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Chap. II. LA REPUBLIQUE DU MALI

Le Mali s’étant sur 1.204.000 Kilomètres carrés  entre dixième  et vingt-cinquième parallèle.  Il est le plus vaste des Etats de l’Afrique de l’Ouest. La partie utile de ce pays, privée d’accès à la mer, est tout entière située dans les zones sahélienne et soudanienne, irriguées par le Niger. Le Mali compte environ 5 millions d’habitants.

Jusqu’en 1960, il n’avait pas été suffisamment mis en valeur par la colonisation et était peu urbanisé. Ses exportations, destinées aux pays côtiers provenaient principalement de l’élevage et de la  pèche traditionnelle. Ses équipements étaient limités et son administration était légère.

Le Mali a accédé à son indépendance en 1960 sous la direction d’un parti solidement structuré : l’union soudanaise, section territoriale du rassemblement démocratique africaine (U.S.R.D.A.), après l’échec de la tentative de la fédération du Mali qui l’unissait au Sénégal dont il était l’hinterland.

  Depuis cette date, le maintien des structures économiques et politiques inadaptées à la persistance d’une inflation importante contrarient les tendances de redressement entrepris par les différents régimes.

Section 1. DE L’HISTOIRE DE LA REPUBLIQUE DU MALI

L’empire du Mali fut progressivement constitué par les groupes ethniques des Mandingues entre le XIIIe et XVIIe siècle.

Mais de nombreuses rivalités entre dynasties, souvent mal connues de nos jours, entrainèrent la chute de l’empire en 1670 à la suite de l’attaque du Soudan durant  le 18e siècle.

  1. VERDAT, « du Mali du passé au Mali d’aujourd’hui », in France d’autre – mer, janv. 1960

La découverte du Congo par l’anglais J.R. Stanley manquant le début d’une longue période de colonisation de l’Afrique par les puissances occidentales. Le général Faidherb conquit d’abord le Sénégal puis  envisagea d’étendre la domination française jusqu’au Niger.

En novembre 1958, le Soudan fut proclamé République et s’associa au Sénégal pour former en Janvier 1959 la fédération  du Mali. Mais celle-ci fut aussitôt dissoute.

En septembre 1960, l’ancien Soudan français devint un Etat indépendant du Mali, sous le nom de la République du Mali, avec comme chef du gouvernement, MODIBO  KEITA.  C’est le début de la 1ère République du Mali et les principales institutions allaient être mises en place. Au congrès de Bamako du 22 septembre 1960, l’union soudanaise, au lendemain de l’éclatement de la fédération du Mali, définissaient les options fondamentales du régime, résumé dans l’expression « décolonisation et mise en place des structures de type socialiste ».

La création, durant cette période des sociétés d’état dans des principaux secteurs de l’activité économique jetait les bases de l’élimination progressive de la domination du capital étranger. Ces créations ont porté sur le commerce extérieur (création de la société malienne d’import - export), les transports (Air Mali et la Régie des transports du Mali, R.T.M.), la recherche minière  et pétrolière (création du bureau minier), les travaux publics (création de la société nationale d’entreprises des travaux), puis des principales industries nouvelles.

 

 

  1. DESCHAMARS, l’Europe découvre l’Afrique, Paris, 1967
  2. FORTES et E. PRITCHARD, Les systèmes politiques Africains, Paris 1964

Ces mesures accompagnaient la mise en place des coopératives rurales, dont l’objectif était de conduire progressivement la paysannerie malienne à des formes d’organisation sociales. La création progressive des institutions d’une gestion monétaire indépendante contrôle des échanges et trésor, puis monnaie nationale et banque d’émission (la banque de la République du Mali, BRM, juillet 1960) venait compléter ces mesures de restructuration.

