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CHAP I GENERALITES

  1. Résumé sur les produits de contraste iodés

Les différentes entités cliniques qui concourent en pratique médicale quotidienne à qualifier un patient « d’allergie à l’iode »doivent être clairement individualisées. En effet, cette qualification et ses modes de prévention  restent flous ; le but de cette présentation fondée sur les données de la littérature, est d’identifier les mécanismes physiopathologiques des réactions allergiques impliquant un médicament iodé. Nous proposons de rapporter les données épidémiologiques existantes, de préciser les séquences allergéniques connues responsables de la sensibilisation du patient et de rappeler la structure physico-chimique de 2 classes de médicaments iodés (produits de contraste iodé et polyvinylpyrrolidone iodée) pour lesquels ,la question sur l’allergie à l’iode est posée de façon récurrente sans qu’aucune attitude consensuelle ne soit définie .L’argumentation développée à l’aide de ces différents éléments permet infirmer la réalité de l’allergie  à l’iode mais d’identifier des réactions allergiques de type immédiat et retardé avec les différents médicaments iodés .La séquence allergénique parfois identifiée ne correspond  pas à l’iode .Une attitude diagnostique ,thérapeutique et préventives en fonction des différentes situations cliniques rencontrées est proposée.(Pascale Dewachter et Claudie Mouton –Faivre, 2005).

  1. Propriétés physico-chimique des produits de contraste iodés

Les premiers PCI conventionnels synthétisés à partir des années 1950 étaient monomériques (un cycle benzénique) tri-iodés (3atomes d’iode fixés sur le cycle benzénique) et ioniques (dissociation dans l’organisme en 2ions osmotiquement actifs) d’où leur nom de monomère ionique triiodé.La présence de 3atomes d’iode greffés sur le cycle benzénique et le fait que ces PCI se dissociaient en 2 ions osmotiquement actifs (un cation et un anion) leur conféraient une osmolalité de 5 à 8 fois celle du plasma (1710 à 2150m Osm.kg-1 H2O).A partir des années 1970, la diminution de l’osmolalité a été obtenue de 2 façons :

  1. a) Par synthèse d’un dimère monoacide contenant 6 atomes d’iode en dupliquant le monomère ionique (dimérisation) en obtenant ainsi un dimère ionique hexa-iodé qui permettait d’une part d’augmenter la concentration en iode et d’autre part de réduire l’osmolalité de la solution ;
  2. b) Ou en conservant la structure monomérique des premiers PCI en substituant la fonction acide du cycle benzénique par une fonction amide. Cette substitution avait pour conséquence une non dissociation de la molécule qui devenait non ionique créant ainsi des monomères non ioniques tri-iodés.

Ces modifications de la structure chimique des PCI permettaient de diminuer l’osmolalité des PCI à égal 600m Osm.kg-1H2O .Les PCI les plus récemment introduits sur le marché (1980) sont des dimères non ioniques hexa-iodés qui ne se dissocient pas dans l’organisme et qui ont une osmolalité proche de celle du plasma égal à 290m Osm. Kg-1H2O. Quatre familles de PCI sont actuellement commercialisées : les monomères et les dimères ioniques, les monomères et les dimères non ioniques. (Pascale Dewachter et Claudie Mouton – Faivre, 2005)

  1. Réactions de type immédiat avec les PCI
  1. Epidémiologie des réactions de type immédiat avec les PCI

Les effets indésirables graves après injection de PCI colligés par le travail prospectif de kata yama ont été évalués à une fréquence de 0,22 % avec les PCI ioniques  et à 0,04% avec les non ioniques .Un décès a été rapporté dans chaque groupe (PCI ionique et non ionique).

Cependant, la fréquence la plus élevée des effets indésirables a été observée chez les patients ayant des antécédents d’effets indésirables après exposition à des PCI. En France, il n’existe pas de recueil de données épidémiologiques des réactions immédiates et retardées survenant après administration de PCI .Leur incidence et leur prévalence ainsi que la mortalité et/ou la morbidité ne sont donc pas connues. (Pascale Dewachter et Claudie Mouton-Faivre, 2005)

  1. Physiopathologie des réactions de type immédiat avec les PCI

L’hypothèse d’un mécanisme allergique /anaphylactique à l’origine des réactions sévères immédiates est de nouveau proposée depuis une dizaine d’années avec la publication de plusieurs cas cliniques documentés. Le décès du patient est parfois rapporté parmi ces cas cliniques, les arguments hautement contributifs d’un diagnostic d’anaphylaxie aux PCI sont :

