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CHAP I : REVUE DE LA LITTERATURE

Ce chapitre fait la revue de la littérature du présent travail. Il comprend deux sections : (i) la première parle de la production rizicole au Sud Kivu avec un accent sur la plaine de la Ruzizi, (ii) la deuxième section présente quelques rappels en rapport avec la mécanisation agricole et ses effets sur la production des céréales.

I.1 PRODUCTION DU RIZ AU SUD-KIVU

I.1.1 Brève historique de la culture du Riz au Sud Kivu

La culture du riz au Sud Kivu remonte aux années 1840, date de son introduction par les arabes.

Sa véritable expansion ne se situe toutefois qu’au cours des campagnes agricoles de 1935 à 1955 durant laquelle plusieurs variétés sélectionnées par l’INEAC (Institut National pour l’Etude Agronomique au Congo) furent diffusées (Hecq et al., 1963). Le riz est une ancienne filière importante pour le Sud Kivu et a contribué à la prospérité des territoires d’Uvira, de Mwenga et de Shabunda du moins jusqu’au début des années 90. Cette filière procurait jusqu’en 2005 l’essentiel des revenus monétaires des ménages de la plaine de la Ruzizi (Bashige, 2005).  

I.1.2 Localisation des systèmes rizicoles au Sud Kivu

Du point de vue agro-écologique, le Sud Kivu dispose de plusieurs zones bien différenciées sur lesquelles trois grandes familles de systèmes de production de riz étaient pratiquées : (De Failly, 1999)

ï‚·    Le système rizicole irrigué de plaine qui donne lieu à deux campagnes par an. Du fait de la longueur du cycle végétatif, il est difficile d’avoir trois récoltes par an. ï‚·             Le système rizicole de marais d’altitude ï‚·           Le système rizicole pluvial.  

             

La Figure 1 illustre la localisation des systèmes rizicoles dans la province du Sud Kivu.  

 

Figure 1 Localisation des systèmes rizicoles au Sud Kivu

La zone de la plaine de la Ruzizi est la partie qui regorge les potentialités de la production du riz irrigué de basse altitude, la plus productive de trois types.       

I.1.3 Evolution des productions rizicoles au Sud Kivu

Le Tableau 1 présente la production du riz dans la province du Sud-Kivu dans le territoired’ Uvira, de 2000 à 2015.

Tableau 1: Production du riz paddy au Sud-Kivu, territoire d’Uvira, de 2000 à 2015

 

Source : IPAPEL, 2017

Nous remarquons ici que le nombre des riziculteurs augmentent, la superficie avec. Un effet plutôt brusque d’augmentation de la production en 2009. Juste après le programme national de mécanisation, le rendement moyen est monté de 2009 à 2012, de 2250kgs à 2800kgs. Rendement qui diminué graduellement après 2012, peut-être par l’usure des appareils.

Dans le site congolais de la plaine de la Ruzizi (où il est plus difficile d’accéder aux intrants et crédits), les coûts de production d’1kg de paddy sont les plus élevés avec une fonction de production y=0,034x+0,053z+0,422, émanant de la fonction y = ax+bz+c, et le rendement le plus bas (2698kgs) saison B 2014 (Furaha et al, 2016). 

Dans cette équation : y = coût d’un kilogramme de paddy, exprimé en $ ; x = coût d’une unité de travail (homme/jour) ; z = coût d’une unité de terre (are) et a = nombre d’unités de travail (hors salariat qui est comptabilisé dans le facteur monétaire « c ») ; b = nombre d’unités de terre ; c = sorties monétaires effectives totales (intrants, rente, salariat, etc.), évaluées en $.

La culture manuelle, malgré sa pénibilité, reste le fait de la grande majorité d’exploitation agricole en ASS (CTA, 1997). Le Service National de Mécanisation Agricole a distribué 278 tracteurs dans la province du Sud-Kivu, dont certains sont gérés par les CARG (Conseil agricole rural de gestion) et d’autres ont été remis aux Eglises, Universités de la place dont UCB et UEA, Instituts Supérieurs techniques, Hommes d’affaires, propriétaires  des grandes concessions et à certains politiciens originaires du Sud-Kivu (CRONGD, 2012).

