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Chapitre IV : DISCUSSION DES RESULTATS

IV.1. Fréquence des cas de retraitement durant la période de notre étude

Dans nos travaux, nous avons trouvé que la prévalence des cas de retraitements dans la prise en charge de la tuberculose pulmonaire était de 74 patients tuberculeux, réalisant un taux de 9,76% sur un total de 758 patients chez qui on a diagnostiqué cliniquement et/ou bactériologiquement la tuberculose pulmonaire, et qui ont été suivis soit en ambulatoire soit en hospitalisation dans le service de médecine interne de l’HGR/Uvira du 1er janvier au 31 décembre 2016.

 Ces résultats sont un peu proches à ceux signalés par une revue systématique de 29 rapports publiés sur les facteurs de risques associés à la reprise du traitement antituberculeux et à la TB-MR en Europe par les experts de 4 pays de ce continent, et qui ont montré que le risque global à la reprise du traitement est estimé à 9,05%(14). Un étude menée en Ouganda a également montré que plusieurs épisodes de la tuberculose et l’échec du traitement étaient significativement associés à la reprise du traitement dont un taux global de retraitement à 11,2%(13),(19), alors que celle réalisée en Inde sur les facteurs de risques liés à reprise de traitement antituberculeux a trouvé un taux de prévalence de 6,5% de cas de retraitement pour une période de 3 ans(15),(23).

Nous pensons qu’une telle prévalence de cas de retraitement à l’HGR/Uvira pourrait s’expliquer en partie par une mauvaise gestion de patients en traitement, un traitement incomplet qui se produit quand le malade cesse de prendre les médicaments prescrits régulièrement ou pendant le temps nécessaire pour éliminer la maladie, soit parce qu’il commence à se sentir mieux ou soit il est mal informé sur les risques liés à l’abandon de traitement du fait que les médecins et d’autres personnels de santé négligent le rôle de l’information, de l’éducation sanitaire et de la sensibilisation de malade et de son entourage dans le succès thérapeutique. Les autres causes épinglaient la mauvaise prescription des médicaments mais aussi les exigences des conditions socioéconomiques des patients.

IV.2 Fréquence des cas de retraitement par année d’étude

Dans nos recherches, nous nous sommes rendus compte que les cas de retraitement à l’HGR/Uvira avaient une forte prévalence durant la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2016 avec un taux de 2,9% par rapport l’année 2014 qui vient en deuxième position  avec un taux de 2,37%.

En effet, ces résultats que nous avons trouvé tiennent leurs explications dans le sens où, malgré une forte augmentation de la population, les problèmes de l’habitat, d’hygiène et les mauvaises conditions socioéconomiques dans les zones des pays en voie de développement, Uvira y figurant, favorisent la non maitrise des stratégies de lutte contre la tuberculose(6),(3). Toutes ces explications s’appuient sur une autre étude similaire menée par IKOSA MOKA en Côte d’Ivoire sur les facteurs de risque de la tuberculose en 2016(16).

IV.3 Catégorie des malades en retraitement à l’admission

Nos travaux ont montré les patients en rechute représentent un taux de prévalence de 6,72% contre 2,11% de reprise après interruption du traitement (RAI). Les patients ayant développé la tuberculose chronique avaient un taux de prévalence de 0,39%. Une étude menée en Guinée AMADOU DIOKO sur les facteurs prédictifs aux rechutes dans la prise de la tuberculose pulmonaire a trouvé presque des résultats similaires avec les fréquences de 7,22% pour les rechutes ; 1,31% pour les cas d’abandon au traitement et 0,6% pour la tuberculose chronique sur total des patients en retraitement(17),(19). Ce travail met en exergue non seulement la défaillance les comportements des patients dans l’adhérence au traitement, dont l’arrêt du traitement serait l’un des facteurs prédictifs d’échecs de traitement et des récidives de la tuberculose pulmonaire, mais également les défaillances du personnel de santé. Et cela n’enlève en rien les efforts que fournissent les systèmes sanitaires guinéens et les ONGs dans la lutte contre la tuberculose(10).

Pour notre part, tout en appuyant à ces analyses, cette tendance élevée de patients sous retraitement pourrait aussi s’expliquer aussi par le manque de l’information, d’éducation sanitaire et l’ignorance des risques qu’ils courent si cette pathologie est mal prise en charge.

