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PREMIER CHAPITRE : GENERALITES SUR LA TOXICOMANIE

Ce chapitre définit les concepts clés du travail, présente la revue de la littérature et les études antérieures.

I.1.Définition des concepts   

Nous définissons les concepts étiologie, toxicomanie et toxicomane. 

I.1.1. Etiologie 

En médecine, l’étiologie est l’étude des causes et des facteurs d’une  maladie. Ce terme est aussi utilisé dans le domaine de la psychiatrie et de la psychologie pour l’étude des causes des maladies mentales (http://ww.cnrt.fr/etymologie.%(3zytologie).

        Selon le dictionnaire encyclopédique (2015 .P.445), l’étiologie est l’étude des causes d’une maladie.

Pour Larousse (2012, p.442), l’étiologie est une partie de la médecine qui recherche les causes des maladies.

Nous définissons l’étiologie comme un processus qui nous aide à comprendre l’origine d’une anomalie.

I.1.2. Toxicomanie

La toxicomanie, du grec : toxikon qui signifie  poison, et manir, signifiant folie (Asminasalmadjee, 2003, p.44).

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) que citée dans le Dictionnaire Encyclopédique. (2012, p.1199),  la toxicomanie correspond  à quatre éléments :

- Une envie irrépressible  de consommer le produit (addition) ;

- Une tendance à augmenter les doses (tolérance) ;

- Une dépendance psychologique et parfois physique ;

- Des conséquences néfastes sur la vie quotidienne (émotives, sociales, économique).

Donc, la toxicomanie désigne une dépendance physique et psychologique d’une ou plusieurs substances chimiques exogènes, généralement toxiques ou, une dépendance à une ou plusieurs substances qui s'installent après une période variable de consommation assidue.

I.1.3.Toxicomane

Un toxicomane est un individu qui fait usage des stupéfiants ou des trogues (Collette et Lepi, 1943, p.442).

La toxicomanie est une maladie où le patient ressent le besoin de consommer des produits toxiques, se caractérisant également par l’accoutumance (Asmina Salmadjee, 2003, p.44).

Ainsi, La toxicomanie est un état de dépendance  aux produits toxiques caractérisant le toxicomane par l’impossibilité de se retenir de consommer les produits toxiques.

I.2.CADRE THEORIQUE D’ETUDE

Dans cette partie de la recherche, nous parlons des types de drogues, des facteurs du développement de la toxicomanie, de la cause d’abus des drogues, des dangers liés à la consommation des drogues, des prédispositions de certains sujets à la toxicomanie et de la toxicomanie comme symptôme familial.

I.2.1.Sortes de drogues

Selon Ehrenberg (1995, p.2), la pharmacologie définie le mot drogue  désigne toute substance agissant sur le système nerveux central et dont l’usage abusif provoque de perturbations graves, physiques et mentales, ainsi qu’un état de tolérance et de dépendance, et en énumère quelques types :         

  1. Cannabis 

La marijuana et les autres sont obtenus à parti du chanvre (cannabis sativa), le tétrahydrocannabinal (thl) est le principal ingrédient hallucinogène qui modifie l’humeur et la perception. Le cannabis ou la Marijana peut être fumé  sous forme de cigarettes roulées à la main ou dans des pipes spéciales. Le cannabis se fume dans tous les groupes sociaux et à âges divers et serait la drogue illicite la plus couramment utilisée.

Ceux qui la consomment avancent diverses raisons : la curiosité, la pression sociale, etc. Tout prouve que fumer des cigarettes est une cause de maladie chez les fumeurs et la fumée  sous forme de gaz et de particules contiennent des milliers d’agents dont beaucoup peuvent endommager des tissus et entrainer des maladies (OMS, 2000, p.7).

 Il est une plante cultivée dans le monde entier, un produit manufacturé élaboré à partir de feuilles séchées de plantes appartenant à la famille des solanacées et caractérisées par la présence de nicotine. La nicotine est une substance alcaloïde psychotrope contenue dans le tabac pouvant être à l’origine d’une dépendance durable. Elle possède un effet  éveillant  anxiolytique et coupe-faims et est  une composée responsable de la dépendance aux drogues. Des recherches récentes ont montré que sa fumée contient aussi des produits qui bloquent la dégradation des neuromédiateurs comme la dopamine, la sérotonine et la noradrénaline.                                              

