Dans le présent chapitre, nous parlerons de l’aperçu
sur la situation économique de la R.D.C. et les problèmes liés à l’endettement de la République Démocratique du Congo.
SECTION I. SITUATION ECONOMIQUE DE LA RDC
Se penchant sur la situation postcoloniale de la R.D.C,
l’une des observations qui frappe est la faillite économique et la misère sociale généralisée de la population. L’économie congolaise présente le paradoxe le plus frappant lu continent noir. En effet, pays le plus potentiellement riche d’Afrique avec d’incomparables ressources minières, forestières et humaines, la RDC possède une économie parmi les moins performantes du continent ; entre 1990 et 2000, le taux de croissance moyen de son PUB était de -6,5% alors que la population était en train de croître au taux de 3,4% par année.
Dans les lignes qui suivent, nous proposons une
lecture ut.ive de la situation de la RDC. Nous avons subdivisé l’histoire économique du pays en 4 grandes périodes, à savoir :
Les querelles politiques des cinq premières années qui
ont suivi l’indépendance (mouvement des rébellions, de récession et des guerres civiles) ont entraîné une destruction et un abandon important des infrastructures économique du pays. Il s’agit notamment de la destruction et de l’abandon des voies de communications, des ponts, des usines, des plantations, des écoles, des hôpitaux, etc. Ce qui eut comme conséquences une hausse importante des prix intérieurs, un déséquilibre des paiements extérieurs et quasi-épuisement des réserves de change, entraînant l’instauration d’un système de contrôles administratifs des importations et des paiements des en plus restrictifs et compliqué. Il en est donc résulté le détournement des ressources des activités productives vers les activités commerciales et spéculatives. Nonobstant ces constats tristes, une bonne partie des engagements du pays vis-à-vis de l’extérieur a été respectée pendant cette période[1].
I.2. Période d’expansion ou de l’essor économique 1967 à
A partir de 1966, le pays est entré dans une période de
paix civile et sociale marquée par l’instauration de l’autorité de l’Etat et la désorientation de la politique économique. En effet, la reforme monétaire de Juin 1967, conjugué avec la montée des cours du cuivre et de la confiance nouveaux investisseurs, à entraîné un apport massif des capitaux; et il s’en est suivi une croissance réelle du PIB de 7% en moyenne annuelle de 8 à 1974. Les réserves de change atteignaient, fin 1970, le montant de 220 millions de dollars[2], soit trois années de besoin d’importations.
C’est durant cette période de haute conjoncture que le pays a réalisé plusieurs projets économiques : industriels, routiers, hydroélectriques et autres, ainsi que la création et la restructuration des entreprises publiques dans le domaine de la distribution de l’eau (REGIDESO), de l’électricité (SNEL) des transports (ONATRA) et assurance (SONAS).
A ce dysfonctionnement interne provoqué par la
zaïrianisation sont venus s’ajouter d’autre facteur essentiellement dont la chute des cours du cuivre et la hausse des prix des produits pétroliers (premiers chocs pétroliers).
A partir de 1975, l’économie congolaise est entrée dans
une phase de récession marquée par une profonde détérioration des principaux indicateurs économiques et sociaux. L’origine de cette récession tient principalement à trois phénomènes: il s’agit d abord de I ‘échec de l’expérience de la politique de Zaïrianisation radicalisation lancée en novembre 1973, qui a livré l’économie nationale entre des mains non expertes.
Il en est résulté une méfiance des investisseurs tant étrangers que nationaux vis-à-vis du pays ; ce qui eut comme conséquences des désordres socio-économiques, la baisse très sensible de la production agricole ; la négligence de l’entretien des routes, l’abandon de la gestion de la chose publique au profit des affaires acquises.
Il faut ensuite relever la légèreté doublée d’une tendance prononcée à la tricherie visant l’enrichissement personnel et sans cause, qui a longtemps caractérisé les responsables de la gestion de l’économie nationale. Mais aussi du choc pétrolier de 1973 et la baisse brutale des cours mondiaux du cuivre.
