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Chapitre V : DISCUSSION DES RESULTATS

Dans ce chapitre nous allons discuter les résultats de la présente étude comparativement aux études antérieures et aux théories concernant les hypothèses émises précédemment dans ce travail tout en gardant notre attention sur l’objectif de ce travail  qui consiste à identifier les facteurs limitant l’accessibilité à l’eau potable dans l’aire de santé Kiziba II.

            En effet, la discussion des résultats s’articule autour des points suivants : les caractéristiques des répondantes, les facteurs socioéconomiques, géographiques etpolitiques.

V.1. Caractéristiques des répondants

            Nos enquêtées sont généralement des femmes ayant l’âge qui varie majoritairement entre 25 à 30 ans.

            En outre, pour l’état civil, la majorité soit 59,7% des enquêtées sont des mariées et 40,3% des célibataires.

V.1. Les facteurs économiques

V.1.1.Niveau de revenu

            Pour le salaire, 35% des enquêtées ont répondu que le salaire de leurs maris varie entre 3000 à 3500 et 28,2% ont répondu que sa varie entre 6000Fc et plus. Mais du côté des femmes, 40,8% des mères enquêtées ont un revenu de 1000 à 1500Fc, 35,7% ont également un revenu de 2000 à 2500Fc, 14,3% ont aussi un revenu de 4000 à 4500Fc, 8,2% ont enfin un revenu de 3000 à 2500Fc.

            En ce qui concerne le revenu des ménages, que la majorité des enquêtées soit 96,4% ont répondu à l’affirmatif que le revenu du ménage leurs permettent d’accéder à l’eau.

Ces résultats obtenus s’apparentent à ceux obtenus par D. ZOUNGARANA, pour qui pus de 40% des populations de pays d’Afrique subsaharienne sont vivent en état de pauvreté accompagnée d’insatisfaction en besoins élémentaires tels que l’insuffisance en eau potable avec des systèmes inadéquats d’approvisionnement en eau.[1]

A ce niveau nous pensons que cette inaccessibilité à l’eau ici expliquée est due à l’incapacité aux habitants de se doter des ouvrages d’approvisionnement tels le raccordement à domicile qui coûte si cher par rapport au pouvoir d’achat des habitants. Les besoins sont multiples alors que les moyens et ressources sont insuffisants et limités.

Mais aussi, comme le démontre le rapport Wateraid, les populations pauvres sont tenues de dépenser plus de moyens pour accéder à l’eau.

Ainsi donc, nous allions à cette évidence selon laquelle, dans les pays en développement, le coût d’accès aux services essentiels (eau, assainissement, électricité) d’un niveau élevé est souvent hors de la capacité de payer de la majorité des usagers compte tenu du contexte de pauvreté, aggravée par les crises économiques et des fluctuations socioéconomiques.  Nous disons donc que, vu que les besoins des ménages sont plus nombreux que les ressources supposées les satisfaire, les ménages ne parviennent pas vraiment à accéder véritablement à l’eau.

V.1.2. Le coût de l’eau

            Certes, le coût d’un service influence beaucoup le niveau de son utilisation et d’accessibilité par les usagers. Pour ce faire, le niveau de coût de l’élève différemment tel que 68,9% des enquêtées utilisent deux bidons par jours et 14,3% utilisent quatre bidons par jours. Cependant, une grande proportion soit 92,4% des enquêtées achètent un bidon de l’eau au prix de 50Fc. Mais aussi 72,4% des enquêtées dépensent 50Fc par jours pour l’eau et 18,4% dépensent 100Fc.

            Par rapport à l’appréciation, la majorité soit 89,3% des enquêtées jugent abordable le coût tandis que 6,6% jugent exorbitant. Dans ce contexte, 59,7% des mères enquêtées payent elles-mêmes l’eau contre 25,5% des pères qui en payent également.

Comme le conclut une enquête réalisée en Côte d’Ivoire (Abidjan, 2015),  l’indisponibilité de l’eau est due suite à certains facteurs économiques tels que le coût de l’eau. Dans un contexte d’insuffisance, des coupures intempestives et de mauvais état des infrastructures, 84,4 % des ménages se dirigent vers les revendeurs qui leur imposent des prix voulus afin de trouver l’eau. Ainsi donc, l’eau est lors si chère et bien de gens parmi ceux qui ne disposent pas de moyens financiers suffisants n’y accèdent pas.[2]

Ceci nous amène à dire que le fait que le coût de l’eau ne soit pas bien règlementé, toute possible perturbation de desserte influe sur le changement des prix fixés par les revendeurs à la merci desquels les populations s’orientent. Ce qui limite alors l’accès de l’eau pour seulement une certaine catégorie donnée au détriment de plus pauvres et plus démunis.

Nous référant aux recommandations de l’OMS et celles du projet Sphère fixant les normes référentielles minimales, nous estimons que l’eau devrait être disponible gratuitement dans le village KIZIBA 2 car les contextes de crise économique et de pauvreté des habitants laissent l’entité dans un contexte d’urgence par rapport à l’accès à l’eau potable et où il faut alors intervenir promptement.

