Dans cette partie, nous présentons la façon dont est organisé l’enseignement primaire et secondaire en RDC et surtout la manière dont il a évolué dans la province du Sud-Kivu ces dernières années (nous retenons la période allant de 2005 à 2009 faute des données sur une longue période).
Le niveau primaire est la base de toute scolarisation. Il constitue l’étape incontournable d’initiation où se forgent les valeurs humaines indispensables pour le développement harmonieux d’une nation (Durand, 2006). Il doit être en effet le lieu privilégié où se cultive la recherche de la vérité, la rigueur intellectuelle, le respect de soi et d’autrui, l’esprit de solidarité, le sens de l’initiative, de la créativité et de la responsabilité pour un futur réussi d’une communauté. En République Démocratique du Congo, ce genre d’enseignement est coordonné par le ministère de L’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel (EPSP).
III.1. Présentation de l’EPSP
III.1.1. Organisation politico-administrative
Au niveau national, le ministère de l’EPSP est dirigé par un ministre secondé par un vice- ministre chargé principalement de l’enseignement professionnel. L’administration centrale est dirigée par un secrétaire général appuyé par des directeurs chefs de service. Ces derniers sont assistés par des chefs de division et des chefs de bureau.
En province, le ministère de l’EPSP est composé des divisions provinciales et des sous divisions qui sont respectivement dirigées par des chefs de divisions et chefs de sous divisions. Le Ministère compte à ce jour, 28 divisions et 191 sous divisions dont 47 urbaines et 144 rurales.
L’Etat ayant confié la gestion de certaines écoles aux confessions religieuses, ces dernières ont leur propre organisation administrative à différents niveaux. Ainsi, au niveau national, la coordination nationale est dirigée par un coordonateur national ; au niveau provincial, la coordination provinciale a, à sa tête un coordinateur provincial ; à l’échelle inférieure, les sous coordinations sont dirigés par des sous-coordinateurs.
III.1.2. Structure de l’enseignement
La structure de l’enseignement national, secteur de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel, comprend trois niveaux : maternel, primaire et secondaire.
Le niveau maternel ou préscolaire est organisé en un cycle de trois ans. Il n’est pas obligatoire, il est organisé en partie par des privés et accueille les enfants âgés de 3 à 5 ans.
Le niveau primaire est organisé en un cycle de six ans repartis en trois degrés : élémentaire, moyen et terminal. Sont admis en première primaire, les enfants qui ont atteint l’âge de 6 ans révolus.
Le niveau secondaire comprend 4 cycles :
- Le cycle de spécialisation professionnelle (CSP) d’une durée d’un an ou de deux ans.
- Le cycle d’arts et métiers d’une durée de trois ans.
- Le cycle professionnel d’une durée de 4 à 5 ans.
- Le cycle long (humanités) d’une durée de 6 ans et qui ouvre la porte aux études supérieures.
Le CSP et le cycle d’arts et métiers organisent plusieurs options essentiellement de type professionnel.
Le cycle long des humanités organise trois types d’enseignement à savoir :
L’enseignement général où sont organisées deux premières années du secondaire ainsi que les sections scientifiques et littéraires.
L’enseignement normal où sont organisées les sections pédagogique, normale et d’éducation physique.
L’enseignement technique où sont organisées les sections industrielles, commerciales et sociales.
Dans ce travail, nous ne nous limitons qu’à une brève analyse de la scolarité à l’école primaire et secondaire sur une cohorte de cinq ans faute des données.
Les établissements primaires et secondaires ne sont pas revêtus d’un même régime de gestion. Ils se répartissent en écoles publiques et écoles privées. C’est ainsi que nous avons les écoles conventionnées catholiques (EEC), les écoles conventionnées protestantes (ECP), les écoles conventionnées Islamiques (ECI), les écoles conventionnées Kimbanguistes (ECK), les écoles non conventionnées ou officielles (ENC) et les écoles privées (EPR).
Le tableau qui suit reprend la répartition des écoles par régime de gestion dans la province du
Sud Kivu pour la période entre l’année scolaire 2005-2006 et 2008-2009.