Les résultats affichés par l’économie furent :
Cette période révèle une réelle débâcle économique et
un effondrement du système économique du pays .Elle peut- être subdivisé en deux sous périodes, à savoir de 1990 à 1997, puis de 1998 à 2003.
Elle est caractérisée par une anarchie et un vandalisme dans la gestion des finances de l’Etat Tous les indicateurs économiques et sociaux sont passés au rouge, comme conséquence d’une absence totale de politique cohérente en matière monétaire, financière et sociale, le pouvoir ayant décidé de tout sacrifier à travers la corruption politique tous azimuts et l’achat des consciences. Cette période fut marquée par la rupture de la coopération avec tous les partenaires extérieurs pour non respect des engagements, singulièrement dans le paiement du service de la dette dont les arriérés se chiffraient fin 1991 à 1.746 millions de dollars.
Concrétèrent, il a été observé les faits suivants[3] :
L’appréhension de l’engrenage hyper inflationniste au Congo devrait prendre cri compte l’analyse minutieuse de la situation politique qui a nourrit les mécanismes d’anticipations pessimistes des agents économiques. Cette dynamique se cristallise sur le comportement du taux de change parallèle qui évolue en temps réel en rapport avec les prévisions des agents économiques. Lorsqu’un gouvernement bénéficiant de l’adhésion populaire était mis en place, les circuits parallèles des changes ont réagi positivement.
En effet, le mouvement ininterrompu de dépréciation
du taux de change de la monnaie congolaise a toujours connu un répit. En favorisant la baisse des tensions inflationnistes. Les analyses sur le processus hyper inflationniste distinguent généralement deux phases dans la prolifération du phénomène.
Dans la première étape, le poids de la contrainte
internationale notamment de l’endettement constitue le vecteur essentiel, alors que la deuxième phase est caractérisée par la suprématie du taux de change dont les fluctuations entretiennent les anticipations auto-réalisantes des agents économiques dans l’explosion des prix.
Dans le cadre de l’économie congolaise, au-delà des
transferts financiers relatifs à la dette, il convient de mentionner le manque à gagner.
Consécutif au retrait des organismes internationaux au début de la décennie 90 Ainsi, les autorités gouvernementales seront privées du soutien au financement des déséquilibres de la Balance des Paiements, et le recours à l’émission monétaire va se généraliser car les recettes fiscales ne permettent de générer des ressources substantielles.
Il convient de déplorer également l’existence d’un
système de prix différenciés selon le type de modalité de paiement dans l’engrenage hyper inflationniste. En règle générale, les opérateurs économiques procèdent aux « sur- plus », lorsque les transactions sont réglées par chèques ou en billets de 5 millions de zaïres.
Il convient de remarquer que ces billets de 5 millions
ont été démonétisés par le Premier ministre issu de l’opposition dès leur mise en circulation. Cette situation a entrainé des Emeutes à Kinshasa en janvier 1993 car les militaires ont refuse ces nouvelles coupures.
Dans ce contexte, la préférence pour les devises accroit la demande de ces encaissés en favorisant l’envolée des prix. Cependant, l’existence d’un régime frontalier poreux permet d’éviter la reprimairisation de l’économie, notamment dans les zones frontalières. En effet, les échanges continuent à se développer harmonieusement dans ces régions dans la mesure où les individus font des transactions en devises.
Les pillages orchestrés à Kinshasa les 23 et 24 Septembre 1991 à l’initiative des militaires se sont. Généralisés, pour atteindre la plupart des centres urbains du pays. Les militaires furent relayés par les civils pour sévir en détruisant
l’outil de production existant. Cette situation va porter un lourd préjudice è l’économie nationale, car le manque de confiance aimera désormais l’ensemble des opérateurs économiques.
