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CHAPITRE I: PRINCIPE DE LA GESTION INTEGRE DE LA FERTILITE DES SOLS (GIFS)

1.1 OBJECTIFS DE LA STRATEGIE GIFS EN AFRIQUE

1.1.1. Généralité

La gestion intégrée de la fertilité des sols peut se définir comme : « l’application des pratiques de gestion de la fertilité des sols en les adaptant aux conditions locales et des connaissances qui maximisent l’utilisation efficiente des engrais et des ressources organiques pour améliorer la productivité des cultures ».Ces pratiques incluent nécessairement la gestion des engrais et des ressources organiques d’une façon approprié   en combinaison avec des germoplasmes améliorés (Vanlauwe et al, 2010).

La Gestion Intégrée de la Fertilité des Sols (GIFS) n’est pas caractérisée par une seule pratique mais l’ensemble de ces approches combinées, des technologies disponibles dans le but de préserver la qualité du sol lesquelles nous permettent d’accroître la productivité des cultures (Sanginga et Woomer, 2009). La GIFS est une réponse à une gestion de la terre car la dégradation des sols et l’épuisement des éléments nutritifs pose un sérieux problème sur la vie et la sécurité alimentaire des populations surtout rural. (Sanginga et Woomer, 2009).

Parmi les paquets technologiques GIFS, selon Smaling et al (1997), une simple introduction des variétés améliorées et un usage modéré des engrais permettent d’accroître le rendement  des  cultures  mais  l’efficacité  agronomique des  engrais  reste  relativement  très faible. Par contre la combinaison des engrais en additionnant avec de la matière organique localement  disponible  permet  d’enrichir  même  les  résidus  de  récolte,  améliore  aussi l’efficacité  agronomique  des  engrais  et  la  qualité du  sol,  en  plus  de l’accroissement  du rendement des cultures.

D’autres facteurs vont pouvoir influencer la GIFS dont notamment le revenu des paysans, le développement des marchés et la promotion d’une bonne politique agricole qui a pour  but  de  promouvoir  la  disponibilisation  des  intrants  aux  agriculteurs  (Sanginga  et Woomer, 2009).

Les conditions locales vont influencer le GIFS, car il y a une grande variabilité de la fertilité des sols même au sein d’une exploitation familiale. Ces variabilités vont du niveau régional jusqu’au niveau continental. Cela a des conséquences sur l’application des engrais et sur l’efficacité agronomique c'est-à-dire que la réponse aux engrais va dépendre du type des sols. (Pypers, 2010 ; Sanginga et Woomer, 2009). Dans des sols pauvres, on aura une faible réponse aux engrais et par conséquent l’efficacité agronomique sera faible, d’où la gestion

consistera  à combiner les engrais chimiques à la matière organique. L’apport de la matière organique dans mécanismes pour accroître l’efficacité agronomique, particulièrement l’accroissement de la capacité de rétention de l’eau et des éléments nutritifs et une bonne synchronisation des apports de nutriments en fonction de la demande des cultures, mais aussi améliore la santé des plantes à travers l’augmentation de la biodiversité du sol et de la séquestration du carbone. (Sanginga et Woomer, 2009).

1.1.2. Les engrais comme point d’entrée du GIFS

La recommandation du sommet africain sur les engrais en 2006, a suggéré d’accroître  l’utilisation  des  engrais  de  8Kg  à  50  Kg  d’ici  2015.  Cette  recommandation renforce le rôle des engrais comme une clé d’entrée pour accroître la productivité des sols et améliorer la sécurité alimentaire des populations d’Afrique Subsaharienne. L’impact de la réussite de ce programme cible, dépendra cependant de l’efficacité agronomique de ces engrais. Cette efficience varie en fonction des  régions, des pays, des  agriculteurs et des champs (Prudencio, 1993 ;  Manlay et al, 2002 et Pypers, 2010). Dans les sols qui répondent aux engrais, la limitation due à la déficience en éléments nutritifs peut être résolue d’une façon durable en appliquant les engrais (Alley et Vanlauwe, 2009). Dans les sols qui ne répondent pas, seuls les engrais sans mesure de correction ne suffisent pas pour accroître l’efficacité agronomique et le rendement (Zingore et al, 2007, Vanlauwe et al, 2006).   Depuis les années 1960, plusieurs des séries de débats ont été déclenchés sur le rôle des engrais en Afrique tropicale.

