Ce travail, basé sur l’étude des clairières de la partie haute altitude du parc National de Kahuzi-Biega sur une chronoséquence de 15 ans, nous a permis de caractériser les clairières et d’évaluer la quantité de carbone qu’elles séquestrent.
Dans les formations forestières de Tshivanga, les clairières ont généralement des grandes tailles.
Suivant les classes d’âge, les classes de diamètre dans les clairières de 5 ans et de 10 forment des courbes propres aux espèces héliophiles. Dans les clairières de plus ou moins 10 ans, la distribution des diamètres est irrégulière. La comparaison des classes des diamètres entre nos trois classes d’âge des clairières ne montre pas de différences significatives.
L’ensemble des clairières montre une diversité minimale. Au niveau du cycle sylvigénétique, une fluctuation de la diversité a été constatée. La comparaison de la diversité des différentes classes d’âge ne révèle aucune différence significative.
La quantité de carbone le long de la chronoséquence varie significativement, que ce soit au niveau de ligneux ou dans la strate herbacée. Pour les espèces ligneuses de diamètre ≥ 5 cm à 1,30 m du sol, la quantité de carbone augmente avec l’âge des clairières. Pour la strate herbacée, la quantité de carbone dans les clairières diminue régulièrement avec l’augmentation de l’âge des clairières. Toutefois, il faut noter que la quantité de carbone dans une clairière se soit révélée dépendante de la formation dominante. Ainsi, la dynamique forestière et la politique de conservation semblent être des facteurs influençant la quantité de carbone que les clairières séquestrent.
Le groupement des espèces en fonction de l’abondance et de l’incidence révèle que le facteur âge n’influence pas l’abondance des espèces ou leur incidence dans les clairières. Ceci indique qu’au cours de la chronoséquence de 15 ans, l’assemblage des espèces n’est pas déterministe. Autrement dit, les espèces ne sont pas présentes dans une clairière au cours du cycle parce qu’une clairière a un certain âge. A ce niveau, nous devons alors admettre qu’au cours des 15 premières années de la recolonisation d’une clairière, de la partie haute altitude du PNKB, le hasard joue un rôle important sur l’incidence et l’abondance des espèces dans la clairière.
Sur base de l’indice de valeur d’importance des espèces, les espèces Alangium chinense, Neoboutonia macrocalyx, Mimulopsis arborescens, Dombeya goetzenii et Acanthus pubescens semblent caractériser le mieux les clairières sur cette chronoséquence de 15 ans. De cette manière, ces espèces jouent un rôle très important dans la dynamique interne de la partie haute altitude du PNKB.
Perspectives
Ce travail est un des premiers consacré à l’étude des clairières du Parc National de Kahuzi-Biega. Les défis à relever dans le cadre des études des différents éco-unités, d’une part, et de la séquestration du carbone, d’autre part, au niveau du PNKB sont énormes.
Premièrement, pour bien cerner l’influence des clairières sur la diversité, la richesse floristique et la régénération des formations forestières du PNKB, des études plus poussées sont nécessaires sur tous les stades de développement de cet écosystème qui devront permettre de dégager toutes les espèces écologiquement importantes à chaque stade de succession et leur mode de régénération (héliophile, sciaphile ou intermédiaire).
Deuxièmement, des efforts énormes restent à accomplir dans le domaine de la quantification du carbone au PNKB en particulier et en République Démocratique du Congo en général. En effet, des grands besoins de développement des équations allométriques pour nos forêts demeurent réels.