Le graphique 2 présente la variation de l’humidité prélevée à différents stades de croissance de la plante :
Fig. 2: comparaison des différences humidités en fonction des différentes techniques de gestion de l’eau du sol
Le Tied Ridges permet de conserver l’humidité du sol que les autres techniques RWH (fig. 2). Le paillage aussi a eu des effets sur la teneur en eau du sol et en fonction des techniques RWH. Au stade 12 feuilles l’humidité était légèrement élevé sur le sol sans paille par rapport au sol avec paille soit 8 ,74% contre 11,77 pour la technique locale et 14,84 contre 15,32 pour le Tied Ridges. Pour le Zaï, il y a eu une réduction de l’humidité de 13,52% et 12,71%.
Au stade floraison, l’humidité était élevée sur le sol paillé par rapport au sol sans paille soit 13, 48% contre 10,38% pour la technique locale, 21,99% contre 19,78% pour Tied Ridges et 17,50% contre 15,82 % pour le Zaï. La même tendance s’est observée au stade de maturité.
Ainsi, le Tied Ridges a réalisé une teneur en eau supérieur aux autres techniques pendant la durée de l‘expérimentation.
Le graphique 3 présente la variation de l’humidité en fonction de la profondeur et la technique RWH.
Fig.3: L’humidité du sol sur les différentes techniques à des différentes profondeurs au stade 12 feuilles
Dans les dix premiers centimètres du sol, l’humidité était plus élevée sous Zaï et sous billons cloisonnés (17,43% et 17,95%). Pour le billon cloisonné, l’humidité a été réduite entre 20 et 40 cm pour augmenter encore à 50cm de profondeur. Pour le labour local une légère augmentation a été visible dans les 10 à 40 cm pour décroitre à 50cm de profondeur.
La variation de humidité du sol sur les différentes techniques et à des différentes profondeurs au stade de floraison est présentée par la figure 4.
Fig.4: Variation de l’humidité du sol à différentes profondeurs au stade de floraison
En période de floraison, l’humidité du sol sous billon cloisonné a augmenté et était plus élevé que dans d’autres techniques. Pour le Zaï, la teneur en eau a diminué jusqu’à 40cm de profondeur pour encore augmenter à 50 cm. Cette variation en fonction de la profondeur n’était pas statistiquement significative. .
La variation de humidité du sol sur les différentes techniques et à des différentes profondeurs au stade de maturité se présente à la figure 5.
Fig.5: Variation de l’humidité du sol à différentes profondeurs au stade de maturité
En analysant la figure 5, on remarque que l’humidité à la maturité (remplissement des graines) a varié en fonction des différentes techniques RWH et différentes profondeurs. L’humidité était plus élevée dans le tied ridges (20,88%) par rapport aux autres techniques (16,66% pour le Zaï et 16,49% pour le labour traditionnel). Pour toutes les techniques, l’humidité augmentait de entre 10 et 40 cm de profondeur dans le sol. Dans les dix premiers centimètres du sol, l’humidité n’a pas varié pour le Zaï et le Tied Ridges soit 19,41% contre 19,58%.
Quand on se réfère aux résultats de l’état énergétique de l’eau dans le sol présenté dans le tableau 3, il se dégage facilement que différentes humidité récoltés au terrain étaient dans le seuil d’absorption mais leur disponibilité était variable. Le tied ridges a montré une grande disponibilité car étant toujours supérieurs aux valeurs de la capacité au champ et inferieur à la valeur du point de saturation. Les valeurs de l’humidité dans la pratique de labour locale étaient rapprochés plus de la valeur au point de flétrissement c'est-à-dire le maïs sous cette technique courrait plus le risque d’être en stress hydrique que le maïs sous d’autres techniques comme le billon cloisonné et le Zaï.
Tableau 4: les données de l’infiltration, du point de fleurissement, de la capacité au champ et du point de saturation de l’eau
Infiltration par mois |
point de fleurissement |
capacité au champ |
point de saturation |
|
Local |
2700 |
7,68 |
14,03 |
40,2 |
Zaï |
1440 |
7,68 |
14,03 |
40,2 |
Tide ridges |
477 |
7,68 |
14,03 |
40,2 |
Le tableau suivant présente les résultats de l’analyse de la variance des différentes humidités en fonction des techniques de gestion de l’eau du sol et de la profondeur du sol
Tableau 5: Résumé de l’ANOVA des différentes humidités du sol au par rapport aux techniques et aux différentes profondeurs
Source de variation |
Humidité 1 |
Humidité 2 |
Humidité 3 |
||||
Dl |
CM |
Pr |
CM |
Pr |
CM |
Pr |
|
Profondeur |
1 |
0.4 |
0.9459 |
4.3 |
0.765 |
7.4 |
0.634 |
Technique |
2 |
352.2 |
0.0111 |
2126.6 |
2.91e-16 |
1202.8 |
6.24e-11 |
Profondeurs: technique |
2 |
80.2 |
0.0351 |
59.4 |
0.0293 |
111.4 |
0.0452 |
Les résultats du tableau 5 montrent que l’humidité du sol n’a pas varié en fonction de la profondeur du sol tout au long de l’expérimentation; l’humidité à différentes stades de culture a varié significativement par rapport aux différentes techniques de gestion de l’eau. Par contre l’interaction entre la profondeur du sol et les techniques de gestion de l’eau du sol a montré des différences significatives.
|
|
Figure 6 : Représentation graphique de la corrélation de l’humidité du sol à différentes profondeurs en fonction de la technologie.
