1.1 OBJECTIFS DE LA STRATEGIE GIFS EN AFRIQUE
1.1.1. Généralité
La gestion intégrée de la fertilité des sols peut se définir comme : « l’application des pratiques de gestion de la fertilité des sols en les adaptant aux conditions locales et des connaissances qui maximisent l’utilisation efficiente des engrais et des ressources organiques pour améliorer la productivité des cultures ».Ces pratiques incluent nécessairement la gestion des engrais et des ressources organiques d’une façon approprié en combinaison avec des germoplasmes améliorés (Vanlauwe et al, 2010).
La Gestion Intégrée de la Fertilité des Sols (GIFS) n’est pas caractérisée par une seule pratique mais l’ensemble de ces approches combinées, des technologies disponibles dans le but de préserver la qualité du sol lesquelles nous permettent d’accroître la productivité des cultures (Sanginga et Woomer, 2009). La GIFS est une réponse à une gestion de la terre car la dégradation des sols et l’épuisement des éléments nutritifs pose un sérieux problème sur la vie et la sécurité alimentaire des populations surtout rural. (Sanginga et Woomer, 2009).
Parmi les paquets technologiques GIFS, selon Smaling et al (1997), une simple introduction des variétés améliorées et un usage modéré des engrais permettent d’accroître le rendement des cultures mais l’efficacité agronomique des engrais reste relativement très faible. Par contre la combinaison des engrais en additionnant avec de la matière organique localement disponible permet d’enrichir même les résidus de récolte, améliore aussi l’efficacité agronomique des engrais et la qualité du sol, en plus de l’accroissement du rendement des cultures.
D’autres facteurs vont pouvoir influencer la GIFS dont notamment le revenu des paysans, le développement des marchés et la promotion d’une bonne politique agricole qui a pour but de promouvoir la disponibilisation des intrants aux agriculteurs (Sanginga et Woomer, 2009).
Les conditions locales vont influencer le GIFS, car il y a une grande variabilité de la fertilité des sols même au sein d’une exploitation familiale. Ces variabilités vont du niveau régional jusqu’au niveau continental. Cela a des conséquences sur l’application des engrais et sur l’efficacité agronomique c'est-à-dire que la réponse aux engrais va dépendre du type des sols. (Pypers, 2010 ; Sanginga et Woomer, 2009). Dans des sols pauvres, on aura une faible réponse aux engrais et par conséquent l’efficacité agronomique sera faible, d’où la gestion
consistera à combiner les engrais chimiques à la matière organique. L’apport de la matière organique dans mécanismes pour accroître l’efficacité agronomique, particulièrement l’accroissement de la capacité de rétention de l’eau et des éléments nutritifs et une bonne synchronisation des apports de nutriments en fonction de la demande des cultures, mais aussi améliore la santé des plantes à travers l’augmentation de la biodiversité du sol et de la séquestration du carbone. (Sanginga et Woomer, 2009).
1.1.2. Les engrais comme point d’entrée du GIFS
La recommandation du sommet africain sur les engrais en 2006, a suggéré d’accroître l’utilisation des engrais de 8Kg à 50 Kg d’ici 2015. Cette recommandation renforce le rôle des engrais comme une clé d’entrée pour accroître la productivité des sols et améliorer la sécurité alimentaire des populations d’Afrique Subsaharienne. L’impact de la réussite de ce programme cible, dépendra cependant de l’efficacité agronomique de ces engrais. Cette efficience varie en fonction des régions, des pays, des agriculteurs et des champs (Prudencio, 1993 ; Manlay et al, 2002 et Pypers, 2010). Dans les sols qui répondent aux engrais, la limitation due à la déficience en éléments nutritifs peut être résolue d’une façon durable en appliquant les engrais (Alley et Vanlauwe, 2009). Dans les sols qui ne répondent pas, seuls les engrais sans mesure de correction ne suffisent pas pour accroître l’efficacité agronomique et le rendement (Zingore et al, 2007, Vanlauwe et al, 2006). Depuis les années 1960, plusieurs des séries de débats ont été déclenchés sur le rôle des engrais en Afrique tropicale.
