Ce chapitre présente les résultats de cette étude et leurs discussions. Il comprend 5 sections : (i) les caractéristiques sociodémographiques des riziculteurs enquêtés, (ii) les caractéristiques des systèmes de production, (iii) la production du riz dans la plaine selon les types de mécanisation, (iv) les coûts ou charges de production que supportent les riziculteurs de la plaine en fonction des types de mécanisation et (v) l’analyse de la rentabilité des systèmes rizicoles de la plaine de la Ruzizi.
Cette section donne les caractéristiques sociodémographiques des riziculteurs de la plaine de la Ruzizi en deux sous sections.
Les résultats relatifs aux caractéristiques sociodémographiques, entre autre les sexes, les statuts matrimoniaux, les niveaux de scolarité et les activités principales des enquêtés sont présentés dans le Tableau 3.
Types de mécanisation |
Manuelle (n = 60) |
Animale (n =60) |
Motorisée (n =60) |
Totaux |
Tests statistiques |
|||||||||||||
# |
Sites |
Luberizi (n = 20) |
Sange (n =20) |
Ndunda (n = 20) |
Moyenne (%) |
Luberizi (n = 20) |
Sange (n =20) |
Ndunda (n = 20) |
Moyenne (%) |
Luberizi (n = 20) |
Sange (n =20) |
Ndunda (n = 20) |
Moyenne ( % ) |
( % ) |
X2 |
P-value |
Sign. |
|
1 |
Sexe (%) |
Féminin |
20 |
0 |
0 |
6,7 |
0 |
0 |
10 |
3,3 |
0 |
0 |
0 |
0 |
3 , 3 |
2,069 |
0,355 |
NS |
Masculin |
80 |
100 |
100 |
93,3 |
100 |
100 |
90 |
96,7 |
100 |
100 |
100 |
100 |
96 , 7 |
|||||
2 |
Statuts matrimoniaux ( % ) |
Célibataire |
20 |
0 |
10 |
10 |
0 |
30 |
10 |
13,3 |
0 |
0 |
10 |
3,3 |
8 , 9 |
6,275 |
0,393 |
NS |
Divorcé |
0 |
0 |
10 |
3,3 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
1 , 1 |
|||||
Marié |
80 |
100 |
80 |
86,7 |
100 |
70 |
90 |
86,7 |
80 |
100 |
90 |
90 |
87 , 8 |
|||||
Veuf |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
20 |
0 |
0 |
6,7 |
2 , 2 |
|||||
3 |
Niveau de scolarité du chef de ménage (%) |
Aucun |
40 |
50 |
30 |
40 |
40 |
50 |
30 |
40 |
20 |
30 |
10 |
20 |
33 , 3 |
3,220 |
0,522 |
NS |
Primaire |
30 |
30 |
30 |
30 |
20 |
20 |
40 |
26,7 |
40 |
20 |
50 |
36,7 |
31,1 |
|||||
Secondaire |
30 |
20 |
40 |
30 |
40 |
30 |
30 |
33,3 |
40 |
50 |
40 |
43,3 |
35 , 6 |
|||||
4 |
Activité principale (%) |
Agriculteur |
80 |
80 |
80 |
86,7 |
90 |
90 |
80 |
86,7 |
100 |
30 |
100 |
76,6 |
81 , 1 |
11,069 |
0,066 |
NS |
Artiste |
20 |
10 |
0 |
10 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
20 |
0 |
6,7 |
5 , 6 |
|||||
Commerçant |
0 |
0 |
10 |
3,3 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
1 , 1 |
|||||
Agent salarié |
0 |
10 |
10 |
6,7 |
10 |
10 |
20 |
13,3 |
0 |
50 |
0 |
16,7 |
12,2 |
Légende : NS : Non significatif
Du Tableau 3, il ressort que la riziculture dans la plaine est une activité réservée aux hommes. Les hommes représentent 96,7% des enquêtés. Dans cette contrée, seulement 3,3% des riziculteurs sont des femmes. Sur ce point, les résultats obtenues dans la plaine de la Ruzizi sont similaires à ceux obtenus par (Furaha et al., 2016) : 93% des riziculteurs de la plaine de la Ruzizi sont des hommes. Dans la société rurale traditionnelle africaine, la production agricole commerciale est principalement du ressort des hommes pendant que celle de subsistance est du ressort de la femme (FAO, 2009). Comme la plaine de la Ruzizi fait partie des zones rurales africaines, cet engouement masculin vers le riz s’expliquerait par le caractère commercial de cette culture. Ces résultats sont similaires à ceux trouvés par Saër en 2013 au Sénégal : 97% des chefs des ménages dans les bassins arachidiers étaient des hommes et seulement 3% des femmes. Dans ce contexte, le mode d’acquisition des terres par héritage semble être l’explication principale. La FAO dans son rapport annuel de 2010-2011 montre que les femmes, dans toutes les régions, ont généralement moins d’accès à la terre que les hommes. Et cela encore plus en ASS, où leurs proportions varient entre 3 et 20% des propriétaires terriens.
