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CHAP I : REVUE DE LA LITTERATURE

Ce chapitre a pour objet de mentionner quelques éléments de littérature sur la question de l’accès aux résultats des recherches agronomiques et l’effet sur les investissements et la production agricoles. Ce chapitre se subdivise en des points suivants :

  • Historique sur les recherches agronomiques en RDC
  • Rôle de la recherche agronomique
  • La recherche agronomique et le rendement agricole
  • La recherche agronomique et les investissements agricoles
  • De l’accessibilité aux résultats des recherches agronomiques au Sud-kivu

I.1.Historique sur les recherches agronomiques en RDC

En RDC, les premiers travaux de recherche agronomique remontent à l’exploitation des études botaniques par les institutions scientifiques et universitaires belges dès la conquête aux jardin botaniques de Kisantu et d’Eala , fondés en 1900.

En 1926, la responsabilité des études et expérimentations  a été confiée à la régie belge de plantation chargée de l’exploitation industrielle de certaines stations agricoles.

En 1933, l’INEAC (institut national pour l’étude agronomique au Congo) crée par l’arrêté royal du 22 /12 le relais de la régie des plantations. Sa mission fut de promouvoir le développement scientifique de l’agriculture, assurer la gestion des établissements agricoles, organiser les voyages des études agronomiques, utiliser avec les concours des spécialistes les données de la science et de ses applications à l’amélioration de rendement et de la qualité des récoltes. Dès le début l’INEAC s’attaque à tous les problèmes scientifiques et techniques liés à l’’agriculture et l’élevage. Grace à la qualité de son personnel et aux enjeux importants lui octroyés par la colonie, l’institut a joué un rôle  idéal dans le développement économique du pays.

Dans les années 50, l’INEAC a eu la réputation d’être l’un des meilleurs instituts de recherche agronomique dans les tropiques. Il disposait d’un réseau de 37 stations et dont 32 centres se trouvaient au Congo et les autres repartis entre le Rwanda et le Burundi.

Après l’indépendance du Congo belge, l’INEAC est renommé en INERA, conservant presque les mêmes missions et objectifs. L’INERA est un établissement public possédant une personnalité juridique, un conseil d’administration et un comité de direction.

I.2. Rôles de la recherche agronomique

Tout progrès dans la connaissance des lois qui régissent la vie des plantes et des animaux est susceptible d’apporter à l’homme, tôt ou tard, des nouveaux moyens d’intervention et, par conséquent, d’aboutir à  des applications dans le domaine de l’agriculture. 

Ainsi, la recherche peut avoir des répercussions, directes ou indirectes, proches ou lointaines sur la production agricole. On a même pu se demander s’il ne suffirait pas, pour assurer le progrès technique, d’encourager la recherche, quel que soit son objet, et de laisser ensuite à des ingénieurs le soin d’effectuer les transpositions et les applications qui apparaitraient possibles. L’expérience a montré la nécessité de la spécialisation des chercheurs en fonction du but poursuivi. D’où le développement de la recherche appliquée.

La recherche agronomique se distingue des autres branches de la science par son objet, par ses méthodes, et par ses objectifs.

Son objet est de poser correctement, d’étudier et si possible de résoudre les problèmes que posent la production, la conservation et la transformation au premier degré des produits d’origine végétale ou animale. C’est qu’elles étudient le milieu physique et les êtres vivants surtout en fonction des possibilités d’action de l’homme à leur égard.

Les méthodes de la recherche agronomique sont en partie originales, en particulier par suite du recours fréquent et souvent obligatoire à des techniques et expérimentations adaptées au milieu complexe dans lequel vivent les plantes et les animaux.

Enfin, l’objectif de la recherche agronomique ne peut être seulement, de décrire, de classer, d’établir des lois, elle doit faire entre en ligne de compte des notions comme celles de rendement, de qualité et finalement d’aboutir à des conclusions qui permettent d’obtenir une amélioration qualitative et quantitative et une plus grande régularité de la production agricole.

Il convient donc d’examiner dans quelles mesures elle peut y parvenir et sous quelles conditions. La recherche agronomique comporte un certain nombre d’activités dont chacune traite d’un groupe des problèmes particuliers.  

I.3. La recherche agronomique et le rendement agricole chez les paysans

Exemple pratique montrant la rentabilité des recherches agronomiques : chaulage et phosphatage des casiers rizicoles affectés par le sel.

