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INTRODUCTION

Contexte, problématique et justification du sujet

L’alimentation est considérée comme étant un élément essentiel dans la vie humaine car préserve la santé et réduit le risque des maladies chroniques (FAO, 2011). Cependant, environ 68 % de la population mondiale souffre de la carence en protéines (OCHA, 2012). Les protéines d’origine végétale, n’ayant pas une grande valeur biologique, sont déficientes en certains acides aminés essentiels contrairement aux protéines animales (Olivier et al., 1990 ; De Failly, 2000). Ce qui laisserait supposer qu’une proportion importante de la population sur le globe terrestre souffre des déficits calorifiques et protéiniques sérieux (Bouvier, 2010 ; Lushiku, 2012).

Départ cette considération, les produits forestiers non ligneux (PFNL) tels que les champignons forment une source potentielle protéinique, thérapeutique ainsi qu’une source alimentaire de première nécessité pour les communautés autochtones vivant à proximité et/ou dans des formations végétales (Olivier, 1991 ; Linquedist et al., 2005 ; Benjamin, 2007 ; Zahid et al., 2010). Ils jouent ainsi un rôle de compensation des protéines animales et végétales pour les populations tributaires des céréales et autres cultures (Islam et al., 2009 ; Bano et Rajarathman, 2010 ; Babu et Subhasre, 2010). Tel est aussi le cas de la République Démocratique du Congo où dans certains villages, près de 40 % des femmes participent à la cueillette des champignons comme source de revenu et d’alimentation (Degreef, 1990 ; 1992).

En effet, les champignons présentent des faibles teneurs en lipides, en glucides et fournissent peu de calories. Leur teneur en protéines est légèrement plus élevée (2-3%) que la plupart des légumes frais (1-2%) (Martin, 2001; Feuzet et Orsat, 2005), et certaines des espèces retiennent une énorme portion d’eau ainsi que des matières minérales telles que le P, K et S élevées et certaines vitamines (René, 2004 ; Bianchetti et Vaccarino, 2007).

Produits naturellement dans les écosystèmes terrestres ces derniers se bornent à la croissance démographique de la population qui s’accélère à un rythme exponentiel de 2,4% par an (OCHA, 2012). Au vue de cette allure, les superficies cultivables deviennent de plus en plus rares et une menace de surexploitation se fait sentir au stade actuel, ce qui laisse à craindre pour l’avenir de ces écosystèmes qui subissent déjà une forte pression humaine (Eba’a A. et Bayol, 2008). La province du Sud-Kivu n’est pas mise à l’écart et plus particulièrement le territoire de Walungu (De Failly, 2000).

Partant des réalités socio-économiques, entre autres les revenus insuffisants, la rareté d’emploi, l’insécurité alimentaire chronique etc., la population a développé des activités lucratives diversifiées pour se maintenir et surpasser ces modes de vie précaires. Cette dernière a adopté l’exploitation des PFNL avec qui de plus en plus l’utilisation et la commercialisation des champignons comestibles s’effectuent à une allure croissante (Biloso, 2006).

Certaines enquêtes menées dans quelques groupements de Walungu, montrent qu’un nombre important des souches des champignons comestibles seraient disponibles dans ce territoire (Nshokano, 2015 ; Aganze, 2016). Malheureusement, les informations par rapport à leur diversité en fonction d’altitude, leur composition nutritionnelle et leur isolement en vue d’une éventuelle production en grande échelle n’est pas jusque-là bien connue afin d’en disposer en grande quantité et en toute saison. Leur bénéfice nutritionnel et thérapeutique n’est de ce fait pas encore entièrement exploré.

Dans cette même perspective, une espèce exogène (Pleurotus ostreatus) a été diffusée mais malheureusement, elle n’a pas été entièrement adoptée par les paysans vu les attitudes paysannes antagonistes face à la qualité organoleptique de cette dernière spécialement liée à son goût et son apparence physique (Aganze, 2015). De ce fait, la population continue à se tourner vers la consommation des souches locales pourtant de plus en plus aléatoires et saisonnières (Dibaluka et al., 2010). Cependant, aucune technique n’est jusque-là pas mise à la disposition pour leur mise en culture pour une production à grande échelle et en toute saison.  Aucune recherche ne montre aussi la composition nutritionnelle des souches des champignons localement consommées dans le territoire de Walungu et la province du Sud Kivu en général. La population de ce territoire continue ainsi  à récolter ces souches dans la nature, sur les bois morts (ou autres  matières organiques en décomposition) souvent en faible quantité et de façon aléatoire (Nshokano, 2015 ; Aganze, 2016).

Neuf souches ont été identifiées au total dans les enquêtes précédemment menées par  Nshokano (2015) et Aganze (2016), et trois ont été préliminairement isolées (Nshokano, 2015).  Trop peu d’études se sont focalisées à évaluer leur richesse chimique et nutritionnelle comparativement à la souche en diffusion dans le milieu, mais aussi leur répartition dans les différentes écologies du territoire ainsi que leur isolement pour l’éventuelle production à grande échelle.

Ainsi donc, la connaissance de la répartition de ces souches dans les différentes écologies du territoire, l’identification de leurs valeurs nutritionnelles et leur mise en culture pourrait demeurer la solution adéquate pour intensifier non seulement la culture des souches endogènes qui restent les plus consommées par la population locale mais aussi les plus demandées sur les marchés locaux de la province.

Questions de recherche :

  • La diversité mycologique du territoire de Walungu varie-t-elle en fonction de différents écosystèmes et de leur altitude?

Objectifs du travail

Objectif global

L’objectif global de cette étude est de contribuer à  l’inventaire des champignons comestibles de Walungu tout en mettant l’accent sur leur richesse nutritionnelle ainsi que sur leur possibilité de mise en culture pour la production des blancs.

Objectifs spécifiques :

  • Evaluer la diversité mycologique respectivement dans la haute et moyenne altitude du territoire de Walungu,
  • Déterminer la composition nutritionnelle de ces souches,
  • Faire un essai d’isolement des différentes souches ethno-mycologiques pour une éventuelle production des blancs de semis (semences primaire et secondaire) en utilisant la méthodologie préconisée pour la souche diffusée (Pleurotus ostreatus).

Hypothèses de recherche :

  • Les souches mycologiques comestibles du territoire de Walungu varieraient en fonction des écosystèmes réparties en moyenne et haute altitude,
  • Les souches mycologiques du territoire de Walungu présenteraient des fortes proportions en termes de valeurs nutritives,
  • Les souches mycologiques isolées sur milieu de culture seraient aptes à la production du blanc observée chez la souche pleurote.

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