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CHAPITRE 3 SUITE

Tableau 8.  Principales causes de l’érosion selon la perception paysanne.

Cause de l’érosion%

BV Sangano

BV Nyambasha

Moyenne

Signification

%

%

%

Seuil.05

Pluies intenses

99,99

99,99

99,99

NS

Pente

62,33

92,13

77,33

*

Ruissellement

52,9

79,77

66,34

*

Propriétés du sol

33,33

74,13

53,73

*

Mauvaises pratiques

0

66,66

33,33

*

De ce tableau, il se dégage que les pluies intenses constituent la cause majeure de l’érosion au sein des deux BV pour 99,99% des répondants. Néanmoins la pente qui conditionne le ruissellement (conséquence des pluies intenses combinées à la pente) est aussi une cause non négligeable (62,33% vs 92,13%) de l’érosion surtout en région montagneuse comme Kalehe et plus particulièrement à Nyambasha (92,13%)  en raison de l’importante raideur des pentes.

 
En effet,  selon Roose (1985), il semble que les phénomènes spectaculaires d'érosion observés en Afrique subsaharienne dès que les sols sont défrichés, soient dus à l'agressivité très élevée des pluies plutôt qu’à une fragilité particulière des sols tropicaux.
En plus, Rishirumuhirwa(1992) soutient que l'érosion hydrique dans les régions des montagnes et hauts plateaux de la région des grands lacs africains est essentiellement sous l'effet du facteur LS (indice de pente: degré et longueur de pente) au sens de 1'USLE (universal soil loss equation) de Wischmeier en raison de leur relief très accidenté.


Par ailleurs, les résultats montrent que les propriétés du sol sont plus considérées comme cause de l’érosion  à Nyambasha du fait de sa texture sableuse couplée à la faible teneur en MO traduisant  une grande érodibilité.

Dans un tel contexte, Kuypers et al. (2004) affirme que la matière organique constitue le lien le plus efficace des particules des sols. Plus un sol a une teneur élevée en matière organique, moins l’érosion sera active.


 Quand par l’érosion, ces liens du sol sont enlevés et transportés par l’eau de ruissellement, la stabilité du sol diminue et il devient encore plus érodable. Or, en admettant avec Roose & Sarrailh (1990), que 25 à 50% du carbone organique sont généralement perdus en 2 ans en régions tropicales, il s’en suit que les effets liés aux pratiques sur l’érosion deviennent plus perceptibles au sein du BV Nyambasha (66,66%) que dans le BV Sangano (0,00%).

Les principales manifestations par lesquelles les paysans perçoivent l’érosion dans les champs sont présentées dans le tableau 9 ci-dessous.

Tableau 9.  Signes de l’érosion dans les champs

Signes d’érosion

BV Sangano

BV Nyambasha

Moyenne

Signification

%

%

%

Seuil.05

Perte de MO

69,09

96,55

82,82

*

Ensevelissements des cultures

61,9

97,72

79,81

*

Arrachage des cultures

68,66

98,88

83,77

*

Gène pour le travail du sol

50,87

80,95

65,91

*

Diminution de la couche arable

59,42

84,09

71,75

*

Rigoles

63,76

89,77

76,77

*

Ravines

45,23

86,08

65,65

*

Affleurement des pierres

61,11

95,29

78,2

*

Perte de fertilité

67,79

92,85

80,32

*

Selon ces résultats on constate que les signes de l’érosion hydrique sont connus et observés par les paysans dans les deux BV. Cependant, ces signes sont moins bien observés dans le BV Sangano que dans le BV Nyambasha lorsqu’on se réfère aux différences significatives entre les valeurs de deux BV. Cette situation résulterait du catastrophisme de l’état de dégradation par érosion qui est une conséquence de la sensibilité générale du sol à l’érosion. Cette sensibilité est donnée par le ravinement qui est plus fort dans le BV Nyambasha (86,08%) que dans le BV Sangano (45,23%).

