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CHAP I : REVUE DE LITTERATURE SUR LE MANIOC

  • Origine et diffusion

Le manioc a deux centres d’origine qui sont situés en Amérique, le premier se situe au Nord-        est du Brésil s’étend jusqu’au Paraguay, un second comprenant les parties méridionales et occidentales du Mexique.

L’origine de l’espèce cultivée Manihot esculenta proviendrait d’une hybridation  successive entre multiples espèces sauvages soit de deux sous espèces Manihot esculenta subsp. Flabihifolia et Manihot esculenta subsp. Peruviana (Caburet et al, 2002, cité par Amzati, 2007).

Une des espèces, Manihot glaziovii a été longtemps exploité en Amérique du Sud par pour son latex fournissant le caoutchouc de céara (Janssens 2001).

Le manioc, M. esculenta a été introduit en Afrique par les portugais dans la seconde moitié du 16eme siècle (Janssens, 2001), puis il a gagné l’Asie et en fin l’Australie à la fin du 19ème siècle (Caburet et al, 2002, cité par Amzati, 2007).

En Afrique orientale, la progression du manioc semble se situer plus tardivement à la fin du 14ème siècle à travers les îles de la Réunion, Madagascar et Zanzibar en 1799 (Guthrie, 1992). Au cours du 187ème siècle, la culture du manioc progressa d’abord dans la cuvette congolaise et en Angola et puis atteint la côte de Guinée en 1650 (Sylvestre et Arraudeau, 1983).

  • Systématique et description de la plante

Le genre Manihot est un genre à plusieurs espèces allant de 200, avec son nom scientifique Manihot esculenta crantz  est synonyme de Manihot utilisima pohl (2n = 36), (Janssens, 2001 et Nyabyenda, 2005).

Certains auteurs attribuent une origine tétraploïde (4x = 36) au manioc. Cette plante est intéressante pour ses racines comestibles.

C’est une plante arbustive semi ligneuse atteignant en culture 2 à 3m de hauteur. Elle est pluriannuelle mais généralement cultivée comme plante annuelle ou bisannuelle. Comme toute Euphorbiacée, ses diverses parties contiennent du latex. (Janssens, 2001).

Ces racines principales riches en fécule sont disposées en faisceaux et mesurent 30 à 80 cm de longueur et 5 à 10 cm de diamètre. Leur poids varie en général de 1 à 4Kg. Dans certaines circonstances, elles peuvent atteindre 1 m de longueur et peser 20 à 25 kg.
Le système racinaire du manioc étant bien développé, lui confère une bonne résistance à la sécheresse.

Les tiges dont le diamètre ne dépasse pas é à 4cm, sont en grande partie remplis de moelle, et de ce fait fort fragiles tant que l’aoûtement est incomplet, les feuilles sont disposées en spirale selon une phyllotaxie de 2/5 et caractérisées par des multiples lobes foliaires (généralement 5 ou parfois 7) de forme variée.

En outre, l’efficacité du chevelu est amplifié d part la présence d’endomycorrhizes (association symbiotique des racines à un champignon croissant dans les tissus racinaires extérieurs). Elles ont une écorce brunâtre ou rougeâtre selon les variétés et la teneur en fibres augmente avec l’âge (Janssens, 2001).

Les feuilles sont caduques, alternes, sessiles, ou à pétioles développés, simples, palmatilobées ou non. Ainsi, elles mesurent 10 à 20cm de longueur (IITA, 1990).

Le manioc est une plante monoïque. L’inflorescence est un racème terminal qui comporte des fleurs unisexuées. Les fleurs femelles sont situées à la base des racèmes et sont de couleur rose, pourpre, jaunâtre et verdâtre. Elles sont dépourvues de corolles. Les fleurs mâles sont situées au sommet de l’inflorescence.

Au sein de même racème, la floraison des fleurs mâles diffère d’une semaine par rapport à celle des fleurs femelles (protogynie) favorisant la pollinisation croisée par les insectes. Les fruits sont des capsules déhiscentes à trois loges éclatant bruyamment à maturité et libérant chacune une graine par la caroncule bien développée typique de la famille des euphorbiacées (Janssens, 2001).

