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CHAP. I. : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE SUR LE SUJET

Dans le présent chapitre, nous allons aborder les généralités de notre étude, lesquelles porteront sur les définitions des concepts, et la théorie explicative de la question sous-examen et nous allons présenter le cadre d’étude.

Section 1. Le cadre conceptuel : définition des concepts

 Un cadre conceptuel dans une étude, sert à clarifier les concepts aux considérations desquels ils sont entendus. Dans cette étape, la conceptualisation va au-delà des simples définitions de concepts sur lesquels s’articule l’étude. Elle constitue une abstraction qui, au fil d’étude, permet au chercheur de réaliser un atterrissage empirique ou idéal type[1]. A cet égard, cette section est subdivisée en deux paragraphes (2). Précisément, les concepts systémiques (§1) et les concepts connexes (§2).

§1. Les concepts systémiques

Dans ce paragraphe, nous allons ouvrir un débat sur les définitions de concepts clés qui forment l’énoncé du sujet d’étude afin de les élucider. Il s’agit précisément, sans prétendre à l’exhaustivité, des concepts : dialogue politique (1), concertation (2), négociation (3), Etat (4), stabilité gouvernementale (5), médiation (6).

  1. Le dialogue politique

Nous ne pouvons pas prétendre à une définition objective du dialogue, mais nous essayerons de comprendre ce concept et d’en donner notre signification. Etymologiquement, le dialogue est un échange omniprésent ou permanant entre les hommes pour les résolutions des différents problèmes. Une conversation, des propos entre deux ou plusieurs personnes. C’est un comportement des hommes l’un à l’égard de l’autre, comportement que leurs relations ne font juste que représenter. Le dialogue a bien ceci de particulier comme le veut d’ailleurs son véritable sens : la mutualité de l’action intérieure … c’est plus que la communication, le dialogue est une communion personnelle[2].

Jean Lacroix soutient cette idée en affirmant que « il faut d’abord comprendre exactement que le bon dialogue est la véritable définition de l’homme : il est en chacun son être humain »[3].

C’est cela que nous avons appelé ouverture de la personne, c’est-à-dire ce qui fait qu’un homme est réceptif et différent des animaux. Il n’y a que des humains qui peuvent dialoguer.

Le dialogue est aussi à scène, une austérité de la liberté jaillissante et de la conscience autonome de la personne humaine. En effet, « dialoguer c’est d’abord s’engager à prononcer des paroles qui auraient un sens, ce qui est sans doute le plus grave engagement et le plus onéreux. S’il est facile de parler pour ne rien dire, pour mentir ou pour s’amuser, il est plus difficile de parler pour dire quelque chose de vrai en vérité »[4].

C’est par le dialogue que nous réalisons sans cesse, notre propre être. Par lui, les idées se forment plus encore qu’elles se communiquent. La vérité n’est qu’une certaine modalité de notre dialogue avec l’univers. Les objets sont impersonnels et exclusifs tandis que les consciences restent réciproques. Tout dialogue comporte une phase d’effondrement. D’où on peut s’affronter aussi bien à soi-même, aux hommes, aux choses qu’à l’ineffable.

  1. Concertation

Système de relations qui substitue à la décision unilatérale prise sans consultation des intéressés la technique de la discussion.

L’économie concertée  a été définie (F. Bloch – lainé) comme « un régime dans lequel les représentants de l’Etat (ou des collectivités secondaires) et ceux des entreprises (quel que soit le statut de celle-ci) se réunissent, de façon organisée, pour confronter leurs prévisions et pour, ensemble, tantôt prendre des décisions, tantôt formuler des avis à l’intention du gouvernement ».

La concertation prend de plus en plus la forme d’une certaine contractualisation, qu’il s’agisse d’accords passés entre l’Etat et des personnes privées (ex. contrats de stabilité, contrats de progrès) ou d’accords passés entre l’Etat et les collectivités (ou groupements de collectivités) locales, qui connaissent depuis quelques années une certaine extension (contrats de plan avec les régions ou les communautés urbaines ; contrats d’aménagement avec les villes moyennes ; contrats de pays)[5].

