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INTRODUCTION

Les forêts tropicales en général et celles du bassin du Congo en particulier constituent le deuxième plus grand massif  forestier au monde après celui de l’Amazonie (Megevand, 2013). Le bassin du Congo joue un rôle important dans le système climatique continental en particulier, mondial en général (Nasi et al., 2011). Ce sont des écosystèmes extrêmement utiles et précieux pour l’humanité par leur rôle capital dans la régulation des gaz à effet de serre, dans les grands équilibres climatiques et constituent l’un des plus grands réservoirs de la biodiversité de la planète (Megevand, 2013).

Avec ses 145 millions d’hectares de forêts, la République Démocratique du Congo est le pays africain disposant de la plus vaste étendue de forêt (47% des formations forestières africaines) et occupe le sixième rang mondial en termes de superficie forestière derrière la Russie, le brésil, le canada, les états unies d’Amérique et la Chine (FAO, 2016). D’un point de vue régional, la RDC compte 60% de l’ensemble des forêts du bassin du Congo (Anonyme, 2009a). 

Cependant, ces forêts sont soumises à de nombreuses interventions humaines qui conduisent à leur surexploitation (CTB, 2007).

Or, ce bassin est un écosystème extrêmement fragile. Cette fragilité est imposée d’abord par ses particularités écologiques et, par les besoins socio-économiques cruciaux d’une population croissante (environ 65 millions de personnes vivent à l’intérieur ou à proximité des forêts tropicales et en dépendent). Egalement, bien que demeurant en ville, la population urbaine reste plus ou moins tributaire de la forêt (Aubé, 1996).

Une grande part de la population compte donc et continuera à compter sur ces forêts desquelles elle tire bon nombre des produits dont elle a besoin (Aubé, 1996). Les forêts offrent à cette dernière, à travers l’exploitation et la commercialisation, nourritures, pharmacopée, combustible, fibres et remplissent aussi bien des fonctions sociales que culturelles (Nasi et al., 2011). Ces mêmes forêts sont exploitées par de nombreuses compagnies à des fins de production de bois d’œuvres avec, bien souvent, des méthodes d’exploitation peu respectueuses (Aubé, 1996).

Le bois constitue la matière première la plus connue de forêts tropicales. Dans les forêts pluviales humides on récolte du bois d’œuvre de grande valeur. Il s’agit de bois utilisés pour la construction, charpentes, aménagements intérieurs, meubles, sculpture et nombreux autres produits (Anonyme, 1986).

L’exploitation artisanale de bois d’œuvre dans certaines régions forestières de la RDC apparait aujourd’hui comme un secteur porteur de services à la société, notamment par l’approvisionnement de la quasi-totalité des marchés locaux en bois d’œuvre. L’importance de cette activité pour la société mérite une attention particulière de la part des gouvernants pour mettre en place des mécanismes efficaces qui lui donneront les moyens d’une bonne gouvernance (de wasseige et al., 2011).

A l’échelle du bassin du Congo dans son ensemble, le taux annuel de dégradation (déforestation) est passé de 0,05 % à 0,09% entre 2000 et 2005. Cette augmentation est surtout due à l’évolution de l’exploitation forestière constatée en RDC où la réglementation de l’exploitation artisanale est restée imprécise ou incomplète jusqu’à ce jour malgré les quantités considérables de bois d’œuvres coupées, exportées ou consommées localement (Benneker et al., 2012).

Bien que relativement faible comparé à celui de nombreux autres pays tropicaux, le taux de déforestation de la R.D.C. figure parmi les plus élevés et continue d’augmenter (Bayol et al., 2010). On attribue cette déforestation à l’affectation des terres boisées à l’agriculture car le domaine tropical a perdu les terres forestières et a connu une augmentation des terres agricoles, à l’extension des infrastructures, à l’exploitation minière et pétrolière, à l’extraction du bois… (Imani, 2016a).

La population de Bukavu connait une croissance démographique énorme, accentuée par l’exode rural. Elle est en effet passée de 810 954 habitants en 2006 à 1 012 053 en 2016 soit une augmentation de 80 % au cours de ces dix dernières années (Anonyme, 2007 ; Anonyme 2016). Toute cette population a besoin des produits dérivés du bois pour la construction de leurs habitations (charpentes, maison en planches…). Ces produits servent également à alimenter les ateliers de menuiserie dont le nombre et la demande en  bois ne cessent de croitre au jour le jour. Raison pour laquelle, il s’observe une forte demande en bois dans la ville de Bukavu. Cette forte demande a conduit, dans les sites  d’approvisionnement de la ville, à une exploitation intense des forêts. En effet, voulant satisfaire à cette demande, les exploitants font une exploitation qui soit non sélective, mais aussi parfois « anarchique » (ne tenant pas compte  de la régénération des essences recherchés sur le marché). Ce qui conduit en un déboisement alarmant des forêts dans la province. Cela étant, une identification des espèces de bois commercialisées dans la ville de Bukavu et exploitées en  province du SudKivu serait nécessaire pour fournir des informations sur les espèces qui existent encore et celles menacées et cela renseignerait dans le futur sur celles disparues.

L’objectif global de ce travail est d’étudier l’exploitation artisanale et la commercialisation du bois au Sud-Kivu. Et plus particulièrement d’identifier les espèces exploitées et commercialisées au Sud-Kivu, d’identifier les sources d’approvisionnement en bois pour le marché de Bukavu, de comprendre le mode d’exploitation artisanale du bois au Sud-Kivu et son impact sur l’environnement et de faire un aperçu de la transformation du bois à Bukavu.  

En plus de la présente introduction, ce travail s’articule sur trois chapitres, à savoir :

  • Le chapitre premier portant sur la revue de la littérature,
  • Le chapitre deuxième, décrivant les zones d’étude et les méthodes de collecte des données, et
  • Le chapitre troisième se consacrant à la présentation et à la discussion des résultats.

Une conclusion, recommandation et l’annexe viendront clôturer ce travail.

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