Cependant, les productions rizicoles enregistrées au Sud-Kivu ne révèlent pas les efforts fournis par le programme de motorisation de 2009. En principe, la mécanisation agricole devait  avoir un impact positif sur l’accroissement de la production végétale (CRONGD, 2012), ce qui semble loin d’être le cas si on s’en tient aux statistiques de l’IPAPEL reprises dans le tableau ci-dessus :

Ces résultats du Tableau 1 dénotent d’un paradoxe. La distribution des tracteurs dans la province du Sud-Kivu n’a pas produit d’incidence sur la production agricole. La production a même diminué pour certaines spéculations très importantes dans le milieu telles  que le manioc, le riz, le maïs, le haricot, la pomme de terre,…. (CRONGD, 2012). En outre, les actions concrètes en faveur de la mécanisation agricole s’avèrent insuffisantes et non durables, car elles ne sont pas formulées par des demandes construites, structurées et adaptées, et ne prennent pas en compte l’accompagnement nécessaire aux processus de mécanisation agricole (Havard et Side, 2014).

Les travaux de Furaha et al, 2016 montrent que les coûts de production de paddy sur une superficie d’un hectare s’élève à 1139,4 $/ha en RDC et le rendement moyen est de 2698kg, rendement qui s’élève à 5339kg dans la plaine de la Ruzizi partie Rwandaise, sous un coût de 1354,5$/ha de paddy produit. La productivité dépend d’une part, de la facilité d’accès aux intrants en quantité suffisante (semences, fertilisants, eau, etc.) et d’autre part de la maîtrise des techniques culturales.

Contrairement aux sites congolais et burundais, les riziculteurs du site rwandais bénéficient d’un système d’encadrement pour la bonne maitrise des techniques culturales (Furaha et al, 2016).  Par contre Mulala dans son travail de 2016 confirme que pour la production du riz par les petits paysans de la plaine, la motorisation (programme de mécanisation initié par le gouvernement) a permis aux fermiers de gagner 12,7 francs congolais pour chaque franc investi, alors que par la mécanisation manuelle, les paysans perdent 16 francs congolais pour chaque franc investi dans la production du riz.  Havard et Side en 2014 disent que  l’agriculture familiale, plus de 75 % des exploitations agricoles, procure l’essentiel des revenus des populations rurales. Mais elle est souvent jugée peu productive, car essentiellement manuelle. Cependant, la traction animale continue de se développer dans les zones favorables, tandis que l’utilisation des tracteurs et des motoculteurs reste marginale. Cela est aussi vrai pour la plaine de la Ruzizi où, malgré le programme de mécanisation, ne dépasse pas une production de 2700kgs selon les conclusions de Furaha et al, 2016. 

             

I.2 MECANISATION AGRICOLE : NOTIONS DE BASE  

I.2.1 Définitions des concepts
a. La mécanisation agricole

La mécanisation agricole selon Pingali et al. (1987) et Holtkamp (1991) recouvre l’emploi des outils et des machines pour la mise en valeur des terres, la production et les techniques post-récolte.

A ce titre elle inclut les trois principales sources d’énergie : humaine, animale et mécanique et s’étend aux services liés à la mécanisation tels que le financement, la fabrication, la distribution, la réparation et l’entretien des matériels agricoles, ainsi que la formation, le conseil et la recherche agricoles.

b. Types de mécanisation agricole

La production agricole et le transport dans les régions rurales requièrent de l’énergie dont les sources qui nous intéressent sont triples: l’énergie humaine, l’énergie animale, et l’énergie fournie par les engins à moteur, le choix entre ces sources d’énergie étant essentiellement circonstanciel. Ces trois sources d’énergie peuvent être complémentaires et coexister au sein d’un même foyer, d’une même exploitation ou d’une même communauté rurale (CTA, 1997)

Ces trois sources d’énergie définissent les trois types de mécanisation, entre autre la mécanisation humaine, la mécanisation animale et la mécanisation motorisée  (Havard, 1996).

c. Rôles de la mécanisation agricole

Les agriculteurs ont de bonnes raisons de vouloir mécaniser leurs activités : produire plus pour un même travail et/ou accroitre les superficies qu’ils cultivent, répondre à une trop forte demande de travail et en réduire la pénibilité ou respecter le calendrier cultural (CTA, 1997).