De ce mêmeTableau 3, il est remarquable que les mariés sont les plus intéressés par la riziculture. 90% (soient 87,8% mariés et 2,2% des veufs) des riziculteurs sont mariés. Seuls 10% sont repartis entre célibataires et divorcés, soient 8,9 et 1,1. La jeunesse s’oriente dans d’autres activités moins pénibles telles de petits commerces, l’artisanat, les études et le taxi vélos ; aussi que leurs revenus ne leur permettent pas de s’adonner à la riziculture. Ces résultats sont non loin de ceux trouvés par Rostaing, 2009 dans le Nord-Bénin, prouvant que dans 92,8% des riziculteurs chefs des ménages sont mariés et seulement 6,7% sont célibataires. Ainsi, la riziculture étant une source de revenu familial, sa pratique n’est pas pour la subsistance seulement (FAO, 2009). ï‚· Niveau de scolarité
31,1% ont un niveau primaire et 35,6% ont un niveau secondaire. Le niveau éducationnel dans la plaine de la Ruzizi est en deçà de la moyenne provinciale. Le PNUD, 2009 montre qu’au SudKivu, le taux brut de scolarité secondaire est de 43,3%, tandis que celui du primaire est de 88%. Ce faible taux de scolarité dans la plaine de la Ruzizi serait dû aux problèmes financiers, 85% des ménages ayant des enfants à l’école déclarent avoir connu au moins une exclusion de leurs enfants pour non-paiement des frais scolaires, déclare le même ouvrage. Les revenus des paysans étant minimes, et n’ayant d’accès ni aux subventions ni aux crédits agricoles, il est claire qu’ils soient parmi ces 85% des ménages.
81,1% des enquêtés ont la riziculture comme activité principale. Les 18,9% ont d’autres occupations qui passent avant l’agriculture ; 12,2% sont des salariés, 5,6% composés d’artistes et 1,1% des commerçants. En ASS en général, la situation est telle, déclare Side, 2013 : l’agriculture familiale représentant plus de 75 % des exploitations agricoles en ASS, procure l’essentiel des revenus des populations rurales. Cette proportion va jusqu’à 90% au Nord Bénin (Rostaing, 2013). Elle est donc de grand intérêt pour les paysans de la plaine de la Ruzizi. La structure de l’emploi informel agricole remporte sur les autres activités, avec une moyenne supérieure à celle de la province du Sud-Kivu, qui est de 68,7% (PNUD, 2009). Ce qui pourrait expliquer que la plaine de la Ruzizi est caractérisée par l’agriculture, la création d’emploi est plutôt basse, chaque paysan se contentant d’exploiter son petit lopin de terre.
Le
Tableau 4 présente les données obtenues par rapport aux caractéristiques quantitatives sociodémographiques : l’âge du chef du ménage, l’expérience en riziculture et la taille du ménage.