Pour obtenir une germination homogène, il est conseillé de faire germer les semences sur sable ou substrat humide dans des tablettes de germination à 30°C ou dans les plaques de pétri (Janssens, 2001).

Les cellules des racines tubérisées contiennent un glycoside cyanogénétique, la linamarine appelée autre fois manihotoxine. Cette substance exposée à l’air ou à l’eau est décomposée par l’activité de l’enzyme linamarase, présente dans le latex en glucose et en acide cyanhydrique qui est volatile et s’évapore rapidement à des températures supérieures dont 28°C. L’exposition au soleil ou à la cuisson accélère cette décomposition.
Suivant que le glycoside est principalement localisé dans le cortex des racines (Phelloderme) ou qu’il est uniformément reparti dans tous les tissus de la plante et surtout suivant la teneur en ce glycoside, on distingue des variétés amères et douces.

Les variétés amères sont tardives surtout en région tropicale humide et équatoriale. Malgré leur toxicité, elles sont cultivées dans ces zones (Janssens, 2001).

  • Exigences écologiques
  1. climat

Le manioc est une plante qui préfère un climat tropical humide. Départ sa plasticité, il est cultivé même dans les régions relativement sèches. Etant une plante héliophile, son cycle photosynthétique est intermédiaire en C3 et C4. Elle résiste mal au chablis et doit être planté en des endroits abrités.

La température optimale de croissance se situe entre 25°C, en dessous de 16°C et 10°C sa croissance s’arrête (Janssens, 2011).

Les précipitations optimales se situent entre 1000 et 1500mm d’eau par an. Au-delà de 1800m d’altitude, le manioc se développe très lentement.
En aucun cas, le manioc ne supporte le gel. Malgré sa tolérance à la sécheresse, une quantité d’eau de 500mm et une période de pluviosité de six mois par an sont nécessaires.

Toutefois, ses besoins élevés en eau, le manioc peut supporter une longue période sèche sauf à la plantation. Il résiste à la sécheresse en laissant tomber ses feuilles qui repoussent rapidement à la tombée de pluies. (Anonyme, 2015)/

  1. le sol

Le manioc est une plante rustique qui s’adapte à une large gamme des sols à l’exception des sols détrempés, superficiels, pierreux ou très lourds. Il préfère en outre des sols sableux, profonds, meubles, sablo-argileux, et bien drainés. (Anonyme, 2015) à des sols acides. Par sa mycorrhization, le manioc croît bien sur des sols dénaturés et pauvres en phosphore.                                                                  En sols très humides, la tubérisation se fait très mal, tandis que la croissance de l’appareil foliaire est exubérante. Peu exigeant en fertilité du sol, il peut en effet produire sur des sols épuisés, inaptes à recevoir d’autres cultures. De ce fait ilS est généralement placé en fin de rotation. Les sols peu fertiles et en particulier l’excès d’azote nuisent à la tubérisation. Le manioc, suite à son enracinement profond. (Janssens, 2001).

Cependant, les sols argileux sont, surtout s’ils mal structurés, peu favorables, en raison des difficultés mécaniques qu’ils opposent à la récolte.

  • Pentes

Le manioc protège mal le sol contre l’érosion. La décision de ne pas cultiver des pentes de 3,5% à 10%  dépend de nombreux facteurs qu’il faut apprécier sur place : plantation, possibilités d’aménager le calendrier agricole de manière à ce que la culture soit bien développée au moment de mettre en œuvre des techniques culturales antiérosives (labour en courbes de niveau, billonnage, buttage(ou de réaliser des dispositifs antiérosifs).

Un bon dispositif antiérosif, consiste dans le systèmes de production qui prévoient une alternance entre jachère ou fourrage-manioc, à réaliser cette alternance sur des bandes contigües suivant les courbes de niveau de largeur d’autant plus faible que la pente est plus forte que les risques d’érosion sont grandes (Sylvestre, 1987).

  • La culture
    • La rotation

La culture de manioc vient habituellement en fin de rotation, ce qui lui confère un titre exagéré de culture « épuisante ». Toutefois, le manioc est placé en tête de rotation quand les sols sont épuisés et/ou quand la demande est forte, et finalement quand on cherche à occuper un terrain fraîchement défriché sur la forêt (Janssens, 2001).

