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CHAP I : GENERALITE SUR LE MANIOC

I.1.origine

Le genre Manihot est originaire du nouveau monde, avec  une  extension  géographique Depuis le Sud des Etats-Unis  (Arizona)  au Nord  de l’Argentine.  Les espèces se répartissent en groupes géographiques plus ou moins disjoints et riches en espèces sauvages. On peut distinguer 5 zones primaires de diversité :

- l’Amérique centrale, le plateau central du Brésil, le nord-est brésilien, le sud-ouest brésilien et le Paraguay, la Colombie et le Venezuela (charrier et lefevre,1985).

Introduit en Afrique par les Portugais à la fin du 16émè Siècle, il s’est rapidement répandu en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale et dans les pays riverains du golfe de Guinée. En Afrique Orientale, la progression du manioc se situa plus tardivement à la fin du 17émè siècle, via les iles de la Réunion, de Madagascar et de Zanzibar.  L’histoire révèle que le manioc était déjà cultivé au Pérou, au Brésil, en Guyane et au Mexique à l’époque précolombienne (Janssens, 2001).

I.2. Description

. Le manioc cultivé est une euphorbiacée pluriannuelle du genre Manihot, dont la distribution à l’état sauvage est limitée au continent américain, du sud des Etats-Unis au nord de l’Argentine. Le nom de l’espèce cultivée est Manihot esculenta Crantz; les dénominations utilisées auparavant (M. utilissima, M. dulcis, M. aipi) sont considérées comme des synonymes de M. esculenta .Toutes les espèces du genre Manihot

Possèdent 2n = 36 chromosomes. Le manioc mesure de 1 à 6 mètres de hauteur et présente plusieurs types architecturaux liés à ses modes de ramification. La tubérisation de ses racines se déroule sur des cycles de six mois à trois ans suivant la variété et le milieu. (Jean-Pierre ,1997).

Tige

Une même bouture peut donner naissance à une ou plusieurs tiges. La tige, de couleur variable suivant l’âge et la variété, présente un aspect noueux du fait de la présence de cicatrices pétiolaires proéminentes. Selon la variété, la tige peut donner des ramifications une ou plusieurs fois au cours du cycle. On distingue deux types de ramifications : celles issues de la floraison par transformation du méristème végétatif terminal en méristème floral accompagnée du développement de 2 à 4 branches et celles issues du développement de bourgeons latéraux par levée de dominance apicale.

Feuilles

Les feuilles sont alternes, simples et caduques ; elles sont disposées en spirales Sur la tige. Le limbe membraneux, rattaché à la tige par un pétiole allongé, est divisé en trois à sept lobes. On rencontre parfois un seul lobe. Les colorations vont du vert au rouge pourpre pour les pétioles et du vert au rouge cuivré pour les jeunes feuilles non encore complètement développées.

Fleurs et inflorescences ; Fruits et graines

Les fleurs forment une inflorescence qui est composée d’un axe central de deux à dix centimètres de long et de plusieurs axes latéraux constituant une panicule protogyne. Les fleurs femelles, peu nombreuses, sont situées à la base de l’inflorescence et s’ouvrent les premières. Le fruit est une capsule déhiscente à trois loges contenant chacune généralement une graine (Komi, 1992).

Les racines

Les racines du manioc sont divisées en faisceaux de tubercules mesurant entre 30 et 50 cm sur 5 à 10 cm de diamètre. Chaque tubercule pèse entre 2 et 5 kg.

On distingue chez le manioc des variétés douces et amères ou plus exactement toxiques et non toxiques. Cette toxicité est due à la présence d’acide cyanhydrique (HCN). La seule différence entre les variétés réside dans la répartition de l’acide cyanhydrique dans les racines : dans les variétés douces, la toxine n’est présente que dans l’écorce des racines alors qu’elle est présente dans toute la racine pour les variétés amères (ANONYME, 2010).

Les variétés à forte teneur doivent être désintoxifiées avant consommation, les de transformation sont basées sur  le  séchage,  le  rouissage,  ou  le  râpage  des  racines (François  1989).