Le
Tableau 4 montre qu’il n’y a pas de différence significative entre les trois types de mécanisation en ce qui concerne l’âge du chef de ménage, l’âge moyen des riziculteurs étant de 46,03 ans. La population des riziculteurs est jeune et masculine, d’où la vigueur leur permettant de s’adonner aux durs travaux des rizières ; tel confirmé aussi par Gahiro, 2011 dans ses recherches sur les riziculteurs burundais. Furaha et al, 2016 justifie cette situation de trois façons : la culture du riz sur des sols argileux s’avère physiquement exigeante en énergie humaine, l’aptitude à adopter des nouvelles techniques culturales qu’exige le riz mais aussi le manque d’emploi et d’opportunités pour les jeunes dans d’autres secteurs économiques ï‚· Expérience en riziculture
Les riziculteurs de la plaine de la Ruzizi ont 13.21 ans d’exploitation rizicole, durée non négligeable pour la maîtrise d’un domaine. La culture du riz est plutôt ancienne dans la plaine de la Ruzizi. Ceci revient à dire que la riziculture est un domaine du milieu, les pratiquants ont donc l’expérience due au temps de l’exercice. Furaha et al, 2016 ont trouvé de résultats similaires dans la plaine de la Ruzizi ; l’ancienneté de la culture rizicole est de 14,7ans. ï‚· Taille du ménage
Les ménages sont en moyenne composés de 8.32 personnes, une main d’œuvre familiale non négligeable. Ce grand nombre d’individus par ménage en ASS serait le fruit des mariages à bas âge dans le monde rural (Gahiro, 2011) mais aussi à la sociabilité africaine. Ce résultat ne s’éloigne pas trop celui de la taille moyenne d’un ménage burkinabais, qui est de 10 individus (Saër, 2013).
Nous remarquons qu’aucune différence significative n’est observée entre les riziculteurs selon la mécanisation utilisée. Ce que l’innovation n’a pas encore atteint le niveau de changement de caractères sociodémographiques. Tous les riziculteurs et leurs ménages ont les mêmes caractéristiques.
Trouvez dans le Tableau 5 les données sur le facteur de production terre, le mode d’acquisition ou tenure foncière et la superficie emblavée par les riziculteurs enquêtés.
# |
Types de mécanisation |
Manuelle (n=60) |
Animale (n=60) |
Motorisée (n=60) |
Moyenne |
Tests statistiques |
||||||||||||
Sites |
Luberizi (n=20) |
Sange (n=20) |
Ndunda (n=20) |
Moyenne |
Luberizi (n=20) |
Sange (n=20) |
Ndunda (n=20) |
Moyenne |
Luberizi (n=20) |
Sange (n=20) |
Ndunda (n=20) |
Moyenne |
générale |
F |
P-value |
Sign. |
||
1 |
Superficie en ha |
0,408 |
0,38 |
0,556 |
0,448 |
0,48 |
0,2625 |
0,4425 |
0,395 |
0,34 |
0,8225 |
1,4 |
0,854 |
0,57 |
77,41 |
0,0001 |
*** |
|
Tests stati stiques |
Chi-deux |
P-value |
Sign. |
|||||||||||||||
2 |
Tenure foncière |
Fermage en% |
60 |
50 |
40 |
50 |
10 |
40 |
40 |
30 |
40 |
30 |
0 |
23,3 |
34 , 43 |
1,279 |
0,527 |
NS |
Propriété en % |
40 |
50 |
60 |
50 |
90 |
60 |
60 |
70 |
60 |
70 |
100 |
76,7 |
65,57 |
Deux modes d’accès à la terre sont trouvés dans les contrées d’étude : le fermage et la propriété. Selon les types de mécanisation, aucune signification n’a été remarquée entre le type de mécanisation et le mode d’acquisition de la terre cultivée. Toute la plaine de la Ruzizi est caractérisée en moyenne par 76,7% des riziculteurs qui cultivent leurs propres champs, 23,3 qui prennent des champs en location. Et cela, peu importe le type de mécanisation utilisé pour le labour. Ceci explique les résultats trouvés sur l’héritabilité masculine et le genre de chef des ménages dans ce milieu. Au Sénégal, dans le bassin arachidier, le taux de propriété est plutôt très élevé, et est de 99%. Seulement 1% des agriculteurs loue ou emprunte les terres exploitées (Saêr, 2013).
