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CHAPITRE PREMIER : GENERALITES

Il va s’agir dans ce chapitre premièrement de définir les concepts clés couramment utilisés lors de la rédaction de ce travail. Notamment : le pouvoir politique, communication politique, Efficacité et Efficience,  et projet de société. En suite présenter la théorie des organisations d’ETZIONI qui a raffiné ontologiquement notre objet d’étude.

Section I.  Définition des concepts

I.1. Pouvoir politique     

           D’entrer en jeu, nous allons premièrement procéder à clarifier le « pouvoir » en suite le composé « pouvoir politique ».

           Etymologie : du latin populaire potere, pouvoir. Sens 1: Le pouvoir est la faculté, la capacité, la possibilité matérielle ou la permission de faire quelque chose. Sens 2: Le pouvoir désigne la capacité légale de faire une chose, d’agir pour un autre dont on a reçu un mandat. Exemple : Fondé de pouvoir(s) d’une société.
Le pouvoir est aussi l’acte décrit par lequel on donne à quelqu’un le pouvoir d’agir en son nom ou de le représenter. Synonymes : mandat, procuration. Sens 3 : Le pouvoir est l’ascendant, l’emprise, la domination qui est exercée sur une personne ou un groupe d’individus. Il peut être physique, moral ou psychologique. Il permet à un individu ou à un groupe d’appliquer, de faire exécuter ou d’imposer, éventuellement par la force, des décisions dans des domaines très variés (culture, économie, politique…)[1]

            Le pouvoir politique est un type de pouvoir qu’une personne ou un groupe de personnes exerce dans une société. C’est la souveraineté, soit le pouvoir de fixer les règles qui s’appliquent à la population sur un territoire donné[2].

Il existe de nombreuses façons d’exercer un tel pouvoir, la plus évidente étant celle du chef politique officiel d’un État, tel qu’un président, un premier ministre, un roi ou un empereur. Les pouvoirs politiques ne sont pas limités aux chefs d’État vive ou aux dirigeants, et l’étendue d’un pouvoir se mesure à l’influence sociale que la personne ou le groupe peut avoir, influence pouvant être exercée et utilisée officiellement ou officieusement.

Dans beaucoup de cas, la sphère de l’influence n’est pas contenue dans un seul État et on parle alors de puissance internationale. Traditionnellement, le pouvoir politique se fonde et se maintient au moyen de la puissance militaire, en accumulant les richesses et en acquérant la connaissance.

                  L’histoire est remplie d’exemples où le pouvoir politique a été utilisé nuisiblement ou d’une manière insensée (abus de pouvoir). Ceci se produit, le plus souvent, quand trop de pouvoir est concentré dans trop peu de mains, sans assez de place pour le débat politique, la critique publique, ou d’autres formes de pressions correctives. Des exemples de tels régimes sont le despotisme, la tyrannie, la dictature, etc.[3].

               Pour parer à de tels problèmes potentiels, certaines personnes ont pensé et mis en pratique différentes solutions, dont la plupart reposent sur le partage du pouvoir (telles que la démocratie), les limitations du pouvoir d’un individu ou d’un groupe, l’augmentation des droits protecteurs individuels, la mise en place d’une législation ou de chartes (telles que celle des droits de l’homme).

                  Montesquieu affirmait que sans un principe permettant de contenir et d’équilibrer le pouvoir législatif, les pouvoirs exécutifs et judiciaires, il n’y a plus aucune liberté, ni aucune protection contre l’abus de pouvoir. C’est le principe de la séparation des pouvoirs[4].

            Pour distinguer les diverses formules selon lesquelles le pouvoir politique est mis en œuvre dans l’État, il convient d’analyser la répartition des compétences entre les gouvernants[5]. Classer les systèmes politiques, c’est répondre à la question : qui fait quoi ? Or, à l’époque où les régimes constitutionnels se sont substitués à l’absolutisme et où, par conséquent, il devenait possible d’aménager rationnellement l’exercice du pouvoir, le principe de la séparation des pouvoirs fut très généralement admis comme susceptible de fournir une ligne directrice à cette organisation. Il repose sur l’idée que l’autorité unique constitue pour les gouvernés un risque d’arbitraire. À ce risque permet de remédier le morcellement des prérogatives de puissance politique entre les organes distincts. Si « c’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser : il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites [...], il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ». C’est à ce résultat que tend une répartition des compétences telle que plusieurs autorités doivent obligatoirement intervenir pour que la décision reçoive sa pleine efficacité. Cette répartition est effectuée à partir d’une distinction tripartite des fonctions de l’État : la fonction législative, la fonction exécutive et la fonction juridictionnelle. L’autorité compétente pour faire la loi n’étant pas autorisée à l’appliquer la fera nécessairement générale et impersonnelle ; l’autorité qui l’applique n’ayant pas la qualité pour la faire, elle ne sera pas tentée de fixer la règle au moment de l’exécution, ce qui est le propre de l’arbitraire ; quant à l’autorité chargée de juger, elle sera impartiale puisqu’elle statuera en vertu d’une loi qu’elle n’a point faite et qu’elle ne peut modifier.

