Le genre Musa est originaire de l’Asie (Mutsaers 1985), précisément au Sud-Est dans l’aire géographique entre l’Inde, la Papouasie, nouvelle guinée, et les iles du pacifique (Swennen et Vuglstek 2001). C’est dans cette région du monde où se situe la plus grande diversité ainsi que le centre primaire de diversification du genre. Ainsi, les variétés se sont répandues dans toutes les zones intertropicales humides et chaudes, dans des plaines jusqu'à 2000m d’altitude. Le centre de diversification secondaire existe en Afrique de l’Ouest et centrale (bananier plantain), et sur les hauts plateaux d’Afrique de l’Est (banane à cuire et à bière) (Anonyme 2002). Le bananier a été introduit en Afrique avant le 15ieme siècle,
La grande majorité de bananier cultivé dérive de deux espèces sauvages : Musa acuminata et M. balbisiana. Le caractère comestible est apparu chez M. acuminata. Ce M. acuminata est l’ancêtre du bananier cultivé (Cbrispeels et sadava 1994).
Il existe plusieurs espèces de bananes (Raymond 1971), dont les unes sont alimentaires. Certaines produisent de la fibre (Musa textilis) d’autres enfin sont simplement ornementales (Musa ensete). Les bananes comestibles donnent suivant les espèces des fruits sucrés ou farineux. Les premiers sont les plus apprécies en Europe. Les seconds constituent un élément important dans l’alimentation indigène dans les régions du Congo (Anonyme 1958).
Le bananier appartient au genre Musa (Daniells et al 2001), dans la famille Musacée, sous- famille de Mimosoide, dans l’ordre Zingibérale, (Pouvreau 1984). En RDC la variété la plus plantée est le M. sanpietum, que nous trouvons au Mayumbe dans le Bas-Congo (Anonyme 1954) .Le genre Musa comprend deux genres dont :
Le genre Ensete (ancien Musa ensete), qui est présent en Asie, en Afrique et en Amérique latine, mais n’est cultivée qu’en Ethiopie (consommation du rhizome fermenté et surtout de la pulpe du pseudo tronc). Il ne rejetonne pas naturellement.
Le genre Musa, qui se divise en espèces séminifères à fruits non comestibles et variétés à fruits charnus sans graines (parthenocarpie).Les espèces à graines se répartissent en cinq sections : Australimusa avec 2n=20 chromosomes (dont M. textilis qui, est une espèce a fibre), Calimusa avec 2n=20 chromosomes (dont M. coccinea, qui, est une espèce ornementale ),Rhodochlamys (dont M. ornata, qui, est une espèce ornementale),Ingentimusa (dont M. ingens, bananier sauvage géant ) et Eumusa avec 2n=22 chromosomes. Dans la section Eumusa se trouvent Musa acuminata (symbole de génome : A) et M.balbisiana (symbole de génome : B) (Anonyme 1968), espèces qui sont à l’ origine de variété cultivée.
Le tableau 1 présente les caractéristiques génétiques des variétés des bananiers.
Groupe |
Sous- groupe |
Cultivars |
Type de fruits |
AA |
Sucrier |
Pisang Mas/Frayssinette/Figue sucrée Pisang lilin Pisang Beragan/Lakatan |
Dessert-sucrée Dessert Dessert |
AAA |
Canvendish Gros-michel Figue-Rose Lijugira Ibota |
Lacata/Poyo/Williams/Grande naine/ Petite naine Gros-michel/Highgate/Cocos Figue-Rose rose/Figue- Rose verte Intuntu/mujuba Yangambi Km5 |
Dessert Dessert Dessert A bière/à cuire Dessert |
AB |
Ney Poovan |
Safet velchi/sukari |
Dessert-acidulé |
AAB |
Figue-Pomme Pomme Mysore Pisang Kelat Pisang Rajah Plantain Popoulou Laknao Pisang Nangka |
Maca/Silk Prata Pisang Ceylan Pisang Kelat Pisang Rajah Bulu French/Corne/faux corne Popoulou Laknao Pisang Nangka |
Dessert-acidulé Dessert-acidulé Dessert- acidulé Dessert A cuire A cuire A cuire A cuire A cuire |
ABB |
Bluggoe Pelipita Pisang Awak Peyan Saba |
Bluggoe/Matavia/Poteau/Cacambou Pelipita Fougamou Saba |
A cuire A cuire Dessert A cuire A cuire |
Source : Anonyme 2002
Les tétraploïdes naturels sont très rares, mais l’amélioration génétique actuelle propose de plus en plus des nouveaux hybrides tétraploïdes. Ce sont des dérivés des diploïdes et triploïdes améliorés ou sélectionnés pour leurs caractères de résistance à diverses maladies (Anonyme 2002). La plupart de ces hybrides sont susceptibles de résister aux différentes maladies ; c’est le cas par exemple de l’hybride AB (Promusa 1997).