Dans ce sens, Poesen et al. (2002) affirme que la présence des ravines actives semble être un bon indicateur de l’importance de la production de sédiments à travers les BV. En d’autres termes, les ravines constituent des éléments de connectivité qui facilitent le transfert des sédiments dans le paysage.

Le tableau 9  présente le niveau de fertilité tel qu’estimé et perçu par les paysans dans les parcelles cultivées.

                       

Tableau 10. Etat de fertilité du sol dans les deux BV

Facteur

BV Sangano

BV Nyambasha

Moyenne

Signification

%

%

%

Seuil.05

Niveau de dégradation

52,1

91,1

71,6

*

Niveau de

fertilité

88,9

56,7

72,8

*

De ce tableau, il se dégage qu’à la faible dégradation (52,1%) constatée à Sangano correspond une fertilité élevée (88,9%) et qu’à la forte dégradation du sol (91,1%) on peut associer la faible fertilité (56,7%) des sols à Nyambasha (56,7%). Cela est d’autant plus évident si l’on s’en tient au fait que l’érosion hydrique, comme toute dégradation conduit inévitablement à la réduction du potentiel de production des sols (Yjjou, 2014).

Il est présenté dans le tableau 11 la perception paysanne de l’impact des pratiques culturales sur l’érosion observée dans leurs champs.

Tableau 11a. Impacts de certaines pratiques culturales sur l’érosion

Pratique

Degré de sévérité

BV Sangano

BV

 Nyambasha

Moyenne

Signification

%

%

%

Seuil.05

Labour

Favorise

3,3

20

11,65

*

Sans influence

94,4

77,8

86,1

NS

Limite

2,2

2,2

2,2

NS

Sarclage

Favorise

8,9

20

14,45

*

Sans influence

90

77,8

83,9

NS

Limite

1,1

2,2

1,65

NS

Buttage

Favorise

8,9

2,2

5,55

*

Sans influence

90

95,5

92,75

NS

Limite

1,1

2,2

1,65

NS

Billonnage

Favorise

3,3

1,1

2,2

NS

Sans influence

96,6

96,6

96,6

NS

Limite

0,1

2,2

1,15

NS

Association

Favorise

1,6

0

0,8

NS

Sans influence

83,9

87

85,45

NS

Limite

14,5

13

13,75

NS

Rotation

Favorise

0

0

0

 

Sans influence

100

100

100

NS

Limite

0

0

0

 

D’après ce tableau, le travail du sol est une pratique indifférente à l’érosion pour la majorité des paysans au sein de deux BV (86,1%). Néanmoins, l’on constate que 20,0% des paysans du BV Nyambasha attestent que le labour mal effectué favorise l’érosion du sol. Cette situation est d’autant plus normale lorsqu’on s’en tient au fait que le labour en détruisant  la structure du sol, réduit considérablement la cohésion des sols surtout les pour ceux à textures sableuse  (typiques  du BV Nyambasha)  caractérisés par une cohésion originellement faible.

En effet, selon Roose, (1985) ; le travail du sol n'a pas que des effets positifs, il crée des discontinuités hydrauliques au niveau de la semelle de labour, il dégrade lentement la microstructure, dilue les matières organiques, diminue la cohésion du matériau et du même coup sa résistance à l'agressivité des pluies.
De même, l'action positive du travail du sol sur l'infiltration est d'autant plus temporaire que l'affinement est poussé et que la stabilité structurale est faible.
Aussi, peut-on en effet admettre avec Rishirumuhirwa, (1992), que les labours traditionnels exercent un déplacement mécanique des terres vers l'aval et créent entre les sols des microsillons qui épousent le sens de la pente, occasionnant souvent la formation des rigoles.

