Arrow Table de matières
5235176

Chapitre deuxième : MILIEU ET METHODES

2.1.          Milieu

Deux bassins versants du territoire de Kalehe ont constitué notre aire d’étude. Il s’agit du bassin versant de la rivière Sangano (2966ha) au Nord et celui de la rivière Nyambasha (2758ha) au Sud du territoire, les deux bassins représentant environs 1,5% de la superficie totale du territoire (Anonyme         , 2016).

Le territoire de Kalehe est situé dans la zone montagneuse, l’une des trois zones écologiques composant la province du Sud-Kivu, à l’Est de la RD Congo. Situé au nord de la ville de Bukavu, ce territoire a une superficie de 4082,25km2 et sa population est estimée à 775 798 habitants (Anonyme, 2015).

.

Situé le long du lac Kivu sur une distance de plus de 86km, le territoire de Kalehe est constitué de deux grandes chefferies à savoir, la chefferie de Buhavu (Buzi, Kalima, Mbinga-nord et Mbinga sud, Mubugu et Ziralo) et Buloho (Bagana, Bitale, Bulonge, Katali, Lubengera, Musenyi, Ndando et Munyanjiro).   Il a comme limites :

  • Au Nord : la ville de Goma par la rivière Chungiri
  • Au Sud : le territoire de Kabare par la rivière Nyawarongo
  • À l’Est : le territoire d’Idjwi par le lac Kivu
  • À l’Ouest : le territoire de Shabunda

Ce territoire jouit d’un climat de montagne avec une altitude qui va de 1300 à 2000m. Il connait une alternance de deux saisons : l’une pluvieuse (9 mois soit de septembre à mai) et l’autre sèche de trois mois (juin à août). Son relief est composé principalement d’une chaine des montagnes à l’Est de la RD Congo.

La température annuelle varie entre 18oC et 22oC et les précipitations entre 1300 et 1680mm.
Le territoire de Kalehe présente un sol argileux et très fertile à vocation agropastorale et le sous-sol regorge d’importants gisements d’or, de cassitérite, de coltan et de tourmaline.
La végétation est dominée par la forêt dont les bambous et les arbustes qui sont malheureusement en voie de disparition à cause de la déforestation due à la rareté des terres arables, à l’exploitation désordonnée des ressources forestières. Le bois est la principale source d’énergie, d’où évolution sans précédent du déboisement (CAID, 2015).

Les principales activités économiques sont l’agriculture (50%), l’élevage (15%), la pèche (15%), l’exploitation artisanale des minerais (10%), le petit commerce et l’artisanat (10%).
Les principaux produits agricoles sont notamment : le manioc (40%), la pomme de terre (25%), la banane (15%), le maïs (10%) et le haricot (10%).

La pêche est quant à elle, caractérisée par la production artisanale sur les ilots, les parties côtières et la commercialisation souffre du caractère très périssable de la production.
Mais aussi, tous les commerces en général souffrent  des perturbations liées au manque ou à la rareté des moyens de transport.

2.2.           Méthodes

Les deux bassins versant (BV) ont été choisis et  délimités grâce au logiciel Arc hydro au sein du territoire de Kalehe. Il s’agit du bassin de la rivière Sangano (2966ha) au Nord et celui de la rivière Nyambasha (2758ha)  au Sud. Hormis le fait que ces deux BV fassent partie de 8  concernés par une vaste étude de caractérisation de l’érosion hydrique dans le Sud-Kivu montagneux, le choix de ces BV était basé sur l’accessibilité du site, la situation sécuritaire et le caractère limité des moyens alloués à ce travail.

Aussi, la présence d’une importante activité agricole dans ces deux BV, la situation topographique des champs et la représentativité des caractéristiques édapho-climatiques du territoire furent également pris en compte.

Cette étude a été réalisée en deux étapes importantes à savoir : l’enquête des ménages paysans et la mesures sur terrain pour les calculs d’érosion

La localisation des bassins versants sous études, au sein du territoire de kalehe est présentée sur la figure1 ci-dessous.