Le bananier est une plante herbacée vivace dont la taille de pseudo tronc varie entre 1.5 à 8 m selon les espèces et les cultivars d’une souche souterraine vivace, globuleuse de 0.30 m à 0.60m de diamètre appelé aussi rhizome ou bulbe ou encore souche (Leroy 1968), naissent d’abord des longues feuilles des dimensions croissantes (Anonyme 1993).Il constitue la vraie tige de la plante qui est courte et épaisse. Leurs gaines s’imbriquent de part une phyllotaxie spirale pour former le pseudo tronc .Elle s’épaississent en pétiole se prolongeant en nervure centrale séparant le vaste limbe en deux parties.
Le méristème terminal de la souche reste peu au dessus du niveau de sol au cours de la période végétative, pendant laquelle 15 à 25 feuilles sont produites. Il se différencie ensuite une inflorescence tandis que la tige se développe à l’intérieur du faux –tronc .La croissance interne dure environ trois mois au cours desquels les dernières feuilles se différencient et sortent extérieurement puis les bourgeons sortent extérieurement : c’est la floraison .Pour la plupart de cas, la pollinisation s’effectue au moyen de la chauve-souris (Pouvreau 1984). Le bourgeon est composé de glomérule de fleurs (tout d’abord avec de longs ovaires) dites femelles. Ce sont les futures «mains» du régime. Ensuite ce sont les glomérules de fleurs staminées qui apparaissent (dites fleurs mâles, à ovaires réduit).Les mains comportent deux rangées de fruits compressés sous une spathe violacé (dite souvent bractée).Dans les cultivars, les ovaires donnent des bananes sans graines.
Pour les cultivars et certaines espèces, l’inflorescence après sa sortie se recourbe vers le sol. Les bractées tombent les uns après les autres. Les fruits se redressent et se courbent. Durant environs trois mois, ils s’allongent puis grossissent.
Le régime qui est l’ensemble de mains de banane et de l’axe (hampe) qui les portent est généralement récolté avant que la maturité débute .Celle-ci est souvent médiocre sur la plante .Le régime « vert »peut être conservé et transporté en condition réfrigérée (12.5Ëš C) et suffisamment humide.
La tige qui a produit le régime est coupée à la base .Sinon elle fane progressivement. Une tige ne peut donner qu’une inflorescence. La souche produit d’assez nombreux rejets latéraux en terres au cours de la croissance de la tige. On en conserve généralement un seul, pour assurer la succession végétative.
La vie d’une tige est de 10-14 mois selon les conditions .Grâce à la succession végétative une bananeraie peut durer une dizaine d’années (Anonyme 1993).
Le bananier est une des plantes les plus précieuses des pays tropicaux et subtropicaux (Van Den Abeele et Vandenput 1951). Dans notre pays l’importance de la production et celle de la demande fait la banane (surtout le plantain) la seconde culture après le manioc (Anonyme 2009) ou elle est utilisée plus pour l’autoconsommation (Anonyme 2010). Dans certaines régions, la banane est souvent la principale denrée cultivée et purée des paysans, mais aussi comme le premier aliment solide donné aux nourrissons (Anonyme 1958).C’est un fruit hautement énergétique plus rarement, on consomme la pulpe séchée et réduite en farine, on l’utilise aussi pour fabriquer du jus ou une boisson alcoolisée après fermentation (jus ou bière de banane). Les fruits verts et les graines foliaires servent partout pour l’alimentation du bétail. Les feuilles et les longues fibres des gaines foliaires sont utilisées pour l’emballage et la fabrication d’objets artisanaux. Une espèce particulière Musa textilis (abaca) est exploitée pour l’extraction de longues fibres de la gaine foliaire aux Philippines, en Equateur et aux inde (Anonyme 2002).
Aussi, la culture du bananier rêve au Sud Kivu un caractère important aussi bien au niveau alimentaire, économique, socioculturel, cultural et environnemental dans la région.