Les machines agricoles ont révolutionné l’agriculture, et continuent de le faire aujourd’hui encore. La mécanisation agricole (MA) constitue un pilier central et indispensable à l’amélioration de l’efficacité et de la productivité de ces activités dans la mesure où elle détermine en grande partie l’efficacité et la productivité de tous les autres éléments utilisés pour la culture, tels que les semences, les engrais, l’eau, le travail et le temps. En résumé, l’agriculture moderne n’existerait pas sans les machines de pointe (CEMA, 2014).

I.2.2 Mécanisation agricole : solution pour l’amélioration de l’agriculture

Il y a 30 ans, un paysan africain devait nourrir en moyenne deux personnes ; désormais, la modification très rapide du rapport entre population rurale et population urbaine nécessite, si l’on vise sinon l’autosuffisance, ou du moins une certaine sécurité alimentaire, que ce même paysan puisse nourrir 4 à 5 personnes. Pour ce faire il est nécessaire d’augmenter la productivité du travail des paysans africains ; cela n’est guère possible tant que l’agriculture restera majoritairement manuelle (Jouve, 2009). Cependant, la traction animale continue de se développer dans les zones favorables, tandis que l’utilisation des tracteurs et des motoculteurs reste marginale (Havard et Side, 2015). La Figure 2

Figure 2 (Mazoyer et Roudart, 2009) nous montre l’évolution des surfaces emblavées et du rendement céréaliers en fonction des types de mécanisation 

Figure 2: Evolution de la superficie emblavée et du rendement céréalière selon les types de mécanisation utilisée 

Les engins agricoles motorisés permettent d’emblaver de grandes étendues de terres et de produire plus. A l’échelle mondiale, la productivité du travail agricole a augmenté du fait de la croissance des rendements des cultures, mais aussi grâce à la hausse de la surface exploitée par agriculteur, liée à la motorisation et la mécanisation (Mazoyer et Roudart, 2009).

Le développement de la riziculture aussi bien dans les zones irriguées qu’en culture pluviale a entraîné des besoins croissants de mécanisation en amont et en aval de la production (Lhoste et Havard, 2004). 

Cependant, les petits agriculteurs (en particulier les femmes qui sont les plus grands investisseurs dans l’agriculture africaine) n’ont pas suffisamment accès aux connaissances et au capital nécessaire et demeurent donc marginalisés. La majorité des jeunes africains ne perçoivent pas d’avenir viable dans l’agriculture (FARA, 2011). C’est ainsi que la stratégie de mécanisation agricole (SMA) du Mali se fixe comme objectif de développer des mécanismes permettant de réduire le coût de fabrication des équipements agricoles (Houmy, 2008).

Les études du CYMMIT et KENDAT au Kenya sur la mécanisation ont montré qu’elle est encore plus basse. Plusieurs agriculteurs ont accès au tracteur par location. Et, ces derniers utilisent des engins à quatre pneus. Les experts ont montré que la vente de petits tracteurs à deux pneus serait une bonne alternative pour augmenter les superficies emblavées (Mutua et al, 2015).

I.2.3 Analyse des politiques de mécanisation agricole en RD Congo
Le programme national de motorisation de la RDC de 2008

Figure 3  ci-dessous résume les clauses du programme de mécanisation de la RDC.

 

Figure 3:Activités, résultats et effets attendus du programme de mécanisation agricole en RDC

Le but recherché est d’augmenter les surfaces cultivées, les rendements des cultures et subséquemment la production agricole dans les campagnes pour leur approvisionnement et celui des villes. La création de valeur ajoutée enrichira les campagnes ; la conservation, le stockage, la transformation des produits agricoles en produits de consommation créera des entreprises agroalimentaires en milieu urbain et périurbain ; et en finale, réduira les importations agro-alimentaires et le poids qu’elles font peser sur la balance des paiements et sur le coût de change de la monnaie.

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