V.2. Facteurs géographiques

V.2.1. La distance entre le lieu de résidence et le point de puisage

            En nous basant sur les résultats sur cette variable, nous trouvons que 56,6% des enquêtées font 1Km pour arriver au lieu de puisage, 32,7% font également 2Km, 5,1% font ensuite 200m et 4,1% enfin  ont 100m. Néanmoins, la majorité soit 68,9% des enquêtées ont répondu à l’affirmatif que la distance fait un obstacle pour ne pas accéder à l’eau.

            Pour puiser de l’eau, une grande proportion soit 96,4% des enquêtées puisent au robinet.Plus loin, en ce qui concerner le temps que les femmes doivent nécessairement faire pour pouvoir accéder à l’eau, la moitié soit 50% des répondantes ont répondu qu’elles font 1heure. Pour ce dire, 77,6% répondantes ont approuvées que le temps qu’on prend pour accéder à l’eau est ennuyant, mais aussi 17,9% d’entre elles ont signifié que c’est fatiguant. Et la majorité des enquêtées soit 97,4% ont répondu à l’affirmatif que le temps qu’on prend pour le fil d’attente constitue un obstacle pour avoir accès à l’eau.

Comparativement aux résultats d’une enquête sur l’accès à l’eau potable (Solidarités international, 2012), la quasi-totalité des répondantes soit 97,5% puisent de l’eau auprès des bornes fontaines récemment érigées dans l’entité. En outre, des petites proportions s’approvisionnent soit aux tanks privés (2,1%) ou soit aux robinets (0,4%) installés par la REGIDESO à travers des raccordements parcellaires. En plus, la majorité d’entre eux soit 93,8% font moins de 20 minutes pour atteindre un point de puisage alors seulement une petite portion de 6,3% font plus de 20 minutes pour accéder à un point de puisage en eau potable.[3]

Avec ces résultats, nous comprenons que les gens s’approvisionnement souvent à des sources les plus proche d’eux. Les facteurs temps et la distance à parcourir sont aussi importants pour le choix du site de puisage. Comme le dit la même étude précédente, en dépit d’une forte proximité entre répondantes et les points de puisage (une distance à 93,8% de moins de 20minutes de marche), la majorité des répondantes doivent faire plus de 20minutes au point de puisage pour accéder à l’eau potable contre seulement 6,3% qui accèdent à l’eau potable dans moins de 20 minutes.[4]

Ce qui nous amène à comprendre que le temps à passer au lieu de puisage train d’attendre l’eau est relativement si grand. Ce qui décourage certaines personnes à apprêter d’autres voies les plus simplifiées telles qu’aller au tank, ou alors acheter l’eau chez les revendeurs sur vélo. Cette option tient aussi compte de capacités financières à payer l’eau chez les revendeurs au prix proposés par ceux-ci.

Voulant analyser profondément cette variable, nous nous intéressons davantage aux résultats de D’après  Dos Santos (Ouagadougou ,2007) pour qui, la demande en eau potable varie selon les caractéristiques socio-économiques des consommateurs et leurs habitudes de consommation.[5]

Ainsi donc, les possibilités d’accès à l’eau potable guident même les choix des gens pour les milieux à habiter. Les gens s’entassent alors là où il y  a un système de raccordement ou ‘approvisionnement en eau potable. Pour les lieux dépourvus en systèmes d’approvisionnement en eau sont moins intéressant. Pour ce dire, nous disons que le village KIZIBA 2 aussi, au lieu d’être moins intéressant aux gens, les habitants  y résident au risque de faire des longues distances à la recherche de l’eau. Ainsi donc, en cas de pénurie dans les zones presque proches du village, les gens soufrent à la recherche de l’eau, ce qui limité alors leurs chances d’en accéder suffisamment.

En outre, TIDJANI et HOUNMENOU (2006) postulent que la définition de règles et la mise en place d’incitations sont des éléments importants pour assurer la gestion des points d’eau modernes. Une définition précise des responsabilités au sein du comité de gestion, une gestion financière transparente et la rémunération des gestionnaires sont des facteurs présentés comme centraux par les différents acteurs du secteur de l’eau, qu’il s’agisse des opérateurs ou des usagers. La conception de modèles de gouvernance pensés à un niveau global ne saurait donc faire abstraction de ces facteurs, essentiels pour assurer un accès pérenne à l’eau potable pour l’ensemble des usagers.[6]

V.2.2. Les variations saisonnières

            Pour les résultats obtenus sur cette variable, la majorité des enquêtées soit 99,5% ont répondu qu’il arrive souvent de manquer de l’eau. En fonction de ceci, les femmes disent que les fluctuations saisonnières influent suffisamment sur la disponibilité et la rareté de l’eau aux points de puisage.