Il s’observe de cette corrélation que l’humidité variait en fonction de la profondeur des différentes techniques RWH. La profondeur racinaire a varié en fonction de l’humidité et de la profondeur. Si l’on considère l’humidité sur le plan technique, les techniques RWH concentrent l’eau de pluie et de ruissellement, ce qui rend les récoltes moins sensibles aux périodes de sécheresse.
Les moyennes de la capacité de stockage, de la réserve utile et de l’efficience de conservation de l’eau par rapport aux différentes techniques ainsi que l’effet de la paille sont présentées à la figure 7.
Fig.7 : Les moyennes de la capacité de stockage et de l’efficience de conservation de l’eau par rapport aux différentes techniques ainsi que l’effet de la paille
La technique de billons cloisonnés avait une capacité de stockage (218,6mm) et une efficience de conservation de l’eau (13.602%) plus élevées que les autres techniques. L’apport du mulch a permis d’augmenter l’efficience de conservation de l’humidité du sol mais a occasionné une légère diminution de la capacité de stockage dans presque toutes les techniques RWH.
Le tableau 6 représente l’analyse de la variance de la capacité de stockage sur ses différentes techniques par rapport aux différents traitements.
Tableau 6 : Les moyennes de la capacité de stockage, de l’efficience de conservation de l’humidité et de la quantité total de l’eau disponible
SC |
EMC |
Normes SC |
|
Local |
148,77 |
9,98 |
Faible à moyenne |
avec Mulch |
126,80 |
13,32 |
Faible à moyenne |
sans Mulch |
170,73 |
6,64 |
Moyenne |
Tied Ridges |
218,63 |
13,60 |
Moyenne |
avec Mulch |
215,15 |
16,23 |
Moyenne |
sans Mulch |
222,12 |
10,98 |
Moyenne |
Zaï |
190,16 |
9,75 |
Moyenne |
avec Mulch |
196,04 |
10,38 |
Moyenne |
sans Mulch |
184,29 |
9,12 |
Moyenne |
Total général |
185,85 |
11,11 |
Moyenne |
Les normes ont été définies par Laroche (1997)
Si l’on se réfère à la classification de la capacité de stockage proposé par Laroche (1997), on constate que le Tied ridge et le Zaï ont une capacité de stockage moyenne alors que la pratique de labour local a une capacité de stockage variant du faible à la CS moyenne.
Tableau 7: Résumé de l’ANOVA de la capacité de stockage de l’eau, de la réserve utile et de l’efficience de conservation de l’eau dans les différents traitements
Source de variation |
SC |
EMC |
|||
Dl |
CM |
Pr |
CM |
Pr |
|
Fertilisation |
1 |
63903 |
0.007080 |
21.2 |
0.456050 |
Paillage |
1 |
7668 |
0.345934 |
869.1 |
3.96e-06 |
Profondeur |
1 |
74 |
0.926052 |
145.8 |
0.051842 |
techniques |
2 |
74056 |
0.000278 |
280.7 |
0.000858 |
Pour l’efficience de la conservation de l’eau, le tableau 7 montre que l’effet du paillage ainsi que les techniques de gestion de l’eau du sol ont influencées l’efficience de conservation de l’humidité de façon hautement significative ; cependant les facteurs fertilisants, ainsi que les différentes profondeurs n’ont pas influencés la conservation de l’humidité. La comparaison des moyennes de la capacité de stockage de l’eau du sol par les différentes techniques est présentée au tableau 8.
Tableau 8: la comparaison de moyennes de la capacité de stockage de l’eau, de la réserve utile et de l’efficience de conservation de l’eau par rapport aux différentes techniques
Source de variation |
SC |
EMC |
||
diff |
p adj |
diff |
p adj |
|
Tied Ridges -local |
69.86676 |
0.0079005 |
3.625591 |
0.0229101 |
zaï-local |
41.39608 |
0.1742805 |
-0.230592 |
0.9843119 |
zaï-Tied Ridges |
-28.47067 |
0.4345439 |
-3.856183 |
0.0142095 |
Le tableau 8 nous montre que la technique des billons cloisonnés a obtenus une différence de moyenne de la capacité de stockage significative par rapport à la pratique de labour traditionnel, mais les variations des moyennes de billons cloisonnés n’est pas significatif par rapport au zaï; la technique du zaï n’a pas présenté des différences significatives par rapport a la technique local.
