renvoie aux enfants qui sont ses destinateurs ou récepteurs.

Voici l’extrait de passage qui semble globalement correspondre à la même approche actantielle.

Le pasteur Jonas MONKAYA s’adresse à ses fidèles dans son Eglise de la Multiplication divine pour attirer ces derniers de ne pas quitter son Eglise :

« Le révérend venait d’accrocher le micro à son support, la parole de Dieu allait être délivrée

  • Alléluia, dit-il
  • Amen ! répondit la salle
  • Alléluia, réitéra-t-il.
  • Amen, répéta l’assemblée.
  • Mes très chers frères et sœurs. Dieu s’est adressé à moi la nuit dernière. Il m’a dit : « Jonas Monkaya ! ». J’ai répondu : « Me voici, Seigneur ! ». Il m’a alors confié : « Jonas, mon fils, je ne suis pas content. J’avais envoyé pour une tournée d’inspection mes archanges Gibril et Michael. Quand ils revenus,ce qu’ils m’ont rapporté m’a profondément attristé ». mais, mes frères et sœurs, qui croyez-vous que les archanges aient bien pu voir en venant ici sur terre ? Ils se sont rendu compte que certains parmi nous avaient quitté l’Eglise de la Multiplication divine pour la perdition. Le Pasteur repris avec plus d’emphase :
  • Ils ont quitté l’Eglise de la Multiplication divine pour la perdition, chers frères et sœurs ! c’est cela que le Seigneur m’a révélé hier soir. (pp146-147)

Le schéma actantiel est celui-ci. C’est un dialogue entre le révérend Jonas Monkaya et l’assemblée (ses fidèles).Le narrateur dit au lecteur que le révérend venait de prendre le micro pour donner la parole de Dieu à l’assemblée. Il dit que le révérend a dit « alléluia » et la réponse de l’assemblée c’est « Amen ! » Le révérend dit que Dieu s’est adressé à lui, Dieu a envoyé les archanges Gibril et Michael. Les archanges ont rapporté à Dieu ce qu’ils ont rencontré. Le pasteur continue à s’adresser à l’assemblée

Ce modalisateur « amen ! » joue la fonction conative mais impressive. Nous avons une de jeu des déictiques dans ce dialogue :

-révérend qui s’adresse à l’assemblée par  mes, moi, me, je, ici, nous ; et l’assemblée par vous.

-Dieu s’adressant au révérend : mon, je, mes.

. Archa

nges                                                   Die

  1. Dieu Archange
  2. Dieu Révérend Monkaya
  3. Révérend Monkaya Dieu
  4. Dieu Révérend Monkaya

II       1.Révérend Monkaya                                             Assemblée (fidèles)

 I    E                                                           R

       Narrateur                                                       lecteur

Au niveau I, que l’on n’a pas de raison particulière ici de stratifié s’inscrive les membres de phrases comme di-il, répondit-il, réitéra-t-il, répéta… tous les autres types de segments textuels sont en niveau II. On a indiqué par des pointillés verticaux, parallèles à la potence représentant les empilements des dépendances énonciatives impliquées dans les propos tenus par le révérend Monkaya à son assemblée, les « remontées »d’un actant (ici émetteur) de niveau inférieur au poste (ici  récepteur) de niveau supérieur, en infléchissant en haut la ligne pointillée à droite vers le poste actantiel supérieur récepteur. On constate qu’à l’intérieur de ce niveau II, entre chaque niveau interne (codé en chiffres arabes, pour bien marquer la différence spécifique des deux grands niveaux I et II) du 1 à 2 jusqu’au 4 à 6 exclusivement, chaque actant inférieur E se trouve systématiquement actant R au niveau immédiatement supérieur. L’intérêt de cette analyse actantielle est de clairement faire apparaître l’extrême complexité de la structure énonciative du texte : on rend ainsi parfaitement compte du sentiment fort d’épaisseur de littérarité qui émane de ce passage. On a comme une sorte de vertige énonciatif.

Partager ce travail sur :