Harvey Leibenstein (1922 - 1994) stipule que le rôle majeur d'un entrepreneur est celui de combler les lacunes. Les entrepreneurs doivent avoir la capacité de percevoir où le marché échoue et agir en conséquence en comblant l'écart entre offre et demande. Selon Leibenstein l’entrepreneur cherche à combler les lacunes, il a la capacité de détecter un écart et de le remplir avec les produits appropriés. Cet aspect de l'entrepreneuriat souligné par Leibenstein a fortement influencé la perception actuelle de l'entrepreneur.
D’inspiration "néo-schumpétérienne", cherchant par une conception restrictive, à séparer la routine de l’innovation, Leibenstein (1968, p. 80) considère que l'un des obstacles majeurs à notre compréhension de l'entrepreneur réside dans la théorie de la fonction de production qui est incomplète. Il considère la firme comme une organisation composée d'individus différents entre qui n'existe aucune unanimité à propos d'objectifs. Il propose de distinguer deux aspects dans l’activité d’entreprise : ce qui est de la routine, qui regarde le management, et ce qui est exceptionnel, et qui constitue la véritable fonction d’entrepreneur (Ce qu'il appelle le "N-Entrepreneur)
Peter F. Drucker nous fournit la plus courte définition d'un l'entrepreneur:« Les entrepreneurs innovent. »(Drucker, 1985 b)Il considère donc l'innovation comme l'outil spécifique des entrepreneurs, le moyen par lequel ils exploitent le changement comme une nouvelle opportunité de profit. Encore plus dans la ligne de Say, Drucker voit l'entrepreneur réorienter les ressources des zones de faibles bénéfices aux zones des plus élevés. Dans la poursuite de la hausse des bénéfices, les entrepreneurs créent quelque chose d'unique.
L’entrepreneur vigilent voit le changement comme une norme, aussi saine et comme une occasion de profits futurs. Les entrepreneurs donc cherchent systématiquement le changement. Ils y répondent en introduisant des innovations et générer des revenus.
Tout comme Leibenstein, Drucker perçoit l'entrepreneur à travers le rôle de combler les lacunes. Mais Drucker va encore plus loin que la notion de Leibenstein de combler les lacunes: Drucker stipule que l'entrepreneur doit trouver une lacune et doit la combler avec l'innovation. En conséquence, il nous donne une compréhension approfondie de la façon dont les lacunes émergentes dans les marchés et comment les entrepreneurs vigilent peuvent les détecter et les combler.
Pour Drucker, le changement est à la base de la plupart des lacunes dans les marchés. Ce changement peut avoir des formes différentes, il peut survenir soudainement la nuit ou progressivement sur une longue période de temps. En tout cas, le changement induit de nouveaux problèmes et une nouvelle demande.
L'américain Frank Knight (1885 - 1972) fut le premier à distinguer entre le risque et l'incertitude. Il définit le risque comme étant le hasard avec des probabilités connues et l'incertitude comme étant le hasard avec des probabilités inconnues. Pour Knight, le risque est donc très sensible aux choix rationnels, alors que l'incertitude ne l'est pas. Le risque se réfère à la variabilité des résultats. L’incertitude, en revanche, comprend une probabilité pour laquelle il n'existe aucun motif valable pour le jugement rationnel car il implique le résultat d'un événement unique. (Knight ,1921)
S'il n'y a pas de risque, les rendements sont certains. S'il n'y a pas d'incertitude, les marchés et leurs futures forces motrices peuvent être parfaitement connus - connus de tous. Mais Knight reprend que l'entrepreneur ne fera que faire un profit, à condition qu'il y ait changement et à condition que les conséquences de ce changement ne sont pas prévisibles. Knight définit l’incertitude comme «la nécessité d'agir sur l'opinion plutôt que de la connaissance. »
L’entrepreneuriat renvoie à des situations tellement hétérogènes qu’il est vain de se limiter à une seul définition. Néanmoins, il est possible d’identifier des grandes approches conceptuelles (Fayolle et Verstraete, 2005) pour mieux cerner le phénomène complexe qui est l’entrepreneuriat dans sa globalité.