  • Cliniques comme le délai de survenue, la sévérité de la symptomatologie selon la classification de Ring et Messmer, la sensibilisation antérieure probable du patient avec le PCI incriminé (contact préparant) ;
  • Biologiques : dégranulation des basophiles et des mastocytes (histamine plasmatique et tryptasesérique) et /ou mise en évidence d’IgE spécifiques par un dosage sérique,
  • La positivité des tests cutanés : En effet, les tests cutanés sont, à l’heure actuelle la méthode de référence, car ils permettent d’explorer in vivo la fixation des IgE spécifiques à la surface des mastocytes et leur activation au niveau cutané par l’allergène reconnu. (Pascale Dewachter et Claudie Mouton-Faivre, 2005)
  1. Définition et Utilisation de la povidone iodée

La povidone iodée est également définie  comme antiseptique et désinfectant à base d’iode utilisée pour l’antisepsie des plaies ou brulures superficielles et peu étendues, le traitement local d’appoint des affections de la peau et des muqueuses infectées ou risquant de s’infecter, l’antisepsie de la peau du champ opératoire. (Méda pharma 25bd de l’amiral Bruix75016, 2010).

  1. Propriétés et effets de la Povidone iodée
  2. Propriétés physico-chimique de la PVPI

La PVPI est un complexe de polyvinylpyrrolidone et de molécules d’iode. Ce polymère de synthèse est l’iodophore le plus utilisé. Un iodophore est un complexe formé d’atomes d’iode et d’une molécule transporteuse qui augmente la solubilité des atomes d’iode en permettant leur libération lente et prolongeant leur effet antiseptique. Le transporteur ne possède aucune  activité antibactérienne intrinsèque, en revanche de par sa bonne affinité vis-à-vis des membranes cellulaires, il libère directement l’iode libre au niveau de la surface bactérienne. La majeure partie des molécules d’iode (99,96%) est liée à la PVP et seule une faible quantité d’iode est constamment présente sous forme libre (0,04%) ; plusieurs présentations galéniques de PVPI sont commercialisées en France. (Pascale Dewachteret Claudie Mouton-Faivre, 2005).

  1. Effets de la PVPI

La povidone iodée a une action bactéricide, fongicide, sporicide, protozoocide et virucide .Cette action microbicide est due à l’oxydation de structures vitales des microorganismes  par l’iode, qui se libère du complexe PVP-iode selon les besoins .L’effet s’installe rapidement, il est irréversible et se maintient quasi totalement en présence de sang, pus ou sécrétions (Jürg Morant et Hans Ruppanner, 1996).

La povidone iodée est un antiseptique à large spectre bactéricide et fongicide  sur candida albicans, c’est un iodophore, complexe organique à 10% environ d’iode disponible actif.

Son spectre d’activité est celui de l’iode libéré lentement et progressivement : bactéricidie en moins de 5minutes in vitro, sur l’ensemble des bactéries ; fongicide sur les levures. Les matières organique (protéines, sérum, sang, savons,…) diminuent l’activité de l’iode libre, forme active de cette substance .Les iodophores sont instables à pH alcalin (pH supérieur à7).La peau enduite de la povidone iodée prend une coloration brune qui s’élimine facilement à l’eau. (Académie d’Orléans –Tours, version 45 min)

  1. Epidémiologie des réactions de type immédiat avec la PVPI

Les réactions de type immédiat décrites  avec la povidone iodée sont rares au contraire de celles décrites avec la chlorhedixine. Au total, seuls 4 cas documentés d’anaphylaxie avec la povidone iodée ont été rapportés .Le premier cas clinique fut publié en 1995. (Pascale Dewachter et Claudie Mouton-Faivre, 2005)

  1. L’allergène impliqué est connu

Trois cas cliniques ont été décrits où la sensibilisation de ces patients à la povidone a été confirmée  pour les deux premiers par les tests cutanés et pour le dernier par les tests cutanés et la positivité des IgE spécifiques dépistées par une technique ELISA. Une réactivité cutanée croisée avec les PCI, la solution de lugol, un iodure de potassium n’a pas été retrouvée infirmant la responsabilité de l’iode. Par ailleurs, quelques réactions anaphylactiques ont été décrites et imputées à la povidone utilisée comme excipient dans plusieurs médicaments. Enfin la povidone a été rendue responsable d’un choc anaphylactique au cours d’une hystérographie réalisée avec du Télébrix®Hystéro, seul PCI à en contenir. Les patients peuvent se sensibiliser vis-à-vis de la povidone par l’application topique de povidone iodée et par le PVP présent dans de nombreux médicaments. Le PVP également largement utilisé en cosmétologie, pour la fabrication de sprays pour cheveux, savons, crèmes hydratantes, pesticides, antihistaminiques,... (Pascale Dewachter et Claudie Mouton-Faivre, 2005)

