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CHAPITRE PREMIER : CONSIDERATIONS THEORIQUES

Ce chapitre est consacré à l’explication des concepts clés constituant notre sujet, l’objectif est de passer en revue, les différentes théories qui expliquent convenablement notre thématique.            Ce chapitre est développé en trois temps : premièrement, il aborde des généralités sur le choix et mode de financement, deuxièment la performance financière et enfin les notions sur les PME.  

I.1.  CHOIX ET MODES DE FINANCEMENT

I.1.1.  Choix de financement

On choisit des modes de financement sur le long terme (financement d’investissement) : emprunt, autofinancement, augmentation du capital, crédit bail,…

            Pour choisir un financement, on cherchera à minimiser le coût global de l’opération, ce qui revient à minimiser une somme de flux de décaissement actualisés (particularité de certains flux : prise en compte des économies d’impôt découlant des intérêts,…).

            Il existe une très vaste littérature tant théorique qu’empirique en ce qui est de la répartition des fonds propres et les dettes appelées de la structure financière.

La question de structure financière est l’une des plus importantes dans le domaine de la finance d’entreprise, et également l’une de plus complexes à des conclusions controverses[1]

            Le choix d’une structure financière est une décision majeure car elle affecte :

  • Le taux de rentabilité offert aux actionnaires et sa sensibilité à l’évolution de la conjoncture ;
  • Le risque de faillite de la firme ;
  • Le risque pour les créanciers ;
  • Le risque pour les dirigeants susceptibles de perdre leur poste en de défaillance.

            La problématique de la structure financière des entreprises connaît trois approches majeures : l’approche classique, l’approche néoclassique et l’approche moderne de la firme.

  1. Approche classique

            La conception qui a longtemps prévalue en matière de structure financière est fondée sur un argument de concept comptable de l’effet de levier financier. Elle postule l’existence d’un point neutre de rentabilité de l’entreprise, qui permet de définir d’une part, l’endettement comme avantage croissant pour l’actionnaire (effet de levier positif) et d’autre part, l’endettement présente un désavantage croissant c’est-à-dire quand le taux d’endettement devient tel que cette compensation ne se produit plus, l’espérance de perte due à l’effet de levier négatif.

Si ces hypothèses de comportement se confirment dans la réalité, l’allure du coût moyen pondéré du capital en fonction du taux d’endettement passe par un minimum au niveau limité de celui-ci[2]

            La valeur de l’entreprise est donc maximale à ce point qui désigne la structure financière optimale pour la firme.

  1. Approche néoclassique (Position neutralité)

Elle est née de l’article fondamental de F. Modigliani et Miller (1958) se plaçant dans cadre du marché parfait ont montré la non pertinence de structure financière.

      Cette théorie repose sur le fait que la valeur d’une entreprise est fondamentalement liée à sa capacité bénéficiaire et la structure financière n’a aucune incidence sur la valeur de la firme.  La structure choisie par l’entreprise ne peut pas modifier sa valeur.  Peu importe la façon dont cette structure est partagée entre la dette, les capitaux propres et autres titres de créances, la valeur de placement se maintient.  Les investissements sont capables de substituer un endettement de l’entreprise et de produire ainsi toute structure que la firme pourrait vouloir atteindre.

Par conséquent, les changements dans la structure financière sont une chose sans valeur selon Modigliani et Miller dans un marché parfait.

      De 1963-1966, ils présentent une extension à leurs propositions initiales et tiennent compte de l’impôt qui touche les résultats des entreprises.  Ils ont été très proches de la réalité lorsqu’ils introduisent dans leur modèle révisé la variable fiscalité.  Dans cette étape la valeur de l’entreprise devient une fonction croissante de son niveau d’endettement.  Par ailleurs, on suppose également que les coûts de faillite ne sont pas nuls au fur et à mesure que le taux d’endettement augmente ; la probabilité que celle-ci éprouve des difficultés augmente aussi surtout lorsque l’entreprise est en présence d’une conjoncture défavorable.

      En tenant compte de coût de faillite, on comprend que dans un  premier temps la valeur de l’entreprise augmente avec son endettement en raison d’économie d’impôt réalisé sur les frais financiers.  Puis le risque de faillite s’aggrave et le coût de faillite annule l’avantage  fiscal des emprunts[3].

Les théories classiques et l’approche de Modigliani et Miller qui traitent de la structure financière ne permettent pas de bien saisir et expliquer le comportement de l’entreprise au niveau du choix de financement tel qu’il est observé réellement, ni de comprendre et d’appréhender les nouveaux modes de financement de plus en plus complexes qui ne cessent de se développer et qui peuvent répondre à des nouvelles préoccupations des entreprises[4].