Au niveau alimentaire, la banane, ancrée dans la société de l’Est de la RDC depuis des générations, est un aliment de base pour toute la population de la région .C’est une banque alimentaire, un aliment énergétique. La banane est riche en vitamines A, B1, B2, B6, C et E, et en sels minéraux Ca, Fe, Mg, P et K. Son faible taux en protéines fait qu’elle nécessite un accompagnement avec les aliments riches en protéine comme le haricot, le petit pois ou le poisson, la viande, etc.
Au niveau économique, la banane constitue une banque agricole par excellence pour les paysans. En effet, elle assure durant toute l’année plus de 60% de revenus des ménages.
Au niveau socioculturel, Au Sud Kivu la banane est souvent utilisée pour la production de la boisson kasiksi (Anonyme 2010).Ce vin de banane établit et consolide les liens sociaux. Il a le pouvoir rassembleur et de communion entre les gens étant donné son omniprésence dans toutes les cérémonies.
Au niveau cultural, la banane constitue le centre de gravité des systèmes agraires. Le système bananier abrite en association plusieurs cultures vivrières (haricot, maïs, soja, taro, courge, manioc), industrielles (exemple le caféier) et agro forestières. La production de la banane est assurée pendant toute l’année grâce à la position privilégiée et a l’écologie atmosphérique et édaphique.
Les organes du bananier constituent une source importante de matière organique. La bananeraie restitue au sol des éléments nutritifs exportés lors de sa croissance. Ses feuilles sont utilisées comme paillage avec effets positifs sur la fertilité du sol. Le bananier lutte contre l’érosion du sol en freinant le ruissellement et amortit les rayons solaires évitant, ainsi, l’évaporation des éléments minéraux volatils.
Ses sous-produits sont utilisés pour faciliter la mise en place des pépinières et pour la plantation des certaines cultures comme le caféier. Le système cultural traditionnel du bananier est cependant inefficient (les moyens mis à la disposition de la culture donnent des résultats faibles exprimés par un rendement inférieur comparativement à la moyenne mondiale ou même africaine) et inefficace (la production actuelle du bananier ne parvient pas à résoudre le problème épineux de la disponibilité alimentaire, une des composantes de la sécurité alimentaire). Cette situation est aggravée par la présence du BXW dans la région de Katana et Kavumu.
Au niveau environnemental, la bananeraie constitue un des écosystèmes de première importance attirant et abritant de nombreux êtres de toute nature tant pathogènes que non nuisibles vivant dans sa partie aérienne et souterraine.
La disparition de la bananeraie liée au BXW constitue une catastrophe humanitaire et écologique sans précédent étant donné que la présence des bananiers dans la région de Katana et Kavumu atténue tant soit peu l’effet néfaste de la déforestation, par sa contribution à la sauvegarde de l’environnement abiotique et biotique (Vigheri 2008).
Le Banana Xanthomonas Wilt (BXW) ou Wilt bactérien du bananier est dû à une bactérie du nom de Xanthomonas campestris pv. musacearum. C’est une bactérie gram négatif qui est signalée seulement en Afrique Sub-subsaharienne. Cependant, il existe d’autres espèces qui appartiennent au même genre. C’est le cas de Xanthomonas vasicola pv .vasculorum qui affecte le sorgho.
Les symptômes caractéristiques du wilt bactérien du bananier sont :
La moko disease est un flétrissement bactérien, causé par le pseudomonas solanocearum qui est surtout présente en zone américaine. Elle est transmise par les insectes et les nématodes du plant de banane infecté au plant de banane sain. La maladie est diffusée par les jeunes plantules contaminée vers un terrain indemne de bactéries (Soguilon 1995 cité par Nalweshe 2007).Comme symptômes, les feuilles jaunissent, s’affaissent et sèchent. La tige prend une coloration jaune et le tissu vasculaire de racine et de bulbe contient du liquide gris blanc. Les fruits immatures des plants infectés prennent une couleur jaune et leur pulpe exhibe une pourriture sèche. L’infection avant la floraison entraine un développement anormal du régime dont les fruits pourrissent avant de mourir (Silva 2000 cité par Nalweshe 2007).On lutte par éradication des tâches (Anonyme 1993).
