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CHAP I GENERALITE SUR LA FORET

I.1. Les différentes fonctions de la forêt
a) Fonction de production
Parmi les nombreux biens et services dont les écosystèmes forestiers regorgent, le bois représente le produit dont la valeur révélée est la plus forte. Le bois et ses produits dérivés peuvent représenter un poste important dans l’économie de certains pays (Stéphane, 2014).
b) Fonction antiérosive
Par les influences diverses que les arbres exercent sur le régime des eaux ; la forêt freine les forces érosives, et assure la protection de montagnes et des vallées qu’elle domine. Les forêts contribuent à la stabilité des sols par l'action des racines (Roisin, 1975).
Un système racinaire étendu permet aux plantes d’extraire du sol des quantités considérables d’eau, grâce au processus d’évapo-transpiration (Christoph et al., 2003).
Les fonctions de la composante ligneuse dans le contrôle de l’érosion peuvent être : la réduction de l’érosion hydrique par une couverture de la litière en surface, la réduction de l’érosion éolienne par des brises vents et des rideaux d’abris, la lutte contre le déclin de la résistance du sol à l’érosion en entretenant la matière organique etc. (Anthony, 1995).
c) Fonction hydrologique
Les forêts conservent l’eau en augmentant l’infiltration, en réduisant la vélocité du ruissellement et l’érosion des surfaces et en diminuant la sédimentation. Elles jouent un rôle dans la filtration des contaminants de l’eau, la régulation du débit, la modération des inondations, l’accroissement des précipitations et l’atténuation de la salinité (FAO, 2010).
Elle diminue aussi la charge des matériaux fins ou grossiers arrachés au sol ; et, charriés par les eaux vers les nappes aquifères dont elle contribue à accroitre les réserves (Roisin, 1975).
d) Fonction climatique
Il est vraisemblable que l’influence de petites forêts discontinues, sur le climat général d’une région reste au total assez faible. Par contre leurs influences sur le climat local des terrains qui les avoisinent immédiatement peut devenir appréciable (Roisin, 1975).
Les forêts, en raison de la densité végétale qui les caractérise, jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat, à la fois par la photosynthèse, qui transforme le carbone atmosphérique
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en oxygène, et par la consommation d’eau et l’évapotranspiration, qui fait des régions forestières des zones dont l’humidité atmosphérique est assez stable (Anonyme, 2012).
e) Fonction esthétique
La beauté et l’harmonie d’un paysage résulte de la combinaison heureuse d’un certain nombre des composantes comme : le relief, la présence des rivières ou d’étangs d’affleurements rocheux, de versants et des clairières ensoleillés. Cependant quel que soit la valeur propre de chacune de ces composantes un paysage où manque la forêt ou même, plus simplement, les rideaux d’arbres, ne présente qu’un attrait faible et éphémère (Roisin, 1975).
Tous les arbres n'ont pas le même genre de perfection esthétique, selon leur port propre, l'allure de leur feuillage, les proportions du tronc et des branches ; un arbre peut présenter une beauté majestueuse. Une belle forêt est disposée de telle sorte qu'elle offre au promeneur le spectacle sans cesse ; renouveler de compositions harmonieuses (Anne, 1988).
f) Fonction sanitaire et récréative
La forêt exerce un rôle de premier rang dans la dépollution de l’atmosphère et des eaux : par production de l’oxygène, dépoussiérage de l’atmosphère, purification de l’air, absorption des gaz toxiques ; elles créent une ambiance propre au repos, à la détente, au jeu et permet le développement du tourisme (Roisin, 1975).
Les forêts constituent des espaces privilégiés pour des pratiques de découverte, d’aventure, voire de prise de risque (Gilles et al., 2008).
g) Fonction scientifique
Les forêts sont des milieux naturels propices à la diversité des espèces végétales, animales et bactériennes et aux relations entre elles (Anonyme, 2012).
L’une des principales fonctions de la préservation de la biodiversité d’un espace naturel, est d’offrir une richesse de biens naturels favorables à l’expérimentation et à l’observation. Elle offre de sujets d’études pour la recherche, les espaces protégés représentent des contextes privilégiés du fait du faible degré de perturbation et d’anthropisation des milieux (Gilles et al., 2008).
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 Rôle de forêts sur la santé corporelle de l’homme
La forêt est un réservoir d’air pur, riche en oxygène et normalement privée de gaz délétères. Elle l’est évidemment d’autant plus qu’elle est plus écartée des grandes agglomérations et des complexes industriels polluants qu’elle est plus étendue et qu’on y pénètre plus profondément.