  1. Cocaïne 

La cocaïne se présente sous la forme d’une fine poudre blanche  cristallisée et  sans odeur,  extraite des feuilles de cocaïer. La cocaïne agit en empêchant la recapture de la dopamine, de la noradrénaline et de la sérotonine au niveau des synapses. L’usage de cocaïne provoque une euphorie immédiate, un sentiment de puissance intellectuelle et physique et, une indifférence à la douleur et à la fatigue. Ces effets laissent place à un état dépressif et à une anxiété que certains apaisent par une prise d’héroïne ou de médicaments psychoactifs. Sa prise  entraine aussi une augmentation de l’activité psychique et par conséquent, des insomnies, des pertes de mémoire et des phases d’excitation.

Une autre caractéristique de la cocaïne est de lever les inhibitions, ce qui peut conduire à des actes de violences, des agressions sexuelles, des dépenses compulsives, etc.

  1. Héroïne 

L’héroïne est un opiacé puissant obtenue par synthèse à partir de la morphine extraite du pavot. L’héroïne se présente sous la forme d’une poudre ou de granulés à écraser. Elle est transformée dans le cerveau en morphine et provoque rapidement l’apaisement, l’euphorie et une sensation d’extase. Cet effet immédiat de plaisir intense est suivi d’une sensation de somnolence accompagnée parfois des nausées, des vertiges et d’un ralentissement du rythme cardiaque et, agit ponctuellement comme anxiolytique puissant et comme anti dépresseur.

I.2.2.Facteurs du développement de la toxicomanie

Hawkins et al. (1992. p.17) pensent qu’un facteur du développement, est un élément qui augmente la probabilité de l’apparition d’un problème chez un individu.  Les facteurs du développement qui y sont identifiés peuvent être regroupés en deux grandes catégories :

  1. Facteurs individuels liés à l’environnement

Parmi les facteurs individuels liés à l’environnement, nous pouvons citer :

a.1. Facteurs liés à la famille

Hawkins et al. (1992. p.18) ont recensé divers facteurs  relatifs à la famille qui peuvent intervenir dans la consommation des drogues chez les jeunes : les attitudes et comportements des parents par rapport à l’usage de drogues, les conflits familiaux, l’attachement parental insuffisant, les antécédents  criminels, les problèmes de santé mental des parents ou les situations d’abus durant l’enfance, les conduites parentales inadéquates liées à la violence familiale ou de la toxicomanie des parents , la dynamique familiale inadéquate causée par les mauvaises pratiques parentales comme l’absence de supervision, les mouvais traitement durant l’enfance et la violence familiale, la présence de violence au sein de la famille et le fait d’avoir été victime de mauvais traitement durant l’enfance.

Tidesley et Andrew (2008, p. 8) estiment que l’usage des drogues chez les parents réduit le contrôle parental et augmente l’inconstance disciplinaire, laquelle est liée à l’augmentation de l’intention des enfants d’en consommer.

  1. Facteurs liées à l’école

Lorsque la norme en matière de consommation des drogues reflète une tolérance et une permissivité, les élèves ou les étudiants sont plus susceptibles de fumer de façon excessive, notamment les problèmes académiques,  les échecs scolaires, peu d’engagement ou d’appartenance à l’école (Kairous et Adlaf, 2003, p.18).

  1. Facteurs liés aux comportements problématiques

L’usage précoce des drogues est un facteur associé à la toxicomanie et à la dépendance aux drogues ; liens avec des pairs qui consomment entrainent des comportements précoces et persistants de drogues, d’aliénation et de rébellion contre l’autorité, comportement délinquant (Hall et Degenhard, 2007, p.67)

  1. Facteurs liés aux problèmes de santé mentale

Il est clair qu’une comorbidité des problèmes psychiatriques chez les adolescents aux prises avec des problèmes d’abus de substance psychoactives entrainent un problème de santé mentale.

D’après Kalant (2004, p.44), les difficultés émotionnelles vécues par les adolescents peuvent amener une plus grande consommation de drogues, mais chez les jeunes adultes, c’est plutôt l’usage fréquent de drogues qui peut être associé à des problèmes de santé mentale associés souvent aux suicides.

  1. Facteurs contextuels

Babor et al. (2003, p.54) pensent que les lois, les normes et les accessibilités sont la cause de la toxicomanie. Il cite les facteurs ci-après : la taxation, les lois régissant à qui la drogue est vendue, les lois régissant sur la façon dont la drogue est vendue et les normes culturelles.

