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DISCUSSION DES RESULTATS

Il s’observé que l’ancienneté des producteur maraichers est comprise entre 5 et 10 ans, car c’est une culture qui est plus utilisés par les jeunes gens par manque des moyens pour étudier, culture qui ont hérités de leur parent. Selon une étude de Broutinet al. (2005) au Sénégal l’expérience moyenne est de 14,36 ans. Ceci provient du fait que beaucoup de jeunes gens ayant acquis des expériences dans le maraîchage auprès de leurs parents sont demeurées dans cette activité à cause de la précarité de l’emploi ou des échecs scolaires.

Nos résultants montrent qu’à part l’agriculture,  bon nombre des producteurs maraichers font d’autres activités comme le commerce, car le maraichage  se faisant sur de faibles étendues ne les permet pas de nouer les deux bouts du mois. Le maraîchage permet aussi aux femmes des villages de faire la commercialisation des légumes frais, de les mettre à la disposition des consommateurs et de faire des profits pour ainsi subvenir aux besoins de leurs enfants. Lemêmeétudea été fait dans le marais au Benin, étude réalisé par (Diaby, 2002)

Nos résultats montrent que  la superficie affectée  au maraichage est faible et généralement inférieure à un hectare.  Elle ne permet pas par conséquent à leurs exploitants de tirer un revenu colossal de la production. Ces résultats sont conformes à ceux de Tokannou et Quenum (2007) qui rapportent que les disponibilités en terre de Cotonou sont très réduites voire insuffisantes pour permettre à un maraîcher de vivre décemment de son activité. Par contre les catégories d’exploitations de taille relativement plus grande ont un revenu annuel plus élevé.

Cette étude  indique que les producteurs courent un grand risque par non lavage de leurs mains après la pulvérisation conformément aux règles d’hygiène pendant et après les traitements phytosanitaires. Ce cas est malheureusement général dans d’autres pays d’Afrique (Wade, 2003 ; Williamson et al., 2008).  Snelderet al. (2008) ont retrouvé les mêmes comportements chez les agriculteurs aux Philippines. De ceci il y a un danger et un risque de manger et d’avaler une partie de ce produit ce qui occasionnerait  le cancer de la prostate et de l’estomac, les maladies cardiovasculaires. Des études ont démontré des localisations tumorales selon le degré  d’exposition. Une méta-analyse réalisée par Acquavella et al. (1998) sur les données de 37 études portant sur les agriculteurs, n’a confirmé que l’excès de cancer des lèvres mais ce résultat ne concerne que l’exposition à l’activité d’agriculteur en général.

Le non recours, de la majorité, des maraichers des Ziban à l’utilisation des équipements de protection est dû, d’une part, au manque de conscience des ouvriers au véritable danger que représentent les pesticides et, d’autre part, au manque de ces tenues sur le marché et à l’inadaptation des celles proposées, par les vendeurs, aux conditions de travail dans leurs serres (températures élevées). Signalons, aussi, la non-conformité aux normes internationales des moyens de protection utilisés par les serristes trois localités des Ziban-Est. En effet, les gants, en latex, et les cache-nez utilisés ne sont pas conçus, spécialement, pour les opérations de traitements phytosanitaires. Cet état laisse les agriculteurs, en situation de non-protection, à cause de la durée de vie limitée, dans le cas des gants en latex, à quelques minutes (Schiffers et Mar, 2011). Cet état de non-respect des mesures de sécurité lors des opérations de traitement contre les bios agresseurs est signalé par plusieurs auteurs. Fayolle Poncet (2009) rapporte que 6,89% des apiculteurs, qui traitent contre le varroa dans les départements de l'Ardèche et de la Loire, en France, ne portent aucune protection. Au Maroc, dans la région de Sous Massa, Id El Mounden (2010), signale un taux plus important, mais inférieur au notre, soit 25% des serristes maraîchers, qui traitent sans prendre aucune mesure de sécurité. Gomgnimbou et al. (2009), notent chez les producteurs cotonniers de la région Est du Burkina Faso, 31 % des producteurs, qui ne portent aucun équipement de protection et les combinaisons types recommandées sont absentes. Nos résultats concordent avec ceux de Doumbia et Kwadjo (2009), où 76.19% des maraîchers d’Abidjan, ne prennent aucune précaution particulière, pendant les traitements.