 Action de la forêt sur les poussières
Les forêts et rideaux d’arbres se comportent comme des véritables filtres à l’égard de l’air chargé de poussières : leurs rameaux et leur feuillage sont capables d’en retenir de grandes quantités, que des précipitations atmosphériques ramènent régulièrement au sol.
De plus ils provoquent encore indirectement la sédimentation d’une quantité supplémentaire de poussières, sous eux et autour d’eux, en réduisant la vitesse de vent et par l’émission de vapeur d’eau qui, en se condensant autour des particules solides véhiculées par l’air, les entraines au sol sous formes de brouillard.
 L’émission de substances aromatiques
Il est bien connu que certaines essences ligneuses, comme les résineux émettent dans l’atmosphère les huiles essentielles volatiles telles que des terpènes et des baumes, auxquelles on attribue généralement une influence favorable sur les voies respiratoires.
 Rôle de la forêt sur l’équilibre nerveux de l’homme
La forêt contribue positivement et certainement dans une mesure appréciable au maintien ou au rétablissement de l’équilibre nerveux de l’homme, favorisant par là son état général de santé.
Cette influence heureuse résulte :
 De la suppression ou de l’atténuation très sensible des bruits incommodants : le bruit
accroit dans une large mesure la tension nerveuse des individus, entrainant des dommages pour la santé, a aussi pour effet de diminuer le rendement intellectuel et manuel.
 De son ambiance calme, propice au repos et à la détente : par sa valeur esthétique et son rôle dans l’étouffement des bruits incommodants, la forêt possède déjà au plus point la faculté de créer une ambiance calme et agréable, propice au repos et à la détente nerveuse.
 Du cadre des activités récréatives et sportives : la forêt offre d’innombrable possibilités d’activités récréatives et sportives les plus diverses (Roisin, 1975).
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I.2. La gestion durable de la forêt dans le monde et en RDC
Du fait des pressions exercées sur la forêt, la question de sa gestion durable se pose avec acuité (Didier et Jean-Marie., 2010). Depuis les années quatre-vingt, de plus en plus les forêts sont considérées à la fois comme des réservoirs de ressources naturelles, mais aussi comme des espaces à préserver.
En 1993, lors de la conférence interministérielle sur la protection des forêts en Europe, établissant que « la gestion durable signifie la gérance et l’utilisation des forêts et des terrains boisés, d’une manière et à une intensité telles qu’elles maintiennent leur diversité biologique, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire, actuellement et pour le futur, les fonctions écologiques, économiques et sociales pertinentes aux niveaux local, national et mondial ; et qu’elles ne causent pas de préjudices à d’autres écosystèmes » (Anonyme, 2012).
Les organisations écologistes interprètent la notion de gestion durable dans un sens plus large : la gestion forestière n'est pas seulement axée sur une récolte durable du bois, mais elle accorde aussi de l'importance aux critères sociaux et écologiques (Yves, 2005).
Ces définitions reprennent ceux du développement durable, définis en 1987 par l’ONU ; en tant que développement permettant aux générations actuelles de répondre à leurs besoins tout en permettant à celles à venir de répondre aux leurs. Il en résulte, au sein des États, de nombreux débats et travaux afin de mettre au point des modes de gestion durable et d’identification de celle-ci, en particulier par la création de labels, permettant de certifier la mise en oeuvre de formes conjointes d’exploitation et la préservation des forêts (Anonyme, 2012).
Consciente du rôle essentiel des écosystèmes forestiers, le gouvernement de la RDC s’est engagé, en partenariat avec la communauté internationale, à améliorer la gouvernance du secteur forestier afin d’en assurer une gestion durable. Pour ce faire, la RDC a ratifié plusieurs conventions et accords internationaux et régionaux, et lancé des initiatives nationales visant la gestion durable des forêts, dont :
ï‚· l’organisation du Forum sur la Politique Forestière en 2000 ;
ï‚· la promulgation du Code forestier par la loi no 011/ 2002 du 29 août 2002 ;
ï‚· l’élaboration et la mise en route de l’Agenda Prioritaire du secteur forestier en 2003 ;
ï‚· la tenue de deux tables rondes sur la forêt en 2004 et 2006 ;
ï‚· la ratification du traité de la CFAC en janvier2010 (Alain et al., 2010).
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I.3. Etat de lieu des forêts du bassin du Congo
Les forêts tropicales du bassin du Congo, dénommées « le grand coeur vert de l’Afrique » et uniquement dépassées en taille par l’Amazonie, contiennent plus de 90 % du carbone stocké dans les écosystèmes du continent.