Tableau 1 : Nombre d’écoles au Sud Kivu en 2009
ANNEE SCOLAIRE |
REGIME DE GESTION |
|||||||
NIVEAU PRIMAIRE |
||||||||
ENC |
ECC |
ECP |
ECK |
ECI |
ECF |
EPR |
TOTAL |
|
2005-2006 |
195 |
601 |
1296 |
40 |
5 |
0 |
151 |
2288 |
2006-2007 |
195 |
608 |
1296 |
41 |
7 |
1 |
164 |
2312 |
2007-2008 |
195 |
609 |
1304 |
46 |
9 |
2 |
169 |
2334 |
2008-2009 |
204 |
613 |
1310 |
46 |
10 |
4 |
171 |
2358 |
NIVEAU SECONDAIRE |
||||||||
2005-2006 |
148 |
237 |
533 |
42 |
0 |
1 |
50 |
1011 |
2006-2007 |
148 |
241 |
538 |
44 |
0 |
2 |
52 |
1028 |
2007-2008 |
149 |
241 |
542 |
44 |
1 |
3 |
53 |
1033 |
2008-2009 |
149 |
245 |
542 |
44 |
2 |
4 |
53 |
1039 |
Source : Annuaire Statistique de l’inspection provinciale de l’EPSP
Nous remarquons que le régime le plus dominant est celui des écoles conventionnées protestantes autant pour ce qui est de l’enseignement primaire (1310 écoles sur le total de
2358, soit 55,5% pour l’année scolaire 2008-2009) que pour l’enseignement secondaire (542 sur un total de 1039 écoles soit un pourcentage de 52,2% toujours pour la même période). Le régime catholique vient en deuxième position (avec 613 écoles au primaire et 245 au niveau secondaire) suivi du régime officiel (204 au primaire et 149 écoles au secondaire) et le régime privé (171 écoles primaires et 53 écoles secondaires). Les écoles Kimbanguistes, Islamiques et de Fraternité sont moins nombreuses étant donné que ces confessions ne sont pas répandues sur toute l’étendue de la Province du Sud-Kivu. Aux niveaux primaire et secondaire, ces confessions ont respectivement 46 écoles primaires et 44 écoles secondaires pour la confession Kimbanguiste; 10 écoles et 2 écoles pour la confession Islamiques et enfin 4 écoles primaires et 4 écoles secondaires pour la confession Fraternité.
Les figures 1 et 2 nous montrent l’évolution du nombre d’écoles primaires et secondaires au
Sud-Kivu de l’année scolaire 2005-2006 jusqu’à l’année scolaire 2008-2009.
Graphique1 : Evolution du nombre d’écoles primaires et secondaires au Sud-Kivu
4000
3000
2000
1000
0
1011
2288
1028 1033 1039
2312 2334 2358
Niveau secondaire
Niveau primaire
Source : Notre conception sur base des données de l’EPSP
Nous constatons que le nombre d’écoles primaires est passé de 2288 écoles en 2005 à 2358 écoles en 2009 ; une augmentation de 70 écoles primaires en 4 ans soit près 3%.
En ce qui concerne le niveau secondaire, pour la même période, nous observons une augmentation de 28 écoles soit le passage de 1011 écoles à 1039 écoles secondaires au Sud- Kivu. C’est donc un accroissement d’à peu près 2,9 pourcent, pratiquement la même
proportion qu’au niveau primaire.
III.2. Etats de lieux de l’enseignement au Sud-Kivu
Dans cette section nous essayons d’analyser l’évolution de l’état éducatif dans la province du
Sud Kivu à partir des taux de scolarisation et le taux d’abandon ou de décrochage scolaire.
III.2.1. Taux de scolarisation
Le taux de scolarisation est
le pourcentage obtenu à l’aide du rapport
entre les effectifs
d’élèves et la population scolarisable correspondante d’un cycle donné (Diagne et al., 2006). Il est calculé comme suit :
Taux de scolarisation =
|
é
A ce niveau, nous analysons
les effectifs inscrits par rapport au besoin
qui est présent au
niveau primaire et au secondaire. Nous analysons d’abord le taux d’admission9 en première primaire avant de passer au taux de scolarisation au niveau global.
9 Le taux d’admission est la capacité d’accueil des élèves dan une classe, dans un Etablissement,…
Le tableau ci-après nous donne les taux d’admission en première année primaire pour toute la province du Sud-Kivu.