Cela étant dit, plusieurs auteurs ont mis en cause ces théories pour expliquer le comportement financier des firmes.

  1. L’approche moderne de la firme

La "théorie moderne de la firme" naît au milieu des années 70, a été proposé pour relâcher des hypothèses de modèle de Modigliani et Miller.

Les principaux courants qui apparaissent à ce stade dans la littérature scientifique et qui envisagent explicitement la problématique du choix d'une structure financière sont, d'une part, deux qui semblent en concurrence ; la théorie de trade off et la théorie de pecking order et d'autre part, une troisième théorie suggère de prendre en compte les insuffisances de ces deux précédentes : la théorie de market timing.

  • Les théories de static Trade-off et Pecking order

La prise en compte de la fiscalité, du risque et des conflits d'intérêts entre les différents agents participant à la vie de l'entreprise a donné lieu à deux analyses distinctes de la structure de capital de l'entreprise, les modèles de « static trade off » et ceux de « pecking order ».

  • La théorie de static Trade-Off

Le premier modèle, dont le cheminement théorique s'inspire de celui décrit ci-dessus, est un raisonnement « par compromis ». Ce modèle repose sur un principe méthodologique classique dans le raisonnement économique : la maximisation sous contraintes. En supposant qu'il existe implicitement une répartition optimale entre dettes et fonds propres, le raisonnement marginaliste permet d'ajuster la structure financière en fonction des avantages et des coûts des fonds propres et de l'endettement. Non figée, la structure financière est donc ajustée pour atteindre l'optimum.       Ainsi, une entreprise désireuse de maximiser sa valeur égalisera les coûts et les bénéfices de l'endettement en opérant à la marge. Cette théorie se transforme en hypothèse empirique assez simplement, puisque supposant l'existence d'un ratio de dette sur fonds propres optimal, elle prédit un « retour » du ratio observé vers un ratio cible ou optimal. Ce ratio optimal étant défini en fonction des caractéristiques propres à l'entreprise en déficit de financement ou estimé comme la moyenne observée sur une période souvent fixée à la période d'échantillon.

  • La théorie de pecking order

A l'opposé, l'hypothèse de l'existence d'un ratio de dette sur fonds propres optimal au niveau individuel est rejetée par les modèles de « hiérarchie ». Toujours en raison des asymétries d'information entre les agents aussi bien à l'intérieur de l'entreprise qu'à l'extérieur, l'entreprise suit une hiérarchie des financements précise, dictée par la nécessité de fonds externes, et non par une tentative de trouver la structure de capital optimale. Cette hiérarchie s'exprime toutefois différemment et ceci, en fonction de l'objectif poursuivi par le dirigeant de l'entreprise. En effet, le dirigeant peut décider d'agir, en fonction de son aversion pour le risque, soit pour maximiser la richesse des actionnaires soit agir dans son propre intérêt. Dans ces deux cas, le dirigeant agit pour maximiser l'intérêt de certains membres de l'entreprise :

-  Dans le cas où le dirigeant agit dans l'intérêt des actionnaires existants, celui-ci est amené à établir une hiérarchie entre les différentes sources de financement. En raison de la forte asymétrie d'information et des problèmes de signalement associés à l'émission de fonds propres, la préférence en matière de financement va aux fonds internes de l'entreprise sur les fonds externes, et ensuite de la dette sur les fonds propres, avec une préférence pour la dette la moins risquée possible. La hiérarchie financière décroissante définie est donc : autofinancement, dette peu risquée, dette risquée et augmentation de capital en dernier ressort.

- Dans le cas où l'objectif du dirigeant est de maximiser son utilité, Myers définit un surplus organisationnel composé d'attributs divers (salaire élevé, consommation de biens et services à titre personnel, gratifications...). Etant donné le caractère assez contraignant, vis à vis du surplus organisationnel lié à l'endettement, le dirigeant établira la hiérarchie suivante : autofinancement, augmentation de capital puis endettement. Myers souligne toutefois que ce genre de comportement peut être limité par la vigilance plus ou moins stricte des actionnaires.

            Dans le second type de modèles, le dirigeant agit cette fois dans le but de minimiser les coûts de certains contrats, notamment les coûts liés aux contrats implicites et explicites dans le but unique de maximiser la valeur de la firme.