Aussi, plusieurs études ont démontrées que la consommation de drogues est associée à des facteurs de l’environnement social : l’âge légal pour se procurer de l’alcool, le prix ainsi que l’exposition à la publicité et au marketing de ce produit joue un rôle dans la consommation de drogues chez les jeunes.

Les personnes qui consomment des drogues ne le font pas toutes pour les mêmes motifs ; il y a en fait autant de raisons de faire usage de ces substances qu’il y a d’individus. Parmi les facteurs servants à expliquer la consommation des stupéfiants et l’alcool, on mentionne le plus souvent les pressions de l’entourage, la curiosité, le plaisir, le contraintes comme des événements douloureux, l’ignorance, l’aliénation et l’isolement sur le plan affectif lié aux changements dans la structure sociale. Ajouter à cela, la vie urbaine et le chômage, la difficulté de faire face aux tensions de la vie, le manque d’affection et la détérioration de la familiale.

Certains les utilisent comme antidote contre la peur et l’insécurité et, en consomment pour se donner une impression de sécurité et de courage. D’autres croient retrouver le sens de la dignité et la confiance en soi qu’ils avaient perdus ou se bercent des faux sentiments de puissance et d’exaltation que procurent ces substances.

La consommation des drogues ne permet  jamais d’atteindre le but recherché, offrant tout au plus une excursion illusoire dans un monde de bien–être irréel qu’on pourrait comparer pendant les quelques heures ou les quelques jours que durent ce voyage à une prise en otage psychologique du cerveau qui devra payer tôt ou tard une lourde rançon. En effet, l’accoutumance peut exister sans effet adverses de la consommation et se caractérise uniquement par une persistance de la consommation.

L’usage ne peut être qualifié de dépendant que s’il a des effets adverses. D’une part, il affecte à des termes plus ou moins long différents capitaux humains. D’autres part, il a un effet direct sur les ressources disponibles, en argent puisqu’il n’est pas compatible avec toute activité et en temps,  de rechercher des produits illicites d’extase et de redescente le plus souvent.

Suranovic et al. (1999, p.16) montre l’impact de  la drogue sur la durée de vie. L’horizon de vie dit-il, est variable, ce qui n’est pas le cas dans le modèle de Becker et Murphy (1988, p.56) où l’horizon de vie est infini ou fixé et l’arrêt est uniquement dû à des causes  exogènes : ici, le consommateur choisit sa durée de vie suivant  son profil de consommation.

Dans ce sens, il existe chez certaines personnes une vulnérabilité génétique à certaines substances toxiques comme l’alcool. Ainsi, le stress provoqué le développement de ce qui n’était au départ qu’une prédisposition génétique. De même, les pressions exercées par l’entourage peuvent avoir un impact sur la  propagation de la consommation de drogues chez les jeunes et en particulier chez ceux qui sont génétiquement vulnérables.

I.2.3 Cause d’abus des drogues

De façon générale, les causes d’abus substances psychoactives sont nombreuses. Notre société est entourée des produits qui sont sensés rendre notre vie très facile ; ces produits qui tentent de satisfaire à certaines plaisirs reçoivent une identification fonctionnelle par l’usage qu’en est fait dans le monde des adultes. Les causes pour l’utilisation de ces produits  sont diverses et parfois paradoxales (Léonard et Ben Amar, 2002, p. 29-30) : 

- Problèmes conjugaux : infidélité, conflit conjugal, interruption de vie conjugale, séparation, divorce, décès du conjoint, difficultés relationnelles, disputes et mésentente sévère.

- Problème familiaux : conflit relationnel, séparation avec la famille, disputes entre les parents ou les enfants, négligence ou défaillance des parents, maladies, handicap des parents, violences familiales, rupture familiale, difficultés communicationnelles.

- Problèmes sociaux : décès d’un ami proche, modification importante du statut social, isolement, oisiveté, manque d’emploi, manque d’aptitudes personnelles, déménagement ou changement de voisins, absence d’aide en cas de besoin. 

- Problème sanitaires : conflit avec la loi, accident, agression, maltraitances physiques, sexuelles ou psychologiques et baisse des capacités physiques.

- Problèmes financiers : diminution significative des revenus, difficultés financières pour assumer le logement, alimentation, soin de santé et besoins personnels, payement des dettes ou remboursement d’un prêt.