L’expression « administration concertée » a connu une grande faveur au cours des années 1960 et 1970 ; en particulier dans les domaines de l’économie et de l’aménagement. « La concertation » constitue, notamment, l’une des caractéristiques de la planification économique française : une planification indicative, souple et concertée, c’est-à-dire du point de vue méthodologique, élaborée «  de concerts » entre représentants des pouvoirs publics et représentants du secteur privé (industrie, agriculture, services) et destinée à permettre, dans la mesure du possible, la conclusion de contrats d’objectifs eux-mêmes assortis de dispositifs d’incitation financière ou fiscale (cf. planification).

Dans le domaine de l’aménagement et de l’urbanisme, « la concertation » s’est développée à partir de 1967 dans les relations entre les services de l’Etat et ceux des collectivités locales. Mais aussi et surtout dans les relations entre administrations et aménageurs ou constructeurs (procédures des zones d’aménagement concerté ; modalités de participation au financement des équipements publics).

A partir des années 1975 et suivantes, le thème de concertation a été repris dans diverses dispositions intéressant le cadre de vie. Il s’est alors agi de commencer à apporter une réponse institutionnelle à une revendication majeure des mouvements associatifs militant en ce sens. Les textes sont laissés néanmoins à l’appréciation du conseil municipal ou de la personne publique maître de l’ouvrage, la responsabilité de définir les modalités exactes de la concertation (réunions publiques, expositions, commissions extra-municipales, information par les journaux, etc.) L’idée est que les autorités publiques doivent nécessairement organiser une concertation permettant d’informer les personnes ou groupes intéressés, en amont de la prise des décisions définitives concernant les projets. Elles doivent également tirer le bilan des opinions enregistrées. Les textes les plus récents (2014) ont choisi de substituer au mot « concertation » un tantinet galvaudé, celui « collaboration », censé mieux exprimer l’idée d’une participation à une tâche commune avec en arrière-plan, le souci de conférer à l’action publique une meilleure légitimité. La charte de l’environnement insérée dans le préambule de la constitution de 1958 proclame le Droit de toute personne « de participer à l’élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l’environnement ». Cette dispositions constitutionnelle a été invoquée avec succès, à plusieurs reprises à l’occasion de « questions prioritaires de constitutionnalité », les déclarations d’inconstitutionnalités ont été cependant assorties de prises d’effet différées compte-tenu des conséquences excessives qui auraient pu résulter d’une paralysie immédiate de textes compatibles avec les exigences constitutionnelles. L’interprétation que le législateur donne du principe (art.L.110 code de l’environnement) retient, d’une part, le droit de toute personne d’accéder aux informations relatives à l’environnement détenues par les autorités publiques et d’autre part, le droit de formuler des observations qui sont « prises en considération par l’autorité compétente »[6].

  1. Négociation

La négociation est un processus volontaire et informel par lequel les parties en conflits cherchent à parvenir à un accord mutuellement acceptable. Comme son nom l’indique, chaque partie cherche de meilleures options ; ce qui aboutit à un accord. Il s’agit d’une communication permanente entre les parties en conflits en vue de trouver une solution. Dans ce processus, une tierce personne n’est pas directement impliquée et les parties en conflits devront finalement conclure un accord. La négociation est un mécanisme de résolution de conflit le plus ancien et le plus répandu. Elle est un processus de règlement consensuel entre des parties opposées qui repose sur la discussion. La négociation est le processus par lequel des personnes ou des groupes aux intérêts divergents tentent par des séries d’échange de vue, d’entretiens, de pourparlers et de démarches, de parvenir à un accord qui sera mutuellement bénéfique dans le règlement d’une affaire[7].

  1. Etat

Une communauté d’hommes, fixées sur un territoire propre et possédant une organisation d’où résulte, pour le groupe envisagé, une puissance suprême d’action, de commandement et de coercition[8].

  1. La médiation (Africaine ou internationale)

Depuis les années 80, la « médiation » a investi de nombreux domaines de la vie sociale et politique. Pénale, familiale, internationale, sociale, professionnelle, interculturelle, interinstitutionnelle, « de quartier », scolaire, … les usages multiples du terme dans le langage politique et institutionnel montrent l’importance et l’hétérogénéité des pratiques qu’il recouvre. Cette émergence du recours aux pratiques de médiation apparait révélatrice des nouvelles relations entre les pouvoirs publics et les citoyens, et significative d’une nouvelle forme de régulation politique. Polysémique, ambigüe et recouvrant de nombreuses acceptions et réalités, la médiation fait partie de ce registre lexical de la proximité et de la coresponsabilité qui foisonne dans les discours politiques, justifie un certain nombre de politiques publiques et donne un fondement à l’intervention publique, notamment dans les quartiers en difficulté.

