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2. MATERIELS ET METHODES

2.1. Milieux

L’essai  a été installé à RUNINGU, une localité se trouvant entre Sange et Kiliba dans la plaine de la Ruzizi au Sud de la province du Sud-Kivu (Anonyme, 2005).

L’étude a duré un an dans ce site. Elle a été menée durant la période allant du 28 septembre 2004 da 28 septembre 2005.

La plaine de la Ruzizi est à cheval sur trois territoires : la R.D.C., le Rwanda et le Burundi. Sa configuration globale est celle d’une longue bande étroite orientée Nord Ouest-Sud Est. Elle est compris entre 2°22’ longitude Est. Sa superficie est de l’ordre de 1750km², elle atteint au niveau de Gihungu sa plus grande largeur (trentaine de kilomètres). L’altitude est comprise entre 773 m dans le delta de la Ruzizi et l’isohypse de 1000 m qui marque un début de relief assez raide (Njangwe et al, 2000).   

Située dans le fossé du lac Tanganyika, la plaine de la Ruzizi est une région naturelle. La partie congolaise de ce territoire est limitée à l’Est par la rivière Ruzizi, au Sud par le Tanganyika, à l’Ouest par les escarpements et au Nord par le Bugarama (Njangwe et al, 2000).

Le sol de la plaine de la Ruzizi est en grande partie couvert de sable mélangé à des matières alluvionnaires salines plus récentes (Ntakimazi et al, 2004).

La plaine et le delta de la Ruzizi jouissent d’un climat du type (AW4)s selon la classification de Koppen,     c’est-à-dire à un climat avec 4 mois (juin à septembre) au cours desquels les précipitations mensuelles n’atteignent pas 50 mm, l’indice s rappelant que la région envisagée se situe dans l’hémisphère Sud.

La température moyenne annuelle est de 24,43°C et les précipitations moyennes annuelles sont de 763 mm, avec une moyenne mensuelle de 63,5 mm.

Toutefois, les années 1993 et 1997 ont été caractérisées par une baisse sensible des précipitations. Cette période a connu une baisse du niveau des eaux d’environ 2m et le retrait des eaux dans les zones habituellement inondées. L’année 1998 a connue une élévation nettement abondante des eaux suite aux phénomènes globaux El Nino.

En général, le climat très aride avec des pluies inégalement reparties au cours de l’année tel qu’illustré par les données pluviométriques de 2003 prélevées par l’IGEBU-GITEGA, Burundi.

Janv.

Fév.

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Aout

Sept.

Oct.

Nov.

Déc.

Moyenne

P(mm)

88,4

91,1

113,9

98,4

64,6

67,2

6,9

13,3

21,1

78,2

82,7

97,2

63,5

TMA

244

249

245

247

255

2406

231

238

2505

247

244

242

2443

(Ntakimazi et al, 2004).

La plaine de la Ruzizi est occupée par différents populations notamment les Bafuleru et les Batutsi, à longue tradition pastorale, et les Bavira, population d’agriculteurs qui se sont convertis plus récemment, du moins en partie, à l’élevage (Njangwe et al, 2004).

Cette plaine, grande étendue de terre qui s’étend sur 80 Km de long entre Kamanyola au Nord et Uvira au Sud, est traditionnellement connue comme l’un des greniers du Kivu. On y trouve aussi bien des vaches que du riz et des arachides, des légumes, des agrumes, des mangues et même du coton  d’excellence qualité, reconnue mondialement (De Failly, 1991).

2.2. Matériel végétal

Des collectes de matériels végétales local ont, été menées de façon sporadique dans certaines localités des territoires de la province du Sud-Kivu lors de l’enquête épidémiologique réalisée par le projet PIC/MAM et ont porté sur des cultivars de manioc qui sont les plus  cultivés dans ces milieux. L’évaluation sanitaire de ce matériel a été essentiellement visuelle. Seules les boutures des cultivars apparemment sains (degré de sévérité 1) ont été prélevées et mises en essai.

Un total de 46 cultivars de manioc a finalement été soumis à l’examen macroscopique des caractéristiques variétales retenues par le descripteur pour le manioc.

La liste des cultivars utilisés ainsi que leur origine respective est reprise dans le tableau 4.