Dans les zones forestières de la cuvette centrale, congolaise, la rotation des cultures se fait 7 à 8 ans suivant la qualité du sol. Après le défrichage, deux ou trois cultures successives avant la mise en jachère qui en général dure quatre à cinq ans. Les deux rotations de cultures utilisées sont : manioc associé-manioc-jachère naturelle et manioc associé-manioc-manioc-jachère naturelle. (Janssens, 2001).

  • Préparation du terrain

La préparation des terres est l’ensemble des opérations entre la culture précédente et la mise en place des boutures. On ne traitera pas ici la mise en valeur des terres incultes. Les défrichements peuvent faire appel à des techniques très diverses selon la nature de la végétation primitive, le climat, le sol mais ils ne sont pas spécifiques des cultures qu'’ils préparent.

En savane, le terrain est préparé soit en buttes, soit en billons, soit labouré à plat, soit encore cultivé non labouré. Le labour à plant se fait soit au tracteur dans les cas des grands producteurs ou des paysans qui en ont le moyen ou o la houe dans la plupart de cas.

En forêt, il est recommandé de dégager totalement le bois et sous-bois. Dans le cas d’incinération localisé qui consiste à regrouper des tas isolés de débris. Après incinération suivi de débardage, des débris végétaux pour faciliter la mise en place du manioc, il faut procéder au buttage aux espacements de 1x1m entre les buttes. Pendant le buttage, les débris végétaux seront enfouis au moins 45 jours avant plantation lorsqu’ils ont subi des décompositions.

Les activités se succèdent ainsi : défrichement, abattage localisé de sous-bois, abattage de la futaie, incinération, tronçonnage, labour localisé. Quand la préparation du terrain se fait à la main, il faut disponibiliser des outils aratoires dont la houe, la machette, mais en fin de compte le travail devient pénible.

  • Plantation

Dans les régions tropicales, la plantation se fait au début de la saison pluvieuse. Les boutures sont plantées horizontalement, obliquement ou verticalement, à raison d’une ou deux boutures par emplacement. Généralement, la meilleure méthode convient de les enfouir de manière à respecter leur tropisme et obliquement jusqu’au ¾ de leur longueur.

La plantation se fait à des écartements de 1x1m en culture pure ; en culture mixte, la densité est moins élevée et les écartements peuvent atteindre des écartements de 2 à 3men tous sens ; dans des moins bonnes conditions, les agriculteurs augmentent la densité de plantation. Celle-ci est d’environ 3à boutures par are en savane et 70 à 100 boutures par are en forêt.

Les travaux d’entretien les plus impérieux dans la production du manioc portent sur le regarnissage des vides, la phytosanitation, le buttage, sarclage, ou contrôle des adventices et la fertilisation.
Mais les intervenants phytosanitaires de lutte contre les maladies et ravageurs ne sont pas souvent de mises car la plupart de producteurs d manioc pensent que le manioc ne souffre pas de maladies (Tata hangy, 1995).

1.5.5. La récolte et rendement

Dans la région équatoriale, la plupart des variétés de manioc tant douces qu’amères peuvent être récoltées vers l’âge de 12 mois. Lorsque le climat s’écarte des conditions équatoriales, 18 à 24 mois. Les maniocs peuvent être récoltés dès que les racines ont atteint un poids moyen de 2 à 4kg. En pratique, la récolte se fait généralement après 10 et 18 mois de végétation. Un champ peut être récolté durant une période de plusieurs mois sans inconvénient. Cet échantillonne ment de la récolte constitue un avantage appréciable car il permet l’exploitation au fur et à mesure des besoins. C’est en région tropicale que ce caractère est particulièrement avantageux car il fait du manioc une production de réserve qui en cas d’échec d’une autre culture, met la population à l’abri de la disette (Janssens, 2001).
Le manioc donne 20 à 25 tonnes par hectare et par an (Anonyme, 2015).

  • Les maladies et les ravageurs du manioc

Etant donné que le manioc est assujetti aux principales maladies dont nous reconnaissons la mosaïque, africaine qui est loin la plus rependue, la bactériose vasculaire, l’anthracnose, et ; à un degré plus moindre la cercosporiose. Les prédateurs qui sont connus, la cochenille farineuse (Phanaccccus manihotti), l’acarien vert (Mononychelus spp.) et le criquet puant (Zonocerus variegatus) (Alaux et Fauquet, 1987).