.Figure1.Localisation des bassins versant au sein du territoire de Kalehe (MONUSCO, 2012)

  • L’enquête

Cette étape a consisté à étudier les modes de gestion des terres et s’enquérir de la perception paysanne de la dégradation des sols par érosion hydrique. Pour ce faire, 180 ménages ont été soumis à un questionnaire d’enquête en raison de 90 ménages par BV. Sur base des limites dictées par chacune des BV, l’accessibilité, et la topographie, 14 villages se sont vu concernés par cette étude. Il s’agit des villages :

  • Bugabi, Mugwahwere, Ruvomi, Lwamba, Muleba, Ihusi, Lweza, Kanjuki et Murhambi pour le BV Sangano
  • Buhobera, Nyambasha, Bukonjo, et Cifunga pour le BV Nyambasha.

Le tableau 1 présente la distribution des unités statistiques enquêtées dans les villages au sein de chacun des bassins versants.

Tableau 1. Répartition de l’échantillon au sein des villages des bassins versants (BV)

Localités

BV Sangano

BV Nyambasha

Total

Bugabi

10

-

10

Buhobera

-

17

17

Bukonjo

-

21

21

Cifunga

-

6

6

Ihusi

10

-

10

Kajunki

10

-

10

Lwamba

10

-

10

Lweza

5

-

5

Mugwawere

10

-

10

Muleba

15

-

15

Murhambi

10

-

10

Nyambasha

-

46

46

Rhuvomi

10

-

10

Total général

90

90

180

Le nombre des ménages enquêtés par village était dicté par la grandeur et l’occupation de différents villages concernés. Ainsi faudra-t-il constater que dans le BV Sangano, 10 ménages ont été  choisis au hasard par localité, à l’exception de Lweza et Muleba pour lesquels, ce nombre est respectivement de 5 et 15 ménages en raison des critères ci-haut évoqués.

Cette situation est encore plus marquée dans le BV Nyambasha où le village Nyambasha renferme à lui seul quasiment la moitié des unités statistiques en raison de ses dimensions et sa forte occupation. En effet, ce village s’étend de l’aval du bassin (1400m d’altitude)  jusqu’à occuper pratiquement la moitié du bassin dont il porte  le nom de l’exutoire qui le traverse dans sa longueur.

Les critères de choix des enquêtés étaient principalement basés sur  l’exploitation d’un champ dans le bassin versant ainsi que la position sur le flanc du dit champ.

Pour ce faire, 5 groupes des paramètres   constituant aussi les grands points du  questionnaire retrouvé en annexe (Annexe1) ont été étudiés. Il s’agit de :

  • La caractérisation des ménages agricoles exploitants les parcelles dans les BV,
  • L’accessibilité aux moyens de production par les ménages agricoles,
  • Les types des cultures et pratiques culturales adoptés par les ménages,
  • La caractérisation de l’Etat général de la parcelle,
  • La connaissance et l’application des techniques de Lutte antiérosive (LAE) par les ménages agricoles.
  • Evaluation de l’érosion au champ

Cette seconde étape a consisté à la reconnaissance et à l’évaluation des différents degrés de dégradations des sols par érosion hydrique. Cette évaluation a porté sur 30 parcelles préalablement identifiées lors de la précédente étape.

En raison de sa plus grande représentativité des caractéristiques édapho-climatiques et topographiques du milieu, le BV Sangano a été choisi pour cette évaluation.
Le choix des parcelles examinées  fut principalement dicté par la position topographique (champs sur les flancs de colline), secondairement par un tirage aléatoire sans remise et finalement par le degré et la longueur de la pente lorsque le répondant exploite plusieurs champs dans le BV (Balde, 1982).

