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I.3. Généralités sur les produits agricoles

I.3.1. généralités sur les céréales

Si l’on y réfléchit bien, on voit que les céréales ont joué un rôle non négligeable dans l’histoire de l’humanité. Tout produit de base joue, bien entendu, un rôle politiquement important lorsque comme c’est le cas pour les céréales d’énormes intérêts économiques et sociaux sont en jeu. Mais les céréales jouent un rôle particulièrement important parce que, selon l’endroit et le porte-monnaie, les maïs, le blé, l’orge, le sorgho, le millet ou le riz constituent la base des régimes alimentaires tant des pauvres que des riches.[1]

            Cependant, comme toujours, ce sont les pauvres qui sont les plus  vulnérables en cas de pénurie. Lorsque les produits de première nécessité font défaut, sans parler du moindre luxe, il y a mécontentement et ; souvent, danger. Il est extrêmement difficile de trouver et de maintenir l’équilibre souhaitable entre trop et trop peu. L’Europe, par exemple, produit trop à l’heure actuelle et elle paie ses agriculteurs pour qu’ils réduisent leur production. En revanche, dans la plupart des pays en Développement, la production des cultures vivrières a longtemps été négligée et une dépendance excessive à l’égard des céréales importées en a résulté, même lorsqu’en théorie, ces pays avaient la capacité non seulement d’assurer leur autosuffisance mais de dégager des excédents. Des réserves de change qui fondent ou les exigences de programme d’ajustement structurel ont contraint bon nombre de ces pays à stopper le flot des importations et à encourager un retour tant à la culture qu’à la consommation de céréales de production locale. Les céréales tendent à être considérées, de prime à bord, comme des produits de base de l’alimentation humaine, consommées directement après avoir été ou non transformés.[2]

Les prix d’abord : les céréales importées arrivent sur les marchés de la ville à un coût inférieur à celui des cultures locales, soit parce qu’il s’agit de surplus à brader pour éviter un coûteux stockage, soit parce qu’elles sont directement subventionnées. La céréale importée a aussi le mérite d’avoir été transformée et donc d’être d’une cuisson facile et rapide. En fin, aliment de l’élite urbaine, elle apparait à beaucoup comme un signe de promotion sociale  acquérir à tout prix.

Les céréales ne sont pas non plus exemptes de lances propres. Très peu transformées, elles requièrent une longue préparation. Le marché n’est pas non plus régulièrement approprié et il coûte plus cher.

I.3.1.1. Les céréales locales et la consommation

Dans la théorie économique, la consommation est analysée suivant les agents économiques selon qu’ils sont consommateurs ou producteurs. Ainsi pour les Agents économiques essentiellement consommateurs, la consommation est dite « consommation finale » ; contrairement à la consommation intermédiaire pour les agents producteurs : utilisation des biens dans le processus de production. Pour le cas des ménages, ils consomment des biens et services non pour la production mais plutôt, pour une usure totale en vue d’en retirer satisfaction. Par ailleurs, la consommation est analysée selon qu’elle est individuelle, c’est t-à-dire lorsque les achats sont effectués individuellement par les ménages ; ou collective : c’est-à-dire répondant à des besoins collectifs. L’analyse économique de la consommation emprunte deux voies de réflexion, la microéconomie et la macroéconomie. Dans la théorie microéconomique, le consommateur est supposé être un agent rationnel, homo oeconomicus ; ayant des préférences lui permettant de classer les paniers des biens auxquels il consacre la totalité de son revenu. Ce consommateur choisit des biens qui lui permettent de maximiser sa satisfaction  compte tenu du prix et de son revenu et atteint un équilibre, correspondant à un maximum de satisfaction, lorsqu’il y a égalité entre ses utilités marginales pondérés par les prix.

            Cependant, peuvent se manifester deux effets lorsque le prix des biens que le consommateur achète venait de changer, il s’agit de l’effet revenu et de l’effet de substitution. L’effet revenu résulte de la variation du revenu suite à une variation du prix d’un des biens alors que l’effet  de substitution est la conséquence de la consommation des quantités supplémentaires de biens dont le prix a baissé au  détriment de celui pour lequel le prix a haussé.