Définie comme étant « un mode de reconstruction et de gestion de la vie sociale grâce à l’entremise d’un tiers, le médiateur, neutre, indépendant, sans aucun autre pouvoir que l’autorité que lui reconnaissent les médias qui l’auront choisi et reconnu librement », la médiation réinvente un mode de régulation social ancien constitue un répertoire d’action politique significatif de manière de gouverner les difficultés sociales de la fin du XXème et du début du XXIème siècle, axées sur la co-responsabilisation[9].

  1. Stabilité gouvernementale

Instrument de mesure d’usage habituel en régime parlementaire pour rendre compte du temps, et par conséquent des moyens donnés à l’exécutif pour gouverner. La stabilité gouvernementale pourra ainsi être considérée comme satisfaisante si le gouvernement mis en place après des élections législatives générales reste en fonction aussi longtemps que l’assemblée dont il est l’émanation (le gouvernement sera dit gouvernement de législature) ; remarquable quand le même premier ministre dépasse le cap de la législature (H. Kohl a été chancelier de 1982 à 1998, Mme Thatcher premier ministre de 1979 à 1990 et à l’inverse très faible et même inexistante quand une même législature connait plusieurs gouvernements : on parlera alors d’instabilité gouvernementale. La 3ème République (104 gouvernements en 69 ans) et la 4ème République (23 gouvernements en 12 ans) en sont mortes[10].

§2. Les concepts connexes

  1. Consensus

« Acte par lequel quelqu’un donne à une décision donc un autre a eu l’initiative l’adhésion personnelle nécessaire pour passer à l’exécution » (P. Foulquie, Dictionnaire de la langue philosophique, PUF). Mais quelle application, peut-on faire de la recherche du consensus quand c’est une assemblée qui doit décider ? Dans toute procédure de décision collective, c’est le vote qui permet de savoir quelle est la décision. Mais précisément, le consensus ne saurait être l’expression d’un vote majoritaire qui, comme l’expression l’indique, dégage une majorité et une opposition. Ainsi voit-on surgir une autre définition selon laquelle le consensus est une procédure « qui consiste à dégager un accord sans procéder à un vote formel » (Larousse en cinq volumes). Si la décision majoritaire fait courir le risque de la « tyrannie de la majorité » (A. de Tocqueville).

La recherche systématique du consensus fait courir le risque d’aboutir, par élimination de ce qui fâche et ajout de ce qui fait plaisir, à des compromis manquant de cohérence, ce qui explique les constitutions ignorent justement ce mode de décision … à l’exception du traité établissant une constitution pour l’Europe – dont la France a refusé la ratification – qui y faisait référence, notamment en ce qui concerne la procédure de révision du traité (art. IV – 443)[11].

  1. Election

Mode de désignation par les citoyens de leurs représentants ou de leurs délégués soit à l’échelon local, soit à l’échelon national, soit dans un cadre professionnel. Mode de participation des citoyens au gouvernement dans le cadre de la démocratie représentative, des administrés au fonctionnement du service (établissement public) ou des salariés à la détermination des conditions de travail.

  • Elections générales : tous les sièges sont à pouvoir, par exemple à la fin du mandat d’une assemblée
  • Election partielle : un siège ou quelques sièges sont à pouvoir, par suite de vacances anormales (démission, décès, annulation d’une élection) [12].
  1. Alternance politique

Principe démocratique selon lequel un parti politique ne peut se maintenir au pouvoir indéfiniment et doit être remplacé par une autre tendance politique lorsqu’elle remporte la majorité des suffrages.

L’alternance peut être irrégulière selon le résultat des élections (Grande-Bretagne, Etats-Unis, France) ou automatique car imposée juridiquement (système adopté par la constitution espagnole de 1876 entre les libéraux et les conservateurs jusqu’en 1923) ou résultant d’un accord entre forces politiques (pacte de 1957 en Colombie).