Elle est causée par la bactérie Pseudomonas Selebensis propagée par les insectes, les rejets infectés et la commercialisation des plantes infectées .Les symptômes similaires à ceux de Moko varient selon le niveau de croissance de la plante et son mode d’infection. Les feuilles entièrement développées des plantes infectées exhibent un jaunissement transitoire apparent suivi de perte de turgescence, de la dessiccation et de nécroses .Chez les plantes matures la base du pétiole s’affaisse et les feuilles flétries pendent autours du pseudo tronc .Les feuilles les plus jeunes cessent d’émerger et les plaques blanchâtres puis nécrotiques apparaissent sur les limbes .Si l’on pratique une coupe transversale dans le tissus vasculaire maintenu à l’état humide, il n' exsude de gouttelette de suintement bactérien dont la couleur varie du blanc jaunâtre au noire (Eden-Green 1994, Ploetz 2004 cité par Nalweshe 2007).
Elle se manifeste comme une pourriture du fruit causée par la race de la bactérie Ralstonia Solanacearum (précédemment connue sous le nom de Pseudomonas solacearum). Le fruit est décoloré. Il est dur même à l’état mur. Le plant semble normal mais la pulpe du fruit est pourrie et impropre à la consommation (Thomas ,1994 cité par Nalweshe 2007).
La mosaïque à tirets se caractérise par l’apparition sur les feuilles des nombreuses stries chlorotiques souvent discontinues, disposées parallèlement aux nervures secondaires .Des petites lésions nécrotiques en forme de fuseau se forment plus tard sur le limbe, la nervure centrale, les pétioles et les gaines foliaires. La maladie peut empêcher le bon déroulement des jeunes feuilles. La croissance des régimes et la qualité de fruits sont affectées. Les vecteurs du virus semblerait être un puceron, peut être Apbis gossypii (Autrique et Perreaux 1989). Les moyens de lutte consistent toujours en la destruction systématique des sujets malades ou l’utilisation des produits chimiques pour détruire les vecteurs de la maladie. Or, ni l’un ni l’autre n’est accessible pas aux petits exploitants agricoles. De toute façon il est conseillé de ne pas récolter le matériel de plantation dans les milieux infectés.
Un « luteovirus » (Brunt et al 1990), le bunchy top est aussi une maladie virale se caractérisant par un rabougrissement excessif du plant et une formation de touffes des feuilles très réduite .Le virus est transmis par un puceron vivant sur le bananier Pentalonia nigronervosa coquerel. Il semblerait que les symptômes apparaissent environ un mois après l’infection. Par ailleurs, les rejets sont porteurs de ce virus et ainsi l’extension de la maladie est très souvent dûe au transport de matériel végétal contaminé. Ce n’est pas par simple coupe des sujets malades comme elle est pratiquée par certains agriculteurs que l’on élimine la maladie. Il est important de savoir que la maladie est systématique, donc présente presque dans tous les organes du plant malade. Ainsi, lorsqu’on coupe le pseudo tronc du plant virosé juste au ras du sol la repousse présente la même infection (Gatinzi 1987).
La maladie du panama est une maladie cryptogamique redoutable pour le bananier et difficile à combattre. Cette maladie est dûe au champignon du sol appelé Fusarium oxysporum f.sp.cubense (Gatsinzi 1987). Les premiers symptômes de la maladie consistent en une chlorose des feuilles les plus âgées ou en un flétrissement de leur pétiole au point de jonction avec le pseudo tronc, alors que la feuille est encore verte. Les symptômes gagnent progressivement les feuilles plus jeunes et seule la dernière feuille encore non déroulée demeure intacte pendant quelque temps. Le fléchissement des pétioles et les feuilles mortes, pendantes autours du pseudo tronc, sont les symptômes externes les plus caractéristiques de la maladie du panama. Ils sont souvent accompagnés d’éclatements longitudinaux à la base du pseudo tronc .Celui-ci et le rhizome coupés longitudinalement ou transversalement révèlent un brunissement typique du système vasculaire de la plante (Autrique et Perreaux 1989). Le champignon responsable de la maladie peut vivre en saprophyte dans le sol pendant plusieurs années. Il pénètre dans la plante par les racines et envahit les vaisseaux, perturbant la circulation de la sève minérale .Des sols peu fertiles, acides, compacts ou mal drainés favorisent l’installation de la maladie. Afin d’éviter la propagation de la maladie, il est vivement recommandé de ne récolter du matériel de plantation que dans des milieux non infectés et sur des souches jugées indemnes de toutes infection (Gatsinzi 1987) ; pour un sol infecté, il est recommandé de planter les espèces résistantes comme celles du sous-groupe de cavendish (Rice et al. 1990)
L’helminthosporiose est une maladie produisant des petites tâches circulaires sur les feuilles. Celle-ci se rencontre dans presque toutes les plantations bananières mais, elle est de faible importance économique. Elle se manifeste spécialement sur le sol relativement pauvre en éléments nutritifs. L’agent causal est helminthosporium musae-sapientum ou drecbslera musae-sapientum.