Voici dans ce tableau les différents courants idéologiques qui ont conduit au principe de la gestion intégrée de la fertilité des sols en Afrique Tropicale.
Tableau 1: le changement des idées dans la gestion des sols tropicaux et leur effet sur la
gestion des ressources agricoles (Vanlauwe et al, 2006).
Période |
Idéologie/paradigme |
Rôle des engrais |
Rôle de la matière organique |
expériences |
1960 et 1970 |
1er courant sur l’utilisation des intrants externes |
L’utilisation des engrais seul améliorera le rendement et de façon durable |
Joue un rôle minimal |
Pas de succès à cause du manque des infrastructures, de politique et de système de culture adapté, etc. |
1980 |
Courant sur l’utilisation des intrants organiques |
Joue un rôle minimal |
C’est la principale source des nutriments |
La production de la matière organique exige des grandes surfaces et un travail laborieux, d’où l’adoption était limitée |
1990 |
Courant de Sanchez |
Il joue un rôle essentiel pour suppléer à la déficience en nutriment |
C’est le point d’entré car servant comme fonction de base pour la libération des nutriments |
Difficulté d’accéder à la MO limite l’adoption |
2000 |
Gestion Intégré de la Fertilité des sols |
L’engrais est le point d’entrer pour accroître le rendement et son apport exige la MO |
L’accès doit tenir compte des dimensions sociales et économiques |
Partant de ce tableau, la GIFS était dérivée de l’idéologie de Sanchez qui prôné l’utilisation de la matière organique pour accroître l’activité biologique du sol et optimisé le cycle des éléments nutritifs en minimisant les intrants externes et en maximisant l’efficience de leur utilisation. Pour Sanchez, la combinaison des engrais et de la matière organique était essentiel mais on doit se focaliser sur la matière organique comme point d’entrer (Alley and Vanlauwe, 2009 ; Sanginga et Woomer, 2009). Mais son idéologie va se buter au problème
de la disponibilité de la matière organique par les agriculteurs qui doivent créer des exploitations pour sa production. D’où le dernier courant de la GIFS qui pense que les engrais sont les points d’entrer pour accroître le rendement et la matière organique doit être appliqué suivant sa disponibilité (Alley et Vanlauwe, 2009).
L’autre avantage des engrais est qu’ils n’améliorent pas seulement le rendement mais aussi les résidus de culture (biomasse) qui est utilisé comme engrais organique par la culture précédente (Bationo et al, 2004). Selon Vanlauwe et al (2006), et Giller et al, (1998a), les apports de phosphore chez les légumineuses doublent la biomasse des cultures et augmentent l’efficacité agronomique des engrais chez les céréales. De la même façon l’application stratégique de l’azote améliore la performance de plusieurs systèmes de culture et la fixation de l’azote. Selon Giller (2001) et Sanginga et al (2001b), l’application des faibles quantités d’azote chez les légumineuses stimule la croissance racinaire conduisant ainsi à une meilleure nodulation et à l’augmentation du sol qui peut être restitué aux céréales dans la rotation. Un fractionnement et une application stratégique l’azote surtout pendant la période critique chez le maïs améliorent le rendement de la culture et l’efficacité agronomique des engrais.
1.1.3. Importance de l’efficacité agronomique dans la stratégie GIFS
L’efficacité agronomique (AE) est un rapport qui décrit l’augmentation du rendement par unité de nutriment appliqué. Le point central de la GIFS est l’augmentation bénéfique du rendement en appliquant les engrais suivant deux possibilités. Premièrement en apportant la matière organique en combinaison avec les engrais minéraux augmente l’AE et dans beaucoup de cas contribue à l’addition des nutriments. L’AE est également améliorée par une bonne rétention et libération des éléments nutritifs lesquels est liés à la capacité de la matière organique à améliorer les propriétés physicochimiques et biologiques du sol (Sanginga et Woomer, 2009).