Par ailleurs, le sarclage qualifié de pratique indifférente à l’érosion par 83,9% des répondants, est considéré comme favorisant l’érosion pour 20,0% des répondants au sein du BV Nyambasha.
Cette dernière considération résulterait de l’arrachage des mauvaises herbes qui emportent une certaine quantité de sol sur les racines (érosion mécanique sèche) et de la diminution de la densité végétale qui favorisent le ruissellement. La faible cohésion des sols sableux rend les effets du sarclage plus perceptibles dans le BV Nyambasha tandis que l’importance de l’érosivité camoufle ces effets au sein de deux BV.

Le buttage, le billonnage et la rotation des cultures n’ont d’après ce même tableau, aucun impact sur l’érosion pour plus de 90% des répondants au sein de deux BV. Cela s’expliquerait par le fait que ces pratiques culturales étant peu souvent utilisées dans ce milieu (tableau 6), leurs impacts sur l’érosion sont difficilement observables.
Par contre, l’association des cultures qualifiée pratique indifférente à l’érosion par 85,45% répondants est néanmoins reconnue comme limitant l’érosion par près 13,75% répondants dans chacun de deux BV.
En effet, le recours à l’association des cultures dans ces deux BV serait plus un moyen utilisé pour faire face à la rareté des terres cultivables (exiguïté des champs), un peu moins à la fertilisation et très rarement contre l’érosion.  Certes il y a peu de sources qui attestent l’effet directe de l’association des cultures sur l’érosion pourtant l’augmentation de la densité de semis qui en résulte agirait sur la couverture du sol qui est un important facteur dans la protection du sol contre les érosions.

En effet, selon Ben-Slimane, (2013) la couverture végétale est le facteur primordial de protection du sol contre l'érosion en ce sens que c'est le manque de végétation qui crée la condition permettant l'érosion. La présence de la couverture végétale, sa nature et son étendue, jouent en effet, un rôle important dans l'interception et le retard de la chute des gouttes des pluies sur la surface du sol permettant ainsi la dissipation de son énergie cinétique, ce qui diminue dans une large mesure l'effet "Splash"

Elle favorise également l’infiltration de l’eau et le maintien du sol grâce à son système radiculaire, et son développement en surface freine le ruissellement si bien que le coefficient de ruissellement est presque nul lorsque la couverture végétale dépasse 65% (Ben-Slimane, 2013).

Il est présenté dans le tableau 11b la perception paysanne de l’impact des amendements sur l’érosion  observée dans leurs champs.

Tableau 11b. Impact des amendements sur l’érosion.

Type d’amendement

Modalité

BV Sangano

BV Nyambasha

Moyenne

Signification

%

%

%

%

Favorise

4,7

0

2,35

*

Fumier

Sans influence

42,9

70,6

56,75

*

Limite

52,4

29,4

40,9

*

Favorise

2,5

3,6

3,05

NS

Compost

Sans influence

87,5

91

89,25

NS

Limite

10

5,4

7,7

NS

Favorise

0

0

0

NS

Déchets ménagers

Sans influence

97,5

100

98,75

NS

Limite

2,5

0

1,25

NS

Il ressort de ce tableau que les amendements organiques utilisées ont des influences faibles  et différentes sur la limitation de l’érosion. Ainsi, l’on constate que le fumier (52,4% vs 29,4%)  réagit mieux que le compost (10,0% vs 5,4%)   et ce dernier mieux que les déchets ménagers (2,5% vs 0,0%) selon l’opinion paysanne. La faible influence des amendements organiques sur la limitation de l’érosion dans les deux BV résulterait de l’effet indirect de la MO sur la réduction de l’érosion car la MO agit sur la stabilité structurale du sol en tant qu’agent de cimentation des particules texturales. L’action de la MO sur la stabilité structurale est d’autant plus lente que la vitesse d’humification (dépendante de la nature de la MO) est faible. Ainsi, les effets du fumier, compost et déchets ménagers sont respectivement perceptibles à court, moyen et long terme.
 Aussi, faudra-t-il noter que ce rôle joué par la MO est d’autant plus important que le sol est pauvre en Oxydes et Hydroxyde de Fe et d’Al, en argiles floculées et en cations adsorbés (surtout le Ca2+) cas des sols sableux du BV Nyambasha.