L’alternance peut être incomplète lorsqu’elle ne concerne qu’un seul pouvoir dans l’Etat, par ex : majorité démocrate au congrès américain depuis 1986, le président Bush, Républicain, ne terminant son mandat qu’en 1992 ; victoire de l’opposition RPR-UDF lors des élections législatives en France, en mars 1986, le président Mitterrand, socialiste achevant son manat en mai 1988[13].

Se dit du remplacement au pouvoir d’une majorité par une autre. Il s’agit d’une pratique particulièrement significative de la démocratie pluraliste, sans en être cependant un élément de définition : souverain, le corps électoral est libre de maintenir sa confiance à la même majorité sur une longue période. L’alternance est normalement la conséquence d’un changement d’orientation du corps électoral[14].

  1. Majorité présidentielle

Notion ambiguë employée dans le vocabulaire politique courant sous la 5ème république. En toute rigueur, la majorité présidentielle devrait seulement désigner les électeurs qui ont apporté leur voix au candidat élu à l’issue du second tour de l’élection présidentielle. Mais cette masse est anonyme par définition (le vote étant secret) et disparait au lendemain de l’élection. Elle est pourtant utilisée par projection et désigne habituellement les forces politiques qui soutiennent le président de la République dans la logique du « présidentialisme » à la française. Il s’agit d’élus, notamment de parlementaires (en ce cas, il serait plus logique de parler de : « majorité parlementaire et non affiliées à un parti politique, faisant allégeance au chef de l’Etat (ainsi de certains ministres issus de la « société civile » [15].

  1. Opposition

1°. Terme employé en droit constitutionnel et en science politique pour désigner les partis et les groupes politiques qui, ne disposant pas de la majorité des suffrages, luttent pour conquérir le pouvoir. L’opposition s’exerce normalement dans le cadre légal, voire institutionnel (statut officiel de l’opposition en Grande-Bretagne), mais se développe parfois en dehors du système politique dont elle refuse les règles du jeu (extrémisme politique). En ce dernier cas, on parle d’opposition « extraparlementaire ».

La possibilité, pour une opposition, d’exister, de faire connaître son programme et d’accéder au pouvoir lorsqu’elle devient majoritaire, caractérise le régime démocratique.

2°. Par extension, ensemble des personnes, groupes, partis qui, d’un moment donné, sont hostiles en tout ou en partie à la politique gouvernementale ; parfois appelé par dérision « les oppositions »[16].

  1. Société civile

En France, cette expression désigne les « forces vives » du pays (notamment les personnes engagées dans la vie professionnelle) par opposition aux hommes politiques envisagés comme « professionnels » de la politique souvent pris en un sens valorisant face à la société politique qui, est alors, considérée péjorativement[17].

Section 2. Cadre théorique : les préalables du dialogue   

Un cadre théorique est un dispositif qui aide un chercheur à expliquer un problème à l’aide d’un inventeur théorique, qui permet d’intégrer la question d’étude dans la communauté scientifique mais aussi de donner sa spécificité. Par contre, une théorie est l’ensemble d’idées, de concepts abstraits, plus ou moins organisés, appliqué à un domaine particulier. Elle est une manière d’interpréter et d’expliquer le fait.

Pour ce faire, dans notre étude, nous allons emprunter « la théorie générale sur le dialogue » tel qu’introduite par Hermès Nzana NAMWANDA. Ainsi, cette section distingue deux paragraphes : les préalables métaphysiques (§1) et les préalables épistémologiques (§2).

§1. Les préalables métaphysiques

Compte-tenu de l’intentionnalité du « langage » nous ne pouvons pas passer sous silence son impact sur le lange. Tout dialogue suppose un locuteur, un interlocuteur et une intention de communication. Witigenstein affirme la nécessité d’une matière ou d’un élément de communication cas, dit-il : « éliminer du dialogue l’élément de l’intention, c’est sa fonction tout entier qui s’écroule »[18]. Disons qu’il s’agit là de trois conditions dites on ne peut plus transcendantales dont la corrélation est d’une valeur indéniable. Il suffit qu’un de ces trois éléments manque pour que le dialogue n’ait plus lieu. Néanmoins, dialoguer c’est chercher un terrain d’entente entre deux ou plusieurs personnes. La communion dialogique n’est ni un heurt de deux monologues qui cherchent à se convaincre mutuellement ni une confrontation de pensées, car elle n’échapperait guère à la catégorie de la violence, mais elle compréhension mutuelle de l’un et de l’autre.