Selon Shane et Venkataraman, qui définissent l‘entrepreneuriat comme : « processus par lequel des opportunités à créer des produits et des services futurs sont découvertes, évaluées et exploitées. » (2000, p. 18). L‘opportunité est entendue au sens de Casson (1982) : des situations où des nouveaux produits, services, matières premières et méthodes d‘organisation sont introduits et vendus à un prix supérieur à leur coût de production. L‘exemple que nous donnent ces auteurs est celui d‘un individu capable de découvrir des ressources sous-évaluées par des détenteurs qu‘il rachète et combine pour les revendre en produits ou services « surévalués » par des acquéreurs. Aussi, nous pouvons convenir que l‘opportunité est à la base une nouvelle information profitable auquel un individu accède à deux conditions. Premièrement, s‘il détient des connaissances antérieures qui sont complémentaires à cette information et qui permettent de la révéler et deuxièmement, s‘il possède certaines propriétés cognitives pour l‘évaluer. La détention de cette information déclenche une conjoncture ou une vision entrepreneuriale : un projet d‘exploitation de cette opportunité.
Selon une autre conception de l‘émergence organisationnelle, c‘est-à-dire le processus qui conduit à l‘apparition d‘une nouvelle organisation, l‘entrepreneuriat est entendu comme un processus de création d‘une organisation, c‘est-à-dire les activités par lesquelles le créateur (de l‘opportunité) mobilise et combine des ressources(informationnelles, matérielles, humaines, etc.) pour concrétiser l‘opportunité en un projet structuré voire une entité. Sur ce point, il est nécessaire de souligner que la création d‘une organisation n‘est pas synonyme de création d‘une entité. Comme le souligne Verstraete(1997), l‘émergence organisationnelle renvoie à la fois à l‘acte d‘organiser et les formes organisées issues de l‘action : projet, équipe, structure, etc. Dans cette approche, l‘entrepreneur est un stratège capable d‘élaborer une vision entrepreneuriale (Filion, 1997) etun pilote capable de conduire le changement via des actions entrepreneuriales.
Pour Verstraete (2002) l’entrepreneuriat est comme un phénomène organisationnel impulsé par un ou plusieurs individus qui s'associent pour l'occasion. De fait, en permettant la création de formes organisées et collectives, l’entrepreneuriat permet répondre à des problématiques qui sont spécifiques aux gestionnaires
L’autre approche est celle de la dialogique individu/création de valeur que Bruyat(1993) définit comme une dynamique de changement où l‘individu est à la fois acteur de la création de valeur dont il détermine les modalités et objet de la création de valeur, qui par l‘intermédiaire de son support (projet, structure, etc.) l‘investit voire le détermine. S‘inscrivant clairement dans cette approche, Fayolle (2004) définit l‘entrepreneuriat comme situation reliant de façon concomitante, un individu caractérisé par un engagement personnel fort (consommation de temps, argent, énergie, etc.) et un projet ou une organisation émergente ou une organisation « stabilisée » de type entrepreneurial. La valeur créée renvoie aux apports techniques, financiers et personnels que génère l‘organisation impulsée et qui procurent satisfaction à l‘entrepreneur et aux parties prenantes ou intéressées. Pour l‘entrepreneur, il s‘agit de biens financiers et matériels mais aussi d‘autonomie, de pouvoir ou d‘estime de soi entre autres. Pour les clients, il s‘agit de la satisfaction procurée par la consommation du produit et/ou service proposé. Pour les financiers, il s‘ agit de la profitabilité de la structure créée et des gains monétaires effectifs et potentiels.
L’entrepreneuriat peut aussi se définir comme une activité impliquant la découverte, l’évaluation et l’exploitation d’opportunités, dans le but d’introduire de nouveaux biens et services, de nouvelles structures d’organisation, de nouveaux marchés, processus, et matériaux, par des moyens qui, éventuellement, n’existaient pas auparavant. (Yvon Pesqueux, 2011)
Pour Paturel (2007), « l’entrepreneuriat est, à partir d’une idée, l’exploitation d’une opportunité dans le cadre d’une organisation impulsée, créée de toute pièce ou reprise dans un premier temps, puis développée ensuite, par une personne physique seule ou en équipe qui subit un changement important dans sa vie, selon un processus qui aboutit à la création d’une valeur nouvelle ou à l’économie de gaspillage de valeur existante ». Cette définition combine trois autres approches de l’entrepreneuriat en complément des travaux de Fayolle et Verstraete (2005) :
- l’approche par les traits individuels : les caractéristiques de l’entrepreneur sont mises en avant ;
- l’approche par les faits entrepreneuriaux : les compétences entrepreneuriales de l’individu sont étudiées puis évaluées ;
- l’approche par les processus entrepreneuriaux : l’entrepreneuriat est analysé comme un processus amenant à la création d’une nouvelle organisation.
Dans les travaux de Paturel (2007), le projet devient indissociable du concept d’entrepreneuriat : « Etre entrepreneur, c’est prioritairement participer à des activités de projet régulièrement renouvelées et, donc, se projeter dans un avenir selon une vision stratégique donnée ».