Selon la précédente étude de Solidarités international, 6,3% des répondantes disent que l’accès facile ou difficile à l’eau potable dépend souvent de saisonnalité et de circonstances. Ceci signifie autrement dit que, la fréquence de la pluviosité en est un des facteurs régulateurs mais aussi les périodes des vacances ou des cours accentuent ou limitent la présence des beaucoup des gens sur les files d’attentes aux bornes fontaines et aux robinets : ces gens en attentes sont essentiellement constitués des femmes et des enfants. Ceci explique l’influence importante de la saisonnalité à la fois dans les systèmes de distribution et d’approvisionnement en eau potable dans les ménages des pays en développement.[7]

Nous disons alors que l’inaccessibilité à l’eau potable dépend des variations saisonnières. L’eau est difficile à trouver lors de la saison sèche alors que lors des saisons pluvieuses elle est accessible. Utilisant aussi l’eau de pluies, les files d’attentes aux robinets sont réduits par rapport aux saisons sèches. Ainsi donc, les actions de renforcement nécessitent d’être plus menées lors de la saison sèche pour parvenir à résoudre ce problème.

V.3. Facteurs politiques

            Les résultats obtenus à ce niveau concernent essentiellement les faiseurs des politiques et acteurs impliqués dans le secteur d’approvisionnement de l’eau en l’occurrence le service de REGIDESO.

V.3.1. Politiques publiques pour l’approvisionnement et de distribution de l’eau

            Lors des entretiens au sein de la REGIDESO, nous avons constaté et compris qu’il y a existence d’une politique publique qui est suivie en matière de gestion, d’approvisionnement et distribution de l’eau aux habitants. En effet, la politique en exercice reste toujours soutenue par différents partenaires, notamment, Mercy corps, YM GL, OXFAM et  SWIFT, ces partenaires sont actifs d’autant plus qu’ils aident à construire les bornes fontaines, collecter de l’argent et le verse au banque, réparer les tuyaux en mauvais état  et faire l’appui à la supervision. Cependant, la politique citée ci-haut a des limites qui laissent entrevoir : la faible couverture, absence des pompes pour pouvoir alimenter toute la ville d’où  certains quartier voire  avenues de la ville ne sont pas alimentés en eau potable. En interprétant ce que les représentants les données reçues auprès des agents de la régie  de distribution d’eau nous ont dit, il parait que le gouvernement ne s’implique pas à fond.

            Dans les propos de TRAORÉ R (2002), l’approvisionnement en eau potable a un enjeu socio-politique fort qui part de la planification et gestion afin de satisfaire les besoins des usagers. Les modes de gouvernance des services d’eau potable préconisés à l’échelle globale sont fondés sur des partenariats entre entités publiques nationales ou locales, opérateurs privés et associations d’usagers.  Les politiques publiques doivent alors être.[8]

En comparant les résultats de TRAORE et les arguments donnés par les décideurs politiques, nous comprenons que la politique opérationnelle se rabat sur des partenariats qui facilitent la construction et la réfection des ouvrages d’approvisionnement et de distribution de l’eau. Cependant, il en ressort plusieurs limites et difficultés ne permettent pas aux acteurs du secteur de réaliser en toute efficacité leurs missions de rendre accessible l’eau potable à toute la population cible. Cette situation de dépendance importante aux partenariats (bailleurs externes y compris) laisse que certaines régions bien peuplées ne soient desservies en eau potable. Le pouvoir et les performances du système de gestion de l’eau de la structure officielle (REGIDESO) sont limités par rapport à la population qui attend d’elle l’eau potable. Le village KIZBA II en est victime. L’eau ne parvient pas à être ni disponible ni accessible dans le milieu. Les gens sont obligés alors de quitter leur entité vers les entités environnantes.

En vrai dire, même le service hydraulique rural n’existe pas dans ce village autant qu’il demeure une région rurale. Nous estimons que la politique publique actuelle suivie par la REGIDESO n’est pas efficace car elle n’est pas à la hauteur de ses responsabilités. Plus loin, nous osons penser que le manque de concurrence entre les acteurs serait à la base de cette contre-performance. Ce qui nous pousse à proposer la privatisation de la gestion de ce secteur.

Enfin, comme le dit SAGLAM (2010) une politique de prix optimal peut aider à faire face au manque d’eau, notamment en incorporant la demande d’eau dans des secteurs divers ainsi que la contrainte des ressources dynamiques et de revenue.[9]

A travers ce postulat, il est question de l’approche intersectorielle dans la gestion et la gouvernance du secteur de l’eau. Cette inter-sectorialité permettrait alors de dépasser certaines contraintes rencontrées dans ce secteur. Parmi les bénéfices qu’il est possible d’en obtenir la rationalité.

[1] D. ZOUNGARANA, op cit,

[2] Dr. TIA Lazare, op cit,

[3]Solidarités international, op cit,

[4]Idem

[5]DOS SANTOS S, op cit,

[6]TIDJANI ALOU M,op cit,

[7]Solidarités international,op cit,

[8]TRAORÉ R, op cit,

[9] NKENGFACK HILAIRE, NOUBISSI DOMGUIA EDMOND et KAMAJOU FRANÇOIS, op cit,

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