Nous avons observé également que la technique de Tied Ridges a réalisé les moyennes sur l’efficience de conservation de l’eau s’écartant de façon significative des moyennes réalisées par la pratique de labour locale et celle de zaï; la technique de zaï n’a pas présenté des écarts significatifs par rapport à la pratique locale.
Le tableau 9 présente les moyennes des longueurs et poids des racines par rapport aux différents traitements.
Tableau 9 : Résumé de l’ANOVA du poids des racines par rapport aux différents traitements.
Source de variation |
Poids des racines |
||
Dl |
CM |
Pr |
|
fertilisation |
1 |
10847 |
< 2e-16 |
Paillage |
1 |
860 |
5.47e-07 |
techniques |
2 |
1259 |
9.54e-15 |
Les poids des racines ont variés avec la fertilisation, la technique et le paillage de façon hautement significative.
La comparaison des moyennes des différentes techniques est reprise dans le tableau 10.
Tableau 10: la comparaison de moyennes du poids des racines par rapport aux différentes techniques
Source de variation |
Poids |
|
diff |
p adj |
|
Tied Ridges -local |
8.0875000 |
0.0000789 |
zaï-local |
0.3183333 |
0.9842360 |
zaï-Tied Ridges |
-7.7691667 |
0.0001559 |
La technique des billons cloisonnés a donné le poids des racines le plus élevés par rapport au zaï et au témoin. Entre le zaï et la pratique de labour traditionnel les différences des moyennes n’ont pas été significatives.
Le poids des racines a été influencé par la capacité de stockage de l’eau dans le sol (P=0.001923), mais il n’existe pas de corrélation entre le poids racinaire et l’efficience de conservation de l’eau (P=0.857).
Le graphique 8 représente la comparaison des rendements par rapport aux des différents traitements appliqués.
Fig.8 : Les moyennes des rendements par rapport aux des différents facteurs
L’analyse de la variance (ANOVA) a montré des différences significatives entre les différentes techniques de gestion de l’eau (RWH) sur le rendement du maïs (P<0.01). Le Tied Ridge ou billon cloisonné a donné le rendement le plus élevé (1861,84 Kg /ha). Cette technique qui a permis un bon développement des racines et de ce fait conduit à l’amélioration de la stabilité nutritionnelle de la plante convient à la rétention de l’eau pendant les périodes de stress hydrique.
Le Zaï a donné un rendement (1277.01kg/ha) plus bas par rapport au billon cloisonné (1861,84 Kg /ha) mais qui était comparable à celui de la technique locale (1268, 88 kg/ha) considéré comme témoin (tableau 11).
Le zaï n’a pas amélioré le rendement du fait que lorsqu’on creuse des digues, la couche arable est décapée et la plante ne bénéficie que de peu d’éléments nutritifs, ce qui fait que même si les digues permettent de retenir l’eau, les racines seront étouffées, ce qui favorise une faible croissance de la plante et un mauvais rendement.
L’ANOVA a aussi montré des différences hautement significatives (P<0.01) entre les techniques RWH et l’application des fertilisants (tableau 11). Le billon cloisonné combiné au NPK a donné les meilleurs rendements (2540 kg/ha) comparativement au Zaï (1870kg/ha) et le labour traditionnel (1774,48 kg/ha). Les augmentations du rendement lié à l’application des fertilisants sont respectivement de 173%, 132,5% et 114,8% pour le Zaï, le labour traditionnel et le billon cloisonné par rapport aux parcelles n’ayant pas reçu l’engrais. Les techniques de gestion de l’eau utilisées en l’absence de fertilisants ont quant eux augmenté le rendement de 55% et 10% respectivement pour les billons cloisonnés et le Zaï. Cela démontre l’importance d’associer les engrais à la gestion de l’eau en culture de maïs dans des conditions d’humidité de sol limitée.
Tableau 11 : la comparaison des moyennes du rendement
Source de variation |
différence |
p adj |
Tied Ridges -local |
493.77806 |
0.0006199 |
zaï-local |
-48.39644 |
0.9270034 |
zaï-Tied Ridges |
-542.17450 |
0.0001038 |
La capacité de stockage a eu un effet significatif sur le rendement par contre la réserve utile en eau ainsi que l’efficience en conservation en eau n’ont pas des effets de façon significatif sur le rendement du maïs (tableau 12).