Une fiche technique, testée à l’avance, a été utilisée pour cette fin. Le calcul du volume de sol érodé fut effectué par la méthode des transects. Cette méthode consiste à quantifier l’érosion sur des lignes équidistantes et perpendiculaires à la direction de la pente (Hénin, 1938).
Cela passe par les étapes suivantes :

  • subdiviser la parcelle en sous-parcelles selon les types des pratiques culturales présentes sur la parcelle.
  • définir sur la zone affectée par l’érosion un minimum de 5 transects, en ce compris la limite supérieure et inférieure de la zone affectée,
  • parcourir chaque transect et pour chaque incision observée, on mesure la profondeur, la largeur au sommet et la base, l’angle formé avec le transect qui permet de faire une correction sur l’estimation des longueurs.

La caractérisation de chaque sous-parcelle a concerné un certain nombre des paramètres dont les détails sont présentés sur des planches en annexes. Il s’agit du degré de rugosité, de la présence ou non d’une croûte de battance ;  du  type de drainage, de la profondeur de la couche superficielle, de la classification de la texture, de la configuration de la pente et de l’estimation du couvert végétal.

La caractérisation des cultures dans un cadrant de 1m² et a concerné les paramètres suivants : la hauteur de la plante, le stade phénologique, le pourcentage de la couverture du sol par les cultures et le mode de désherbage.

Les analyses élémentaires  réalisées sur 30 échantillons composites en raison d’un échantillon par champ ont concerné les éléments suivants : le Na, le Carbone organique, la granulométrie, et  le pHeau.

Le choix de ces types d’analyses fut conditionné par leur grande importance dans la détermination de la résistance du sol à l’érosion (érodibilité). Par ailleurs, l’analyse du pH a été motivée par le fait qu’il donne une information sur la concentration du sol en Ca, ce dernier étant à la fois un élément prépondérant de l’élévation du pH et de la stabilité structurale du sol.

La détermination de la cohésion ainsi que du risque de rupture de pente ont mesurés l’aide du torvane, en raison de 5 mesures par sous-parcelle.

Les mesures effectuées furent précédées par l’identification de la zone affectée par l’érosion en observant les formes d’érosion temporaires que constituent les rigoles et les petites ravines. Ces formes sont facilement effacées lors des travaux de préparation de sol et peuvent ainsi être liées aux pratiques culturales et aux cultures en place depuis les derniers travaux de sol.

Avec un mettre on mesure le long du transect tracé au décamètre, les longueurs de la base, du sommet, la profondeur de l’incision. L’angle formé par le transect et l’incision était estimé  par observation. Le nombre de transects, la longueur et l’équidistance dépendent des dimensions de la zone affectée et la sévérité de l’érosion préalablement observée.

Les formes  permanentes d’érosion que sont les ravines furent évaluées de la même manière que les incisions. Les mesures sont prise au point zéro sur le champ et après 10mètres de distance jusqu’à la limite inférieure. Ces formes d’érosion ne sont pas effaçables par les travaux de sol et ne peuvent dès lors être liées à des cultures spécifiques. Néanmoins, elles reflètent une sensibilité globale du bassin versant.

La détermination de la forme, de la longueur de la pente et son degré fut  effectuée en utilisant le GPS. Les données ainsi récoltées furent analysées par l’outil Excel 2010.

  • Analyses statistiques

Les données récoltées furent traitées et analysées grâce au logiciel Excel 2010. Les analyses ont porté sur le calcul des moyennes et leur comparaison grâce au test Khi-deux.
La quantification de l’érosion a été faite par une analyse supplémentaire intégrée dans les Macro dudit logicielle.

Les volumes d’érosion (exprimés en mm) générées par le programme ont été converti en tonne/ha grâce au facteur standard de conversion (1mm de terre/ha=13tonnes de terre/ha ; la densité apparente étant de 1.3g/cm3).

Le programme ainsi utilisée a la particularité de générer les pertes potentielles des terres quand bien même la terre ne soit pesées ni entièrement exportée hors du champ ou hors du bassin versant. Par ailleurs, un coefficient de corrélation fut calculé entre le degré de la pente (facteur le plus important pour l’érosion en région de Grands Lacs, selon Rishirumuhirwa, 1992) et les volumes d’érosion calculées.

Partager ce travail sur :