  1. Pharmacocinétique de la povidone iodée

Lors de l’utilisation de la povidone iodée, une certaine quantité d’iode libéré du complexe PVP-iode est résorbée par la peau. Après utilisation, il est possible de mesurer une augmentation de la concentration d’iode dans le sérum ; on peut également constater une augmentation de l’élimination d’iode dans l’urine (Jürg Morant et Hans Ruppanner, 1996)

  1. Indications et Possibilités d’emploie

La prévention des infections en cas des plaies ,crevasses de la peau ,écorchures ,ulcères et brulures ;pour le traitement des affections bactériennes, mycosiques et virales de la peau et des muqueuses ,des brulures et des plaies infectées ,des ulcères et escarres de décubitus infectés (Jürg Morant et Hans Ruppanner,1996 ).

  1. Posologie et Mode d’emploi

Appliquer uniformément plusieurs fois par jour sur la zone à désinfecter. Si nécessaire, couvrir d’un pansement à gaze .Le traitement sera poursuivi aussi longtemps qu’il y a signe d’infection, respectivement jusqu’à la guérison. En cas d’infections récidives, le traitement peut être renouvelé. (Jürg Morant et Hans Ruppanner, 1996).

Solution dermique : utilisation en badigeonnage et attouchements une à plusieurs fois par jour. Solution hydro-alcoolique (indiqué lorsqu’un séchage rapide de la peau est requis).Imbiber une compresse stérile avec environ 5ml de la solution  et appliquer sur la surface de la peau à traiter pendant 10 secondes une à plusieurs fois par jour. (k.Verhofstadt,  Bonsgrachtstraat, 2011).

  1. Limitations d’emploie
  • Contre-indications

Ne pas utiliser la povidone iodée en cas d’hyperthyroïdie manifesté de dermatite herpétiforme de Duhring, d’hypersensibilité à une ou plusieurs substances contenues dans le produit, d’hypersensibilité à l’iode, ni avant une radiothérapie, d’hypersensibilité au macrogole. (Jürg  Morant et Hans Ruppanner, 1996).

Ne pas utiliser  la povidone iodée en cas d’usage répété pendant la grossesse, à partir du 2ème trimestre de la grossesse ainsi qu’en cas d’allaitement,                                                 

  • Pour le nouveau-né de moins d’un mois
  • Pour la désinfection du matériel médico-chirurgical,
  • En association avec les antiseptiques dérivés du mercure,
  • En cas d’antécédents d’allergie à l’un des constituants, en particulier la povidone.

Il n’existe pas des réactions croisées avec les produits de contraste iodés. Les réactions  d’intolérance (réactions anaphylactoides) aux produits de contraste iodés ou d’anaphylaxie aux fruits de mer ne constituent une contre-indication à l’utilisation de la Bétadine dermique  10%.(Méda pharma 25bd de l’amiral Bruix 75016, 2010).

  • Mise en garde spéciale

L’iode contenu dans ce médicament peut traverser la peau ,en particulier en cas d’usage répété ou sur certaines peaux fragiles ou fragilisées et passer dans la circulation générale .Une attention spéciale est nécessaire lors d’applications régulières réalisés sur peau lésée chez les patients présentant une insuffisance rénale ,en particulier chez les grands brulés .L’utilisation chez l’enfant de moins de 2,5 ans nécessite l’avis du médecin ou de votre pharmacien .En cas de doute ,demandez l’avis de votre médecin ou à votre pharmacien .

  • Prise ou utilisation d’autres médicaments

Eviter l’emploi simultané ou successif d’antiseptiques différents .Afin d’éviter d’éventuelles interactions entre plusieurs médicaments, il faut signaler systématiquement tout autre traitement en cours à votre médecin ou à votre pharmacien.

  • Grossesse

En raison de la présence d’iode, l’utilisation de ce médicament est contre –indiqué à partir du 2ème trimestre de la grossesse, en cas d’usage répété, il ne sera utilisé à titre occasionnel que sur les conseils du médecin.

  • Allaitement

L’allaitement est contre-indiqué en cas d’usage répété de ce médicament .Demander conseil à votre médecin avant de prendre tout médicament.

(Méda pharma 25bd de l’amiral Bruix 75016).

