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CHAPITRE II: MILEU, MATERIELS ET METHODES

2.1.    DESCRIPTION DU MILIEU D’ETUDE  

2.1.1. Situation géographique

Les groupements d’Irongo, de Luciga et de Lurhala, notre milieu d’étude, sont trois parmi les 16 groupements qui composent la  chefferie de Ngweshe, en Territoire de Walungu.

La Chefferie de Ngweshe est située à 2°35’ de latitude Sud et à 28°40’ de longitude Est et dont l’altitude varie entre 1000 et 2500m (Elle fait partie des hautes terres du Rift Valley Est Africain)

La Chefferie de Ngweshe partage les limites :

  • Au Nord avec le groupement Kamisimbi, enTerritoire de Kabare,
  • Au Sud avec les Territoires de Mwenga et de Shabunda,
  • A l’Ouest avec le Territoire de Kabare,
  • A l’Est avec la Chefferie  de  Kaziba,

Dans les Groupements de Kamanyola et Karongo/Nyangezi, la Chefferie partage des limites avec le Rwanda et le Burundi.

2.1.2. Relief

La Chefferie est dominée par une topographie formée de collines, plateaux  et un relief plus ou moins accentué constitué de hautes montagnes dont les sommets les plus élevés sont les monts Nidunga (2300m) et Mulume Munene (2500 m). Quelques groupements présentent de fortes pentes et certains endroits sont très accidentés parmi eux Kaniola, Izege, Luciga, Karhongo, Rubimbi et Mushinga. Dans les bas–fonds on dénombre 4 grands marais (Cidorho, Nyamubanda, cisheke et Nyalugana) qui à eux seuls couvrent plus de 4.000 hectares.

2.1.3. Climat

En général le climat de Ngweshe est humide  caractérisé par l’alternance de deux saisons : une saison sèche et une saison des pluies.  La saison sèche connaît une température élevée et une rareté de pluies durant toute cette période. C’est à ce moment qu’on cultive les endroits marécageux.

La saison de pluie dure 9 mois à partir de septembre, mais il s’observe une courte saison sèche d’environ 3 semaines au mois de mars. Les précipitations  moyennes annuelles  variant entre 900 et 1500 mm des pluies par an.  La température moyenne annuelle est comprise entre 190C et 230C. En ce qui concerne les sols, on remarque que dans  la collectivité de Ngweshe, il ya une grande complexité des variétés des sols, mais de façon général on y rencontre des sols argilo-sablonneux  du type latérite rouge, les sols noir meubles, les sols caillouteux  et les sols alluvionnaires dans les marais et bas fonds. En général le sol de Ngweshe est argileux et de plus en plus pauvre à cause des érosions et de la surpopulation. C’est ainsi qu’il y a beaucoup de conflits de terre dans ce territoire et l’élevage diminue sensiblement par manque de pâturages.

2.1.4. Hydrographie

Sur le plan hydrographique, la collectivité compte un grand nombre de cours d’eau et leurs eaux sont drainées par deux grandes rivières à savoir Mubimbi et Nshesha qui se jettent dans  la  rivière Ulindi, un des grands affluents du fleuve Congo.

2.1.5. Administration

Sur le plan administratif, la collectivité chefferie de Ngweshe compte 16 groupements qui s’étalent sur 1.599 km2 de superficie. Il s’agit de BURHALE, IKOMA, IRONGO, IZEGE, KAMANYOLA, KAMISIMBI, KANIOLA, KARHONGO, LUBONA, LUCHIGA, LURHALA, MULAMBA, MUSHINGA, NDUBA, RUBIMBI, WALUNGU. 

A côté de l’autorité administrative dont l’Administrateur de Territoire actuel Mr ELONGO NSANA, il y a les autorités coutumières. Ainsi à la tête de la collectivité chefferie de Ngweshe, il y a le Mwami (roi) en l’occurrence le Mwami MUHIGIRHWA NDATABAYE WEZA III. Celui-ci est le garant de la coutume et la succession et se trouve à la tête de la collectivité. Cette succession  se fait de père en fils. A la tête de chaque groupement, il y  a un chef de groupement souvent issu de la famille royale directement ou indirectement. Chaque groupement est formé de plusieurs villages avec à sa tête un chef du village nommé et révoqué par le chef de groupement après avis du chef de collectivité.

2.1.6. Démographie

Actuellement  la collectivité de Ngweshe compte 456.660 habitants avec une densité supérieure 250 hab. au km2. Il faux  signaler que  Ngweshe est l’une des collectivités qui a une des densités les plus élevées en RD Congo. Sa  population croît de manière exponentielle et à une  vitesse vertigineuse (elle a doublée en 27 ans) par rapport aux terres disponibles et aux infrastructures sociales existantes.  