IV.4 Sexe de patients en retraitement

Nos travaux ont montré que les patients de sexe masculin représentaient 5,8% tandis que les femmes représentaient un taux de 3,95% avec un sexe ratio de 1,46 en faveur des sujets masculins. Ces résultats sont presque similaire à ceux d’une étude menée par Sandrine KEITA au Mali sur les facteurs prédictifs de rechutes dans la prise en charge de la tuberculose qui a trouvé un taux 6,3% des hommes contre 3,7% des femme(18),(23). LUSANGO KAKISINGI à Lubumbashi a trouvé en 2014 un sexe ratio 1,6 en faveurs toujours du sexe masculin(18), (24).

Tous les deux ont analysé les modes de vie qui pourraient être évoqués face aux conditions de travail dans un contexte de pauvreté généralisée dont le sexe masculin est incriminé comme facteurs prédictifs des mauvaises observances thérapeutiques où les motivations sont souvent mal expliquées. Dans le même angle d’idée, nos résultats trouvent leurs explications par les fait que les hommes sont plus exposés aux facteurs favorisants (travaux miniers, prisonniers, tabac, alcool, VIH, etc.) que les femmes qui font plus des travaux ménagers, moins exposées aux conditions difficiles en dehors du domicile qui serait pour elles un facteur de protection.

III.4 Ages des patients en retraitement

Cette étude, nous avons trouvé que les patients appartenant à la tranche d’âge de  34 à 60 ans représentaient 4,08% suivie de ceux de 25 à 34 ans qui avaient un taux de 3,16%. Même si la durée de travaux n’est pas la même, ces résultats trouvés dans notre étude coïncident à ceux trouvés récemment par les experts de santé publique du Cameroun, qui montré que les cas bénéficières du retraitement étaient des adultes jeunes d’âge entre 22 et 55 ans avec un taux de prévalence de 6,97%(28),(3).

En se basant sur leurs analyses, nos résultats s’expliqueraient par le fait que c’est à cette tranche d’âge que les jeunes adultes sont beaucoup plus actifs dans nos sociétés, plus ils sont très exposés aux facteurs incriminés dans la reprise de traitement antituberculeux dont les rechutes et l’abandon au traitement sont les plus incriminés(1),(3),(10).

IV.5 Forme de la tuberculose pulmonaire diagnostiquée.

Nos travaux ont montré que la tuberculose pulmonaire à microscopie positive était plus marquée avec une prévalence de 9,1% contre celle à microscopie négative qui a un taux de prévalence de 0,65%.

  Ces résultats concordent presque à ceux de MAYA MUSOKA qui ont montré un taux de 8,7% pour la tuberculose pulmonaire à microscopie positive contre 1,61% de la tuberculose pulmonaire à microscopie négative lors de son étude sur les causes d’échecs de traitement dans la prise en charge de la tuberculose pulmonaire(30). Une autre étude menée au Canada par Emyl G. et al sur les stratégies de lutte contre co-infection VIH/Tuberculose au Québec a montré une baisse ces résultats, soit 3,65% pour la tuberculose pulmonaire à microscopie positive contre 0,17% de la tuberculose à microscopie négative(8),(9).

En confrontant les deux situations, pour notre étude, nous n’avons pu trouver comment les cas de retraitement ont une teneur très significative de la bactériologie.

IV.6 Antécédents des cas en retraitement

Comme stipule le graphique n°6, l’antécédent de la prise régulière des boissons alcoolisées est de loin le plus fréquent avec un taux de prévalence de 28,37% contre 21,62% pour ceux qui fument le tabac et 12,98% de contage tuberculeux.

Pour ces trois paramètres, nos résultats que nous avons trouvés sont inférieurs à ceux trouvés par EHOLI A. &al et DARIWA B. et al qui sont respectivement de 34,6% et 33,4% pour la prise régulière des boissons alcoolisées, 27,3% et 28,1% pour les fumeurs du tabac, et 17,6% et 13,4% pour le contage tuberculeux. Ces deux études ont évalué la même problématique sur l’incidence des rechutes et échecs de traitement dans la prise en charge de la tuberculose pulmonaire et leur impact sur la reprise du traitement dans les villes distinctes(22),(26).