Les refus ou négligence des lessivages des habits de travail a un impact négatif sur la santé de producteurs maraichers de notre milieu d’étude.  Ceci peut causer des problèmes cutanés tel que soutenu par l’étude faite à Tori-Bossito (Sud-Bénin) par Blair et al. (1985). Il en est également le cas pour  la plupart des cancers du système hématopoïétique (leucémies, myélomes, lymphomes), le mélanome cutané et les sarcomes des tissus mous.

Il s’est observé que les producteurs stockent généralement les pesticides dans leur chambre. Ce mode de stockage est surtout lié aux mesures de précaution prises pour éviter de se les faire dérober et à l’absence de pièces pouvant servir de magasins. Ces résultats sont en accord avec ceux de Cisséet al. (2003) au Sénégal. Le stockage en chambre pourrait être très dangereux pour les enfants, qui sont très vulnérables et qui peuvent les manipuler.

Par ailleurs, les maraîchers procèdent à des mélanges dont ils ne maîtrisent ni dosage, ni la rémanence, encore moins les propriétés physico-chimiques. Les mélanges des matières actives ainsi que les adjuvants des formulations pourraient avoir des effets additifs, de synergie, d’antagonisme. Ce qui se traduit par des risques de phyto toxicité, de rémanence accrue dans l’environnement, mais aussi des risques d’inefficacité du traitement et de détérioration du matériel (Tronetal., 2001 ; Thiam, 2007).

Le non-respect des délais  d’application avant récolte, couplé à la toxicité excessive de certains produits (56% appartenant à la classe II et 12% à la classe I) (Kouablé, 2002) expose à des risques de déjections animales utilisées comme fertilisants).

Par ailleurs, les maraîchers procèdent à des mélanges dont ils ne maîtrisent ni le dosage, ni la rémanence, encore moins les propriétés physico-chimiques. Les mélanges des matières actives ainsi que les adjuvants des formulations pourraient avoir des effets additifs, de synergie, d’antagonisme. Ce qui se traduit par des risques de phytotoxicité, de rémanence accrue dans l’environnement, mais aussi des risques d’inefficacité du traitement et de détérioration du matériel (Tronet al., 2001 ; Thiam, 2007).

Nos résultats montrent  que certains producteurs maraichers observent un ou deux jours avant la récolte, et pourtant parmi tous les produits en utilisation par les producteurs aucun de ces produits ne va en dessous d’une semaine pour ce qui est de délai d’attente. Par ce non-respect de délai d’attente et du dosage des produits, ces pratiques, constituent également des facteurs de risque pour les consommateurs qui ingèrent des substances toxiques dans leurs organismes. Des cas similaires avaient  été également rapportés par Wade (2003) chez les producteurs de Niayes au Sénégal. Les résultats d’Assogba-Komlanet al. (2007), décelant des teneurs de résidus dépassant les normes admises pour les organochlorés (DDT, endrine, heptachlore) dans les légumes, dans l’Ouémé au Sud-Bénin, confirment ces constats. Les considérations sur l’utilisation des pesticides doivent donc être prises au sérieux pour prévenir les intoxications alimentaires en rapport avec les pesticides. Des études menées par  Mpianaet al. (2014) aux Sud-Kivu  montrent que  24 % d’échantillons des  tomates avaient des valeurs en résidus de Mancozèbe supérieures aux normes de l’Union Européenne (European Food SafetyAuthority) et  33 % supérieures par rapport aux normes de l’EPA (Environmental Protection Agency). 73 % n’étaient pas bonnes à la consommation conformément au niveau maximum permis pour les dithiocarbamates dans les tomates (1mg.kg-1) en Allemagne. En ce qui concerne les choux, 83% des échantillons pour les différents sites investigués ne contenaient pas des niveaux détectables de résidus en Mancozebe alors que le reste en contenait moins de 0,1 mg.kg-1.

Il a été observé lors de nos enquête que certain producteurs utilisent comme matériels pour appliquer leurs  pesticides, le bassin ou casserole avec des branches des feuilles ou balai lors de la pulvérisation. Ceci constitue un danger pour eux et pour l’environnement car en appliquant les produits il y a une partie des produits qui se retourne contre eux et une bonne autre partie va être déversée dans des sources d’eau ou constitue une source de pollution pour l’environnement. Ce mode d’application constituerait aussi une source des pertes élevées lors de la lutte. Les mêmes observations ont été faites sur des périmètres maraîchers au Togo (Kandaet al, 2006) et au Botswana (Obopileet al, 2008). 

