Dans de nombreuses régions tropicales l’agriculture n’a toujours pas atteint le niveau de productivité suffisant pour résoudre les problèmes de sous-alimentation ou de malnutrition (Baudoin, 1991). Il y a d’une part, nécessité d’accroître le potentiel productif des systèmes de production, lequel accroissement implique l’engagement des capitaux et intrants agricoles tels que : la fumure, du matériel agricole sain, amélioré et résistant aux pestes ; d’autre part, il faudra intensifier la production agricole (Musungayi et al., cités par Lunze 2000).
Selon Bationo et al. (2007), la faible production agricole résulte des maigres revenus, la malnutrition, la vulnérabilité aux risques et au manque de renforcement des capacités ; la dégradation et l’épuisement de la fertilité des sols et sont considérés comme des menaces à la sécurité alimentaire et à la conservation des ressources naturelles en Afrique Subsaharienne.
L’évaluation faite toujours en Afrique Subsaharienne montre que 320 millions d’hectares de terre sont affectés par des facteurs humains de dégradation de l’environnement, 124 millions sont hautement dégradés , les autres effets y compris l‘épuisement des éléments nutritifs extraits du sol à travers les récoltes, lessivage et érosion hydrique, normalement dépassent ceux naturellement provenant du dépôt atmosphérique, de la fixation biologique de l’azote, et artificiellement par le fumier organique et engrais minéraux (Wegulo, et al.,2009).
La faible fertilité des sols constitue une limitation majeure à la production des principales cultures vivrières au Sud-Kivu (Musungayi et al.,cité par Lunze 2000) et selon Bashagaluke (2008), les conditions de basse fertilité semblent être plus critique vers Walungu par rapport à l’axe Kabare.
De ce fait, la réserve d’éléments minéraux notamment l’azote du sol agricole doit être apprivoisé régulièrement afin de maintenir le niveau adéquat pour la productivité des cultures, sachant que l’azote est l’élément nutritif le plus limitant pour la croissance de la plante.
Cependant, Lunze et Ngongo (2000) ont remarqué que les technologies de gestion de la fertilité sont bien connus des paysans mais elles ne sont pas appliquées : elles sont complexes et présente l’inconvénient d’être onéreuses, donc souvent hors de portée de petits producteurs.
C’est ainsi que Sanginga et Wommer, cités par Sika (2011) soutiennent quant à eux que la stratégie de supplémentassions des éléments nutritifs par l’ «azote provenant du ciel et autre provenant des sacs » offre un ajustement flexible aux conditions locales et l’opportunité d’optimiser l’usage des matières organiques et engrais minéraux disponibles localement.
Au vu de ce qui précède, la restitution de l’azote dans le sol via le processus naturel de la fixation symbiotique par les légumineuses associée à une petite dose d’engrais minéral semble impérieuse d’autant plus qu’elle est moins couteuse et constitue une ressource renouvelable pour les petits fermiers (Woomer, 2010)
En effet, les légumineuses sont des plantes capables de fixer, en symbiose avec les bactéries de type Rhizobium, l’azote atmosphérique et de le transformer en azote assimilable par la plante. Malgré cela, certaines légumineuses, comme le soja, sont très spécifiques et nécessitent une inoculation. Aussi les inoculants des légumineuses des pays d’origine ou bien dans certaines zones d’impact peuvent être moins effectifs dans une autre zone (Giller, 2010)
Le Soja est considéré comme une plante miracle, il offre des nombreux avantages dus à des propriétés très intéressantes .Il est la principale plante à huile sur le marché mondiale et ses graines fournissent des protéines de bonne qualité, allant jusqu’à 50%, d’une valeur nutritive presque équivalente à celle des protéines animales, et qui peut constituer la principale source de protéines dans le régime alimentaire des pauvres. Il joue également un rôle important comme nourriture de bétail, comme engrais vert et comme palis (Gérard et al., 1993).
Le Soja est capable de pousser sur des sols pauvres et acides (De Staercke, 1996). Cependant, la fixation symbiotique ne dépend pas seulement des facteurs internes liés aux caractères génétiques du Rhizobium et de la plante hôte mais aussi des facteurs externes notamment le pH du sol, la teneur en Calcium, en Potassium, en soufre et en Oligoéléments (B et Mo), la lumière, la température, l’eau et l’humidité (Drefey et Henreberg, cités par Masumbuko, 1995). D’où, il est important d’ajuster ces facteurs par l’apport d’engrais qui les contiennent.
Il existerait parmi les variétés de Soja actuellement diffusées dans la province du Sud-Kivu celles qui répondent mieux à l’inoculation et résistantes aux stress environnementaux variés. Il est donc indiqué de posséder au choix de ces variétés.
Ainsi, Giller(2010) complète cette hypothèse en affirmant que le succès de la fixation biologique de l’azote dans le champ par les légumineuses dépendrait de l’interaction entre le génotype de la légumineuse GL, la Souche de Rhizobuim SR, l’environnement E (les facteurs édapho-climatique) et le management M (renfermant la gestion agronomique). Par conséquent, l’établissement d’une efficiente fixation biologique de l’azote dépendrait de l’optimisation de toutes ces composantes ensemble.
Ce travail a été réalisé dans le cadre du projet N2 Africa. Il s’est assigné comme objectif d’étudier la réponse de cinq variétés de Soja à l’inoculum dans les conditions d’exploitations paysannes de Mulamba, territoire de Walungu. Il vise l’amélioration des conditions de vie des petits fermiers en Afrique Subsaharienne par le lancement de la technologie de pointe associant les légumineuses et le Rhizobium attendue à tripler les apports de l’azote, et de cette façon améliorer la productivité des cultures, la nutrition humaine et le revenu du paysan, en même temps renouveler la productivité du sol.
Outre cette brève introduction, ce travail se subdivise en deux grandes parties, la première est une revue de la littérature, tandis que la seconde s’appesantit sur l’expérimentation. La première se subdivise en deux chapitres dont l’une parle des généralités sur le soja comme plante légumineuse et l’autre des généralités sur la fixation biologique de l’azote. La seconde partie compte aussi deux chapitres ; l’un présente les conditions expérimentales alors que l’autre traite des résultats. Une conclusion générale et quelques recommandations clôturent ce travail.