La consommation abusive des drogues est aujourd’hui un problème mondial qui a franchi  les frontières sociales, économiques et géographiques pour diverses raisons, car certains segments de la population sont particulièrement vulnérables à l’abus des drogues et de l’alcool. Dans ces segments, nous avons :

- Les jeunes, en particulier ceux qui sont seuls ou qui proviennent de foyers traumatisés ou des milieux défavorisés ;

- Les enfants et la famille  d’alcooliques : certaines drogues  créant l’accoutumance peuvent entrainer une vulnérabilité biologique chez  les enfants ;

- Les personnes âgées, surtout celles qui vivent seules et isolées ou qui souffrent de douleurs chroniques nécessitant l’emploi des analgésiques ;

- Les personnes qui souffrent de dépression et d’autres formes de troubles psychoaffectifs risquent de développer une accoutumance par l’emploi de médicaments sans prescription médicale en faisant usage de drogues pour combattre la dépression ;

- Les femmes qui souffrent d’isolement social et particulièrement celles séparées ou divorcées sans liens familiaux, ni soutient ;

- Les gens du spectacle, les professionnels de la santé, les agents de la police, les juges, etc.

Les facteurs des vulnérabilités associées à  l’initiation et à la progression de la consommation se retrouvent dans quatre principaux thèmes :

- La détresse psychologique persistante souvent associée à des moments de crise,

- Le sentiment d’échec ou d’incompétence par rapport à différentes tâches développementales comme le départ de maison parentale, le rôle maternel ou le rôle de travailleuse ;

- Les difficultés interpersonnelles ;

- Le partenaire amoureux.

L’initiation à des substances psychoactives est reliée à un événement de vie, le décès d’une figure d’attachement significative étant celui le plus cité.

Quant à la progression de leur consommation : déménagement, rupture amoureuse, naissance, perte d’emploi, obtention d’un nouvel emploi, perte de la garde de son enfant. Plusieurs de ces événements, comme ceux liés à l’initiation, impliquent des expériences du deuil et de rejet.

Bertrand et al. (2004, p ; 28) précisent que le récit des initiations à la consommation d’une substance met en lumière les difficultés interpersonnelles des participantes. Ainsi, près de la moitié de celles-ci,  révèlent l’importance de leur timidité ou anxiété sociale : j’avais des problèmes, à force de n’ai pas pouvoir m’exprimer, j’étais gêné, ce qui a fait que, quand j’ai bu, tout de suite,  ça m’a comme gonflée et j’étais capable de parler quand j’étais en boisson.

La moitié des garçons et des femmes nous parlent d’isolement, d’ennui et de solitude en lien avec la progression de leur consommation. Les participantes évoquent fréquemment leur partenaire amoureux pour expliquer l’initiation et la progression de leur consommation à différents moments de leur vie. Pour ce qui est de l’initiation par un amoureux, rapportée par le tiers des participantes, celle-ci se déroule vers la fin de l’adolescence, soit de 15 à 21  et est reliée à des drogues dures (cocaïnes, hallucinogène et méthamphétamine). La plupart du temps, elles vivent des relations amoureuses instables avec des garçons qui font parties de leur réseau d’amis consommateurs.

I.2.4. dangers liés à la consommation des drogues

Ces dangers sont les suivants (http://www.carrefourinternet.co.blog):

  • Dans l’organisme : trouble mentale, hallucination, cancer, dépendance, cirrhose du foie, altération des organes de sens, l’estomac, le foie, l’excès de calories, carences en vitamines B1 entraînant la névralgie (douleurs le long des nerfs, des maux de tête, de tremblement, etc. 
  • Dans la société : banditisme, viol et assassinat, trafic illicite et contrebande, comportement incohérent parfois brutal.