Les pillages des années 1991 et 1993 ont des répercutions psychologiques dans le mental des investisseurs parce qu’ils étaient systématiques et avaient détruit volontairement tout l’appareillage de production mettant ainsi au chômage des dizaines de milliers d’ouvriers et des sociétés en faillite. On a assisté à la recrudescence des pratiques spéculatives au détriment des investissements productifs.
La conséquence immédiate de ces événements reste la
pénurie des biens sur les marchés et l’accélération des tensions inflationnistes. On enregistra une hausse de 47,9% de l’indice des prix aux marchés pour le mois de septembre 1991 alors qu’il représentait 37% en Aout. Il semble que les dommages subis par l’entreprise représentent environ 618, 1 millions de dollars. Par ailleurs, on estime à 73.278 les pertes d’emplois, et les besoins en fonds de roulement se chiffrent à 319 millions de dollars. Les dégâts les plus considérables concernent les domaines du commerce, des industries manufacturières et services dont les pertes d’emplois atteignent environ 80,1% de l’ensemble secteurs[4].
A la prise du pouvoir par 1’A.F.D.L. le 17 Mai 1997, le peuple Congolais, préparé par 7 années de démystification du dictateur, attendait, comme en 1965, un changement radical. Au moment de la prise de pouvoir par l’A.F.D.L., celle-ci jouissait d’un préjugé Favorable de la population et auprès des investisseurs potentiels.
En effet, exaspéré par l’obstination du pouvoir dictatorial à ne pas ouvrir l’espace politique, la population attendait que les nouvelles forces armées la débarrassent de celui-ci et qu’elles installent une véritable démocratie avec un pouvoir réellement civil.
Parallèlement, les opérateurs économiques et les investisseurs extérieurs potentiel attendaient du nouveau pouvoir un climat, paisible et propice aux activités économiques. Certains investisseurs avaient même signé des conventions avec la rébellion, en anticipant la prise du pouvoir. Mais au fur et à mesure que le nouveau pouvoir se consolidait en ralliant quelques leaders acquis à la cause démocratique, un noyau de « dur» à tendance dictatoriale naissait dans les rangs des nouveaux dirigeants.
Cela se traduisit d’abord par une attitude de méfiance
envers les opérateurs économiques, suivie de suspicion, avant d’arriver à des incarcérations sous divers prétextes ; à la rigueur, ils avaient à payer des amendes transactionnelles de validité douteuse. Cette attitude belliqueuse aux allures communisantes envers la haute finance et Les mateurs économiques, ajoutée aux nombreuses promesses commerciales tenues, occasionna le gel des investissements ainsi que des aides promises.
Quant au plan triennal de stabilisation et de relance de l’économie, il n’était pas crédible aux yeux des personnes sensées, car ils appuyait sur des impondérables tels qu’une aide extérieure accrue alors qu’une des conditions essentielles qui n’avait jamais été remplie était l’ouverture de l’espace politique.
Comment peut-on demander à des pays démocratique des aides financières pendant que l’on refuse d’appliquer chez la démocratie ?
Les tentatives d’une restructuration économique ne pouvaient qu’échouer parce que les facteurs générateurs des précédents échecs demeuraient, le manque de cadre incitatif et le refus d’une gestion financière transparente. Cela s’explique par l’abandon d’un budget élaboré dans le but de contraindre le gouvernement à une orthodoxie financière. Ce budget a été remplacé par des injonctions verbales. De même l’abandon de la réforme fiscale amorcée a eu pour conséquence le recours à des créations monétaires vont ruiner la nouvelle monnaie.
Alors que l’atmosphère politique ne permettait pas encore à l’économie d’amorcer une phase de stabilisation l’éclatement d’une guerre entre les ex-alliés va ruiner tous les espoirs d’une stabilisation économique et pire, cette guerre va plonger le pays dans un marasme économique qu’il n’avait jamais connus[6].