I.3.Ecologie

En RDC, le manioc peut être cultivé dans toutes les régions mais il affectionne un climat chaud et pluvieux .Il supporte cependant les stations à longue saison sèche ou altitude élevée, mais il y donne des rendements inferieurs et est sujet à diverses maladies .c’est une culture qui ne supporte pas la gelée, c’est une plante héliophile qui requiert une insolation abondante .Elle résiste mal aux vent violent et doit être plantée dans des endroits abrités .elle s’accommode à toutes espèces de sol, mais sa production sera toujours fonction de la qualité du terrain .il préfère le sol sablo argileux profond, meuble et bien drainés( Vendenput, 1981) .

I.4. Variétés et matériel végétal

Le potentiel du manioc ne sera pleinement réalisé que lorsque les contraintes s’exerçant sur la production seront atténuées grâce à des variétés supérieures et les producteurs de manioc auront accès à un matériel végétal à rendement élevé et exempt de maladies.

Le moment est venu de caractériser, à l’échelle du génome, la diversité génétique du manioc, pour combler les lacunes des collections de cultivars primitifs, et pour créer des réserves naturelles afin de préserver les espèces sauvages apparentées. L’harmonisation des données d’identification et des données d’évaluation relatives aux échantillons des banques de gènes devrait être une priorité. L’amélioration devrait se concentrer sur la création de variétés qui soient bien adaptées à des agro écologies, à des systèmes de culture et à des utilisations finales bien spécifiques et qui donnent de bons rendements en nécessitant un apport minimal de produits agrochimiques et d’irrigation. La reproduction et la distribution systématiques d’un matériel végétal exempt de maladies de variétés améliorées sont essentielles dans une optique d’intensification durable. S’il est vrai que peu de pays disposent de systèmes semenciers structurés pour le manioc, un système communautaire à trois niveaux lancé pour la première fois en Afrique, faisant appel à des ONG et à des associations d’agriculteurs, a contribué à l’adoption des fruits de la recherche, des variétés améliorées et du matériel végétal sain par le plus grand nombre de producteurs de manioc (FAO, 2013).

1.5. La biologie et le mode de reproduction

Le manioc possède un appareil aérien à développement sympodial simple. On distingue deux types d’axes selon la terminologie d’Hailé. Les axes proleptiques, ou ramifications latérales, sont issus du développement de bourgeons axillaires par levée de la dominance apicale. Leur existence et leur nombre sont liés à la variété, au milieu et aux techniques culturales. Les axes sylleptiques tirent leur origine de la transformation des méristèmes végétatifs terminaux en méristèmes floraux. A chaque floraison, 2 ou 3 branches se développent simultanément, donnant un aspect di ou trichotomique. Certaines variétés ne fleurissent pas au cours du cycle cultural, d’autres présentent jusqu’à 10 floraisons successives sur la tige au cours d’une seule année de culture. Entre ces deux extrêmes, il existe des formes intermédiaires. L’aptitude à la floraison est contrôlée par la température, la sécheresse et la photopériode (Jean-Pierre, 1997).

En fin de cycle, le port de la partie aérienne est donc variable. On peut donc les classer en fonction de l’orientation des pétioles et des limbes et de l’angle d’écartement entre les branches : variétés à port cylindrique ou érigé (sans floraison), à port dressé (1 ou 2 floraisons tardives), à port étalé, rampant ou encore en boule (floraisons précoces et nombreuses).

Le système racinaire, outre ses fonctions classiques d’ancrage du plant et d’absorption hydrique et minérale, intervient directement dans l’élaboration du rendement par la composante « nombre de tubercules ». Les racines tubérisées présentent typiquement une structure anatomique de racine, avec au les cellules surnuméraires centre d’un parenchyme de stockage des grains d’amidon très développé (Jean-Pierre, 1997).

Le mode de propagation

Le pouvoir germinatif de la graine est inférieur à 30 % et est étalé sur plusieurs mois. Il peut être amélioré par des traitements chimiques ou thermiques. Par rapport au manioc provenant de boutures, la plante issue de graine présente plusieurs inconvénients : la phase d’installation de sa couverture aérienne dure plus longtemps et elle stocke une grande partie de l’amidon dans une racine-pivot séminale, très fibreuse et plus difficilement transformable pour la consommation. Une ou plusieurs tiges se développent à partir des bourgeons dans les quinze jours qui suivent la plantation. L’enracinement débute 5 à 7 jours après la plantation, par la formation de racines nodales à partir de pro méristèmes néoformés au niveau du renflement situé sous les cicatrices foliaires. Quelques jours plus tard, des racines basales issues d’une cal cicatricielle apparaissent à la base de la bouture. L’installation du système racinaire primaire est généralement terminée vers la cinquième semaine. La coupe en biseau de la base de la bouture entraîne la sortie groupée des axes racinaires sur la pointe. Combinée à une plantation oblique ou horizontale, elle permet de localiser les racines basales dans un secteur du sol, et donc de regrouper les futurs tubercules. La plantation verticale de la bouture de tige sectionnée horizontalement provoque un enracinement primaire en rayon autour du plant (Jean-Pierre, 1997).