I.2. Communication politique:

             Au départ, la communication politique a désigné l’étude de la communication du gouvernement vers l’électorat, puis l’échange des discours politiques entre la majorité et l’opposition. Ensuite le domaine s’est élargi à l’étude du rôle des médias dans la formation de l’opinion publique, puis à l’influence des sondages sur la vie politique[6]. Aujourd’hui, elle englobe l’étude du rôle de la communication dans la vie politique au sens large en intégrant aussi bien les médias que les sondages, le marketing politique et la publicité avec un intérêt particulier pour les périodes électorales. A la limite, la communication politique désigne toute communication qui a pour objet la politique !... Cette définition, trop extensive, a cependant l’avantage de prendre en compte les deux grandes caractéristiques de la politique contemporaine : l’élargissement de la sphère politique et la place croissante accordée à la communication, avec le poids des médias et de l’opinion publique à travers des sondages.

            Nous soutenons une définition plus restrictive. La communication politique est « l’espace où s’échangent les discours contradictoires des trois acteurs qui ont la légitimité à s’exprimer publiquement sur la politique et qui sont les hommes politiques, les journalistes et l’opinion publique à travers des sondages ». Cette définition insiste sur l’idée d’interaction de discours tenus par des acteurs qui n’ont ni le même statut ni la même légitimité mais qui, de par leurs positions respectives dans l’Espace Public, constituent en réalité la condition de fonctionnement de la démocratie de masse[7].

                 Le concept de communication politique, pour sa part, est confronté à deux limites : d’une part les rapports entre expression et action ; la part croissante que prend la logique représentative comme moyen de réguler les flots de communication nombreux et hétérogènes d’autre part. Ces deux limites sont directement liées au concept d’égalité des opinions au sein de la communication politique. Il est évident que sans ces deux conditions théoriques (le droit à l’expression et l’égalité) le modèle démocratique ne serait pas confronté à ces limites. Il faut donc être prudent dans l’analyse et la critique, et bien garder à l’esprit qu’il s’agit des contradictions d’un tout petit nombre de démocraties dans le monde. Celles qui bénéficient de toutes les libertés. Ce sont les seules qui, pour la première fois dans l’histoire, reconnaissent le droit à l’expression et l’égalité des opinions. Les dérives, erreurs et limites du fonctionnement de l’Espace Public, et de la communication politique, ne doivent donc pas faire oublier leur caractère récent, et le fait qu’elles sont liées à des situations éminemment favorables, dans l’histoire politique. La communication politique reste le « moteur » de l’Espace Public

I.3. L’Efficacité et l’Inefficacité.

              Pour bien départager politiquement et rationnellement ces deux concepts susmentionnés, nous allons ressourcer d’une part à la théorie d’organisation d’Etzioni, la théorie que nous avons empruntée méthodologiquement dans ce travail. Et d’autre part   dans l’ouvrage le « prince » de Nicolas Machiavel.

      1/Quant à Etzioni, l’Efficacité c’est le résultat fourni par une Entreprise ou une organisation donnée. Alors une organisation est  dite efficace lorsqu’ elle atteint ses objectifs assignés par l’adéquation avec l’efficience, le contraire c’est l’inefficacité et inefficience. 

      2/Un point saillant qui prépare le terrain au débat aussi important que nous aurons dans la suite de nos investigations : il s’agit du débat entre politique et morale[8]. Nous sommes dans un contexte où le prince est déjà en plein exercice du pouvoir. Un prince initié à la pensée ou à la vertu machiavélienne se doit nécessairement heurter contre bien des difficultés dans l’application des tactiques qui lui sont proposées pour conserver et sauver la nation.

           Rappelons que si en politique d’une part, la nécessité d’Etat devient la catégorie par excellence à laquelle se doivent jauger toutes les autres décisions dans la cité, d’autre part, les recommandations de Machiavel sont toujours orientées vers la quête d’une mesure qui soit favorable à la fois et à l’apparaître du prince et au projet entrepris : « je dis que ce serait bien d’être tenu pour libéral ; toutefois, être libéral dans la mesure qu’il faut pour en avoir la réputation, c’est te nuire à toi-même ; car, l’étant avec mesure et comme il se doit, tu ne seras pas connu pour tel, et le mauvais renom du contraire ne te sera pas épargné » . Il est certain qu’un prince qui ignore la vraie mesure de son peuple, rencontrera autant d’obstacles capables d’emboîter le pas à l’efficacité de ses entreprises.