Voici dans ce tableau les différents courants idéologiques qui ont conduit au principe de la gestion intégrée de la fertilité des sols en Afrique Tropicale.

Tableau 1: le changement des idées dans la gestion des sols tropicaux et leur effet sur la

gestion des ressources agricoles (Vanlauwe et al, 2006).

Période

Idéologie/paradigme

Rôle des engrais

Rôle de la matière

organique

expériences

1960         et

1970

1er              courant         sur

l’utilisation des intrants

externes

L’utilisation des  engrais

seul améliorera le rendement et de façon durable

Joue      un      rôle

minimal

Pas   de   succès   à

cause du manque des infrastructures, de politique et de système de culture adapté, etc.

1980

Courant sur l’utilisation

des intrants organiques

Joue un rôle minimal

C’est la principale

source               des nutriments

La production de la

matière organique exige des grandes surfaces  et  un travail laborieux, d’où  l’adoption était limitée

1990

Courant de Sanchez

Il joue un rôle essentiel

pour     suppléer     à     la déficience en nutriment

C’est     le     point

d’entré car servant comme fonction de base pour la libération des nutriments

Difficulté

d’accéder à la MO

limite l’adoption

2000

Gestion  Intégré   de   la

Fertilité des sols

L’engrais   est   le   point

d’entrer pour accroître le rendement et son apport exige la MO

L’accès  doit  tenir

compte              des dimensions

sociales               et économiques

Partant de ce tableau, la GIFS était dérivée de l’idéologie de Sanchez qui prôné l’utilisation de la matière organique pour accroître l’activité biologique du sol et optimisé le cycle des éléments nutritifs en minimisant les intrants externes et en maximisant l’efficience de leur utilisation. Pour Sanchez, la combinaison des engrais et de la matière organique était essentiel mais on doit se focaliser sur la matière organique comme point d’entrer (Alley and Vanlauwe, 2009 ; Sanginga et Woomer, 2009). Mais son idéologie va se buter  au problème

de la disponibilité de la matière organique par les agriculteurs qui doivent créer des exploitations pour sa production. D’où le dernier courant de la GIFS qui pense que les engrais sont les points d’entrer pour accroître le rendement  et la matière organique doit être appliqué suivant sa disponibilité (Alley et Vanlauwe, 2009).

L’autre avantage des engrais est qu’ils n’améliorent pas seulement le rendement mais aussi les résidus de culture (biomasse) qui est utilisé comme engrais organique par la culture précédente (Bationo et al, 2004). Selon Vanlauwe et al (2006), et Giller et al, (1998a), les apports de phosphore chez les légumineuses doublent la biomasse des cultures et augmentent l’efficacité agronomique des engrais chez les céréales. De la même façon l’application stratégique de l’azote améliore la performance de plusieurs systèmes de culture et la fixation de l’azote. Selon Giller (2001) et Sanginga et al (2001b), l’application des faibles quantités d’azote chez les légumineuses stimule la croissance racinaire conduisant ainsi à une meilleure nodulation et à l’augmentation du sol qui peut être restitué aux céréales  dans la rotation. Un fractionnement et une application stratégique l’azote  surtout pendant la période critique chez le maïs améliorent le rendement de la culture et l’efficacité agronomique des engrais.

1.1.3. Importance de l’efficacité agronomique dans la stratégie GIFS

  1. a) Généralité

L’efficacité agronomique (AE) est un rapport qui décrit l’augmentation du rendement par unité de nutriment appliqué. Le point central de la GIFS est l’augmentation bénéfique du rendement en appliquant les engrais suivant deux possibilités. Premièrement en apportant la matière organique en combinaison avec les engrais minéraux augmente l’AE et dans beaucoup de cas contribue à l’addition des nutriments. L’AE est également améliorée par une bonne rétention et libération des éléments nutritifs lesquels est liés à la capacité de la matière  organique  à  améliorer  les  propriétés  physicochimiques  et  biologiques  du  sol (Sanginga et Woomer, 2009).