En rapport avec  la population, les statistiques disponibles  à la Division Provinciale de l’intérieur  se présentent comme suit : 

HOMMES

FEMMES

GARCONS

FILLES

TOTAL

103.959  

120.998

107.074

124.629

456.660

Source : Division Provinciale de l’intérieur

Toutefois, il faut reconnaître que ces chiffres ont suffisamment évoluée du fait de l’explosion  démographique  dans la collectivité habitée  en majorité par les Bashi. On y rencontre un petit nombre de la tribu Warega dans le groupement frontalier de Mulamba, les Bafuliro et Bavira dans  la partie sud-est de la collectivité vers Kamanyola. De  plus en plus d’autres tribus sont présentes  dans la collectivité de Ngweshe particulièrement dans les sites miniers.  A ces derniers, il faut ajouter les réfugiés Rwandais. Ils  sont très mobiles à  l’est du pays, ce qui ne permet pas de connaitre leur nombre exact.

2.1.7. Economie

Dans  la collectivité de  Ngweshe,  l’agriculture constitue  la principale activité de la population.  Parmi les cultures de base on cite, le manioc,  la banane, le haricot et la patate douce.  Le bananier est cultivé sur toute l’étendue de la chefferie de Ngweshe mais il se trouve attaqué par  les cosmopolites sordidus. Elle peut couvrir 70 % de la superficie cultivable. Les conditions écologiques de la collectivité sont en général très favorables aux cultures maraîchères dans les marais d’altitude et la plaine de la Ruzizi. En  dehors de ces dernières, il y a  la présence remarquée des cultures commerciales et industrielles telles que le thé, quinquina et café. Mais ces derniers temps, les cultures sont quasi abandonnées suite notamment au climat généralisé d’insécurité qui a poussé les exploitants à les abandonner. Outre le climat d’insécurité généralisé, il y a aussi la crise financière internationale qui a conduit à l’arrêt de financement et la fermeture des usines. 

En dehors de l’agriculture, l’élevage du gros et petit bétail est très rependu car traditionnellement le peuple Mushi est un peuple pasteur. 

Malheureusement ces derniers  temps, l’élevage dans le Ngweshe est  en voie de disparition dû notamment au pillage systématique dont la collectivité a été l’objet par les groupes armés entre 1996 à 2006 et auquel il faut ajouter l’insuffisance d’encadrement par les services techniques de l’administration locale et les organisations non gouvernementales habilitées avec  comme conséquence une très forte mortalité des bêtes d’élevage. Les statistiques de 2000 du service vétérinaire du territoire de Walungu révèlent  qu’en 1960, la collectivité de Ngweshe comptait 36.834 tête de vache contre 8.893  têtes en 2000 soit une diminution de 76% en 40 ans. 

La collectivité chefferie de Ngweshe est assez pauvre en ressources du sous-sol. Les minerais les plus connus sont l’or, les cassitérites, le coltan et les wolframites. Ces minerais sont exploités de manière artisanale. Aucune exploitation industrielle n’existe dans la collectivité. Malheureusement, cette activité ne contribue pas au développement socio-économique de la collectivité à cause surtout de manque d’organisation des creuseurs. Au contraire, les minerais d’or ont contribué à exacerber les conflits armés qui continuent à endeuiller la chefferie.   

En rapport avec la situation écologique, la situation n’est guère luisante du fait de la dégradation  très prononcée de l’environnement à cause  notamment  de l’érosion, le déboisement des sites protégés et des bassins versants et la régression des forêts suite à la pression démographique. Cela continue à réduire fortement la surface exploitable dont dispose le ménage. L’érosion est considérée ici comme le premier phénomène responsable de la baisse de la productivité des sols qui frappe plus de 70 % des  ménages dans la collectivité.

2.1.8. Santé

 Sur le plan sanitaire il faut reconnaître que l’état sanitaire  de la population  de la collectivité de Ngweshe n’est pas satisfaisant malgré la présence de quelques formations médicales. Il se pose  un problème d’accessibilité économique aux soins de santé à cause du revenu trop bas  de la majorité des ménages, ce qui fait que la malnutrition est très alarmante et devenue une  maladie chronique dans le milieu.