En premier lieu, concernant les contrats implicites (définis par un accord respecté dans la mesure où les contractants s'accordent à reconnaître l'intérêt de ce contrat pour chacun d'eux, ce qui suffit à en déterminer les termes), Cornell et Shapiro nous apprennent que les entreprises garantissant de respecter les contrats implicites devraient opter pour une hiérarchie privilégiant l'augmentation de capital au détriment de l'endettement et de l'autofinancement. Cette hiérarchie s'explique par le fait que l'entreprise (pour maximiser sa valeur) doit préserver une source de financement peu coûteuse (l'endettement) afin de pouvoir, le moment voulu, honorer les contrats implicites liés a son activité.

En second lieu, dans le cadre de la minimisation des coûts explicites, Williamson (1986), se basant sur la rationalité limitée et le caractère opportuniste des cocontractants montrent que ces derniers sont incités à modifier leur comportement après la signature du contrat. Les ajustements liés à ce comportement étant coûteux (coûts de contrôle, de dédouanement, de négociation pour adapter le contrat), il conclut que le financement approprié pour entreprendre des investissements spécifiques doit avoir une capacité à réaliser ces ajustements à moindre frais. D'où une préférence pour l'augmentation de capital sur l'endettement.

Ainsi, avec le développement de collecte statistique des données au progrès de moyens de traitement informatique, les données de panel ont constitué une source d’information riche permettant d’étudier ce phénomène dans sa diversité comme dynamique[5].

En effet, plusieurs recherches ont mis en place différents courants selon l’aspect économique et des caractères financiers de la firme.  De cela, nous citons :

  1. La théorie d’agence

La relation d’agence se définit comme un contrat par lequel une ou plusieurs personnes recourent aux services d’une autre personne pour accomplir en leurs noms une tâche quelconque, ce qui implique une délégation de nature décisionnelle au profit de l’agent[6]

En d’autre terme, c’est un contrat par lequel un mandant a recours au service d'un mandataire pour accomplir en son nom et pour son compte une tâche, dans notre cas la gestion de l'entreprise.

L’entreprise se caractérise donc, par une relation d’agence entre les détenteurs de capitaux, les créanciers et les dirigeants.  Les dirigeants d’entreprises et les actionnaires ont les mêmes objectifs selon le contrat qui les unit, mais en termes d’activité professionnelle ils s’opposent, car les dirigeants cherchent à maximiser leur fonction d’utilité et de ce fait, ils n’agissent pas  dans l’intérêt des actionnaires qui aspirent à la maximisation de leurs recettes.  Nous constatons que les intérêts des différents acteurs sont divergents.

            Ainsi le principal  va devoir mettre en place de système d’incitation et de surveillance à l’encontre de l’agent, ce qui va générer des coûts d’agences (coûts de surveillance, de justification, coûts résiduels qui représentent des coûts d’opportunités, tel que par le mandat du contrôle des actions prises par les mandateurs). Cette divergence dans le comportement génère des tensions et des conflits.  La réduction des conflits est une solution bénéfique pour les actionnaires, elle leur permet de maximiser leur richesse et de limiter les prélèvements pécuniaires  des dirigeants.

            Toute politique à l’endettement entraîne une augmentation du risque de faillite qui peut conduire à la perte de l’emploi des dirigeants, ce qui les oblige à être plus performants.  Concernant l’intérêt des dirigeants non actionnaires de l’entreprise, ceux-ci vont tenter d’éviter de s’endetter pour ne pas accroître les contraintes (paiement des frais financiers, remboursement des emprunts) et donc leur tendance serait d’acculer les liquidités beaucoup plus qu’investir.

A cela une firme fortement endettée peut rejeter des projets à valeur actuelle nette positive si celle-ci revient principalement aux prêteurs.  Pour limiter ces risques les prêteurs sont amenés à mettre en place des systèmes de surveillance et de garantie coûteuse pour la firme.  Ainsi, la performance augmenterait avec  le niveau de l’endettement ; mais à un taux décroissant et deviendrait maximale à un niveau correspondant à une structure du capital optimal.  Les dirigeants capables de connaître et de maintenir ce ratio d’endettement cible en équilibrant les bénéfices et les coûts associés à la dette, aux capitaux propres maximiseraient ainsi la performance de la firme. 

            Cependant noter que la recherche d’un ratio d’endettement cible n’est pas admise par tous.  Les auteurs Myers et Majluf  posent l’hypothèse d’un ordre hiérarchique des financements et ne s’interrogent pas sur les déterminants d’un tel ratio.  Ces auteurs affirment que les choix financiers de la firme sont dictés par les coûts de la sélection adverse qui résulte de l’asymétrie de l’information entre les dirigeants bien informés et les investisseurs de marché peu informés sur la performance du projet envisagé.