Toutefois, ces effets restent évidents lorsque les biens sont substituables. Prenons l’hypothèse d’un ménage qui consomme deux biens, supposés être substituables, le riz et la farine de manioc et qu’il joue sur les quantités selon que le prix d’un de ces biens, baisse ou hausse sur le marché. Si une fois le prix du riz baisse hausse par conséquent les revenus réels des ménages haussent et par le fait  même le ménage trouve de nouvelles possibilités d’augmenter les quantités du riz : d’où l’effet de substitution de la farine de manioc au riz et l’effet  revenu se traduit par les nouvelles possibilités de décision. Ces deux effets expliquent, en effet,  la variation du pouvoir d’achat des ménages en cas de variation de prix, par exemple en cas d’inflation. En effet, lorsqu’il y a une variation qui ne s’accompagne pas d’une hausse de revenu, les ménages subissent une perte du pouvoir d’achat, par contre ; dans le cas où le revenu hausse ou encore le prix baisse, les ménages bénéficient d’un pouvoir d’achat supplémentaire.

            Dans la théorie macroéconomique, certains auteurs économistes proposent une analyse étudiant la consommation au niveau national, la consommation de tous les ménages d’une nation. De même dans l’analyse économique on montre que la consommation obéit à certains paramètres, notamment le niveau de revenu. La « loi d’Engel » montre que le Budget consacré aux dépenses alimentaires tend à diminuer au fur et à mesure de l’augmentation du prix.

Au début du XVIIIème Siècle, près de soixante-dix pourcents de revenu des Français été consacré à l’achat des céréales.

La propension à consommer  et l’intensité du désir de consommer des ménages, mesurée par le rapport entre la consommation et le revenu. Ce concept a introduit par Keynes pour démontrer l’impact de l’augmentation de revenu sur la consommation globale, et l’effet de relance de celle-ci sur l’activité et l’emploi. Selon John MAYNAR Keynes la propension à consommer diminue quand le revenu augmente, car les besoins principaux peuvent être satisfaits avec une part plus faible du revenu.  Pour relancer l’activité, il convient donc d’élever surtout les bas revenus ; donc les consommateurs ont une propension à consommer plus forte. J.M. Keynes considère que la consommation est déterminée par des facteurs objectifs comme les effets du revenu et de la hausse, mais dépend principalement du revenu qui également de la propension à consommer.[3] Quand les ménages mettent leurs facteurs de production à la disposition des entreprises en contrepartie d’une rémunération, on dira qu’ils cèdent  des services-facteurs en contrepartie d’un revenu.[4]

            Les politiques alimentaires commencent à l’heure actuelle à tenir compte très sérieusement des moyens de modifier indirectement les habitudes alimentaires, en particulier en adoptant des mesures de réduction des prix des denrées produites sur place. Ces baisses des prix peuvent être obtenues par le biais de politique des prix et d’investissement dans les installations de transformation.

I.3.1.2. Stockage des céréales et sécurité alimentaire

            En 1985, sur 109 Millions des tonnes de céréales importées par les PVD, onze millions de tonnes étaient acheminées vers l’Afrique au Sud du Sahara où se trouvent quarante-six pays associés à la CEE. Différents facteurs sont mis en avant pour expliquer cette importance de l’approvisionnement extérieur : une demande alimentaire qui change avec la poussée de l’urbanisation et l’augmentation des revenus de certaines couches sociales, une production alimentaire nationale qui stagne ou ne peut fournir des aliments des substitutions en raison d’aléas climatiques ou de sols détériorés, des modes de régulation (ajustement de l’offre à la demande, arbitrage social dans les politiques de revenus et de pouvoir  d’achat) du système alimentaire qui pénalisent la production vivrière nationale pour favoriser les consommateurs urbains.