Cette sous-période fut caractérisée par les faits
suivants[7] :
Au regard de ce qui précède, nous pouvons conclure
que : « en 42 ans d’indépendance, la République Démocratique du Congo a connu 35 ans de crise ouverte et 7 ans seulement de vie sociale normale, soit 7967 à 7974, d’or de l’histoire économique du pays ? Quel paradoxe pour un pays que la nature a doté de tout.
Au début de l’année 2001, un changement politique s’opèrera au, sommet de l’Etat, avec l’avènement du Président joseph KABILA. La République Démocratique du Congo reprend le dialogue avec les partenaires extérieurs. Puisant les grandes lignes de son action dans le discours de l’investiture du chef de l’Etat du 26 janvier 2001, le gouvernement mettra pied avec le concours des services du FMI, deux Programmes économiques successifs. Le premier, dénommé Programme Intérimaire renforcé (PIR), étalé de juin 2001 à mars 2002, visant essentiellement à casser l’hyperinflation et à créer les conditions propices à la relance de l’activité économique.
Et le second, communément appelé, Programme économique du Gouvernement (PEG), couvrant la période 2002 à 2005, il essentiellement la consolidation de la stabilité macroéconomique et la croissance économique en vue de réduire la pauvreté.
Fondé essentiellement l’exécution équilibrée des opérations financières de l’Etat, la maîtrise de l’expansion monétaire et la mise en œuvre des reformes structurelles, les deux programmes ont permis :
C’est au vu de ces résultats et des efforts entrepris par le gouvernement en vue de la réunification du pays et de la réconciliation nationale que les conseils d’administration du FMI et de la Banque Mondiale ont décidé à l’issue de leurs réunions tenues respectivement les 23 au 24 juillet 2003, d’une part le décaissement en faveur de la République Démocratique du Congo de la 3eme tranche de la FRPC de plus ou moins 37 millions de USD, au titre d’appui à la Balance des Paiements et, d’autres part, l’accession de notre pays au point de décision de l’initiative PPTE[8].
SECTION II. LA CRISE DE L’ENDETTEMENT DE LA R.D.C.
II.1. Genèse de la crise d’endettement de la R.D.C
Une rétrospective en matière d’endettement extérieur
de la RDC montre que la dette publique congolaise tire sa source de la charte coloniale. La loi du 18 octobre 1908 met à charge du Congo-Belge son service de la dette publique[9].
Durant la colonisation et avant le plan décennal
colonial (1950-1959), l’évolution de la dette extérieure a été influencée d’abord par le développement des territoires d’outre mer et par la mise en œuvre des programmes des grands travaux.
De 1909 à 1949, la dette directe passa de 125 millions
de franc à 3.690 millions de franc comprenant plus de 2 milliards de franc de dette consolidée. Le plan décennal (1950-1959) eut un grand impact sur le volume et la croissance de la dette publique extérieure du Congo- Belge qui passa de près de 3 milliards en 1949 à près de 24 milliards de francs congolais en 1959. Voilà comment naquit en 1960 la République Démocratique du Congo, déjà endettée par le fait de l’héritage des dettes de l’ancien Congo Belge envers la métropole.
En effet, au lendemain de l’indépendance, il se posa un
problème juridique de succession aux dettes publiques du futur gouvernement Congolais et déjà un problème d’insolvabilité se manifesta. La nouvel confronté à une crise politique sans précédent, n’a pas su dégager les ressources en devises nécessaires pour honorer ces engagements financiers contractés par la métropole .Ces problèmes firent l’objet des accords conclu le 06 Février 1965 et d’une convention intervenue en juillet 1971.
La Belgique pris alors à sa charge le fonds
Belgocongo1ais d’amortissement et de gestion de la dette, mettant ainsi fin à la première crise d’endettement de la RDC[10].