La quantité des nutriments assimilés par la culture par rapport aux apports d’engrais est souvent faible. Seulement 10 à 15 % du phosphore et 10 à 20% d’azote appliqué sous forme des engrais sont assimilés par la culture (Vanlauwe et al, 2001). L’inefficacité d’utilisation des engrais décourage ainsi les investissements par les agriculteurs pauvres (African Fertiliser Summit, 2006). Plusieurs facteurs vont influencer cette faible assimilation des éléments nutritifs. Les cultures exigent les éléments nutritifs en quantité et dans des proportions différentes. En examinant la loi du minimum de Liebig, la déficience en un
élément nutritif conduit à la réduction de la croissance de la plante et amoindrie ainsi sa capacité à bien utiliser les autres éléments minéraux.
Plusieurs engrais sont composés seulement des éléments majeurs, dans cette optique la réserve du sol s’appauvrie en éléments non limitant en intensification agricole et limite ainsi l’utilisation efficace de ces engrais qui ne le contiennent pas (Giller et al, 1998, Vanlauwe et al, 2002). Cependant en appliquant la loi de l’optimum de Liebscher’s qui suggère que la déficience d’un nutriment influence l’efficacité d’absorption des autres nutriments à des niveaux non limitant (See De Wit cité par Sanginga et Woomer, 2009). Dans cette optique, les stress chez la culture sont limités dans leur capacité à utiliser efficacement les apports en éléments nutritifs. Le stress hydrique conduit à un mauvais développement du système racinaire. Donc la composition des engrais en éléments nutritifs sera le deuxième facteur qui va influencer l’AE.
Plusieurs autres facteurs vont influencer l’AE dont la compaction du sol, le pH, la toxicité aluminique, les maladies et ravageurs et la gestion inefficace des mauvaises herbes. Finalement la gestion inefficace des intrants conduits à la perte des éléments nutritifs et à une utilisation inefficace par les cultures. Les engrais doivent être appliqués au bon moment où les cultures en ont besoin et dans des conditions environnementales adéquates (Adesina, 1996).
Le rendement des cultures et l’AE sont affectés par plusieurs facteurs dont l’absorption et l’utilisation efficientes des nutriments et par le taux de matière organique du sol résultant de la production de la biomasse et du recyclage des nutriments. L’absorption efficiente est définie comme la capacité par lequel un nutriment est assimilé par la culture c'est-à-dire que c’est la quantité du nutriment assimilé par quantité des nutriments appliqués. L’utilisation efficiente (efficience interne) est définie par la capacité par lequel les cultures transforment les nutriments assimilés en rendement c'est-à-dire c’est le rendement obtenus par quantité de nutriment appliqué. L’effectivité de la production de la biomasse est la quantité de biomasse produite pour donner un rendement. Ces trois éléments sont les éléments essentiels de l’AE (Sanginga et Woomer, 2009).
Plusieurs facteurs vont influencer ces trois éléments dont le moment d’application et l’emplacement (localisation) des engrais, une bonne utilisation de l’eau, une correction de l’acidité du sol, le contrôle des pestes et maladies, l’utilisation des germoplasmes résilient aux faibles concentrations en nutriments, une bonne gestion des
résidus de culture et une meilleure intégration agriculture-élevage (Bouis et al, 1999 ; Sanginga et Woomer, 2009).
Chacun de ces trois éléments peut être amélioré par des pratiques et technologies spécifiques. Par exemple l’absorption efficiente peut être augmentée par des applications localisées des engrais et à un moment propice (Apport stratégique de l’azote que les anglophones disent, Nitrogen top dressing). L’efficience interne peut être améliorée par l’utilisation des germoplasmes résilients c'est-à-dire des germoplasmes qui ont des faibles exigences en éléments nutritifs et enfin une production effective de la biomasse peut être amélioré par l’utilisation et l’incorporation des légumineuses promisceuses et ayant rendement élevé en biomasse dans le système de culture. (Bouis et al, 1999, Sanginga et Woomer, 2009 ; Giller, 2001 ; Pypers, 2010).
1.2. COMPOSANTES DE LA GIFS
La stratégie GIFS s’appui sur 4 composantes principales dont :
- L’utilisation des germoplasmes améliorés
- L’utilisation des engrais minéraux
- La gestion de la matière organique
- Les adaptations aux conditions locales
En plus de ces 4 grandes composantes s’ajoute la connaissance paysanne qui est essentielle pour l’adoption des technologies. (Pypers, 2010; Vanlauwe et al, 2010). Mais on va parler de la deuxième et troisième composante.