          Il est nécessaire que l’efficacité politique ne se ramène pas seulement à une « réponse de la volonté humaine aux violences de la fortune [l’efficacité n’est pas seulement une] violence exemplaire, un avertissement destiné à combattre l’excès sur son propre terrain, à rivaliser dans l’audace avec la passion elle-même, a laquelle elle oppose une cruauté réfléchie et dominée, une ruse maîtrisée ou, tout aussi bien, une bonté mesurée » . L’efficacité est plus qu’un simple extincteur du feu qui brûlera sur divers recoins de la cité. Plus que l’action d’une puissante garnison qui viendrait mater les situations émouvantes - violence de la fortune - comme le conçoit Marie-Claire Le pape, l’efficacité politique chez machiavel embrasse aussi le vaste champ de la gestion de l’Etat notamment le domaine de l’économie.

          Devant l’élargissement du sens machiavélien du concept d’efficacité, la virtus revêt derechef d’une importance noble. En effet, elle permet de travailler de telle façon que l’efficacité dont l’Etat a besoin trouve son fondement déjà dans la volonté participante des citoyens à la gestion de la respublica. Nous retrouvons par ce fait même, le sens propre du verbe « gouverner » chez Machiavel : mettre ses sujets hors d’état de nuire à l’Etat voire d’y penser. Il ne s’agit pas d’avilir ses sujets par je ne sais quelle pratique ascétique ! Il s’agit de récréer des conditions telles que les sujets n’en viennent pas verser dans ce qu’Alexis de Tocqueville appellerait « le despotisme doux ». Autrement dit, le peuple doit collaborer à la bonne marche de l’Etat avec autant de responsabilité et le même empressement que les gouvernants. Le jeu de la mesure où le peuple est de facto participant est fortement recommandé ici. La règle du jeu doit être la vertu opérante dont le prince en premier doit faire preuve.

           Dans l’ensemble des expressions qui comprennent le mot pouvoir, on peut distinguer celles qui emploient la tournure : « avoir le pouvoir de » de celles qui sont sous la forme : « avoir du pouvoir sur ». Ces deux tournures renvoient à deux sens distincts du mot pouvoir.

- Dans la tournure « avoir le pouvoir de », la forme de pouvoir est celle qui ne s’exerce pas sur des personnes, pas directement du moins. Elle se présente elle-même sous deux formes assez différentes l’une de l’autre :

  1. « avoir le pouvoir de » comme capacité de faire, de créer ou de transformer ; il s’agit de la forme du pouvoir qui porte sur des objets : c’est le pouvoir de faire, la capacité de faire triompher la volonté et d’atteindre un but, la possibilité effective de réaliser quelque chose, la faculté d’action et d’affirmation de soi d’un individu ou d’un groupe.
  2. « avoir le pouvoir de » comme avoir le droit de ; capacité de faire, mais non pas au sens technique ou physique, mais au sens juridique : avoir le droit de faire quelque chose, droit qui s’ajoute à la possibilité ou au désir de le faire. « Avoir le droit » signifie que l’accomplissement d’une action est permis par la loi. Avoir le droit, c’est être autorisé par la loi. Avoir le pouvoir de, c’est donc non seulement avoir un droit, mais encore la capacité et l’envie de faire ce que la loi m’autorise à faire.

- Dans la tournure « avoir le pouvoir sur », le pouvoir a pour objets un ou des individus. On peut observer la présence du « pouvoir sur » partout où d’un côté au moins une personne exige, demande, suggère, ordonne et où de l’autre au moins une personne cède, obéit, accepte, se soumet, quels que soient les raisons et les moyens. On a affaire à du pouvoir chaque fois qu’on rencontre une situation dans laquelle quelqu’un parvient à faire vouloir faire ou ne pas faire à un autre une action déterminée.

- En ce sens, le pouvoir peut se définir comme la faculté d’exercer sur un homme une domination telle qu’on obtienne de lui des actes ou un comportement qu’il n’aurait pas adoptés spontanément. Il convient ici de distinguer le pouvoir de la puissance. Alors que la puissance est la possibilité de faire triompher sa propre volonté, contre les résistances éventuelles, quels que soient les moyens utilisés, le pouvoir désigne la capacité de contraindre et d’exiger permettant d’obtenir du « dominé » un certain type de comportement et ce de manière à réguler la société ou le groupe.

- La notion de pouvoir est alors articulée sur celle de domination qui suppose non seulement la discipline mais, quelles qu’en soient les motivations, une certaine volonté d’obéir et non une obéissance mécanique.

- En effet, si le pouvoir, comme capacité de contraindre, est énigmatique, c’est que la force en elle-même ne peut l’expliquer. Si la force et la contrainte violente peuvent être les moyens du pouvoir, elles ne sauraient cependant pas être tenues pour le fondement ou l’origine du pouvoir, pour la simple et bonne raison que, comme l’a montré Rousseau dans Le contrat social, la force ne produit que la force, tandis que le pouvoir exige l’autorité et l’obligation, le commandement et l’obéissance.

- Aussi l’essence du pouvoir est-elle à chercher dans la nécessité, pour les hommes, d’ordonner l’espace public de la communauté. Le pouvoir est alors l’ensemble des règles qui aménage et organise la vie en commun des hommes dans l’espace de la cité. Partout où existent des groupes humains constitués, le pouvoir existe puisque le fonctionnement du groupe humain suppose que des décisions y soient prises. Le pouvoir est donc la puissance autorisée et efficace par laquelle des décisions légales ou légitimes sont prises au sein d’un groupe.