Il sera question dans ce paragraphe, de montrer
comment a évolué la dette extérieure de la RDC durant la période sous étude, mais surtout, la persistance de la crise d’endettement, à travers l’analyse des principaux indicateurs. Pour ce faire, nous subdivisons l’analyse en deux grandes parties: la première allant de 1981 à 1990, et la seconde de 1991 à 2003. Ces deux périodes seront également subdivisés en sous-période.
II.1.1.1. La dette extérieure après l’indépendance de 1960 à
1965
Au lendemain de l’indépendance, le jeune Etat
congolais comme nous l’avons souligné ci haut hérita de toute la dette coloniale et il deviendra or si, l’une des rares nations au monde qui est née avec une dette extérieure. Malgré quelques emprunts sporadiques et la prise en charge d’une partie de la dette coloniale, la dette de la RDC est restée stable. Jusqu’en 1970, la dette extérieure se situait aux environs de 330 millions de dollars américains. Il y a lieu de noter que la prise en charge d’une partie de de la dette coloniale par le Royaume de Belgique a été dictée par la très célèbre convention PH SPAAK-Moise TSHOMBE.
Au début des années 70, l’essor économique mondial,
le relèvement spectaculaire des cours de matières premières et la surliquidité pétrodollars qui s’en est suivie, ont poussé les détenteurs de ces fonds à la conquête des marchés de recyclage.
Les pays industrialisés offraient des facilités financières aux pays en voie de développement (PED) qui initiaient des politiques d’investissement à outrance dans le but d’ouvrir des perspectives de croissance soutenue dans le cadre de la décennie onusienne de développement 1970-1980.
Durant cette période sous revue, la RDC s’est lancée dans la politique des grands investissements (Inga, Avions mirages, Cités de la voix du Zaïre, Sidérurgie de MALUKU, ligné haute Tension Inga SHABA etc.). De ce fait, la dette extérieure qui était presque insignifiante, prendra une ascension fulgurante passant d’environ 300 millions de dollars américains en 1970 à plus de 2 milliards de dollars en 1976[11]. Ces investissement Se sont avérés peu ou pas rentables et donc incapables de générer un surplus affectable au service de la dette. Or, pour avoir accès à d’autres crédits, il fallait payer les arriérés. L’Etat devient alors incapable d’accéder à d’autres cris et d’améliorer sa structure financière[12].
Cette période, comme nous l’avons vu, est celle
pendant la quelle l’economie congolaise était déjà entrée dans une phase de récession, avec toutes les conséquences qui s’en étaient suivies. Cependant, l’assistance du FMI avait un tarit soit peu permis à l’économie congolaise de ne pas sombrer.
En effet, cette assistance financière, s’est matérialisé
par deux accords de confirmation successifs (9/12 millions DTS de juin 1981 à juin 1983, et comportait l’obligation pour l’Etat de limiter son déficit, d’apurer progressivement son passif extérieur, d’alléger ses interventions dans l’économie. La neutralisation de l’Etat, la restauration de l’initiative privée et la restructuration de l’économie constitue les trois principaux volets.
En 1981, la situation s’était fortement dégradé (quadruplement du déficit budgétaire), baisse du coût du cuivre, jointe à la hausse des importations, entrainant une baise des avoirs extérieurs, dépassement des plafonds d’endettement, d’où une suspension des crédits du FMI, La RDC paraissait
en totale faillite financière; le service de la dette représentait plus de 50°c des exportations.
En 1983, la RDC a dévalué sa monnaie de 77,5%; elle a libéralisée ses échanges, abandonné ses nombreux projets ambitieux, réduit ses dépenses sociales. L’inflation de 100% avant la dévaluation a atteint 14% en 1984 et le déficit budgétaire a représenté 3,4% du PIB. Le rétablissement des équilibres financiers a fait de la RDC un « pays malade » modèle du FMI. Le prix à payer a été un ralentissement de la croissance et le maintient des sources à un niveau très bas. La baisse importante du ratio du service de la dette de 60% à 28%, résultat du réaménagement a abouti à un retardement des échéances[13].