Concernant la référence aux valeurs, il n’y a de dialogue qu’entre un locuteur et un interlocuteur qui admettent que la vérité et la justice sont à la fois transcendantes et virtuellement  innovantes. Le dialogue par là même est bien l’une des voies de la socialisation. Il n’y a donc pas de dialogue sans valeur ou une quelconque intention de communication. Ainsi, la vérité et la justice.

Les principes et les conventions sont des valeurs irremplaçables dans tous nos dialogues.

  1. Locuteur

Un locuteur ou une locutrice est un sujet parlant, son expression est donc parlée et non écrite ou moins encore une mimique. Le locuteur est comparable à la source d’émission d’une information qui peut être reçue positivement ou négativement. Il ne suffit donc pas de parler, mais encore faut-il être en état de parler et savoir parler. Lorsqu’un esclave s’adresse à son maître, il ne parle pas vraiment, puisqu’il n’est pas en état de parler sur le plan d’égalité et moins encore sur celui de la fraternité. Il n’est pas un locuteur au sens philosophique du terme, puisqu’il se trouve dans un état d’infériorité qui l’empêche de considérer qu’il a un point de vue à faire valoir. L’esclave n’est donc pas libre vis-à-vis de son maître. Il faut qu’il soit libéré pour se retrouver vraiment en état d’égalité ontologique.

En outre, savoir parler c’est dire quelque chose de constructif, d’édifiant, d’honorabilité. Lorsque quelqu’un fait un discours où il se parle à lui-même ou qui, dans une conversation ne laisse pas parler les autres ou ne tient pas compte de leur avis, on dit qu’il faut un monologue. Ce n’est donc pas un locuteur intéressant puisqu’il ne reconnait pas la valeur de la communication, ou mieux celle de la communion dialogique. Exemple, ou ne peut pas dialoguer sincèrement avec un nombriliste ou avec un psychopathe sachant qu’il accordera aucune importance à ce qu’on lui raconte.

  1. Interlocuteur

Un interlocuteur est toute personne conversant avec une autre. Si le locuteur peut être comparé à un émetteur, en conséquence l’interlocuteur est comparable à un poste récepteur, à la différence que les rôles sont interchangeables au moment même de la conversation. En effet, différemment du locuteur, le terme interlocuteur implique en lui-même la présence d’une ou plusieurs autres personnes avec qui échanger.

L’exigence de l’égalité ontologique s’impose aussi bien au locuteur qu’à l’interlocuteur. Ce dernier doit aussi être en état de parler et savoir parler pour se conformer aux exigences du dialogue.

  1. Intention de communication

Le dessein délibéré d’échanger avec quelqu’un au sujet d’une matière précise dont les tenants et aboutissants sont connus par les deux partenaires est une exigence métaphysique ou mieux ontologique de toute communication. Ainsi, il n’existe pas d’agenda caché dans un échange dialogique. L’intentionnalité ou la conscience de ce dont on veut parler est un préalable réciproque pour dialoguer. Exemple : échanger au sujet d’une crise qui prévaut dans un ménage et qui risquerait d’être à la base de la dislocation du couple ou parler d’une crise dans une organisation sociale et qui risquerait de créer un soulèvement populaire ou être à la base d’un conflit armé[19]

Les présuppositions métaphysiques engendrent logiquement les présuppositions épistémologiques.

§2. Les préalables épistémologiques

Il s’agit des présuppositions qui découlent de l’analyse logique du mot dialogue qui, par ailleurs, exige quelques principes pour se réaliser. Et pour s’en tenir aux plus évidents, comme l’exprime Jean Lacroix : « les présupposés sont au moins au nombre de trois : - la croyance en l’unité et l’identité et l’identité humaine ; - le refus de violence ; - la référence à des valeurs »[20].