- D’où la notion de pouvoir politique qui concerne le processus de la prise de décision légitime dans une société (sous la forme, selon Max Weber, d’un gouvernement ou d’un Etat, de la tradition ou d’un représentant individuel ou institutionnel). Par politique il faut entendre la dimension de ce qui est commun, de ce qui est mis en commun, par opposition au privé ou au particulier (politique vient de polis, la cité qui, au sens grec du terme, désigne l’ensemble des citoyens, des hommes libres déterminant eux-mêmes les modalités de leur vie commune).

- Dans les sociétés occidentales, modernes, le pouvoir est considéré comme légitime quand il suscite l’adhésion de la société. Le pouvoir du gangster est par contre illégitime. Tout pouvoir légitime constitue une autorité. Cette autorité dans les nations modernes est confiée à l’Etat et l’adjectif « politique » s’applique alors aux manières de concevoir l’Etat (systèmes politiques) et les régimes qui en résultent. S’interroger sur le pouvoir politique, c’est donc rechercher le meilleur pouvoir, c’est-à-dire le pouvoir le plus juste et le plus efficace, le plus conforme à la raison; cela revient à déterminer la meilleure façon possible pour les hommes de vivre en communauté.

- Mais le pouvoir n’est pas seulement un objet politique, même si c’est à travers le domaine politique que s’exprime l’essence même du pouvoir. Le pouvoir est une structure dynamique, partout répandue, multiforme et complexe. Le pouvoir politique, le pouvoir d’Etat, ne sont qu’une des figures du pouvoir. Comme nous allons le voir, des formes multiples de domination nous enserrent de toutes parts. Avec le pouvoir d’Etat, longtemps considéré comme le pouvoir par excellence, on trouve de multiples pouvoirs de la vie quotidienne ; le pouvoir est pluriel, se glisse dans toute la vie sociale, dans l’enseignement, l’exercice de la médecine, les relations au sein de la famille, etc. On parle même d’un pouvoir sur soi.

- Comment le Pouvoir s’exerce-t-il ? Par quels moyens obtient-il une obéissance, qui peut aller parfois jusqu’à l’acceptation de sa propre mort ? Comment comprendre l’énigme de la domination par laquelle un homme devient le maître d’un autre ? D’où vient le désir de s’emparer du pouvoir et de dominer, si la domination est le noyau et le centre même du pouvoir ? La question du pouvoir nous renvoie ainsi à la nature de la domination. Le pouvoir n’est-il pas finalement un mécanisme de création, d’équilibre, de vie, en même temps qu’une stratégie de mort parfois ? Pourquoi, finalement, le pouvoir s’avère-t-il nécessaire aux groupes et aux sociétés ?

- Le pouvoir, comme mode de gouvernement qui s’appuie sur la liberté, consiste donc à faire faire quelque chose à quelqu’un. A ce titre, il est corrélatif de l’action. Si la domination et la stratégie sont l’axe du pouvoir, la figure du dominant et du dominé constitue la catégorie centrale de la domination et du pouvoir. Cette figure n’épuise pas pour autant l’essence du pouvoir. Quels sont alors les moyens et les médiations du pouvoir par lesquels stratégies et domination peuvent se déployer ?

- La violence : elle est inhérente au pouvoir et à sa genèse. Il faut distinguer la violence de la force : la force est un principe d’action, le déploiement de la volonté souveraine, alors que la violence est cette contrainte physique ou morale tendant à faire réaliser par un individu ou un groupe ce qui est contraire à leur volonté. La violence est un principe de puissance corrompue, une impatience dans la relation à autrui et se manifeste sous la forme de la brutalité, de la menace, de l’agressivité, de la guerre, de l’extermination, du terrorisme, etc. Pour beaucoup d’auteurs, il y a une proximité entre le pouvoir et la violence : pour Machiavel, tous les régimes naissent de la violence et utilisent la contrainte, la violence, la ruse; pour Hobbes, l’ordre de la nature incarne la violence et la barbarie (“ l’homme est un loup pour l’homme “), le pouvoir politique et l’Etat sont des instruments destinés à mettre fin à cette violence naturelle; pour Max Weber, enfin, l’Etat est l’instrument détenant le monopole de la violence légitime. Mais, comme nous le verrons, le pouvoir politique, légitime, se caractérise en principe par une transmutation de la violence en force.

1.2 - Le commandement, la sanction, la soumission, l’obéissance

- Le commandement est un acte signifiant et exprimant l’ordre, de manière à faire exécuter une action; il implique l’intériorisation de l’injonction chez le dominé, mais aussi, dans le champ politique, tout une administration et une organisation structurée. Tout commandement implique, dès lors, une sanction, c’est-à-dire une récompense accordée en raison de la conformité des actes du sujet aux normes et règles du pouvoir, ou une peine imposée à ceux qui transgressent les règles ou refusent d’obéir. Les divers modes de la sanction sont : le blâme, l’exclusion, l’amende, la condamnation (pour la peine), la félicitation, la décoration, l’avantage économique, etc.

