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CHAPITRE V: DISCUSSION ET SYNTHESE DES RESULTATS

5.1 : Discussion des résultats.

L’objectif de notre recherche est d’étudier les déterminants de l’augmentation de l’incidence des IST dans le district sanitaire de Koupéla. Cela nous a amené à émettre des hypothèses relatives à cette augmentation. Les résultats que nous avons obtenus à l’issue de l’enquête nous ont servit à vérifier ces hypothèses. La discussion des résultats à consisté à confronter les résultats de l’étude aux normes et exigences en vigueur en matière de lutte contre les IST. Nous pourrions aussi confronter nos résultats à ceux d’études antérieures.

5.1.1: Les facteurs liés aux services de santé.

  • L’accessibilité géographique des services de santé.

Une des conditions d’utilisation des services de santé est la proximité des FS sanitaires périphériques aux populations. Au BF toutes les populations vivant à moins de 10 km d’une FS ont accès aux services de soins curatif.

Notre étude a trouvé que 89,8% des populations enquêtées vivent à moins de 10 km d’une FS. Cette proportion dépasse largement la proportion nationale qui était de 72,48% en 2007 [29]. A ce titre, on pourrait dire que les populations sont plus proches des FS en matière de soins curatifs. Mais dans le cadre de la lutte contre les IST, les 10,2% des populations qui n’ont pas accès aux services de santé représentent une proportion non négligeable si l’on admet que même un cas d’IST non traité peut être une source de contamination pour beaucoup d’autres personnes. En effet dans le contexte de sous développement que vit notre pays, l’éloignement des FS crée des dépenses supplémentaires en santé pour nos populations démunies. Cela a comme conséquence le recours à d’autres moyens de soins tels la pharmacopée traditionnelle non encore structurée, et l’automédication dont la consommation des médicaments de la rue.

  • Mise en oeuvre des activités d’IEC

L’amélioration de l’état de santé de la population passe avant tout par une éducation sanitaire. Cette tache est dévolue aux services de santé. Dans la lutte contre les IST, l’IEC est avant et à la fin de tout processus de soins. L’état de mise en oeuvre de cette activité peut être vérifié auprès des populations.

Ainsi, notre étude a trouvé que 90,6% des populations enquêtées ont déclaré avoir entendu parler des IST par les services santé. Des conclusions différentes de celles-ci ont été abouties par H. OUEDRAOGO [18] qui avait trouvé dans son étude que seulement 23% des enquêtés avaient entendu parler des IST auprès des services de santé.

Cette proportion de 90,6% montre que beaucoup d’efforts sont abattus par les agents de santé du DSKPL dans l’éducation des populations en matière d’IST. Toutefois, en matière d’IST, le renforcement des acquis doit être de rigueur.

  • Disponibilité des ressources

La disponibilité des ressources en quantité et en qualité est l’une des conditions de réussite des missions des services de santé. Les résultats obtenus à l’issu de l’enquête dans les services de santé donnent une idée sur la disponibilité des ressources.

ü Les ressources humaines.

Au Burkina Faso, la norme en personnel dans les FS publiques du 1er échelon est d’au moins 3 agents de santé.

Les FS qui ont au moins 3 agents de santé représentent 83,3%. Cette proportion pourrait être acceptable lorsqu’on la compare à la proportion nationale qui était de 75,95% en 2007 [29]. Mais en santé publique, la recherche de l’efficience doit être une préoccupation constante pour les services de santé.

ü Le matériel medico technique et d’IEC

La disponibilité du matériel medico technique et d’IEC est indispensable pour une bonne PEC des IST et la mise en oeuvre des activités d’IEC. Parmi tous les matériels que nous avons cités, chaque matériel a une fonction qui ne saurait être remplie par un autre dans la lutte contre les IST. C’est dire que chaque FS devrait disposer de tous ces matériels pour assurer une PEC de qualité à la population. Mais les résultats de l’étude montrent qu’aucune FS ne dispose de tous les 14 matériels requis. Ce n’est pas le cas de A. BARGO [17] qui avait trouvé dans son étude que les matériels de travail étaient tous disponibles dans 42% des FS. Nous estimons alors qu’il ya une insuffisance en matériel médico-technique et d’IEC dans le DSKPL. Cela pourrait dénoter d’une mauvaise organisation des services qui a sans doute des conséquences dans la lutte contre les IST. Cette affirmation tient du fait que les matériels tels que les affiches IST, les GDT IST, les lampes d’examen (ou simple torches), le pénis en bois et les préservatifs masculins, où l’insuffisance a été le plus constatée, sont des matériels d’acquisition aisée pour toute FS à notre avis.