La quantité des nutriments assimilés par la culture par rapport aux apports d’engrais est souvent faible. Seulement 10 à 15 % du phosphore et 10 à 20% d’azote appliqué sous forme des engrais sont assimilés par la culture (Vanlauwe et al, 2001). L’inefficacité d’utilisation des engrais décourage ainsi les investissements par les agriculteurs pauvres (African Fertiliser Summit, 2006). Plusieurs facteurs vont influencer cette faible assimilation des éléments nutritifs. Les cultures exigent les éléments nutritifs en quantité et dans des proportions différentes. En examinant la loi du minimum de Liebig, la déficience en un

élément nutritif conduit à la réduction de la croissance de la plante et amoindrie ainsi sa capacité à bien utiliser les autres éléments minéraux.

Plusieurs  engrais  sont  composés  seulement  des  éléments  majeurs,  dans  cette optique la réserve du sol s’appauvrie en éléments non limitant en intensification agricole et limite ainsi l’utilisation efficace de ces engrais qui ne le contiennent pas (Giller et al, 1998, Vanlauwe et al, 2002). Cependant en appliquant la loi de l’optimum de Liebscher’s qui suggère que la déficience d’un nutriment influence l’efficacité d’absorption des autres nutriments à des niveaux non limitant (See De Wit cité par Sanginga et Woomer, 2009). Dans cette optique, les stress chez la culture sont limités dans leur capacité à utiliser efficacement les apports en éléments nutritifs. Le stress hydrique conduit à un mauvais développement du système racinaire. Donc la composition des engrais en éléments nutritifs sera le deuxième facteur qui va influencer l’AE.

Plusieurs autres facteurs vont influencer l’AE dont la compaction du sol, le pH, la toxicité aluminique, les maladies et ravageurs et la gestion inefficace des mauvaises herbes. Finalement la gestion inefficace des intrants conduits à la perte des éléments nutritifs et à une utilisation inefficace par les cultures. Les engrais doivent être appliqués au bon moment où les cultures en ont besoin et dans des conditions environnementales adéquates (Adesina, 1996).

  1. b) Mécanismes qui affectent l’efficacité agronomique

Le  rendement  des  cultures  et  l’AE  sont  affectés  par  plusieurs  facteurs  dont l’absorption et l’utilisation efficientes des nutriments et par le taux de matière organique du sol résultant de la production de la biomasse et du recyclage des nutriments. L’absorption efficiente est définie comme la capacité par lequel un nutriment est assimilé par la culture c'est-à-dire que c’est la quantité du nutriment assimilé par quantité des nutriments appliqués. L’utilisation efficiente (efficience interne) est définie par la capacité par lequel les cultures transforment les nutriments assimilés en rendement c'est-à-dire c’est le rendement obtenus par quantité de nutriment appliqué. L’effectivité de la production de la biomasse est la quantité de biomasse produite pour donner un rendement. Ces trois éléments sont les éléments essentiels de l’AE (Sanginga et Woomer, 2009).

Plusieurs   facteurs   vont   influencer   ces   trois   éléments   dont   le   moment d’application et l’emplacement (localisation) des engrais, une bonne utilisation de l’eau, une correction  de  l’acidité   du  sol,  le  contrôle  des  pestes  et  maladies,  l’utilisation  des germoplasmes  résilient  aux  faibles  concentrations  en  nutriments,  une  bonne  gestion  des

résidus  de  culture  et  une  meilleure  intégration  agriculture-élevage  (Bouis  et  al,  1999 ; Sanginga et Woomer, 2009).

Chacun de ces trois éléments peut être amélioré par des pratiques et technologies spécifiques. Par exemple l’absorption efficiente peut être augmentée par des applications localisées des engrais et à un moment propice (Apport stratégique de l’azote que les anglophones disent, Nitrogen top dressing). L’efficience interne peut être améliorée par l’utilisation des germoplasmes résilients c'est-à-dire des germoplasmes qui ont des faibles exigences en éléments nutritifs et enfin une production effective de la biomasse peut être amélioré  par  l’utilisation     et  l’incorporation  des  légumineuses  promisceuses  et  ayant rendement élevé en biomasse dans le système de culture. (Bouis et al, 1999, Sanginga et Woomer, 2009 ; Giller, 2001 ; Pypers, 2010).

1.2. COMPOSANTES DE LA GIFS

La stratégie GIFS s’appui sur 4 composantes principales dont :

-    L’utilisation des germoplasmes améliorés

-    L’utilisation des engrais minéraux

-    La gestion de la matière organique

-    Les adaptations aux conditions locales

En plus de ces 4 grandes composantes s’ajoute la connaissance paysanne qui est essentielle pour l’adoption des technologies. (Pypers, 2010; Vanlauwe et al, 2010). Mais on va parler de la deuxième et troisième composante.