- La soumission, l’obéissance : ces modes agressifs du pouvoir aboutissent fréquemment à la soumission (disposition à accepter la dépendance qui pose l’énigme de la servitude volontaire) et à l’obéissance (acte par lequel les dominés se plient à la loi ou l’ordre).

- Au total, la violence, le commandement, la sanction, etc., s’inscrivent dans une analyse « dure » des rapports de force ou de pouvoir. D’où la recherche, par le pouvoir, de stratégies produisant des effets sans contrainte, de tactiques plus douces, faisant l’économie de la sanction (la punition, l’obéissance sont loin d’être toujours efficaces puisque des contre-offensives, des critiques, voire des rebellions sont toujours possibles). D’où l’autorité, la persuasion qui ne font plus approuver la discipline par la contrainte, mais qui s’appuient sur le rayonnement et la grâce.

- Si le pouvoir s’exerce toujours par des modes à la fois agressifs et doux, il désigne alors une action organisée, conséquence de la stratégie qu’il a établie. Par action, il faut entendre une introduction de changements dans le monde extérieur, de manière à modifier ce dernier. Agir, c’est introduire, dans le cours du temps et des choses, l’innovation par laquelle nous nous insérons vraiment dans le monde humain, échappant à la dure loi de mortalité. Mais nulle action n’est possible sans organisation, c’est-à-dire sans un agencement de relations produisant une unité complexe. Autrement dit, l’action humaine organisée s’avère indissociable de l’exercice du pouvoir, qui vise à inscrire le groupe dans le temps et la durée. Le pouvoir a donc pour essence d’organiser l’action, hors du champ restreint de la contrainte et de la domination.

                 Dans leur lecture multidimensionnelle de la civilisation occidentale actuelle, certains penseurs diagnostiquent effectivement une absence de projet de société. Et ce diagnostic semblerait à ce point évident que, selon eux, ceux qui voient l’inverse ou «ceux qui trompés par un mirage ou prisonniers de leurs propres désirs»[9].

                De plus, selon cet auteur, l’absence d’orientation collective commune dirigeant la collectivité se perçoit désormais d’une façon généralisée: «la crise de la modernité vient de ce que nous ne nous sentons plus maîtres du monde que nous avons construit».

Boutinet[10], pour sa part, conclut également en l’absence d’un projet de société. «L’arrivée de la crise socio-économique des années 1980 a fait éclater le projet social en de multiples microprojets locaux, voire périphériques, comme si nous avions pris subitement conscience qu’il n’y avait plus de projet d’ensemble, mais seulement des projets particularisés; la crise nous révèle qu’un consensus microsocial est impossible». Il en va de même pour Certeau[11]. Ce dernier déplore aussi le manque de projet social ralliant les membres de la collectivité; il parle d’une multi location culturelle avec une revendication tous azimuts de projets locaux, d’identités particulières. Barel[12], pour sa part, a popularisé l’expression de «vide social» ou de «société du vide» pour souligner cette «absence de projet social en culture technologique de crise».

              Par ailleurs, selon Gauthier[13], l’absence de projet de société est telle, dans notre modernité, qu’elle marque l’entrée irréversible d’un problème socio psychologique de taille: la solitude urbaine. Selon Lavoué[14], «la perception d’un social éclaté renvoie d’abord à la grande solitude de l’individu dans nos sociétés technocratiques avancées. Plus de cadre pour affermir sa mémoire. Plus d’appartenance. Plus de futur imaginé ensemble.

             Nulle projection vers un devenir commun. La personne de la fin du XXe siècle doit assumer seule le dur métier de vivre». Hannoun[15] estime [début de la page 18 du texte original] pour sa part que la question centrale du XXIe siècle sera celle de la maîtrise de la «solidarité». Et, pour cause, la solitude, phénomène inhérent à l’éclatement social, paraît coller aux problèmes majeurs de la modernité et s’étend à toutes les dimensions de la vie personnelle, sociale et économique.

              En outre, dès la fin du XIXe siècle, et le début du XXe siècle, certains auteurs avaient déjà prévu cette dislocation possible d’un projet social global. Par exemple, Durkheim[16] parlait de l’éventualité que la société soit caractérisée par l’anomie, c’est-à-dire la décomposition des liens sociaux subséquente à une subdivision malsaine du travail ou un état de conscience collective caractérisée par la désintégration des normes. Smith, au début du siècle, avait également prévu une chute du sentiment social. «L’individuation croissante de la vie sociale arrive au fur et à mesure du développement et de la Complexification des échanges... le passage d’une solidarité mécanique, par imitation extérieure, à une solidarité organique par coopération et complémentarité, développe l’individuation et la différenciation de rapports sociaux.» Enfin, vers le milieu du XXe siècle, Jaccard[17] et Friedman[18] avaient également prédit à leur façon cette absence éventuelle imminente d’un consensus social.