I.6. Importance

1.6.1 Importance nutritionnelle et alimentaire

Le manioc fait partie des principales plantes à racines amylacées cultivées dans le monde, L’importance du manioc pour la sécurité alimentaire dans la région tient à ses caractéristiques intrinsèques : le manioc résiste bien à la sécheresse et peut générer un rendement satisfaisant même sur des terres pauvres et marginales. En cas de troubles civils, le manioc peut demeurer en terre sans surveillance et pourra être récolté ultérieurement sans connaître de réelle détérioration qualitative. C’est une culture qu’il est difficile de piller ou de dérober en grande quantité car sa récolte nécessite un travail important et l’extraction de ses lourdes racines requiert une manipulation particulière. Il présente donc l’intérêt de rester disponible même après le déplacement temporaire d’un ménage. Par ailleurs, cette culture n’implique pas l’acquisition d’intrants coûteux, tels qu’engrais ou semences, la multiplication végétative est le plus souvent réalisée par le cultivateur lui-même, à partir de ses propres boutures (FAO, 2010).

1.6.2 Importance économique

Au Sud-Kivu l’importance de cette culture est variée selon ses différentes transformations (Murhabazi,cité par marcellin 2013).

 Selon la (FAO, 2013), Le manioc a un potentiel économique qui va au-delà de la nutrition humaine. Il peut être à la source d’une diversité de produits industriels dont  l’amidon  est  le  plus  connu ,Aliment pour le ménage, fourrage pour le bétail et matière première pour une large gamme de produits à valeur ajoutée, de la farine grossière aux gels d’amidon issus de technologies avancées, le manioc est vraiment une culture polyvalente. Tant les feuilles que les racines tubéreuses peuvent servir à nourrir les animaux de la ferme, tandis que les tiges peuvent servir de bois de feu et de substrat pour la culture de champignons. La versatilité du manioc ne s’arrête pas là. L’amidon des racines tubéreuses peut également être utilisé dans un large assortiment d’activités industrielles, dont l’industrie alimentaire, le textile, le contreplaqué, la papeterie et les colles, ainsi que comme matière première pour la production d’éthanol biocarburant.

C’est une culture qui procure des revenus importants aux petits producteurs à travers le monde. Les tubercules de manioc, ainsi que ses sous-produits, s’écoulent partout sans difficulté. Les tiges des variétés améliorées sont également vendues comme matériel de plantation. Bref le manioc offre des avantages considérables en matière de sécurité alimentaire, avec des rendements stables et élevés, même sur des sols marginaux et dans des conditions pluviométriques incertaines. Les coûts de production requis tels que l’achat des engrais, des produits phytosanitaires et du matériel de reproduction sont minimes. Lorsque les feuilles de manioc se referment sur elles-mêmes, les pieds de manioc peuvent être laissés à l’abandon. Ce qui permet d’optimiser l’utilisation de la main-d’œuvre sans mettre en danger la production de manioc (Justin, 2015).

I.7.principales contraintes à la production

La culture du manioc, traditionnellement multiplié par voie végétative, est soumise en Afrique à un fort accroissement de la pression parasitaire.  Son amélioration demande une meilleure connaissance des ressources génétiques disponibles. (François ,1989).

En vue d’accroitre la production du manioc dans le but de répondre aux besoins alimentaires de la population tout en minimisant les couts de production, on tient compte de différents éléments intervenant dans la production ; les facteurs peuvent être d’ordre naturel, technique, économique, social ou autre. Dans le cas précis, nous énumérons les principaux problèmes qui entravent la production du manioc au Congo (ANONYME, 1987) :

(1)  Faiblesse de la recherche agronomique (date de semis et de récolte), inexistence de formation technique chez les  paysans en charge de la vulgarisation et problèmes fonciers.