1.2.1. Gestion des engrais minéraux dans la GIFS en Afrique

L’application des engrais dans le sol par des petits producteurs est essentielle pour la production agricole en Afrique. On trouve une gamme varié des sols en Afrique, des jeunes alluvions et sols volcaniques des anciens ferrasols (FAO cité par Sanginga et Woomer, 2009).

Certains  sols  sont  extrêmement  dégradé  ou  pauvre  et  ont  un  faible  potentiel  de rétention  des  engrais  d’où  leur  application  est  difficile  (Sanginga  et  Woomer,  2009). L’azote, le potassium, le magnésium et le calcium sont facilement lixivié dans des conditions d’excès de pluviométrie. Plusieurs sols ont également une forte capacité d’immobilisé le

phosphore, ce qui rend le phosphore moins disponible à la plante même en cas d’application des engrais. De plus, une gamme variée des régions africaines ont des sols fortement acide combiné à la toxicité aluminique (Wambeke, 1998 ; Pypers et al, 2005 ; Sanginga et Woomer,

2009).

L’utilisation des engrais est indispensable pour surmonter les contraintes dues à l’absence des nutriments et constitue un élément central dans la pratique de la gestion intégrée de la fertilité des sols pour améliorer la production agricole (Sanginga et Woomer, 2009).

Sur le potentiel des terres arables de l’Afrique subsaharienne, seuls 165 millions d’hectare sont cultivés. Approximativement 1,38 million de tonne des engrais sont appliqués par  an  sur  les  terres  cultivables  d’Afrique  subsaharienne  durant  l’année  2002,  soit  une moyenne de 8,3kg par hectare. Cette consommation représente seulement 2% de la consommation mondiale (Morris et al, 2007).  Mais plus d 55% des pays consomment moins de 5kg par hectare et seulement 5 pays consomment environ 25kg par hectare.

Disponibilité, qualité et utilisation des engrais minéraux en Afrique Sub-saharienne

Les  exigences  en  élément  nutritif  des  plantes  dépendent  de l’environnement  et change en fonction du temps et du besoin d’intensifier la production agricole. Le mauvais stockage des engrais occasionne une perte de qualité  et cela décourage les investissements agricoles en matière d’engrais. En plus, il  y a manque des industries de fabrication des engrais, ce qui fait que les informations sur les quantités à appliquer sont insuffisantes (Sanginga and Woomer, 2009).

Un grand problème sur l’utilisation effective des engrais et des pratiques de GIFS en Afrique a été l’incapacité d’avoir de recommandations appropriées chez les petits producteurs. Les dernières recommandations sur l’utilisation des engrais étaient centrées sur les cultures économiques comme le maïs, le thé et le cotonnier et n’ont pas pris en compte des ressources dont disposent les paysans (Sanginga et Woomer, 2009). Cela fait qu’il y ait un besoin pour formuler des recommandations sur l’utilisation des pratiques GIFS tenant compte de leurs problèmes. Premièrement, un diagnostic adéquat des contraintes du sol et de la plante doit être faite pour proposer des types et mélange des engrais appropriés (Bationo et al, 2006).

Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire que les institutions de recherche et les scientifiques cherchent de solutions aux problèmes des sols en tenant compte des ressources limitées des paysans.

Dans beaucoup de cas la production céréalière de l’Afrique subsaharienne n’excède pas 0,5 tonnes par hectare au moment que le potentiel de rendement de 6 à 8 tonnes par hectare est atteint dans des essais de station et chez quelques grands producteurs. Cet écart de rendement peut être attribué à plusieurs contraintes biologiques dont les variétés, mauvaises herbes, maladies et pestes, déficiences en eau et en nutriment et aux contraintes socioéconomiques dont les coûts et accès aux crédits des intrants, etc. (Bationo et al, 2006).

