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INTRODUCTION

  1. Problématique et contexte du travail

Le changement climatique est  un sujet qui préoccupe et inquiète toute la communauté internationale (GIEC, 2014) actuellement. C’est l’une des principales préoccupations  traitées dans des protocoles et conférence de parties (COP) par des chercheurs  et des politiques de différents pays.  Le changement climatique est dû à l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre (CO2, CH4, H2O, O3, N2O, HFC, PFC) dans l’atmosphère conduisant au réchauffement planétaire (Trenberth & Josey, 2007) et occasionnant des multiples dégâts. Il est possible que les experts se rendent compte que des estimations des gaz à effet de serre sont nécessaires pour différentes régions. Cela permet d’enregistrer les variations géographiques importantes en matière de types d’écosystèmes, la densité de la biomasse, les fractions de biomasse brûlée, etc. (GIEC, 2006).  

Lewis et al. (2009) et  Pan et al. (2011) affirment que les forêts sont des puits actifs et jouent un grand rôle dans l’atténuation des effets négatifs du changement climatique. Elles assurent ce rôle grâce aux activités métaboliques en captant du dioxyde de carbone (CO2) par la photosynthèse et en libérant de l’oxygène (O2). L’atténuation et l’adaptation sont deux stratégies pour faire face au problème du changement climatique (Locatelli, 2013). En termes d’atténuation, les forêts ont un potentiel considérable de séquestration du carbone à travers le boisement, le reboisement, la restauration des forêts et les changements dans les pratiques de gestion des forêts (GIEC, 2006). Tandis que l’adaptation du secteur au changement climatique est à penser dès à présent à travers des initiatives énergétiques et de gestion des écosystèmes

(Locatelli et al., 2008). En plus de cette fonction d’atténuation des effets du climat, les écosystèmes forestiers fournissent plusieurs autres services aux communautés humaines

(aliments, médicaments, bois énergie, bois d’œuvre, approvisionnement en eau, etc.) (Strassburg et al., 2010; Cuni-sanchez et al., 2016). Plusieurs engagements internationaux ont été pris dès le sommet de la terre à Rio en 1992 à travers le protocole de Kyoto et d’autres conventions pour assurer cette fonction des forêts. La matérialisation de ces engagements se traduit par les programmes ambitieux de la REDD+ ainsi que de mécanisme de développement propre (MDP). 

 L’évaluation du rôle des forêts dans l’atténuation des effets du climat est de plus en plus étudiée dans le monde à travers l’estimation de carbone stocké notamment dans la biomasse et dans le sol des forêts naturelles (Malhi et al., 1999, Lewis et al., 2009, Saatchi et al., 2013, SpracklenRighelato, 2014, Imani et al., 2017, Sullivan et al., 2017). Il se dégage de ces travaux que la structure de la végétation (diamètre moyen, hauteur moyenne, densité anatomique des espèces), le type d’écosystème, le climat, la diversité locale ainsi que la méthodologie utilisée (Chave et al., 2004, 2014) sont des facteurs importants pouvant induire des erreurs dans l’estimation de carbone forestier. Malheureusement, ces estimations ont été faites sans tenir compte des espaces reboisés tels que les plantations, les jachères et/ou savanes mises en défens et enrichies en espèces ligneuses. Les plantations forestières sont alors moins étudiées en ce qui concerne la diversité de leur sous-bois et les stocks de carbone dans la biomasse des arbres (Sun et al., 2017). 

Pourtant la productivité (séquestration de carbone) de plantations est très élevée comparée à celle des forêts naturelles (Guo & Ren, 2014) en raison de la croissance rapide des espèces et de variétés sélectionnées dans les plantations qui captent rapidement le CO2 à un temps court. Quelques études réalisées dans les plantations montrent qu’elles sont également des puits importants de carbone (Razakamanarivo et al., 2010, GuoRen, 2014). Cependant, le pattern de variation de carbone dans les plantations forestières est moins connu en écologie par rapport aux forêts naturelles. L’âge de la plantation, le type d’espèce utilisée, la densité d’arbres  à l’hectare, la structure de la végétation sont parmi les facteurs importants qui expliquent la biomasse des plantations (Saint-André et al., 2005; António et al., 2007).