ü Les MEG et consommables IST

Les MEG et consommables sont indispensables pour la PEC et la prévention des IST. Dans toutes les FS, trois molécules étaient disponibles. Cependant, tous les 10 types de molécules ou consommables requis dans une FS en matière de lutte contre les IST n’étaient disponibles dans aucune FS. A. BARGO [17], a trouvé un résultat fort différent du notre dans son étude. Elle a trouvé en effet que dans 66,66% des FS, la disponibilité en MEG était suffisante. Cette divergence des résultats est due aux différences des critères utilisés pour apprécier la disponibilité en MEG et consommables. Pour notre part, nous estimons que tous les MEG et consommables dont nous avons apprécié la disponibilité ont chacun des fonctions spécifiques et complémentaires dans la lutte contre les IST. Cette situation dénote d’une insuffisance de gestion des MEG dans les FS qui pourrait affecter durement la lutte contre les IST. En effet, les conséquences de cette situation pourraient être les traitements insuffisants, l’insatisfaction des bénéficiaires et partant de là, l’augmentation de l’incidence des IST.

ü Le renforcement des connaissances et compétences

Le renforcement des connaissances et des compétences des agents de santé est une activité continue des services de santé. Cela se fait lors des séminaires de formation/recyclage et les supervisions. Pour la lutte contre les IST qui est l’affaire de tout prestataire, tout agent de santé devrait bénéficier d’une formation en dehors de celle reçue à l’école et d’une supervision sur la PEC et la prévention. Les résultats d’enquête réalisée auprès des prestataires font état d’une proportion de 50% des agents de santé ayant reçu une formation et d’une proportion de 36,7% des agents ayant reçu une supervision sur la lutte contre les IST. Ces résultats dépassent ce qu’avait trouvé H. OUEDRAOGO. [18]. Elle avait en effet trouvé que seulement 40% des prestataires ont été formés ou recyclés et 5,9% des prestataires ont été supervisés sur la prise en charge des IST.

Les différentes proportions que nous avons trouvées, bien que meilleures par rapport à celles de H. OUEDRAOGO. [18] pourraient être en deçà des attentes compte tenue de l’impact combien important de la formation et de la supervision sur les connaissances et la qualité des pratiques des prestataires dans la lutte contre les IST. En effet la formation et la supervision semble avoir une influence sur la connaissance des agents enquêtés. Le test de khi2 est statistiquement significatif pour chacune de ces variables (P< 0,05). En d’autres termes, la probabilité d’avoir une bonne connaissance sur les IST quand on a été formé ou supervisé est suffisamment plus grande que quand on n’a pas été formé ou supervisé pour qu’on puisse dire que la formation et supervision ont une influence sur la connaissance des IST. Ces résultats sont corroborés par l’étude de A. DAO [20], lui qui avait trouvé une relation significative entre la formation/recyclage et la connaissance des IST.

Ces informations montrent que la formation et la supervision des agents sont des déterminants significatifs dans la connaissance des prestataires sur les IST, donc dans le renforcement de la qualité de la lute contre les IST.

En résumé, on note une insuffisance en matériel médico-technique et d’IEC (aucune FS ne disposait de tous les matériels indispensables dans la lutte contre les IST), une insuffisance en MEG et consommable (aucune FS ne disposait de tous les produits indispensables dans les dépôts MEG) et une insuffisance dans le renforcement des compétences et connaissance des agents (seulement 50% des agents ont reçu une formation et 36,7% la supervision).