De façon empirique, on peut le définir comme une activité liée à la formation de nouvelles entreprises et au self-employment. L’organizing constitue le processus qui conduit l’entrepreneur à créer ou modifier une organisation compte tenu des logiques de marchés et de contexte, logiques qu’il utilisera afin d’exploiter l’opportunité.
L’organizing est un processus incertain car il est mis en œuvre avant que l’information validant le bien-fondé de l’opportunité ne soit disponible et que beaucoup de questions restent en suspens. Il est mis en œuvre à partir des connaissances de l’entrepreneur du fait de son éducation, de ses expériences antérieures, etc. Mais même si les entrepreneurs se basent sur des aspects déjà existants (ils imitent ce que font d’autres entreprises), le processus d’organizing mis en œuvre se réfère à de la créativité. Pour valoriser l’opportunité, l’entrepreneur choisit un mode d’exploitation qui conditionne la dimension de la nouvelle organisation. Il doit aussi définir la forme légale à partir d’un choix entre trois formes (le proprietorship qui est aussi la forme légale par défaut, le partnership et la corporation voire les formes juridiques du stewardship quand il s’agit d’entrepreneuriat institutionnel et social), la taille, la sélection ses employés et les modalités de la relation de travail établie avec eux. Il doit également mettre en place les processus qui permettront de transformer les inputs en outputs.
L’entrepreneuriat repose sur les postulats suivants :
- il requiert l’existence d’opportunités ;
- des différences existent entre les personnes ;
- le rapport au risque (l’entrepreneur est risquophile) ;
- c’est un processus qui tresse des rapports avec des activités d’innovation et d’organisation.
L’entrepreneuriat ne nécessite pas forcément la création d’une nouvelle structure ; il n’est pas non plus forcément le fait d’une seule personne, et il n’est pas fatalement couronné de succès. Les entrepreneurs sont considérés comme des individus capables de construire une activité au regard des changements de la société en trouvant des manières d’exploiter économiquement les opportunités. Ils constituent à ce titre une des figures instituantes en sciences des organisations. (Yvon Pesqueux, 2011)
A notre perception, ces conceptions sont complémentaires car aucune d‘entre elle ne suffit en soi pour qualifier le phénomène entrepreneurial. L‘approche par la création d‘ une opportunité d‘affaires formalise le stade d‘émergence de l‘idée en une opportunité en ayant toutefois une vision trop objectiviste de l‘opportunité comme chose à découvrir. Par contraste, l‘approche par la création d‘une organisation réintroduit l‘action d‘ordonner ou de structurer le réel que suppose tout acte de création sous des multiples formes organisées que sont le modèle d‘affaires, le plan d‘affaires, le prototype de produit et l‘entité créée. Cette approche se focalise davantage sur la phase de montage du projet et de lancement des activités jusqu‘à ce que l‘organisation se stabilise. Une des limites de cette approche est d‘élargir l‘acte entrepreneurial à toute nouvelle action d‘ organiser. Une lacune que l‘approche par la création de valeur compense en réintroduisant un principe essentiel de l‘ entrepreneuriat depuis Schumpeter, celle du degré d‘innovation ou de la valeur crée via l‘organisation impulsée par l‘individu qui est aussi engagé dans une dynamique de changement au niveau personnel. La situation est entrepreneuriale tant qu‘il y a une dynamique de changement concomitant entre l‘individu et les supports de la création de valeur. Les supports de la création de valeur peuvent être considérés comme des formes organisées de l‘acte d‘organiser. La création effective de valeur n‘intervient généralement qu‘au cours du dernier stade : celui d‘une organisation entrepreneuriale stabilisée évaluée par des indicateurs d‘activités, de performance et de résultats.
En ce sens, ces approches peuvent être conciliées en une définition opératoire que nous formulons comme suit : L‘entrepreneuriat est une dynamique de création et d‘exploitation d‘une opportunité d‘affaires par un ou plusieurs individu(s) via la création de création de nouvelles organisations à des fins de création de valeur.( Eric M. LAVIOLETTE et Christophe L.,2005 )
Un bon nombre de chercheurs limitent l’idée de l’entrepreneuriat à la création d’entreprises (Gartner, 1989; 1990). D’autres, comme le montre le tableau suivant, s’arrêtent à divers aspects liés à la création d’entreprises, mais aussi à leur évolution. On peut remonter un peu plus loin dans le temps pour retrouver différentes notions associées à ce concept. Tout au début du XVIIe siècle, Olivier de Serre proposait sa discussion sur les règles de bonne gestion d’une ferme. Cantillon, au XVIIIe siècle, était l’un des premiers à parler directement de l’entrepreneur selon la définition moderne[1]. Les notions abordées touchent, par exemple, la mobilisation et l’organisation de ressources, la prise de risque ou la capacité de faire face à l’incertitude, la production de biens et services, l’innovation et le changement, la recherche d’opportunités d’affaires et, finalement, la création de valeur nouvelle ou l’innovation (Bruyat etJulien, 2000; Commission européenne, 2003; Caree et Thurik, 2005).