  1. La théorie du gouvernement de l’entreprise

Charreaux se pose la question : faut-il contrôler les dirigeants ? Ce débat ancien est principalement associé à la confrontation entre actionnaire et dirigeant[7].  La question du gouvernement d’entreprise recouvre l’ensemble des mécanismes qui gouvernent les décisions de dirigeants et définissent leur espace. Le dirigeant joue un rôle principal dans les décisions déterminant la création et la répartition de la valeur.  Le système de gouvernement représente l’ensemble des dispositifs censés contraindre les dirigeants afin d’éviter qu’ils prennent des décisions contraires aux intérêts des actionnaires. Ce système est efficace s’il permet de maximiser la création de la valeur, ils deviennent trop sévères lorsqu’ils entraînent des coûts directs associés à la mise en œuvre et au fonctionnement des  mécanismes de contrôle des coûts indirects liés aux manœuvres effectuées par les dirigeants pour échapper aux contraintes disciplinaires et aux distorsions induites dans les décisions stratégiques  et financières ; ces derniers peuvent se manifester par exemple par l’abandon de certains types d’investissement rentable en raison des contrôles rigides auxquels ils sont soumis.

  1. La théorie des signaux

Cette théorie est basée sur l’asymétrie de l’information qui fait que les différents acteurs ou agents économiques concernés par l’entreprise ne disposent pas de la même information.  Celle-ci est supposée imparfaite et asymétrique de sorte que les agents bien ou moins informés vont envoyer des signaux aux agents mal ou moins informés pour leur indiquer les caractéristiques de l’entreprise[8].

La participation des dirigeants dans le capital de l’entreprise est un excellent signal pour les investisseurs et le reste du marché. Partant de l’évidence que l’endettement accroît le risque de faillite, tout changement dans la politique financière de l’entreprise induit automatiquement des modifications dans la perception de la firme par le marché.

  1. L’approche basée sur l’évaluation des options

C’est un contrat qui procure un droit à son acquéreur d’acheter ou de vendre pendant une période déterminée, à un prix d’un actif également déterminé[9]

Les initiateurs de ce courant considèrent les capitaux propres comme une opération d’achat dont disposent les actionnaires sur les actifs de la firme, l’actionnaire-dirigeant peut prendre pour option le rachat de son entreprise aux prêteurs, l’échéance de la dette pour un montant égal au remboursement qu’il doit effectuer, s’il ne peut effectuer ce remboursement, les prêteurs sont en droit de liquider les actifs pour se dédommager. La théorie des options constitue une innovation financière.

  • Les variables explicatives du choix de financement

D’après ce qui précède, précisons ici que cette littérature était basée sur les grandes entreprises.  Alors peu est connu sur les déterminants de choix de financement des PME.  Dans ce point, nous allons dresser une liste de certaines variables explicatives de ce choix en tenant compte des spécificités des PME ca ces dernières seraient soumises aux mêmes problèmes fondamentaux évoqués pour la théorie financière (problème d’agence et d’asymétrie d’information). De manière générale, la théorie financière identifie plusieurs variables susceptibles d’expliquer le choix de financement des entreprises.

  • La taille

            L’influence de la taille n’est pas clairement définie même si de nombreux chercheurs s’accordent à penser à ce facteur, l’un de plus discriminant de choix de financement  des entreprises. Intégrer un critère de la taille lorsque l’on aborde la problématique des choix de financement des PME a du sens étant donné que les définitions de la PME à une grande hétérogénéité d’entreprises.  D’après le modèle de trade off,  la taille aurait une influence positive sur le niveau d’endettement.  Ainsi, une entreprise de grande taille serait plus apte à diversifier ses activités.  Ce faisant, elle réduit la volatilité de ce cash flow ainsi que sa probabilité de faillite, ce qui facilite d’autant plus son accès au financement bancaire[10]

  • Le potentiel de croissance

Les entreprises au sein de quelles il existe d’importantes opportunités de croissance auront plus de difficultés à se financer par endettement, car la valeur liquidative des actifs sous-jacents est quasiment nulle. Le modèle de pecking order donne une toute autre vie de l’esprit.  Les entreprises ayant de fortes opportunités de croissance se retourneront en priorité  vers l’endettement, source de financement externe moins soumise à la présence d’asymétries informationnelles que l’émission d’actions.