Tableau 4 : liste des cultivars utilisés et leur origine respective

Cultivars

Milieux d’origine

Centre de diffusion

1

Mapendo

INERA

Kavumu

2

M’Bailo

Kavumu

Walungu

3

Nabwihengeka

Ihekwe

4

MM96/002

INERA

5

M’Hana

INERA

6

MM96/0157

INERA

7

Namavuta

Nyamakana

Kavumu

8

Nambiyo

Nyangezi

Nyangezi

9

Senkanti

Cahi

Walungu

10

Sawasawa

INERA

11

Pharmakina

Nyangezi

12

Kakenyere

Cahi

Walungu

13

Namuliro

Ibamba

Walungu

14

Nakitamisi

Sange

15

Mulibwa

Kalehe

16

Mushikuzi

Kaziba

17

M’Bushanganyz

Nduba

Walungu

18

M’Meana

Chihuza

Kavumu

19

Mulungu

INERA

20

M’Vuama

INERA

21

Nalindimula

Sange

22

Nakarasi

Kiliba

23

Kamegere

Bugobe

Walungu

24

M’Mutara

Nyangezi

25

M’Bisembe

Birava

Birava

26

Nabinzonza

Bugobe

Walungu

27

Nyarubona

Butata

Bunyakiri

28

Kanyunyi

Birava

Birava

29

Malioha

Kamanyola

30

Chizunduka

Kaziba

31

Kordima

Lwiro

32

M’Jeannette

Kaziba

33

Namavutala

Bushushu

Kalehe

34

Mudibiri

Kamanyola

35

Bintalula

Nyangezi

36

Kris

Kamanyola

37

M’Mizinzi

Kahemba

Walungu

38

M’Thomas

Kaziba

39

Kashugi

Kaziba

40

Nakasiro

Mungwahewere

Kalehe

41

Inconnue 1

Burhinyi

Burhinyi

42

N aunde

Sange

Sange

43

Inconnue 2

Chiherano

44

Kabumbo

Nyangezi

45

M’Boni

Inconnue

46

Inconnue 3

Malende

Bunyakiri

3.3. Méthodes de travail

Une descente sur terrain pour identifier et collecter les principaux cultivars utilisés au sud kivu. Des boutures collectées ont été utilisés dans l’expérimentation au champ réalisée pendant deux ans pour déterminer leur comportement.

3.3.1. Dispositif expérimental

Au total 46 cultivars ont été plantés dans un essai en blocs complètement avec trois répétition, dans lequel les variétés présumées constituaient  le seul facteur en étude. Chaque unité expérimentale comptait 56 plants de manière de pouvoir s’assurer de 30 plants observables. Les parcelles étaient séparées par un mètre d’allée tandis que les blocs étaient séparés de deux mètres. Les écartements avaient été de un mètre dans tous les sens. Ainsi la surface utile de toute l’expérimentation pour des unités expérimentales de 72 m² a été de 12144m² soit 1,2144 hectares. La figure 1 montre le dispositif expérimental.  

45

        6

46

11

28

22

40

37

14

17

6

8

7

44

17

20

25

24

22

42

16

     N°

             1

             2

             3

          43

415mm

          44                                                                                                                                                 413m 

          45

          46                                                                                                           8m         9m

                                                                       2m      9m

                                            31m

                                            33m    

Figure 1 : Schéma du dispositif expérimental

3.3.2. Conduite de l’essai

La préparation du terrain a consisté en un défrichement et en deux labours. Toutes ces opérations étaient  intervenues en août 2004.La plantation a eu lieu juste après la récolte des boutures, soit  trois jours  après le deuxième labour. La  plantation a été faite à plat. Les boutures étaient  légèrement inclinées et plantées aux écartements de 1 m x 1 m le 28 Novembre 2004. Toutes les boutures plantées étaient apparemment saines. Le sarclage et buttage étaient les seuls entretiens  dont avaient bénéficié les plantes. Ils sont intervenus quatre fois pendant le cycle cultural : la première fois le 5 Novembre 2004, la deuxième fois le 5 Janvier 2005, la troisième fois le 28 Mars 205 et la quatrième fois le 4 Juillet 2005. La récolte quant à elle, est intervenue une année après plantation.

3.3.3. Caractérisation

L’étude concerne la caractérisation macroscopique des 46 cultivars de manioc les plus couramment employés dans les principales localités productrices de manioc au Sud-Kivu.

Pour se faire, seuls les plans sains ont été observés en deux phases : la première concerné uniquement les observations de la partie aérienne  après 9 mois d’âge, période pendant laquelle tout développement végétative est supposé terminé et la deuxième après 12 mois d’âge (lors de la récolte), pour les observations de la partie souterraine.

Le type et le nombre de niveaux de pousses de la plante, l’angle des branches la hauteur de la première branche, le nombre des lobes de la feuille, la couleur des feuilles apicales non déployées et celle de la première feuille complètement déployée, la forme, la largeur et la longueur du lobe centrale de la feuille, la couleur de la veine de la feuille, la longueur et la couleur du pétiole, la distribution de la pigmentation de l’anthcyanine dans le pétiole, l’angle d’insertion du pétiole, proéminence des cicatrices de la feuille, la longueur des stipules, l’allure de croissance de jeunes tiges et la couleur de la base de la tige ont été les critères considérés pour la partie aérienne. La couleur de surface de la racine, celle de la surface externe de son cortex et celle de sa pulpe, la longueur du pédoncule, la forme, le resserrement, l’allure de l’augmentation, la texture de la surface externe, la longueur, le diamètre le goût, la facilité d’enlever le cortex ainsi que le périderme des racines tubéreuses, la portion des racines tubéreuses pourris et la détérioration post récolte des tubercules ont été les paramètres observés pour la partie souterraine.