I.3.2. Notions générales sur le Riz en Afrique

            L’Afrique est menacée par la famine. Le Tiers Monde en général doit faire face à une pénurie alimentaire dont la gravité s’accentue de jour en jour. Le phénomène, pourtant, est relativement récent puisque, selon les spécialistes et les données existantes, le continent noir et la plupart des pays du Tiers monde étaient excédentaires en produits alimentaires il y a quelque 20ans.[5]

            L’Afrique en général et la R.D. Congo en particulier, pourtant peut nourrir une bonne partie du monde. Elle n’a qu’à le vouloir, c’est-à-dire choisir la politique adéquate et les moyens économiques, techniques et psychologiques correspondants, les potentialités et le ciel le permettent. Et les énormes atouts qu’offrent les découvertes scientifiques et techniques dans le domaine agricole aussi peuvent également constituer aujourd’hui plus qu’hier une contribution de taille pour ne agriculture hardie. Pour l’heure, la RDC dans son ensemble est importatrice  de la plupart des céréales, le riz notamment, dont elle est une grosse consommatrice.

I.3.2.1. Pour une plus grande autosuffisance

            Une plus grande autosuffisance, notamment pour les denrées de base, est l’objectif primordial de la stratégie proposée par la FAO C’est un objectif qui est l’objectif commun à presque tous les pays producteurs du riz, et même à certains parmi ceux qui pourraient probablement importer les quantités nécessaires à un prix plus avantageux. Ceci reflète en partie la tendance générale en faveur de l’auto dépendance désirée par les pays en développement dans le cadre d’un nouvel ordre économique international. Les problèmes des balances des dernières années ont également fortement incité à l’adaptation de ces lignes directrices en dépit des coûts  élevés que cela représentera dans de nombreux cas.

La stratégie préconisée par la FAO repose essentiellement sur l’augmentation de la productivité de la zone de culture du Riz, notamment en augmentant les rendements et l’intensité de production. Une telle augmentation au niveau des rendements entrainerait l’utilisation de plus en plus grande de procédés modernes tels que les semences améliorées, engrais chimiques, pesticides et machines agricoles.

I.3.2.2. Importance sociale du Riz

            Deuxième céréale mondiale par les surfaces et les quantités produites, le riz contribue à nourrir la moitié des habitants de la planète et est un espoir face au formidable défi démographique auquel l’humanité est confrontée.[6]

On dit généralement à propos du riz que c’est  un produit plus ancien que l’homme et qu’il est le plus important dans la gamme des produits alimentaires. Pendant des siècles en effet, le Riz a été l’essentiel du régime alimentaire de la moitié de la race humaine et pour des millions des personnes c’était non seulement un aliment mais également un mode de vie.

Il y a 20ans le Riz n’aurait pas été considéré comme une denrée alimentaire de base de la plupart des pays d’Afrique. Sa consommation n’approchait du niveau asiatique qu’en quelques endroits le long de la côte occidentale. Dans d’autres régions, le Riz était un plat onéreux exotique, de luxe, consommé principalement à l’occasion de mariage et de fêtes de Noel.

            Cette denrée alimentaire très prisée remplace progressivement les plantes-racines plus traditionnelles, moins sapides, comme le manioc difficile à stocker et à transformer pour des ménages vivant en ville dans les appartements.

I.3.3. La commercialisation des produits agricoles

            Les conditions de commercialisation des produits agricoles et le niveau des prix payés aux exploitants conditionnent fortement le choix et l’évolution des systèmes de production paysans. Des prix suffisamment incitatifs, stables et rémunérateurs sont presque toujours nécessaires pour que les agriculteurs aient intérêt à pratiquer de nouvelles techniques plus performantes et qu’ils aient les moyens de les mettre en œuvre. L’existence des prix élevés pour les biens payés aux producteurs est une condition essentielle pour que les paysans puissent dégager une épargne suffisante et investir dans l’achat de nouveaux moyens de production, même lorsque le recours aux emprunts s’avère partiellement nécessaire. Le maintien des prix agricoles relativement stables permet alors aux exploitants d’investir en toute confiance pour accroitre leur productivité dans le système de culture ou d’élevage les plus rémunérateurs.