1.2.5. Prédispositions de certains sujets à la toxicomanie

Pendant la petite enfance, on retrouvera dans nombre de cas une difficulté à établir la juste distance entre mère et enfant (http://www.carrefourinternet.co.blog) :

  • Trop peu de présences, trop peu de maternages (qui peut laisser la trace psychique d’un sentiment d’abandon, de vide affectif insupportable). La consommation de drogues est alors une tentative de lutter contre la dépression et le sentiment d’abandon. Lutte aussi contre la culpabilité qui pousse l’enfant à penser qu’il est responsable de cet abandon, (il n’était pas le bon objet de la mère), donc la haine de soi.
  • Ou bien au contraire, la surprotection (une mère trop présente qui étouffe son enfant) ;
  • Ou alors la mère qui ne saurait pas ou ne pourrait pas distinguer la signification des cris de son bébé (la demande) et y répondrait par une réponse-nourriture systématique, favorise la dimension orale, donc le recours ultérieur à des aortiques d’incorporation, à la place de la parole, de l’échange, généralement du processus de mentalisation ;
  • La mère qui anticipe les besoins en écrasant la demande de l’enfant, donc pas de frustration, de perception de manque (c’est le manque de manque) ;
  • Parfois les deux extrêmes alternent ; parfois l’ambivalence traduit sous forme de viols, sont souvent rapportés parmi les blessures infantiles chez les adolescents présentant des troubles graves de conduites sociales (comportements délinquants, etc.). Mais se retrouvent très souvent aussi des blessures affectives laissées par des abandons, des rejets, des indifférences ou des relations ambivalentes et non maitrisées par les parents ou des parents eux-mêmes accaparés par leurs propres dépendances non passées qui prennent parfois figures pathologiques (alcoolisme notamment chez le père, dépression chronique chez la mère, etc.).

Rappelons, à propos de la « juste distance » l’importance de la loi symbolique qui pose la question de la séparation, par conséquent l’importance à accorder ici au pôle paternel. Ce qui se trouve donc interroger est la qualité des relations mère-enfant, relations souvent insuffisamment soumises à une loi symbolique, la loi du père.

Les personnalités additives sont bien souvent aux prises avec la problématique de la séparation impossible et la difficulté de séparation n’est pas élaborée mais contournée et remplacée par une relation de dépendance toxicomaniaque dans une consommation répétitive de la drogue ; toute confrontation au manque est ainsi évitée.

Du côté du père, il y a :

  • Défaillance paternelle, qui n’aurait pas introduit la loi entre la mère et l’enfant, loi structurante (loi interdictrice puisqu’elle interdit les désirs incestueux sur la mère, mais non persécutrice puisqu’elle ouvre la relation aux autres ou au désir de l’autre) ;
  • Identification au père, si celui-ci est aussi dans un mode de dépendance aux drogues ou un mode de vie marginal non toléré par la mère ; dans les antécédents pathologiques des toxicomanes, on retrouve beaucoup de tentatives de suicide, ce qui fait penser qu’il existe des analogies structurales à l’origine de ces deux comportements autodestructeurs.

Pendant  l’adolescence, pour comprendre la nature psychopathologique des conduites toxicomaniaques, il faut les restituer dans le contexte général des troubles du comportement des adolescents. En effet, la forme qui pose problème est celle qui advient à l’adolescence et au début de l’âge adulte autour de la question œdipienne et de la menace de castration.

Ainsi, l’autonomisation se construit comme sujet ayant sa propre identité. C’est accepter de renoncer aux protections du jardin d’éden de l’enfance. Mais, il n’y a pas l’identification sans une certaine reconnaissance de ses dépendances. Si celles-ci sont violemment rejetées, c’est souvent pour tenter de répondre aux besoins internes de rompre avec celles trop intenses ou trop absentes de l’enfance. Sans cette sécurité du lien, c’est la peur de l’abandon qui prédomine et il ne peut y avoir d’individualisation assumée.

La clinique de l’adolescence est marquée du sceau de sa problématique dont les caractéristiques sont la dépression, la sexualité, le choix de son identité et la tendance à agir. Les différents symptômes de mal-être à l’adolescence se rattacher à cette problématique de conduites suicidaires, à risque de délinquance, d’inhibition, d’anorexie-boulimie ou d’usage de drogues.

Pour faire face aux nouvelles pulsions érotiques ou agressives, l’adolescent normal doit faire des efforts complexes d’adaptation psychique ; certains, incapables de fournir ces efforts vont recourir à la drogue pour geler les pulsions.

1.2.6. Toxicomanie comme symptôme familial

La dépendance toxicomaniaque n’a de sens que si on la resitue dans le contexte familial. Toute approche familiale devrait d’ailleurs être envisagée d’un triple point de vue : la famille au moment de l’enfance du sujet, la famille à l’adolescence du même sujet, la famille après la découverte de la toxicomanie.