L’utilisation de meilleures variétés avec une bonne condition d’entretien limite le développement et les dommages éventuels pouvant être causés par ce champignon.
La cladosporiose est une maladie à tâches foliaires irrégulières et diffuses, avec contours mal définis .Sur des feuillages sévèrement atteints domine la teinte brune- orange sur les deux faces de la feuille. L’agent causal est cladosporium musae.
Les cercosporioses du bananier sont caractérisées par des taches foliaires arrondies à elliptiques, brun foncée, noirâtre, qui peuvent atteindre 1.5 à 2cm de long. En vieillissant, leur centre devient grisâtre, limitée par une bordure foncée et parfois entoure d’un halo jaunâtre. La confluence de ces tâches ou la nécrose des tissus les séparant entrainent la formation de larges plages desséchées, brunâtre, souvent plus étendues vers l’extrémité de la feuille, et qui progressent depuis le bord du limbe vers la nervure centrale. En phase végétative, ces symptômes ne sont généralement visibles qu’à partir de la 4ieme ou 5ieme feuille et leurs sévérités s’accroissent avec l’âge de la feuille. Au moment de la formation des inflorescences, ils peuvent détruire jusqu'à la feuille terminale en conditions favorables à la maladie. Les feuilles fortement atteintes pendent souvent le long du pseudo tronc, du fait de la pourriture de la base des pétioles. Il en existe deux qui sont difficilement distingués au champ. Une est causée par Mycosphaerella musicola ;M.fijiensis et l’autre est Pseudocercopora musae,P.fijensis. Pour la première on utilise certains produits fongiques comme le Nuarimol à 100-200 gr des matières actives par hectare en mélange l’huileux sont recommandées. L’ombrage peut réduire l’ampleur des dégâts du champignon de la cercosporiose noire (Anonyme 1998).
La maladie du bout de cigare est une affection exclusive des fruits de banane. Celle-ci se reconnait à l’aspect du bout de cigare brulée que prend l’extrémité de la banane .Généralement ce n’est pas la totalité des doigts qui est détruite. Les régimes sont partiellement endommagés .Toutefois il n’est pas rare d’observer tout un régime ne portant que le rachis avec les doigts pourris. Le développement de la maladie du bout de cigare serait favorisé par un temps chaud et humide. L’agent causal de la maladie est connu sous le nom de stachylidium theobromae Turc. La méthode couramment utilisée dans le contrôle de cette maladie consiste à ligaturer des inflorescences dès leur apparition avant qu’elles ne se déploient. Une étude de criblage variétal s’avère indispensable pour sélectionner les variétés résistantes à la maladie. Aucune méthode chimique n’est préconisée.
L’anthracnose est une maladie propre aux fruits des bananiers. Celle-ci se caractérisé par des macules qui se produisent sur la pelure des fruits. L’infection se développe spectaculairement pendant l’entreposage ou le murissage des fruits. L’agent causal de la maladie est Gloesporium musarum Cke et Massee.