L’une des découvertes surprenantes de ces dernières années, est que même si ces forêts tropicales d’Afrique sont anciennes, elles continuent à absorber le carbone de l’atmosphère ; cela signifie que les forêts naturelles d’Afrique centrale contribuent à la réduction de la pollution responsable du réchauffement de la planète (Goug et al., 2014).
Ces vingt dernières années, les forêts tropicales, ont continué à être soumises à d’intenses pressions engendrant un rythme de déforestation qualifié d’« alarmant ». En ce qui concerne les forêts tropicales, qui couvrent quelques 2 millions d’ ha, la FAO a évalué le rythme de déforestation nette à 5,4 millions ha/an. Ainsi, l’Amazonie perd environ (3,6 millions ha/an) suivie par l’Asie du Sud Est (1 million ha/an) et le Bassin du Congo (700 000 ha/an) (Leroy et al., 2013).
I.4. La Forêt et le changement climatique
Le changement climatique est aujourd’hui admis de manière quasi unanime, alors qu’il a été l’objet de débats et même de contestations durant la dernière décennie (Nicolas et al., 2013).
La densité végétale joue un rôle essentiel dans la régulation du climat, à la fois par la photosynthèse, qui transforme le carbone atmosphérique en oxygène, et par la consommation d’eau et l’évapotranspiration. Cette double action des forêts sur l’atmosphère prend une dimension particulièrement importante dans le cadre du changement climatique. Cependant, les seules forêts qui absorbent plus de carbone qu’elles n’en émettent sont les forêts en croissance. Dans certains cas, elles peuvent d’ailleurs devenir des sources de carbone (Anonyme, 2012).
Dans une forêt exploitée sélectivement, la quantité de carbone stockée est influencée par des facteurs et des processus internes au système : la composition en espèces, l’accroissement des arbres, la vitesse de décomposition des bois ou la richesse du sol. Ce stock est aussi influencé par des facteurs externes tels que le temps qui s’écoule entre deux coupes, l’intensité de prélèvement, la portion de volume de bois abattu laissée sur place.
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Les principales composantes du stock de carbone d’une forêt tropicale sont la biomasse aérienne, le bois mort, la litière, la matière organique du sol et les racines. La biomasse aérienne, qui est la composante majeure du stock de carbone, est également l’élément le plus affecté lors de la dégradation (Luc et al, 2011). La disparition des forêts contribue au réchauffement climatique, menace l’indépendance des peuples qui y vivent et entraîne l’érosion de la biodiversité (Gilles et al., 2008).
Le changement climatique est induit par l’injection de gaz à effet de serre, gaz qui retiennent une fraction de la chaleur émise par le soleil dans l’atmosphère. Les gaz à effet de serre contenus dans l’atmosphère jouent un rôle dans la régulation du climat, Ils empêchent les rayonnements infrarouges d’être renvoyés de la terre vers l’espace ; C’est l’effet de serre. Le dioxyde de carbone représente près des 2/3 des émissions mondiales de gaz à effet de serre induites par les activités humaines (Anonyme, 2004). À l’échelle mondiale, parmi les émissions annuelles de gaz à effet de serre générées par les activités humaines depuis 1990, 15 à 25 % proviennent du changement d’usage des sols, avec comme principal facteur la déforestation en zone tropicale. À cette déforestation émettrice de gaz carbonique (CO2) se rajoute la dégradation des forêts tropicales qui peut produire des émissions de CO2 importantes.
Les dynamiques locales et régionales du couvert forestier influent donc à la fois sur le climat, la biodiversité et les services environnementaux (Anonyme b, 2011)
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I.5. Les causes et les conséquences de la déforestation
La déforestation correspond à une nette conversion des terres forestières qui passent à d’autres usages avec réduction du couvert forestier à une densité inférieure à 10 % (Richard, 1999).
 Les causes de la déforestation
 Causes immédiates
ï‚· Activités agricoles (extension de l’agriculture itinérante, élevage extensif,…)
ï‚· Exploitation du bois (exploitation artisanale et industrielle, récolte de bois de feu,….)
ï‚· Extraction de ressources épuisables (extraction minière, pétrolière et gazière)
ï‚· Construction d’infrastructures (routes, barrages, aéroports, lignes électriques,…)
ï‚· Exploitation de la faune et des produits forestiers non ligneux
 Causes sous-jacentes
ï‚· Facteurs politiques et institutionnels (guerre, corruption, illégalité, manque de contrôle)
ï‚· Facteurs économiques (défaillance des marchés, facteurs macroéconomiques,…..)