Redisons avec netteté qu’il n‘existe pas de famille type « toxicomanogène » et qu’il faut se garder d’établir des relations simplificatrices de causalité directrice entre telle occurrence dans l’histoire familiale et la survenue ultérieure d’une toxicomanie. Il s’agit de facteurs complexes et multiples parfois très précoces dont la résultante d’ensemble a pu jouer un rôle dans l’organisation problématique de la personnalité du sujet.

Quoiqu’il en soit, à partir de ce moment il est intéressant de voir la place que prenne le symptôme dans l’économie de l’ensemble des relations familiales. Nous pouvons retenir plusieurs problématiques présentes dans les familles des toxicomanes :

  • Les séparations impossibles, lorsque la toxicomanie légitime le maintien de l’enfant au domicile familial, évitant de confronter ses parents à leur propre solitude dans un contexte de deuil à faire ou à venir de leur propre parent ;
  • Les conduites incestueuses ou para-incestueuses, sortes de mariage intrafamilial, relation privilégiée et fortement érotisée entre par exemple, une mère et son fils, que la prise de drogue vient légitimer ;
  • Les transgressions transgénérationnelles, transgression de la loi par les parents, déviances ou fascinations pour les conduites déviantes ;
  • Les problèmes d‘acculturation, lorsque les jeunes doivent obéir à un double système de valeurs, parfois contradictoires.

Avec l’adolescence, la perspective du départ de la maison peut être ressentie comme une menace pour l’équilibre familial. Le maintien ou le renforcement des liens de dépendance entre le sujet et son milieu familial que l’on voit alors se développer, peut constituer un environnement favorable à l’émergence d’une conduite additive. On observe tout un vas- et-vient de l’adolescent entre ses conduites marginales, toxicomaniaques, risquées, lointaines et les retours répétitifs vers l’univers maternel ou ce qui en tient lieu ; d’où il repartira de nouveau à grand francs pour y revenir irrésistiblement.

Une fois la toxicomanie établie, il n’est pas rare que les parents, malgré la multitude indices inquiétants, passent des mois voire des années avant de pouvoir admettre le problème. Tout se passe le plus longtemps possible comme si tout continuait d’aller bien, sans menace pour le statuquo.

Lorsque les faits deviennent incontournables, les parents sont abasourdis, ne comprennent pas : « comment en est-il arrivé là ?  Nous lui avons toujours tout donné, il n’a jamais manqué de rien ».  En effet, dans ce cas, les frustrations ont toujours été évitées au mieux et les relations à types de comblement ont été fréquentes.

En apparence, ces conduites sont susceptibles de faciliter la séparation, mais en réalité tout et tous concourent toujours à permettre le retour au bercail.

L’usage des drogues est objectivement déploré, des démarches d’aide et des soins sont organisés, on prend des mesures ; mais on paye financièrement des dettes de la drogue le plus longtemps possible. On observe les départs tonitruants mais on rappelle que la porte est toujours ouverte. A bout de patience, on finit par dire qu’elle est fermée, mais on accueille à nouveau à la première manifestation. On dit qu’il se débrouille mais on déclare qu’il est si fragile en ce moment qu’il faut bien s’occuper de lui, de ses affaires, de sa santé et de son travail.

Tout se passe comme si un équilibre nouveau, autour de la toxicomanie et des souffrances pour tous ceux qui l’accompagnent, s’établissait désormais pour cette famille, équilibre que tout le monde inconsciemment concourt à maintenir (http://www.carrefourinternet.co.blog).

I.3. Théories explicatives de la toxicomanie

Parmi les théories en vogue, Rotsart De Dertaing et Courte Joie (1974, p.11) citent :

  1. Théorie comportementaliste

Le courant de pensée comportementaliste ne fait aucun lien entre la consommation de drogues et d’éventuels soubassements psychologiques. Elle réfute par principe l’existence de motivations inconscientes.  Dans les structures comportementalistes, on présuppose que la drogue est venue se greffer de façon accidentelle sur un organisme sain et qu’il suffit d’empêcher un certain temps la mauvaise habitude de s’exercer pour que le sujet redevienne sain.