On arrive donc à la confirmation de notre première hypothèse de recherche selon la quelle les facteurs liés aux services de santé expliquent l’augmentation de l’incidence des IST.

5.1.2: les facteurs liés aux prestataires.

Les prestataires des services de santé sont les plus impliqués dans la lutte contre les IST. C’est pourquoi des facteurs qui leur sont liés tels que leur connaissance, leur qualification professionnelle, leur expérience professionnelle et leur motivation en matière de lutte contre les IST comptent beaucoup dans la mission à eux confiée.

Afin d’apprécier la connaissance des prestataires sur la lutte contre les IST, nous avons arrêté qu’un prestataire devrait pouvoir répondre favorablement à au moins 70% des questions relatives aux items d’évaluation des connaissances.

Les résultats donnent 30% de connaissance générale. En d’autres termes, 30% des agents enquêtés ont répondu favorablement à au moins 70% des questions. Ces résultats ne semblent pas corroborés avec ceux obtenus par A. BARGO [17] dans son étude, elle qui avait trouvé que 82 % des prestataires ont une bonne connaissance sur les IST. Cette différence des résultats trouve certainement son explication dans la différence méthodologique. Mais en dépit de cette différence méthodologique, nous estimons que nos résultats dénotent d’une insuffisance générale de connaissance chez les agents de santé du DSKPL car nous attendions à ce que 70% des agents enquêtés répondent favorablement à au moins 70% des questions. En particulier, les généralités (40%), la PEC des partenaires (53,33%) et l’enregistrement/notification (30%), sont des items sur les quels la plupart des enquêtés ont donné des réponses insuffisantes.

Avec le niveau atteint, on est en droit de penser que la prise en charge et la prévention des IST se trouveront affectés et que les actes posés par certains prestataires sont inefficaces pour réduire l’incidence des IST dans le DSKPL. Mais l’expérience professionnelle et la motivation des agents sont aussi des facteurs qui participent à la variation de l’incidence des IST.

L’ancienneté de service des agents enquêtés varie entre 1 et 18 ans avec une ancienneté médiane de 5 ans. Cela veut dire que 50% des agents ont une expérience professionnelle comprise entre 1 an et 5 ans et 50% ont une expérience professionnelle comprise entre 5 ans et 18 ans. Ces résultats ne semblent pas corroborés par d’autres études. M. KABORE [21] a trouvé un résultat fort différent du notre. Dans son étude, les agents ayant participé à l’enquête avaient une ancienneté médiane de 21 ans avec un minimum de 15 ans et un maximum de 25 ans. La différence vient du fait que dans l’étude de M. KABORE, l’enquête n’a concerné que des agents de santé spécialisés dans le suivi médical des travailleuses de sexe, en générale plus expérimentés, donc avec plusieurs années d’expérience. Cette étude montre que la qualité des services de santé en matière de PEC des IST requiert une bonne expérience professionnelle de la part des agents. De ce point de vue, le résultat auquel nous sommes parvenus dénote d’une expérience professionnelle insuffisante dans le DSKPL dans cette étude. Toutefois, cette insuffisance ne saurait être imputable ni aux agents de santé, ni aux autorités sanitaires dans la mesure où il ya chaque année de recrutement de nouveaux personnels. Néanmoins, cette insuffisance qui, du reste, peut être comblée par la formation continue à travers les formations/recyclage et les supervisions, contribue à expliqué l’augmentation de l’incidence des IST dans la mesure où les relations entre la connaissance et les variables «formation » et « supervision » sont statistiquement significatives au seuil de 5%.

