Les plants de maniocs ne se ressemblent pas toujours entièrement. Ils peuvent différer sur certains attributs morphologiques tels que les dimensions des feuilles, la taille de la plante, le mode de ramification, la couleur de feuilles, des pétioles et de la tige, les démentions de la formes de tubercules ainsi que leur teneur en acide cyanhydrique, la durée de la végétation, le rendement, etc (Osiru, 1980). On dit alors qu’il existe plusieurs variétés de manioc. La plupart de ces variétés proviennent de différentes stations de recherche nationales et internationales, d’autres par contre ont toujours été gérées par les paysans. Ces derniers sont dites variétés traditionnelles et ont l’avantage d’être plus compatibles avec l’écosystème et d’être facilement accessibles pour les populations autochtones et par conséquent seraient plus intéressantes par rapport aux variétés améliorées.
Il est important de bien connaître les caractères de chacune des variétés que l’on utilise. Ces caractères variétaux permettent aux agriculteurs de bien conduire leurs cultures par une combinaison des variétés qui conviennent le mieux pour leur milieu (Dupriez et De Leener, 1983).
Il a déjà été démontré que la diversité variétale assure la sécurité aux fermiers contre les ravageurs, les maladies et les conditions climatiques rudes et que l’augmentation de la production est mieux obtenue par l’utilisation de mélange des variétés adaptées au micro-environnement est mieux obtenue par l’utilisation de mélange des variétés uniformes (Cooper et al, 1992).
La perte de la diversité génétique chez le manioc est causée d’une part par la disparition des variétés anciennes au profit de cultivars améliorés (érosion génétique), phénomène relativement récent dans l’agriculture et d’autre part par son mode de propagation végétative. Ce mode de reproduction permet l’obtention d’une descendance génétiquement identique lorsque les individus proviennent d’une même plante mère. Cela est surtout renforcé par l’échange des boutures entre agriculteurs, pratique très répandue lors de la plantation. En effet, l’échange des boutures est un d’homogénéisation variétale sur le long terme si le génotype se trouve fixé dans une population (Anonyme, 1999).
Les conditions modernes de production sont donc, en grande partie, responsables de cette partie de matériel utilisable en amélioration génétique du manioc. Sauvegarder la biodiversité est devenu une préoccupation tant nationale qu’internationale.
Pour remédier à la perte de diversité, la principale réponse a été la mise en place de banques de gènes, ou sont conservés les accessions et les échantillons de semences. La multiplication de ces collections a fini par poser la question de l’évaluation génétique et agronomique du matériel ainsi que la mise au point d’un langage commun (via les descriptions) en vue de favoriser la connaissance nécessaire pour la gestion de ces collections et la maintenance du matériel conservé.
Au Sud-Kivu, les agriculteurs emploient plusieurs morphotypes de manioc non autrement identifiés que par leurs noms vernaculaires qui pourtant changent d’un milieu à un autre. Il est donc souvent difficile de rattacher un plant à une variété plutôt qu’à une autre. En effet, lors de l’enquête épidémiologique dans le cadre du projet sur la mosaïque africaine du manioc réalisée par le projet PICMAM, il avait été dénombré un certain nombre de clone de manioc dans les principales localités productrices de manioc qui nécessitaient une caractérisation succincte et une évaluation agronomique, étant donné qu’aucune information à leur sujet n’était disponible. Ces cultivars selon les dires des paysans, avaient été diffusés parfois depuis les années 90 et étaient conservés soit pour des raisons de sécurité alimentaire, les paysans se méfiant souvent de nouvelles introductions, soit pour des raisons de caractéristiques particulières qu’on ne retrouvaient pas dans les nouvelles variétés comme le goût des feuilles, la préciosité, la facilité de récolte, etc.
La caractérisation des cultivas de manioc utilisée dans cette partie de la RDC permettrait donc de savoir si ces cultivars souvent avec des dénominations locales différentes appartiennent au même type de matériel ou tout simplement, il s’agit de différents matériels (Kambaza, 1988).
Arriver à faire ressortir les variétés qui sont les mêmes, mais seulement différemment nommées selon les endroits, est l’objectif principal de ce travail. Il est question de déterminer le plus précisément possible la plupart, si pas tous les caractères qualificatifs des cultivars qui seraient fortement héritables, observables macroscopiquement et s’exprimant dans tous les milieux. En ressortissant plus ou moins précisément les variétés de manioc réelles de la région, ce travail aura établi sa diversité génétique, ce qui est incontestablement un premier pas dans le processus de conservation efficiente des variétés locales de manioc.
En effet, on ne peut parler d’une banque de gènes pour une culture sans savoir préalablement établi les cartes caractéristiques des cultivars qui la composent. Le but secondaire de ce travail est de déterminer les performances agronomiques de ces cultivars pour leur meilleure connaissance. Outre l’introduction, ce travail comprend deux grandes parties.