Tableau 2 : Taux d’admission en première primaire au Sud Kivu
Nouveaux inscrits |
Estimation des enfants de 6 ans |
Taux brut d’admission En % |
|||||||
Année |
Garçons |
Filles |
Total |
Garçons |
Filles |
Total |
Garçons |
Filles |
Total |
2005 |
61983 |
46116 |
108099 |
74500 |
81400 |
155900 |
83,2 |
56,7 |
69,3 |
2006 |
73421 |
91617 |
165036 |
97100 |
106300 |
203400 |
75,6 |
86,2 |
81,2 |
2007 |
88612 |
82700 |
171312 |
89000 |
89700 |
178700 |
99,6 |
92,2 |
95,9 |
2008 |
88882 |
83706 |
172588 |
79000 |
78000 |
157000 |
112,5 |
107,3 |
109,9 |
2009 |
85499 |
79374 |
164873 |
79796 |
79576 |
159372 |
107 |
100 |
103 |
Source : Annuaire Statistique de l’inspection provinciale de l’EPSP
Au niveau de la province du Sud-Kivu, le taux l’admission en première année primaire a largement augmenté depuis 2005 et dépasse aujourd’hui le 100%. Il en est de même pour les filles et les garçons malgré que ces derniers aient un taux quelque peu plus élevé. Ceci peut sembler permettre d’affirmer que la population scolarisable est effectivement scolarisée, mais cette affirmation doit être nuancée lorsqu’on sait que les inscrits en première primaire ne sont pas seulement les élèves ayant l’âge d’admission théorique (de 6 ans). En première primaire nous trouvons aussi bien des élèves de moins de six ans que ceux ayant plus de 6 ans.
L’entrée à l’école primaire est tardive et, sur les nouveaux inscrits en 1ère année, seuls 40 % sont âgés de plus ou moins 6 ans (âge légal), tandis que les enfants âgés de 7 à 10 ans ou plus représentent près de 60 % des inscrits (UNICEF, 2011). Ces informations donnent une idée de l’ampleur exceptionnelle que le Sud-Kivu doit consentir pour atteindre l’objectif de scolarisation universelle dont l’échéance internationale est fixée à l’horizon 2015. Cette situation pourrait donc justifier le nombre d’inscrits en première primaire qui est bien au-delà de 100 % et permet d’avoir plus de prudence dans l’interprétation des chiffres. En outre, depuis l’année scolaire 2007-2008, le Ministère de l’EPSP s’est engagé dans la réglementation et la suppression de certains frais scolaires. Les campagnes de sensibilisation en faveur de la scolarisation (des filles plus particulièrement) ont eu un effet positif sur les taux d’admission. Malheureusement les données disponibles ne permettant pas de calculer les
taux nets de scolarisation, il demeure difficile d’apprécier les progrès réalisation de l’enseignement primaire universel.
accomplis vers la
La figure 3 ci-dessous montre la façon dont a évolué le taux d’admission en première primaire les cinq années sous analyse.
Graphique 2 : Evolution du taux d’admission en première primaire au Sud-Kivu
350,00%
300,00%
250,00%
200,00%
150,00%
69,30%
81,20%
95,90%
109,90%
103%
Total
100,00%
50,00%
56,70% 86,20%
83,20%
92,20% 107,30% 100%
Filles
0,00%
2005
75,60% 99,60% 112,50%
2006
107%
Garçons
2007 2008
2009
Source : Notre conception sur base des données de l’EPSP
Avec l’accélération de la campagne « éducation pour tous » et celle de l-UNICEF « toutes les filles à l’école » en 2006, le taux d’admission s’est amélioré progressivement dans l’ensemble de 69,3% en 2005 jusqu’à atteindre 103% en 2009. Le taux d’admission en 1e primaire a beaucoup plus augmenté pour les filles (56,7% en 2005 à 100% en 2009) que pour les garçons (83,2% en 2005 contre 107% en 2009).
Les tableaux qui suivent présentent les taux de scolarisation des tranches comprises entre 7 et
12 ans, (primaire) et entre 13 et 18 ans (secondaire). Le taux de scolarisation est calculé à
partir de la deuxième année
primaire du fait que l’enseignement maternel n’est pas bien
structuré et est non conditionnel pour l’admission en première primaire en RDC.