Cet  exemple montre la capitalisation de l’expérience de l’ANCAR (l’agence nationale de conseil rural) dans l’appui  conseil à la lutte contre la salinisation des rizières du département d’ Oussouye( Région de Ziguinchor, Sénégal)

De manière, empirique les paysans utilisaient des coquilles d’huitres de palétuviers broyées pour les épandre dans les rizières du fait du fait de leur richesse en calcaire afin de permettre la  neutralisation de l’acidité du sol.

Les recherches ont montré que la mise en valeur des rizières devait s’attaquer d’abord à l’abaissement de l’acidité par la correction du ph à l’aide des techniques de chaulage ou d’apports de phosphates pour améliorer la mobilisation des sels dans le sol en vue de favoriser un dessalement localisé des terres rizicultivables pour que le riz accomplisse  son cycle végétatif sans subir des stress. Le chaulage comme le phosphatage permettent un redressement de la fertilité et de la qualité chimique des sols dégradés.

Le chaulage est un apport de bases telles que le calcaire ou la chaux. C’est une solution efficace pour une neutralisation de l’acidité des sols afin de maintenir un bon potentiel de fertilité des rizières sulfatées salées. Quant  au phosphatage, c’est une technique agronomique de réhabilitation et d’amélioration des terres dégradées par des processus de salinisation et d’acidification.

Ce sont des techniques simples, accessibles et maitrisables par les producteurs s’ils sont bien formés. Le gain de rendement en riz avec chaulage seul est de 1,2 par ha et par an, tandis que la combinaison chaulage plus phosphatage accroit le rendement de 1,5 par ha et par an. Les contraintes de ces techniques sont la disponibilité de la chaux ou du phosphate. Il y a une certaine compétition entre riziculture et génie civil (habitat, route) sur l’usage des coquilles d’huitres (source de calcium). Le nonrespect des doses prescrites pour le contrôle des sels et de l’acidité peut également être source des problèmes. Aussi, le phosphogypse contient des  éléments métalliques (métaux lourds) qui peuvent être toxiques ou les plantes, même à faible concentration, et partant pour l’homme (bioaccumulation) ;… 

Les contraintes de cette technologie résident dans le fait qu’elle nécessite un respect scrupuleux des dosages de paille. Elle favorise aussi une augmentation de la sensibilité des cultures au stress hydrique en raison d’une grande teneur en matière organique mal décomposée. Il y a par ailleurs des risques de parasitisme par les insectes « nymphosant  ». 

Il existe d’autres technologies de lutte contre la salinisation: la digue anti-sel  avec ouvrage d’évacuation, pépinière volante de vetiver pour la bio- ingénierie de digue anti-sel, paillage/mulching de casiers rizicoles affectés par le sel

Effets et impact de l’utilisation des technologies de lutte anti-sel

Grace à l’adoption des technologies de lutte anti-sel, le projet a permis d’assurer :

  • Une meilleur maitrise des eaux et une gestion des rizières ;
  • Une amélioration du rendement en riz
  • Une production rizicole qui a contribué d’accroitre leur sécurité alimentaire.

Ce qui, au plan quantitatif se traduit par une récupération et protection de: 388 ha dans la vallée d’Edioungou, 413 ha dans la vallée d’Oussouye, 331 ha dans la vallée de Kalobone, 280 ha dans la vallée deCarounate et 210 dans la vallée de Kahinda. Autrement dit, c’est un total de 1 622 ha qui a été ainsi récupéré, soit un potentiel de rizières pouvant produire 2 433 tonnes de riz de paddy et 1641 tonnes de riz blanc. On a aussi noté une régénération de la constitution du stock halieutique.

  • La recherche agronomique et les investissements agricoles

 En 2010, La FAO a constaté que les investissements dans la recherche agricole appliquée, dans la vulgarisation agricole et dans les écoles rurales ont été et restent vitaux pour le développement rural de toutes les économies nationales du monde.

Au Sud-Kivu, en cas de disponibilité d’un crédit, les domaines prioritaires d’investissements par les ménages sont par ordre d’importance ; le petit commerce (33%), l’agriculture (22%), à laquelle on peut adjoindre l’achat des terres agricoles (6%) et l’élevage (22%). L’achat du matériel de pêche est faiblement relaté (4%) et l’acquisition des biens de consommation et les cérémonies, classiquement exclus des affectations de crédit, ne sont évoqués chacun que par 1% des ménages. L’importance accordée à l’accès de terre s’explique par sa rareté croissante.