Ces répartitions statistiques se résument par le fait que le tabac, l’alcool et contage tuberculeux sont facteurs majeurs incriminés dans l’étiopathogénie de la tuberculose pulmonaire(2),(11). Il a été constaté qu’une répositivation des expectorations à partir du 5ième moi de suivi chez la plupart des patients appartenant dans cette catégorie. Ces paramètres contribuent à l’aggravation de la tuberculose par le fait qu’ils entrent parmi les causes de la fragilisation des muqueuses respiratoires(4),(8).

IV.7 Maladies associées

Comme stipule le graphique n°7, la gastrite était la pathologie plus rencontrée aux patients en retraitement avec un taux de 31,08% par rapport à d’autres pathologies qui sont le diabète, l’HTA, l’Asthme. Le VIH/SIDA a un taux de prévalence très significatif de 11,68% et que l’asthme sorte avec un taux de 1,29%.

En se basant aux études menées par MAYOLA Luc sur l’incidence des échecs et abandons au traitement ont montré que le VIH/SIDA était le plus marqué avec une prévalence de 27,8% que le diabète et l’HTA qui avaient respectivement une prévalence de 7,6% et 3,7% mais celles menée par ASONGA KEITE ont obtenus des résultats un peu proches de nôtres sur une étude ayant traité le même problématique que celui de MAYOLA Luc(31),(32). Cette étude a obtenu une prévalence de 38,2% pour la gastrite; 14,6% pour le VIH/SIDA; 9,8% pour le diabète et  1,4% pour l’HTA.

Les résultats que nous avons trouvé s’expliquent par le fait que toutes ces maladies sont susceptibles de diminuer les moyens de défense de l’organisme : malnutrition liée à la pauvreté, affections entraînant une immunodéficience comme l’infection par le VIH, ou le diabète, ou encore un traitement au long cours aux corticoïdes ou aux immunosuppresseurs(2),(11),(8).

  • La gastrite chronique serait due aux AINS et aux corticoïdes qui prescrit au long cours dans la prise en charge de la tuberculose pulmonaire et les douleurs thoraciques que les patients ressentent au cours de la tuberculose pulmonaire(2),(11),
  • Le diabète sucré s’est compliqué par des lésions nerveuses. Ces dernières seraient à la base de l’inhibition de la toux et de l’expectoration ce qui entrainerait la découverte au stade très avancé de la tuberculose, influençant le retraitement,
  • Le VIH/SIDA influencerait le retraitement de la tuberculose pulmonaire du fait qu’il diminue l’immunité de l’organisme. Cette co-infection TBC-VIH a été bien souvent incriminée dans la perte de vue des patients sous traitement antituberculeux

IV.13. Résultats du traitement

Selon nos résultats obtenus, au cours du retraitement les patients dont l’examen de crachat est négatif au derniers mois de traitement et au moins à une autre occasion précédente avaient un taux de prévalence de 45,94% et les patients n’ayant pas fait le contrôle bacilloscopique à la fin du traitement mais ayant au moins une évolution favorable représentent 22,97% de fréquence.

Ces résultats se trouvent un peu proches à ceux OLEMA DANKO au Benin en 2015 durant lequel il a trouvé un taux de guérison de 48,3% et 22,04% de traitement complet parce qu’il y avait une forte adhésion au traitement, une bonne sensibilisation et un bon suivi de protocole de traitement par le personnel de santé(17),(19).

Pour les cas d’échecs et d’abandon au traitement, une étude menée par ALI MOUHAMED au Maroc a révèle des taux similaires aux nôtres. 2,1% d’échecs et 4,5% d’abandons au traitement. Cette étude qui a étudié les causes de décès des patient sous retraitement explique ces taux la mauvaise foi des malades, la rupture des stocks et la mauvaise prise en charge(16),(21).

Nous nous sommes rendus compte que, malgré ce taux de guérison, les taux d’échecs et d’abandon au traitement seraient influencés les contraintes socioéconomiques des patients, la manque d’information, la rupture des médicaments antituberculeux, les déplacements fréquents des patients, des horaires incompatibles, contraintes professionnelles, la crainte de perte d’emploi et les contraintes financières de ces patients.

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