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Chapitre IV : DISCUSSION DES RESULTATS

Ce chapitre de discussion traitera de la comparaison entre les résultats présentés dans ce travail et ceux d’autres études. Ces comparaisons porteront sur la diversité de sous-bois suivant les différentes plantations étudiées, la quantité de carbone au sein des plantations forestières, les paramètres structuraux des plantations et les stocks de carbone. Enfin, nous apprécions la valeur de carbone au sein des  plantations forestières.

IV.1 Diversité de sous-bois selon l’âge et le type des plantations 

Selon les résultats obtenus, on a enregistré un nombre élevé des espèces de sous-bois dans les plantations d’Eucalyptus spp de plus de 20 ans (47 espèces) comparativement aux plantations jeunes (moins de 5ans par exemple). Cela  pourrait être dû à la force de l’âge vue que les racines de l’arbre des Eucalyptus spp une fois vieilles, ne sont pas trop exigeantes en éléments minéraux et en contenu de l’eau du sol (Tassin et al., 2011, Sun et al., 2017). Les Eucalyptus spp de 10-20ans ont 38 espèces puis celles de 5-10ans ont 30 espèces et celles < 5 ans  en ont 28 dans le sous-bois. Nos résultats corrèlent positivement avec ceux de Djego et al. (2015) qui  affirment que les groupements des végétaux de sous-bois ne sont pas similaires sous plantations suivant les types de sol et l’ambiance climatique qui y règne. Par contre, nos résultats diffèrent de ceux de DjegoSansin (2006)  qui ont trouvé dans les vielles plantations d’Eucalyptus spp (21ans) moins d’espèce de sous-bois (6 espèces) comparativement aux jeunes plantations (7 ans) avec plus de 10 espèces. En effet, les pratiques agricoles et certaines techniques (sarclage) prises en compte pourraient influencées ces résultats. 

De même, nos résultats soutiennent l’avis de Tassin et al. (2011) qui montrent que les vieux  Eucalyptus spp en filant vers le haut à la recherche de la lumière (héliophiles), l’éclairement n’est pas un facteur limitant de l’abondance des espèces de sous-bois dans une plantation donnée. Cette hypothèse corrobore avec nos résultats qui ont montré une hauteur moyenne grande au niveau des plantations de plus de 20 ans et une diversité élevée de leur sous-bois.  Ce qui est contraire aux plantations juvéniles des Eucalyptus spp où les propriétés  allélopathiques y règnent en grande quantité étant donné que le besoin nutritionnel est important à cet âge. Cela ne permet pas en conséquence la croissance des espèces de sousbois (Tassin et al., 2011, Cizungu, 2015). 

Vue leurs sols présentant des couches de ramilles en forme d’écailles, les Casuarina equisetifolia (5-10 ans) présentent moins d’espèces de sous-bois (23 espèces de sous-bois). Dans leurs travaux au Benin dans les mêmes types de plantations (Casuarina equisetifolia et d’Acacia), DjegoSansin (2006) ont montré également une faible diversité du sous-bois dans la plantation de Casuarina equisetofolia en raison de la déformation du sol par cette espèce. Pour les  Maesopsis eminii  dont les branches ne permettent pas un développement des espèces de sous-bois (Orwa et al., 2009), on a inventorié 8 espèces seulement dans les plantations de < 5 ans. Ainsi, l’âge ne constitue pas le seul facteur qui influence la diversité du sous-bois dans les plantations mais et surtout le type de plantation mise en place. 

On avait eu à recenser 84 espèces ligneuses parmi les espèces de sous-bois dans les plantations dont la majorité était recensée dans les plantations de plus de 20 ans. En effet, Lugo (1992) affirme qu’après 17 ans les espèces locales sont abondantes dans le sous-bois des plantations. Ce qui montre une grande ressemblance avec nos résultats trouvés.

IV.2 Quantité de carbone des plantations forestières

L’estimation de carbone dans les plantations forestières est moins documentée par rapport aux études dans les forêts naturelles. C’est le but d’estimer la quantité de carbone pour les plantations forestières de la région. La quantité de biomasse moyenne à l’hectare dans une plantation varie selon l’âge (Saint-André et al., 2005; António et al., 2007). Contrairement aux forêts naturelles, il est connu que l’altitude, la latitude, le climat, les conditions du sol ont une faible influence sur le stockage de carbone dans les plantations (Zhang et al., 2015). 