  • Niveau de connaissance des résultats des recherches agronomiques et pratique par les paysans du Sud Kivu

Il y a des techniques agricoles, zootechniques, relatives à la pêche et de gestion des ressources naturelles qui sont mal connues dans le milieu d’’étude et qui exigent, probablement, des formations spécifiques.

Ainsi, moins de 50% des ménages enquêtés connaissent  le brise-vent, la régénération assistée, la diguette sur courbes de niveau, les foyers améliorés, l’assolement…

De même, la pisciculture en étang ou en cage est peu connue, les rustiques ou prolifiques canards, porcs et lapins encore peu élevés, l’amélioration des parcours et l’installation de couloirs d’aspersion quasiment ignorés ; toutes méconnaissances et insuffisances pratiques qui participent, fondamentalement, à l’entretien de la pauvreté rurale et au maintien de l’insécurité alimentaire.

Connaissances et pratiques des technologies agricoles et de gestion des ressources naturelles

Technologies 

Niveau         de

connaissance(%)

Niveau pratique(%)

de

Principales causes d’absence ou de pratique(%)

Agroforesterie 

65

48

Manque d’espace

11

Brise-vent

49

36

Manque d’espace

14

Technologie inadaptée

8

Haie vive

71

57

Manque d’espace

5

Boisement villageois

66

36

Manque d’espace

24

Manque de temps

2,3

 Régénération assistée

21

16

Manque d’espace

1,8

Diguette antiérosive

55

40

Technologie inadaptée

7

Manque d’espace

3

Diguette sur courbe de niveau

45

35

Technologie inadaptée

4

Manque d’espace

3

Rotation des cultures

71

60

Manque d’espace

9

Association des cultures 

88

82

Manque d’espace

3,4

Drainage 

53

28

Manque d’espace

14

Compostage 

88

79

Manque de temps

2,1

pauvreté

1,4

Etable fumière

62

37

Manque des matériaux

8

pauvreté

7

Epandage des ordures

55

51

Technologie inadaptée

1,1

Jachère 

78

46

Manque d’espace

29

Foyer amélioré

38

12

Technologie inadaptée

11

Manque de matériaux

5

Travail pénible

4

Assolement 

39

30

Manque d’espace

6

Engrais vert

75

72

Manque d’espace

1,1

Source :Louvain développement, enquête auprès des ménages

Le niveau d’ensemble de connaissance des facteurs déterminant positivement la production agricole est en conséquence relativement satisfaisant alors que le taux d’adoption des pratiques inhérentes à l’accroissement de la productivité est moins élevé.

L’importance de l’analphabétisme fait que ceux qui savent lire et écrire deviennent les nécessaires relais et courroies de transmission de maintes informations et les interlocuteurs privilégiés entre les villages et les organisations extérieures de développement. La situation peut générer des conflits de pouvoir entre les lettrés et les chefs coutumiers et atténuer les possibilités de succès des actions de développement.

De façon quasi-invariable, le voisin, la famille, le vulgarisateur et l’ONG sont les courroies de transmission des connaissances des technologies d’élevage et de gestion des ressources naturelles qui, dans l’ensemble, ont un faible niveau d’adoption au sein des ménages ruraux. Niveaux de connaissance et de pratique des technologies d’élevage

Technologie 

Niveau         de

connaissance(%)

Niveau pratique(%)

de

Principales cause d’absences et de pratique

causes

%

Amélioration des parcours

32

17

technologie inappropriée

5

Manque de matériau

3

Etables fumières

57

29

Manque de matériau

9

Manque de bétail(pauvreté) non propriétaire du cheptel

8

Jardins fourragères

55

26

Manque d’espace

13

Couloirs d’aspersion

34

5

Manque de cheptel (pauvreté) et non propriétaire du cheptel

12

Manque de matériau

6

Le niveau de connaissance des pratiques évoquées ci haut en % se situe légèrement en dessous de la moyenne.

Néanmoins, peu sont ceux qui mettent en pratique leur connaissance à cause de manque d’espace, de la technologie inadaptée, de manque de matériau, de la pauvreté.

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