Tableau 3 : Scolarisation de la tranche de 6 à 12 ans
Nombre d’élèves |
Estimation des enfants de plus 7 à 12 ans |
Taux de scolarisation En % |
|||||||
Année |
Garçons |
Filles |
Total |
Garçons |
Filles |
Total |
Garçons |
Filles |
Total |
2005 |
316223 |
291419 |
607642 |
484000 |
503000 |
987000 |
65,3 |
57,9 |
61,6 |
2006 |
394801 |
325678 |
720479 |
525000 |
562872 |
1087872 |
75,2 |
57,9 |
66,2 |
2007 |
395200 |
331782 |
726982 |
412000 |
410000 |
822000 |
95,9 |
80,9 |
88,4 |
2008 |
428412 |
380021 |
808433 |
428000 |
425000 |
853000 |
100,1 |
89,4 |
94,8 |
2009 |
420868 |
370590 |
791458 |
440185 |
439674 |
879860 |
95,6 |
84,3 |
90,0 |
Source : Annuaires Statistiques de l’inspection provinciale de l’EPSP
Le taux de scolarisation a connu une certaine croissance durant les cinq années sous-étude. Les effectifs scolarisés sont passés de 316223 en 2005 à 420868 élèves-garçons en 2009, soit
de 65,3% à 95,6% ; contre 291419 filles en 2005 à 370868 en 2009 soit le passage de 57,9 à
84,3%. Sur l’ensemble, les
données nous montrent que le taux de scolarisation à l’école
primaire a évolué de 61,6% à 90% entre 2005 et 2009. Il sied de signaler que ces résultats sont à prendre avec beaucoup de réserve quand on sait la population scolarisable est issue d’une estimation (le dernier recensement en RDC remonte aux années 80).
Graphique 3 : Evolution du taux de scolarisation de la tranche de 6 et 12 ans (au
primaire)
300
200
61,6
66,2
88,4 94,8 90
Total
100
0
57,9
65,3
2005
57,9 80,9 89,4 84,3
75,2 95,9 100,1
95,6
2006 2007
Filles
Garçons
2008 2009
Source : Notre conception sur base des données de l’EPSP
Partant donc de ces chiffres, nous constatons donc une augmentation non négligeable en ce qui concerne le taux de scolarité entre 2007 où nous avons un taux de 88,4% et 2009 avec un taux de 90%, avec une diminution entre 2008 (94,8%) et 2009 de près de 5%.
Les principaux obstacles à la scolarisation primaire n’ont pas encore fait l’objet d’une étude approfondie au Sud-Kivu. Cependant, un certain nombre d’hypothèses peuvent être avancées quant aux facteurs susceptibles d’influer négativement sur la demande sociale d’éducation : les frais scolaires à assumer par les ménages, les traditions et les coutumes constituent les principaux obstacles à la scolarisation des enfants dans un pays où le PIB par habitant est très faible et ou la multiplicité ethnique bas son plein.
Tableau 4 : Scolarisation de la tranche de 13-18 ans (secondaire)
Nombre d’élèves |
Estimation des enfants de 13 à 18 ans |
Taux de scolarisation en % |
|||||||
Année |
Garçons |
Filles |
Total |
Garçons |
Filles |
Total |
Garçons |
Filles |
Total |
2005 |
158963 |
74126 |
233089 |
412000 |
314000 |
726000 |
38,6 |
23,6 |
32,1 |
2006 |
175022 |
89130 |
264152 |
425000 |
211000 |
636000 |
41,2 |
42,3 |
41,5 |
2007 |
124336 |
64611 |
188947 |
303000 |
252000 |
555000 |
41,0 |
25,6 |
34,0 |
2008 |
146763 |
81224 |
227987 |
288000 |
282000 |
570000 |
51,0 |
28,8 |
40,0 |
2009 |
160326 |
90737 |
251063 |
328910 |
325547 |
654458 |
48,7 |
27,9 |
38,4 |
Source : Annuaire Statistique de l’inspection provinciale de l’EPSP
Le taux de scolarisation à l’école secondaire est nettement plus faible que celui du primaire ; que ce soit pour les garçons ou pour les filles, il est en dessous de la moyenne. Pour ce qui est des garçons, le taux de scolarisation a augmenté de près de 10% entre 2005 et 2009 et de près de 3% seulement soit de 23,6% à 27,9% pour les filles. En mettant ensemble la population de cette tranche d’âge, le taux ne s’est accru que 6% soit le passage de 32,1% à 38,4% en comparant l’année 2005 à celle de 2009. Ici encore la population scolarisable de cette tranche n’est qu’une estimation. La figure suivante nous permet de voir clairement le niveau des taux de scolarité dans les écoles secondaires dans la province du Sud-Kivu.