Tableaux 1 : Les fondements du concept d’entrepreneuriat
Comme le montre le tableau ci-dessus, les chercheurs en entrepreneuriat s’interrogent sur les fondements théoriques et paradigmatiques de leur discipline (Jaziri, 2009). Plusieurs auteurs qualifient la recherche en entrepreneuriat de « pré paradigmatique» (Carsrud&Brännback, 2009). Suivant le modèle épistémologique développé par Kuhn (1962), il manquerait alors « un cadre unificateurs scellant la recherche dans une véritable accumulation de la connaissance » (Fayolle & Verstraete, 2005). Par exemple, Low (2001) situe l’entrepreneuriat à un stade d’adolescent. A l’inverse, d’auteurs chercheurs défendent une vision multi paradigmatique de l’entrepreneuriat (Fayolle & Verstraete, 2005 ; Messeghem, 2006). L’entrepreneuriat serait tellement multi facette et complexe qu’il ne pourrait se réduire à un seul paradigme (Verstraete, 1999 ; Jaziri, 2009).
Cependant, il reste quelques dénominateurs communs (Valéau, Cimper&Filion, 2004, p.8) : l’entrepreneuriat peut être défini comme un « ensemble d’activités associées à la création et au développement d’une entreprise ». L’entrepreneuriat est également considéré par un grand nombre d’auteurs comme un processus (Filion, 1991 ; Gartner, 1993 ; Shane &Venkataraman, 2000 ; Johannisson, 2003). Hernandez et Marco (2006, p.9) définissent l’entrepreneur « comme l’initiateur d’un processus complexe de détection et d’exploitation d’opportunités ». Pour les auteurs (2006, p.21), l’entrepreneuriat est « mouvement, état d’esprit, chemin plus que destination. Il peut cesser bien avant la date fatidique des trois ans, ou se poursuivre bien au-delà ». Pour Bygrave et Hofer (1991, p.14), un processus entrepreneurial comporte toutes les fonctions, activités et actions orientées vers la perception d’opportunité et à la création d’organisation afin de les atteindre.
Tableau 2 : Quelques définitions contemporaines de l’entrepreneuriat
Auteurs |
Définitions |
Bygrave et Hofer(1991, p.14) |
« Un entrepreneur est une personne qui perçoit une opportunité et qui crée une organisation pour la poursuivre ». |
Filion (1991) |
«C’est le processus par lequel des personnes prennent conscience que le fait de posséder leur propre entreprise constitue une option ou une solution viable, ces personnes pensent à des entreprises qu’elles pourraient créer, prennent connaissance de la marche à suivre pour devenir un entrepreneur et se lancent dans la création et le démarrage d’une entreprise ». |
Gartner (1993) |
« L’entrepreneuriat est un processus d’organisation qui conduit à la création d’une nouvelle organisation ». |
Timmons (1994, p.7) |
«L’entrepreneuriat est le processus qui consiste à créer ou saisir une opportunité et à la poursuivre selon les ressources actuellement contrôlées». |
Filion (1997, p.56) |
L’entrepreneuriat est « le champ qui étudie la pratique des entrepreneurs : leurs activités, leurs caractéristiques, les effets économiques et sociaux de leur comportement ainsi que les modes de soutien qui leur sont apportés pour faciliter l'expression d'activités entrepreneuriales ». |
Valéau (2007) |
« L’entrepreneuriat peut être défini comme un ensemble d’activités associées à la création et au développement d’une entreprise ». |
Source : Mohammad H, 2015
Le mot jeune est un concept hautement discuté qui change de sens selon les périodes historiques et les contextes culturels. Différentes sciences ont souvent différentes façons de définir le mot jeunesse ou jeune. La démographie prend en compte l’âge, l’anthropologie met l’accent sur les notions de cadets et d’aînés. La biologie considère le temps de la puberté, la sociologie prend en compte la maturité d’être marier et enfin l’ approche économique met l’accent sur la capacité que l’on a de se prendre en charge.(Isaïe D. et Al, 2013). C’est au début du XXe siècle que la sociologie découvre son intérêt pour la jeunesse. Définie comme période qui s’insère entre l’adolescence et l’âge adulte, la jeunesse constitue cette phase intermédiaire pendant laquelle se joue la socialisation de l’individu. Ce qui explique son importance sociétale et l’intérêt que lui portent les autorités publiques. Cependant, si l’on souhaite établir une photographie fidèle à la réalité de ce que pourraient être « les jeunes », l’analyse se heurte à une multitude d’approches possibles recouvrant des réalités sociales aussi variées qu’hétérogènes : parmi les jeunes, certains sont diplômés du supérieur, d’autres sont sortis du système scolaire sans diplôme, certains sont en couple et ont des enfants, d’autres sont célibataires, certains sont cadres, d’autres ouvriers ou étudiants. Ainsi, « les jeunes » apparaissent sous un visage d’identités multiples directement tributaires des évolutions sociétales qui les affectent.