1.2.1. Gestion des engrais minéraux dans la GIFS en Afrique
L’application des engrais dans le sol par des petits producteurs est essentielle pour la production agricole en Afrique. On trouve une gamme varié des sols en Afrique, des jeunes alluvions et sols volcaniques des anciens ferrasols (FAO cité par Sanginga et Woomer, 2009).
Certains sols sont extrêmement dégradé ou pauvre et ont un faible potentiel de rétention des engrais d’où leur application est difficile (Sanginga et Woomer, 2009). L’azote, le potassium, le magnésium et le calcium sont facilement lixivié dans des conditions d’excès de pluviométrie. Plusieurs sols ont également une forte capacité d’immobilisé le
phosphore, ce qui rend le phosphore moins disponible à la plante même en cas d’application des engrais. De plus, une gamme variée des régions africaines ont des sols fortement acide combiné à la toxicité aluminique (Wambeke, 1998 ; Pypers et al, 2005 ; Sanginga et Woomer,
2009).
L’utilisation des engrais est indispensable pour surmonter les contraintes dues à l’absence des nutriments et constitue un élément central dans la pratique de la gestion intégrée de la fertilité des sols pour améliorer la production agricole (Sanginga et Woomer, 2009).
Sur le potentiel des terres arables de l’Afrique subsaharienne, seuls 165 millions d’hectare sont cultivés. Approximativement 1,38 million de tonne des engrais sont appliqués par an sur les terres cultivables d’Afrique subsaharienne durant l’année 2002, soit une moyenne de 8,3kg par hectare. Cette consommation représente seulement 2% de la consommation mondiale (Morris et al, 2007). Mais plus d 55% des pays consomment moins de 5kg par hectare et seulement 5 pays consomment environ 25kg par hectare.
Disponibilité, qualité et utilisation des engrais minéraux en Afrique Sub-saharienne
Les exigences en élément nutritif des plantes dépendent de l’environnement et change en fonction du temps et du besoin d’intensifier la production agricole. Le mauvais stockage des engrais occasionne une perte de qualité et cela décourage les investissements agricoles en matière d’engrais. En plus, il y a manque des industries de fabrication des engrais, ce qui fait que les informations sur les quantités à appliquer sont insuffisantes (Sanginga and Woomer, 2009).
Un grand problème sur l’utilisation effective des engrais et des pratiques de GIFS en Afrique a été l’incapacité d’avoir de recommandations appropriées chez les petits producteurs. Les dernières recommandations sur l’utilisation des engrais étaient centrées sur les cultures économiques comme le maïs, le thé et le cotonnier et n’ont pas pris en compte des ressources dont disposent les paysans (Sanginga et Woomer, 2009). Cela fait qu’il y ait un besoin pour formuler des recommandations sur l’utilisation des pratiques GIFS tenant compte de leurs problèmes. Premièrement, un diagnostic adéquat des contraintes du sol et de la plante doit être faite pour proposer des types et mélange des engrais appropriés (Bationo et al, 2006).
Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire que les institutions de recherche et les scientifiques cherchent de solutions aux problèmes des sols en tenant compte des ressources limitées des paysans.
Dans beaucoup de cas la production céréalière de l’Afrique subsaharienne n’excède pas 0,5 tonnes par hectare au moment que le potentiel de rendement de 6 à 8 tonnes par hectare est atteint dans des essais de station et chez quelques grands producteurs. Cet écart de rendement peut être attribué à plusieurs contraintes biologiques dont les variétés, mauvaises herbes, maladies et pestes, déficiences en eau et en nutriment et aux contraintes socioéconomiques dont les coûts et accès aux crédits des intrants, etc. (Bationo et al, 2006).