La quantité moyenne de carbone à l’hectare varie entre 3,3-419 tC/ha selon le type et l’âge de plantation. La faible quantité est notée à la plantation de Maesopsis eminii de moins de 5 ans pendant que la quantité élevée est enregistrée au sein de plantation d’Eucalyptus de plus de  20 ans. Pour le cas des Eucalyptus spp, les plantations de plus de 20 ans ont plus de carbone (340 115) suivies de plantations de 10-20 ans (96  56). Ainsi, comme dans la forêt naturelle, les types d’espèce utilisée dans les plantations aurait une influence sur le stock de carbone suivant ses traits fonctionnels (diamètre, densité du bois, hauteur) (Finegan et al., 2015). Comparativement aux autres travaux, Rakamanarivo et al. (2010), dans les plantations d’Eucalyptus spp à Madagascar, ont évalué 15025,3 tC/ha pendant que Zewdie et al. (2009), en Ethiopie, ont trouvé 11tC/ha pour les plantations juvéniles des Eucalyptus globulus  et 153tC/ha pour celles âgées de 9 ans. Pendant que nous avons inventorié moins de 100tC/ha pour les plantations d’Eucalyptus 5-10 ans, en chine, Du et al. (2015) trouvèrent 163 tC/ha pour les plantations d’Eucalyptus globulus de 5-10 ans. Ainsi, les écartements, le système d’exploitation pourraient également influencer la variation de la biomasse au sein des plantations forestières. 

En comparaison avec les forêts naturelles de la région, Imani et al. (2016a) dans les clairières au sein du PNKB, ont trouvé 23,21tC/ha au niveau des parcelles de 15 ans pendant que Imani et al. (2016b) trouvèrent 52tC/ha dans les peuplements à caractère monodominant de Hagenia abyssinica et une moyenne 120tC/ha pour les forêts de montagne de la région (Imani et al.,

2017).  En Côte d’ivoire, N’Gbala et al. (2017) ont comparé les stocks de carbone entre les plantations de Theobroma cacao (Cacao) et Tectona grandis (Teck) par rapport aux stocks de forêts secondaires de leur région. Pour ces auteurs, les plantations de Teck détiennent plus de stocks de carbone que les forêts naturelles et les autres plantations. Pour notre cas, nous avons constaté que les plantations de plus de 20 ans pourraient stocker jusqu’à 400tC/ha, une quantité importante que les forêts naturelles en zone de montagne (Imani et al., 2017).

Toutefois, la littérature confirme que l’utilisation des équations allométriques différentes selon les milieux et selon les types des forêts, induirait des erreurs significatives dans les estimations de carbone (Chave et al., 2004). Ainsi, l’utilisation de la méthode destructive pourrait apporter plus de lumière sur la différence observée. 

IV.3. Structure de la végétation en relation avec le stock de carbone dans les plantations 

La structure de la végétation des plantations a une influence sur les stocks de carbone comme dans les forêts naturelles. En effet, nous avons trouvé que les plantations des Eucalyptus spp, jeunes (moins de 5 jusqu’à 10 ans) ont plus de carbone (environ 57-84%) dans les individus jeunes de la parcelle. Ceci correspond aux résultats obtenus dans les forêts naturelles situées au déjà de 2400 m d’altitude dans notre région (Imani et al., 2017). Par contre, pour les plantations de plus de 20 ans, les individus de diamètre supérieur à 25cm regorgent jusqu’à 90% de carbone de la parcelle. Cette dernière observation est confirmée par la littérature qui montre que, en forêt naturelle, les arbres de gros diamètre accumulent la part importante de carbone à l’échelle de la parcelle (Slik et al., 2013, Shirima et al., 2015). C’est la raison pour laquelle, on a noté que le carbone est corrélé positivement avec le diamètre moyen mais négativement avec le nombre d’individu. Comme en forêt naturelle, le carbone n’est pas corrélé avec la densité anatomique du bois (Marshall et al.,2012). 

Le type d’espèce peut avoir une influence sur la relation entre la structure et le carbone. Dans ce travail, les plantations de Casuarina et Maesopsis présente une structure diamètre avec les classes jeunes et vieilles non représentées. Lorsque l’espèce utilisée n’a pas la capacité de régénération naturelle, l’exploitation forestière peut entrainer une érosion significative du stock de carbone permanent de la parcelle. La politique d’exploitation des plantations devrait en tenir compte.

IV.4. Valeur de carbone des plantations forestières

Les forêts font aujourd’hui de vaste discussions autour des possibilités offertes par l’initiative de la réduction des émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation et à la dégradation forestière (REDD+) qui vise à compenser financièrement la non déforestation (Houghton, 2005). Les forêts naturelles ou plantées étant de grands réservoirs de carbone comme ont montré nos résultats, elles jouent un rôle supplémentaire dans les programmes REDD+ (Makundi, 2014). Dans cette étude, nous avons trouvé 419,05 t c/ha pour les plantations d’Eucalyptus spp de plus de 20 ans  et 3,3t c/ha pour les jeunes Maesopsis eminii. En moyenne pour toutes les plantations quel que soit l’âge, on a inventorié un stock de 120tC/ha (soit 440tCO2/ha). En prenant en compte le prix de 4,8 USD/tCO2 proposé par (Noiha et al.,

2015), les plantations étudiées détiennent un potentiel d’environ 2000 USD/ha en termes de stocks disponibles. De ce fait, les plantations forestières constituent également un moyen efficace de lutte contre le changement climatique et de régénération des moyens financiers pour les communautés, dans le contexte de paiement de services écosystémiques liés au carbone, surtout dans les zones non forestières comme les régions de montagne en RD Congo. 

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