Une piste d’analyse est de prendre en considération les différentes étapes d’entrée dans la vie adulte. Nos analyses montrent que la tranche d’âge 18-29 ans se révèle une approximation satisfaisante des contours de la jeunesse, permettant de mettre en évidence la spécificité et l’originalité de cette période du cycle de vie. Pleinement revendiquée, cette période de la vie s’est allongée et n’est plus seulement un temps d’attente et d’aspiration à une vie d’adulte. (CREDOC, 2013)
Selon l’Organisation des Nations Unies, la jeunesse est comme une classe d’âge des 15-24 ans, convention statistique largement reconnue. (ONU, 1992.) Toutefois, des différences subsistent dans la manière dont plusieurs programmes statistiques nationaux définissent et mesurent la jeunesse.
Les définitions de la « jeunesse » sont partiellement fondées sur la finalité de la mesure. Si l’objectif est de mesurer la tranche d’âge dans laquelle on est censé intégrer le marché du travail, alors la définition statistique des 15-24 ans pourrait ne plus être valable, car de nos jours, de plus en plus de jeunes reportent leur entrée sur le marché du travail bien au-delà de l’âge de 25 ans. Inversement, si l’on vise une classification plus large de la jeunesse selon ses caractéristiques (par opposition à une définition fondée simplement sur l’âge), une vision plus sociologique du « jeune » s’impose. Par exemple, on pourrait souhaiter définir la « jeunesse » comme étant la phase de transition entre l’enfance et l’âge adulte, auquel cas l’âge du début de cette transition varierait sensiblement selon les sociétés et au sein d’une même société. Vue comme une étape critique de la vie, l’âge indiqué pourrait être aussi jeune que 10 ans (exemple : les enfants de la rue) ou aussi vieux que la trentaine avancée. L’extension de cette tranche d’âge laisse penser que le processus d’obtention d’un moyen de subsistance, s’il est considéré comme le critère de base du passage à la prochaine étape de la vie, à savoir l’âge adulte, peut nécessiter beaucoup de temps, surtout dans les sociétés pauvres. (Curtain, 2002).
Cependant, la définition adoptée par d’autres organisations et des Gouvernements nationaux diffèrent largement d’un pays à un autre. En Afrique, le mot jeune désigne des gens entre 15 ou 18 à 35 ans (Gough et al, 2013).
Dans notre étude nous avons ciblé les jeunes dont la tranche d’âgés varie de 18 à 35 ans.
L’étudiant est « une personne qui fait des études supérieures et suit les cours d’une université, d’une grande école » selon le dictionnaire ROBERT 2013.
Selon l’Institut National de la Statistique et des études économique(INSEE), Un étudiant est une personne inscrite dans un établissement d'enseignement post-secondaire (relevant ou non de l'enseignement supérieur).
Pour l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), Un étudiant est une personne qui suit de manière régulière une formation d'enseignement post-secondaire.
Pour ce qui est du dictionnaire économique (R. THOMIK, 1963), un étudiant est un ouvrier, selon le mot propre à l’auteur, un étudiant est définit comme un «werkstudent » en anglais
Cette section résume quelques études empiriques par rapport au sujet de notre recherche. Au vu de notre travail, nous allons partir de l’intention de la création d’entreprise pour aboutir à l’acte de la création, deux approches différentes dans l’étude de l’entrepreneuriat. Et dans notre revue empirique, nous nous sommes intéressés aux études qui abordent ces deux approches, c’est-à-dire de l’intention à l’acte qui sont nos points essentiels ou principaux dans notre étude. Néanmoins, nous pouvons dire qu’il y a plusieurs études qui s’intéressent à l’intention entrepreneuriale que sur l’acte entrepreneuriale.