Ceci peut être le cas pour certaines toxicomanies récentes mais, là les sujets consultent rarement et parviennent à décrocher seuls. Autant la cure de sevrage physique est facile, autant il est difficile de rester abstient longtemps. La fréquence des rechutes après sevrage physique peut conduire l’entourage à rêver d’un traitement radical, voire d’un traitement miracle qui puisse être appliqué à l’insu du toxicomane qui refuse de se faire soigner. D’où le foisement des structures et des techniques de soins différentes proposant toutes un traitement radical. Dans cette postcure, on propose un temps de travail de deux mois avec des psychothérapies tous les jours. Au préalable, il est demandé au patient d’être complètement sevré de méthadone et de tous médicaments, ce qui n’’est pas sans risque lorsque l’on a à faire à une pathologie d’état limite ou psychotique qui peut se décompenser en l’absence de médicaments et sous la pression du travail psychothérapeutique intensif. L’objectif étant ici comme ailleurs d’en finir radicalement avec les conduites toxicomaniaques.

  1. Théorie neurobiologique

Sur le plan neurobiologique, un consensus scientifique existe sur le fait que la plupart des substances psychoactives agissant sur les circuits neuronaux dits : de la récompense, en activant les neurones de l’aire segmentale ventrale et leurs projections dopaminergiques d’un coté sur le cortex préfrontal et de l’autre sur le noyau acumens.

Les phénomènes d’auto-administrations chez l’animal et les mécanismes de renforcement semblent également comparables. De plus, il parait que, quelle que soit la substance en cause, les phénomènes de dépendances reposent sur (ou provoquent) des perturbations de ces circuits neurochimiques, en particulier la voie dopaminergique mesolimbique.

Cette dépendance se traduit à l’arrêt de la consommation, par syndrome de sevrage dont l’expression symptomatique et l’intensité sont différentes selon le produit en cause.

Rappelons que longtemps, la tendance est de réduire la problématique de l’addiction à une simple affaire des produits et que l’élaboration théorique et le compte rendu des données cliniques dont disponibles montrent  que cette affaire est loin d’être une simple affaire de molécules. Cette tendance ne fait que confronter la société et  addicter que tout cela n’est qu’une affaire de désordres chimiques.

  1. Théorie psychopathologique

Dans une perspective nosographique, le toxicomane tend à observer des éléments psychopathologiques relevant de chacune des grandes structurations psychologiques, sans qu’il soit possible de les systématiser dans l’un des modèles le plus typés que sont : la psychose, la perversion, la névrose et les états limites.

S’il est vrai que chacun toxicomane est différent, que donc avons-nous   à faire à des personnalités différentes et à des structures psychiques différentes. Dans cette perspective psychopathologique, les soins sont souvent d’ordre psychiatrique et donc médicamenteux.

Il est largement admis qu’on ne devient pas toxicomane par hasard et que la majorité des toxicomanies actuelles sont à mettre en rapport avec des troubles dans les processus de maturation de la personnalité.

  1. Théorie psychanalytique

Une des questions qui se pose régulièrement au toxicomane et au soignant est celle de la dépendance  physique et  psychique. 

Dans la dépendance physique, l’organisme réclame le produit à travers des symptômes, variant selon la substance consommée, qui traduisent un état de manque. La privation de certains produits tels que les opiacés, l’alcool et certains médicaments psychoactifs engendre des malaises physiques : douleurs avec les opiacés, tremblement majeur avec l’alcool, convulsion avec les barbituriques et les benzodiazépines. Celui-ci peut s’accompagner de troubles du comportement (anxiété, irascibilité, angoisse).

Dans la dépendance psychique, le problème est d’expliquer la manière dont un sujet se raccroche à l’héroïne alors que son organisme a été sevré depuis de longues années et ne s’est plus imprégné de drogue.

Une fois qu’un organisme a cessé de consommer, la personne peut mettre longtemps à s’adapter à la vie sans le produit. L’arrêt de la consommation bouleverse ses habitudes, laisse un vide et permet la réapparition d’un mal être que la consommation visait à supprimer. Cela explique l’apparition possible de rechutes  et ces dernières font parties du lent processus vers l’abstinence, qui à terme, peut permettre d’envisager la vie sans consommation.

De ce qui précède, c’est cette dernière théorie qui se place sur la même ligne de conduite que cette étude.

I.4. ETUDES ANTERIEURES

Un travail scientifique ne peut se réaliser sans références aux autres chercheurs qui ont abordé le même sujet dans d’autres perceptives. C’est ainsi que nous présentons certains travaux :

  1. Etude de Dzoolzo Eli Ekploans Kpelly (2010)

Intitulé types d’attachement parental et additions aux drogues observées chez les adultes au centre hospitalier national spécialisé à la santé mentale, l’auteur s’est posé les questions suivantes :

- Le type d’attachement Secure protège-t-il contre les conduites additives ?

