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CHAPITRE III: ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS

Memoire Online - Analyse de l'efficacité sociale des IMF au Bénin - Kazesse Amouzou

SECTION 1 : PRÉSENTATION DES RÉSULTATS ET ANALYSE

PARAGRAPHE 1 : PRÉSENTATION DES RÉSULTATS

Ce paragraphe nous présente les scores DEA en CCR sous les sept spécifications qui traduisent une efficience technique globale tant sur le plan financier que social, le graphique de tendance puis le tableau de calcul du coefficient de Spearman entre les deux principales spécifications à savoir ACE-LR et ACE-WP.

Tableau 4: Présentation synthétique de l'ensemble des résultats (A partir du logiciel DEAP)

 

IMF

Efficacités sociales

Efficacités financières

ACE-WP

ACE-W

ACE-P

ACE-LR

ACE-L

ACE-R

C-R

ACFB

100,00

100,00

100,00

99,20

99,20

59,30

37,20

Alidé

100,00

100,00

100,00

88,40

88,40

70,30

39,20

RENACA

38,40

27,10

38,40

85,50

85,50

39,00

21,70

CMMB

84,90

62,40

84,90

100,00

100,00

100,00

61,80

FECECAM

09,10

09,10

03,20

80,90

68,80

73,50

41,10

FIDEVIE

100,00

100,00

100,00

100,00

100,00

100,00

100,00

PADME

47,90

47,90

31,30

100,00

100,00

74,20

39,20

PAPME

12,90

12,90

00,00

100,00

100 ,00

41,20

22,40

Vital Finance

49.5

49,50

14,50

100,00

100,00

100,00

48,40

Moyenne

60,30

56,60

52,50

94,90

93,60

73,10

45,70

Tableau 5 : Calcul du coefficient de Spearman

 

IMF

ACE-LR

ACE-WP

Ecart(d)

d2

FIDEVIE

1

1

0

0

PADME

2

6

4

16

PAPME

3

8

5

25

Vital-Finance

4

5

1

1

CMMB

5

4

-1

1

ACFB

6

2

-4

16

Alidé

7

3

-4

16

RENACA

8

7

-1

1

FECECAM

9

9

0

0

Ód2

76

Coefficient de Spearman

0,37

Graphique n°2 : tendance des scores d'efficacité financière et sociale

Graphique n°3 : tendance des scores d'efficacité exprimant la lutte contre la pauvreté et le support des femmes

PARAGRAPHE 2 : ANALYSE DES SCORES DEA ET VÉRIFICATION

DES HYPOTHÈSES

Le score DEA, calculé en rendement constants21(*), donne une mesure générale de l'efficience technique d'une IMF. Si nous retenons les résultats du modèle CCR présenté  dans le tableau précédent, nous constatons que parmi les neuf IMF étudiées, seulement trois sont socialement efficaces - soit un pourcentage de 33% - car elles présentent un score d'efficacité ACE-WP égal à 100%.

Il s'agit des IMF ACFB, Alidé et FIDEVIE. Parmi ces IMF, on retrouve deux associations et une mutuelle. Ces trois IMF poursuivent un réel objectif social, si nous nous référons à la taille du prêt22(*). Et d'ailleurs, l'institution FIDEVIE arbore d'un bon résultat financier. Ce qui se justifie par son score d'efficacité financière (ACE-LR) égal à 100%. Cet exemple illustre la capacité de certaines IMF à combiner Performance Financière et Performance Sociale. Ainsi constatons-nous dans le cas présent d'étude que seulement 11,11% des IMF béninoises ont été capable de combiner les deux types d'efficacité.

L'analyse du tableau n°4 montre également que la moyenne des scores de l'efficacité sociale (60,30%) est inférieure à la moyenne des scores de l'efficacité financière (94,90%). Ce qui implique que notre hypothèse H1 selon laquelle « les IMF béninoises sont plus financièrement efficaces que socialement » est vérifiée. Ce qui signifie que les IMF béninoises se préoccupent plus de leur performance financière que de leur performance sociale. Toutes les IMF ont d'ailleurs respectivement des scores d'efficacité financière fortement élevés par rapport à leurs scores d'efficacité sociale.

Des résultats du précédent tableau se dégagent ce qui suit :

 

IMF

ACE-WP

ACE-LR

ACFB

100,00

99,20

Alidé

100,00

88,40

FIDEVIE

100,00

100,00

Nous remarquons à travers ce tableau que les trois IMF socialement efficaces présentent toutes des scores d'efficacité financière assez élévés et supérieur à 75%. Aussi, devrons-nous remarquer que la détermination du coefficient de Spearman entre le score d'efficacité financière ACE-LR et le score d'efficacité social ACE-WP nous a conduits à trouver une valeur positive même si celle-ci est apparemment faible. Ainsi notre hypothèse H2 selon laquelle « il existe une corrélation positive entre l'efficacité financière et l'efficacité sociale d'une IMF » est vérifiée.