1.2.2. Gestion de la matière organique dans la GIFS en Afrique
Les ressources organiques sont abondantes en Afrique parce qu’elles dérivent à la fois des cultures et de la nature, mais il y a une sous utilisation de ces ressources dans le contexte de la gestion intégrée de la fertilité du sol. En effet, la disponibilité des ressources organiques comme nourriture et fibre et l’exigence pour la collecte et la transformation est laborieuse. Les résidus des plantes et le fumier animal se décomposent rapidement dans des climats chauds et humides, causant la libération des nutriments (Muyers et al, 1994). De ce fait, l’épandage de la matière organique doit être pris attentivement en considération.
Selon Vanlauwe et al, 2006, dans beaucoup de cas, la plupart des ressources organiques disponibles ont une concentration faible en éléments nutritifs. Ce qui limite l’utilisation de la matière organique comme source principale de nutriments.
Dans la plupart des communautés paysannes, la demande en fumier des animaux est toujours élevée que l’apport des ferme. Les fermes qui possèdent du fumier, ont des sérieux problèmes de collecte et de transport de cette matière (Lekasi et al, 2003). Cette difficulté ne prédispose pas à l’utilisation de la matière organique comme intrant plutôt exige d’être utilisé d’une façon rentable et efficace. Les paquets technologiques GIFS auront pour objectif d’augmenter la production des cultures à travers l’amélioration de l’AE des nutriments. Cette approche implique nécessairement l’usage de ressources organiques disponibles et des pratiques agronomiques appropriées adaptées aux conditions locales.
Bien que l’utilisation de la matière organique comme intrant ne soit pas nouveau en agriculture tropicale, les premiers travaux sur la décomposition et la gestion de la matière organique avaient reçu la contribution de Swift (Sanginga et Woomer, 2009).
Ce travail établissait des cadres conceptuels sur la compréhension de la décomposition des diverses matières organiques qui fait intervenir des microorganismes du sol dans le but d’avoir un support ayant des caractéristiques physiques, chimiques favorables pour le développement des plantes. Ces interactions régulent la minéralisation et la libération des nutriments durant la décomposition et la transformation de la matière organique du sol (Woomer et al, 1994).
Les études sur les nutriments contenus dans plusieurs ressources organiques disponibles chez les paysans ont été faites par TSBF-CIAT et d’autres organismes de recherche et une base de donnée a été faite et comprend des informations sur la qualité des ressources organiques, les macronutriments présents, la lignine, les polyphénols, contenus dans les feuilles, tiges, racines, détritus d’environ 300 espèces des plantes utilisées dans les agroécosystèmes tropicaux.
En dépit de leur faible et variable teneur en éléments nutritifs, la matière organique joue un rôle important dans la gestion d’une meilleure fertilité du sol et d’en améliorer la structure. La matière organique retient beaucoup des substances nutritives, c’est qui est important dans les sols sableux qui en retiennent très peu (Schoël ,1998 ; FAO et IFA, 2003).
Grace à ces propriétés, les engrais organique à la base de l’obtention des meilleurs effets résultant de l’utilisation des engrais minéraux (IPNM). La combinaison d’engrais organique et minéraux crée les meilleurs conditions de production car la matière organique améliore les propriétés du sol alors que les engrais minéraux apportent aux plantes les éléments nutritifs qui leurs sont nécessaires et d’accroitre l’efficacité agronomique (FAO et IFA, 2003 ; Sanginga et Woomer, 2009).
D’autres raisons justifient cette combinaison dont la déficience en éléments essentiels aux cultures des engrais minéraux communs alors que les ressources organiques les contiennent (Sanginga et Woomer, 2009). Pour pallier à ce problème, les kenyans ont développé un engrais, le MAVUNO, qui n’est qu’une combinaison du NPK et des micronutriments comme le Ca, le Mg, le S etc. Cette engrais est efficace que le NPK car le NPK dans les sols dégradés ne répond pas suffisamment à cause de la carence en micronutriment (Pypers, 2010 et Pypers et al, 2010).