- Le type d’attachement insécure favorise-t-il les conduites additives observées chez les jeunes adultes ?

- Un type spécifique d’attachement insécure entraine-t-il un profil d’additions donné ?

Comme hypothèses, l’auteur a supposé que :

- L’attachement sécure protégerait les jeunes adultes contre les conduites additives ;

- L’attachement insécure  favoriserait les conduites additives chez les jeunes adultes ;

- Le type spécifique d’attachement insécure entrainerait un profil d’addictions donné chez les jeunes adultes.

          Il s’est fixé comme objectifs :

  • Identifier les pratiques additives observées chez les jeunes adultes.
  • Estimer l’indice de relation entre les types d’attachement et les conduites additives
  • Estimer l’indice de relation entre une catégorie d’attachement insécure et un profil d’addictions donné.  

Sa population était constituée des tous les patients du sexe masculin du centre hospitalier et qui sont hospitalisés ou qui ont été consulté pendant la période du 1er juin au o3 septembre 2010.  Au sein de laquelle il a tiré un échantillon de 32  sujets.

Pour vérifier ces hypothèses, le chercheur a adopté la méthode d’enquête et l’observation appuyée par la technique du questionnaire.

Pour dépouiller et traiter les données, l’auteur a utilisé le décompte fréquentiel et l’analyse de contenu ont été utilisés comme technique de dépouillement et de traitement des données.

Après l’analyse des données, le chercheur est arrivé aux conclusions suivantes :

- Les toxicomanes d’un attachement insécure détachés sont dirigés vers l’alcool, le tabac, l’héroïne et le cannabis ; ceux de l’attachement insécure préoccupés touchent à  des substances psychoactives et ceux de l’attachement insécure désorganisés sont conduits plus vers l’alcool et le tabac.

Les résultats obtenus à l’issu de cette recherche ont permis au chercheur de confirmer ses hypothèses.

  1. Etude de Mave (2013)

Sa recherche a porté sur l’effet de la consommation abusive de l’alcool lié aux conditions de vie des responsables dans les ménages du quartier Kahembe de Goma.

Elle s’est fixée comme objectifs:

- Déterminer l’effet de la consommation abusive de l’alcool sur le revenu du responsable des ménages du quartier Kahembe de Goma ;

- Déterminer l’effet psycho-sanitaire de la consommation abusive de l’alcool pour la santé psychique et physique du responsable de ces ménages ;

- Déterminer l’effet de la consommation abusive de l’alcool sur les relations sociales chez ces responsables.

Les hypothèses suivantes ont été formulées pour répondre aux questions qu’elle s’est posée:

- La consommation abusive de l’alcool affecterait les revenus ou l’économie des responsables de ces ménages ;

- La consommation abusive de l’alcool affecterait la santé psychique ou physique dans ces ménages ;

- La consommation abusive de l’alcool par ces responsables affecterait les relations sociales entre ces derniers  et les membres de leur famille.

Pour atteindre ses objectifs et vérifier ses hypothèses, elle a administrée un questionnaire aux responsables des ménages de ce quartier. Dans ce sens, le décompte fréquentiel  et l’analyse de contenu ont été utilisés comme technique de dépouillement et de traitement des données. Ses résultats sont tels que:

- Près de la moitié de répondants estiment à moins de 50$ comme revenu mensuel du ménage, suivi de ceux qui estime entre 51 à 100$ par mois. D’autres répondants, soit une minorité estime ce revenu à plus de 200$ par mois ;

- Les maux de tête, la nausée, le stress et l’insomnie sont les conséquences que les enquêtés constatent après avoir consommé l’alcool ;

- La plus part de répondants mentionne les accidents de circulation, les blessures, la mort d’hommes, les rapports sexuels non protégés comme difficultés qu’ils rencontrent après l’état d’ivresse.

          Malgré la similitude de ces études par rapport à la nôtre, cette dernière se distingue d’elle par le fait qu’elle a cherché à analyser les problèmes ou les événements de la vie ou stressants liés à la consommation des substances psychoactives chez les malades internés au centre psychiatrique SOSAME, à connaître la manière dont les individus qui ont subi ces événements gèrent leur stress engendré par ces derniers et à identifier les motifs qu’avancent ces personnes pour expliquer leur dépendance aux substances psychoactives.

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