  • La rentabilité

            D’après le modèle de pecking order, plus une entreprise est rentable, plus elle sera capable de s’autofinancer et par conséquent, au moins elle aura recours à l’endettement.

Argument avancé par ce modèle se base sur la rentabilité des actifs avant amortissement comme mesure de la rentabilité de l’entreprise.  Cependant, les conclusions du modèle de trade off contredisent  celle du pecking order dans la mesure où plus une entreprise est rentable plus s’endettera pour profiter du maximum du principe de déductibilité fiscale des charges de dettes.

            De plus une meilleure rentabilité va de pair avec une profitabilité de remboursement des dettes plus élevées, ce qui aux yeux des créanciers constitue une garantie supplémentaire.  Par conséquent, une amélioration de la rentabilité d’une entreprise devrait conduire à une augmentation du niveau de l’endettement au sein de l’entreprise.  Face à cette contradiction théorique, Norton a tenté d’identifier quelle théorie financière possède la meilleure capacité productive des choix de financement des PME.  Son étude a permis de valider le cadre théorique du modèle pecking order dans le contexte particulier des PME[11]

  • La tangibilité d’actif

            La tangibilité d’actif fait partie des facteurs explicatifs assez récurrents  de la structure financière des entreprises.  La présence d’immobilisations corporelles au bilan de l’entreprise a un impact on négligeable sur son niveau de structure  financière.  En effet, ces immobilisations corporelles constituent des garanties importantes aux yeux des créanciers.  (Leur valeur liquidable étant importante) ce qui facilite son accès aux crédits bancaires.  La présence d’actifs tangibles au bilan de ces entreprises va en quelque sorte sécuriser la dette de ces entreprises et diminuer le risque de l’aléa moral subit par les créanciers.

  • Le taux de taxation et les avantages non liés à la dette

            Dans l’optique dudit modèle, un accroissement du taux d’imposition tend à avoir un impact positif sur le niveau d’endettement des entreprises puisque l’augmentation des charges financières liées à cet endettement supplémentaire est fiscalement déductible.  A l’inverse, la présence d’avantages fiscaux non liés à la dette réduit l’attrait de l’endettement sur le ^plan purement fiscal.

  • Les coûts de détresse financière

            Ces coûts auraient un impact négatif sur le niveau d’endettement des entreprises.  Ce qui est conforme aux prescrits théoriques du modèle trade off.  Il est logique de penser qu’au plus une entreprise possède une importante probabilité de défaut de paiement, moins celle-ci sera inclinée à accroître son niveau d’endettement sous peine de faillir.

            D’un autre côté, les créanciers susceptibles de lui accorder des crédits en long terme supplémentaires exigeraient des taux d’intérêt très importants, ce qui augmenterait encore la probabilité de défaillance financière d’une telle entreprise[12]

  • Le risque d’exploitation

            Plus les firmes disposent d’une forte volatilité de leurs revenus d’exploitation, plus les créanciers potentiels exigent de taux d’intérêt importants en raison de risques d’exploitation supportés.  Par conséquent, le risque d’exploitation est supposé disposer d’un impact négatif sur la structure financière des entreprises.  Une autre interprétation de la relation négative entre le risque opérationnel et d’endettement peut être trouvée grâce aux conclusions de la théorie de compromis.  En effet, une forte volatilité du résultat d’exploitation implique une forte volatilité du résultat avant impôt et donc, indirectement, un accroissement de la probabilité au sein des entreprises  de ne pas pleinement bénéficier de l’ avantage fiscal lié à la déductibilité des charges financières[13]  Sur base des théories citées, nous pouvons déduire plusieurs éléments qui peuvent expliquer le choix de la structure ou encore le comportement financier des firmes.  L’endettement prouve à l’entreprise des avantages qui sont : la déductibilité des charges d’intérêt et l’amélioration de  la rentabilité des capitaux propres.  Par contre, ces incitations sont limitées par l’existence du risque financier, du risque de faillite et de la partie de l’autonomie financière.

            Les fonds propres sont nécessaires pour le financement car ils ont des effets sur le plan micro-économique, ils renforcent l’autonomie financière, améliorent la rentabilité et augmentent la capacité d’endettement, donc ils incitent l’investissement.