 (2) Par manque d’argent ou de provisions alimentaires de la part de paysans, les racines de manioc sont souvent prématurément récoltées, particulièrement de juin à septembre surtout lorsque le manioc constitue l’unique source monétaire pour certains paysans. La récolte prématurée des tubercules et de feuilles réduit le rendement par hectare.

 (3) Application du système de cultures extensives, les sélections inadéquates et la rotation de terres, la pratique de large monoculture qui permet l’attaque de maladies et pestes.

 (4) L’utilisation par les paysans des variétés non améliorées et moins résistantes aux maladies et pestes du manioc très souvent, les paysans utilisent les boutures des saisons précédentes. L’  indice  des maladies et pestes devient grande  lorsque le manioc est abondamment cultivé dans les sols de très basse qualité pédologique.

 (5) L’inefficacité des services de vulgarisation et l’insuffisance du personnel d’encadrement.

(6) Les coûts élevés des intrants agricoles tels que produits phytosanitaires, engrais, herbicides et autres outillages agricole.

 Les maladies les plus couramment rencontrées sont reprises dans le tableau ci-dessous :

Tableau 1. Les maladies, agent causal, symptômes, mode de propagation, méthode de lutte

Maladie

Agent causal

Symptômes et Dégâts

Mode de propagation

Méthode de lutte

1. La Mosaïque du manioc

Geminivirus

Alternance des plages vertes et vert claires ou jaunâtres sur les feuilles suivant la variété de manioc, la souche du virus et les conditions ambiantes du milieu. A l’état avancé de la maladie, on observe une distorsion des feuilles suivie d’une réduction de la surface foliaire. 

Si la maladie sévit avec acuité les

plantes restent naines et ou

rabougries

Par la mouche blanche (vecteur)

 Utilisation des boutures issues des plants malades

Utilisation des variétés

résistantes. Utilisation des boutures saines issues d’un champ suivi avec phytosanitation. Planter tôt au début de la saison des pluies.

. La Bactériose ou flétrissure

Bactérienne

Bactérie :

Xanthomonas

compestris pv

manihotis ;

Présence des taches anguleuses, à

aspect détrempé sur les feuilles

desquelles découle une gomme

blanchâtre ou jaune. Cette gomme

caractéristique est aussi observée sur la tige et sur les pétioles des feuilles. Quand les taches se coalisent, il s’ensuit une brûlure ou une nécrose des feuilles souvent accompagnée d’un flétrissement et de la mort de la plante allant du sommet vers les parties basales (dieback).

Utilisation des boutures issues des plants malades.

Transmission par les

insectes herbivores

 (ex : les criquets)

 Les eaux de pluies.

Utiliser les variétés résistantes.

 Utiliser les boutures saines. Planter en forêt. Associer le manioc au maïs.

3. Anthracnose

Colletotrichum gloeosporiodes  pv manihotis

Présence des chancres ovales surtout sur les tiges. 

Les premiers stades du

développement de la maladie se

caractérisent par l’apparition sur

Par la punaise

Pseudotheraptus

devastans. Par le vent.

4. Striure brune

Virus

Présence des  taches jaunes‐vert sur

les feuilles sans déformation du limbe. Présence des stries brun‐foncées sur les parties vertes des tiges. Nécroses et décolorations au niveau des racines tubéreuses

Par la mouche blanche (vecteur)

Utilisation des boutures issues des plants malades

Utilisation des variétés

résistantes. Utilisation des boutures saines issues d’un champ suivi avec phytosanitation

Récolter dès que la maturité

est constatée

Source : Mahungu, 2012.

I.5. Description de la diversité des cultivars

Selon Charrier et Lefèvre 1985.   On a coutume de distinguer les cultivars de manioc d’après :  leur teneur en glucoside cyanhydrique (maniocs doux ou amers), la couleur de la chair de la racine (la chair  jaune  est souvent  plus  amère que  la  chair blanche), la  longueur  du cycle  de  culture  (cultivas  précoces  et  doux  ou à  cycle de 1  à 2 ans  et amers). Cette diversité des cultivars est souvent traduite par leur dénomination en langage vernaculaire.

La description des différentes collections suit souvent deux objectifs principaux dont celle de (l’) 

  • Identification des cultivars basée sur des caractères morpho-physiologiques,
  • leur utilisation dans la sélection en fonction de leurs caractéristiques agronomiques et de leur comportement vis-à-vis du milieu biotique et abiotique.

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