La formation et la supervision des agents sont des sources de motivation pour le personnel. Dans le cadre de la lutte contre les IST, chaque personnel devrait avoir une formation spécifique et des supervisions sur les IST. L’étude montre que 50% des enquêtés avaient reçu au moins une formation et 36,70% au moins une supervision au moment de l’enquête. Ces résultats ne sont pas corroborés par l’étude de H. OUEDRAOGO [18] qui avait trouvé que 40% des agents avaient été recyclés et 5,9% avaient été supervisés sur la PEC des IST. M. KABORE a trouvé également un résultat tout à fait différent. Dans son étude, tout le personnel avait bénéficié de formations et de supervision au moment de l’enquête. Cette grande différence s’explique par le fait que la population d’étude de M. KABORE était constituée de personnel de services spécialisés dans la PEC des IST. Toutefois, les résultats que nous avons trouvés montrent que la motivation des agents de santé dans le cadre de la lutte contre les IST est insuffisante. Ce qui n’est pas sans conséquence sur les aptitudes et le rendement du personnel dans la lutte contre les IST. Cette influence est d’autant plus certaine que le test de khi carré montre une relation significative entre connaissance et formation/supervision (p< 0,05)

Au total, les connaissances des prestataires dans le DSKPL sont insuffisantes (seulement 30% des agents ont une bonne connaissance sur les IST). L’expérience professionnelle est insuffisante (l’ancienneté médiane est de 5 ans avec de extrêmes allant de 1 à 18 ans). Le personnel est insuffisamment motivé (la formation et la supervision ont touché respectivement seulement 50% et 36,7% des agents enquêtés). La situation est encore moins satisfaisante dans la mesure où formation/recyclage, supervision et expérience professionnelle semblent avoir un lien significatif avec la connaissance des IST.

Ces résultats confirment alors notre deuxième hypothèse de recherche selon laquelle les facteurs liés aux prestataires expliquent l’incidence des IST dans le DSKPL.

5.1.3 : Les facteurs liés à la population

  • Profil sociodémographique

L’entretien avec la population a permis de recueillir leurs caractéristiques sociodémographiques qui peuvent avoir une influence sur la survenue des IST ou constituer des entraves dans la lutte contre les IST.

ü La distance

La distance médiane que doivent parcourir les enquêtés pour se rendre à la FS la plus proche est de 1km avec un minimum de 0 km et un maximum de 20 km. En d’autres termes, 50% des enquêtés parcourent 1 km au plus pour se rendre à la FS la plus proche. De plus, le 3ème quartile après rangement par ordre croissant de la distribution des enquêtés selon la distance de leur domicile à la FS la plus proche, correspond à 5 km. Cela signifie que 75% des enquêtés parcourent au plus 5 km pour se rendre à la FS la plus proche. Cette proportion montre que la situation est favorable à une bonne utilisation des services de santé, et cela eu égard à la proportion nationale d’accessibilité géographique (proportion des populations à moins de 10 d’une FS) qui était à 72,48% en 2007. Cela témoigne d’une meilleure accessibilité géographique des services de santé dans le DSKPL. Une bonne accessibilité géographique des services de santé devrait contribuer à la réduction des IST si les populations utilisaient convenablement les FS.

ü Le sexe

Le sexe féminin représente 53% des enquêtés tandis que le sexe masculin est à une proportion de 47%. Le sexe semble avoir une influence sur la survenue des IST. En effet le test de chi2 est statistiquement significatif au seuil de 5%. Ces résultats sont corroborés par l’étude de l’INSD [23] qui avait trouvé que la répartition des IST n’était pas uniforme entre les deux sexes. Dans notre cas, le sexe féminin pourrait être un facteur de risque de la survenue des IST. En effet, la probabilité de faire une IST quand on est de sexe féminin est de 59,5% tandis qu’elle est de 36,6% quand on est de sexe masculin. Il importe alors d’accorder une attention particulière au sexe féminin dans les actions de lutte.

ü L’âge

Notre échantillon est constitué majoritairement d’adultes de 25 à 49 ans (73,4%).