I.1.2.  Modes de  financement de l’entreprise

            Les problèmes de finance dans une entreprise comportent des enjeux vitaux puisque leur résolution est une condition nécessaire pour sa survie, ses perspectives d’avenir, ses performances présentes et futures ainsi que pour l’autonomie de ses propriétaires et de ses dirigeants. En effet, diversifier les sources de financement permettra à l’entreprise à accéder à différents types de services adaptés à ses besoins spécifiques.  Précisons que toutes les sources de financement auxquelles l’entreprise opte pour financer ses activités comportent ses exigences particulières.

            D’une manière générale, on distingue trois sources de financement constituées de fonds propres, des dettes et autres modes alternatifs de financement[14]

I.1.2.1.  Financement par ressources propres

            Les fonds propres peuvent être d’origine interne et/ou externe. Les ressources internes proviennent des excédents que l’entreprise engendre durant l’exercice par l’ensemble de son activité.  Les ressources externes correspondent aux ressources qui ont été effectivement apportés par les actionnaires : ce sont les apports de créateurs à l’initiation de la société ou les apports des actionnaires ultérieurs à l’occasion des augmentations du capital.

  1. L’autofinancement 

            Ce sont les fonds que l’entreprise dégage de son exploitation et qu’elle utilise pour financer ses investissements. Elle représente la richesse créée par l’entreprise. Par définition, l’autofinancement est la part de la capacité de l’autofinancement qui restera à la disposition de l’entreprise pour être réinvestie[15].   Il constitue de façon générale le pivot du financement des entreprises et pour certaines d’entre elles, la source exclusive du financement dans les phases décisives de leur développement.

            L’autofinancement est une pratique ou un procédé de financement qui consiste à affecter au financement des investissements des ressources puisées dans l’entreprise ou provenant de la rentabilité ou capacité d’autofinancement.  Celle-ci à l’exclusion de concours extérieurs appropriés[16]

L’autofinancement constitue l’une des ressources de financement les plus utilisées par les entreprises, son importance réside dans le fait que :

  • il traduit la capacité ou aptitude de l’entreprise à assurer la reproduction des capitaux qui lui sont confiés, il permet seul de constituer un financement indépendant, stable et capable de secréter des fonds grâce aux quels seront remboursés les emprunts souscrits.
  • Son niveau actuel et son évolution récente sont parmi les éléments essentiels que les apporteurs des capitaux externes chercheront à prendre en compte avant d’accepter de s’engager dans l’entreprise.

L’autofinancement a des avantages et des limites qui sont[17] :

  • L’autofinancement donne à l’entreprise une liberté d’action plus grande puisque elle n’aura pas à subir le contrôle des créanciers sur sa gestion ;
  • L’autofinancement apparaît comme un moyen de financement gratuit à l’entreprise car elle ne verse pas aucun intérêt sur les fonds ainsi utilisés.
  • L’autofinancement permet de financer la croissance d’une entreprise qui rencontre des difficultés pour se procurer des capitaux soit auprès d’éventuels associés (actionnaires par exemple), soit auprès des divers créanciers (l’établissement de crédit par exemple).
  • L’autofinancement est encouragé par les pouvoirs publics (dégrèvements fiscaux,…) cette forme de financement est donc intéressant pour les entreprises.
  • Les capitaux engagés par l’autofinancement peuvent s’avérer insuffisants pour financer l’investissement projeté ;
  • L’apparence gratuite de ce mode de financement peut biaiser le processus de décision d’investissement, par exemple en favorisant les investissements somptuaires ou tout au moins des investissements dont le rendement est insuffisant ;
  • L’autofinancement diminue les revenus des associés et peut les conduire à se retirer de l’entreprise. Notons que l’autofinancement est la source la plus utilisée par les PME évoluant en RDC en général et à Bukavu, en particulier, par le fait que le crédit institutionnel reste difficile à trouver.
  1. Les ressources propres d’origine externe

            Lors de la création de l’entreprise, les actionnaires, par leur apport, vont constituer un capital social ou fonds propres.  Les fonds réunis ne sont pas une sécrétion de l’activité de l’entreprise.  Elles sont de ce fait, d’origine externe à la société.  Il en est de même lorsqu’ils seront sollicités pour augmenter le capital. Cette augmentation peut se réaliser par d’autres moyens : aides et subventions, capital-risque et le rachat de l’entreprise parles salariés[18].