Les nématodes sont des vers minuscules, de moins de 1mm de long, qui vivent en général dans le sol. Comme les nématodes sont parfois difficiles ou impossibles, à voir au champ et leurs symptômes sont parfois non spécifiques, les dommages sont souvent attribués à d’autres causes plus visibles, (Coyne et al 2007) .Les nématodes dépendent de l’eau pour leur activités. Sinon ils ne se nourrisseront pas, ne se déplaceront pas et même ne pondront pas d’œufs (Southey J. F. 1965). Plusieurs espèces peuvent parasiter, parfois simultanément, les racines de bananier. L’infestation par Meloidogyne javanica ou M. incognita, qui sont des espèces largement polyphages, se traduit par la formation de boursouflures ou galles sur les racines. Les attaques de Helicotylenchus multicinctus provoquent l’apparition sur les racines des nombreuses petites lésions superficielles, sombres, étroites, en forme de tiret. Les dégâts causés par Pratylenchus goodeyi ressemblent à ceux engendrés par le Rodophilus simulis , une espèce extrêmement dommageable (Autrique et Perreaux 1989) observée pour la première fois par COBB dans les tissus nécrotiques de racines du Musa sp en 1891(Gowen et Queneherve 1990).Les racines infectées par P. goodeyi, présente des nécroses corticales brun noirâtre profondes. Une forte infestation par une ou plusieurs espèces des nématodes affectent le développement et la production des bananiers, surtout en conditions de faible fertilité du sol. A la suite d’une destruction importante des racines, les plants peuvent basculer par un grand vent ou présenter des signes de flétrissement en saison sèche. (Autrique et Perreaux 1989).Il existe des variétés résistantes ou tolérantes à certaines espèces des nématodes ,il convient d’utiliser aussi les matériels de plantation libre de nématodes ou assaini par un parage soigné des souches qui permet d’éliminer les racines infestées avant la plantation. Tout facteur paillage, fumure organique,…qui tend à favoriser un développement vigoureux des plantes, permet de limiter l’incidence des attaques des nématodes sur la production. Le tuteurage ou le haubanage des bananiers dans les champs fortement infestées est conseillé pour éviter la chute et le déracinement des plants. La lutte chimique, quoiqu’efficace, ne peut être recommandée dans les conditions de la culture du bananier dans la région. Elle s’avère trop coûteuse et pose des problèmes de sécurité en milieu traditionnel du fait de la toxicité élevée des nématicides (Autrique et Perreaux 1989). On utilise les produits de synthèses comme : le Nemacur p, le furadan… (Gatsinzi 1987).
Un coléoptère ; Cosmopolites sordidus, de la couleur noire de 10mm de long, dont la tête est plongée par un rostre .La femelle dépose ses œufs isolement dans des minuscules cavités creuses dans la base du pseudo tronc .La larve peut atteindre 13mm de long. Elle est apode, molle, blanchâtre, avec la tête brun-orangée. La nymphe blanchâtre devient brunâtre à l’approche de l’éclosion de l’adulte. En fonction de la température, le cycle vital du charançon dure entre 4 et 9 semaines. Les adultes peuvent vivre 2 ans. Ils ont une activité nocturne, se déplacent peu, et sont peu résistants à la sécheresse .Dès leur éclosion, les larves creusent des galeries dans le pseudo tronc et dans le rhizome du bananier, les plants les plus fortement infestés végètent mal, donnent des régimes de petites tailles et sont facilement déracinés lors de l’orage. L’humidité et la chaleur (25ËšC) favorisent le développement du charançon qui se manifeste surtout dans les régions de basse altitude. Afin de limiter l’incidence de ce ravageur, il convient de bien entretenir la bananeraie, de butter les plants, de détruire les vieilles souches et de découper en petits morceaux le pseudo tronc déraciné par le vent ou récolté. Le tuteurage des plants en production permet d’éviter leur déracinement lors des orages. Pour la plantation ,il faut choisir des rejets sains ,ou les toiletter en supprimant les racines ou parties infestées et les laisser ensuite exposés au soleil durant 2 à 3 jours .Le trempage-pralinage du rhizome et de la base du pseudo tronc dans un mélange de boue , assure une protection prolongée des plants contre les attaques du charançon .L’insecte peut être ainsi piégé en disposant à proximité des pieds des bananiers des fragments de pseudo troncs de 30 à 40 cm d’épaisseur. Le ramassage de charançon sur les pièges doit être effectué tous les 2 à 3 jours. Les pièges en voie de décomposition sont détruits et remplacés (Autrique et Perreaux 1989). Le C. sordicus a été pour la première fois trouvé, parmi les pays de la C.E.P.G.L. dans la région de Mayumbe en 1916. L’insecte se reconnait facilement par son aspect morphologique (Gatsinzi 1987).