Au cours de l’année 1981, la RDC na conclu aucun accord bulatérau de consolidation. Au 31 décembre 1981, les engagements initiaux de la dette contractée auprès des partenaires étrangers s’élevaient à 5.189 millions de dollars de
crédits à long terme dont 4.523,9 millions ont été utilisés, 322,9 millions ont été remboursés, de sorte que l’encours au 1er Janvier 1982 fut de 4.201 millions de dollars.
Au 31 décembre 1982, le niveau du service de la dette en fonction de l’encours s’est levé à 622,6 millions de dollars dont 377,5 millions en principal et 285,1 millions en intérêt. Donc sur un service dû de 622,6 millions de dollars, il a été effectué un service de 163,10 millions, soit un taux d’exécution de 26,2%.
Les mesures prises au cours de cette période grâce au concours du FMI ont permis d’améliorer l’ensemble de la situation économique du pays. Ainsi, le PIB s’est accru de 1,3% en 1983 ; de 2,7% en 1984, contre 0,5% en 1982.
En effet, au 31 décembre 1985, la dette due au Club de
Paris a présenté 71,3% des engagements initiaux, dont 33,3% (14,7% plus18, 6%) due au rééchelonnement. De la même façon, pour un encours global de la dette due au Club de Paris s’élevant à 73,6% de l’encours global de 1975, 69,65% sont due au rééchelonnement. Ceci montre combien le processus de remise de la dette n’est qu’une fuite en avant.
A la suite de l’expansion de la liquidité intérieure et de
la dépréciation de la monnaie nationale sur le marché de change ainsi qu’à suffisance de l’offre globale des biens et services, la situation économique s’est détériorée par rapport à la sous période précédente. En effet, le taux inflation croissant depuis 1986 s’est chiffré. 78,7% en 1987 et 94,2% en 1988.
En prenant, comme année de référence l’année 1988,
sur un Total des engagements initiaux de la dette due au Club de Paris chiffré à 7.714,40 millions de dollars, 4.780,73 millions de dollars, soit 61,9% du total sont due aux rééchelonnements. Toujours pour la même année, sur un données relatives à cette période sont tirées des Rapports Annuels de I’OGEDEP, 1981et 1982 encours de 5.256,33 millions de dollars dus au Club de Paris, 3.683,09 millions soit, 70% sont dus à ces mêmes rééchelonnements.
Le ralentissement de l’activité économique observée au cours de La période allant de 1986 à 1988 s’est accentué en 1989. Par ailleurs, la poursuite en 1990 du processus de transformation économique et politique déclenché en 1989 par le vent de la perestroïka (passage de l’économie planifié à l’économie libérale) a eu une influence très négative sur l’ensemble des pays du Tiers-Monde (particulièrement ceux de l’Afrique subsaharienne), dont la RDC. Il sied de relever également que pendant cette période, le pays évoluait dans un climat de gèle de relation avec ses partenaires extérieurs.
Ainsi au 31 décembre 1990, l’encours de la dette extérieure s’est chiffré à 9.285,90 millions de dollars dont 6.760,61 millions soit 73% due au Club de Paris ; le service dû s’est élevé à 661,81 millions de dollars alors que le service effectué s’élevait à 156,19 millions de dollars, soit un taux d’exécution de 17%.
Bref, la RDC, connaît une importante crise
d’endettement et celle-ci ne fait que s’aggraver, par le fait de son incapacité à dégager des sources susceptibles de faire face à la charge de la dette. Le problème ne « réside pas réellement dans le stock de la dette, mais plutôt dans les flux à dégager annuellement au titre du service de la dette (intérêts + amortissements).