Parmi ces maladies, nous citons :

1.6.1. La mosaïque africaine du manioc

En Afrique de l’Est, vers les années 1984, cette maladie a été la plus rependue dans les zones tropicales d’Afrique ainsi que celles indiennes (IITA, 1990). La mosaïque africaine du manioc tire son originalité du virus appelé african cassava mosaic qui est typique Gemini. Se développent chez les variétés de manioc cultivés, ce virus se manifeste pour d’autres euphorbiacées (Alaux et Fauquet, cité par Amzati, 2007). La mouche blanche (Bamissia tabacci) véhicule cette maladie d’une plante à une autre, c’est donc un aleurode.

Lorsqu’il y a infestation par la mouche blanche, l’importance des dégâts dépend des stades de croissance de manioc au moment de sa contamination.
Au cas où l’infection a lieu plus de 120jours après la plantation, on constate qu’il n’y a pas diminution significative de rendement, mais alors les boutures de tels plants seront remarquables par un rendement médiocre (Claude Bragard 2004 -2004, cité par Guthrie, 1992).

En Tanzanie précisément, l’Afrique de l’Est, la virose se manifeste par l’apparition des stries et taches brunes sur les feuilles adultes (Brown Streak Deseases) qui ne portent pas des traces de formation (Janssens, 2001).

Il est à noter que le développement de la plante est affecté, quand l’infection est sévère et précoce. Cela se fait remarquer lorsque les feuilles décorées et déformées sont de petite taille, la croissance est freinée ou stoppé, les entre nœuds se raccourcissent à la base de certaines folioles t réduite à la nervure principale bordée de peu de parenchyme décoloré, la plante a un port touffu et rabougri.

La mosaïque africaine du manioc n’atteint pas toutes les tiges d’une même plante. Les symptômes s’atténuent et disparaissent sous l’effet de la chaleur en période de croissance et à la fin du cycle du manioc (Autriche et Perreaux, 1986, Cités par Amzati, 2007). La malformation des racines conduit les plantes à avoir des dimensions réduites, sauf quand il y a attaque très grave (Nyabyenda, 2005, cité par Amzati, 2007).

Le degré de présence de la mosaïque africaine du manioc dépend de la quantité d’inoculum qui à son tour dépend du nombre et d’activité d’aleurodes, les plants récoltés et la cueillette des feuilles. Les jeunes feuilles sont surtout sensibles de sorte que les signes de la mosaïque diminuent au fur et à mesure que la plante avance en âge (Alaux et Fauquet, 1987).

  • Autres maladies du manioc

Les autres maladies connus se remarquent par :

  • La cercosporiose qui est connue et se manifeste par des taches brunes et transmises par le Cercosporidium heningsii (IITA, 1990).
  • La bactériose dont le feu bactérien est causé par une bactérie de genre Xanthomonas campestris pithovar manihotis, se caractérisant par des tâches foliaires anguleuses, vert foncés imbibées d’eau, visibles à la face inférieure des feuilles et qui en vieillissant se nécrosent et deviennent brun foncé (Guthrie, 2002).
  • Le dic-back du manioc connu sous le nom d’anthracnose est causé par Colletotrichum gloesporoïdes (Tellemorphe glomerella cinguilata en Glomerella manihotis) (Janssens, 2001 et Nyabyenda, 2005).
    • Les prédateurs

Les prédateurs les plus connus sont la cochenille farineuse du manioc (Phenococcus manihiti) et l’acarien vert (Mononychelus tanajoa ainsi que les nématodes (meloidogyne spp ainsi que Rotylechulus reniformis) (Janssens, 2001).

Les dégâts causés  par la cochenille farineuse du manioc ou mealybug (Phenococcus manihoti) dans le Bas-Congo et dans la vallée du Niari au Congo-Brazzaville sont apparus au début de 1970. Son infestation s’est étendue dans les régions équatoriales et tropicales humides d’Afrique. Elle a progressé jusque dans la vallée de la Ruzizi au Nord du lac Tanganyika en 1885 et a été signalé dès 1990 sur le bord du lac Kivu, en territoire rwandais.
Le manioc subit aussi des prédations de topes qui rongent toutes les racines.

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