Dans une étude sur les déterminants de l’intention entrepreneuriale des jeunes diplômés, l’auteur Ali MAÂLEJ(2013) s’intéresse plus particulièrement à l’intention entrepreneuriale dans une population estudiantine qu’il aborde d’une manière globale. Il souligne que l’acte entrepreneurial reste encore une démarche professionnelle très marginale chez les étudiants, en ce sens il mentionne qu’il existe un débat sur l’intention et les actes entrepreneuriaux. En effet, l’intention n’est pas toujours l’acte, et elle n’est d’ailleurs pas un préalable à cette action.
Pour mener sa recherche, il utilise les modèles d’intention comme ceux de la théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991) en psychologie sociale et le modèle de l'événement entrepreneurial de Shapero (Shapero et Sokol, 1982) en entrepreneuriat.
Il faut dire que la théorie d’Ajzen (1991) postule que l’intention d’un individu est déterminée par trois éléments que sont son attitude à l’égard du comportement concerné, sa perception des normes sociales et le contrôle qu’il pense avoir sur la situation.
En ce qui concerne ces résultats, il a utilisé 12 items décrivant les diverses caractéristiques de l’intention entrepreneuriale, dont 2 énoncent les attitudes associées au comportement,6 mesurent les normes subjectives ou sociales et 4 mesurent les perceptions du contrôle comportemental. Il est question ici que l’étudiant s’exprime sur sa perception de ces items tant pour la qualité de sa vie professionnelle future que pour la qualité de vie dans la carrière d’un entrepreneur.
Apres, il a appliqué la méthode de l’analyse en composantes principales afin de réduire les items utilisés pour chacun des 3 éléments.
Pour parvenir à dire que les facteurs 1 et 2 sont les variables déterminantes de l’intention, c’est-à-dire pour le facteur 1 l’intention entrepreneuriale s’accroît lorsque les attitudes associées au comportement de l’étudiant s’améliorent ; pour le facteur 2 les normes sociales influent sur l’intention entrepreneuriale. L’effet du troisième facteur a un effet non significatif sur l’intention entrepreneuriale. Ceci est en contradiction avec plusieurs autres travaux qui montrent que les individus qui ont des parents chefs d’entreprises, ou exerçant une activité de travailleur indépendant, seraient plus à même de créer des entreprises ou du moins d’en présenter l’intention, ceci pour deux raisons essentielles : d’abord parce que les fournisseurs, ayant des liens de parenté avec le créateur, peuvent lui accorder des facilités de paiement, ensuite parce que les prêts accordés par les parents forment un bon réconfort au créateur.
Filion et al. (2003) ont réalisé une recherche afin de mieux savoir les perceptions des 487 étudiants de l’Université de Montréal et de ses écoles affiliées vis-à-vis de l’entrepreneuriat comme projet de carrière. Les résultats obtenus montrent que plus de 50% des étudiants ont l’intention de créer une entreprise. Selon les auteurs, « la perception qui y est associée apparaît être celle qui permet plus d’indépendance, qui donne la possibilité de gérer sa vie de travail selon ses croyances, ses besoins et ses valeurs propres. La raison la plus souvent évoquée pour expliquer cette intention est qu’ils croient pouvoir mieux se réaliser en choisissant l’avenue entrepreneuriale ». Par ailleurs, malgré cette intention, plus de 70% ignorent la présence des centres d’entrepreneuriat dans leurs institutions universitaires ainsi que les services offerts.
Pour Boissin Jean-Pierre, Émin Sandrine, Herbert James I. (2007) dans leur recherche qui avait comme sujet : Les étudiants et la création d’entreprise - une étude comparée France / Etats-Unis ont essayé d’analyser les différences de sensibilité envers la création d’entreprise, d’étudiants Etats-Uniens et français. Leur recherche avait comme objectif de mesure leurs intentions de créer une entreprise mais aussi leurs attitudes envers la création d’une entreprise, leurs perceptions des normes sociales et leur sentiment de capacité à mener un processus entrepreneurial, et compare leurs croyances en vue d'identifier ce qui les distingue. Plus précisément, les valeurs professionnelles des étudiants, leurs visions de l'entrepreneuriat, leurs degrés de confiance en leurs capacités à mener à bien les tâches jugées critiques pour la réussite d'un processus entrepreneurial.
Leur résultat montre que : l'origine des étudiants n'a pas d'effet significatif sur leur intention de créer une entreprise ; Environ la moitié des étudiants états-uniens ont la volonté de s'investir dans une création d'entreprise c'est-à-dire 44.8% d'entre eux ont l'intention de se lancer dans un tel projet, en France ils ne sont que 20,8% ; les étudiants états-uniens comme les français sont plutôt attirés par la création d'une entreprise (respectivement 76,4% et 65,6%) ; on peut noter que les étudiants états-uniens jugent très probable que la création d'une entreprise leur procure du pouvoir, des responsabilités, l'atteinte de leurs rêves, et la possibilité de mettre en œuvre leur créativité. Selon eux, être chef d'entreprise leur permettra moyennement d'être autonomes ou d'être rémunérés en fonction de leur engagement ou d'avoir du temps libre et un revenu fixe (contrairement aux français qui le jugent improbable). En revanche, tout comme les français, il leur paraît improbable d'avoir peu de responsabilité, un travail simple et non stressant et de travailler peu s'ils se lancent dans une carrière entrepreneuriale.