Ainsi, malgré les six accords de réaménagements de la
dette conclue avec le Club de Paris entre 1981 et 1989, la RDC n’a. pas réussit à sortir du cercle vicieux d’endettement dans lequel elle s’est enfermée. Ces différents rééchelonnements font que l’alourdissement de la dette extérieure est, en grande partie, le fait de ces engagements non productifs plutôt que des capitaux frais.
Cette période a été caractérisée par une situation économique macabre. En 1990, la RDC en rompt avec les politiques d’ajustement structurel, et va perdre son éligibilité aux allégements de dette, et les engagements au titre d’APD ont fortement chuté; ce qui a eu comme conséquence immédiate la réduction de la capacité de l’appareil économique de poursuivre le redressement économique et, de ce fait, d’assurer le remboursement de la dette congolaise. Les pillages de triste mémoire de 1991 et 1993 ont davantage enterré une économie déjà sinistrée.
En 1997, un nouveau régime politique va se mettre en place à la suite d’une guerre qui a duré plus de six mois en apportant sa part de contribution dans le chaos déjà installé.
Cependant, dans le souci de reconstruire l’économie nationale, nouvelles autorités vont élaborer un plan appelé «Programme Triennal minimum ayant une enveloppe évaluée à 4,5 milliards de dollars, dont 40% soit 1,8 milliard, devront être financés par l’extérieur. Malheureusement, à la suite de la non reconnaissance par le nouveau pouvoir de la dette extérieure contractée par la deuxième République, une méfiance va s’installer dans le chef des bailleurs de fonds et geler la reprise de la coopération. Cette situation va par ailleurs perdurer, à cause de la guerre dite d’agression amorcée le 02 Août 1998.
A la suite d’un tableau aussi sombre, comment peutOn imaginer sortir de la crise d’endettement qui s’est même enracinée ? Nous allons analyser cette situation en deux sous période de 1991 à 1995, puis de 1996 à 2002.
En effet, l’encours de la dette est passé de 8.662,41
millions de dollars en 1991 à 10.111,7 millions de dollars en 1995, soit accroissement de 1.449,29 millions de dollars (16,7%). De même, le service N (st accru à année en année a cause d’une nette réduction du service rué. qui est passé de 205,8 millions en 1991 contre 505.62 millions en 1990), à 78, 8 millions en 1992 et seulement 22,8millions en 1995, soit un taux moyen de 2,3% par an, de 1991à 1995. Comme corolaire à cette situation, les arrières n’on fait que s’accumulé, allant de 2.119,6 millions de dollars en 1991à 6.444,8 millions en 1995 et ceci aura comme conséquence, de gonfler la charge de la dette dans les années avenir.
Pendant cette période, le PIB a connu bien de
contreperformance orchestré à un rythme moyen d’environ 7,4%.
Le taux de croissance du PIB est resté négatif,
atteignant son niveau le plus bas en 1993 avec -13,5%, alors que la population a continué à croitre à un taux constant de 3,4%. Par ailleurs, les recettes d’exportations se sont chiffrées à 1.935,75millions de dollars en 1991, contre 2 .593,41 en 1990 soit une diminution de 23% elle se sont chiffrées à 1.224 en 1992 pour tomber à 1.146,8 millions en 1993.
Apprécié la dette extérieure par rapport au poids économique du pays. Le FMI considère qu’un pays est peu endetté quand ce ratio est inferieur à 30% alors que s’il dépasse 50%, le pays est considéré comme fortement endetté. Pour ce qui est de la RDC, à n’en point douter, elle est plus que fortement endettée car le ratio a été de 133,23% en 1991 et 207,52% en 1995.
v L’encours de la dette par rapport aux recettes d’exportations
On considère généralement que lorsque l’encours de la
dette par rapport aux recettes d’exportations est inférieur à 165%, le pays n’a pas un niveau d’endettement inquiétant. S’agissant de la RDC, la chute des recettes d’exportations entraînant, l’accroissement de l’encours de la dette a fait que ce ratio se situe de loin au-delà du seuil tolérable. L’encours de la dette a représenté 417,75% de recettes d’exportations en 1991, 786,56% en 1995, pour culminer a 911,75% en l994.Ceci prouve à suffisance que le niveau d’endettèrent de la RDC est plus inquiétant, par le fait des recettes d’exportations.