.  Il se remarque cependant qu’à Kamanyola 21,6% utilisent des bottes pour leur sécurité. Nos résultats montrent que les producteurs maraichers travaillent sans porter aucun matériel de protection. Ceci est très dangereux pour leur santé car il ya un fort taux d’intoxication. Pour le Thiodan, le Fury par exemple qui sont très répandus dans la zone, il est toujours recommandé un  port des gants résistants aux produits et un bon masque ou un respirateur (comme le respirateur 5058 d’American) ou le respirateur Agritox de wilson, car c’est un produit endosulfant et donc un stimulant de système nerveux central (Dümler C, 2002). Ceci expliquerait les symptômes signalés par les manipulateurs comme les cas des nausées, des maux de tête, d’indisposition générale, de convulsion généralisée telle que conclut par Bayer en 2000.

Les  résultats de notre étude ont révélé que les agriculteurs maraichers et vivriers de notre milieu épandent les pesticides le plus souvent à n’importe quelle heure. Ceci pourrait avoir un inconvénient sur l’environnement car il Ya des heures qui sont défavorables à l’épandage des produits. Par exemple,  en pleine journée ces produits s’évaporent facilement dans l’environnement.. Il est ainsi recommandé de pulvériser le matin après la rosée  car une fois faite en présence de la rosée,  la pulvérisation sera captée entrainée sur le sol et perdue. La rosée risquerait également de diluer le produit et ainsi réduire son efficacité. Mais aussi si la température est élevée ou si l’air est sec ce qui est souvent le cas en milieu de journée, les gouttelettes risquent de s’évaporer avant d’atteindre leur cible.  Ceci étant aussi valable en cas de vent violent  tel que cité par CIRAD (2000).

Le produit comme le FURY 10 EW est dangereux pour les abeilles et donc la pulvérisation est uniquement recommandée pour le soir, en dehors de la période de vol des abeilles sur les plantes en fleur ou exsudant du miellat.

Les résultats de notre recherche démontrent clairement  que  des producteurs maraichers abandonnent les emballages des produits utilisés en bordure des périmètres maraîchers, d’autres les recyclent pour d’usage domestique et la conservation de boisson. Ceci pourrait être très dangereux pour les enfants qui constituent une bonne partie de la main-d’œuvre lors des travaux culturaux. Une minorité de producteurs font l’incinération des flacons dans les marécages. Cette pratique est très dangereuse pour la faune aquatique et aussi pour les consommateurs des ressources halieutiques (Pazouetal., 2006). Ces comportements des producteurs doivent être corrigés afin de préserver l’état de santé de la population et de l’environnement.

Ceci serait probablement justifié par le fait que dans les zones d’étude la quasi-totalité des  exploitations maraichères se localise dans les marais ou dans le voisinage des marais et cours d’eau. Vu que beaucoup des cultures maraichères se font avec irrigation et pulvérisation des produits phytosanitaires qui sont demandeuses d’eau, les champs maraichers sont préférentiellement placés aux abords des puits, sources ou cours d’eau pour un accès facile à l’eau nécessaires pour les différentes opérations.

Les résultats de notre recherche montrent qu’il Ya des producteurs qui pulvérisent les pesticides aux abords des sources et points d’eau. Cette pratique a un impact très  néfaste  sur les organismes aquatiques  selon une étude de Richard et Giroux (2004).  Ses analyses ont démontré la présence de résidus de 17 pesticides dans le ruisseau Saint-Georges (15 herbicides, 1 insecticide et 1 fongicide). Cette étude montre que la présence de ces produit dans ce ruisseau peut réduire la croissance des algues vertes, inhiber partiellement la photosynthèse du phytoplancton, réduire la productivité primaire, la production d’oxygène dissous et la respiration des communautés aquatiques. Chez les poissons par, cette il se constate d’anomalies externes de type DELT (déformation, érosion des nageoires, lésion et tumeur)  dans les sites fortement contaminés par les pesticides ou situés à proximité des zones d’application (Richard et Giroux, 2004).

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