Du Tableau 5 , une différence très hautement significative a été remarquée en ce qui concerne la superficie emblavée selon les types de mécanisation. Les moyennes augmentent, allant de la mécanisation animale à la motorisée, passant par la mécanisation manuelle. De 0,395 ha à 0,854 ha à travers 0,448 ha. Ces résultats n’entrent pas dans le contexte de Mazoyer et Roudart, 2009 et Havard et Side, 2013, affirmant que la hausse de la surface exploitée par agriculteur est liée à la motorisation et la mécanisation. Surtout en ce qui concerne la mécanisation animale. Cela peut être justifié par le fait qu’elle soit utilisée dans les rizières plus tourbeuses que les tracteurs ne peuvent pas labourés. Bordet (1997), affirme que le principal facteur qui influe l’utilisation de tracteurs est l’intensification de l’agriculture, c’est pourquoi avec la mécanisation motorisée, la superficie emblavée est supérieure aux deux autres. Cependant, le premier but visé du programme de mécanisation de 2008 a été atteint, celui d’intensifier les superficies emblavées à travers la motorisation agricole. Ces résultats se rapprochent de ceux par (CUMA, 2015) qui montrent que l’introduction de la motorisation a occasionné une forte augmentation des superficies cultivées par exploitation au Bénin. Ce qui est tout à fait normale, car la motorisation permet un labour profond et rapide (Havard et Side, 2013).
La séparation des moyennes est représentée dans le Tableau 6
Types de mécanisation |
Moyennes |
Groupes homogènes |
|
Motorisée |
0,8542 |
A |
|
Manuelle |
0,4480 |
B |
|
Animale |
0,3950 |
B |
|
Valeur ppds |
0,1922 |
Les recherches de Mulala, 2016 dans la plaine de la Ruzizi ont montré le passage de 437,8 heures consommées pour labourer 1 ha manuellement, à 11,25 heures pour la mécanisation motorisée. En d’autres termes, le temps mis pour labourer un ha manuellement correspond au labour de 38,92 ha par mécanisation motorisée. C’est ainsi que la mécanisation motorisée, par l’économie du temps, forme son propre groupe lorsque la mécanisation animale et manuelle forment un groupe homogène. Les superficies emblavées sont de loin petites à celle de la mécanisation motorisée car les sources d’énergie sont aussi différentes.
Les pratiques culturales des riziculteurs de la plaine de la Ruzizi sont présentées dans le Tableau
# |
Sites |
Luberizi (n=20) |
Sange (n=20) |
Ndunda (n=20) |
Moyenne |
Luberizi (n=20) |
Sange (n=20) |
Ndunda (n=20) |
Moyenne |
Luberizi (n=20) |
Sange (n=20) |
Ndunda (n=20) |
Moyenne |
Moyenne totale |
Khi-deux |
P-value |
Sign. |
|
1 |
Fauchage |
Oui |
20 |
50 |
20 |
30 |
0 |
40 |
30 |
23.3 |
20 |
50 |
20 |
30 |
27.8 |
0.443 |
0.801 |
NS |
Premier labour |
Non Oui |
80 100 |
50 100 |
80 100 |
70 100 |
100 100 |
60 100 |
70 100 |
76.7 100 |
80 100 |
50 100 |
80 100 |
70 100 |
72.2 100 |
||||
2 |
Non |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
||||
3 |
Second labour |
Oui |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
|||
Repiquage |
Non Oui |
0 100 |
0 100 |
0 100 |
0 100 |
0 100 |
0 100 |
0 100 |
0 100 |
0 100 |
0 100 |
0 100 |
0 100 |
0 100 |
||||
4 |
Non |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
||||
5 |
Fertilisation |
Oui |
80 |
60 |
50 |
63.3 |
100 |
90 |
70 |
86.7 |
100 |
100 |
0 |
66.7 |
72.2 |
4.763 |
0.092 |
NS |
6 |
Sarclage |
Non Oui |
20 100 |
40 100 |
50 100 |
36.7 100 |
0 100 |
10 100 |
30 100 |
13.3 100 |
0 100 |
0 100 |
100 100 |
33.3 100 |
27.8 100 |
|||
Non |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
|||||
7 |
Gardiennage |
Oui |
60 |
70 |
60 |
63.3 |
80 |
30 |
70 |
60 |
20 |
20 |
0 |
13.3 |
45.6 |
18.905 |
0.0001 |
*** |
9 |
Décorticage |
Non Oui |
40 90 |
30 100 |
40 0 |
36.7 63.3 |
20 70 |
70 50 |
30 0 |
40 40 |
80 100 |
80 100 |
100 0 |
86.7 66.7 |
54.4 56.7 |
5.158 |
0.076 |
NS |
Types de mécanisation Manuelle (n=60) Animale (n=60) Motorisée (n=60) Tests statistiques
Non 10 0 100 36.7 30 50 100 60 0 0 100 33.3 43.3
Le fauchage est effectué par des riziculteurs qui en éprouvent le besoin. C’est-à-dire quand il y a trop de mauvaises herbes qui envahissent les rizières. Ce qui n’est pas le cas pour la plupart des exploitants. D’où une moyenne de 27.8% des riziculteurs qui font le fauchage avant labour.