Ce qui montre que la recherche de l'efficacité sociale garantit déjà l'efficacité financière. De ce fait, les IMF béninoises pourront dans leur stratégie se concentrer sur leur mission sociale et verront dans l'accomplissement de celle-ci, l'atteinte d'une bonne efficacité financière.

Le score moyen des efficacités sociales observé au niveau de la spécification ACE-W (56,60%) est supérieur à celui observé au niveau de la spécification ACE-P (52,50%). Ce qui signifie que notre hypothèse H3 selon laquelle « plus les IMF octroient de crédit aux femmes, plus elles sont sociales » est vérifiée. Ce qui veut dire que les IMF doivent plus orienter l'octroi de crédit vers les femmes car celles-ci sont vecteurs d'un développement économique à la base par les activités génératrices de revenu.

Aussi rappelons-nous que le score moyen de l'efficacité sociale observée au niveau des scores d'efficacité ACE-P est légèrement supérieure a 50% soit une valeure de 52,50%. Ce qui implique que la recherche de la perennité amène les IMF béninoises à ne pas servir en majorité les clients pauvres. Ce qui ne devrait pas être le cas.

Par ailleurs, une analyse individuelle des scores d'efficacité des grandes IMF du Bénin montre que celles-ci n'ont aucune politique sociale visant aux ciblages des pauvres et à l'octroi des crédits aux femmes. C'est le cas de PADME qui est financièrement efficace mais qui tient la dernière place pour ce qui concerne l'octroi de crédit aux plus pauvres. Les deux autres à savoir la FECECAM et le PAPME ont un faible taux d'efficacité sociale et un fort taux d'efficacité financière ; ce qui doit amener ces IMF à revoir l'ensemble de leur politique d'octroi de crédit et à repartir sur de  nouvelles bases.

Le graphique n°2 nous montre que toutes les neuf IMF ont un score d'efficacité financière supérieur à 80% mais cinq parmi elles ont un score d'efficacité social en dessous de 50%. Ce qui signifie une fois encore que le souci premier de toutes les IMF béninoises en général et des neuf IMF étudiées en particulier est la recherche de la perennité de l'institution par une bonne santé financière. Leur mission originelle est reléguée alors au second plan. Quant au graphique n°3, il témoigne de la forte corrélation entre deux types d'efficacité des IMF à savoir l'efficacité dans le support des femmes et l'efficacité dans la lutte contre la pauvreté. Ce qui supposerait que toutes les IMF qui sont efficaces dans le support des femmes sont également efficace dans la lutte contre la pauvreté. En effet, nous remarquons que presque toutes les IMF se retrouvent dans la partie diagonale du graphique. L'exception est PAPME, une institution qui visiblement n'a aucune politique de ciblage des pauvres.

SECTION 2 : RECOMMANDATIONS ET CONDITIONS DE MISE EN oeUVRE

PARAGRAPHE 1 : RECOMMANDATIONS

Des différentes analyses faites, se dégagent un certain nombre de recommandations pour l'amélioration des prestations des institutions de microfinance au Bénin. Il s'agit de :

- organiser des séances de formation sur les missions et objectifs pour les personnels des IMF notamment les agents de prêt;

- amener les IMF à recueillir des informations plus précises sur les niveaux de pauvreté de leurs clients et sur leur progrès au fil des ans ;

- mettre à la disposition des IMF des outils d'évaluation du niveau de pauvreté de leurs clients ;

- vulgariser les différentes méthodes d'evaluation des performances sociales présentes dans ce travail ;

- exiger des informations comme le type d'outil de mesure de la pauvreté utilisé, le nombre de clients qui sont des femmes, le pourcentage de clients les plus pauvres, etc, dans le plan d'action des IMF ;

- publier la liste décrivant les différentes performances réalisées au sein de l'institution et encourager les IMF qui combinent bien la Performance Financière et la Performance Sociale ;

- prévoir des sanctions pour les IMF qui boycotteraient leurs missions sociales ;

- promouvoir l'utilisation interne de l'évaluation des performances sociales dans les IMF ;

- vulgariser les différents outils d'évaluation de la pauvreté en microfinance ;

- éviter que les organismes gouvernementaux offrent des services de microfinance ;

- l'exigence par l'Etat de l'évaluation sociale des IMF au lieu de s'atteler au refinancement de ces dernières à travers le programme MCPP ;

- etc.

PARAGRAPHE 2 : CONDITIONS DE MISE EN oeUVRE

La mise en oeuvre des recommandations ci-dessus émises suppose un minimum de conditions de base. En effet, il faut :

- une redéfinition des indicateurs de performance sociale utilisés dans les IMF ;

- une multiplication des formations à l'endroit du personnel notamment le personnel local directement productif23(*) ;

- une entente au niveau de tous les partenaires du secteur de la microfinance sur la pertinence des indicateurs de performance jusque là utilisés ;

- revoir les bases qui soutendent les politiques nationales de microfinance ;

- mettre en place un système de régulation et de fiscalité souple, équitable et adapté pour le développement de la microfinance.

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