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INTRODUCTION

La majorité des pays d’Afrique Subsaharienne (ASS) ont une économie dominée par le secteur agricole jusqu’à 50% du produit intérieur brut (PIB) et contribue pour plus de 80% aux échanges commerciaux en valeur et plus de 50% des matières premières pour les industries (FAO, 2009).

Dans cette région, l’agriculture familiale représente plus de 75% des exploitations et procure l’essentiel des revenus des populations rurales (Alpha et Castellanet, 2007). 

Depuis pratiquement un siècle, les expériences de mécanisation de l’agriculture familiale ont eu des résultats mitigés en Afrique (Side and Havard, 2014). Après deux décennies sans actions majeures dans le secteur de la mécanisation agricole, de nombreux gouvernements réinvestissent dans ce secteur suite à la crise alimentaire de 2008. Ils mettent l’accent sur la modernisation de l’agriculture en faisant recours à la motorisation (Havard and Side, 2013).

Le gouvernement de la RD Congo, un pays comptant plus de 80 millions d’hectares arables dont seulement 10% sont mises en valeur (Baku, 2009), a aussi adopté cette politique de modernisation de l’agriculture en achetant plus de 4000 tracteurs et leurs accessoires (Minagri RDC, 2009).  La RDC est un pays essentiellement agricole, avec une superficie totale de 2.345.000 Km2 dont environ 35% sont aptes aux activités agricoles (Lunze, 2013). Ses terres arables sont estimées à plus de 80 Millions d’hectares dont 4 millions sont irrigables (SNDR, 2013), avec des conditions climatiques favorables à l’agriculture (température moyenne variant entre 24°C et 26°C, pluviométrie moyenne (800 - 2000 mm) et humidité relative ≥ 70% même pendant la saison sèche) (PNUD, 2010). Ce pays est propice à la production du riz irrigué comme celui de montagne car une gamme des cultures vivrières et industrielles s’y adapte facilement.

Le riz, l’un des quatre aliments de base de la population congolaise, est très important dans ce pays et est fortement consommé : la consommation annuelle moyenne est de 6 à 7 kg de riz blanc par personne au Congo (Sassa, 2011).  La présence des zones de production rizicole de part et d’autre de la ligne de l’équateur devrait, en principe, permettre d’assurer une production suffisante à un approvisionnement régulier des centres de consommation. Outre les grandes zones productrices bien connues, toutes les provinces du pays sont aptes à produire cette denrée (SNDR, 2013). Cela n’empêche que  la RDC, pour parvenir à nourrir ses habitants, recourt à l’extérieur (Balika, 2012). Les chiffres répertoriés varient énormément d’année en année, mais c’est un secret public que des quantités importantes entrent le pays par des voies illégales, ce qui fausse évidemment les statistiques officielles. La dépendance du riz importé doit se situer autour de 50% (Godfroid, 2015).

A l’Est de la RDC, la riziculture se pratique essentiellement au Sud-Kivu et au Maniema (Bisimwa, 2010). Avec son climat tropical chaud, une basse altitude de 800m, une température moyenne variant entre 17°C et 30°C ; le riz ayant son optimum de température entre 25 et 30oC (Anonyme, 2003) et ses potentiels hydrologiques, la plaine de la Ruzizi est une zone stratégique de production du riz dans la Province du Sud- Kivu en RDC (Furaha, 2016). Malgré cela, la plus grande quantité de riz  consommée au Sud-Kivu provient de l’étranger, particulièrement du Pakistan, de la Chine, de l’Indonésie, de la Thaïlande et du Vietnam (Bisimwa, 2010).   Cela car l’offre locale  n’étant pas à même de couvrir les besoins de la demande (SNDR, 2013).

La plaine de la Ruzizi dans sa partie congolaise, n’est exploitée qu’à 22,4%, soit 3142,6 ha sur les 14000ha disponibles (Furaha, 2016). L’accès à des sources d’énergie appropriée facilite la réalisation d’opérations exigeantes en énergie comme des travaux du sol, permet d’accroître les superficies cultivées et de favoriser le travail humain libéré à des tâches moins pénibles ou plus productives (Havard et Side, 2013). Les trois sources d’énergie décrite par Clarke et Bishop en 2002, présentes dans ce milieu, donnent lieu à trois systèmes de culture du riz dans la plaine de la Ruzizi : la riziculture à mécanisation manuelle, la riziculture à mécanisation animale et la riziculture à mécanisation motorisée.

Les études de CRONGD en 2012 ont montré l’augmentation des rendements due par la distribution des engins motorisés (par le programme national de mécanisation agricole par lequel 278 tracteurs ont été affecté au Sud-Kivu (GRONGD, 2009)). Entre 2010 (avant l’affectation des tracteurs) et 2011 (après l’affectation des tracteurs), la production agricole globale est passée de 239414 tonnes à 387181 tonnes, soit une augmentation de 61.7% grâce à la motorisation.

CRONGD montre en 2012 que la motorisation dans les exploitations de la plaine de Ruzizi et les superficies exploitées sont proportionnelles et que le labour motorisé entraine des rendements agricoles plus importants comparativement au labour manuel.

En 2016, Mulala, en travaillant sur l’impact du programme de motorisation de 2008 sur la production des filières céréalières dans la plaine de la Ruzizi montre que la motorisation entraine une augmentation de la production des céréales et elle est plus rentable que la mécanisation manuelle.

Cependant, aucune étude n’a, jusque-là, comparé la rentabilité de cette culture en fonction des types de mécanisation. C’est ainsi que nous nous sommes fixés comme hypothèses que la rentabilité des paysans utilisant la mécanisation motorisée serait plus élevée que de celle de ceuxlà usant de la traction animale et celle-ci plus avantageuse que celle de leurs compatriotes de la mécanisation manuelle. L’aboutissement de ce travail scientifique est la détermination du niveau de mécanisation propice pour les riziculteurs de la plaine de la Ruzizi selon leurs potentiels.  Le premier chapitre est consacré à la revue de la littérature portant sur la rentabilité de la riziculture. Le deuxième chapitre portera sur la méthodologie utilisée pour aboutir aux résultats. Il décrira les milieux d’étude et les méthodes appliquées. Le troisième chapitre est consacré aux analyses des résultats et à leurs interprétations. Une brève conclusion viendra clore cette œuvre. 

                       

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