Toutefois, ce pourcentage n’est pas significatif quant à la répartition de types de mécanisation.
Le labour est la seule opération mécanisée de différentes manières dans la plaine de la Ruzizi. Ces quatre opérations, comme remarqué dans le Tableau 7 sont une évidence dans la culture du riz dans la plaine de la Ruzizi. Tous les agriculteurs font le premier et le second labour, et assainissent leurs champs par sarclage. Les riziculteurs faisant la culture irriguée étaient ceux que nous avons enquêtés. Que ce soit la mécanisation manuelle, animale ou motorisée, le Tableau 7 signifie aucune différence dans le mode de mise en place de la culture du riz.
72.2% des riziculteurs pratique la fertilisation de leurs rizières, sous diverses formes : la fertilisation organique, la fertilisation minérale ou alors l’association de ces deux. 27.8% ne font pas la fertilisation par manque de moyens, vivant souvent dans des conditions de vie précaires et percevant donc des revenus irréguliers et bas (Ahmed, 2015). Cependant, en ce qui concerne les types de mécanisations, il n’y a pas de différence significative entre les riziculteurs.
Une différence très hautement significative entre les riziculteurs du point de vue gardiennage des champs en fin de culture et aussi en début de culture pour éviter les pertes dues aux oiseaux.
Jusqu’à la levée complète, il faut protéger les champs des oiseaux pendant une dizaine de jours. Une nouvelle surveillance est indispensable à partir de la floraison, au risque de voir toute la production anéantie (Jarret, 1973). Cependant les riziculteurs pratiquant la motorisation ne font le gardiennage qu’à 13.3%, leur majorité ne fait pas garder leurs champs car ils récoltent avant l’envahissement complet des oiseaux. Ces derniers signalent que comme ils repiquent leurs plants au moment opportun, la récolte est aussi faite au temps recommandé (avant l’envahissement des oiseaux).
L’irrigation étant conditionnelle pour la culture du riz irrigué, cette partie ne parlera que des variétés et des types de fertilisation utilisée par les riziculteurs dans les milieux d’enquête. Ce Tableau 8 présente les résultats obtenus :
# |
Types de mécanisation |
Manuelle |
Animale |
Motorisée |
Moyenne |
Tests statistiques |
||||||||||||
Sites |
Luberizi (n=20) |
Sange (n=20) |
Ndunda (n=20) |
Moyenne |
Luberizi (n=20) |
Sange (n=20) |
Ndunda (n=20) |
Moyenne |
Luberizi (n=20) |
Sange (n=20) |
Ndunda (n=20) |
Moyenne |
totale |
Khi deux |
P-value |
Sign. |
||
1 |
Variété |
Fashingabo |
0 |
0 |
10 |
3.33 |
20 |
0 |
20 |
13.33 |
20 |
0 |
20 |
13.33 |
10 |
11.637 |
0.071 |
NS |
Iron |
0 |
0 |
10 |
3.33 |
30 |
10 |
10 |
13.33 |
20 |
10 |
0 |
10 |
10 |
|||||
Kamuti |
0 |
20 |
40 |
20 |
10 |
20 |
30 |
20 |
0 |
20 |
0 |
6.67 |
15.6 |
|||||
Rukaramu |
90 |
50 |
20 |
53.33 |
10 |
40 |
0 |
16.67 |
20 |
30 |
80 |
43.33 |
37.8 |
|||||
Sipi |
10 |
30 |
20 |
20 |
30 |
30 |
40 |
33.33 |
40 |
40 |
0 |
26.67 |
26.7 |
|||||
2 |
Types de fertilisation |
Aucune |
20 |
40 |
40 |
33.33 |
0 |
10 |
30 |
13.33 |
0 |
0 |
100 |
33.33 |
26.7 |
13.658 |
0.091 |
NS |
Minérale+ Organique |
0 |
10 |
30 |
13.33 |
10 |
0 |
0 |
3.33 |
20 |
0 |
0 |
6.67 |
7.8 |
|||||
Minérale |
50 |
50 |
20 |
40 |
90 |
90 |
40 |
73.33 |
80 |
100 |
0 |
60 |
57.8 |
|||||
Organique |
30 |
0 |
10 |
13.33 |
0 |
0 |
30 |
10 |
0 |
0 |
0 |
0 |
7.8 |
5 différentes variétés ont été trouvées dans les sites étudiés et cela sans différence quelconque selon les types de mécanisation utilisé. Il s’agit de Fashingabo, Iron, Kamuti, Rukaramu et Sipi. Sipi, Iron et Kamuti étant des variétés introduites bien avant tandis que les variétés Fashingabo et Rukaramu sont d’origine burundaise. La variété Rukaramu est plus convoitée à cause de sa réputation du milieu d’origine, précoce et plus productive.