Dans les conditions difficiles que connaissait le pays, de telles orientations comportaient des dangers évidents. L’absence d’une organisation effective des masses et de leur contrôle sur l’appareil de l’Etat rendit nécessairement caricaturale « les socialismes » qui devait se solder principalement par le développement d’une bureaucratie d’état peu efficace, conduire à la recherche permanente d’aides extérieures et, finalement, à la capitulation puis à la chute du régime.    

Section 2. DE LA GEOGRAPHIE DU MALI

Le Mali est constitué par trois zones géographiques très distinctes. Le Nord du pays est entièrement désertique et appartient au Sahara méridional. Cette région est occupée par des nomades avec leurs troupeaux. La région saharienne, relativement sèche (aux pluies tropicales insuffisantes) est  couverte des steppes remplacées progressivement, vers le Sud, par la savane ; la vallée du Niger est cultivée grâce aux certains travaux de mise en valeur : on y trouve du riz, du coton, de l’arachide, du mil, du sorgho. Une vaste étendue, dans le centre du Mali, est constituée par les marécages, dus aux nombreux bras du Niger.

La République du Mali in Notes et études documentaires, la documentation française, N° 2739, 1961

La région soudanaise est recouverte, dans sa partie Nord, de savane devenant de plus en plus dense et se transformant progressivement en foret vers le Sud.

Le relief est peu accentué. Les plaines alluviales, très vastes, sont toutefois dominées par quelques plateaux calcaires et des grès (plateaux Mandingue et Togo).

Section 3. DE LA SITUATION SOCIO - CULTURELLE

Le Nord désertique et le Sahel sont principalement occupés par des nomades de race blanche. Au dernier recensement de 1963, les touaregs étaient environs 240 000 et les Maures près de 100 000. Ils élevaient des bovins, ovins, chameaux, se fixaient dans la vallée du Niger durant les saisons sèches, et s’adonnent à la culture ainsi qu’au commerce limité de sel  et de bétail.

La population noire de beaucoup la plus nombreuse, habite surtout la savane et se mêle aux blancs dans le  Sahel. La population cultive le riz dans la vallée inondée du Niger ainsi que le mil.

Les structures sociales de la paysannerie sont relativement peu différenciées. Majoritairement, on trouve les Bambaras et les Malinkés (appartenant au groupe mandingue) à l’Ouest, et les peuls et les songhaïs au centre et à l’Est. Sauf dans la boucle du Niger où un embryon de féodalité existe, la communauté villageoise constitue la cellule de base.

Au point de vue religieux, la population compte 60% de musulmans, 35% d’animistes, 5% de chrétiens.

 
   
  1. AMIN, comptes économiques de la République du Mali, 1959, Bamako paris 1961

Les fondements culturels du Mali sont intimement liés au Sahara et aux étendues désertiques du territoire. Les femmes se couvrent rarement le visage, mais les chèches traditionnels des hommes n’en relève que les yeux.

Les Maliens sont presque exclusivement monogames. Ils portent traditionnellement une sorte de long vêtements souvent nommés « takakat » en étoffe de coton nommé bazin  et un chèche appelé taguelmoust ou encore « turban ». Le chèche est une grande pièce de tissu qui s’enroule sur tête pour se protéger des rigueurs climatiques.

Section 4. DE LA SITUATION POLITIQUE

Sous la présidence de MODIBO KEITA, la République du Mali s’est orientée vers un régime de tendance « socialiste ». La constitution du 22 septembre 1960 s’appuie sur des principes de justice et de liberté afin que chacun puisse accéder à un style de vie correspondant aux possibilités modernes et respectueux de la tradition africaine.

Le pouvoir exécutif appartient au chef de l’Etat, élu par l’Assemblée nationale. Il est aidé par des ministres qu’il choisit lui-même.

L’assemblée nationale, élue au suffrage universel tous les cinq ans, exerce le pouvoir législatif.

C’est au début de la première République du Mali que les principales institutions du socialisme devaient être mises en place. Les relations avec les pays de l’Est se sont développées notamment avec la Chine populaire et l’URSS.