L’âge moyen des enquêtés est de 28 ans avec un écart type de 8 ans. C’est également l’âge moyen des personnes qui ont eu des antécédents d’IST. Cette moyenne se situe dans la tranche adulte. Ces résultats sont proches de ceux d’une étude prospective menée par F. LY et col [8] qui avaient trouvé que l’âge moyen des personnes atteintes d’IST était de 25 ans. Le test de chi2 de la variable « groupe d’âge » et la variable « survenue d’IST » n’est pas significatif. Cela signifie que dans cette étude, il n’y a pas un âge particulier auquel la survenue d’IST serait particulièrement importante dans cette population de 15 à 49 ans. Autrement dit, tous les âges dans la tranche d’âge de 15 à 49 ans sont concernés par les IST. L’âge ne semble pas non plus influencer la connaissance des enquêtés (test statistique non significatif). De ces résultats, l’âge ne peut être particulièrement tenu pour responsable dans la survenue des IST. Ces constats nous permettent de conclure qu’en dehors de ressources vraiment limitées, il ne serait pas pertinent de limiter les interventions à des tranches d’âge particulières dans cette population de 15 à 49 ans.

ü Le niveau d’instruction

La scolarisation a touché seulement 38,5% des enquêtés, tout niveau confondu. Cette proportion est faible rapport au taux rapporté dans la littérature selon laquelle le taux de scolarisation est de 43% en 2004 (source : DPEBA Kourittenga, service statistique). Cette situation témoigne d’une sous scolarisation de nos populations. Lorsqu’on connaît très bien le rôle que joue le niveau d’instruction dans les connaissances en matière de santé, et plus particulièrement en matière d’IST, on peut conclure que la situation n’est pas favorable à la diminution de l’incidence des IST. Le niveau d’instruction semble d’ailleurs avoir une influence sur la connaissance et la survenue des IST. En effet le test de chi carré est statistiquement significatif pour ces deux variables (p<0,05). Ce constat est corroboré par l’étude de l’INSD qui avait trouvé que les connaissances n’étaient pas satisfaisantes dans 77% des non instruits. Le fait d’être dans une situation de non instruit est ainsi un facteur de risque de survenue des IST. Le district qui compte jusqu’à 71,5% de non instruits selon notre enquête, est donc exposé à l’augmentation de l’incidence des IST.

ü Le statut professionnel

La majeure partie des enquêtés sont des cultivateurs et des ménagères dans les proportions respectives de 30,7% et de 38 ,3%. Le statut professionnel semble influencer la connaissance des IST et la survenue de la maladie (test statistique significatif au seuil de 5%). Le statut de fonctionnaire serait particulièrement favorable à la connaissance (la probabilité de connaître bien les IST quand on est de ce groupe est de 85,7%) et celui du secteur informel serait particulièrement favorable à la survenue d’IST (la probabilité qu’ils surviennent une IST quand on est de ce groupe est de 86,4%). Ces informations nous indiquent que l’établissement des priorités doit tenir compte de ces facteurs.

  • Comportement en cas d’IST.

Les comportements des populations en cas de survenue d’une IST déterminent la circulation des germes pour une grande part. En effet les informations sur l’itinéraire thérapeutique des individus atteints d’IST et celles sur la gestion du partenaire sexuel nous permettent de se faire une idée sur la propagation de ces infections dans la communauté. Pour pouvoir apprécier ces deux situations, il nous a été nécessaire de connaître les antécédents d’IST des enquêtés.

ü Itinéraire thérapeutique des patients atteints d’IST

Parmi les personnes ayant eu des antécédents d’IST, ceux qui ont recherché un traitement auprès d’un agent de santé sont de 64,7%, tandis que les autres ont eu recours soit à l’automédication (10%), soit aux tradi-praticiens (11,8%), ou n’ont pas du tout recherché un traitement (13,5%). Ces résultats sont corroborés par des études similaires sur la question :

- I.E. KAMBIRE [22] a trouvé que les enquêtés, en première intention, avaient eu recours, soit aux FS (71%), soit à l’automédication (11%), soit aux tradi-praticiens (7%), ou n’ont pas du tout recherché un traitement (11%).

- Selon l’INSD [23], parmi les enquêtés ayant déclaré avoir eu une IST et/ou des symptômes associés aux IST, 60 % se sont adressés à un professionnel de la santé pour être traité. Dans 30 % des cas, les enquêtés sont allées dans une boutique ou une pharmacie pour obtenir des médicaments ou des conseils (automédication). Enfin, dans 10 % des cas, les enquêtés ont consulté un guérisseur traditionnel.