            Signalons que l’augmentation du capital constitue un moyen essentiel de financement des entreprises qui présentent l’avantage de permettre une mobilisation des ressources obtenues et sans obligation de remboursement.  Elle peut prendre diverses formes.  Chacune d’elles correspondant à un objectif particulier, il peut s’agir :

  • Une augmentation du capital du capital en numéraire : apport en espèce des associés de l’entreprise en vue de répondre à un besoin de financement ;
  • D’une augmentation en nature : apport d’un meuble ou immeuble en vue de répondre à un besoin posé par l’entreprise ;
  • D’une augmentation de capital par conversion des créances ou incorporation des réserves : il s’agit d’un simple jeu d’écriture qui constitue une dette ou à des bénéfices, mise en réserve la création d’actions nouvelles remises soit aux créanciers soit aux actionnaires.
  1. Les aides et subventions

Les entreprises peuvent bénéficier des fonds importants de la part du pouvoir public désirent d’encourager des secteurs économiques ou appliquer des politiques sociales.

Ces fonds viennent en ressources propres car n’ayant  pas les caractères de dette classique. Les aides et primes sont purement et simplement acquise par l’entreprise bénéficiaire alors que les subventions sont généralement versées en contrepartie d’un engagement de la société[19].

Disons que cette politique d’encourager certaines activités socio économiques vitales a cessé d’être une préoccupation en RDC.

      Terminons ce point en ajoutant aussi le capital-risque qui est une opération qui consiste en une prise minoritaire d’une part dans une entreprise par un organisme financier.

Les instruments classiques de financement peuvent s’avérer inadéquats pour certaines entreprises, très innovantes, assez risquées, ou dont le marché potentiel est mal connu.  Dans ce cas, elle préfère recourir à des sociétés de capital-risque pour assurer leurs besoins en fonds propres nécessaires pour maintenir et accroître leurs activités[20].  Ce mode de financement qui fait rage dans toutes les industries reste encore inconnu en RDC.  Cette pratique a permis à la majorité de PME les plus risquées ou évoluant dans le secteur mal connu de trouver le financement nécessaire pour leur projet.

I.1.2.2.  Financement par crédit

Insuffisance des fonds propres pour les besoins de financement des entreprises, aussi bien au moment de la création que lors du développement de celle-ci. Dans ce cas, il faut faire appel à des ressources de financement externes. Nous distinguons à ce niveau, les emprunts indivis et les emprunts obligataires.

  1. Les emprunts indivis

            Il s’agit des emprunts contractés auprès des banques et des établissements financiers spécialisés.  Ils sont dits indivis parce que la dette n’est pas divisible et qu’en outre, la banque ou l’établissement financier est l’unique interlocuteur de l’entreprise.  En général, ce type d’emprunt est destiné à un projet particulier, et le financement accordé est accompagné  d’une prise de garantie.  C’est pourquoi on parle à ce propos du crédit objectif.  C’est ce type de crédit que les banques accordent généralement aux PME en RDC.

  1. Les emprunts obligataires

Contrairement à l’emprunt indivis, l’emprunt obligataire suppose un nombre très élevé d’interlocuteurs pour l’entreprise et donc, par conséquent, un émiettement de la dette.

Une obligation est un titre représentatif d’une dette, la propriété d’une fraction d’un emprunt émis par une société, une collectivité publique ou par l’Etat.  Ces titres de créances sont négociables et confèrent les mêmes droits de créance pour une même valeur nominale.

            Ce sont en d’autre termes des titres financiers (appelés obligations) sont émis sur le marché et proposés à des souscripteurs. Chaque titre représente une créance sur l’entreprise et est rémunéré par un revenu appelé intérêt.

I.1.2.3. Les modes alternatifs de financement

Actuellement et avec l’évolution des instruments financiers, il existe plusieurs modes de financement.  Dans ce travail, nous allons parler du crédit-bail et du crédit fournisseur car ceux-ci sont couramment utilisés.

  1. Le crédit-bail

Le crédit-bail est un contrat de location à durée déterminée d’un bien, meuble ou immeuble, pouvant se transformer à l’échéance en contrat de vente à la demande de locataire.

Ce contrat met en relation trois personnes :

  • Client (entreprise) qui choisit le matériel et demande à la société de crédit-bail de le mettre à sa disposition ;
  • Le fournisseur qui reçoit la commande, livre le matériel au client et facture à la société de crédit-bail ;
  • La société de crédit-bail (ou banque) qui achète le matériel le loue à l’entreprise.