Section 3. Cadre d’étude : présentation de la RDC

  1. Carte politique de la RDC[21]
 
   
  1. Introduction

La RDC est le deuxième plus vaste pays d’Afrique après l’Algérie. Il s’étend de l’océan Atlantique au plateau de l’Est et correspond à la majeure partie du bassin du fleuve Congo. Le nord du pays est un des plus grands domaines de forêt équatoriale au monde, l’est du pays borde le Grand rift est-africain, domaine des montagnes, des collines, des Grands lacs mais aussi des volcans. Le sud et le centre, domaine des savanes arborées, forment un haut plateau riche en minerais. À l’extrême ouest, une quarantaine de kilomètres au nord de l’embouchure du fleuve Congo s’étale une côte sur l’océan Atlantique. Le pays partage ses frontières avec l’enclave de Cabinda (Angola) et la République du Congo à l’ouest, la République centrafricaine et le Soudan du Sud au nord, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie à l’est, la Zambie et l’Angola au sud4. Plusieurs centaines d’ethnies forment la population du pays ; le français est la langue officielle et quatre langues bantoues : le lingala, le kikongo, le swahili et le tshiluba ont le statut de langues nationales.

  1. Géographie

La République démocratique du Congo s’étend de l’océan Atlantique au plateau de l’Est et correspond à la majeure partie du bassin du fleuve Congo, véritable colonne vertébrale du pays. Grand comme quatre fois la France, quatre-vingt fois la Belgique, une fois et demie plus grand que le Québec (Canada), ou encore grand comme la partie des États-Unis située à l’est du Mississippi, c’est le 11e État du monde par sa taille avec ses 2 345 409 km2.

Le fleuve Congo donne au pays son seul accès à l’océan Atlantique dans la ville portuaire de Banana (dans un étroit corridor sur la rive gauche du fleuve traversant le territoire de l’Angola, qui dispose de la rive gauche, et dont il crée une petite esclave sur la côte atlantique entre le nord du fleuve et la frontière de l’enclave angolaise du Cabinda).

  1. Reliefs

Le centre de la République démocratique du Congo est constitué d’une vaste cuvette alluviale couvrant environ un tiers du territoire et dont l’altitude s’étage entre 300 et 500 mètres. Sa végétation se compose de forêts équatoriales et de marais. Le bassin du fleuve Congo comporte un réseau hydrographique dense et de larges plaines inondables.

  1. Politique et administration
  • Divisions administratives avant juin 2015

Le Congo est divisé en vingt-six provinces. Auparavant on en comptait onze (voir la carte ci-contre). Ces nouvelles subdivisions ont notamment pour objectif d’éloigner les risques de sécession de certaines grandes régions congolaises, comme le Katanga.

  • Divisions administrative depuis juin 2015

Province

Chef-lieu

Superficie (km²)

Population (2006)

1

Bas-Uele

Buta

148 331

1 093 845

2

Équateur

Mbandaka

103 902

1 626 606

3

Haut-Katanga

Lubumbashi

132 425

3 960 945

4

Haut-Lomami

Kamina

108 204

2 540 127

5

Haut-Uele

Isiro

89 683

1 920 867

6

Ituri

Bunia

65 658

4 241 236

7

Kasaï

Luebo

95 631

3 199 891

8

Kasaï-Central

Kananga

60 958

2 976 806

9

Kasaï-Oriental

Mbuji-Mayi

9 481

2 702 430

10

Kinshasa

Kinshasa

9 965

12 071 000 (2016)

11

Kongo-Central

Matadi

53 920

5 575 000

12

Kwango

Kenge

89 974

1 994 036

13

Kwilu

Kikwit

78 219

3 637 000

14

Lomami

Kabinda

56 426

2 048 839

15

Lualaba

Kolwezi

121 308

1 677 288

16

Mai-Ndombe

Inongo

127 465

1 768 327

17

Maniema

Kindu

132 520

2 333 000

18

Mongala

Lisala

58 141

1 793 564

19

Nord-Kivu

Goma

59 483

6 655 000

20

Nord-Ubangi

Gbadolite

56 644

1 037 000

21

Sankuru

Lusambo

104 331

1 007 000

22

Sud-Kivu

Bukavu

65 070

5 772 000

23

Sud-Ubangi

Gemena

51 648

2 744 345

24

Tanganyika

Kalemie

134 940

2 482 009

25

Tshopo

Kisangani

199 567

2 614 630

26

Tshuapa

Boende

132 957

1 316 855

  1. Le gouvernement

Depuis la conférence nationale souveraine, le gouvernement congolais n’a jamais été stable suite aux irrégularités issues des différents dialogues en RDC. L’actuel gouvernement est celui mené par le premier ministre Bruno Tshibala publié le 7 avril 2017, en remplacement de celui de Samy Badibanga.