2.1.9. Situation socio culturelle

Sur le plan institutionnel, la chefferie de Ngweshe a à sa tête un Chef de Collectivité qui est en même temps  le Mwami. Le  Mwami exerce sur ses administrés un pouvoir absolu, sa personne est  entourée de mythe et a un caractère sacré. Parmi les personnes les plus proches du Mwami, il ya  les BAJINJI (se sont les descendants des premiers Bami), la MWAMIKAZI (épouse du Mwami ou mère régente en cas d’empêchement du Mwami), les BAGULA (les vieux sages conseillers), les BALUZI ou BARHWALI (membres proches de  la famille du  Mwami). Ce sont  les BANYAMOCHA et constituent  la  noblesse du Mwami. Dans la hiérarchie  féodale du Bushi, on  trouve  également les BARHAMBO (des chefs politico- fonciers, descendant   de la famille royale, les BASHAMUKA ou les  personnes jouissant d’une noblesse, d’une grande considération sociale. Et plus bas encore il ya les BAGANDA remplissant la fonction de  messager du Mwami et les BALAGIZI qui sont des vassaux  ou le protocole à la cours du Mwami. Les habitants sont appelés BASHIZI ou sujet qui a payé le Kalinzi (droit de jouissance de terre qu’il occupe). Dans cette hiérarchie, les femmes sont toujours dépendantes. On les appelle BAJAKAZI ou BAJANYERE quant il s’agit des femmes ou filles servantes de la cours du roi (MUHIGWA, 2010)

S’agissant du régime foncier au Bushi, la terre appartient en principe au Mwami et son clan, les habitants accèdent aux terres par héritage. Les autres personnes acquièrent le droit d’exploitation et de  jouissance des terres grâce à 3 principaux types de contrats : le Bwasa, le Kalinzi et le Bugule.  Le Bwasa est un contrat de location à courte durée  et renouvelable chaque année moyennant un paiement ne dépassant pas une chèvre. Ce type de contrat ne favorise pas le développement agricole, car le locataire qui sait qu’il peut perdre son droit d’exploitation à n’importe quel moment ne se soucie pas de faire des travaux qui impliquent des investissements coûteux rentables à long terme comme la mise en place des dispositifs antiérosifs et des amendements des sols par des engrais. 

Le Kalinzi est un contrat de location à longue durée négocié moyennant paiement d’une ou plusieurs vaches. Toutefois le kalinzi n’est pas un achat, car celui qui donne le kalinzi se fait entrer dans une  relation d’assujettissement envers le récipiendaire. Dans la hiérarchie sociale, celui qui donne la vache de kalinzi devient sujet de la personne qui la reçoit. Il lui doit reconnaissance, soumission et contributions minimums en cas de mariage, deuil, construction et tout autre événement intervenant dans sa famille. Si le bénéficiaire d’un contrat de kalinzi se montre ingrat et insoumis envers son chef hiérarchique, ce dernier peut lui ravir son champ. Mais ce sont des cas qui arrivent rarement. D’ habitude, le kalinzi est héréditaire avec toutes ses implications. 

Le Bugule est un contrat moderne. C’est une vente pure et simple. Celui qui vend sa terre renonce définitivement à tout droit sur celle-ci. Il délivre un document écrit stipulant sans ambages qu’il lui a vendu une terre et il n’y a pas de relations sujet-chef entre les deux.

commissionnaires. Nombreux d’entre eux ont migré à Bukavu où ils poursuivent l’activité commerciale et minière. Ils  concentrent le gros de leurs investissements à Bukavu.

Figure 1. Carte administrative de la chefferie de Ngweshe

2.2. MATERIEL

- Un questionnaire d’enquête

- un carnet de terrain pour les discussions en groupe et pour enregistrés les réponses aux interviews.

- Un stylo

2.3. METHODES

La principale méthode utilisée au cours de cette étude est celle d’enquête sur terrain appuyé par des interviews et de discussion en groupes.

  1. Caractéristiques de ménages.

Les données qualitatives sur les caractéristiques de ménages enquêtées ont été recueillies à partir des réponses aux questions posées au chef de ménages, qui cocher la réponse lui en cas de quelqu’un qui a étudié et en cas de quelqu’un qui n’a pas étudiés les réponses étaient cochés par nous-mêmes.

  1. Les données quantitatives sur la taille de l’exploitation ont été obtenues par les réponses obtenues auprès des producteurs au cours de nos descentes dans leurs champs.
  2. Les sources de revenus, le mécanisme de survie, ont été obtenus à partir des réponses aux questionnaires.

Cette dernière a été complétée par :

Cette enquête a été compléter par une recherche bibliographique qui nous a permis de fouiller plusieurs livres, œuvres, articles et site internet en rapport avec notre travail.

la méthode de recherche participative qui nous a permis de saisir avec les paysans la réalité sur terrain, en ce qui concerne les stratégies utilisées par les petits exploitants du territoire de walungu et à l’occurrence ceux du groupement Irongo,Luciga et Lurhala en vue d’en dégager une connaissance  afin de constituer   une base récentes ;                    

  • l’interview structurée et l’entretien libre: il nous a permis de nous entretenir avec les paysans et en  les administrant des questionnaires qui ont trait à la sécurité alimentaire, aux stratégies développées pour surmonter les défis de la sécurité alimentaire dans les différents ménages ;
  • l’échantillonnage nous a permis de choisir au hasard 180 ménages selon qu’ils sont concernés par la situation de la sécurité alimentaire et repartis dans les trois groupements à raisons  de 6 localités par groupement et dans chaque localité 10 ménages ont étés enquêtés.