Les taupes, (Tachyoryctes spp) de l’ordre de rongeurs, jouent également dans la déprédation du bananier. La présence de taupes se reconnait très aisément, plus particulièrement, par l’apparition des fraiches taupières ainsi que par leurs galeries que l’on observe lors de labour profond .Ces taupes détruisent principalement le système racinaire et souvent rongent les bulbes. Les plants sévèrement attaqués flétrissent progressivement en jaunissant et enfin dépérissant. La lutte contre les taupes peut se faire à l’aide des pièges traditionnels .Le plus courant est le piège à perche courbé et suspendu par une corde bien tendue, alors qu’une autre dont les nœuds coulant déployée dans la galerie se referme rapidement à la coupure de la première par la taupes .Cette méthode est assez efficace et économique. On peut aussi poursuivre les taupes dans leurs galeries par fouissage, mais ce genre de travail est très pénible et parfois on risque d’endommager d’autres plants se trouvant dans la zone d’activité de ces rongeurs. Certains produits chimiques sont aussi applicables (Gatsinzi 1987).
La maladie est apparue pour la première fois en Ethiopie dans les années soixante où elle était confinée pendant longtemps sur l’espèce du bananier sauvage Ensete ventricosum .Subitement, elle est apparue en septembre et en octobre 2001 respectivement en RDC, en Ouganda, en Tanzanie en 2005 et au Kenya en 2006. En RDC, cette maladie est observée la première fois sur la colline de bwere située à 70 km au nord-ouest de la ville de Goma en province de Nord-Kivu. Etant donné que cette maladie a une propagation rapide, elle s’est alors rependue sur une distance de plus de 800 km de long et de 100 km de large dans l’Est de la RDC, depuis le territoire de Kalehe au Sud-Kivu jusqu’en territoire de Mahagi dans la province orientale.La maladie s’est ensuite propagée à Katana en 2010 puis à Kavumu en 2011 et actuellement ; cette maladie est à Miti, Bushumba, Mudaka, Kagabi…bref, presque tout le Bushi-Bukavu.
Certains insectes comme l’abeille, la guêpe, et autres espèces transmettent la bactérie de la maladie d’une plante infectée à une plante saine quand ces insectes sont à la recherche du nectar au niveau de l’inflorescence mâle situé au-dessus de ce dernier.
La machette est souvent utilisée dans plusieurs travaux d’entretien de la bananeraie, ainsi en diminuant par exemple, la surface foliaire,…si cette machette était contaminée suite à son utilisation sur une plante malade, elle devient un moyen de contamination de la plante saine si cette dernière n’est pas traitée. C’est cette situation qui est prépondérante dans propagation de la maladie au Sud-Kivu.
La serpette est utilisée dans le milieu rural au Sud-Kivu, pour couper le bourgeon mâle, la feuille verte ou morte. Dans la mesure où cette dernière est contaminée lors de son utilisation sur une plante malade, elle peut transmettre cette maladie à la plante saine si on l’utilise sans traitement préalables. De même que le couteau.
L’utilisation de la houe lors des travaux de semis ou d’entretient… peut blesser la plante par exemple au niveau de la souche, et constitue la porte d’entrée de la bactérie.
L’utilisation des rejets provenant d’un plant malade de l’une région infectée par la maladie pour la plantation dans un nouveau champ sain, ou dans une région encore non infectée constitue un moyen de propagation du BXW.
Tout organe du bananier infecté, transporté, pour l’utilisation quelconque constitue un moyen de propagation du BXW. Parmi ces organes on peut citer : les bourgeons mâles, les régimes de banane et/ou les épluchures de banane, le rachis utilisé en alimentation des bétails,…
Les animaux domestiques comme, la vache, la chèvre… peuvent brouter les feuilles de bananier infectées par le BXW et contaminé les feuilles de bananiers saines.
L’enlèvement du bourgeon mâle immédiatement après la formation complète du régime de banane avec un bois fourchu constitue un moyen efficace pour empêcher l’insecte vecteur de transmettre la bactérie au bananier. C’est un travail demandant le passage très régulier dans le champ. Si le cultivateur possède plusieurs champs, il devra être appuyé par des salariés pour l’enlèvement régulier des bourgeons mâles qui n’ont pas été enlevé à temps, s’il y’a possibilité de le couper très tôt (dans les deux semaines à partir de la transmission de la maladie par l’insecte vecteur) ce qui permettrant ainsi de sauver les rejets. En outre, la présence de certaines variétés à bourgeon mâle avec des bractées persistantes est un atout majeur pour le contrôle naturel de la transmission de la bactérie par l’insecte vecteur. Cela a pour conséquence la diminution du coût de travail lié à l’ablation des bourgeons mâles.
