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INTRODUCTION

Le sol est la première et l’une de plus importantes richesses dont dépend la survie des êtres vivants et plus particulièrement celle de l’humanité. Le caractère non renouvelable du patrimoine sol, à l’échelle des générations humaines, impose de préserver les sols et les services éco-systémiques qu’ils rendent, tels que la production alimentaire et de biomasse, la régulation et le filtrage des eaux, l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, la conservation de la biodiversité (Bernoux et al. 2011).

Actuellement, le sol se trouve plus que jamais menacé car, subissant des pressions cumulées aussi bien environnementales qu’anthropiques qui conduisent à diverses formes des dégradations. L’une des plus importantes formes de ces dégradations  sous les tropiques est celle due à l’érosion hydrique.

L’érosion hydrique est la désagrégation, le détachement, le transport et le dépôt des particules du sol sous l’action combinée des précipitations et du ruissellement et dont l’expression varie en fonction de la résistance du milieu (sol nu, couvert végétal, techniques culturales) (Lawani, 2012).
Elle se présente sous deux formes notamment la forme diffuse ou érosion en nappe et la forme concentrée ou érosion en ravine qui est plus visible et faisant de pertes de terres énormes         (Ben-Slimane, 2013). 

L’érosion s’attaque tout d’abord à l’horizon superficiel en provoquant une perte de la couche arable la plus riche en matière organique et en nutriments, on parle ainsi d’érosion de surface. La perte de cette couche fertile va entraîner une baisse de la productivité des terres agricoles et un déficit pour subvenir aux besoins nutritionnels, ainsi que des problèmes d’ordre économique et social.

En République Démocratique du Congo, le secteur agricole occupe 70% de la population active  et la population dépend à plus de 90 % de cette agriculture dont le sol est le principal support (Anonyme, 2012).

La surexploitation des terres suite à une forte densité démographique, l’agressivité du climat couplée au relief montagneux caractéristique de la région des Grands lacs d’Afrique, rendent  le sol sujet à des érosions, ravinements et glissements de terrain (Roose, 1991 ; Maki, 2014a).
Le territoire de Kalehe, à l’Est de la RD Congo, qui est l’un des grainiers de la province, fait face  à ce problème. En effet, jusqu’en 1980, les exploitations avaient une superficie de 0,5 à 1,5ha pour une famille de quatre à cinq personnes en moyenne et la densité de la population était estimée à 31hab/km2. À cette même époque, l’unité de paysage était essentiellement faite de bétail, la bananeraie, les champs vivriers et le tiers de l’exploitation était réservé aux pâturages (Tondeur et al. 1986).

D’après le rapport de la cellule d’Analyses des Indicateurs de Développement (CAID)  publié en 2015, cette densité est estimée à 190hab/km2, soit six fois plus élevée qu’il y a deux décennies. À cela faut-il aussi ajouter  que l’unité du paysage a fortement changé suite à la prolifération des nombreuses maladies des plantes notamment le Wilt bactérien qui a ravagé toutes les bananeraies, la mosaïque africaine du manioc ainsi que le pillage des bétails lors des récentes guerres à répétition qu’a connu la région (Anonyme, 2015).

Par ailleurs, il est à noter que plus de 40% des terres de la région ont une pente supérieure à 30% (Hecq et al. 1963).

On peut, en effet, admettre avec KEVERS & OSTYN (1955) que seules les terres ayant moins de 5% de pente sont cultivables sans dispositif antiérosif; que de 5 à 12% elles requièrent des mesures de conservation et, de 15 à 25% des travaux d'aménagement. Au-delà de la limite de 25%, les terres ne pourraient être utilisées qu'au pâturage (jusque 45%,) et au reboisement, et encore, le pâturage demanderait-il des techniques d'utilisation très conservatoires.
Ceci réduirait à moins de 50 % la superficie des terres cultivables sous réserve de dispositifs antiérosifs appropriés pour ce milieu d’étude.

Par ailleurs, les causes anthropiques sont multiples et aussi complexes que les comportements humains et sont fondamentalement liées à une pression accrue sur les écosystèmes qui dépasse leur capacité de résilience.

En dépit des nombreux efforts déployés par la FAO pour améliorer la production agricole, les systèmes de production et les pratiques traditionnelles d’utilisation des sols ont très peu évolué (Sadio, 2007).

Par ailleurs, les connaissances paysannes dans la caractérisation des sols sont très importantes dans la mesure où les paysans vivent de cette terre et la manipule quotidiennement. Cela leur confère en effet, la capacité d’observer les diverses modifications du sol et de ses propriétés au cours des années et selon les pratiques utilisées.

En effet, les pratiques paysannes et les perceptions endogènes des problèmes environnementaux sont déterminantes dans l’élaboration des solutions aux problèmes de gestion de l’environnement dans l’optique d’accompagner les mécanismes décisionnels en matière de gestion durable de l’écosystème (Gomgnimbou et al. 2010).

Ainsi, la dégradation des sols demeure un défi de taille à relever pour permettre la relance du secteur agricole et le développement d’une agriculture productive durable en territoire de Kalehe.

L’existence au sein du bassin versant d’une diversité des modes de gestion et d’occupation des sols, conduirait à des degrés variables  de dégradation du sol par érosion hydrique selon les contextes écologiques et socio-économiques du milieu.

Ce présent travail se propose comme objectif de caractériser les modes de gestion et les pratiques agricoles à petite échelle au niveau des parcelles des ménages paysans pour ensuite, ressortir l’impact de ces pratiques sur les facteurs et le processus d’érosion au sein de deux bassins versants du territoire de Kalehe selon la perception paysanne.
En fin, faudra-t-il trouver  un lien entre ces pratiques agricoles et les érosions observées en vue de définir les facteurs et les causes majeurs de dégradation du sol par érosion hydrique en tenant compte du contexte du milieu.

Outre cette introduction, ce travail comportera trois chapitres dont la revue de la littérature, le milieu, matériel et méthode ainsi que la présentation des résultats et leur discussion. Il sera clôturé par une conclusion et quelques recommandations.

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