                 Quant Danielle Riverin-Simard[19], devant cette possibilité de vivre une sorte de confusion sociale, où les valeurs collectives seraient multidirectionnelles et éventuellement irréconciliables, certains auteurs du début du XIXe siècle, s’inquiètent immédiatement de la question éthique. Par exemple, Durkheim espère que lorsque la société sera effectivement confrontée à une anomie, elle s’en remettra aux diverses corporations professionnelles; ces dernières proposeraient alors, chacune à leur façon, une éthique harmonieuse des divers projets sociaux. Cet auteur prétend que les corporations ou associations professionnelles constituées en dehors de l’État, quoique soumis partiellement à son action (lois gouvernementales les légiférant), est encore la «meilleure des solutions susceptibles d’établir une discipline morale d’un genre nouveau sans laquelle toutes les découvertes de la science et tous les progrès du bien-être ne pourront jamais faire que des mécontents».

                  Et, croyons-nous, la responsabilité des ordres professionnels demeure entière encore aujourd’hui. En outre, celui des conseillers d’orientation. ne fait certainement pas exception à la règle. Comme nous le disions au début de cet article, ces professionnels, de par les liens privilégiés qu’ils entretiennent avec leurs clients (individus, groupes, organisations), et surtout par le fait qu’ils sont spécialistes du lien individu-travail, ont beaucoup à proposer à la société pour contribuer à sans cesse redéfinir le projet de société. Les conseillers d’orientation peuvent, peut-être plus que quiconque, tenir compte de bouleversements sociaux ainsi que de leur incidences sur la vie quotidienne au travail.

                      Par ailleurs, Weber (du début du XXe siècle) accordait, tout comme Durkheim, une grande importance à l’attitude morale ou à une éthique du travail. Un peu comme si un souci de l’éthique représentait un des principaux indices assurant une certaine présence d’un projet de société et garantissant, par là, une évolution collective continue. Par exemple, Weber s’est efforcé de démontrer, en se basant sur la période du calvinisme du XVe siècle, que les idées morales peuvent avoir un retentissement considérable sur le développement de l’économie. On voit que Durkheim, comme Weber, respectivement à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, soulignent chacun à leur manière les liens étroits qui existent entre cette attitude morale et la qualité du fonctionnement de la collectivité socio-économique. C’est pourquoi, selon eux, la collectivité doit accorder à l’éthique du travail une attention encore plus soutenue lorsque celle-ci est confrontée à l’éventualité d’une absence de projet de société. Et, à cet égard, les c.o. peuvent apporter beaucoup grâce à leur lecture particulière des aspects sociaux ayant des incidences positives ou négatives sur le développement personnel et Vocationnel de l’individu au travail.

               Plus près de nous, Touraine entérine, à sa manière, les propos de Durkheim et Weber lorsqu’il situe cette question dans le contexte des sociétés postmodernes. Selon cet auteur, l’éthique ou les questions morales socio-économiques doivent toujours être prises en considération; cependant, elles doivent être comprises comme une question de déplacement de la responsabilité première. Auparavant, «la société était, comme la raison elle-même, une expression déiste de l’ancien esprit religieux, une nouvelle forme d’alliance entre l’humain et l’univers. Cette alliance ne peut plus exister et c’est cette rupture entre l’ordre humain et l’ordre des choses qui nous fait entrer en pleine modernité. La morale ne peut plus enseigner la conformité à un ordre; elle doit inviter chacun à prendre la responsabilité de sa vie»; et cette responsabilité, poursuit-il en 1994, est de réinstaurer une véritable démocratie respectueuse des libertés de tous et cherchant, avant tout, à composer avec les différences. Encore ici le rôle des ordres professionnels, dont celui des conseillers d’orientation. Revêt toute son importance.

                  En effet, en se situant à la croisée de l’individu et du monde du travail, les conseillers d’orientation peuvent apporter beaucoup pour contribuer à réinstaurer une véritable démocratie respectueuse des libertés de tous ainsi que la possibilité de composer positivement avec les différences.

                 Mais, avant d’aller plus loin dans toutes ces considérations susceptibles de protéger une saine évolution sociale en l’absence actuelle ou éventuelle d’un projet de société, il faut auparavant [début de la page 19 du texte original]  approfondir les questions relatives aux conceptions théoriques du tout social. Car cet approfondissement est nécessaire avant de pouvoir jeter les grandes lignes du rôle que jouent déjà, ou peuvent surtout davantage jouer, les conseillers d’orientation au sein de la problématique de la redéfinition continue d’un projet de société. Lectures du «tout social»

               Lorsqu’on porte un diagnostic affirmant l’absence d’un projet de société, on réfère à une certaine lecture du «tout social». A quelle conception s’apparente un diagnostic d’absence de projet de société chez les collectivités occidentales? A l’inverse, à quel paradigme du tout social s’associe-t-on si on postule la nécessaire présence d’un projet de société?