Aucune différence significative entre les types de fertilisation et le niveau de mécanisation. La fertilisation minérale, notamment l’épandage d’urée et NPK dans les rizières réussi dans la plaine de la Ruzizi. L’Urée représente à elle seule 47% du volume total des fertilisants de la plaine de la Ruzizi dans les sites congolais (Furaha et al, 2016), nous remarquons que dans les trois sites d’étude, la moyenne est de 57.8%, un peu plus élevé que la moyenne de la plaine en entièreté. L’effort du projet CATALIST est un justificatif à cet avancé, départ la formation donnée à la population sur la fertilisation (IFDC, 2012).
Dans cette partie, sont présentés les niveaux de production en générale des riziculteurs selon qu’ils ont opté pour tel ou tel autre type de mécanisation agricole.
Types de mécanisation |
Manuelle Superficie (0,448ha) |
Animale Superficie (0,395ha) |
Motorisée Superficie (0,854ha) |
Tests statistiques |
||||||||
Sites |
Luberizi (n=20) |
Sange (n=20) |
Ndunda (n=20) |
Luberizi (n=20) |
Sange (n=20) |
Ndunda (n=20) |
Luberizi (n=20) |
Sange (n=20) |
Ndunda (n=20) |
F |
P-value |
Sign. |
Production en kgs |
406 |
388,5 |
381,5 |
843,5 |
542,5 |
1017,8 |
1127 |
1890 |
2450 |
32,749 |
0.0001 |
*** |
Moyenne de production |
392 |
801,27 |
1822,33 |
Le Tableau 9 montre une différence très hautement significative entre la production et les types de mécanisation. En effet, de la mécanisation manuelle à la mécanisation animale, le rendement à l’hectare du riz décortiqué augmente de 104,41% ; de la mécanisation manuelle à la mécanisation motorisée, le rendement augmente de 364,88% ; et de la mécanisation animale à la mécanisation motorisée, l’augmentation du rendement est de 127,43%. Ceci peut être dû par la qualité de labour selon le matériel utilisé. Le tracteur fait un labour profond tandis que la mécanisation manuelle fait un labour superficiel (Mulala, 2016) ; cependant le matériel attaché aux bœufs, motoculteurs sont moins sophistiqués que celui du tracteur, d’où, un labour de qualité intermédiaire. La motorisation et la traction animale étant des innovations agricoles permettent d’améliorer la production céréalière, cela était le cas du Burkina Faso où le rendement céréalier a augmenté de 120 % (Banque mondiale, 2005).
Le Tableau 10 présente la séparation des moyennes de production
Types de mécanisation |
Moyenne |
Groupes homogènes |
Manuelle |
392 |
A |
Animale |
801,27 |
B |
Motorisée |
1822,33 |
C |
ppds |
409,27 |
Il se forme trois groupes homogènes de production. C’est-à-dire que ces résultats sont loin d’être identiques, la production est diversifiée selon le type de mécanisation optée. Avec une différence minimale de 409,27kgs, chaque mécanisation forme son propre groupe, et cela au détriment de la mécanisation manuelle.
