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CHAP I: INTRODUCTION

I.1. Présentation du sujet

La biodiversité est une composante très essentielle du monde vivant. S’exprimant par la diversité génétique, spécifique  ou écosystèmiques, elle est porteuse du potentiel évolutif qui assure la capacité d’adaptation des espèces et des écosystèmes face notamment au changement global (Houdet, 2010).

Dans le monde nous avons plusieurs formes d’écosystèmes,  telle que les forêts, les savanes, les milieux aquatiques etc. Dans toutes ces formes, le rôle joué par la diversité végétale est très important. Selon Chave (2000). La forêt tropicale constitue une puissance scientifique, économique et affectif, malgré sa contribution au niveau mondial, elle est toujours soumise à une forte action anthropique telle que : l’agriculture, les bois de chauffe, les bois d’œuvre et l’exploitation de sol pour l’élevage.

La forêt tropicale forme l’une des ressources principale des pays en voie de développement dont la République Démocratique du Congo (RDC), la Malaisie, le Brésil, l’Equateur, le Madagascar, l’Indonésie, la Thaïlande, etc. Cela nous amène à dire que l’application des politiques de régulation doit tenir compte des contraintes économiques mondiales (Chave 2000).

I 2 Problématique

La diversité végétale est un atout majeur dans la gestion des forêts, pour que sa protection soit bien assurée. Cela est une obligation pour les écologistes et les gestionnaires. Les écologistes doivent menés des recherches sur les problèmes rencontrés tandis que les gestionnaires ont comme rôle, appliquer les stratégies qui sont proposées par les écologistes (Morneau, 2007).

La diversité végétale n’est pas la même dans différents habitats que requièrent les zones tropicales, cette différence peut s’expliquée par les facteurs du milieu. Si la diversité varie dans différents habitats, les stratégies de gestion ne doivent pas être effectuées d’une même manière ; car les zones prioritaires seraient les zones les plus diversifiées (Cordonnier, 2004).

Les forêts tropicales humides couvrent 625 millions d'hectares, dont 45% en Amérique du Sud et Amérique Centrale, 30% en Afrique, 16% en Asie et 9% en Océanie. Le terme plus général de « forêt tropicale » recouvre une réalité multiple, qui va des forêts sèches et décidues aux forêts de nuage d'altitude. Elles ont pour point commun, au-delà de leur caractéristique géographique, de contenir une énorme diversité biologique (Jabot, 2009).

A part les pressions anthropiques que connaissent les écosystèmes de notre planète, il existe aussi plusieurs menaces naturels et d’autres qui sont indirectement dus à l’homme tel que le changement du climat. Aujourd’hui, les écosystèmes sont soumis à plusieurs menaces dus à l’augmentation de la température ainsi qu’aux variabilités climatiques constatées par-ci par-là (Quence, 2011).

Le Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB) n’est pas épargné de toutes ces formes de menaces. On observe présentement plusieurs phénomènes dont le déboisement, la présence de plusieurs clairières, la chasse des animaux protégés, la transformation des forêts en fermes… qui affectent la vie des espèces tant végétales qu’animales de cette biocénose. L’expansion de la liane envahissante signalée par Masumbuko en 2011 perturbe les forêts de la haute altitude du PNKB.

I 3 Les habitats du PNKB

Le PNKB a plusieurs formes d’habitats. On peut y trouver les marais, la forêt primaire, la forêt secondaire, les clairières, la forêt de bambous… Dans ces différents habitats, il y a plusieurs formes d’interactions qui s’y manifestent, ainsi qu’une véritable compétition favorisant certaines espèces à bien se développer et immobilisant d’autres au développement (Yamagiwa et all, 2005).

Les biotopes de marais sont à différentes altitudes mais pas au-delà de 2400 m. Les marécages à Cyperus latifolius dominent. D’autres espèces s’y retrouvent aussi, telles que Hypericum lanceolatum, Cyperus atterimus, Alchemilla cryptantha, Anagalis angustilcha, Jussiaea repens (Kabonyi, 2012).

Les forêts de bambous se situent entre 2300 et 2600 m et requièrent un minimum annuel de 2000 mm d’eau. Elles sont dominées par Sinarundinaria alpina. La superficie de cette formation forestière est estimée à 37% de la superficie totale de la forêt de montagne du PNKB soit 222 km2. La diminution ou la dégradation de cette forêt pourrait avoir un impact sur la composition et la dynamique de la faune (Amani, 2008).

La forêt secondaire est composée des espèces hélophytes tolérantes, à croissance moyennement rapide (Robbrecht, 2010). La forêt secondaire héberge très souvent des essences des forêts mésophiles dont le tempérament s’accommode fort bien de  conditions idéales de croissance et de développement dans le jeune âge. Dans ces forêts, on rencontre des groupements plus au moins mixte. Les espèces les plus rencontrées sont : Bridelia brideliifolia, Croton macrostachys, Dombeya goetzenii, Hagenia abyssinica, Macaranga neomildbraediana, Myrianthus holstii, Neobutonia macrocalyx, Polyscias fulva … (Robbrecht, 2010).