On peut en effet admettre avec Roose, (1990); que dans ces conditions l’amélioration de la résistance d’un sol à l’érosion pluviale est difficile car, l’augmentation de 1% du taux de matières organiques de l’horizon superficiel exige beaucoup d’apports organiques pour compenser la minéralisation rapide en zone tropicale et ne réduit les risques d’érosion que de 2%  sur les sols sableux ou argileux (ferralitiques) et de 5% sur les sols limoneux (ferrugineux).

3.1.Connaissance et adoption des techniques de Lutte anti-érosive (LAE)

La cause fondamentale de la déstabilisation des versants est selon Rossi, (2016), le maintien dans un contexte d’accroissement démographique d’une structure sociale qui conditionne un accès inégalitaire à la terre entraînant une organisation et une utilisation inadaptées de l’espace.
 Le tableau 12 ci-dessous présente le niveau de connaissance et d’application des techniques LAE ainsi que leur efficacité telle qu’estimé par les paysans. 

Tableau 12. Niveau  de connaissance et d’application des techniques de LAE.

BV Sangano

BV Nyambasha

Techniques de LAE

Connaissance

Adopto

Δ

Efficacité

Connaissance

Adopto

Δ

Efficacité

(%)

(%)

(%)

(Mode)

(%)

(%)

(%)

(Mode)

Epandage des Déchets

64,4

63,3

-1,1

Faible

85,6

81,1

-4,5

Faible

Epandage de Compost

64,4

61,1

-3,3

Faible

46,7

40

-6,7

Faible

Association des cultures

75,6

75,6

0

Faible

78,9

78,9

0

Faible

Labour minimum

1,1

0

-1,1

Faible

1,1

0

-1,1

Faible

Travail du sol selon la CN

4,4

4,4

0

Faible

1,1

1,1

0

Faible

Agroforesterie

48,9

43,3

-5,6

Moyenne

68,9

43,3

-25,6

Moyenne

Creusage des fossés

84,4

77,8

-6,6

Efficace

86,7

72,8

-13,9

Moyenne

Haie vive

50

32,2

-17,8

Moyenne

30

13,3

-16,7

Moyenne

Diguettes de LAE

43,3

42,2

-1,1

Moyenne

3,3

1,1

-2,2

Moyenne

                   

Notes3 : Δ= Adoption - Connaissance

Il ressort de ce tableau que la plupart des techniques de LAE sont connues, peu suffisamment appliquées par les paysans tandis que celles appliquées sont jugées d’une faible efficacité. D’autres pratiques à l’instar du labour minimum et le travail du sol selon la courbe de niveau (CN) sont très peu connues et par conséquent moins appliquées par les paysans.

D’autres encore, notamment les haies vives (Δ =-17,8) et l’agroforesterie (Δ =-16,7) sont connues et quoiqu’étant d’une efficacité moyenne ou élevée, ses pratiques sont peu appliquées comme en témoignent les valeurs élevées et négatives des Δ. Cela résulterait non seulement de l’exiguïté des champs, de la connotation « épuisante » attribuée aux arbres utilisés dans l’agroforesterie et aux graminées constituant les haies mais aussi aux modes de propriétés (tableau 4) et à l’indisponibilité de la main d’œuvre (tableau 5a et 5b).

Dans cette région, Van-Damme, (2013) constate en effet, que le régime foncier a un impact sur l’investissement de l’agriculteur dans la gestion de la conservation des sols en ce sens que les agriculteurs sont en effet plus enclins à investir durablement dans les parcelles en propriété plutôt que dans celles que l’on peut leur reprendre à tout moment.

Aussi, l’expérience montre que les communautés et les individus (sauf dans quelques cas de cultures à très forte valeur ajoutée, drogues en particulier) ont du mal à percevoir la rentabilité des investissements financiers ou en travail importants dans le contrôle de l’érosion. Le résultat en terme monétaire est généralement perceptible, lorsqu’il existe, à moyen ou long terme (Rossi, 1998).