  • Précautions

Tout patient ayant présenté une réaction anaphylactoïde après application de povidone iodée doit bénéficier d’un bilan biologique immédiat (histamine plasmatique, tryptase sérique) et d’un bilan cutané à distance afin de confirmer le mécanisme immunologique de la réaction et la responsabilité de la povidone. La prévention de la récidive d’une réaction immédiate avec la povidone iodée chez un patient ayant présenté une réaction documentée avec cet antiseptique passe par son éviction définitive et probablement par l’éviction des médicaments et/ou produits qui contiennent de la povidone.IL n’ ya pas lieu de contre-indiquer un médicament iodé d’une autre classe thérapeutique chez un patient ayant présenté une hypersensibilité de type immédiat avec la povidone iodée. Aucune publication n’a démontré de réactivité croisée entre  la povidone iodée et l’amiodarone, une solution de lugol, un produit de contraste iodé (hormis de Télébrix Hystéro qui contient de la povidone).Une allergie aux produits de la mer ne contre- indique la prise d’un médicament iodé. (Pascale Dewachter et Claudie Mouton-Faivre, 2005).

En présence d’affections thyroïdiennes, chez des patients présentant un goitre euthyroïdien  ou d’adénomes autonomes, il ne faut utiliser la povidone iodée  surtout à long terme et sur des surfaces étendues  que sur indication expresse. Lors de l’application de la povidone iodée chez des patients présentant des brulures étendues, on veillera à assurer un remplissage vasculaire suffisant .On recommande par ailleurs de surveiller l’équilibre acido-basique, ainsi que la fonction rénale. En cas d’acidose métabolique et d’insuffisance rénale, on s’abstiendra d’administrer la povidone iodée ou on arrêtera le traitement en cours. En cas d’hypersensibilité à l’iode présumée, il est recommandé de tester la tolérance sur une petite surface avant l’application. La povidone iodée n’est autorisée qu’en cas d’indication expresse chez les nouveau-nés et les nourrissons ; dans ces cas un contrôle de la fonction thyroïdienne est indispensable. (Jürg Morant et Hans Ruppanner, 1996)

  1. Interactions et Surdosage
  2. Interactions

La povidone iodée ne doit pas être utilisé simultanément avec des préparations  contenant les substances suivantes, car il peut se produire une inactivation partielle : chlorhexidine, argent de sulfadiazine, alcali, mercure. Toutes interactions éventuelles avec d’autres préparations se manifestent visuellement par une décoloration de povidone iodée. Une décoloration signifie une diminution d’efficacité. Le traitement simultané au lithium peut provoquer un effet additif  ou synergétique hypothyréotique. Chez les patients traités avec du lithium, la povidone iodée ne devrait être utilisée qu’avec précaution ou à court terme. (Jürg Morant et Hans Ruppanner ,1996)

  1. Surdosage

Après absorption accidentelle d’importantes quantités de Bétadine® (70g/kg PC) par voie orale, les symptômes suivants peuvent apparaitre : douleurs épigastriques, nausées, vomissements et diarrhée, polydipsie, crampes abdominales, hypertonie, tachycardie, cyanose, céphalées, vertiges, délire, collapsus et inconscience. En cas d’intoxication, une administration instantanée d’aliments à base d’albumine et d’amidon est recommandée. Le cas échéant, transfert rapide à l’hôpital et lavage gastrique avec une solution de thiosulfate de sodium à 5% (ou 10ml d’une solution de thiosulfate de sodium à 10%) à intervalles de 3heures. A part cela, surveiller cliniquement de très près la fonction thyroïdienne, de manière à exclure une éventuelle hyperthyroïdie induite par l’iode, ou à la diagnostique rapidement. (Jürg Morant et Hans Ruppanner, 1996)

Remarques particulières

  1. Incompatibilités

Départ les propriétés oxydatives de la povidone iodée, il est possible que les métaux  peuvent corroder. Les matières synthétiques sont en générale résistantes ; un changement de couleur, le plus souvent réversible, peut se produire suivant le cas. (Jürg Morant et Hans Ruppanner, 1996)

  1. Avantage des solutions de PVP

Par rapport aux solutions d’iode et aux teintures, les solutions PVP offrent les avantages suivants :

  • Action prolongée : en libérant l’iode élémentaireplus lentement, la solution la povidone iodée a une action antimicrobienne prolongée.
  • Moins irritants comme la concentration d’iode libre dans les solutions PVP est plus faible. Les solutions d’iode sont moins irritantes, en particulier sous les pansements occlusifs. (James-Alexandre.com )
  1. Informations

Les taches de la solution de povidone iodée sur les fibres naturelles s’enlèvent avec de l’eau et du savon ; les taches sur les fibres synthétiques avec de l’ammoniaque diluée ou de la solution de thiosulfate de sodium. (Jürg Morant et Hans Ruppanner, 1996)

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