Une clairière est un lieu ouvert dans une zone boisée (forêt, bois) où la lumière du soleil arrive jusqu'au sol ; elle est un élément de l'écosystème forestier et peut être une source de produits forestiers autres que le bois. Bon nombre des causes peuvent être à l’origine des formations des clairières telles que les feux de brousse, la chute de grands arbres, les déboisements, l’invasion d’espèces exotiques… (Ahana, 2013).

La forêt primaire  se caractérise physiologiquement par un mélange intime d’essences sempervirentes et caducifoliées. Les espèces rencontrées dans cette forêt sont les suivantes : Strombosia, Panaria, Entandophragma, Chrysophyllum, Gambeya… (Robbrecht, 2010).

Dans le souci de connaitre la composition floristique des écosystèmes qui forment la forêt de haute altitude du PNKB, qui sont en grande partie des habitats des gorilles, nous avons initié cette recherche afin de vouloir répondre à certaines questions.

- Quelle est la diversité végétale dans les habitats qui forment les végétations de la partie haute altitude du PNKB.

- Quelles sont les espèces végétales consommées par les gorilles dans ses habitats ?

- Quelles sont les périodes des  fréquentations des gorilles par habitat ?

C’est à ces questions que cette étude voudrait répondre. Pour y arriver, les inventaires ont été faits dans cinq (5) habitats (forêt primaire, forêt secondaire, forêt des bambous, marais et dans des clairières).

I.4. Objectifs du travail

Les objectifs de ce travail sont les suivants :

  • déterminer la diversité végétale des habitats de la partie haute altitude du PNKB ;
  • déterminer les plantes alimentaires des gorilles qui sont dans chaque habitat. ;
  • déterminer les périodes des fréquentations des gorilles dans chaque habitat ;

I.5. Intérêt du travail

L’intérêt du présent travail est bidimensionnel. Ce  travail a un intérêt sur le plan scientifique et sur celui de la gestion du PNKB.

Pour les gestionnaires du PNKB, ils auront des informations importantes sur la diversité des différents habitats et le taux d’espèces alimentaires des gorilles dans chaque habitat. On pourrait aussi comprendre quelle est la dynamique de chaque habitat pendant cette période des fortes perturbations dans les forêts montagnardes du PNKB. Ce travail pourra aider dans la gestion et le contrôle des gorilles de ce parc.

Sur le plan scientifique, ce travail contribuera à la connaissance des espèces végétales de chaque habitat avec un accent particulier sur les plantes consommées par les gorilles.

I.6 Revue de la littérature

Tous les habitats du PNKB ont déjà fait objet d’une étude scientifique. Ils sont le plus souvent étudiés distinctement pendant des périodes différentes et par des auteurs différents.

Dans une clairière du PNKB, la diversité floristique dépend de sa taille, de la qualité et quantité des graines présent  dans ce milieu et enfin l’aptitude de régénération de chaque  espèce (Ahana, 2013).

Dans les marais du PNKB, il y a une grande expansion des plantes herbacées avec comme famille dominante la famille de Poaceae  (Kabonyi, 2012).

La forêt des bambous (Sinarundinaria alpina) à d’autres espèces autres que le Sinarundinaria alpina, ce n’est pas une bambouseraie pure. Cette forêt est composée des plantes ligneuses et des plantes herbacées. (Amani, 2008).

De 2200 à 2400 m, la forêt dense, sensiblement secondarisée ces dernières années se présente actuellement sous forme d’un ensemble hétérogène, association complexe d’essences variées, où les tendances ombrophile et mésophile se font concurrence selon les circonstances particulières du terrain (Kabonyi, 2012).

De tous les grands singes, le gorille est celui qui possède le comportement de groupe le plus stable. Les habitats des gorilles varient de la forêt primaire dense avec ses fourrés de bambous, à des bois modérément humides, des zones marécageuses à Cyperus et des tourbières, avec des végétations alpines et subalpines aux altitudes les plus élevées (IUCN, 2008).

En observant les différents habitats des gorilles, on peut imaginer qu’ils se nourrissent uniquement des feuilles des plantes suite à leurs dominances, mais en réalité c’est faux car les gorilles ont aussi une quantité des fruits, des tiges, d’écorces utilisées à leur alimentation. Yamagiwa et all, 2005

D’apprêt Yamagiwa et al, 2005 les gorilles du PNKB consomment 44 espèces de fruits, 5 espèces de graines, 80 espèces de feuilles, 50 espèces d’écorces d’arbres, 9 espèces des fleurs, 6 espèces de racines, 6 espèces de tiges, 1 espèce de champignon.

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