Par ailleurs, l’on constate que les diguettes anti-érosives sont moins appréciées dans le BV Nyambasha  que dans le BV Sangano d’une part alors que l’épandage des déchets ménagers est plus appliqué au sein du BV Nyambasha qu’à Sangano d’autre part. Cette situation témoigne encore de la diversité des pratiques dans un même territoire pour deux BV différents et dans un même BV selon le contexte socio-économique des ménages.
Ainsi, les paysans contentent-ils de construire et d’entretenir des fossés (77,80% vs 72,80%) qui sont ici des canalisations d’eaux, établies pour la plupart dans le sens de la pente et jouant à la fois le rôle de limites entre les champs et de sentiers.
Ces limites et sentiers sont selon Rishirumuhirwa (1992), autant de chemins privilégiés du ruissellement et de l'érosion.

Néanmoins, les limites inférieures sont généralement faites de plantes comme le dracaena remplissant sommairement le rôle de haie vive.

3.6  Evaluation de l’érosion au champ

3.6.1 Pente et érosion observée

La répartition des pentes dans les 5 classes de pentes ainsi que les quantités d’érosion correspondantes sont présentées dans le tableau 13 ci-après.

Tableau 13. Répartition des pentes en classes et érosion correspondante. N=30 parcelles.

Pente

Classes

Effectif

score

Erosion

Erosion

%

n

%

(mm)

(tonne/ha)

Pente très faible

<05

0

0,00

-

-

Pente faible

05 à 10

2

6,67

0,57

7,4

Pente modérée

10 à 15

4

13,33

0,86

11,2

Pente élevée

15 à 25

9

30,00

1,04

13,5

Pente très élevée

>25

15

50,00

1,37

17,8

De ce tableau, il ressort que 80% des champs ont une pente supérieure ou égale à 15% et près de la moitié de ces champs ont une pente supérieure à 25%. Il s’agit ici des terres marginales qui ne peuvent être mises en cultures que moyennant de grands travaux de conservation et d’aménagements, ce qui n’est pas le cas pour la grande majorité des champs au sein de deux BV de cette étude.  

Par ailleurs, les quantités correspondantes d’érosion moyenne par champ peuvent aller de 1.2 à 1.5 tonnes/ha selon ce même tableau. Il s’agit des quantités énormes des terres lorsqu’on prend en compte le fait que ces mesures sont ponctuelles en termes de temps mais sont incluses dans la marge des quantités perdues sur une année par érosion géologique.

En effet, selon Kuypers, (2004)  la quantité de terre qui est enlevée par l’érosion géologique sur 1 ha de terre est en moyenne de 1 à 2 tonnes par année. Mais ce déplacement de terre est le plus souvent en équilibre avec la quantité de sols formé chaque année, par altération.

Le tableau  14 montre la corrélation entre les quantités moyennes d’érosion (mesurées dans 30 champs et groupés en 5 classes selon l’ordre croissant des valeurs) et leurs pentes moyennes correspondantes.

Tableau 14.  Corrélation entre érosion et pente.

Pente moyenne

 Erosion moyenne

 Erosion moyenne

Erosion moyenne/champ

Coefficient de Corrélation Erosion/Pente

(%)

(mm)

(tonne/ha)

(tonne/ha)

19,6

0,23

2,99

0,50

0,75

27,5

0,59

7,67

1,28

19,8

0,91

11,83

1,97

24,6

1,16

15,08

2,51

31,1

2,85

37,05

6,18


Il se dégage du tableau ci-haut que le degré de la pente constitue un facteur très considérable, conditionnant le potentiel érosif des champs jusqu’à hauteur de 75%. En effet, cela constitue une conséquence du relief très accidenté caractéristique du territoire du territoire de Kalehe et de la région de Grands Lacs africains en général (Rishirumuhirwa, 1992; Tondeur et al .1986).