Afin de parfaire notre analyse, les données collectées ont portées sur l’Analyse de la sécurité alimentaire dans les ménages à petites exploitations agricoles.                              

 Les paramètres suivants ont été observés :

  1. les facteurs contribuant à l’insuffisance alimentaire : il est question ici de déterminer les causes liées à ce fléau.
  2. les principales cultures pratiquées par les différents ménages : il s’agit de savoir  les espèces végétales exploitées par nos enquêtés, estimer leurs rendements ainsi que celles destinées à la consommation et à procure le revenu.
  3. Les causes attribuées à la baisse de rendement : il a été question de vérifier l’état de connaissance des paysans sur les différents paramètres liés à la sous production et leur influence sur la dépendance alimentaire des ménages.
  4. L’existence au sein des ménages des stratégies de survie face à l’insécurité alimentaire : il s’agit de se renseigner sur la façon dont les ménages contournent la gravité de la situation étant déjà présentes dans les ménages, évaluer les différentes voix aux quelles font recours les ménages concernés.

Le dépouillement a été fait à l’aide d’une base des données conçue avec le logiciel Excel sur Windows7. Les données après nettoyage et formalisation ont été analysées par SPSS (Statistical Package for Social Science) et sur le logiciel Excel.

Une fois le nombre et l'identité des agro-éleveurs connus, des enquêtes systématiques ont été faites au niveau de chaque exploitation  pour déterminer la superficie cultivée, quantité produite,  évaluer les coûts de production et la taille de ménage. Mais aussi la quantité et la valeur des produits obtenus.

Ensuite les enquêtes ont porté sur les caractéristiques économiques et sociodémographiques des exploitations.

2.3.2. Analyse des résultats

Après avoir collecté  toutes ces données, nous avons procédé à la transformation ou à l'estimation de certaines valeurs :

Les revenus issus de l'agriculture sont des estimations de leurs revenus qu'ils tirent des terres cultivées. La superficie de chaque spéculation est multipliée au rendement escompté de la culture dans cette zone en année normale. Ces rendements nous sont fournis par l’IPAPEL et la SENASEM.  .

Les revenus issus de l'élevage sont ceux déclarés par les producteurs eux-mêmes : il s'agit de leurs productions de lait, des revenus tirés de l'embouche ou de la location d'animaux de trait.

Les revenus issus des activités extra agricoles sont une estimation par les producteurs eux-mêmes des revenus qu'ils tirent des activités qu'ils mènent dans ou hors de l'exploitation et qui ne concernent ni l'agriculture, ni l'élevage. Il s'agit essentiellement du commerce, de l'artisanat ou du transport et autres prestations.

Nous avons par la suite, procédé à leur traitement grâce à différents logiciels :

Excel  et SPSS pour les calculs et les constructions des graphiques, et la statistique descriptive,

Stat ITCF (Institut Technique des Céréales et Fourrages), pour faire la typologie avec une Analyse Factorielle des Correspondances Multiples (AFCM),

2.3.3. Les outils mathématiques les plus courants

Il s'agit essentiellement d'outils statistiques et de probabilités, de calculs différentiels (équation aux dérivées partielles et ordinaires). Plus précisément,

  1. Pour les modèles prédictifs : la projection, qui consiste à prédire la valeur d'une grandeur numérique continue à partir des valeurs passées, par exemple en utilisant les méthodes de régression (linéaire ou non) ;
  2. Pour tous les modèles :
  • la classification, ou catégorisation, qui permet de situer une observation (événement ou individu) dans un nombre réduit de classes prédéfinies ;
  • la représentation graphique, qui donne une image visuelle ;
  • l'utilisation des variables centrées, où une variable est censée représenter toutes les autres (ex. la moyenne) ;
  • la corrélation, qui permet d'associer plusieurs variables quand elles ont un comportement commun ;
  • la clusterisation, qui consiste à présenter les observations par paquets les plus homogènes possibles (les clusters) ;
  • la réduction de dimensionnalité, qui consiste à créer, à partir d'un ensemble d'observations, un ensemble réduit d'observations (c'est-à-dire moins nombreuses) qui est réputé se comporter comme la population initiale.

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