Tableau 12: Rendement par rapport à la capacité de stockage, la réserve utile en eau et l’efficience en conservation en eau
Source de variation |
Valeur estimée |
Erreur standard |
T value |
Pvalue |
décision |
interaction |
1.209e+03 |
1.892e+02 |
6.388 |
1.53e-09 |
*** |
SC |
1.175e+00 |
4.715e-01 |
2.492 |
0.0136 |
* |
TAW |
2.116e-02 |
5.999e-01 |
0.035 |
0.9719 |
NS |
EMC |
8.663e+00 |
8.033e+00 |
1.078 |
0.2824 |
NS |
*** : Hautement significative ;** : très significative, * : significative, NS : non significative
La capacité d’apport de chacun de ces paramètres au rendement est représentée par l’équation :
Y= 1.209e+03 +1.175e+00 X2+ 2.116e-02X2+ 8.663e+00X3.
En général, les différentes techniques ont fait variées significativement le rendement, la technique des billons cloisonnés a réalisé les moyennes les plus élevées par rapport aux autres techniques. Le rendement sur le zaï et la technique locale n’a pas réalisé un écart significatif. Cela s’explique par le fait que la technique de Tied Ridges a une grande capacité de gérer l’infiltration et elle permet également un faible compactage du sol dans les billons (Makindu, 2011). Les études effectuées au Burkina Faso par Rodriguez (1986) et dans la plaine de la Ruzizi au Sud-Kivu par Bagula et al. (2013) ont montré également que le billonnage cloisonné permet d’améliorer de façon significative le rendement des cultures faisant passer le rendement du maïs de 500 à 1000 kg/ha. .
Malgré que la technique de zaï arrive à favoriser l’augmentation du rendement dans certains milieux, dans d’autres milieux le zaï est limitée par plusieurs facteurs. Roose et al. (1993) ont montré qu’en pratique le zaï ne peut fonctionner de façon satisfaisante s'il ne pleut pas assez (minimum 400 mm avec une capacité de stockage du sol de 50 mm) ; De même, s'il pleut trop, la culture va souffrir d'engorgement au fond des cuvettes et les nutriments vont être lixiviés. Le zaï n’arrive pas parfois à amélioré le rendement du fait que lorsqu’on creuse des digues, la couche arable est décapée et la plante ne bénéficie que de peu d’éléments nutritifs, ce qui fait que même si les digues permettent de retenir l’eau, les racines seront étouffées, ce qui favorise une faible croissance de la plante et un mauvais rendement. Ndjadi en 2011 souligne également que sans intrants, le faible rendement du zaï par rapport au local est justifié par le fait que la rhizosphère du maïs va correspondre après creusement du zaï à des horizons non superficielles caractérisées généralement par une faible accumulation des réserves minérales dont la plante a besoin pour sa croissance et donc, la gestion de l’eau du sol sans combinaison à une compensation nutritionnelle marque un déséquilibre dans le système d’approvisionnement de la culture.
Les différentes techniques ont fait varier significativement l’humidité du sol, la capacité de stockage de l’eau du sol, la conservation de l’eau du sol. La technique de billons cloisonnés a affiché globalement les moyennes les plus élevées, la technique de zaï s’est comportée presque de la même façon que la pratique de labour traditionnel. Dijksterhuis (1996) et Olufunke (2004) ont montré que la technique de billons cloisonnés augmente la surface d’infiltration du sol, diminue le ruissellement quasi totalement pour les sols et permet une augmentation notable de la disponibilité en eau de 45% au maximum. Dans notre étude, la technique des billons cloisonnés a présenté le plus faible taux d’infiltration expliquait par le fait que les sillons se trouvant entre les billons sont souvent saturés en eaux au cours de la saison culturale à cause de la structure compact du sol à ce niveau (Roose, 1994).
La présence de la paille a permis d’améliorer l’efficience de conservation de l’humidité par le fait qu’elle réduise les pertes d’eau par évaporation et sa décomposition en matière organique offre une propriété physique de gestion de l’eau (Boufaroua et al.,1998).
La quantité maximale de stockage de l’eau disponible à la plante a varié de façon hautement significative par rapport aux différentes profondeurs. Ces résultats s’expliquent par le fait que la quantité d’eau stocké dans le sol est liée au développement du système racinaire. Grâce à une plus rapide et à une meilleure exploitation du sol par les racines, le réservoir d'eau mis à la disposition de la plante est plus important (Nicou, 1979).
Le poids des racines a varié de façon hautement significative par rapport aux différentes techniques de gestion de l’eau utilisée dans l’expérimentation. La technique des billons cloisonnés a réalisé des plus grandes moyennes par rapport aux autres techniques, car la plantation sur les billons permet aux racines de croitre facilement sans résistance au niveau du sol. Makindu (2011) a montré que le billonnage présente des avantages dans l'établissement de la culture à cause du faible compactage du sol au niveau des billons. Chekli en 1991 a signalé également que la profondeur du travail du sol a un effet sur la répartition des racines dans le profil.