- E. ZONGO [25], a trouvé que 90% des mères avaient recours aux agents de santé en première intention en cas de conjonctivite purulente de leurs nouveau-nés, et que les recours à l’automédication et aux tradi-praticiens représentaient respectivement 9% et 1% des enquêtés.

Ces résultats montrent que, bien que l’utilisation des services de santé en première intention soit importante, le recours à autre chose qu’aux agents de santé constitue encore de nos jours une pratique de soins.

Ces individus qui ont recours à d’autres types de soins autres que les services de santé sont une source de propagations des IST étant donné qu’ils traineront toujours avec les germes. Ces résultats montrent que l’itinéraire thérapeutique des patients atteints d’IST n’est pas à l’avantage d’une réduction considérable des IST dans le DSKPL.

ü La notification au partenaire sexuel

Le traitement du partenaire sexuel est une stratégie de réduction de la circulation des germes dans la communauté. Parmi les malades ayant consulté un agent de santé, seulement 62,7% (soit 69 personnes) ont été recommandé le traitement du partenaire sexuel par le prestataire. Ce qui montre que la PEC des IST connaît des insuffisances compte tenu d’une proportion importante d’individus (37,3%) chez qui le traitement du partenaire sexuel n’a pas été demandé.

Parmi les personnes qui ont bénéficié d’une recommandation du traitement du partenaire sexuel, 53,6% ont déclaré avoir porté l’information à leurs partenaires sexuels. Ce qui sous entend que 46,4% n’ont pas passé l’information à leur partenaire sexuel. Ce résultat est proche de ce qu’avait trouvé I.E. KAMBIRE [22]. Il a trouvé dans son étude que 64% des patients avaient tenu informés leurs partenaires sexuels de la nécessité de se présenter à la FS pour leur soin. Comme dans cette étude, notre étude montre une rétention de l’information de la part du patient initial et par voie de conséquence, une déperdition importante de cas dans la communauté. Ce qui n’est pas à l’avantage d’une diminution de l’incidence.

Parmi les personnes qui ont porté l’information à leurs partenaires, 24,7% ont affirmé que leurs partenaires sexuels n’ont pas répondu à l’invitation du prestataire. Ce qui montre qu’il ya certainement une insuffisance dans l’approche de notification au partenaire sexuel.

  • Comportement sexuel.

Les comportements des populations en matière de sexualité ne seraient pas en reste dans les facteurs qui expliquent l’augmentation de l’incidence des IST dans le DSKPL. En effet, les résultats d’entretien avec les populations sur leurs comportements sexuels sont éloquents.

ü Le nombre de partenaires sexuels

Une proportion de 30,9% des enquêtés ayant déclaré avoir déjà eu des rapports sexuels ont déclaré avoir eu plusieurs partenaires sexuels ces deux dernières années. Cette proportion est proche de celle retrouvée dans l’étude menée par F. LY et col [8] qui avait trouvé que sur le plan comportemental, parmi les individus ayant eu des antécédents d’IST, 34% avaient plus de 2 partenaires au moment de l’étude.

Dans une étude sur les comportements sexuels à risque, C. DIALLO [24] avait également relevé que 42% des enquêtés ayant une vie sexuelle active avaient plus de deux partenaires sexuels les 12 derniers mois précédant l’étude.

La proportion de 30,9% qui est similaire à celles relevées par ces auteurs nous indique que les comportements sexuels à risque dans le DSKPL sont aussi importants que dans les zones où ces études ont été menées, si l’on en croit aux déclarations des enquêtés. Le multi partenariat est l’un des facteurs qui n’est pas sans incidence sur la survenue des IST, en témoigne le test statistique de chi2 significatif au seuil de 5%. Il joue donc un rôle important dans l’augmentation de l’incidence dans le DSKPL dans la mesure où la proportion des personnes ayant ce comportement est importante.