Graphique 4 : Evolution du taux de scolarisation de la tranche de 13 et 18 ans (au
|
secondaire)
150
100
32,1
41,5
40 38,4
Total
50 23,6
38,6
42,3
25,6 28,8
41,2 41
27,9
Filles
Garçons
0
2005
2006
51 48,7
2007 2008
2009
Source : Notre conception sur base des données de l’EPSP
En effet, les taux de scolarisation sont toujours très élevés pour les garçons durant les cinq années analysées sauf en 2006 où le taux de scolarisation des filles est légèrement supérieur à
celui des garçons 41,2% contre 42,3% ; ce qui donne un total 41,5%.
Les inégalités de genre dans le domaine de l’éducation ont toujours fait l’objet d’une attention
particulière aussi bien de la
part des responsables du secteur que de la
communauté. Les
statistiques scolaires des années 50 ne donnaient pas toujours la ventilation des effectifs par sexe. Ce qui est important à signaler aujourd’hui, c’est la tendance soutenue à réduire l’écart aussi bien entre garçons et filles qu’entre filles scolarisées en milieu rural et celles en ville Nakanyike et al., (2003). Malheureusement nous ne disposons pas des taux de scolarisation
des filles et garçons par territoire, ce qui nous permettrait d’avoir une idée par milieux.
III.2.3. Taux d’abandon
Le taux d’abandon pendant une année est constitué de l’ensemble des élèves qui ont décroché avant la fin de l’année plus ceux qui ne reviennent pas en début de l’année suivante, malgré
qu’ils aient réussis ou non Vitaro et al., (2001).
Le taux d’abandon est calculé par le rapport des ceux qui ont abandonné et l’effectif total au début de l’année passée.
Les statistiques scolaires sur l’abandon ne sont pas détaillées en termes de typologie. L’abandon scolaire est une notion qui tient du résidu et qui se calcule par simple soustraction. Nous nous contentons d’analyser le phénomène de l’abandon scolaire au niveau des primaire et secondaire en nous basant sur des données recueillies à la Division provinciale de l’EPSP faute du mieux.
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Tableau 5 : Evolution des décrocheurs scolaires au primaire
Effectif d’élèves |
Nombre de décrocheurs |
Taux de décrochage en % |
|||||||
Année |
Garçons |
Filles |
Total |
Garçons |
Filles |
Total |
Garçon |
Fille |
Total |
2005 |
316223 |
291419 |
607642 |
38014 |
29816 |
67830 |
12,0 |
10,2 |
11,2 |
2006 |
394801 |
325678 |
720479 |
35319 |
31033 |
66352 |
8,9 |
9,5 |
9,2 |
2007 |
395200 |
331782 |
726982 |
46941 |
30021 |
76962 |
11,9 |
9,0 |
10,6 |
2008 |
428412 |
380021 |
808433 |
53772 |
28156 |
81928 |
12,6 |
7,4 |
10,1 |
2009 |
420868 |
370590 |
791458 |
51025 |
36484 |
87509 |
12,1 |
9,8 |
11,1 |
Source : Nos calculs sur base des annuaires Statistiques de l’inspection provinciale de l’EPSP
En vertu de ce tableau, nous remarquons que le nombre des décrocheurs à l’école primaire avoisine le 15% du nombre total, ce qui est énorme par rapport aux objectifs du millénaire pour le développement qui voudrait que toute personne ait un minimum de niveau d’éducation. Ces chiffres sont bien au-delà du standard international qui est fixé à 2% (UNESCO, 2009).
Le nombre des garçons qui abandonnent l’école primaire, est relativement plus élevé (soit
225071 garçons) que celui des filles (soit 155510 filles) sur le total de cinq années analysées. C’est seulement en 2006 que nous observons un niveau de décrochage des filles un peu élevé soit près de 9,5% des filles contre 8,9% de garçons.
En examinant de très près le comportement différentiel vis-à-vis de l’abandon scolaire entre garçons et filles, il y a lieu de remarquer que l’unique handicap à surmonter chez la fille reste l’accès à l’école10. Une fois engagée dans le système, la fille y reste plus longtemps que le garçon. Beaucoup de travaux ont montré que l’éducation primaire des filles a d’importants bénéfices sociaux, par exemple, en termes de réduction de la mortalité infantile, de la fertilité
des femmes, et de la santé-nutrition des enfants (Diagne et al., 2006).