L’altitude, la latitude, le climat, les conditions du sol ont une faible influence sur la biomasse des plantations comparativement aux forêts naturelles (Zhang et al., 2015). La valorisation des plantations sur le marché de carbone dans la politique climatique international sous forme de services écosystémiques serait une opportunité pour les pays en développement (Karsenty et al., 2009). Cela passe par la maitrise de la quantité de carbone disponible dans ces écosystèmes.

Les initiatives de reboisement se développent dans plusieurs régions du monde en raison du taux élevé de la déforestation, surtout en Afrique centrale (Tchatchou et al., 2015) et la politique de changement climatique dans le cadre de processus MDP. En République Démocratique du Congo et précisément au Nord-Kivu et au Sud-Kivu on recourt aux espèces comme Grevilea robusta, Podocarpus usambarensis, Leucaena glauca, Cassia spectabilis, Acacia spectabilis et Eucalyptus spp (faisant objet de notre étude) pour les besoins énergétiques, de bois d’œuvre ou tout simplement pour la restauration des paysages. Dans la région de montagne du Rift albertin, exemple dans le grands lacs, la mise en place des plantations (vers les années 1900) d’Eucalyptus spp est très rependue. Leur présence se justifie à travers l’historique des plantations à l’époque coloniale où les indigènes étaient soumis à des travaux forcés (1948) (Bigendako, 2004). L’Eucalyptus sp est une espèce massivement adoptée par les populations malgaches et congolaises en raison de son ancienne diffusion, de sa capacité à constituer une alternative à la dégradation des forêts naturelles, de sa croissance rapide mais aussi pour l’appropriation foncière (Carriere  Randriambanona, 2007). Elles sont caractérisées par un mode de gestion contraignant (courte rotation, pas de fertilisation ni de soins sylvicoles) (Razakamanarivo et al., 2010).

De ces faits, ce travail a pour but d’analyser la diversité du sous-bois des plantations forestières en zone de montagne au Sud-Kivu et en estimer les stocks de carbone. 

  1. Objectifs de l’étude

Pour réaliser ce travail, nous nous sommes fixés l’objectif d’étudier la diversité dans le sousbois des plantations d’Eucalyptus spp., Maesopsis eminii et Casuarina equisetifolia tout en déterminant leurs stocks de carbone. Sur le  plan spécifique, ce travail va permettre de :

  • Evaluer et comparer la diversité du sous-bois des plantations forestières ;
  • Comparer la structure des plantations en rapport avec l’âge ;
  • Estimer le carbone des plantations étudiées en fonction de l’âge et en déduire le CO2 émis ;
  • Déterminer la relation entre le carbone et la structure de la végétation.
  1. Intérêt du travail

Ce travail trouve son intérêt dans le débat mondial sur la question de changement climatique.

Il contribuera à combler le déficit d’information sur le potentiel de stocks de carbone dans la zone de  montagne spécialement pour les plantations forestières (Eucalyptus spp, Mesopsis eminii et Casuarina equisetifolia). Ces informations sur le potentiel carbone permettront aux décideurs politiques de développer les lobbyings pour la valorisation financière de carbone dans le cadre du PSE (Paiement pour les Services Environnementaux). Cela favorisera le transfert des ressources financières entre les bénéficiaires et les fournisseurs de certains services écologiques.  Sur le plan scientifique, cette étude servira de modèle de documentation et de recherche pour les futurs cadres voulant traités le même sujet dans un autre contexte.

  1. Subdivision du travail

Hormis l’introduction et la conclusion, ce travail est divisé en trois chapitre : le premier est la revue de la littérature, elle donne les généralités sur l’Eucalyptus spp et les plantations témoins de Mesopsis eminii et de Casuarina equisetifolia, la diversité du sous-bois et sur les stocks de carbone. Le deuxième chapitre présente les milieux d’étude, la méthodologie et les matériels utilisés. Le troisième chapitre met en évidence les résultats du travail puis suivra le chapitre de discussion et enfin la conclusion.

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