Toutes ses observations ont été réalisées grâce au descripteur pour le manioc tel qu’utilisé par l’IPGRI-CIAT. Ce descripteur est repris à l’annexe 1 de ce travail.

3 .3.4. Evaluation agronomique des cultivars

Afin de récolter les informations agronomiques des cultivars caractérisés, les paramètres tels que la teneur en cyanure, la biomasse et le poids des racines  tubéreuses commercialisables, le nombre des tubercules par plante, l’indice de récolte, le rendement en biomasse et en tubercules frais et la cote de la mosaïque, ont été prélevés.

Ces observations sauf   la cote de la mosaïque, le pourcentage en matière sèche et la teneur en cyanure ont également été réalisées à l’aide du descripteur pour le manioc repris en annexe 1 de ce travail.

1°. La cote de la mosaïque

Elle a été  attribuée à chaque cultivar (selon le degré de symptômes de maladies qu’il avait manifestés) grâce à l’échelle de cotation de la sévérité de la mosaique africaine de manioc. Le chiffre retenu a été, en réalité, une cote moyenne qui a été obtenue dans les trois parcelles occupées par le cultivar.

L’échelle de cotation de la sévérité de la mosaïque utilisée dans ce travail est :   

  1. Absence des symptômes observables, plante apparemment saine.
  2. Léger aspect chlorotique sur l’ensemble de jeunes feuilles ou déformation peu marquée limitée à leur base, le reste des folioles présentant un aspect vert et sain.
  3. Forte mosaïque sur l’ensemble de la feuille accompagnée de rétrécissement et de déformation du tiers inférieur des folioles.
  4. Mosaïque grave avec déformation de deux tiers inférieurs des folioles et réduction générale de la surface foliaire.
  5. Mosaïque grave avec déformation des folioles sur au moins quatre cinquième se leur surface ; feuilles déformées (Anonyme, 2004).

 2° Pourcentage en matière sèche

Il a été déterminé au laboratoire Dr. Lurhuma. Un échantillon de 100g de racines tubéreuses de manioc fraiches a été séché dans une étuve à 45          °C  pendant 48 heurs jusqu’à poids constant. Ce poids a été considéré comme pourcentage des matières sèches des racines tubéreuses du cultivar considéré.

3° Teneur en cyanure des racines tubéreuses

Elle a également été déterminée dans le même laboratoire suivant le protocole B2 préconisé par le Dr. Bradbury de la division de Botanique et de Zoologie de l’université nationale de l’Australie.

Le mode opératoire est le suivant :

  • Un échantillon de racines tubéreuses de chaque cultivar préalablement séché à l’étuve a été moulu.
  • 100mg de poudre de manioc ont été prélevés à l’aide d’une cuillère et pesés à l’aide d’une petite balance basculante, puis versés dans un petit cylindre contenant un disque rond de papier buffer à PH6 et avec en son centre une enzyme, la linamarase (indentifiable sur le disque par une tache noire). Ensuite, 0,5ml d’eau y ont été versés à l’aide d’une pipette.
  • Immédiatement après, un papier picrate jaune attaché sur une petite bande en plastique pour éviter qu’il soit en contact avec la solution, a été ajouté dans le bocal.
  • Après fermé hermétiquement le bocal avec un bouchon, le tout a été conservé pendant 48hdans endroit tranquille.

Une préparation témoin a également été faite sans poudre de manioc cette fois :

  • Le papier buffer contenant la même enzyme a été mis dans le petit bocal cylindrique en plastique.
  • Un standard pink paper y a été ajouté.
  • Ensuite, 0,5ml d’eau y ont été versés.
  • Le papier picrate y a été également introduit avant de fermer le bocal hermétiquement.

            La détermination de la teneur en cyanure a été possible grâce au « cassava cyanogenkit colour chart ». Chaque couleur de la carte chromatique correspond à une teneur bien déterminée. La nouvelle couleur du papier picrate contenu dans bocal portant l’echantillon de chaque cultivar a été comparée aux différentes couleurs de la carte chromatique pour avoir la teneur en cyanure des cultivars.

            Les résultats sur les parametres agronomique ont été analysés à l’aide des logiciens GENSTAT discovery édition, (CIAGAR 2000) et SAS Entreprise GuideVersion 1.3.0.061 (SAS Institutte 2011).

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