10 Nous devons souligner que le nombre de filles qui sont dans le système scolaire reste très bas en dépit de la multiplication des campagnes qui appellent à la mobilisation de tous pour garantir une égalité de sexe.
Les facteurs explicatifs de l’abandon scolaire aussi bien des filles que des garçons doivent particulièrement retenir l’attention de décideurs.
En effet, les taux différentiels atteints en 2008 par les garçons avoisine montre le graphique 5.
Graphique 5 : Taux de décrochage scolaire au primaire
le 13% comme le
40
30 11,2
20 10,2
10
12
0
2005
9,2 10,6 10,1 11,1
9,5 9 7,4 9,8
8,9 11,9 12,6
12,1
2006
Total Filles Garçons
2007 2008
2009
Source : Notre conception sur base des données de l’EPSP
Avec ces données, nous remarquons que l’efficacité scolaire est faible dans le primaire, Ceci s’explique par des taux de redoublements très élevés et variables, compris pour les garçons entre 12 % en 2005 et 12,1 % en 2009 ; et pour les filles ils sont situés entre 10,2% en 2005 et
9,8% en 2009.
Tableau 6: Evolution des décrocheurs scolaires au secondaire
Effectif d’élèves |
Nombre de décrocheurs |
Taux de décrochage en % |
|||||||
Année |
Garçons |
Filles |
Total |
Garçons |
Filles |
Total |
Garçons |
Filles |
Total |
2005 |
158963 |
74126 |
233089 |
23017 |
13806 |
36823 |
14,5 |
18,6 |
15,8 |
2006 |
175022 |
89130 |
264152 |
17396 |
17297 |
34693 |
9,9 |
19,4 |
13,1 |
2007 |
124336 |
64611 |
188947 |
19677 |
6635 |
26312 |
15,8 |
10,3 |
13,9 |
2008 |
146763 |
81224 |
227987 |
20399 |
9843 |
30242 |
13,9 |
12,1 |
13,3 |
2009 |
160326 |
90737 |
251063 |
12721 |
11014 |
23735 |
7,9 |
12,1 |
9,5 |
Source : Nos analyses sur base des statistiques de l’inspection provinciale de l’EPSP
Dans le secondaire, les taux
d’abandon sont plus élevés qu’à ceux
du primaire sur
l’ensemble de 5 ans. Ces taux varient entre 18 et 12% pour les filles, et entre 14% et 7% pour
les garçons. Cette diminution sensible des abandons pourrait être mise à l’actif des efforts entrepris par le gouvernement depuis un temps pour améliorer les conditions des enseignants.
Graphique 6 : Taux de décrochage scolaire au secondaire
50
45
40 15,8
35
30
25 18,6
13,1
13,9 13,3
9,5
Total
Filles
20
15
10
14,5
5
0
19,4 10,3 12,1
15,8 13,9
9,9
12,1
7,9
Garçons
2005 2006 2007 2008 2009
Source : Notre conception sur base des données de l’EPSP
Pour ce qui est de l’école secondaire, tout d’abord la répartition des taux de décrochage par année scolaire laisse apparaître une amélioration nette 15,8% en 2005 contre 9,5% en 2009. Il
faut observer que ce taux a évolué en dents de scie pour les garçons durant toute la période de
comparaison 14,5% ; 9,9% ;
15,8% ; 13,9% ; 7,9% respectivement pour
2005-2006, 2006-
2007, 2007-2008 et 2008-2009. Pour ce qui est des filles, la situation
de d’abandon sur
l’ensemble a progressé positivement passant de 18,6% en 2005 jusqu’à tomber à 12,1% en
2009.
En comparant l’évolution des taux d’abandon par niveau scolaire entre
2005 et 2009, on
constate visiblement une diminution du phénomène de l’abandon au secondaire mais au primaire la situation est restée presque la même, avec 11,2% en 2005 contre 11,1% en 2009 soit une réduction de 1% seulement par rapport à la situation initiale (2005). Sur les 5 ans analysées, et selon des données de l’EPSP ; plus des 151805 élèves ont abandonnés l’école secondaire dont 58595 filles et 93210 garçons. Il est important de relever une limite de ces données du fait qu’elles ne tiennent pas compte des élèves ayant abandonné en cours d’année. Une autre limite, comme souligné plus haut, c’est l’absence des statistiques de la population qui surestime le taux de scolarisation mais aussi sous-estime celui de décrochage scolaire au Sud-Kivu.