Les charges de production sont l’ensemble des coûts engagés pour produire sur la superficie de terre rizicole emblavée par le paysan. Ces charges sont les suivantes :
# |
Libellés |
Types de mécanisation |
||
Manuelle Superficie (0,448ha) |
Animale Superficie (0,395ha) |
Motorisée Superficie (0 ,854ha ) |
||
1 |
Location |
41,1 |
36,9 |
79 , 7 |
2 |
Fauchage |
31,4 |
30 |
59 , 8 |
3 |
1er labour |
43 |
39,5 |
82 |
4 |
2nd labour et hersage |
21,5 |
19,8 |
41 |
5 |
Semences (achat) |
15,7 |
13,8 |
29 , 9 |
6 |
Repiquage |
32,3 |
28,4 |
61 , 5 |
7 |
Engrais (achat) |
22,4 |
19,8 |
42 , 7 |
8 |
Engrais (application) |
Au c ours du repi quage |
||
9 |
Sarclage |
134,5 |
142,2 |
179,3 |
10 |
Gardiennage |
13,4 |
11,9 |
25 , 6 |
11 |
Récolte et battage |
43 |
37,9 |
82 |
12 |
Transport |
5,9 |
12 |
27 , 3 |
13 |
Séchage |
3,1 |
6,4 |
14 , 6 |
14 |
Décorticage |
31,3 |
64,1 |
145,8 |
Totaux |
438,6 |
462,7 |
871,2 |
29
Selon les superficies emblavées, le riziculteur labourant par mécanisation manuelle dépense 438,6 $ pour couvrir une superficie de 0,448ha. Celui de la mécanisation animale couvre 0,395ha ave
462,7$ alors que la mécanisation motorisée permet d’emblaver 0,854ha avec 871,2$. En supposant que chacun de ces riziculteurs cultive sur un hectare de rizière ; le cultivateur ayant labouré manuellement dépenserait un montant de 979$, celui ayant utilisé la traction animale dépenserait 1171,4$ et le dernier utilisant la motorisation aurait dépensé 1020,1$. Les différences entre les trois types de mécanisation proviennent de la production tout d’abord : plus elle augmente, les coûts de séchage, de décorticage et de transport augmentent aussi. Elles proviennent aussi du nombre des sarclages qui sont en moyenne de 2,5 pour la mécanisation manuelle, 3 pour la mécanisation animale et 1,75 pour la mécanisation motorisée.
La rentabilité représente le rapport entre les revenus d’une société et les sommes qu’elle a mobilisé pour les obtenir. Dans notre recherche, les revenus de la société ou productivité sociale est le prix de vente de la production nette. Les sommes mobilisées pour les obtenir ou consommations intermédiaires sont ici les coûts de production.
La valeur ajoutée nette ou profit générée par chaque type de mécanisation est la différence entre le chiffre d’affaire de la riziculture et les consommations intermédiaires.
Le Tableau 12 présente la variation de la rentabilité financière des exploitations paysannes selon les types de mécanisation qu’ils utilisent.
Types de |
|||
mécanisation |
Manuelle |
Animale |
Motorisée |
Superficie |
|||
emblavée (SE en ha) |
0,448 |
0,395 |
0,854 |
Production |
|||
par SE |
392 |
801,27 |
1822,33 |
Prix unitaire |
|||
($) |
0,8 |
||
Productivité |
|||
totale |
313,6 |
641,02 |
1457,86 |
Coûts de |
|||
production |
438,6 |
462,7 |
871,2 |
Profit |
-125 |
178,3 |
586,7 |
Rentabilité |
|||
financière |
-0,29 |
0,39 |
0,67 |
Ce Tableau 12, récapitulatif de la production et des coûts de production, montre que la rentabilité de riziculture pour la mécanisation manuelle est plus faible que celle de la mécanisation animale. La mécanisation motorisée donne la rentabilité la plus élevée de trois.
En effet, 1 $ investit dans la culture du riz par mécanisation manuelle déclenche une perte de 0,29 $, celui investit par la mécanisation animale rapporte un gain de 0,39 $ ; lorsque la mécanisation motorisée rapporte le capital 0,67 fois après investissement.
La mécanisation motorisée est la plus rentable de trois formes d’énergie, suivie de la mécanisation animale. Les riziculteurs faisant recours à la mécanisation manuelle travaillent à perte.