Mesure la part du service de la dette que chaque citoyen devrait supporter, tandis que l’encours par habitant mesure la part de chaque citoyen dans l’encours de la dette. Ainsi, le premier ratio est passé de 224,41 milliards par habitant en 1991 à 229,29 en 1995. Il est important de remarquer que cette charge per capita a une allure positive tandis que le PIB per capita évolue négativement. Ce qui se traduit concrètement par l’appauvrissement de la population et, par conséquent, il y a eu détérioration du niveau de vie.
La crise d’endettement a atteint son paroxysme. En
effet, la solution stagnante tant de l’encours des arriérés du stock de la dette ainsi la cessation de paiement du service de la dette montre que les capacités de l’économie à faire face à la charge d’endettement se sont complètement effritées.
Le taux de croissance avait atteint 0,7% en 1995, il
s’est détérioré en 1996 pour redevenir négatif et continuer ainsi à chuter jusqu’à atteindre en fin 2000 son niveau le plus bas, soit 11,4%. Ceci traduit une baisse sensible de l’activité économique globale. Dans le même sens, le PIB par tête na fait que décroître, allant de 105,7 dollars par habitant en 1996 à seulement 68,3 dollars en 2000, quel paradoxe pour un peuple aussi gracieusement nanti par nature. Les recettes d’exportations, quant à elles, ne peuvent pas se démarquer de cette tendance générale. Ainsi, elles ont usé une chute vertigineuse, passant de 1.546,6 millions de dollars en 1996 à seulement 685,2 millions en 2000.
En résumé, la République Démocratique du Congo a vu sa capacité à financer le développement de son économie s’amenuiser à cause du recul de la production intérieure et des problèmes soulèvent par la dette extérieure.
[1] NZANDA-BUANA KALEMBA.M.,(1995), Economie zaïroise de demain pas de navigation à vue, Kinshasa, p91
[2] NDELE BAMU, A. (1992), « Les grandes leçons de l’histoire monétaire, financière et économique du CongoZaïre », in Zaïre-Afrique, n°267, Kinshasa, pp 395 -403
[3] Ministère du Plan et Développement, Programme triennal minimum : 1997-1999 Kinshasa, (décembre 1997), pp. 14-17
[4] SUMATA Claude, L’éconornie parallèle de la RDC : Taux de change et dynamique de l’hyperinflation au Congo, Ed. Harmattan, Paris, 2001, pp. 224-227.
[5] TALA-NGAI Fernand (2001), RDC de l’an 2001 : déclin ou déclic, Ed Analyses sociales, Kinshasa, pp.147 148
[6] Ministere du plan et developpement, Op.cit, p.14
[7] NDELE BAMU, art. cité, p403
[8] MASANGU M. Jean Claude, « La RDC accède à l’initiative PPTE Renforcée » Octobre 2003.
[9] HCR PT (Décembre 1995), Réponse de l’OGEDEP au questionnaire de la commission Economique Financière sur l’endettement public, Kinshasa.
[10] KAWATA BUALUM (1989), endettement extérieur du Zaïre, inZaïre-Afrique n°237, Kinshasa, p.351
[11] SUANA MADIER A DIER, «Allégement de la dette des pys à faible revenu dans le cadre de l’Initiative PPTE »,
Mémoire 2ème Licence Comptabilité ISC; 2001-2002, p.20
[12] http ://www/users.skynet.be/cadtm/pages, Décembre 2002
[13] Hugon, P.(1985), « L’Afrique subsaharienne face au Fonds Monétaire International », in Afrique Contemporaine n°139, Ed. La Documentation Française, Paris, pp.6-7