Selon Boudon et Bourricaud[20], il y a globalement deux paradigmes explicatifs du tout social: l’holisme radical ou absolu et l’atomisme. De ces deux paradigmes a été généré celui de l’holisme modéré. Le premier, l’holisme absolu, ne considère que le tout est différent de la somme de ses parties. Selon cette conception, la société est une totalité, un programme en soi qui se manifeste par un projet social qui est à la fois différent de lasomme des projets individuels (ou groupaux), bien discernable et relativement stable,faisant appel à un consensus social relatif.

               Parmi les concepts qui se réfèrent à ce paradigme holiste absolu, relevons ici deux exemples très parcellaires, soit celui de l’approche culturelle ainsi qu’une notion bien particulière à Durkheim. Dans le premier cas, le projet social semble à ce point bien discernable et consensuel qu’il est à la base de la socialisation et ce, peu importe les périodes des historico-économiques. «Les approches culturelles fonctionnelles de la socialisation... partent du présupposé de l’unité du monde social, soit autour de la culture traditionnelle et peu évolutive, soit autour d’une économie généralisée imposant à tous les membres des sociétés modernes sa logique de maximisation des intérêts matériels ou symboliques». Par ailleurs, le concept durkheimien de la solidarité mécanique semble également s’apparenter à ce paradigme. Il réfère à une conscience collective différente de la somme des composantes de la société; de plus, cette conscience est suffisamment stable et consensuelle pour assurer l’unité.

                   En effet pour Durkheim, selon cette notion de solidarité mécanique, surtout typique des sociétés occidentales antérieures au XXe siècle, la division du travail engendre une forme de solidarité par laquelle la conscience individuelle vient se fondre dans la conscience collective.

On voit tout de suite qu’avec une conception holiste absolue du tout social, certaines conclusions draconiennes peuvent surgir aujourd’hui.

                  En effet, en postulant la nécessité du monde social pour que ce dernier soit effectivement fonctionnel, il va de soi que toute lecture de la collectivité qui résulte en un diagnostic d’hétérogénéité éclatée, comme c’est le cas des civilisations occidentales actuelles, amène presque forcément à conclure en une absence relative de projet de société. Le second paradigme du tout social, l’atomisme, postule, selon Bourdon et Barricaud, que le tout social est égal à la somme de ses parties. Selon cette conception, la société est surtout comprise comme une collection d’individus autonomes. Dans ce cas, la question de la présence ou non d’un projet social harmonisant l’ensemble des actions humaines au travail se pose avec beaucoup moins d’acuité. En effet, si le tout social égale la somme de ses parties, le projet social existe toujours en soi puisque ce dernier est la collection de tous les projets socioéconomiques existants. Autrement dit, même si à la limite la somme des projets individuels est de s’occuper chacun de soi, plutôt que de la société comme un tout différent, le projet social existe toujours, car selon cette conception atomiste, le, le projet de société se traduit par la somme de ces projets individuels ou individualistes.

                  Ainsi à la limite de l’absurde, c’est seulement en l’absence de tout projet individuel ou groupe (parties du tout) qu’il n’y aurait pas de projet de société (le tout). Selon le paradigme atomiste, on ne peut donc pas, à proprement parler, diagnostiquer l’absence de projet social. Cependant, il faut tout de suite préciser que, surtout depuis les écrits de Durkheim à la fin XIXe siècle, une minorité de penseurs s’associent au paradigme atomiste; il en va de même du paradigme holiste absolu. La majorité des auteurs emprunteraient plutôt un paradigme holiste modéré où certains éléments des deux paradigmes précédents sont amalgamés

                Ainsi, contrairement aux adhérents du paradigme atomiste, les tenants du paradigme holiste modéré refusent de définir le tout social comme une stricte collection d’individu ;pour eux, la société est un tout qui représente plus que la somme des individus qui le composent. L’holisme modéré postule toutefois, à la différence de l’holisme absolu, que l’existence d’un projet social ne repose pas nécessairement sur une unité du monde social, mais plutôt sur une interaction entre les composantes du tout social. Surtout la résultante de cette interaction varie selon les circonstances.

               Théoriciens (Hegel, Habermas, Weber) «qui n’admettent pas ce présupposé unificateur du monde social; leurs théories placent l’interaction et l’incertitude au cœur de la réalité sociale ainsi définie comme confrontation entre des logiques d’action foncièrement hétérogènes». D’autres théoriciens comme Piaget, Linton peuvent également être qualifiés d’holistes modérés. Par exemple, dans sa définition du tout social, Piaget affirme qu’il n’est antérieurs, ni une entité nouvelle mais un système dont chacun engendre, en tant que rapport même, une transformation des termes qu’il relie». Cet auteur considère ainsi la société comme «un système d’activités dont les interactions élémentaires consistent en actions se modifiant les unes les autres selon certaines lois d’organisation ou d’équilibre. Linton peut également être considéré comme un holiste modéré lorsqu’il affirme que «les sociétés modernes sont des agrégats de subcultures ainsi que des éléments généraux, résultats de leur interaction».