Seule la matière organique ne suffit pas souvent car elle n’est pas disponible en grande quantité pour assurer le niveau de production escompté par l’agriculteur (FAO et IFA, 2003 ; Vanlauwe et Sanginga, 2005 ; Cadisch et Giller, 1997). Le phosphore disponible augmente en
appliquant la matière organique. La matière organique va interagir aussi avec l’acidité du sol et sur la toxicité en aluminium (Pypers et al, 2005). L’application des engrais permet d’accroitre la biomasse et les résidus de culture lorsqu’il est appliqué d’une manière efficiente. Vanlauwe et al (2006) ont démontré que l’absence des engrais phosphatés, les variétés améliorées à l’ouest du Kenya ont accumulé une forte biomasse que les variétés locales et l’application du phosphore double le rendement chez le soja. D’où la combinaison de la matière organique augmente l’efficience d’utilisation des nutriments mais l’effectivité de cette stratégies est la bonne gestion des engrais en appliquant à un endroit et à un moment propices.
1°) les résidus de culture
Ce sont des parties non récoltés de la culture et souvent disponibles pour les petits producteurs comme source de matière organique les résidus de culture ont souvent un taux relativement faible en nutriments et élevé en lignine (Sanginga et Woomer, 2009).
Dans le système de culture à base de céréale, la masse de résidus de culture est constitué essentiellement des chaumes et des tiges alors chez les légumineuses elle est constituée des feuilles. La quantité des résidus de culture disponible à la récolte est inversement proportionnelle à l’indice de récolte. L’indice de récolte est l’objectif principal d’amélioration car donne une certaine importance des résidus des cultures. Un indice de récolte de grande proportion ne donne pas nécessairement l’avantage à un paysan qui ne dispose pas de matière organique dans sa ferme. Une difficulté dans la gestion des résidus de culture lorsqu’il utilise le mulch, i ; peut transporter le germes d’insecte (Sanginga et Woomer, 2009). Pour espérer produire une grande quantité de résidus ont peut utiliser les variétés promisceuses des légumineuses et qui fournissent des grandes quantités de biomasse (Pypers, 2010).
2°) les engrais verts
Ce sont des plantes vertes, non légumineuses (ou partie) des plantes, qui sont enfouis dans le sol et constitue des sources de nutriment pour les cultures qui sont installés (Schoël,
1998 ; Hudgen, 2000). Cette pratique est basée sur deux mécanismes. Les légumineuses qui fournissent les éléments nutritifs, sont activement symbiotiques et accumulent des grandes quantités d’azote fixés par le processus de fixation biologique de l’azote. Quand on les utilise, ils ajoutent des éléments nutritifs dans le sol et améliore les propriétés des sols pour les cultures précédentes (Sanginga et Woomer, 2009). Les caractéristiques bénéfiques des engrais
verts sont la suppression des mauvaises herbes, la diminution de la pression des maladies et ravageurs, le maintien de la matière organique du sol et amélioration de la porosité du sol (Eilitta et al, 2004 ; Schoël, 1998).
3°) fumier
Le fumier est composé d’excrément animal généralement mélanges des feuilles ou de la paille. La quantité et la qualité de l’excrément dépend de la nourriture des animaux (Schoël,
1998). Le fumier fourni de la matière organique au sol et permet de faire le recyclage des éléments nutritifs.
Plusieurs systèmes agricoles utilisent le fumier comme source de matière organique. L’utilisation des fumiers comme source de fertilisant était introduit par les colonisations à travers l’Afrique. Par exemple, au Zimbabwe les fermiers utilisent 40t par hectare de fumier chez le maïs en 1920, quantité qui a été diminué quand l’engrais minéral est disponible. Au Kenya, les recommandations sur l’utilisation des engrais, fixe à 5 t par hectare de fumier (Sanginga et Woomer, 2009).
1.3. ROLE CENTRAL DES LEGUMINEUSES DANS LA GIFS
1.3.1. Rôle centrale
Suite aux prix élevés des fertilisants, les légumineuses constituent un point fort d’entrée dans l’approche africaine de la gestion intégrée de la fertilité du sol. Jusque récemment, l’utilisation accrue des engrais chimiques était perçue comme la meilleure solution dans la restauration de la fertilité des sols dégradés pour améliorer la sécurité alimentaire tel que stigmatisé par le sommet de chefs d’État africain en 2006. Depuis peu longtemps, les prix des fertilisants ont augmenté en flèche atteignant 130% suite à l’augmentation du prix du pétrole (Sanginga et Woomer, 2009).