            Le crédit-bail est un financement très utilisé par les entreprises comme les particuliers. Il est une opération de financement à long et à moyen terme.  Pendant toute la période de location, l’organisme financier demeure le propriétaire du bien, le contrat location est irrévocable[21].  En fin l’entreprise utilisatrice a le choix entre plusieurs possibilités :

  • La réalisation du contrat et restitution du bien à la société du leasing ;
  • Prolongement de la période de location (les loyers sont alors plus faibles)
  • Achat du matériel à un prix convenu d’avance dans le contrat ;

Le crédit-bail présente comme avantages :

  • Un financement intégral portant sur des périodes en général plus longues que les ventes à tempérament traditionnelles ;
  • Un financement qui n’altère en rien la surface financière de l’entreprise : l’entreprise pourra emprunter ultérieurement à sa banque pour procéder à un nouvel investissement (l’opération n’apparaît pas au bilan) ;
  • Un choix de matériel qui n’est pas définitif : au terme du contrat, l’entreprise utilisatrice peut se défaire du matériel devenu obsolète et opter pour les dernières innovations technologiques ;
  • Renouvellement plus facile du matériel ;
  • Déductibilité fiscale des loyers ;
  • Autonomie préservée ;
  • Une charge de l’entreprise qui comme toutes les charges diminuent le bénéfice de l’entreprise, et donc les impôts sur la société. Il a comme avantage que le crédit-bail est le moyen de financement onéreux.

Il a comme inconvénients :

  • Coût élevé ;
  • Moyens de financement limités à certains biens ;
  • A la fin du contrat de leasing, toute valeur résiduelle, si elle existe, revient au bailleur.
  1. Le crédit fournisseur

En général, les entreprises règlent leurs fournisseurs à crédit avec des délais de 30-60 ou 90 jours, selon le type d’activité (les usages varient d’une branche à l’autre) et leur pouvoir de négociation.  Elle dispose ainsi durant ce délai, d’un moyen de financement.  Mais ce crédit n’est pas gratuit, puisqu’il prive alors l’entreprise des escomptes de règlement qu’elle aurait pu obtenir pour le paiement comptant. Signalons enfin que les PME utilisent souvent le crédit-fournisseur pour financer une part du cycle d’exploitation.

[1] LEVASSEUR M, QUINTRAT A., Finance, 2ième édition, Economica, Paris, 1984, P 460

[2]  C, ROBERT, Théorie financière, Ed. Economica, Paris,  P 163

[3] MUTABAZI A, Economie financière, Cours, Inédit, L1 Gestion financière, UOB, Inédit, 2012-2013

[4] FAOUZI GUEMMI, L’impact de la structure financière des entreprises marocaines sur leurs performances, mémoire, Inédit, Université Mohammed premier, Maroc, 2007, p 4

[5]  FATHT, GAILLY, La structure financière des PME de la haute technologie, actes de XIIième congrès de l’association internationale de management stratégique, Cartage, du 3-6 juin 2003, P 2

[6] CHARREAU G. J, Nouvelle théorie pour gérer l’entreprise : théorie positive de l’agence, Economica, Paris, 1987, P 52

[7] J.  MARIE PINEL J, Evolution dans l’application des principes du gouvernement d’entreprises, Analyse financière, Economica, Paris, 1997, P 167

[8] BREALY et MYERS, Principes de gestion financière des entreprises, Grain Hill, Bruxelles, 1997, P  57

[9] BLACK F, et SCHOLES M., “The princing of option and corporate liabilities”, In Journal of Economy, in endettement, capitaux propres et theories des options, n° 66, 1973, P 6

[10] OLIVIER C, et  alli, « Déterminants de choix de financement  et Profils des PME », In Journal of Small business and entrepreuneurship, n° 23, Bruxelles, 2010, P 4

[11] OLIVER et Alli, Op Cit, p5

[12] MUTABAZI A, Op Cit.

[13] FATHI T et GAILLY, Op Cit. P 4

[14] DAYAN A et Alli, Manuel de gestion, volume 2, Ellypse, Paris, 1999, P 161

[15] Elie C, Gestion financière et développement financier, Edicef, Paris, 1991, P 190

[16] MWILARHE SHUKURU Herbert, Politique de dividende et l’autofinancement des petites et moyennes entreprises familiales, cas de la société OLIVE SPRL, Mémoire, UOB, 2013-2014, P22

[17] J.P., RAYBAUD et JL., CORDON, Economie d’entreprise, Premier G, édition Michèle, Paris, Juin, 1998, P 658

[18] ELIE C., Op. cit, p. 195

[19] ELIE C.,, Op. cit, p195

[20] A, DAMODARAN, Finance d’entreprise, 2ième édition de Boeck, Paris, 1998, P 658

[21] J.P, RAYBAUD et J.L., CORDON, Op. cit, P 660

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