1.2.2. Gestion de la matière organique dans la GIFS en Afrique

  1. a) Généralités

Les ressources organiques sont abondantes en Afrique parce qu’elles dérivent à la fois des cultures et de la nature, mais il y a une sous utilisation de ces ressources dans le contexte de la gestion intégrée de la fertilité du sol. En effet, la disponibilité des ressources organiques comme nourriture et fibre et l’exigence pour la collecte et la transformation est laborieuse.  Les résidus des plantes et le fumier animal se décomposent rapidement dans des climats chauds et humides, causant la libération des nutriments (Muyers et al, 1994). De ce fait, l’épandage de la matière organique doit être pris attentivement en considération.

Selon Vanlauwe et al, 2006, dans beaucoup de cas, la plupart des ressources organiques disponibles ont une concentration faible en éléments nutritifs. Ce qui limite l’utilisation de la matière organique comme source principale de nutriments.

Dans la plupart des communautés paysannes, la demande en fumier des animaux est toujours élevée que l’apport des ferme. Les fermes qui possèdent du fumier, ont des sérieux problèmes de collecte et de transport de cette matière (Lekasi et al, 2003). Cette difficulté ne prédispose pas à l’utilisation de la matière organique comme intrant plutôt exige d’être utilisé d’une façon rentable et efficace. Les paquets technologiques GIFS auront pour objectif d’augmenter la production des cultures à travers l’amélioration de l’AE des nutriments. Cette approche implique nécessairement l’usage de ressources organiques disponibles et des pratiques agronomiques appropriées adaptées aux conditions locales.

  1. b) Qualité de la matière organique

Bien que l’utilisation de la matière organique comme intrant ne soit pas nouveau en agriculture tropicale, les premiers travaux sur la décomposition et la gestion de la matière organique avaient reçu la contribution de Swift  (Sanginga et Woomer, 2009).

Ce travail établissait des cadres conceptuels sur la compréhension de la décomposition des diverses  matières  organiques  qui  fait  intervenir  des  microorganismes  du  sol  dans  le but d’avoir un support ayant des caractéristiques physiques, chimiques favorables pour le développement des plantes. Ces interactions régulent la minéralisation et la libération des nutriments durant la décomposition et la transformation de la matière organique du sol (Woomer et al, 1994).

Les études sur les nutriments contenus dans plusieurs ressources organiques disponibles chez les paysans ont été faites par TSBF-CIAT et d’autres organismes de recherche et une base de donnée a été faite et comprend des informations sur la qualité des ressources organiques, les macronutriments  présents,  la  lignine,  les  polyphénols,  contenus  dans  les  feuilles,  tiges, racines, détritus d’environ 300 espèces des plantes utilisées dans les agroécosystèmes tropicaux.

  1. c) Importance de la matière organique combinée à l’engrais chimique.

En dépit de leur faible et variable teneur en éléments nutritifs, la matière organique joue un rôle important dans la gestion d’une meilleure fertilité du sol et d’en améliorer la structure. La matière organique retient beaucoup des substances nutritives, c’est qui est important dans les sols sableux qui en retiennent très peu (Schoël ,1998 ; FAO et IFA, 2003).

Grace à ces propriétés, les engrais organique à la base de l’obtention des meilleurs effets résultant de l’utilisation des engrais minéraux (IPNM). La combinaison d’engrais organique et minéraux crée les meilleurs conditions de production car la matière organique améliore  les  propriétés  du  sol  alors  que  les  engrais  minéraux  apportent  aux  plantes  les éléments nutritifs qui leurs sont nécessaires et d’accroitre l’efficacité agronomique (FAO et IFA, 2003 ; Sanginga et Woomer, 2009).

D’autres raisons justifient cette combinaison dont la déficience en éléments essentiels aux cultures des engrais minéraux communs alors que les ressources organiques les contiennent (Sanginga et Woomer, 2009). Pour pallier à ce problème, les kenyans ont développé un engrais, le MAVUNO, qui n’est qu’une combinaison du NPK et des micronutriments comme le Ca, le Mg, le S etc. Cette engrais est efficace que le NPK car le NPK dans les sols dégradés ne répond pas suffisamment à cause de la carence en micronutriment (Pypers, 2010 et Pypers et al, 2010).