En définitive, leurs résultats montrent que la norme sociale n’a pas d’effet significatif direct sur l’intention d'entreprendre, les hommes sensibilisés à l'entrepreneuriat et issus d'une famille dont un frère ou une sœur est entrepreneurs, ont les plus souvent entreprenant ; plus le niveau d'étude est élevé plus les étudiants se sentent capables de créer; créer une entreprise permettrait à l'individu de prendre des responsabilités coûterait plus de stress et moins de temps libre. De façon générale, les états-uniens sont bien plus entreprenants que les français et plus confiants en leur capacité à créer.
Pour Krueger, Reilly et Carsrud(2000) qui ont appliqué la théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991) sur un échantillon de 97 anciens étudiants Etats-Uniens en école de commerce faisant face à un choix de carrière au moment de l’étude, la faisabilité (p<.005) a plus d’influence sur l’intention d’entreprendre des étudiants que les attitudes comportementales. En revanche, les normes sociales sont significativement non corrélées avec l’intention de créer une entreprise chez les étudiants. Ce résultat est contraire à celui de Kolvereid (1996), qui obtient un impact significatif de la pression sociale sur l’intention.
L’étude d’Emin (2003) auprès de plus de sept cent chercheurs publics, montrent que le modèle d’Ajzen (1991) est pertinent pour prédire l’intention entrepreneuriale en milieu académique. Les résultats de cette recherche révèlent que le désir de créer une entreprise et la faisabilité perçue sont des déterminants de l’intention, ce qui n’est pas le cas des normes sociales. Un autre résultat nous interpelle, il réside dans le fait que les normes sociales perçues ont un impact indirect de parleur influence sur le désir de créer une entreprise. Ce résultat indique l’effet médiateur du désir d’agir dans la relation « norme sociale-intention ». Cela sous-tend que la norme sociale est considérée non pas comme un antécédent direct de l’intention mais plutôt comme un déterminant du désir d’agir.
Dans une étude sur un échantillon d’étudiants norvégiens, Kolvereid (1996) constate que l’intention entrepreneuriale est significativement corrélée avec les attitudes comportementales perçues, les normes sociales et le contrôle perçu. Toutefois, les deux premières variables ont davantage d’impact sur l’intention d’entreprendre des étudiants que la première. Dans la même optique, Kennedy et al. (2003) sur un échantillon de plus de mille étudiants australiens montre que le modèle d’Ajzen (1991) s’applique parfaitement à ce cas d’étude. Les attitudes comportementales perçues, les normes sociales et la faisabilité perçue expliquent 53 % de la variance de l’intention d’entreprendre des étudiants, avec un effet positif des normes sociales. Cela s’oppose aux conclusions de Shook et Bratianu (2010). Pour ces derniers, les normes sociales ont un effet négatif sur l’intention d’entreprendre des étudiants roumains.
Dans une autre perspective de comparaison, mais cette fois-ci France/Pays Arabes (Algérie, Tunisie, Liban), Boissin et al. (2009) soulignent l’existence de différences manifestes de niveau d’intention entrepreneuriale entre la France et les pays arabes, ceux-ci étant visiblement dues aux contextes économiques et culturels. Très peu de recherches sur l’intention entrepreneuriale ont été réalisées au Maghreb et portent en majorité sur le cas tunisien. Parmi ces travaux, l’étude de Hammami et Hajar (2013), qui traite des facteurs encourageant les fonctionnaires à créer leur propre entreprise en développant les formations, les compétences et les relations dues à leur fonction. Les résultats de cette enquête démontrent que le rôle politique, les normes sociales et la faisabilité influencent l’intention d’entreprendre des fonctionnaires à la différence de la désirabilité et l’identité entrepreneuriale qui sont non significatives. Une autre enquête menée par Boudabbous (2011) sur 49 jeunes diplômés de l’Ecole Supérieure de Commerce de Sfax révèle que seules les attitudes comportementales ont une influence sur l’intention entrepreneuriale, les normes sociales et le contrôle perçu n’ayant quant à eux pas d’influence sur l’intention de créer une entreprise. Les travaux d’Aliouat et Benchikh (2009) et de Koubaa (2011) portant sur le cas marocain valident le modèle d’Ajzen (1991) et attestent que l’attitude vis-à-vis de la création d’entreprise, les pressions sociales et le contrôle comportemental prédisent l’intention entrepreneuriale.