ü L’utilisation des préservatifs

Les individus ont la liberté de vivre leur sexualité. Mais ils se doivent de protéger la santé des autres, surtout dans ce contexte actuel de pandémie du VIH. Le port des préservatifs à des occasions douteuses devrait être un reflexe pour tout citoyen de ce monde. Le résultat que nous avons obtenu sur l’utilisation des préservatifs sont alarmants si l’on en croit aux déclarations des enquêtés. En effet, 25% des enquêtés à partenaire sexuel multiple ont déclaré ne pas utiliser le préservatif lors des rapports sexuels à risque. C. DIALLO [24] a trouvé un résultat différent. Il a trouvé que 90,8% des enquêtés utilisaient systématiquement des préservatifs comme moyen de prévention contre les IST/SIDA. Ce qui veut dire que 9,2% n’en utilisaient pas systématiquement. Cela indique que l’utilisation systématique du préservatif aux situations à risque est moins importante dans le DSKPL. A considérer le test statistique de chi2, l’utilisation du préservatif lors des occasions à risque réduit la survenue des IST. Les conséquences qu’expriment les résultats auxquels nous sommes parvenus se résument à l’augmentation de la tendance des IST.

  • Connaissances sur les IST.

Les connaissances des enquêtés sur les IST pourraient se présenter comme déterminants clés de l’incidence des IST.

Pour apprécier les connaissances des populations sur les IST, des questions se rapportant aux items suivants ont été posées : Les manifestations des IST, les modes de transmission, les moyens de prévention, l’existence de traitement, les risques des IST.

Certains de ces items ont été traités par des auteurs comme H. OUEDRAOGO [18] et I.E. KAMBIRE [22]. Celle-ci a trouvé dans son étude que 40% des individus enquêtés connaissaient bien les modes de transmission des IST, tandis que dans notre étude, 82,03% des enquêtés ont une bonne connaissance. Nos résultats sont corroborés par l’étude menée par I.E. KAMBIRE qui a trouvé que 81% des individus avaient une bonne connaissance des modes de transmission. Au regard de ces comparaisons, on peut conclure que les modes de transmission sont assez bien maîtrisés par la population du DSKPL. Cela constitue un atout dans la lutte contre les IST.

Pour ce qui est de la prévention, notre étude relève qu’une proportion de 70,1% a une connaissance jugée satisfaisante. I.E. KAMBIRE avait trouvé une proportion de 47% et H. OUEDRAOGO était parvenue à un résultat de 17%. Les résultats de ces 2 études sont en déca des nôtres. Ce qui nous permet de conclure que nos résultats dénotent d’une assez bonne connaissance des populations en matière de prévention contre les IST.

D’une manière générale, les enquêtés devraient arriver à répondre convenablement à toutes les questions se rapportant aux items énumérés pour que leur connaissance globale sur les IST soit jugée bonne. Suivant ce critère, le résultat montre que seulement 42,45% des enquêtés ont une connaissance satisfaisante sur les IST. L’INSD a trouvé un résultat différent du notre. Selon cette étude, 69% des enquêtés n’avait pas une bonne connaissance sur les IST. Ce qui correspond à une proportion de 31% des populations qui ont une bonne connaissance. Ce résultat auquel nous somme parvenu dénote d’une insuffisance de connaissance sur les IST dans la population du DSKPL, dans la mesure où nous attendions à une proportion d’au moins 70%. Cette insuffisance globale est le corolaire des insuffisances de connaissance sur l’existence de traitement moderne efficace contre les IST (16,4%), sur les manifestations des IST (65,35%), et sur les conséquences des IST (63,02%). Cette situation a une incidence négative certaine sur la lutte contre les IST car pour bien combattre un mal il faut bien la connaître ; surtout dans le cas des IST où une bonne connaissance aide à les éviter au maximum.

  • Perception des IST.