Seule la matière organique ne suffit pas souvent car elle n’est pas disponible en grande quantité pour assurer le niveau de production escompté par l’agriculteur (FAO et IFA, 2003 ; Vanlauwe et Sanginga, 2005 ; Cadisch et Giller, 1997). Le phosphore disponible augmente en

appliquant la matière organique. La matière organique va interagir aussi avec l’acidité du sol et sur la toxicité en aluminium (Pypers et al, 2005). L’application des engrais permet d’accroitre  la  biomasse  et  les  résidus  de  culture  lorsqu’il  est  appliqué  d’une  manière efficiente. Vanlauwe et al (2006) ont démontré que l’absence des engrais phosphatés, les variétés améliorées à l’ouest du Kenya ont accumulé une forte biomasse que les variétés locales et l’application du phosphore double le rendement chez le soja. D’où la combinaison de la matière organique augmente l’efficience d’utilisation des nutriments mais l’effectivité de cette stratégies est la bonne gestion des engrais en appliquant à un endroit et à un moment propices.

  1. d) Forme de matière organique utilisé en agriculture tropicale

1°) les résidus de culture

Ce sont des parties non récoltés de la culture et souvent disponibles pour les petits producteurs comme source de matière organique les résidus de culture ont souvent un taux relativement faible en nutriments et élevé en lignine (Sanginga et Woomer, 2009).

Dans le système de culture à base de céréale, la masse de résidus de culture est constitué essentiellement des chaumes et des tiges alors chez les légumineuses elle est constituée des feuilles. La quantité des résidus de culture disponible à la récolte est inversement proportionnelle à l’indice de récolte. L’indice de récolte est l’objectif principal d’amélioration car donne une certaine importance des résidus des cultures. Un indice de récolte de grande proportion ne donne pas nécessairement l’avantage à un paysan qui ne dispose pas de matière organique dans sa ferme.  Une difficulté dans la gestion des résidus de culture lorsqu’il utilise le mulch, i ; peut transporter le germes d’insecte (Sanginga et Woomer, 2009). Pour espérer produire une grande quantité de résidus ont peut utiliser les variétés promisceuses des légumineuses et qui fournissent des grandes quantités de biomasse (Pypers, 2010).

2°) les engrais verts

Ce sont des plantes vertes, non légumineuses (ou partie) des plantes, qui sont enfouis dans le sol et constitue des sources de nutriment pour les cultures qui sont installés (Schoël,

1998 ; Hudgen, 2000). Cette pratique est basée sur deux mécanismes. Les légumineuses qui fournissent les éléments nutritifs, sont activement symbiotiques et accumulent des grandes quantités d’azote fixés   par le processus de fixation biologique de l’azote. Quand on les utilise, ils ajoutent des éléments nutritifs dans le sol et améliore les propriétés des sols pour les cultures précédentes (Sanginga et Woomer, 2009). Les caractéristiques bénéfiques des engrais

verts sont la suppression des mauvaises herbes, la diminution de la pression des maladies et ravageurs, le maintien de la matière organique du sol et amélioration de la porosité du sol (Eilitta et al, 2004 ; Schoël, 1998).

3°) fumier

Le fumier est composé d’excrément animal généralement mélanges des feuilles ou de la paille. La quantité et la qualité de l’excrément dépend de la nourriture des animaux (Schoël,

1998). Le fumier fourni de la matière organique au sol et permet de faire le recyclage des éléments nutritifs.

Plusieurs systèmes agricoles utilisent le fumier comme source de matière organique. L’utilisation des fumiers comme source de fertilisant était introduit par les colonisations à travers l’Afrique. Par exemple, au Zimbabwe les fermiers utilisent 40t par hectare de fumier chez le maïs en 1920, quantité qui a été diminué quand l’engrais minéral est disponible. Au Kenya, les recommandations sur l’utilisation des engrais, fixe à 5 t par hectare de fumier (Sanginga et Woomer, 2009).

1.3. ROLE CENTRAL DES LEGUMINEUSES DANS LA GIFS

1.3.1. Rôle centrale

Suite  aux  prix  élevés  des  fertilisants,  les  légumineuses  constituent  un  point  fort d’entrée dans l’approche africaine de la gestion intégrée de la fertilité du sol. Jusque récemment,  l’utilisation  accrue  des  engrais  chimiques  était  perçue  comme  la  meilleure solution dans la restauration de la fertilité des sols dégradés pour améliorer la sécurité alimentaire tel que stigmatisé par le sommet de chefs d’État africain en 2006. Depuis peu longtemps, les prix des fertilisants ont augmenté en flèche atteignant 130% suite à l’augmentation du prix du pétrole (Sanginga et Woomer, 2009).