Audet (2004) présente une étude longitudinale des intentions entrepreneuriales chez les étudiants universitaires inscrits à un programme d'administration des affaires. Les données ont été recueillies à deux reprises: d'abord au cours du dernier semestre à l'école, puis 18 mois plus tard, lorsque les étudiants avaient obtenu leur diplôme et ont commencé à travailler sur une base à temps plein. Les résultats confirment que les perceptions de désirabilité et de la faisabilité de lancement d'une entreprise expliquent de façon significative la formation d'une intention de se lancer en affaires sur un horizon à long terme. Cependant, le modèle ne tient pas aussi bien quand le délai est plus court. En effet, les deux perceptions ne parviennent pas à expliquer à un degré significatif l'intention de se lancer en affaires. Lorsque la satisfaction au travail est ajoutée au modèle, à la fois cette variable et la perception de la faisabilité deviennent significatives, la perception de la désirabilité en restant importante non significative.
Kennedy, Drennan, Renfrow et Watson (2003) trouvent, pour un échantillon constitué de 1075 étudiants australiens, que la désirabilité, la norme sociale et la faisabilité expliquent environ 53% de la variance de l’intention de créer son entreprise.
Dans une autre étude faite par AGANZE MUDERWA Eloi(2011-2012) sur l’intention entrepreneuriale des étudiants de trois universités de la ville de Bukavu, soit l’UCB, l’UEA et l’UOB dont l’objectif était de décrire, de prédire et de comprendre, dans un contexte de l’enseignement de l’entrepreneuriat, une phase majeure du processus entrepreneurial en : l’intention entrepreneuriale. En formulant l’hypothèse basée sur la théorie de la psychologie sociale notamment la théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991) et le modèle de l'événement entrepreneurial de Shapero (Shapero et Sokol, 1982). Ainsi, après analyse des résultats, il a parvenu à confirmer que 58% des étudiants désirent créer leur entreprise à la fin de leurs études ; la désirabilité était moyenne pour son étude malgré que les étudiants préfèrent être fonctionnaire qu’entrepreneur ; mais aussi la faisabilité était faible à tel point qu’il a conclu que la formation ne pourra pas relever la perception de la faisabilité; en ce qui concerne la motivation, elle était aussi faible au point ou les étudiants préfèrent avoir un travail , et donc pour les étudiants l’entrepreneurial reste une option, 42% des étudiants préfèrent se spécialiser en finance, audit,….Et enfin, il a trouvé que 85% des étudiants ont une attitude très favorable sur le contexte de l’environnement, le taux d’entrepreneuriat est élevé alors que ce facteur environnemental est un point essentiel pour expliquer l’intention entrepreneuriale dans un milieu.
Selon l’étude de Tounes (2003), l’enseignement de l’entrepreneuriat est une des variables explicatives et prédictives de l’intention entrepreneuriale. Dans son modèle, l’intention entrepreneuriale est appréhendée à partir d’un modèle hypothético-déductif au sein duquel trois groupes de variables sont retenus. Le premier groupe contient les attitudes associées au comportement spécifiées par l’existence d’une idée ou d’un projet d’affaire et la recherche d’informations. Le deuxième groupe se compose des normes sociales exprimées par le besoin d’accomplissement, la recherche de l’autonomie, la propension à la prise de risque et l’existence de modèles d’entrepreneur. Le dernier groupe, enfin, renferme les perceptions du contrôle comportemental contenues par les expériences professionnelles et associatives, l’enseignement de l’entrepreneuriat et la disponibilité des ressources financières, et autres. Les résultats de la recherche souligne que les formations et programmes en entrepreneuriat, combinés avec des variables contextuelles et personnelles pertinentes, renforcent les perceptions des aptitudes entrepreneuriales qui à leur tour, influencent positivement l’intention entrepreneuriale. De plus, l’existence d’une idée ou d’un projet et la recherche d’informations en vue de les formaliser et éventuellement de les concrétiser sont les facteurs qui contribuent le plus à l’explication et à la prédiction de l’intention entrepreneuriale. Ils expriment un réel engagement des étudiants dans le processus entrepreneurial amont.
[1]Avant les travaux de Joseph Schumpeter, dans les années 1930, on utilisait souvent d’autres termes, comme le fait, par exemple, Veblen en parlant plutôt de « capitaine d’industrie » dans son ouvrage Theory of Business Enterprise de 1904