Il constitue une bonne opportunité pour éliminer rapidement la bactérie dans le sol et freiner ainsi la propagation de la maladie surtout quand les organes des bananiers sectionnés sont mis dans le sol. La substitution des cultures vivrières pratiquées après le dessouchage permet de restaurer assez rapidement de disponibilité alimentaire et de revenus. Même si le travail de dessouchage est difficile et pénible nécessitant la main d’œuvre importante, l’expérience montre qu’il est facile de dessoucher les plants encore au début que les plants coupés en avance.
La substitution du bananier infecté par les cultures vivrières permet l’élimination accélérée de la bactérie dans le sol. La disponibilité alimentaire et des revenus est restaurée chez les personnes qui ont été frappées par le banana xanthomonas wilt .Ainsi, la diversification alimentaire et la diversification des sources de revenus constituent une opportunité pour l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs. Les cultures de substitution les plus utilisées sont la tomate, le manioc, la colocase ; le sorgho, le soja, le haricot, le maïs.
Le matériel de plantation ou de multiplication devra être recherché dans les zones indemnes des maladies de BXW.C’est dans cette perspective que l’INERA doit évidemment jouer un rôle important dans la mise en place des unités de macro propagation moins coûteux et adaptées dans le milieu rural.
La plupart des animaux domestiques sont en divagation permanente et cela constitue également un moyen de propagation incontrôlée du BXW, et une perte du fumier éparpillé dans le village. Nous recommandons la pratique de l’élevage en stabulation pour non seulement éviter la propagation du BXW. Aussi, la semi stabulation peut être envisagée en attachant les animaux sur des piquets et en leur fournissant un complément d’herbes récoltées. Mais cela nécessité une sensibilisation, un suivi pour le changement d’habitudes et de mentalité.
Elle permet la réduction de la propagation de la maladie par l’alimentation du mouvement des organes, des matériels et des outils infectés de la zone infectée vers la zone saine. Une forte sensibilisation des comités locaux de développement et d’appui de l’autorité politico administrative, des ONGs, des commerçants de la communauté villageoise pour la mise en place d’une quarantaine doit être entreprise. En effet, la quarantaine végétale demande une forte mobilisation au niveau du village sur les axes routiers et les places d’embarcation sur le Lac Kivu. Dans chaque village, on peut mettre en place une auto quarantaine en vue d’une auto censure pour le contrôle du mouvement des sorties et des entrées des organes des bananiers infectés et de tout autre matériel suspect.
I.6.3.7.La stérilisation des outils
La stérilisation des outils par le feu ou par un désinfectant chimique comme le JIK, est un moyen efficace de prévention contre la propagation de la maladie .Elle constitue une opération difficile pour certains outils comme la serpette qui doit être utilisée sur plusieurs plants au cours d’une journée. Le prix de stérilisant chimique n’est pas à la portée des petits agriculteurs emblavant de petites superficies dont le coût de production doit être élevé .Il est recommandé d’allumer le feu dans plusieurs coins du champ afin d’éviter la perte de temps pour de multiple emplacement dans le champ lors de la stérilisation des outils. On peut également envisager d’avoir deux outils de travail, l’un pour des plants sains et l’autre pour des bananiers suspects. L’utilisation d’un morceau de bois lors du semis de haricot ou d’une autre culture vivrière en association avec le bananier peut aussi diminuer les risques de la blessure des racines des bananiers (IPAPEL 2010).
I.6.4. Impact socio-économique et environnemental de la maladie
Actuellement, le wilt bactérien du bananier est en train de causer une chute alarmante de la production et des revenus. Il pose par ailleurs un grave problème de sécurité alimentaire dans ces zones où la banane constitue l’aliment de base.
Les enquêtes menées par la FAO ont montré que le revenu annuel des agriculteurs, qui était en moyenne de 1,600 dollars américains par hectare, a été très affecté par cette maladie. Les parents éprouvent actuellement des difficultés évidentes à assurer la scolarisation de leurs enfants ou à payer les soins de santé et les biens de première nécessité.
Par ailleurs, souvent associé à d’autres cultures vivrières, le bananier est une plante antiérosive dont la disparition risque d’entraîner des perturbations importantes de l’environnement.
En l’absence d’un mécanisme efficace de gestion et de contrôle de la maladie, les zones touchées pourraient doubler chaque année et atteindre une superficie de 5,024 km2 au cours des cinq prochaines années.