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CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Dans un contexte de rareté et de surexploitation des terres découlant de la pression démographique qui caractérise actuellement le territoire de Kalehe, la dégradation des sols par érosion hydrique demeure un danger permanent pour l’avenir de l’agriculture et l’environnement.

Les pratiques culturales utilisées dans la gestion quotidienne des sols sont variées et les choix des paysans se trouvent dictés par les disponibilités des moyens de production (terres, mains d’œuvre) et du contexte éco-climatique. Ainsi, l’agressivité des pluies couplées au relief très accidenté qui conditionnent le ruissellement; constituent à hauteur de 75%  les causes majeures des érosions mesurées au sein des  parcelles des ménages. Néanmoins, ces facteurs ne pouvant expliquer à elle seules la gravité de la dégradation des sols par érosion hydrique telle que décrite par les paysans et confirmée par les mesures d’érosion dans les champs, l’action anthropique joue ainsi un rôle très important dans l’accélération des processus érosifs.
En effet, quoique la plupart des paysans aient affirmé une  certaine neutralité des pratiques culturales sur l’érosion, il n’en est pas le cas pour d’autres.  Le défrichement des terrains inappropriés sur forte pente, le labour dans le sens de la pente, la faible couverture des sols assurée par la plupart des cultures vivrières lors des grandes pluies, la faible quantité des amendements organiques restitués au sol, la faible application des techniques de LAE sont autant des pratiques qui accélèrent le processus d’érosion jusqu’à atteindre un niveau catastrophique à certains endroits comme dans le BV Nyambasha.
D’où la faible fertilité des sols attestée par plus de 50% des ménages au sein de ces deux BV sous étude.

En admettant avec  KEVERS & OSTYN (1955) que seules les terres ayant moins de 5% de pente sont cultivables sans dispositif antiérosif; que de 5 à 12% elles requièrent des mesures de conservation et de 15 à 25% des travaux d'aménagement; il y a lieu de prendre en considération le facteur anthropique comme facteur important dans l’érosion lorsqu’on s’en tient au fait que près de 80% des champs observés ont une pente supérieure à 15% et que 50% de ces parcelles ont une pente supérieure à 25%.

Cependant, quand bien même les paysans soient conscients de la nécessité de lutter contre l’érosion par l’installation des structures de LAE, ils ne le font généralement puisque les communautés ont du mal à percevoir la rentabilité des investissements financiers ou en travail importants dans le contrôle de l’érosion. Ils se contentent donc des techniques telles que la canalisation des eaux, l’épandage des fumiers, du compost, des résidus de récolte ou des déchets ménager, l’association des cultures ou encore l’agroforesterie et les haies vives sur les limites des champs puisque ces pratiques leurs demandent peu de moyens (terre, main d’œuvre, matériels et outils).

 
Le fait que la caractérisation des modes de gestion ait été faite avec les paysans, cela fait de ce travail un excellant outil de conscientisation des masses et une base de référence aussi bien dans l’élaboration des solutions aux problèmes de gestion de l’environnement que dans l’accompagnement des mécanismes décisionnels en matière de gestion durable de l’écosystème. Cette étude recommande ainsi la prise en compte du contexte aussi bien écologique que socioéconomique avant toute introduction des projets visant de lutter contre l’érosion dans le territoire de Kalehe.

Aussi, nonobstant la précarité du contexte, les paysans doivent prendre conscience de la gravité de la menace qui guette la terre comme facteur de production afin d’abandonner les pratiques qui contribuent à la dégradation du sol mais aussi éviter la mise en culture des terres marginales.

Cette étude qui est inscrite dans un large travail de caractérisation de l’érosion hydrique dans le Sud-Kivu montagneux ne saurait être parfaite et laisse ainsi des perspectives dans la détermination des rôles spécifiques attribuables à chacun des facteurs de l’USLE (Universal Soil Loss Equation) de Wishmeier. Aussi, est-il nécessaire de poursuivre l’évaluation de l’érosion sur une durée assez suffisante pour ressortir les variations spécifiques dues aux fluctuations des précipitations, à la nature et la dynamique de la végétation, à l’état de surface et à chacune des propriétés intrinsèques de la couche arable du sol.

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