            L’intervention de l’Etat en matière de régulation des prix agricoles ne peuvent être conçues au niveau des seuls projets de développement. Elles doivent impérativement s’intégrer dans le cadre des instruments généraux de la politique économique du gouvernement : création monétaire, taux d’intérêt, droit de douane, taux de change, taxe sur la valeur ajoutée, impôts directs ; etc.

            Une des interventions les plus communément envisagées a été, pendant longtemps ; l’établissement d’office de commercialisation destinés à acheter les produits agricoles et à réduire leurs variations de prix entre un niveau plancher et un niveau plafond. Organisés généralement par produits, ces offices ont souvent bénéficié d’une position de quasi-monopole pour l’achat et la revente des productions concernées. Face aux fluctuations erratiques de la stabilité des prix par le biais des stocks régulateurs et des caisses de stabilisation. En réduisant l’incertitude sur l’évolution des prix à court terme, on espère inciter les agriculteurs à investir en toute confiance pour accroitre leur productivité dans les productions considérées. Mais la gestion centralisée des stocks régulateurs s’avère généralement difficile et coûteuse. Les aléas de la production font qu’on ne peut toujours prévoir avec certitude les niveaux de réserves à assurer et la tentation est grande de constituer des unités de stockage surdimensionnées. Les frais d’entretien et d’amortissement des infrastructures se révèlent souvent très élevés, de même que les coûts  de transport entre les exploitants ainsi que les unités de stockage.[7]

            L’établissement  de systèmes d’informations sur les marchés peut contribuer à limiter les fluctuations excessives de prix en aidant les opérateurs (producteurs, consommateurs, commerçants,…) rapidement à modifier leurs intentions et comportements en fonction des variations réelles de l’offre et de la demande dans les différentes zones d’une même région.

L’’important est que les prix ne puissent  pas être indûment influencés  par des fausses rumeurs et des spéculations intempestives dans un climat de grande incertitude. Encore faut-il que les informations collectées soient réellement fiables et puissent être communiquées rapidement au plus grand nombre d’agents. C’est la diffusion régulière des informations sur le prix, par voie de presse et de radio, qui peut concourir à une plus grande transparence dans le fonctionnement des marchés.

Le commerce de céréales s’est fortement développé au cours des dernières décennies. La valeur des échanges de céréales a grimpé encore plus vite que leur volume, mais les prix sont également devenus beaucoup fluctuants. Les augmentations ou effondrements rapides des prix sont maintenant fréquents sur des marchés qui, jusqu’aux années 60, étaient connus pour leur stabilité et leur fiabilité. Il est extrêmement intéressant de noter que  l’une de ces raisons est décrite comme la « disparité de la barrière psychologique à l’importation des denrées alimentaires non pas des produits de luxe, mais des produits de base ».

L’idée générale selon laquelle un pays doit s’effondrer d’être autosuffisant sur le plan alimentaire a, semble-t-il, commencé à perdre du terrain lorsque l’on s’est rendu compte que d’autres régions pouvaient fournir des denrées alimentaires à moindre coût.

La croissance de consommation serait de 2% par an, au lieu de 2,7% pendant la période précédente compte tenu du ralentissement prévu des revenus et de la croissance démographique, ainsi qu’une baisse relativement faible des prix réels des céréales comparée à leur chute brutale les années 70.

[1] Le courrier, les céréales, Afrique-caraïbes- communauté Européenne-N°114, mars-avril 1989, p62

[2] Le courrier, les céréales, Afrique-caraïbes- communauté Européenne-N°114, mars-avril 1989, p66

[3] BEITONE et Alii, Op Cit, p84

[4] André WATTEYNE, Economie politique, application aux structures économiques africaines, édition André BOLAND, Belgique, 1991, p13.

[5] Le courrier Afrique-Caraïbes-Pacifique-communauté européenne, N° 66 –Mars-Avril 1981, La culture du riz, p53

[6] Bernard LE CLECH, Productions végétales, in Référence grandes cultures, 2è éd. Synthèse Agricole, sl, 1999, p102

[7] MARC DUFUMIER, les projets de développement agricole, éd. Karthala et CTA, Paris, 1996, pp 147-149.

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