Simplement indiqué, les pratiques de fertilisation qui étaient rentable en 2004 les sont moins en 2008 à cause de l’augmentation du prix des engrais. Considérant que toutes les recommandations pouvaient être justifiées en 2004, seul le paquet technologique MBILI n’avait offert de bon rendement en 2008 par la commodité du prix de fertilisant. Le paquet technologique MBILI compte sur la fixation biologique de l’azote par les légumineuses et fournit des avantages au maïs car, ce dernier associé aux légumineuses est au stade supérieur (WOOMER et al, 1997).
Le fumier et les résidus des cultures fournis par les légumineuses sont bénéfiques aux sols grâce à leur fixation biologique de l’azote et réduisent ainsi le coût des engrais qui sont cher (Sanginga et Woomer, 2009 et Pypers, 2010). Un petit agriculteur qui incorpore des légumineuses dans son champ a une facilité d’améliorer le bien être de sa famille et d’atteindre un niveau de vie standard (Lavelle, 1996). Les légumineuses possèdent une large tolérance à la variabilité climatique ainsi qu’une large adaptation aux différents types des sols mais sont souvent susceptibles aux maladies et ravageurs. La fixation symbiotique d’azote permet aux légumineuses de satisfaire leur besoin en azote à partir de l’atmosphère plutôt que du sol et en cas de déficience, la nodulation effective peut la corriger à partir du rhizobium s’y trouvant (Ojiem, 2006).
Les petits cultivateurs de céréales ont deux principales options pour l’augmentation du rendement de leurs légumineuses en les produisant soit en association soit en rotation avec les céréales. Le maïs en association est une pratique courante en Afrique. Cependant, cette association des cultures ne donne pas mieux dans la plupart des fois à cause de la faible performance des variétés des légumineuses utilisées (Giller, 2001). Une des solution offerte par la gestion intégrée de la fertilité du sol est de diversifier les variétés des légumineuses par la création et l’utilisation des variétés des légumineuses qui produisent quantitativement et qualitativement mieux que ceux utilisées par les paysans et qui leur permettront par voie de conséquence d’assurer la sécurité alimentaire et économique de leurs ménages. Une autre technologie à base des légumineuses permettant une restauration de la fertilité du sol est celle basée sur la couverture totale et permanente par ces dernières (Cowford et al, 2003, Bingen et al, 2003 et Ojiem, 2006). Les fertilisants ne contenant pas d’N et des éléments minéraux tel que la roche phosphaté et des pierres peuvent grandement bénéficier des légumineuses dans les sols à faible fertilité. Ces intrants sont disponibles partout cependant ne sont pas largement vendus par les commerçants paysans. Certains parmi eux vendent des semences des légumineuses améliorées mais nombre d’entre eux n’y recourent pas d’où elle doit être stimulée (Giller, 2001).
1.3.2. Faiblesse d’adoption
L’adoption rapide de la technologie à base des légumineuses dans la gestion intégrée de la fertilité du sol exige une bonne utilisation d’intrants et l’investissement des agriculteurs ainsi que leurs facultés d’employer les excédents des récoltes résultant de l’affermage amélioré (Cowford et al, 2003 ; Bingen et al, 2003). La commercialisation des
légumineuses n’est pas bien organisée, particulièrement pour les graines avec application industrielle telle que l’extraction de l’huile. L’adoption des nouvelles technologies à base des variétés améliorées ne dépend pas seulement de la commercialisation mais surtout de la connaissance et de la culture du paysan. Beaucoup d’agriculteurs ignorent les interactions bénéfiques entre les légumineuses et les céréales et même la nodulation n’est pas bien comprise (Woomer et al, 1997). Beaucoup d’agriculteurs manquent d’information et d’expérience nécessaires pour qu’ils adaptent les légumineuses dans leurs conditions spécifiques. Enfin, les ménages ne sont pas familiers aux avantages qu’apportent les légumineuses et comment les utiliser mieux (Graham et Welch 1999).
Pour ces raisons, la connaissance paysanne occupe une place de choix dans la gestion intégrée de la fertilité du sol ainsi que l’adoption des légumineuses dans des ménages traditionnellement pauvre.