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INTRODUCTION

Les pays de l’Afrique subsaharienne figurent parmi ceux qui enregistrent le taux d’épuisement des nutriments les plus élevés (Smaling et al, 1997). Quelques études très déterminantes sur la dégradation des sols en Afrique ont fourni des preuves substantielles à cet effet. Selon le Centre international pour la fertilité des sols et le développement agricole (IFDC), l’Afrique perd chaque année 8 millions de tonnes métriques d’éléments nutritifs du sol et plus de 95 millions d’hectares de terre ont été dégradés au point de réduire de manière significative la productivité (Henao et Baanante, 2006).

Selon des estimations, au moins 85 % des pays africains souffrent d’un prélèvement des nutriments de plus de 30 kg par hectare et par an et 40 % des pays subissent des pertes de plus de 60 kg de nutriments par hectare et par an (Henao et Baanante, 2006). Les causes de cet épuisement sont entre autres les exportations continuelles de culture sans aucune mesure de restitution et le faible taux d’utilisation des engrais minéraux. A cela s’ajoute la présence des sols déjà dégradés, qui ont une faible capacité de rétention des éléments nutritifs et de l’eau, ce qui entraine la perte des éléments nutritifs du sol. En plus, le problème lié à la démographie galopante qui entraine une surexploitation des terres pour des fins agricoles et diverses (Smaling et al, 1997).

Au regard des problèmes susmentionnés, Sanchez et al. (1997) ont conclu que l’épuisement de la fertilité des sols dans les exploitations agricoles constitue la principale cause de la baisse de la production alimentaire par habitant en Afrique.

Pour expliciter l’ampleur de ce problème,   Norman Borlaug de IFDC dira : «the soil nutrient losses in Subsaharian Africa are an environnemental, politics and socials times bomb. Un less we wake up soon and reverse these disastrous trends, the future viability of our food system will be imperiled» (Sanginga et Woomer, 2009)

Cette situation concerne également la region des grands lacs africains et particulièrement la province du Sud-Kivu. Selon une étude réalisée par le projet CATALIST de IFDC, le bilan des éléments nutritifs du sol de la région des grands lacs est la plus négatif du monde. Selon cette étude, presque 100Kg d’éléments nutritifs sont perdus annuellement par hectare de terre agricole. Ce problème est lié au fait à une pression démographique  qui est le plus élevé de l’Afrique Subsaharienne et l’utilisation d’engrais y est la plus basse du monde

soit environ 4Kg par hectare alors qu’ailleurs on utilise en moyenne 110kg par hectare par an. Ceci est  combiné à un relief extrêmement escarpé (IFDC CATALIST, 2009).

Des pertes d’une telle ampleur imposent la prise de certaines mesures, notamment la restauration de la fertilité des sols, l’utilisation accrue d’engrais inorganiques et un recyclage plus efficient de la biomasse dans le système agricole, etc., pour améliorer la productivité des cultures.

De ce fait, un sommet de chef d’état d’Afrique sur les engrais a été organisé à Abuja en 2006. Les chefs d’état ont recommandé d’accroître d’ici 2015 l’utilisation des engrais d’un taux de 8 à 50 kg de nutriment par hectare par an (Africa Fertiliser Summit, 2006; Pypers,

2010).

Cependant  la  disponibilité  des  engrais  chez  les  petits  producteurs  constitue  un véritable problème du fait de la mauvaise organisation du marché des intrants, de leur prix élevé et le faible revenu des agriculteurs. En plus la fertilité des sols est très hétérogène dans cette zone et présente une grande variabilité d’une exploitation agricole à l’autre, autant au niveau local que sur l’ensemble de l’Afrique (Zingore, 2007). Ce qui fait qu’un bon nombre des sols réagissent faiblement lorsqu’on applique les engrais seuls. Cette faible efficience agronomique limite l’utilisation de l’engrais dans les ménages des agriculteurs africains mais elle pourrait être améliorée grâce à une gestion complémentaire de la structure du sol et des matières organiques. Il a était démontré que seulement 10 à 15% de P, de 10 à 20% de l’azote appliqué à travers les engrais sont assimilé par la plante. Cette inefficacité d’utilisation de l’efficacité des engrais décourage aussi les investissements en termes des engrais chez les agriculteurs pauvres (Vanlauwe et al, 2001; Africa fertiliser Summit, 2006).

Pour pallier à ce problème, une gestion intégrée de la fertilité des sols qui s’appui sur l’utilisation des germoplasmes améliorés, l’utilisation des engrais minéraux, la bonne gestion de la matière organique du sol et les adaptations locales a été préconisé par Sanchez. (Alley et Vanlauwe, 2009).

En  adoptant  cette  gestion  et  en  l’associant  à  l’utilisation  des  germoplasmes  des céréales améliorés, la « Révolution verte » a donné un coup d’accélérateur inédit à la production agricole en Asie et en Amérique latine. Toutefois, la mise en œuvre de la stratégie

« Révolution verte » en Afrique subsaharienne n’a produit que de modestes résultats en raison de divers facteurs (IITA, 1992), notamment la diversité des zones agroécologiques, des systèmes de culture, la variabilité de la fertilité du sol, la faiblesse des cadres institutionnels et

l’absence de politiques favorables ainsi que des effets environnementaux liés à l’utilisation

exclusif des engrais.

De ce fait l’ancien secrétaire général de nations unies, KOFFI ANNAN a suggéré lors du  sommet  Africain  sur  les  engrais: « African  green  revolution  should  be  African  by recognizing Africa’s great diversity of landscape, soils, climates and cultures and learning lessons from earlier Green Revolutions in Latin America and Asia, that did not always benefited the poor and often impacted negatively on the environment»

De ce fait comme souligné précédemment, l’utilisation de la matière organique combinée aux engrais chimiques est primordiale pour améliorer l’efficacité des engrais car la matière  organique  permet  d’accroitre  la  capacité  de  rétention  de  l’eau  et  des  éléments nutritifs, permet une disponibilisation progressive des éléments nutritifs aux plantes, accroitre le taux des micronutriments, etc. Or en examinant la loi de Liebig, la déficience en un élément nutritif diminue la capacité d’utilisation des autres nutriments (Vanlauwe et al, 2006).

Malheureusement la disponibilité de la matière organique chez les paysans africains n’est pas garantie (Titonell et al, 2005). D’où des petites quantités sont appliquées surtout dans des champs de case. C’est pourquoi l’utilisation stratégique de la matière organique en jouant sur le mode d’application, la qualité et le taux de la matière organique contournerait la faible disponibilité de la matière organique à accroitre l’efficacité des engrais et le rendement des différentes matières organiques, des résidus de cultures dans les sols africains. Le TSBF- CIAT propose toujours d’utiliser des quantités de 5 tonnes par hectare de matière fraiche combiné à des microdoses d’engrais pour   améliorer l’efficacité d’usage des engrais (Pypers et al, 2010).

D’où l’objectif de ce travail était donc d’évaluer l’effet lié au mode d’application, la qualité et la dose de matière organique sur la productivité du maïs et des légumineuses, cas du haricot.

A part l’introduction, ce travail comprend un chapitre sur la gestion intégrée de la fertilité des sols en Afrique, le deuxième sur la méthodologie et le troisième sur l’analyse et discussions des résultats. Enfin une conclusion et des recommandations clôturent ce travail.

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