                   En somme, trois éléments marquent surtout le paradigme de l’holisme modéré: l’affirmation similaire à celle de l’holisme absolu voulant que le tout social soit différent de la somme de ses parties; le refus de considérer la société comme une totalité entièrement unifiée et relativement stable (comme le veut l’holisme absolu) ou comme une stricte collection d’individus (comme le prétend l’atomisme); l’importance fondamentale accordée à l’interaction entre les individus dans la définition continue du social et aussi à la mouvance constante de la définition du tout social ou du projet de société.

                 Ainsi, selon le paradigme holiste modéré, le projet social se crée par l’interaction entre les membres de la collectivité, et sa définition, par la résultante de cette interaction. Si tel est le cas, la question de la présence ou de l’absence (et non la question de la définition) d’un projet social se pose ainsi avec beaucoup moins d’acuité, comparativement à la conception de l’holisme absolu. En effet, si, d’une part, ce projet social résulte d’une interaction entre les membres de la collectivité et si, d’autre part, les éléments (individus, organisations) de cette interaction sont toujours présents, le projet social ne peut donc, ensoi, être absent. Tout au plus, il devient plus ou moins complexe de l’identifier. En effet, les deux entités étant toujours en mouvement, l’interaction est également en constant changement; de même en est-il du projet social. Mais cette difficulté à définir le projet social n’est pas, selon les fondements de l’holisme modéré, une raison suffisante en soit pour diagnostiquer une absence de projet social. C’est une chose de conclure en la difficulté de la définition d’un projet de société. C’en est une autre que d’affirmer, à cause de cette difficulté, l’absence de projet de société ou l’impossibilité de contribuer à la redéfinition continue de celui-ci. Selon nous, les conseillers d’orientation spécialistes du lien individu-travail suggèrent indirectement d’adhérer au paradigme holiste modéré et par là, affirment tacitement la présence d’un projet de société.

                 En effet, la spécificité même de leurs actes professionnels postule la dynamique interactionnelle personne-environnement où chaque individu tente d’occuper un champ socio-économique distinct de celui d’autrui. D’ailleurs, en œuvrant auprès de ce ensemble de clients (individus, groupes, organisations) qui sont continuellement occupés à essayer de s’installer dans divers champs socio-économiques, les conseillers d’orientation ne se situent-il pas là, d’une certaine manière, au cœur même d’un projet de société en voie de redéfinition constante? Ainsi, la situation stratégique des les conseillers d’orientation suscite forcément ces derniers à se doter d’une lecture toute particulière du tout social et de la définition mouvante d’un projet de société; et, selon nous, il est très important, voire même obligatoire de faire connaître cette lecture à la société.

                      En somme, si on se situe dans la conception holiste modéré, on ne se demande plus si on est en présence ou non d’un projet de société. L’interrogation la plus urgente se déplacer vers l’identification du projet social ou vers le diagnostic complexe de la résultante, toujours en mouvement, des instances en interaction qu’est le projet social. Ainsi, nous proposons que les énergies des penseurs arrêtent de décrier l’absence de projet de société dans les civilisations modernes occidentales. Nous leur suggérons plutôt de concentrer leurs réflexions sur les façons d’arriver à faire en sorte que toutes les instances de la société puissent jouer leur rôle dans la redéfinition continue d’un projet social et ce, même si l’existence de ce projet semble se concrétiser sous des formes très difficilement discernables. «La culture change... toute la structure sociale change... on passe à une culture dans laquelle les idées, les images et les symboles sont pris dans un véritable tourbillon, et l’individu pioche parmi les différents éléments pour former sa mosaïque ou son collage propre»[21].Encore ici, les conseillers d’orientation saisissent très bien, à cause de la nature de leurs actes professionnels, les répercussions que les bouleversements sociaux créent sur l’individu et ses façons de s’adapter ou de se développer dans ces conditions sociohistoriques. Les conseillers d’orientation sont donc bien placés pour contribuer à la redéfinition continue du projet de société au sein même de ces bouleversements socio-économiques constants; car leurs actions professionnelles les amènent à être constamment à l’écoute de l’individu et de la réalité collective.

, rappelons que le projet social correspond à ce par quoi la société veut modifier le monde.                  Ainsi, c’est seulement dans cet acte de positionnement au-delà du monde du travail que les conseillers d’orientation peuvent arriver à contribuer à la redéfinition continue du projet de société. Cet acte transcendant, les conseillers d’orientation peuvent facilement l’effectuer, à condition certes que, de temps à autre, ils acceptent davantage de se situer au-delà de la singularité de chaque client et d’envisager plutôt l’ensemble social ou, du moins, certaines perspectives collectives.

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Georges BURDEAU, « POLITIQUE - Les régimes politiques  », EncyclopædiaUniversalis [en ligne], consulté le 7 juillet 2016. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/politique-les-regimes-politiques

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