« Le coup d’état militaire » en Afrique contemporaine, la documentation française N° 41, Paris 1967

Le succès ou l’échec de la politique économique et sociale ainsi que de la politique extérieure de Modibo Keita devait dépendre essentiellement de la nature des rapports politiques entre la mince couche dirigeante issue de l’URSS – RDA et les masses populaires rurales et urbaines. Mais les masses restant inorganisées, le socialisme allait dégénérer en appareil bureaucratique impuissant.

Pour tenter de compenser  son échec sur les plans économiques et politique, le régime essaie d’organiser un pseudo. Révolution culturelle. Mais, le 19 novembre 1968, Modibo Keita est reversé par l’armée  qui met à la tête du pays lieutenant Moussa Traoré.

Depuis cette date, le Mali doit faire face à de plus graves problèmes, l’armée n’étant pas préparée à diriger le pays, que ce soit dans le domaine de l’économie ou dans celui de la politique intérieure ou extérieure. D’autre part, des luttes des personnes et des classes rendent la situation encore plus difficile.

La classe dirigeante actuelle, surtout soucieuse de ses propres intérêts, défend les structures et les grandes orientations de l’ancien régime. Les partis politiques sont interdits, mais les syndicats se reconstituent lentement.

Cette situation politique à l’intérieur du pays ne facilite pas les relations avec la France, reprises depuis mai 1967, lors des accords de retour à la zone franc. Le gouvernement militaire comme le régime de Modibo Keita est accusé de mettre de la mauvaise volonté à l’exécution de ces accords. Le dirigeants maliens, tout en déplorant le trop lent redressement actuel répondent qu’il n’est guère possible de relever la situation du pays en quelques mois. Les années à venir diront si les gouvernements actuels sont au service s’une classe ou défendent, comme ils le prétendent, les  acquis du peuple.

Le mouvement fut très affaibli par les sécheresses des années 1970. En 1990, deux ans après la création au mouvement populaire de libération de l’AZAWAD, a eu lieu une insurrection  qui aboutit à la signature des accords de Tamanrasset en 1991 et du pacte national en 1992. En 2006, une nouvelle insurrection a eu lieu et conduira aux accords d’Alger, signés le 04 juillet 2006. L’incapacité de l’Etat Malien a imposé son autorité sur les grandes espaces peu densément peuplés de l’AZAWAD a favorisé le grand banditisme et les activités terroristes telles AQMI. L’AZAWAD est progressivement devenue une plateforme de beaucoup de trafics dont les dogues. Par exemple, le 05 novembre 2009, un vieux cargo Boeing transportant la cocaïne en provenance du Venezuela voulait atterrir entre Gao et Kidal. Cette région sert également de base à AQMI. C’est dans ce contexte d’exaspération de l’AZAWAD et l’impuissance Malienne qu’aura lieu l’insurrection de 2012.

          Les groupes islamistes souhaitant étendre leur domination sur l’ensemble du territoire Malien, poussent ces derniers à lancer un e offensive vers  le sud. Ainsi, ils prennent la ville de KONNA le 10 janvier 2013 et celle de DIABALY quatre jours plus tard.

          A la demande du gouvernement de Bamako, la France envoie des troupes, destinées à aider l’armée malienne à repousser les assaillants, c’est le début de l’opération serval. Celle-ci,

  1. DUMONT, Afrique noire, développement industriel – Guinée, Côte d’Ivoire, Mali, Paris 1961

appuyée également par des  contingents fournis par les pays membres de la CEDEAO mènera à la libération des trois villes contrôlées par les rebelles touaregs et les djihadistes : Gao (reprise le 26 et le 27 janvier 2013, Tombouctou reprise le 28 janvier 2013 et  Kidal reprise le 30 janvier 2013).

          Dès lors, les embryons de structures étatiques d’un AZAWAD indépendant disparaissent, cédant de nouveau la place à l’administration Malienne.