  1. Économie

L’économie est essentiellement agricole (70 % des actifs) ou tournée vers l’exportation. Les minerais sont de grandes ressources. L’économie a été gravement frappée par la corruption et la mauvaise gestion depuis 1977. Ce qui explique le fort taux de contrebande, d’exportation illicite et d’activité minière clandestine.

La majeure partie de la population reste alors active dans l’agriculture bien que les terres cultivées ne représentent que 3 % du territoire.

Le Premier ministre Bruno Tshibala a présenté ce 31 mai 2017 à l’Assemblée nationale le projet de budget 2017. Ce dernier s’élève à 11.301,7 milliards FC, et donc en augmentation de 68,8 %, par rapport au précédent exercice. Ce budget est en équilibre tant en recettes comme en dépenses soit 11.301,7 milliards FC contre 6.694.5 milliards FC pour le précédent budget[22].

  1. Culture

La culture congolaise est très diverse car le Congo-Kinshasa est composé d’une centaine de groupes ethniques, en majorité bantous, et s’étend de l’embouchure du fleuve Congo, puis dans la forêt du bassin du Congo jusqu’à la région des Grands Lacs et la savane.

Depuis la fin du XIXe siècle, les modes de vie traditionnels de la région ont changé à cause du colonialisme, la lutte pour l’indépendance, le long règne de Mobutu, et récemment, la Première et Seconde Guerres du Congo. Malgré cela, les traditions et la culture congolaises ont su garder leurs particularités[23].

[1] R. QUIVY et L. V. Campenhoudt, Manuel de recherche scientifique en sciences sociales, Paris, Dunod, 2006 p.20. 

[2] M. BUBER., La vie en dialogue, Aubier – Montaigne, Paris, 1969, p.113.

[3] J. LACROIX, op.cit., p.121.

[4] J. LACROIX, op.cit., p.122.

[5] C. DEBBASCH, Lexique de politique, éd. Dalloz, 34 – 35 rue Froideraux, 75685, Paris, 2001, p87.

[6] N.KADA, et M. MATTHIEU, Dictionnaire d’administration, Presses Universitaires de Grenobles, 2014, p.93.

[7] T. MOUCTAR Bah, Mme N. NDIAYE, O. TENDENG, Atelier de « diffusion régionale des mécanismes de dialogue national en Afrique » financé par l’Institut des Etats-Unis pour la paix avec l’appui technique de la CEDEAO, p.8.

[8] D. ALCAUD, Dictionnaires de sciences politiques, 2ème éd. Sirey, 2010, p.140.

[9] D. ALCAUD, op.cit, p.244.

[10] M. DE VILLIERS et A. LE DIVELLEC Dictionnaire du droit constitutionnel, 9ème éd., Dalloz, Paris, 2013, p.343.

[11] M. DE VILLIERS et A. LE DIVELLEC, op.cit., p.72.

[12] C. DEBBASCH, op.cit, pp.150-151.

[13] C. DEBBASCH, op.cit, p.13.

[14] M. DE VILLIERS, op.cit., p.7.

[15] M. DE VILLIERS, op.cit., p.226.

[16] C. DEBBASCH, op.cit. p.290.

[17] Idem, p.397.

[18] L. WITTGENSTEIN, Remarques philosophiques, éd. Gallimard, Paris, 1975, p.15.

[19] C. DEBBASCH, J. Bourdon, op.cit, p.83.

[20] J. LACROIX, op.cit., p.125.

[21] http://www.computerreach.org/wp-content/uploads/2017/05/Congo-map.jpg, consulté le 19/09/2017 à 21h30  

[22] http://www.mediacongo.net/article-actualite-27067.html, consulté le 19/09/2017 à 22h10   

[23] https://fr.wikipedia.org/wiki/Republique_democratique_du_Congo, consulté le 19/09/2017 à 22h32

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