Au total, 52,1% des enquêtés ont déclaré ne pas parler assez couramment des IST dans leur entourage. Les raisons essentielles de ce mutisme sont le tabou pour 22,5% des cas et la honte pour 75,5% des cas. A propos de la honte, I.E. KAMBIRE [22] a trouvé que 41% des participants de son étude avaient ressentit la honte qui les a conduit à éviter les services de santé pour les soins. Cela confirme l’idée généralement admise dans nos contrées selon laquelle le sexe constitue un sujet tabou. Cette situation pourrait constituer un handicap sérieux dans la lutte car, les populations chez lesquelles ce sentiment de honte ou de tabou est bien partagé sont peu disposées à participer aux débats de causerie éducative sur les IST, à plus forte raison être des relais pour la sensibilisation.

Tous ces résultats relatifs aux populations de 15 à 49 ans font état d’une insuffisance générale de connaissance dont la fréquence est assez élevée. Ils montrent également des comportements favorables à la propagation des IST. Ces résultats nous permettent de confirmer notre troisième hypothèse de recherche qui dit que les facteurs liés aux populations expliquent l’augmentation de l’incidence des IST.

5.2 : Synthèse des résultats.

De l’analyse et de la discussion des résultats, il ressort des points forts. Il ya également des points à améliorer qui pourraient être les facteurs favorables à l’augmentation de l’incidence des IST dans le district.

  • Points forts.

ü Bonne accessibilité géographique des services de santé. La majorité des populations (75%) parcourent 5 km au plus pour se rendre dans une FS plus proche. De plus, la distance médiane que doit parcourir un individu pour aller à la FS la plus proche est de 1 km.

ü La mise en oeuvre des activités d’IEC est effective, en témoigne la forte proportion de 90,6% des populations enquêtées qui ont déclaré avoir entendu parler des IST par les agents de santé.

ü Le niveau d’adéquation des ressources humaines est acceptable. 83,3% des FS enquêtés ont des ressources humaines suffisantes en qualité et en quantité.

ü Une proportion importante de 82,03% des enquêtés ont une bonne connaissance sur les modes de transmission des IST. De plus une bonne connaissance sur les moyens de prévention des IST a été trouvée à l’issue de notre analyse.

  • Les points à améliorer

ü Insuffisance de matériel medico technique : Aucune FS ne dispose de tous les types de matériels requis dans le cadre de la lutte contre les IST au moment de l’étude.

ü Insuffisance de MEG et consommables : Aucune FS ne disposait de tous les types de molécules et consommables requis dans la PEC des IST au moment de l’étude.

ü Insuffisance de renforcement de connaissance et de compétence : Seulement 50% de prestataires ont reçu au moins une formation et 36,70% seulement ont reçu au moins une supervision sur les IST.

ü Insuffisance de connaissance des agents de santé : Seulement 30% des prestataires enquêtés ont une connaissance globale acceptable sur les IST.

ü Une importante proportion de personnes (37,3%) ayant consulté pour IST n’ont pas été recommandés de traiter leurs partenaires sexuels.

ü Faible taux de scolarisation dans les populations enquêtés : 61,5% des enquêtés n’ont aucun niveau scolaire.

ü Faible taux d’alphabétisation: Les alphabétisés représentent seulement 44,8% des enquêtés.

ü Une importante proportion des enquêtés n’utilise pas les services de santé en matière d’IST en première intention : Seulement 64,7% des enquêtés ayant déclaré avoir eu des antécédents d’IST ont recherché un traitement auprès des agents de santé en premier recours.

ü Insuffisance d’information du partenaire sexuel par les patients : Parmi les individus qui se sont vus recommandés le traitement du partenaire sexuel, 46,4% n’ont pas pu transmettre l’information à leur partenaire.

ü Une proportion jugée importante (30,9 % des enquêtés) ont eu plusieurs partenaires sexuels.

ü Faible utilisation des moyens de prévention (46,13%) par la population.

ü Insuffisance de connaissance sur les manifestations des IST (52,05%) par la population.

ü Insuffisance de connaissance sur les conséquences des IST (63,02%) par la population.

ü Insuffisance de connaissance générale des IST : Seulement 42,45% des populations enquêtées ont une connaissance générale acceptable sur les IST.

ü La honte et le tabou qui entourent les IST. Ils représentent respectivement 77,5% et 22,5%.

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