Tandis que les derniers combattants islamistes se retranchent dans la région montagneuse de l’Adrar des éfoghas.

En 2012, le conflit Touarègue est réactivé suite au retour des rebelles Touaregs partis en 1990 rejoindre l’armée libyenne de Mouammar Kadhafi. Les actions sont menées par le mouvement national pour la libération de l’AZAWAD (MNLA) qui est laïc ainsi que par un mouvement islamique Ansar Dine qui réclame l’application de la charia. Les deux mouvements ont combattu ensemble mais leurs adjectifs sont différents. Les MNLA revendiquant l’indépendance de l’AZAWAD, Ansar Dine la constitution d’une République islamique. Après le coup d’Etat militaire du 22 mars 2012 qui renverse le président AMADOU TOUMANI TOURE à Bamako, les mouvements rebelles, profitent de la désorganisation de l’armée malienne pour occuper les principales villes des trois régions de l’AZAWAD.

          Ce territoire est l’objet d’une opération à l’autonomie depuis 1958, époque au cour de la quelle il est sous administration française.

          En 2012, une nouvelle insurrection est déclenchée par le MNLA qui réclame l’indépendance de la zone couvrant intégralement les trois régions au Nord du Mali (celle de Kidal, Tombouctou et de Gao). Cette insurrection est menée dans un premier temps conjointement puis séparément avec le mouvement salafiste Ansar Dine qui veut imposer la charia et l’organisation terroriste AL–QAIDA au Maghreb islamique.

Le 6 avril 2012, le MNLA proclame unilatéralement l’indépendance de l’Etat indépendant de l’AZAWAD. « Cette prétendue déclaration d’indépendance a été immédiatement rejette par l’union Africaine. JEAN PING, président de la commission de l’Union Africaine condamne fermement cette annonce, qui est nulle et sans aucune valeur » et affirme que « l’Union Africaine et ses Etats membres ne ménageront aucun effort pour contribuer à rétablir l’autorité de la République du Mali, l’ensemble de son territoire national et mette un terme aux attaques  perpétrées par les groupes armés et terroristes dans la partie Nord du pays ». La France et l’Union Européenne ont condamné aussi cette déclaration de l’indépendance. Ainsi que la communauté internationale.

Le 26 mai 2012, après trois semaines de négociation à Gao, le MNLA annonce sa fusion avec le groupe islamiste  Ansar Dine.

Les deux mouvements disent être parvenus à un accord pour déclarer l’AZAWAD Etat indépendant.

Ils doivent par ailleurs, constituer une armée commune chargée de sécuriser le territoire et le peuple de l’AZAWAD. L’éventuelle soumission des peuples de l’AZAWAD à l’application de la charia sera incertaine, et si oui, dans quel terme juridiques, politiques et sociaux dans le cadre d’un Etat déclaré islamique désormais et non plus laïc. A Gao et Tombouctou, le 25 mai 2012, le soir de la signature, l’accord a été accueilli par des tirs en l’air. Ainsi le MNLA et Ansar Dine mettent leurs forces en commun pour former  le conseil transitoire de l’Etat d’islamique de l’AZAWAD.

Le mouvement Ansar Dine et le MNLA proclament leur auto- dissolution dans l’AZAWAD. Les deux mouvements créent le conseil transitoire de l’Etat indépendantiste et le groupe islamique

Cependant, le 28 Mai 2012, le MNLA exprime sur désaccord sur le document final ayant été modifié après la signature. Le différend porte notamment  sur l’ajoute à l’insu du MNLA de l’application de la « charia » dans le nouvel AZAWAD (9).

Le 1er juin 2012, il dénonce l’accord au nom de sa résolument laïque et le 7 juin 2012, le MNLA dévoile le conseil transitoire de l’Etat de l’AZAWAD (CTEA) formé de 8 membres ayant comme président BILAL ACHERIF.

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