Simplement indiqué, les pratiques de fertilisation qui étaient rentable en 2004 les sont moins en 2008 à cause de l’augmentation du prix des engrais. Considérant que toutes les recommandations pouvaient être justifiées en 2004, seul le paquet technologique   MBILI n’avait offert de bon rendement en 2008 par la commodité du prix de fertilisant. Le paquet technologique MBILI compte sur la fixation biologique de l’azote par les légumineuses et fournit des avantages au maïs car, ce dernier associé aux légumineuses est au stade supérieur (WOOMER et al, 1997).

Le fumier et les résidus des cultures fournis par les légumineuses sont bénéfiques aux sols grâce à leur fixation biologique de l’azote et réduisent ainsi le coût des engrais qui sont cher (Sanginga et Woomer, 2009 et Pypers, 2010). Un petit agriculteur qui incorpore des légumineuses  dans  son  champ  a  une  facilité  d’améliorer  le  bien  être  de  sa  famille  et d’atteindre un niveau de vie standard (Lavelle, 1996). Les légumineuses possèdent une large tolérance à la variabilité climatique ainsi qu’une large adaptation aux différents types des sols mais sont souvent susceptibles aux maladies et ravageurs. La fixation symbiotique d’azote permet aux légumineuses de satisfaire leur besoin en azote à partir de l’atmosphère plutôt que du sol et en cas de déficience, la nodulation effective peut la corriger à partir du rhizobium s’y trouvant (Ojiem,  2006).

Les petits cultivateurs de céréales ont deux principales options pour l’augmentation du rendement de leurs légumineuses en les produisant soit en association soit en rotation avec les céréales. Le maïs en association est une pratique courante en Afrique. Cependant, cette association des cultures ne donne pas mieux dans la plupart des fois à cause de la faible performance des variétés des légumineuses utilisées (Giller, 2001). Une des solution offerte par la gestion intégrée de la fertilité du sol est de diversifier les variétés des légumineuses par la création et l’utilisation des variétés des légumineuses qui produisent quantitativement et qualitativement mieux  que ceux utilisées par les paysans et qui leur permettront par voie de conséquence d’assurer la sécurité alimentaire et économique de leurs ménages. Une autre technologie à base des légumineuses  permettant une restauration de la fertilité du sol est celle basée sur la couverture totale et permanente par ces dernières (Cowford et al, 2003, Bingen et al, 2003 et Ojiem, 2006). Les fertilisants ne contenant pas d’N et des éléments minéraux tel que la roche phosphaté et des pierres peuvent grandement bénéficier des légumineuses dans les sols à faible fertilité. Ces intrants sont disponibles partout cependant ne sont pas largement vendus par les commerçants paysans. Certains parmi eux vendent des semences des légumineuses  améliorées  mais  nombre d’entre  eux  n’y recourent  pas  d’où  elle doit  être stimulée (Giller, 2001).

1.3.2. Faiblesse d’adoption

L’adoption  rapide  de  la  technologie  à  base  des  légumineuses  dans  la  gestion intégrée de la fertilité du sol exige une bonne utilisation d’intrants et l’investissement des agriculteurs   ainsi que leurs facultés d’employer les excédents des récoltes résultant de l’affermage amélioré (Cowford et al, 2003 ; Bingen et al, 2003).  La commercialisation des

légumineuses n’est pas bien organisée, particulièrement pour les graines avec application industrielle telle que l’extraction de l’huile. L’adoption des nouvelles technologies à base des variétés   améliorées ne dépend pas seulement de la commercialisation mais surtout de la connaissance et de la culture du paysan. Beaucoup d’agriculteurs ignorent les interactions bénéfiques  entre  les  légumineuses  et  les  céréales  et  même  la  nodulation  n’est  pas  bien comprise (Woomer et al,   1997). Beaucoup d’agriculteurs   manquent d’information   et d’expérience nécessaires pour qu’ils adaptent les légumineuses dans leurs conditions spécifiques. Enfin, les ménages ne sont pas familiers aux avantages qu’apportent les légumineuses et comment les utiliser mieux (Graham et Welch 1999).

Pour ces raisons, la connaissance paysanne occupe une place de choix dans la gestion intégrée de la fertilité du sol ainsi que l’adoption des légumineuses dans des ménages traditionnellement pauvre.

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