Néanmoins, tenant compte de ce même coefficient il se dégage que la topographie ne peut à elle seule expliquer l’érosion observée en raison non seulement du fait que son rôle dans la création de l’érosion est fortement dépendant de l’agressivité des pluies (pour engendrer le ruissellement) mais surtout parce que l’érosion accélérée est fortement conditionnée par l’état de la surface du sol qui lui-même est fort dépendant des pratiques culturales.

En outre,  la différence des degrés d’érosion observée dans les divers champs serait donc imputable à la diversité de l’action du paysan sur le sol telle que traduite  par la diversité des pratiques culturales à l’échelle du bassin versant voire d’un territoire (Boughalem, 2013).

3.6.2 Propriétés du sol et érosion observée

Les principales propriétés intrinsèques obtenues après analyses des sols prélevés sur 30 parcelles  sont présentées dans le tableau15 ci-dessous

Tableau15. Caractéristiques intrinsèques du  sol

Types d'analyse

Maximum

Minimum

Moyenne

Ecart types

pH

6,00

3,99

4,86

0,60

Carbone %

5,77

0,82

2,93

0,96

Na méq/100g

0,79

0,10

0,41

0,13

Argile %

46,16

16,16

31,89

7,04

Sable %

71,84

45,84

56,17

6,15

Limon %

24,00

2,00

11,93

3,98

Il résulte de ce tableau que le sol présente un pH (4,86) modérément acide, acceptable pour une large gamme des cultures. Ce pH bas, est aussi la preuve d’une faible concentration du sol en Ca++  échangeable qui est non seulement un important élément d’élévation du pH du sol mais  aussi et surtout un important agent de cimentation des particules du sol  conditionnant   sa stabilité structurale.

Par ailleurs, le taux élevé de Carbone organique (2,93%) expliquerait le rôle très important que joue la MO autant dans la stabilisation des structures par la formation des complexes argilo humiques que dans la réduction de l’acidité potentielle par complexassions d’Al+++ échangeable.

En effet, Monnier et Stengel, (1982) cités par Lelong et al. (1993), attestent que la stabilité des agrégats du sol, frein à la battance, suppose une teneur seuil en matières organiques, d’autant plus forte que la fraction argileuse est plus abondante ; le seuil est de l’ordre de 2% pour les sols sablo-limoneux et de 4% pour les sols argileux.

La concentration moyenne de sodium (0,41méq/100g) avec des valeurs pouvant atteindre 0,79méq/100g rend compte à la fois du rôle important joué par le Na+ dans la destruction des structures en tant qu’agent de dispersion et du risque éventuel de salinisation des sols et des eaux.

On peut en effet admettre avec Hénin, (1938) qu’une faible quantité de Na+ est déjà suffisante pour produire une augmentation marquée de la dispersion, alors qu'il est nécessaire, au contraire, d'apporter une forte quantité de Ca++ pour produire l'effet inverse.

Il ressort de ce même tableau, que ce sol se caractérise par une texture complexe légèrement sableuse (31,89%) avec une importante quantité d’argile (31,89%) et peu de limons (11,93%).
Cette texture peut être considérée comme le résultat de l’exportation progressive des particules fines du sol (argile, limon et sable fin) par les eaux de ruissèlement d’une part et la résistance des éléments grossiers (sable grossier) d’autre part; si l’on s’en tient au fait que le sol de Kalehe est au départ qualifié de sol argileux (Tondeur et al. 1986; CAID, 2015).

En effet, quand la charge en sédiments est inférieure à la capacité de transport de l’écoulement, les particules de sol peuvent être ainsi transportées. Quand la charge est supérieure à la capacité de transport, les sédiments en excès se déposent (Le Bissonnais et al. 2000).

 Il en résulte que les particules les plus grossières soient les premières à sédimenter, les plus fines étant transportées plus loin. On parle de tri granulométrique (Ben-Slimane, 2013).

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