ï‚· Facteurs démographiques (flux migratoires, croissance et densité démographique)
ï‚· Autres facteurs (technologiques, Culturels,….)
 Causes naturelles
ï‚· incendies naturels
ï‚· tempêtes
ï‚· maladies
ï‚· inondations (Leroy et al., 2013).
 Les conséquences de la déforestation
La déforestation a comme conséquence sur la perte de la biodiversité, la perturbation du climat, a une action sur le sol et sur les activités humaines.
a) Perte de la biodiversité : elle perturbe les équilibres et les assemblages des espèces dans une forêt (Anonyme, 1992).
b) Perturbation du climat : les forêts stockent le carbone qui, sinon, seraient relâchées dans l’atmosphère et contribueraient au dérèglement climatique (Greenpeace, 2009).
c) Action sur le sol : la déforestation expose davantage les sols aux rigueurs du climat, découvre la roche-mère.
d) Activités humaines : le mode de vie traditionnel est menacé par la déforestation, dans les pays où le tourisme est la principale source de revenus, le recul de la forêt peut le compromettre.
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I.6. Les qualités et les usages de bois d’oeuvre
I.6.1. Les qualités de bois d’oeuvre
La qualité de bois d’oeuvre conditionne son usage (Anonyme, 2011b). La qualité recouvre autant les notions de respect des normes que les aspects contractuels : dimensions, aspect du produit, siccité ou encore respect des délais de livraison ; les attentes actuelles des clients sur la qualité sont :
ï‚· Stabilité dimensionnelle
ï‚· Durabilité
ï‚· Résistance en structure, aux champignons et aux insectes
ï‚· Bonne finition et beauté
ï‚· Propriétés isolantes
ï‚· Régularité d’approvisionnement
ï‚· Renouvelabilité et recyclabilité
ï‚· Tenue de la teinte dans le temps
ï‚· Bonne usinabilité, présentation, packaging, non toxicité (Emmanuel, 2013).
Les singularités sont des particularités physiques, morphologiques ou anatomiques de l’arbre susceptibles d’affecter la mise en oeuvre du matériau bois. Elles sont dues à la conduite des arbres, à des anomalies génétiques et à des accidents de croissance (Anonyme, 2015).
I.6.2. Les différents usages du bois
Le bois a différentes utilisations, en partant du plus valorisant vers le moins rémunérateur on a:
ï‚· Tranchage ou déroulage
ï‚· Ebénisterie
ï‚· Bois de fendage (pour faire des tonneaux…)
ï‚· Menuiserie
ï‚· Charpente
ï‚· Palettes
ï‚· L’industrie de la pâte à papier
ï‚· L’industrie des panneaux de particules
ï‚· L’utilisation dans des chaudières à bois
ï‚· La carbonisation
ï‚· Le paillage, les litières pour animaux d’élevage et le compostage (Anonyme, 2011b).
Les bois sciés peuvent être utilisés en construction (charpente, rénovation…), aménagements extérieurs ou menuiserie, bâtiments, auto-construction, artisanat (Anonyme, 2015).
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I.4. Quelques espèces sylvicoles les plus rencontrées au Sud-Kivu
Le tableau ci-dessous reprend les espèces sylvicoles les plus cultivées au Sud-Kivu.

Espèces (noms scientifiques)
Autres espèces cultivées
Famille botanique
1
Markhamia lutea
-
Bignoniacée
2
Jacandra mimosaefolie
-
Bignoniacée
3
Eucalyptus spp
E. grandis, E. saligna,
Myrtacée
4
Acacia sp
A. albida, A.mearnsil,
Mimosacée
5
Grevillea robusta
-
Protéaceae
6
Albizzia sp
A. gummifera, A. lebbeck
Mimosacée
7
Calliandra callothyrsus
C. glauca.
Mimosacée
8
Cassia sp
C.simea, C. spectabilis
Césalpiniacée
9
Cedrella serrata
-
Méliacée
10
Maesopsis eminii sp
-
Rhamnacée
11
Leucena sp
L. leucocephala, L. glauca
Mimosacée
12
Podocarpus usambarensis
-
Podocarpaceae
13
Sesbania sesban
-
Fabacée
14
Cupressus sp
-
Cupressacée
15
Prinus sp
-
Panacée
16
Casuarina sp
-
Casuarinacée
(Rukeratabaro, 2011).

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